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Malou, Rebelle du genre

Malou, rebelle du genre

Malou – Je m’appelle Malou, l’accroqueuse de mots. J’ai 41 ans, je suis divorcée, sans enfant. J’habite en Suisse, à Genève. Je suis hétérosexuelle, antispéciste, affective. Je suis une militante indépendante anarcho-communo-marxiste. 

Malou, Rebelle du genre

On va dire que je suis éducatrice de première formation. Je me suis spécialisée au départ dans le handicap mental, spécifiquement dans les troubles du comportement et l’autisme, et puis après la vague de découragement institutionnel je me suis dit “je vais fuir ce milieu institutionnel”, et je suis devenue kinésiologue. 

Et je dirais que je suis militante depuis que je suis ado, sur différentes causes. Pour moi, tout est politique en fait. Enfin, chaque fois qu’on a un engagement en termes de valeurs au sein d’un système, c’est un engagement politique en fait.

Malou, Rebelle du genre

Et donc je suis une militante politique dans mes études, je suis une militante politique dans les slams que je fais, puisque je suis slammeuse, une “spoken wordeuse”. Et je fais des performances de temps en temps : je suis invitée dans des  petites chroniques de radios locales. Et donc : par l’écriture et par la diction,  je m’approprie certaines thématiques, avec lesquelles je partage mon opinion personnelle. 

C’est ma forme à moi de militantisme. 

Du plus loin que moi je me souvienne, j’ai toujours opté pour l’acceptation des autres. 

D’une part, parce que moi j’ai énormément déménagé. Je suis de ces enfants, je crois qu’à 12 ans j’avais déjà déménagé 12 fois environ. Donc je suis quelqu’un de très ouverte à toutes les différences et les particularités des uns et des autres. 

Quand j’ai des affinités avec les gens que je rencontre, c’est génial. 

Si j’ai pas d’affinité, tant pis. 

Je ne vais pas faire un blocage sur les particularités des uns et des autres : j’aime l’individu ou je n’aime pas l’individu, tout simplement. 

Je dirais qu’une des premières expériences qui m’a un peu questionnée, depuis petite, je me suis toujours questionnée  sur : “Tiens c’est marrant elle ressemble à un garçon ou il ressemble à une fille”… 

J’ai toujours été très observatrice donc tout ce qui était, les stéréotypes “non conformes” par rapport au comportement des uns et des autres, je le voyais assez vite. 

Moi-même, quand j’étais petite, je me considérais un peu comme un garçon : je n’aimais pas trop les robes, j’avais pas envie d’être très jolie… 

J’étais en mode “Laissez-moi me bagarrer, déchirer mes jeans, et c’est très bien comme ça… Moi je suis un pirate, un ninja, laissez-moi vivre ma vie de pirate ou de ninja”…

Et ça n’a jamais perturbé mes parents. Mes parents n’ont jamais dit “Ah mais toi en fait, tu es un  garçon!” 

Donc  j’ai toujours pu jouer dans tous les genres. 

Quand tout à coup j’avais envie d’être féminine, je mettais une robe, et j’étais contente de  mettre ma petite jupe ou ma petite robe… ce qui était assez rare d’ailleurs, enfant, mais bon!

Et en fait, quand j’ai été adolescente, j’ai eu quelques amis, dont une amie en particulier, voilà, qui n’avait pas spécialement de stéréotypes dans ses comportements ou dans ses vêtements, ni spécialement féminins ni spécialement masculins, c’était assez androgyne.

J’avais d’autres copines qui étaient filles, mais qui en fait avaient l’air de garçons, clairement, et s’impliquaient dans des stéréotypes de garçons en termes de vêtements, de comportements, et même dans les mots, dans la façon de parler. 

J’avais des amis hétérosexuels, homosexuels, et c’est quelque chose dont on parlait assez facilement, en tout cas il me semble, moi, de ma posture, et qui générait peu de conflits… Ou alors peut-être que  je n’étais pas très au courant des conflits que ça générait, parce que ce que ça ne m’intéressait pas, en fait! 

Mais j’ai l’impression que dans les groupes dans lesquels j’étais, ado, on a toujours été très ouvert à ce que, eh bien, chacun fait sa vie, chacun a ses particularités et on se rejoint, on se regroupe sur des choses qui nous lient, voilà!

Quand j’ai eu, 19/20 ans, j’avais des longs cheveux roses : pendant 10 ans, je me suis promenée avec des cheveux roses. 

Et il y avait un homme que je croisais tout le temps, en ville, un immense gaillard. 

Je vais l’appeler Pascal, ce qui n’est  pas du tout son vrai nom, mais on va l’appeler Pascal. 

Un immense gaillard vraiment, le mec!  Je pense qu’il doit faire 2 m au moins, un bon 120 kg de muscles. Donc une vraiment une armoire à glace, un géant avec une tête très très carrée, assez dégarnie, Avec des mains, de bonnes pognes de fermier… 

Et puis en fait, les premières fois que je l’ai croisé, je l’ai croisé grimé en femme, avec une petite perruque blonde au carré, un petit tailleur… Et puis à chaque fois qu’il me croisait : “Ah Mademoiselle Rose, vous êtes tellement chou avec vos cheveux roses!” Il parlait avec une voix un peu féminine… 

Moi je m’arrêtais, je trouvais qu’il était hyper sympa, je lui disais : “Vous êtes marrant, pourquoi vous portez une perruque?” Et il me disait : “ parce que moi je me sens vraiment femme, je considère que je suis une femme, et que je ne suis pas dans mon bon corps.” 

