Rebelles du genre – Épisode 30 – Hermine

Hermine – Je m’appelle Hermine, j’ai 33 ans, bientôt 34. Je suis professeur de yoga à Paris. 

Je suis féministe activiste, j’ai notamment un podcast qui s’appelle «Time to bloom » qui devait… j’avais l’intention plutôt  de parler yoga, et tous les trucs bien-être…  mais les choses ont fait qu’il s’est radicalisé politiquement, et j’ai commencé à parler de féminisme dessus dont trois derniers épisodes concernant l’idéologie de genre.

Et je suis l’auteure du fameux collage « aimer ≠ tuer »  que beaucoup connaissent.

En tant que femme j’ai toujours été critique du genre.

En réalité, j’ai toujours trouvé que c’était hyper injuste de dire les filles aiment le rose, les garçons aiment le bleu ; les filles font de la danse, les garçons du foot ; les filles sont sensibles, les garçons ne le sont pas ; et j’ai toujours trouvé que c’était toxique, pour les femmes principalement, mais aussi pour les hommes. Parce qu’on se retrouve avec après des blocs de muscles qui ne savent pas quoi faire de leurs émotions, sont complètement paralysés dès qu’ils ressentent quoi que ce soit qui s’apparenterait à quelque chose d’émotionnel, sentimental… bref j’ai toujours trouvé que c’était mauvais pour nous, et que c’était pas une bonne chose de continuer de nourrir ce truc-là. 

Donc il y a déjà bien longtemps, j’ai commencé à critiquer tout ce qui avait rapport au genre.

Bien avant aussi que je me pose les questions sur la transidentité, etc… il y a un truc qui me déplaisait beaucoup. Bon ceci dit ça a commencé à être à la mode plus ou moins à la même période, c’était la fameuse « gender reveal »… ça m’a toujours fait cringe. Parce que il ne s’agit pas d’une « gender reveal » c’est une « sex reveal » ! 

Quand on fait une échographie du ventre d’une femme enceinte, on découvre le sexe du bébé, non son genre ! J’allais dire que c’est quelque chose dont il faut laisser le choix mais… alors ce n’est pas ce que je voulais dire. 

Mais on laisse les gens s’exprimer… comme ils le souhaitent, voilà !

Si t’es une fille et que tu as envie d’avoir les cheveux courts, c’est cool ! Ça ne veut pas dire, ben justement, que tu es lesbienne par exemple. C’est : chacun fait comme il veut ! Tu t’habilles comme tu veux, tu fais ce que tu veux, tu couches avec qui tu veux. 

Soyons heureux, quoi ! Vraiment ! 

Voilà, ça c’est une première chose.

Et puis par rapport au sujet qui nous intéresse aujourd’hui, le « peak trans » comme on dit : je l’ai fait lorsque j’ai commencé donc,  sous la guidance si puissante de Marguerite Stern. 

J’ai donc participé avec elle, à lancer le mouvement des collages. Et donc je me suis retrouvée à la première réunion qu’elle a donnée, à recevoir l’enseignement de cette technique, qu’elle n’a pas seulement transmis à toutes les femmes qui venaient pousser la porte de cet atelier. Et… Bon malheureusement je n’ai pas réussi à y rester plus d’une semaine, parce que l’ambiance y était extrêmement toxique. 

Tout a commencé à cause du slogan d’un collage qui n’a pas plu à un petit groupuscule qui s’était immiscé dans le groupe de femmes qu’on était, et qui se réunissait dans cet atelier, qu’elle nous mettait à disposition. C’est quand même un truc assez extraordinaire. Moi je n’avais jamais participé à ça. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu un tel mouvement en plus, quelque chose d’aussi puissant et… bref, il y a un collage qui a été collé le deuxième soir, à côté du métro « Bonne Nouvelle ». J’étais là, j’étais en retrait quand il a été collé parce que le message ne me plaisait pas. Il s’agissait de « naître femme tue » et je ne suis pas d’accord. Autant c’est dangereux de naître femme, effectivement, autant c’est pas comme la nicotine quoi : ça ne tue pas forcément. Moi je trouve que c’est une chose extraordinaire de naître femme. Et donc ça ne me plaisait pas. Mais loin de moi l’idée d’imaginer que ça partirait en pugilat dans les messages du thread qu’on avait sur Instagram. C’était : « Si tu n’inclus pas les femmes trans, qui souffrent plus que les femmes dans le contexte des féminicides, c’est une honte, dans ton féminisme… Tu es transphobe, tu n’es pas féministe, revoit ta copie ! » Et puis le tout avec un ton vraiment très agressif, extrêmement toxique. Et du coup quand j’ai réalisé que la conversation n’était pas possible, eh bien je me suis simplement retirée. J’ai continué de participer au mouvement en peignant, simplement. Je me suis détachée.

