Claire – Bonjour, je m’appelle Claire, j’ai 50 ans. Je suis militante féministe, je suis française et j’habite en Grande-Bretagne
J’ai beaucoup voyagé au cours de ma vie je parle plusieurs langues. Ça m’a tenu une capacité que je trouve précieuse de pouvoir comparer ce qui se passait dans les différents pays où j’ai habité.
J’ai toujours été féministe, toujours très consciente et révoltée par dans les injustices que subissent les femmes. Lorsque j’habitais en France, j’ai fréquenté les associations féministes, mais je ne me suis jamais sentie vraiment à ma place.
Il y avait d’un côté les associations dites universalistes. A partir des années 90 se sont beaucoup focalisées sur la question du voile. Pour ma part leur position me dérangeait pas ce que je trouvais que cette question du voile… c’était le contrôle sur le corps des femmes qui était embêtant. C’est à dire qu’on oblige les femmes à mettre un voile ou qu’on les oblige à l’enlever, c’est toujours la question du contrôle sur le corps des femmes.
Je n’étais aussi pas vraiment en phase avec les associations intersectionnelles parce que je suis contre la prostitution et la GPA : c’est la marchandisation du corps des femmes, et ça m’a toujours fait « rigoler » que ces associations féministes intersectionnelles se disent anticapitalistes… En même temps elles défendent la marchandisation du corps des femmes… je trouve ça incompréhensible.
Donc voilà toutes ces questions ont fait que je me suis éloignée quand même des groupes féministes, même si bon, j’ai toujours été féministe. Même les lectures féministes, je m’en suis éloignée parce que je me sentais aliénée par cette division.
Pour l’idéologie trans, j’ai mis du temps à avoir une prise de conscience.
Il y a eu des choses isolées, comme la déclaration de JK Rowling. Ça avait suscité beaucoup de réactions que je n’ai pas comprises. Pourquoi de telles réactions ? J’avais même des amis américaines qui disaient se débarrasser de leurs livres de Harry Potter !
Vraiment, je ne comprenais pas pourquoi il y avait toute cette levée de boucliers.
J’avais aussi entendu par ailleurs parler des bloqueurs de puberté. Les problèmes de bloqueurs de puberté… mais je ne comprenais pas vraiment de quoi il s’agissait.
J’avais entendu que l’Église catholique disait que la théorie du genre était dangereuse. Mais bon… bien sûr, comme c’était l’Eglise catholique qui disait quelque chose et que moi, j’étais une femme féministe de gauche… Bon bah c’était à rejeter.
J’aurais mieux fait quand même d’écouter, je m’en rends compte maintenant, mais je n’ai pas été très attentive.
Et donc, j’ai déménagé en Grande-Bretagne.
J’ai constaté que c’est un environnement très politiquement correct ici, c’est très différent de la France : les gens, dans le milieu du travail sont terrifiés d’avoir des gens qui se plaignent de racisme, de discrimination. Que ce soit dans le travail ou même ailleurs, les gens en société évitent de parler de ce qui pourrait fâcher quelqu’un. Donc tout est très lisse et très policé en surface mais on sent cette autocensure constante et cette peur.
Et donc un événement qui s’est passé, qui a été très important pour ma prise de conscience, c’était… J’étais un jour dans une réunion pour une organisation qui comporte plusieurs comités en son sein, et notamment il y a un comité des femmes. Et donc la personne qui présidait ce comité des femmes c’était… un homme, avec une voix d’homme, un physique d’homme, mais un prénom de femme, et une perruque à trois sous posée de travers sur la tête.
Et ça, ça a été un choc pour moi. C’était comme une gifle.
J’ai mis longtemps à digérer : qu’est-ce que je ressentais ? Pourquoi et comment ? Mais je sentais bien que c’était un homme avec une apparence ridicule. C’était comme une mascarade. Et cet homme était censé nous représenter, nous nous les femmes, à cette place qui nous revenait, et dans ce comité qui était fait pour nous.
C’était un peu comme si une personne blanche avait mis du cirage sur la figure et avait présidé le comité pour les noirs, et que personne n’avait réagi.