J’étais là : “Ah bon, OK.” Et puis en fait, on a discuté, comme ça, quelquefois, et moi je lui ai posé des questions, lui me posait d’autres questions sur ma couleur de cheveux, notamment.

Et un jour, je vais à la piscine vers chez moi, et je le vois sortir de l’eau, avec un maillot de bain une pièce pour femme, rose bonbon. Et donc lui, tout content, il me salue, il me voit de loin, et me dit : “ Est-ce que je peux m’installer à côté de toi ?” Mois je dis : “Viens,  assieds-toi ».  

Et du coup on a passé tout un été, même sur plusieurs étés parce qu’on s’est retrouvés pendant, je dirais, 3-4 ans, l’été là-bas et donc on a passé comme ça plusieurs étés à se côtoyer à la piscine le matin, et à discuter. Un mec super ouvert, ce Pascal.  C’est ce que j’ai adoré chez ce gars : c’est qu’il était vraiment très très à l’aise par rapport aux questions et même la curiosité que je pouvais avoir. Et du coup, on a pas mal discuté de ça.  Je lui disais : “Toi, tu mets un maillot rose fluo comme ça, tu assumes grave à la piscine, toi tu es courageux !”  Et il me dit : “ ah oui, mais c’est parce que je me suis toujours sentie femme.” Je lui dis : “Ah, OK. Mais c’est marrant, parce que tu m’as dit ça plusieurs fois, est-ce que je peux te poser des questions ?”

Et  lui, il était ouvert, il me dit : “Oui,  oui, mais tu sais…” 

Il m’expliquait qu’il faisait partie de la première association à Genève qui luttait pour les droits des personnes trans identifiées.  Et, justement, qui luttait pour que ces personnes puissent avoir un accès facilité  à des transitions médicales. Et je lui dis : “OK,  mais alors c’est quoi, (parce que je ne connaissais pas grand-chose), c’est quoi ? Parce que transition, ça veut dire que vraiment, on peut changer de sexe et tout ? “ Et il me dit : “ Oui oui, alors c’est un peu compliqué, mais ça se fait de plus en plus, il y a des pays effectivement, comme en Thaïlande où ça se fait depuis des années, ils sont super techniques là-bas…”  et il m’expliquait un peu tout ça… Les difficultés de ce parcours… 

Puis je lui ai demandé : “Mais  quand même, toi tu as un physique de mec, je veux dire que tu as un physique, tu pourrais jouer un troll dans le Seigneur des Anneaux, tu es un géant quoi, tu as une carrure … Pour moi qui suis une femme biologique, quand tu me dis que tu te sens femme, pour moi c’est un peu compliqué à recevoir, parce que je me dis, mais comment est-ce que tu peux te sentir femme dans un corps hyper masculin comme ça ? Et c’est quoi, du coup, pour toi, de te sentir femme ?”  

Et il me disait : “ Tu sais, moi j’ai toujours senti que j’avais une grande sensibilité, et effectivement, moi je sens dans mon corps que je ne suis pas dans le bon corps…” 

Et je lui dis : “Oui, Mais peut-être, tu n’es pas dans le bon corps parce que tu te trouves trop grand, ou trop carré, ou j’en sais  rien… Mais ça ne veut pas  forcément dire que tu n’es pas dans le bon corps sexuel, en fait ! Parce que tu vois, moi, en tant que femme, j’ai des règles, j’ai des hormones, enfin il y a tout un bordel biologique sur lequel, finalement, je n’ai pas prise, et qui fait que j’ai des comportements ou des réactions ou des choses qui, biologiquement font référence à un sexe féminin avec des gonades féminines, des hormones féminines, en fait!” Et du coup, il me dit : “Ah  oui c’est vrai. Mais tu sais, moi j’ai des fois la sensation que j’ai mes règles, comme une vraie femme.” 

J’ai été très surprise, je lui ai dit : “Mais  ok, mais les règles, on a quand même un orifice pour ça. Quand tu me dis je me sens comme si j’avais mes règles, est-ce que vraiment, tu as cette sensation d’avoir une montée d’hormones, de sentir que tu as une poitrine un peu douloureuse, que tu es un peu ronchon? Et puis, est-ce que tu sais ce que ça fait que d’avoir des saignements, par exemple des saignements dans sa culotte, concrètement ? C’est-à-dire la vision de ça, la sensation d’écoulement, c’est quand même un vrai truc féminin, en fait!  Alors certes, il y a des femmes qui, malheureusement, ont des troubles avec leurs règles, et il y en a qui n’en n’ont pas. Cependant, malgré cette particularité mineure de gens qui n’en n’ont pas, un des trucs biologique qui dit qu’on est une femme, c’est aussi parce qu’on a un appareil reproducteur féminin, et que du coup on a des règles, et tout le bordel qui va avec, quoi !” 

Et du coup il me dit : “ Ah oui oui, mais moi, tu sais ben, quand j’ai mes règles, je me mets un tampon.” Moi, j’écarquille les yeux… “Mais je ne comprends pas, mais tu le mets où ? Enfin, je ne comprends pas.”