Et quelques mois plus tard Marguerite a posté sur twitter le fameux thread, qui lui vaut un harcèlement innommable depuis. Si je ne dis pas de bêtises, du coup, elle a posté en janvier 2020. Du coup ça m’a fait plaisir de réaliser que je n’étais pas la seule à penser ainsi, même si je savais que dans le groupe, il y avait donc deux consoeurs avec qui j’étais restée en contact, qui étaient d’accord avec moi. Mais c’était cool que Marguerite, qui était la leadeuse de ce mouvement, (j’insiste dessus parce qu’on continue d’essayer de lui retirer la maternité de ce mouvement extraordinaire) qu’elle s’exprime là-dessus et qu’elle nous défende, et qu’elle défende toutes les autres filles, parce que j’ai découvert que je n’étais pas la seule à ne plus participer. Parce que je ne trouvais pas ça tolérable qu’on appelle ça les « colleureuses.x. (tout ce que tu veux) ». Non, non, c’est le mouvement des « colleuses » par et pour les femmes assassinées.

Donc voilà, ça a commencé comme ça.

Mais bon je n’y connaissais rien, donc au début. 

Je me suis juste tue. Je me suis dit il faut que je me renseigne, il faut que j’arrive à former ma pensée, pour trouver mon argumentaire. Je ne veux surtout en aucun cas non plus manquer de respect à qui que ce soit, et blesser qui que ce soit. Je ne voudrais pas que mes mots poussent quelqu’un au suicide, par exemple, comme c’est souvent dit aux féministes radicales. Donc il m’a fallu quand même tout un moment pour m’exprimer publiquement à ce sujet. En attendant je le faisais directement auprès de mes copines, et tout… ça m’a valu des discussions « animées », notamment avec une personne je pense à une conversation, mais depuis, cette même femme est revenue sur son opinion… 

Et donc du coup, j’avais ces conversations désagréables, mais nécessaires.

Et puis là, le trigger qui m’a fait décoller de mon siège et où je me suis dit… il y en a eu deux.

Il y en a eu deux, mais quasiment en même temps, mais c’est pour ça que je me suis dit : « Non, non, non, cette fois-ci je prends mon micro, j’enregistre et je diffuse ». 

En plus, j’étais au Costa Rica, donc ça m’aidait, j’avais un peu la distance par rapport à tout ça de mon côté, parce que j’avais peur d’être harcelée aussi à mon tour. Mais il y a eu le post de NousToutes sur Instagram… de penser qu’une association aussi puissante que NousToutes mette, comme dirait Dora Moutot, au centre de sa lutte, des personnes à pénis… et, comment dire… autorise la traque de certaines femmes qui donc sont qualifiées de « terfs », le fameux acronyme dégueulasse qui n’existe pas pour les hommes… voilà : de savoir que donc moi, qui suis une terf assumée aujourd’hui, « team terf » comme dirait Dave Chappelle, que je ne sois pas la bienvenue, dans un mouvement qui est supposé ME représenter au profit de personnes à bite… Ça, ça a déjà été le premier truc.

Et puis le deuxième, c’est de voir la sortie du livre, le recueil de collages qui n’évoque pas Marguerite, et dont les fonds sont reversés à une association Trans… Ah non, mais… Là c’est… là, non, c’était trop…

Une troisième chose aussi, c’était les larmes de Dora Moutot qui craquait sous le harcèlement qu’elle subissait sur Instagram. Ca aussi, ça m’a énormément touchée. Énormément touchée. c’est… Enfin, c’est absolument inadmissible.

Donc c’est pour ça que je me suis lancée, et que j’ai diffusé en long, et en large tout : comment je pense, mon raisonnement.