J’ai mis longtemps à digérer cette colère, et à penser. À mettre des mots et à comprendre ce qui se passait dans ma tête. Et à analyser.
Bon, bien sûr, parce qu’on peut pas en parler, comme tout est très policé, ici.
Donc j’ai vécu ça comme une insulte.
Et plus tard j’ai regardé une vidéo de la féministe Sheila Jeffreys, qui donc a sur ce qu’elle appelle « the insult of transgenderism » et ça ça a mis vraiment des mots sur ce que j’ai éprouvé. Donc elle explique comme quoi c’est une insulte.
Bon enfin je ne vais pas trop m’étendre sur ce que dit Sheila Jeffreys, mais c’est vraiment une féministe que je trouve très importante à lire pour comprendre.
Donc de façon générale, bon c’est pas parce qu’on se met une robe, une perruque et des faux ongles qu’on devient une femme.
Être une femme ce n’est pas un choix.
On naît femme, et l’expérience d’être femme c’est une expérience d’oppression constante par la société. Donc on peut pas décider de devenir femme parce que… parce qu’on a un fétiche sexuel ou je ne sais trop quoi… c’est une réalité biologique qu’on ne peut pas changer. S’il y a un accident d’avion et que les restes des personnes qui sont en cendres sont analysés, on retrouvera des hommes et des femmes biologiques, et pas des identités de genre ! C’est des illusions, ces identités de genre. C’est des créations imaginaires !
Donc, en plus de cette expérience, quelque temps plus tard, il y a eu toutes les persécutions des féministes dans les universités en Grande-Bretagne, dont j’ai pris conscience, parce que ces persécutions étaient depuis un certain temps…
Kathleen Stock et beaucoup d’autres, des femmes virées de leur travail pour avoir dit qu’une femme, c’est une réalité biologique.
Et il y a aussi eu le procès de Marion Millar qui était poursuivie … pour avoir noué un ruban aux couleurs des suffragettes à un arbre ! Ça avait été interprété comme un acte transphobe par un militant trans. Et donc elle a eu un procès. Il y a eu des manifs. C’est quelque chose qui a beaucoup choqué. Je suis allée en ligne pour lire là-dessus. J’ai beaucoup lu sur cette question. Et je suis vraiment tombée des nues.
Je me suis rendu compte que la violence et le fanatisme des transactivistes, c’était énorme ! Et je me suis rendu compte aussi de l’emprise qu’ils avaient réussi à gagner en quelques années.
Et immédiatement je me suis dit « je peux pas rester sans rien faire, j’ai pas le choix, il faut agir pour dénoncer et arrêter ça. » Et j’ai rejoint des organisations de femmes qui ont été créées suite au procès de Marion Millar et aussi le procès de Maya Forstater. C’est la femme que JK Rowling a soutenue dans son fameux tweet soit disant transphobe.
Grâce au procès de Maya Forstater, qui a perdu son travail pour avoir tweeté qu’une femme c’était une réalité biologique, grâce à son procès, il y a encore quelques petits droits qui ont été préservés pour les femmes en Grande-Bretagne. Donc c’est une véritable héroïne, maintenant, Maya Forstater, en Grande-Bretagne.
Donc voilà.
Alors grâce à ces deux procès en particulier il y a eu une espèce de renouveau du féminisme en Grande-Bretagne. Il y a une prise de conscience de beaucoup de femmes, et spontanément il y a beaucoup d’associations qui ont été créées, beaucoup de groupes qui sont dits « grassroots » c’est-à-dire des associations populaires, spontanées, et… bon… assez clandestines aussi, il faut le dire.
RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?
Claire – Alors à la base, on a un groupe de gens qui exigent qu’on restructure complètement nos définitions de ce qu’est une femme, pour que la réalité matérielle du sexe biologique disparaisse.
Le mot « mère », par exemple, a été effacé des documents de la fonction publique en Écosse, parce que c’est considéré discriminatoire. Le mot femme ne veut plus rien dire parce qu’il inclut les hommes.