 Tout d’un coup, je suis sidérée, je me dis : “Mais c’est un gars, il se fout de ma gueule, il se moque de moi”. Et donc, lui, très sérieux, me dit : “Non non non, je mets un tampon, bah tu sais où… Derrière… »

Moi je lui dis : “ écoute, moi je ne veux pas te vexer mais quand même, ça n’a rien à voir! Tu parles à une femme qui se met un tampon dans le vagin une fois par mois, et tu me dis que le mettre dans l’anus, c’est pareil! Ce n’est pas pareil, ça n’a rien à voir. Là, je suis choquée en tant que femme que tu me dises ça.” Et lui me dit : “ Je peux tout à fait comprendre que ça puisse un peu te choquer, mais c’est mon ressenti!”

J’étais là : “Mais alors, du coup, qu’est-ce qu’on fait entre les ressentis…  parce que moi, quand je te vois, je ressens très bien que tu es un homme, que tu as une énergie masculine, et que tu as un corps masculin!” 

Et de là, on en vient à discuter. Ce que j’aime, chez ce monsieur, c’est que justement, même dans les moments où je pouvais être un peu choquée par ce qu’il me disait, il a toujours été ouvert au dialogue. Pascal, c’est un homme que j’aime beaucoup pour ça. Je ne suis pas d’accord avec lui sur plein de choses. Moi je pense que c’est une personne qui a des troubles psychiques et qui, par ailleurs, est un mec adorable et génial.  

Et du coup, on en vient à un autre sujet, où il me dit : “ Pour moi, par exemple ici, je demande à pouvoir me changer dans les vestiaires des femmes, ça fait des années, et ils refusent!” “Et pourquoi tu continues à demander?” Et il me dit : “Je continue à demander parce que j’estime que c’est mon droit, comme je me sens femme.” Je lui dis : “OK,  mais admettons. On est tous les deux dans le même vestiaire, OK? Donc moi je fais 1 mètre 68 environ, septante kg… 70 kg pardon il faut que je parle en Français! Et du coup je dis : “Donc imagine : moi je me change, je sors de ma douche et hop, j’enlève ma serviette, je veux mettre ma culotte… et puis à côté de moi, j’ai ton gabarit qui fait pareil et puis qui a sa bite… hop!  Tu as la grosse bibitte qui est là, qui se promène… Moi je fais quoi? J’ai pas envie de me changer dans un vestiaire féminin avec un mec qui a toutes les apparences de l’homme, les critères masculins dans le terme biologique, où moi en tant qu’animale, mammifère primitive, je vois bien qu’à côté de moi, j’ai un mâle avec des hormones mâles et que, j’ai envie dire… son phallus est prêt à se dresser à n’importe quel moment! En tout cas moi, dans mon monde imaginaire de femme, avec toutes les représentations de violences possibles et d’agressivité possible, desquelles on nous signifie bien d’être attentives, par défense, depuis qu’on est petites… Et donc, moi, en fait, je refuserais de me changer dans un vestiaire avec toi. Même si tu te sens femme.” 

Et donc on a eu un long sujet là-dessus. Il me disait : “Oui, mais moi si je me sens femme,  je ne vais pas t’agresser!” Et moi je dis : “Oui mais le violeur qui veut te violer ne va pas dire je vais te violer, et donc c’est pareil, c’est-à-dire que moi j’entends bien que toi tu souffres de ça et que tu aimerais qu’on te considère comme une femme. Mais entends bien que moi, je souffre aussi d’un homme qui veut que je le considère comme femme, alors que tous les aspects réels, métaphysiques, concrets, font que c’est un homme ! Et en fait c’est une violence que tu m’imposes, à mon intimité !” Et au final après plusieurs discussions qui se sont faites sur plusieurs rencontres, au bord de cette piscine… Et un jour il m’a dit : “ J’entends ce que tu me dis par rapport aux vestiaires. C’est vrai que je ne peux pas imposer aux gens de me considérer comme je me sens.” Et je lui dit “Oui, pour moi ça me paraît logique.” Mais en tout cas, voilà. Je l’ai toujours remercié d’avoir pu discuter avec moi ouvertement de tout ça. 

Bref, ce monsieur, je ne l’ai plus vu depuis quelques années, alors je ne sais pas s’il est toujours vivant ou s’il est décédé, ce Monsieur…  Mais voilà : un monsieur qui était en très grande souffrance, et à qui j’avais dit : “Voilà. Pour moi ce que tu vis… je lui ai parlé de la dysphorie de genre. Est-ce que tu as été diagnostiqué, peut-être dysphorique de genre, ou quelque chose?” Et il me disait : “Oui, oui. Les psys disent que j’ai une dysphorie de genre. Mais ça, c’est ce qu’on dit pour toutes les personnes trans identifiées en général (à part certaines particularités : hermaphrodisme, etc.)”

Je lui disais : “Mais comment, du coup, tu peux m’imposer ta vision, si au fond tu sais que c’est aussi né d’une distorsion mentale en fait? Ça veut dire que tu veux m’imposer ta distorsion mentale, ce qui n’est pas très sympathique en fait… c’est très généreux mais au fond, j’ai pas envie!”

Et donc il me disait : “Oui, c’est pas complètement faux parce que moi je sais pourquoi je me sens femme. Voilà, ma mère a toujours voulu une fille, elle m’a toujours habillé en fille et elle m’a toujours traité comme une fille, en fait! Elle me disait toujours “elle”!”…  Et donc, ce Pascal finalement à 50 et quelques années, il assumait que lui avait finalement une déformation psychique de sa vision de lui-même, et que cela l’a amené à se sentir femme et à désirer vouloir être une femme. Lui il le dit comme “se sentir transidentifié”. OK. Mais pour moi, c’était intéressant d’avoir tout ce processus de pensée de comment il y est arrivé.