Par exemple il y a eu récemment une publicité, moi qui m’a beaucoup choquée, pour inciter les femmes à aller faire leur frottis annuel : il y avait une femme avec une barbe sur la photo !
Il faudrait changer entièrement notre façon de comprendre la réalité, changer tous les mots qu’on a pour nommer cette réalité. On nous interdit d’utiliser les mots qui parlent de l’expérience d’être femme. Ça veut dire qu’on nous interdit les mots qui nous permettraient de parler des droits des femmes.
Et tous ceux qui ne consentent pas à cette reconstruction du monde, cette reconstruction complète, seraient motivés par la haine et les préjugés uniquement.
Donc ça, pour moi, ces extrémistes du genre, ils fonctionnent comme une secte.
C’est un mouvement d’emprise sectaire.
Et je reprends… je suis allée sur le site de la Miviludes.
Donc sur le site de la Miviludes il y a des critères qui ont permis d’établir un faisceau d’indices facilitant la caractérisation d’un risque de dérive sectaire.
- Le premier critère à la déstabilisation mentale. Le fait qu’on change notre vocabulaire, qu’on change les mots qui servent à décrire la réalité, c’est une déstabilisation mentale totale.
- Il y a aussi la rupture avec l’environnement d’origine.
- Un autre : l’existence d’atteintes à l’intégrité physique.
- Un autre critère est l’embrigadement des enfants… Donc qu’est-ce qu’on fait avec les enfants, les adolescents, comment dire, pour les encourager dans cette idée qu’ils ne sont pas bien dans leur corps ?
- Et le dernier critère c’est les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics.
En Grande-Bretagne, c’est clair et net : le lobby Stonewall, donc je vais vous parler un peu, c’est le lobby trans, a infiltré la totalité de la société. C’est les partis politiques, le gouvernement, la Police, les universités, les écoles, le système de santé… toute la société, en Grande-Bretagne.
Donc oui, c’est important de connaître le lobby Stonewall. Parce que bon… c’est vrai que quand on ne connaît pas trop et en entendant ce que je dis ou en entendant d’autres féministes radicales du Royaume-Uni… on peut tout à fait penser qu’on est complètement illuminées, la théorie du complot et compagnie… c’est tout à fait compréhensible, vu l’énormité de l’emprise du lobby trans sur la société.
Pour les personnes qui voudraient se documenter un peu sur Stonewall il y a un journaliste qui s’appelle Nolan (son nom de famille c’est Nolan) et qui a fait une série de podcasts qui sont passés sur la BBC sur Stonewall. C’est une enquête journalistique vraiment essentielle, très importante. Tellement importante qu’il y a un groupe féministe qui s’appelle « fair play for women » qui ont retranscrit tous ces podcasts, qui sont disponibles sur leur site, en anglais.
Mais pour expliquer brièvement, donc ce comment dire…, ce lobby, Stonewall, le bras armé de l’idéologie trans,
ils ont notamment mis en place quelque chose qui s’appelle « the workplace equality index » et les « championskings » c’est à dire qu’ils ont créé une espèce d’index d’évaluation qui, soi-disant, fait une évaluation des entreprises et des organisations, qui leur donne une note, pour montrer au public soi-disant qu’elles sont « égalitaires, inclusives, etc… ». Et donc le paradoxe c’est que toutes ces organisations, ces entreprises, payent ce groupe, ce lobby de Stonewall … pour être notées par ce même lobby, et donc pour avoir une bonne note …par eux ! Et donc s’ils n’ont pas une assez bonne note, Stonewall leur dit « donnez-nous nous encore un peu plus d’argent, et on va vous faire des formations pour vous dire comment avoir un meilleur classement l’année prochaine ». Et ça paraît dérisoire… enfin en France on a peut-être du mal à comprendre ça, mais en Grande-Bretagne, comme aux États-Unis, on est vraiment dans une société d’évaluation. Et donc mieux on est évalué, plus on gagne d’argent, plus on a du succès… C’est devenu quelque chose de très très important.