Et quelques années plus tard, je rencontre une super nana avec qui je suis super copine on se rencontre  par la poésie slam, et on se voit à plusieurs soirées, une fille  que je croise régulièrement que vraiment j’apprécie énormément, que je trouve très intelligente et avec qui on a des débats assez conséquents.  

Elle fait des études en droit c’est quelqu’un de très calé, qui a un énorme vocabulaire qui a vraiment une une maîtrise de l’observation de bonne qualité et en parlant avec cette fille, voilà on devient super copine et puis au bout de 4, 5 années qu’on est copines, un jour elle m’appelle:  “tu sais malou en fait il faudrait que je te parle j’ai besoin d’un conseil”  et puis elle m’explique que voilà elle a rencontré quelqu’un, une personne trans identifiée et qu’elle a enfin compris que elle-même était trans en fait.  Et elle me dit “donc en fait, moi je pense que c’est une personne trans-identifiée.  

Et donc je vais changer de sexe donc je veux plus tu m’appelles comme ça, faudra m’appeler comme çi, voilà.  Cette personne que t’as connue est morte, voilà.” Moi je tombe des nues, je ne comprend pas…

  » Je comprends pas comment t’es passé de ton truc de femme assumée magnifique rayonnante et tout, à tout d’un coup, paf non en fait! je suis un mec…

Je ne comprends pas ton raisonnement est ce qu’on peut en discuter ?” 

Elle me dit “mais justement je voulais ton conseil parce que j’aimerais faire une transition physique mais je suis un peu en panique et tout”

Puis j’ai beaucoup réfléchi, je me suis énormément documentée… je l’avais déjà fait suite à ma rencontre avec Pascal parce que je trouvais ça très curieux et je suis un peu monomaniaque comme personne. Quand un sujet me plaît ou m’intrigue tout d’un coup pendant des mois je vais lire des trucs, regarder des conférences, être complètement obsédée par ce sujet;  et après hop! monomaniaque: je passe à un autre sujet… Et donc là je reviens sur ce sujet, je vais relire des trucs, et vérifier parce qu’il faut que j’ai une discussion cohérente avec elle et je peux pas y aller que sur mes à prioris.

Donc, je me linke à plein de pages sur des personnes trans-identifiées, je lis plein  d’articles, je lis plein de trucs médicaux… bref. En fait, je reviens vers elle et je dis “Bah écoute concrètement moi je t’aime donc qu’importe qui tu seras, en fait j’aime l’individu que tu es, donc ce qu’il y a entre tes jambes ben quelque part je m’en fous un peu, entre nous. C’est pas ça qui fait qui tu es au fond, voilà.  Donc si ça fait du bien de changer ce que t’as entre les jambes, ma foi, fais-le. Maintenant, de mon point de vue d’amie, j’ai envie de dire: qu’est-ce qui te pousse à ça? 

Est-ce qu’on peut en parler profondément? Et j’ai envie de dire prends le temps de ça, parce que j’aimerais pas dans 10 ou 15 ans que tu regrettes et tu fasses partie des détransitionneurs qui sont à la mode depuis 10 ans maintenant, en Angleterre, aux États-Unis, qui sont complètement tabous dans le monde du transactivisme. 

Parce qu’attention! Quand on détransitionne on est exclu, on est la bête noire, on est la peste du transactivisme.” 

 Et donc je lui explique ça et quelques semaines après elle m’ invite chez elle, enfin « il », du coup j’ai dû dire “il” et donc il m’invite chez lui avec ses deux meilleurs copains. Je vais à l’invitation, effectivement elle s’était coupée les cheveux, elle s’était mis un binder, un truc pour presser la poitrine. Et puis voilà, elle avait changé de prénom… “Je suis en train de voir un psy, j’ai commencé les hormones etc”. 

Mais ça s’est fait en trois mois! En trois mois c’était bon! 

Et  j’étais choquée. J’étais là mais c’est quoi ce délire… et du coup j’ai essayé de parler un peu profondément avec elle et pendant ce repas elle rigole… en gros elle me dit : “Le jour où je vais commencer les hormones, je vais m’amuser,  je vais me promener avec un sac rempli de godes, et du coup dès que les gens vont parler je vais sortir des godes et je vais leur dire “quoi quoi tu veux que je te gode?” Et puis j’étais là :  “Mais je ne comprends pas pourquoi tu dis ça? En fait, c’est quoi ton souci?”. Et puis on parle, et je lui dis : “Mais si c’est lié à ta sexualité?” Et là, elle me dit que ce qu’elle aime, c’est pénétrer son copain.  et je lui dis : “Mais alors, changer de sexe pour te rendre plus appropriée à ta sexualité, ça n’a rien à voir avec le fait d’être trans identifiée!  Soit tu as des pratiques sexuelles que tu assumes, en tant que pratiques sexuelles. Ce n’est pas parce que ton kif, c’est d’avoir des pratiques un peu perturbantes pour d’autres, je ne sais pas, moi, du fisting ou des trucs comme ça…  peut-être que pour toi, c’est inconcevable en tant que femme. Mais alors c’est sur ça que tu dois travailler, finalement, au fond. Parce que ta sexualité t’appartient, tu en fais ce que tu veux. Tu n’es pas obligée de la justifier auprès des gens qui ne sont pas dans ton lit, en fait ! Tant qu’elle ne fait du mal à personne, évidemment.” Et du coup, elle continue avec son histoire de godes, d’avoir une valise plein de godes, et je regarde ses deux amies et je leur fait un peu des gros yeux : “Mais vous, en fait, ça ne vous choque pas ? Ça ne vous dérange pas que notre amie nous dise moi je suis morte, maintenant vous devez faire avec LUI et que ce LUI soit aussi provoquant, et qu’il soit complètement à l’opposé de l’amie qu’on a connue?” Et ils me disent : “ Tu sais, on n’a pas trop envie de la perdre.” J’étais là : “ok. Donc c’est une histoire de peur. Vous avez peur de vous confronter à elle?” Et et du coup, je lui dis :

“Moi je suis désolée, mais en trois semaines, un mois, tu me dis : que je n’ai plus le droit de t’appeler comme ça, qu’il faut que je t’accepte comme tu es, donc tu m’imposes une mort de ton identité, et moi je dois être OK avec ça, sans rien dire. Et donc moi, ma blessure, de me dire cette amie-là, que j’ai connue, elle est morte (parce que tu es d’accord de l’avoir tué pour faire naître quelqu’un d’autre, quelque part c’est ce que tu me dis). Et moi, je n’ai pas le droit de m’en plaindre, et en fait tant pis, il faut que je me démerde avec ça ! Je trouve que c’est un peu égoïste, déjà, et puis c’est un peu violent aussi pour les gens autour ! « 

Bref, la soirée continue, moi je suis un peu tendue, et un moment donné elle me dit : “d’ailleurs, quand je serai un homme, j’irai me changer dans les vestiaires de femmes parce que je serai une féministe active!” Et là je dis : “Je ne comprends rien : tu veux être un homme pour être une féministe active ? Je ne comprends rien.” et elle me dit : “ Oui mais parce que je pourrais très bien aller me changer dans les vestiaires pour femme, vu qu’au fond je suis une femme. Peut-être que je vais garder les deux. Moi, je crois que j’ai envie de garder les deux sexes. En fait, je veux garder mon vagin, je ne suis pas prête à lui dire non, mais je veux aussi un pénis.”  

Et je ne comprenais rien. je lui dis : “Je pense que là, il y a un souci plus profond, Parce qu’en 3 mois tu es passée de “ je suis une femme” à “ je veux devenir un homme” à “ non finalement je veux devenir hermaphrodite”… Donc je suis désolée, il y a un souci, et comment ça se fait que le suivi psy que tu as pu avoir te permette d’être dans ces dissonances cognitives-là ? c’est quand même incroyable!”

Et du coup, sur ce, elle me fait : “ben quoi, ça te pose un problème, l’histoire des vestiaires ?” Et je dis : “tu sais quoi ? J’en ai parlé avec un homme il y a pas mal d’années, justement un homme trans identifié, et je vais te dire ce que je lui ai répondu. Moi personnellement, je n’ai pas envie de me changer dans un vestiaire dit “pour femmes” alors qu’il va y avoir des gens qui vont avoir leur pénis à côté de moi. Ce n’est pas possible pour moi.” 

Et là,  elle me dit que je suis transphobe. 

Clairement, elle me dit : “ah ouais, et bien tu es une transphobe, quoi. C’est tout!” C’est un raccourci tellement incroyable. 

Je lui ai dit : “Donc toi-même, tu fais des raccourcis, tu dis que être un homme, c’est forcément pénétrer l’autre pendant l’acte sexuel, c’est un peu ça ton raccourci, mais par contre, que moi j’ai un raccourci lié au sexe, ça te dérange et ça fait de moi une transphobe. Mais c’est complètement dingue ton histoire!”. Et je suis partie. Je lui ai dit : “Tu sais quoi? Moi, je vais y aller, parce qu’en fait, moi, ça ne m’intéresse pas de rentrer dans ton délire, en fait!” Et donc, je suis partie, et cette personne a essayé de me parler une ou deux fois, comme ça, dans la rue. Et moi j’ai complètement été dans le déni total. Je pars du principe que je la connaissais elle, mais que je ne le connais plus, lui. Donc je n’ai pas de relation avec lui puisque je ne le connais pas. C’est vrai que ça m’a énormément questionnée, surtout qu’après cette personne a fait énormément d’implication, notamment à travers le slam dans des trucs féministes. Et donc moi j’étais là : “mais alors c’est une femme qui fuit la féminité qui se réassigne en masculin, donc qui s’approprie les codes sociaux masculins pour en bénéficier des avantages et qui, quelque part, ne veut pas perdre les avantages de la féminité non plus, et ose se dire féministe. Donc on se dit féministe en détestant tellement la femme en soi qu’on veut l’annihiler. Et là, pour moi c’est la dissonance cognitive pure et dure du transactivisme. Donc ça m’a vraiment blessée… pour moi cette rupture avec cette amie c’était comme… presque comme une rupture de couple. Quelqu’un pour qui j’avais une forme de connivence et aussi un peu d’admiration, parce que c’est quelqu’un qui réussit tout! Vraiment quelqu’un qui a une intelligence remarquable. Et là je me disais mais comment avec cette intelligence remarquable elle ne se rend pas compte de cette ambivalence schizophrène, vraiment? Donc voilà. Ca c’est vraiment ce qui m’a confirmé la dissonance cognitive du transactivisme. 

Et donc du coup, là,  j’ai commencé vraiment à m’affirmer en tout cas comme anti- transactivisme.

– Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie?