Par exemple la BBC était très impliquée avec Stonewall… enfin… laissait Stonewall prendre beaucoup de pouvoir au sein de la BBC, parce que, comment dire… ils font beaucoup de pression pour changer la ligne éditoriale. Enfin ce sont des pressions en sous-marin, qui ne sont pas en transparence, bien évidemment. On peut se douter qu’ils présentent toutes leurs exigences, qu’ ils font un peu de chantage, si vous voulez, pour leur donner une meilleure place. Donc voilà. Heureusement la BBC, il n’y a pas longtemps, est sortie de Stonewall. Mais il faut voir que c’est très très implanté partout. C’est les partis politiques aussi bien que… alors dans la Police aussi c’est très grave. Enfin bon, je ne veux pas trop m’étendre sur Stonewall, parce qu’on pourrait en parler des heures. Mais vraiment, je conseille à toute personne qui s’intéresse à l’idéologie du genre, de lire les transcrits de ces podcasts.
Voilà donc la question était pourquoi est-ce que je pense que c’est une menace pour les femmes ?
Je pense que c’est une menace pour la société toute entière, particulièrement pour les femmes, parce que… pour tout ce que je vous ai dit d’un mouvement qui a pris une emprise énorme sur la société en Grande-Bretagne, et aussi aux Etats-Unis, au Canada et dans d’autres pays.
Et moi, je vois que ça arrive en France. Bon parce que je suis française, parce que je me tiens au courant de ce qui se passe en France, je vois que mes amies françaises, enfin même les féministes, pour la plupart, ne sont pas conscientes de cette menace. Et c’est un peu pour ça que je participe à ce podcast : vraiment je me sens le devoir de prévenir : « Attention ça vient en France, c’est déjà là. Il faut… il faut lutter contre ça. Absolument ».
RDG – Qu’est ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ? Est-ce que tu perçois un danger dans ton entourage professionnel ou personnel ? Est-ce que tu as peur pour tes proches, ou est-ce que tu sais que tu es parfaitement en sécurité pour parler de ce sujet librement ?
Claire – Non je ne suis pas du tout en sécurité pour parler de ce sujet librement.
C’est-à-dire que toute femme ici, en Grande-Bretagne, qui en parle, s’expose à… déjà à perdre son travail. S’expose à des procès qui sont ruineux… Et s’expose à être mise au ban de la société… C’est simplement tout perdre. Quand on voit que JK Rowling, qui est une des femmes les plus riches de Grande-Bretagne… elle subit des menaces.
Les gens révèlent son adresse sur internet parce qu’elle ose parler.
Les universitaires perdent leur boulot.
Si on noue un ruban aux couleurs des suffragettes à un arbre, on se retrouve avec un procès…
Non , personne n’est libre de parler ici, en Grande-Bretagne.
Donc moi je me protège en témoignant de façon anonyme, en ne donnant pas de détail qui permette de m’identifier. Et… bon, j’ai des insultes sur les réseaux sociaux. Je bloque systématiquement les transactivistes et leurs alliés. De toute façon, sur les réseaux sociaux, je ne veux pas débattre, ni interagir avec eux. Parce que le seul résultat, ce serait de me faire bannir des réseaux sociaux. Donc ça ne sert à rien de discuter avec des personnes fanatisées. Des personnes qui sont dans les sectes, c’est pas possible d’avoir des discussions avec, ça ne sert à rien. Donc je ne veux pas être bannie des réseaux sociaux. Parce que c’est important d’informer le grand public. Selon moi, le grand public, s’ils étaient au courant de tout ça, la plupart seraient contre. Et donc voilà. Je n’ai pas envie d’essayer de persuader des gens qui sont sous emprise sectaire.
Donc les menaces physiques… moi je n’ai pas fait beaucoup de choses en extérieur, mais toutes mes amies militantes… Elles font des stands par exemple, pour parler aux gens dans la rue, elles vont physiquement vers les gens dans la rue, ou dans les manifs… elles ont toutes eu des intimidations, des menaces. Et dernièrement d’ailleurs il y a… la y a eu dernièrement deux féministes qui ont été agressées dans la rue, dans deux manifestations différentes. L’une à Manchester qui a été agressée par un type en perruque rose… et donc elle a fait circuler les photos sur les réseaux sociaux, et donc elles l’ont reconnu : c’est un récidiviste. Souvent il va taper sur les femmes qui font des manifs.