Malou :  En fait, je pense que l’idéologie transactiviste promeut finalement une forme de pansement social. Et je pense que le fait d’encourager, par exemple, la transition médicale, c’est-à-dire d’amener encore à devenir d’un sexe opposé à ce qu’il est, je pense que c’est un pansement parce qu’on continue, finalement, à répandre les stéréotypes.

C’est-à-dire que si un homme dit “se sentir femme” parce qu’il a envie, finalement, d’avoir une poitrine, de porter des robes, de se maquiller et de mettre du vernis, de se faire des belles coiffures et de marcher en talons, alors cet homme n’a pas envie d’être femme. Cet homme a envie de s’approprier des stéréotypes féminins.

Et pour moi, c’est là où il y a une confusion terrible dans le transactivisme.

Et donc au lieu de “devenir femme” par une transition médicale, pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas, dans la société, à casser les stéréotypes de genre, et à dire à cet homme : “Mais en tant qu’homme, si tu as envie de porter une jupe, de mettre des talons et de mettre du vernis à ongles et de te faire des belles coiffures, tu as le droit! Mais assume-le en tant qu’homme, de préférer des stéréotypes féminins. Et c’est OK en fait!” Et grâce à ça on va déconstruire les stéréotypes de genre. Et grâce à ça peut-être que les personnes transidentifiés ne se sentiront plus transidentifiées parce qu’en fait elles seront bien dans leur corps, en s’appropriant les stéréotypes de leur choix pour leurs comportements et leurs représentations sociales! 

Mais pour moi faire cette confusion je trouve que c’est une violation totale du corps et de la réalité biologique féminine. 

Et donc moi je refuse que (en tout cas je parle plus des hommes parce que comme vous vu j’ai connu une femme qui a voulu transitionner dans l’autre côté) ce qui moi me perturbe le plus, c’est les hommes qui s’instrusent dans dans mes milieux féminins en fait! 

Donc c’est vrai que moi ce qui m’embête, c’est ce côté-là : c’est ce côté où, à un moment donné, à force de cautionner le transactivisme, et bien on rend complètement invisibles toutes les luttes, des décennies et des décennies, pour se faire reconnaître en tant que femmes biologiques, puisque quand on a une définition biologique du terme femme, c’est-à-dire que quand on va à la maternité pour accoucher, c’est bien parce qu’on a un sexe de femme. Quand on va chez le gynécologue pour faire un contrôle, c’est parce qu’on a un vagin, un utérus et des hormones féminines. Ça ne me gêne pas si un homme a envie d’aller chez un gynécologue mais qu’est-ce que va faire le gynécologue avec un homme, concrètement? Une sonde anale, éventuellement! Mais alors du coup c’est plus de la  gynécologie, vous voyez? Donc c’est là où pour moi il y a une intrusion, je pense, masculiniste, du coup, dans le féminin.  Et ça, ça me dérange énormément.

Voilà. Je dirais que c’est la première chose.

L’autre sur le chose, c’est aussi que on parle d’appropriation culturelle, par exemple, en ce moment, c’est un grand thème à la mode, l’appropriation culturelle. Par contre on ne parle pas d’appropriation sexuelle. Ça ne dérange personne. Moi, ça me dérange beaucoup.

Et puis un autre truc qui était quand même intéressant à savoir, c’est qu’en fait quand on prend tout le mouvement transactiviste, il est basé notamment sur des études de Magnus Hirschfeld. Il est basé notamment sur des études de Havelock Ellis, et il est basé notamment sur la fameuse étude de la sexualité humaine d’Alfred Kinsey qui est tout à fait connue. Et donc ce qui est étonnant, c’est que, quand il y a eu ces études d’Alfred Kinsey, qui ont du coup mis à jour les différents potentiels sexuels et qui ont essayé un petit peu de normaliser différentes formes de sexualité, eh bien, on se rappellera notamment dans les années 80 le groupe des Verts allemands le SCHWUP qui est un groupe de travail favorables à des notions sur une sexualité non-violente entre enfants et adultes… et puis en 82 on a Gary Dawsette, pareil, qui prône donc un débat et une volonté de régler l’autorité parentale pour les hommes, le droit à légaliser les rapports pédophiles entre hommes et jeunes amants, le droit de “libérer” les droits sexuels de l’enfant… et ce mec là (donc c’est un militant gay LGBT) et là il a reçu, je crois que c’était en 85, je voudrais pas dire de bêtises pour la date, je ne me rappelle plus, à la fête du “Sydney Mardi Gras” il a été élu, donc organisateur de la gay pride, il est devenu membre d’honneur du “Sidney Mardi Gras”… et donc il y a une confusion aussi de certains mouvements transactivistes à dire : “Non non non non non, on n’est pas du tout en lien avec les pédophiles!” Alors qu’au fond, si! Puisque on voit bien que ce Gary Dawsett qui prône clairement la pédophilie, finalement voilà : il est membre d’honneur d’une de ces assos trans. 

Et donc pour moi il y a un vrai problème avec ça, surtout quand on voit que c’est l’institut Kinsey qui obtient en 2014 le statut de “consultative special” n’est-ce pas… Et donc c’est lui qui va aller travailler avec l’ONU. Et c’est lui qui va rédiger la déclaration des droits sexuels de l’IPPF (International Planned Parenthood Federation), avec mon merveilleux accent! Et donc ce texte il affirme le droit pour toutes et tous de choisir librement ses partenaires sexuels, adultes ET ENFANTS.