Bon moi je n’ai pas encore eu, j’espère que ça n’arrivera pas mais bon…
Juste brièvement, je voulais expliquer trois lois importantes en Grande-Bretagne pour comprendre comment et pourquoi les femmes sont aussi en danger, et pourquoi elles sont obligées d’agir aussi clandestinement. Comment leur parole a été verrouillée. Comment les espaces sont éradiqués et pourquoi on est contraintes d’agir comme ça dans la clandestinité.
Donc en gros, il y a trois lois.
Les trois lois
La première, c’est « l’Equality Act ».
C’est une loi de 2010 qui crée neuf catégories protégées. Donc qui interdit la discrimination, qui est basé sur l’âge, le handicap, le changement de genre, le sexe, l’orientation sexuelle, entre autres…
Des exceptions ont été reconnues pour que les femmes puissent garder des espaces réservés, mais ce n’est pas respecté.
La seconde : « Gender recognition act »
Parce qu’il y a eu le « Gender Recognition Act », une loi qui permet de changer de genre avec un diagnostic médical de dysphorie de genre, et après une attente de deux ans. Ce qui fait que même vos documents de naissance sont changés. Il n’y a plus aucune trace, si un homme dit qu’il veut devenir une femme, il passe devant un comité médical qui donne un diagnostic qui vaut ce qu’il vaut, et il faut qu’il ait vécu deux ans « en tant qu’homme». Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Personne ne sait ce que cela veut dire… Pardon, deux ans « en tant que femme ».
Personne ne sait ce que ça veut dire, « vivre deux ans en tant que femme ». Et donc voilà. Il peut changer tout, son certificat de naissance, il est femme. Et ça ne sert à rien d’avoir l’Equality Act qui dit qu’on a des espaces protégés, comme les refuges pour femmes battues, parce que ça n’existe plus. Cette loi invalide l’autre.
Et malheureusement, en Écosse, encore pire, il y a des velléités, donc ça va bientôt passer : il n’y aura même plus besoin de ce diagnostic médical, pour tout changer. Donc ça sera sur simple déclaration que, voilà, n’importe quel homme dira qu’il est une femme. Il pourra changer jusqu’à son certificat de naissance et effacer toute trace qu’il a été. Voilà.
La troisième : « Hate Speech Law »
Pour couronner le tout, il y a une loi qui s’appelle le « Hate Speech Law ». C’est une loi qui n’est pas encore passée, qui existe en Grande-Bretagne mais qui va être encore pire en Écosse. Tout ce qu’il y a de pire, c’est en Écosse, actuellement, pour les féministes ! Donc ce « Hate Speech Law » fait que toute parole qui est considérée comme discriminatoire, pour ces neuf catégories que je vous ai énoncées tout à l’heure, donc toute parole considérée comme discriminatoire, notamment envers les transgenres, même si cette parole évite dans le cadre privé, c’est-à-dire si vous avez une conversation chez vous avec vos parents, vos enfants, ça sera un crime. Vous pouvez faire de la prison et vous aurez un casier judiciaire. Voilà. Donc c’est quand même très … délicat, comme situation.
Je voulais aussi donner un exemple de ce qui se passe pour les femmes, pour vous montrer comment on est empêchées d’agir, de parler, et qui moi, me choque beaucoup.
Il y a beaucoup d’exemples comme ça, mais moi, c’est un exemple proche de moi, disons, et que je trouve extrêmement choquant.
Il y a une femme qui s’appelle Nicola Murray, c’est une femme écossaise qui a fondé une association qui s’appelle « Brodie’s Trust ». Cette femme a perdu trois enfants à cause de la violence conjugale. Ce sont des enfants, quand elle était enceinte, son conjoint la frappait, la malmenait et elle a perdu trois enfants. Et donc, quand elle s’est débarrassée de l’emprise de cet homme, elle a fondé cette association pour venir en aide aux femmes qui étaient dans le même cas qu’elle, et pour que la loi soit changée. Parce que c’était trop indulgent pour les hommes qui étaient coupables de crimes de cette nature.

À Édimbourg, il y a un centre pour les victimes de viol, qui bénéficient de toutes sortes de services. À la direction de ce centre, a été embauché un homme qui dit être une femme. Ça a fait quand même un peu scandale, parce que c’est quand même très curieux, et aussi ça fait partie, (les centres pour l’accueil de victimes de viol), de ces exemptions, des espaces qui sont censés être réservés aux femmes. Personne n’a compris pourquoi, d’autant plus que le CV de cette personne n’était pas convaincant. D’autant plus que cette personne n’est même pas légalement une femme, puisqu’il ne possède pas le Gender Recognition Certificate, il a lui-même admis qui n’avait pas ce certificat. Donc c’est très bizarre, et cette personne en interview a dit, quand on lui a demandé : « qu’est-ce que vous faites des femmes qui viennent consulter dans votre centre, et qui n’ont pas envie, par exemple dans une thérapie de groupe, de se retrouver avec des hommes, des gens qui ont encore d’hommes ? » Et donc lui, il a dit qu’il fallait « recadrer leurs traumas ». Que c’était des bigotes, des personnes qui avaient des préjugés, et qu’il fallait… Voilà.
Donc vu ses déclarations très choquantes, Nicola Murray avait fait cette déclaration, consultant dans le cadre de cette association, Brodie’s Trust, elle ne leur conseillerait plus d’aller au Rape Crisis Center d’Édimbourg. C’était une déclaration très policée, il n’y avait pas de « mégenrage », il n’y avait rien. Il n’y avait rien qui dépassait. Elle a mis ça sur Twitter, et le lendemain, la police écossaise est venue frapper à sa porte. Il y a deux flics qui sont venus frapper à sa porte, pour faire un interrogatoire, en lui demandant : « quand vous avez écrit ça, c’était quoi vos pensées, à quoi vous pensiez ? »
Donc voilà. Ce long développement pour illustrer le fait que la Police, en fait, est devenue la milice de Stonewall. Ça n’a rien de légal, ce qu’ils ont fait. Elle a demandé : « Y a-t-il eu plainte, pourquoi venez-vous ? » Il n’y a pas eu de plainte. De toute façon, il n’y a pas lieu d’y avoir plainte. Mais les femmes qui parlent sont intimidées. Elles ne sont pas seulement intimidées par les grands activistes : c’est la police. C’est la police ! La police est la milice de Stonewall, moi je n’interprète pas ça autrement.
RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?
Claire – Oui. Le plus récent c’est… Je vais parler de l’arrestation de Jane. C’est une féministe du pays de Galles, et de tout ce qui s’est passé autour, parce que ça donne une bonne idée de comment toute la société : Police, institutions diverses… sont devenues complices des transactivistes et oppressent les femmes.