Et donc c’est quand même intéressant que depuis qu’il y a ce IPPF, eh bien il y a depuis 2017 environ des changements standards à l’ONU et notamment des discussions pour rabaisser le droit sexuel de l’enfant à 12 ou 14 ans.

Et donc voilà! Moi je fais toute cette corrélation et je trouve ça dramatique qu’à l’heure actuelle du féminisme on mette aussi dans la tête des ados que non, non, il n’y a pas de genre, qu’ils peuvent être ce qu’ils veulent! 

Eh bien non. Il y a une réalité pour moi biologique. Et à nous, adultes, d’aider les enfants à se défaire des stéréotypes de genre, mais en assumant, et en gardant, et en aimant leur propre genre!

RDG – Aujourd’hui tu témoignes sous ta réelle identité. Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu perçois un danger lié à cette montée du transactivisme?

Malou –  Alors moi j’ai l’habitude depuis 10 ans de me faire insulter de terf donc j’assume! Des fois, je poste carrément des trucs en mode “Malou la méchante terf” parce que maintenant ça me fait un peut rigoler par ce que je me suis détachée de ça. Et donc quand je me fais insulter, je donne des devoirs aux gens. Je leur dis : « Écoute, regarde tel et tel livre, telle et telle personne, puis tu me rappelles et on en rediscute!” Comme ça, j’essaie de le prendre un peu à la rigolade. Et puis surtout j’essaye toujours dans les discussions, quand ça s’enflamme et que “Ouais mais t’es une sale terf, t’es une sale transphobe!”, j’essaie toujours de dire : “Attendez attendez!” En fait, j’approfondis une discussion, je sépare l’émotionnel du factuel.

Et à un moment donné, je pense que pour être dans des vrais débats c’est nécessaire de mettre l’émotionnel de côté, et d’être dans du factuel. Et que souvent, ça permet de faire un peu retomber la pression.

Souvent on me dit aussi que mon discours est très violent, voilà. 

Heureusement, à ce jour, je n’ai pas subi de menace réelle, donc heureusement pour moi. Je subis des insultes ou alors souvent quand en discussion sur Internet, tout d’un coup il y en a qui s’emballent, qui commencent à me traiter transphobe et je reviens en leur donnant des critères biologiques, en leur rappelant certaines bases, et j’essaye moi-même de pas être insultante.

Mais voilà en fait : soit on discute, soit on est juste dans un truc où tu m’insultes et dans ce cas-là, j’arrête de te répondre, tout simplement! 

Et après, physiquement, auprès de moi, j’ai eu une ou deux fois dans des spectacles ou des performances, tout d’un coup un groupe qui vient et puis qui fait exprès de  s’asseoir au premier rang à cinq ou six… et puis ils me fixent des yeux sans aucune réaction… Et je sais que ce mouvement vient de cette ancienne copine transactiviste. Et donc elle, une ou deux fois, elle est venue avec des copines à elle, ou elle a fait venir des copines à elle, un peu pour me mettre la pression sur scène, et puis pour foutre un peu une ambiance de merde dans des performances!

Mais j’essaye de ne pas du tout réagir à ça. Je suis dans l’ignorance, dans des cas comme ça. Et puis physiquement, heureusement, je n’ai jamais pris une baffe ou un coup pour ce genre de choses.

Je ne me sens pas en danger face à ça. 

Je pense que plus on assume ses propos moins on est en danger en fait, parce que plus on est clair moins on crée de dissonances, et moins ceux qui sont dissonants eux-mêmes ont envie de se confronter à vous. 

Donc je pense que la clarté éloigne les dissonants en fait.

En sororité ou en adelphité avec Marguerite Stern, je me dois justement d’être identifiable. Parce qu’elle, elle s’identifie. Elle met son nom et donc je pense que pour être en adelphité ou en sororité avec elle et toutes celles qui luttent,  ça vaut le coup je pense d’assumer son identité, de dire : “Je suis Malou et voilà ce que je pense.” Je trouve que c’est important.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Malou – Alors oui il y avait un truc une fois.  C’était au Brésil.

Donc je suis au Brésil en hiver 2010, avec l’ex-mari, avec qui j’étais mariée, et à la télé il y a un reportage sur quelques villes qui ont mis des WC pour personne trans. Et là, moi je suis devant la télé, et je suis abasourdie, c’est incroyable! Et puis je regarde mon ami et je lui dis : “ Mais il y a des WC pour les personnes en chaise roulante au Brésil?” Et lui il éclate de rire et il me dit : “Ah non, pas du tout, les gens… tu es en chaise roulante, laisse tomber! Tu ne peux même pas rouler sur les trottoirs, ce n’est pas possible!” Et je me suis juste dit : “OK, donc ça veut dire que si tu es en chaise roulante tu ne sors quasiment pas de chez toi!” Et puis ça m’a fait bizarre je me suis dit : “ Ca veut dire que les droits liés à la sexualité intime, en fait, ça prime sur les droits de l’individu lambda, femme ou homme, à mobilité réduite!” Et je me suis dit que c’est intéressant de voir où est-ce qu’on met les priorités dans sa vie.

RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Malou – Allez je vous fais un petit slam!

Ah, féminisme. 

Alors même qu’en Égypte antique la femme avait nettement plus de droits, était bien mieux lotie que vous ou que moi en 2022, le féminisme moderne pourtant, parfois, rétrograde.