Jane, c’est une féministe du pays de Galles. Elle a une cinquantaine d’années, elle est handicapée. Elle est en scooter de mobilité. Donc elle collait, elle était en train de coller des autocollants féministes. Très exactement, ce qu’il y avait sur ces autocollants, qui sont sur la violence conjugale, c’est : « plus de trois femmes par semaine sont tuées par des hommes ». Voilà. Donc il n’y a rien de transphobe, il n’y avait rien. C’était très exactement ce qu’il y avait dessus. Elle a été arrêtée par la police, pendant qu’elle collait ces autocollants. (Normalement, coller des autocollants comme ça, si on est chopée par la police, c’est 50 livres d’amende au maximum. C’est-à-dire que c’est considéré comme, au pire, du vandalisme, et sinon comme si on jetait des ordures par terre). Mais là, la police l’a arrêtée, l’a amenée au commissariat, l’a interrogée, et lui a dit, (enfin l’a menacée), qu’elle serait accusée de « hate crime » donc le « hate crime », comme je vous l’ai dit, c’est très grave. Ça peut être la prison, c’est le casier judiciaire, c’est un procès, c’est vraiment… grave. Et donc elle est restée au commissariat pour de longues heures. On l’a su parce que c’est son mari qui est venu sur son compte Twitter, qui a pris contact avec les associations, le réseau, et nous a dit qu’elle avait été arrêtée. Et donc, quand elle est sortie, ils ne l’ont lâchée… c’est très choquant… il l’ont lâchée toute seule à trois heures du matin, ayant confisqué son téléphone portable. Donc une femme handicapée, qui n’avait pas pris ses médicaments (elle prend beaucoup de médicaments, elle n’a pas pu avoir ces médicaments). Elle nous a dit après qu’elle n’a même pas pu aller aux toilettes. Elle criait pour aller aux toilettes et ils n’ont pas voulu la laisser aller aux toilettes. Et elle, elle les a menacés de pisser par terre et donc, au final, ils ont consenti à la laisser aller aux toilettes… enfin c’était vraiment abominable ! Donc à trois heures du matin, ils la laissent toute seule se débrouiller sans son téléphone portable, et sur son scooter de mobilité, rentrer chez elle. D’ailleurs, elle n’a toujours pas récupéré son téléphone, et c’était fin janvier que ça s’est passé.

Pendant qu’elle était au commissariat, la police a perquisitionné son domicile et a, – c’est très intéressant,- confisqué un livre, qui est un livre universitaire tout à fait respectable, édité par des presses universitaires, qui s’appelle « Transgender children ». Donc voilà, ce qu’ils ont trouvé de plus subversif, et qui les dérangeait le plus, c’était un livre universitaire sur les enfants transgenres. Ils l’ont confisqué. C’est vraiment très choquant, quand je le raconte. Ils lui ont dit qu’elle était convoquée dans un mois au commissariat pour savoir ce qu’il attendait. Si elle allait avoir un procès, si etc… donc entre-temps, nous nous étions mobilisées, on a beaucoup tweeté sur la police, on a mis beaucoup de choses sur Twitter, on a fait beaucoup de campagnes autour de ça. Et le jour où elle a été convoquée, il y a une manif. Les femmes qui ont pu aller au pays de Galles manifester, et ce n’était pas facile, on n’y est allées, on a manifesté. Elle est allée au commissariat, elle est revenue. Et donc qu’est-ce qu’elle a eu comme réponse ? « Il faut revenir dans un mois ». Donc en fait, en quoi ça consiste ? C’est qu’ils veulent faire durer la punition. Ça, c’est un truc que la police emploie souvent. Ils savent qu’ils ne peuvent pas vraiment… Il y a beaucoup de gens qui se sont mobilisés, ils ne s’attendaient peut-être pas à cette levée de boucliers, comme ça. Et donc voilà, ils la reconvoquent dans un mois pour continuer à mettre la pression sur elle. Il y a une chose intéressante, aussi : c’est qu’on s’est demandé pourquoi elle a été arrêtée. Il y a un transactiviste qui s’est dénoncé, parce qu’il n’est pas très bien dans sa tête, je crois. Il est allé sur les réseaux sociaux, il a dit : « oui c’est moi qui ai dit à la police d’arrêter Jane ».
Et ce type là, on est allé revoir ce qu’il avait mis dans ses comptes précédents. C’est un type qui a fait courir la rumeur, lors d’une arrestation précédente d’une féministe, que les féministes mettaient des lames de rasoir quand elle mettait les autocollants. Qu’il fallait faire très attention de ne pas les décoller, parce qu’elles mettaient des lames de rasoir derrière les autocollants, pour que les trans qui enlèvent leurs autocollants se blessent… Enfin, ça paraît de la fiction quand je raconte tous ces trucs-là ! Mais c’est la réalité qui dépasse la fiction. Souvent, je me dis : « Est-ce que Simone de Beauvoir aurait pu imaginer un truc pareil ? Elle qui disait faites attention, à n’importe quel moment on reviendra pour nous reprendre nos droits. » Je crois que même Simone de Beauvoir, que j’admire beaucoup évidemment, n’aurait jamais pu s’imaginer une escroquerie pareille. La plus grande escroquerie de l’histoire de l’humanité.