C’est sans compter, en omettant, les faussaires féministes, totalement absorbées par le patriarcat caché sous la libération sexuelle et la révolution industrielle du travail comme la Simone de Beauvoir, cette petite bourgeoise, 

Luxe du temps à se penser, qui signe, avec quelques pédophiles notoires pour le journal Le Monde le 23 mai 1977, l’appel pour la révision du code pénal à propos des relations mineures-adultes, demandant à rendre moins strictes les relations sexuelles entre lesdits mineurs et adultes.

Ou alors parlons aussi de notre fameuse Françoise Dolto, dont les théories sur l’enfance et l’adolescence ont bercé ma douce enfance en petite France. Et pas que la mienne.  Des milliers de parents et de professionnels ont acquiescé à ses écrits.

On sait tous comment son fiston Carlos a cassé sa pipe entre toxico-dépendance, alcoolisme de haut vol, sexe à outrance, bon.

Et bien voilà. Sa tendre maman expliquait très bien que les enfants ont des désirs pour les adultes. Ils piègent les adultes à cause de ça. Ils n’ont que ça à penser, de piéger l’adulte. La petite fille est toujours consentante.  il n’y a pas de viol, elle ne l’a pas ressenti comme un viol, elle a compris que son père l’aimait, et qu’il se consolait avec elle parce que sa femme ne voulait pas faire l’amour avec lui.

Mmm, mais qu’elle fleure bon, cette racine du féminisme, dis-donc!

Et il semblerait que la conscience des hommes sur la question du féminisme en Occident soit renaissante à la révolution sexuelle.

Environ deux décennies après l’étude d’Alfred Kinsey, “le comportement sexuel de l’homme”.  Alfred est donc un professeur de zoologie et il supervise des études sur la jouissance des orgasmes humains du bébé de cinq mois à l’adolescence. 

De fait, des agressions répétées au nom de la science.

Mais, comme dirait Françoise : “Si l’enfant sait la loi interdisant les privautés sensuelles et sexuelles entre adultes et enfants, eh bien, quand un adulte lui demande, s’il accepte : il est complice!” Bon, moi je trouve qu’à 5 mois, ça se discute.

Bref. alors nous… oui, oui, nous, femmes euf f… fa… ah merde parce que là aussi, ça ne va pas! En fait, “Femme” ça ne suffit pas. “Femme”, c’est transphobe.

Alors je vais essayer de vous faire un truc sur quiconque, pour essayer de ne dénigrer personne, vraiment.

Alors c’est parti. OK, je prends la respiration. 

Alors pour les filles, les femmes, les féminines, les masculines, les hyperplasiques des surrénales, les syndromées de Turner, Rokitansky,  les klinefelter, les déficitées en alpha 5, les ovo-testiculaires DSD,  les dysgénistes, les complètes gonadales,  

pour les blanches, les blanches ethnicisées, les blanches qui bronzent en été, les albinos, les noires, les métisses noires, les brunes, les beiges, les dorées, les asiatiques blanches, noires, brunes, beiges, dorées,  celle ayant le vitiligo, 

Les rousses, les blondes, les brunes, les chauves, 

Celles aux cheveux secs, aux cheveux gras, frisés, lisses 

Les grosses, les minces, les grasses, les petites grasses, les maigres, les “entre-deux”, les celluliteuses,

Celles ayant des seins, petits, gros, tombants, tenants, les mastectomiées, 

Les très grandes, les très petites, les tailles à tendances moyennes au vu d’une majorité globale en ce siècle,

Les culs-de-jatte, les mineures, les majeures, les âgées, 

Celles qui portent des lunettes, des lentilles, celles qui n’en portent pas

Les voilées, les chapeautées, les perruquées, les turbanisées, 

Les poilues, les épilées, les binaires, les non-binaires

Les végétariennes, ls omnivores, les vegan

Les SDF, les super-pauvres, les pauvres, les classes moyennes, les riches, les ultra-riches,

Les cancéreuses, les cancer-battantes, les malades, les survivantes,

Les mères, les orphelines

Les prostituées, les anti-prostitution

Les vierges, les soumises, les rebelles, les jouisseuses, 

Les névrosées, les psychotiques,

Celles en situation de handicap physique, celles en situation de handicap mental,

Les troublées psychiques,  les analphabètes, les illettrées,

Les droitières, les gauchères

Toutes celles qui se sentent oppressées

Toutes celles qui veulent soutenir et qui se sentent oppressées

Ah j’allais oublié encore les trans-raciales

Ah merde ça y est voilà. Avec toutes ces spécificités, tout mon temps est passé, je me suis perdue dans mon idée de départ.

Et en plus je me sens complètement morcelée.

Alors à vouloir parler d’unité pour gagner en respect et dignité vis-à-vis des femmes, je me suis perdue, comme dans ma propre garde à vue, à vouloir définir tout ce qui existe pour éviter d’exclure…

Et me voici volée par le vice de vouloir tout nommer.

On ne m’y prendra plus! 

A chacun de faire l’effort de penser ou de questionner.

Ou de s’exprimer soit avec aptitude à se distancer des propos, soit en explicitant chacun des mots et des concepts employés, merci!

Moi je sens qu’on va avoir de sacrées longues soirées de discussion en été mais pour l’heure j’ai besoin de marcher pour respirer en unité. 

Alors je crois qu’on va, comme ceci, s’arrêter.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à la partager le plus largement possible.

S’il vous plaît; signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe 

http://womensdeclaration.com

Rejoignez-nous, n’ayez plus peur, ensemble nous ferons changer les choses.

Si vous souhaitez témoigner contactez-nous par mail.

A bientôt pour un nouveau témoignage de Rebelles du Genre.

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