RDG – As-tu quelque chose à ajouter ?
Claire – Oui, je voudrais dire à toutes les personnes qui nous écoutent que l’idéologie du genre, ça fonctionne comme une secte. Elle nous escroque, elle nous embobine, exactement comme le ferait une secte. Et aussi comme le ferait un pervers narcissique.
Quand on regarde le fonctionnement du pervers narcissique, on est en terrain connu avec l’idéologie du genre. Une des techniques employées par les pervers narcissiques, c’est : « je crée tout un ensemble de règles nouvelles, j’exige que tu y obéisses, même si tu ne sais pas quelles sont ses règles. Par exemple, je t’interdis de me mégenrer, si tu le fais j’appelle la police, je te fais un procès, je te dénonce à ton employeur, mais par contre je m’arroge le droit de t’appeler « cis », que ça te plaise ou pas ! »
Même si tout le discours ambiant semble être unanime, je voudrais dire aux personnes qui nous écoutent, essayez de faire appel à votre esprit critique constamment, à votre capacité de discernement. Faites confiance à votre bon sens, à votre jugement. Parce que rien de ce qu’ils affirment n’a de bon sens, si on exerce un peu son discernement. Tout ce vocabulaire compliqué, obscur, sans queue ni tête, c’est l’écran de fumée du pervers narcissique qui veut soumettre sa victime. Les gens pensent : « je n’y comprends rien, c’est parce que je suis trop bête, trop vieille, pas assez moderne, alors je me tais. »
Mais non. C’est nous qui avons raison.
Le pervers narcissique, aussi, a deux lois.
La première, c’est qu’il a tous les droits.
La deuxième, c’est que les autres n’en ont aucun.
Ça vous dit quelque chose, je pense.
Le pervers narcissique utilise le système de valeurs de l’autre personne pour la paralyser. Et les femmes sont très victimes de ça, parce qu’elles sont conditionnées à être gentilles. Elles sont empathiques, elles sont manipulées à fond grâce à ça.
Troisième point sur le pervers narcissique, c’est l’immaturité émotionnelle. L’égocentrisme. L’incapacité à gérer ses émotions et ses frustrations.
Voilà. Je pense que ça vaut le coup, aussi, de se pencher là-dessus.
Une autre chose aussi, dont je me suis rendu compte, c’est que les transactivistes opèrent avec ce que j’appelle la technique du coucou. C’est-à-dire que, comme l’oiseau, le coucou, ils viennent envahir nos espaces, notre identité. Ils nous les volent, ils s’installent à notre place tout en nous éjectant, nous les femmes, de ce qui était notre maison, et même de notre identité.
Tous nos droits, tous nos espaces ont été effacés, est supprimée. Jusqu’à notre nom, notre identité. C’est ça, la culture du viol. C’est ces hommes qui nous disent, par leurs actions : « tu possèdes quelque chose que je veux. Si tu ne me le donnes pas, si tu ne me donnes pas ce que je veux, tu commets une violence envers moi, et j’ai le droit de te punir. »
Ce sont des gens qui se prétendent femmes et qui pratiquent la violence patriarcale.
Pour finir, je voudrais aussi dire que la liberté de parole, la liberté de conscience et d’expression sont très importantes. Au final, c’est peu soutenu par la gauche, cette liberté de parole. En Grande-Bretagne, notre parole est verrouillée. On ne peut plus dire qu’une femme n’a pas de pénis, sous peine d’être mis au ban de la société. Et d’avoir la police à sa porte ! Et on nous interdit d’utiliser les mots qui parlent de l’expérience d’être femme. Ça veut dire qu’on nous interdit les mots qui nous permettraient de parler des droits des femmes. Il faut protéger cette liberté de parole. Ce n’est pas une valeur de droite. C’est une nécessité dans toute société qui se dit démocratique.
Voilà. Si j’ai parlé aujourd’hui, c’est vraiment pour prévenir les françaises qui nous écoutent : Tout ça s’en vient en France.
C’est déjà là.
Il faut lutter.