Et je mets au défi qui que ce soit d’aller écouter mes podcasts et de dire que je veux le mal de qui que ce soit. Non. Ce n’est pas vrai.

Par contre, je mets toujours avant tout le monde le bien-être des femmes. C’est ce qui compte le plus pour moi, Voilà.

RDG – pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Hermine – Déjà, parce que ça renforce les propres stéréotypes, par rapport à nous. On n’est pas une femme parce qu’on met des talons, parce qu’on met des robes, parce qu’on est du maquillage. C’est beaucoup, beaucoup plus… j’allais dire « compliqué ». Non, c’est juste… juste naturel. 

D’autre part, on l’a vu, l’exemple… on l’a vu avec l’exemple de Lia Thomas… Désolée pour ceux que ça affolerait, mais oui, je pratique le mégenrage. Cet homme a volé la place d’une femme sur la première marche du podium. Du coup, la deuxième est arrivée troisième… du coup, la troisième est arrivée quatrième, et ainsi de suite jusqu’à ce que la dernière soit tout bonnement éliminée. 

Et ça, ça représente, comment dire, un vol, d’une opportunité pour quelqu’un qui a travaillé toute sa vie. 

D’une opportunité, déjà, ne serait-ce que pour le plaisir de la victoire quoi. Et puis financière :  c’est énorme. C’est un scandale. 

D’autre part on va se retrouver à bientôt avoir certainement plus d’hommes dans nos toilettes que de femmes, et c’est dangereux. Je veux dire, on les connaît, les hommes ! Et d’un seul coup on va être surpris que dans le lot, il y en ait pas qui en profitent pour entrer dans les espaces qui nous sont réservés, pour venir nous toucher, nous violer… Enfin, on le sait, qu’il nous agressent depuis la nuit des temps ! Pourquoi est-ce qu’on serait là « ha mais non, ils n’ont que le cœur sur la main, aucun danger, pas de problème !… » Non ! C’est dangereux ! 

On ne peut pas prendre ce risque-là, on est obligées de rester soudées et de se protéger les unes les autres.

Ensuite on me dira : « Oui mais moi, mon pote est devenu  trans, il ne ferait pas de mal à une mouche, je t’assure, ce serait terrible de lui refuser l’accès aux toilettes, ça le mettrait en danger, d’aller aux toilettes… » 

Je m’en branle !  Franchement, vulgairement, sincèrement, je suis désolée mais je m’en branle ! Moi ce qui m’intéresse c’est de défendre la sécurité des femmes. 

Et ouais, la personne que toi, tu connais, c’est pas l’amie d’une autre. Donc on ne peut pas raisonner comme ça, c’est trop dangereux. En plus on nous dit toujours, constamment, que c’est un fantasme de radfem, que ça met les femmes en danger. Mais c’est faux parce que c’est déjà le cas ! Il y a déjà des tonnes et des tonnes de plaintes de femmes qui, normalement, auraient dû être en sécurité dans un endroit qui leur était réservé, et qui ont été agressées par une personne trans.

C’est le cas notamment dans les prisons aux États-Unis déjà. On reçoit beaucoup, de plus en plus, de témoignages de femmes qui se retrouvent enfermées dans une cellule avec des gens qui sont en prison pour agressions sexuelles. Non mais… je veux dire, je ne vois pas à quel moment ça clique pas, en fait, quoi.

Non. Je trouve ça scandaleux. Sans compter aussi les attentats à la pudeur. Là, j’ai vu sur Instagram hier, j’ai rigolé, je sais plus… je crois que c’était the vulva temple, qui avait posté ça : une photo d’un type avec une jupe tellement petite, et un string en-dessous… qu’on lui voit les couilles et … avec des talons et tout, et les commentaires alors c’était… 

C’est vrai : quel courage d’exhiber ses testicules à la vue de tout le monde sans leut consentement. 

C’est vrai, ça demande tellement de courage !

Non c’est catastrophique, catastrophique.

Et d’autre part, au niveau de la démocratie… 

Mais moi, il me semblait qu’on était d’accord sur le fait qu’ on était libre de s’exprimer, d’exprimer des opinions. Et donc je ne comprends pas très bien pourquoi, quand on dit qu’une femme n’a pas de bite, on nous traite de tous les noms, et qu’on n’a pas le droit de s’exprimer à ce sujet ?

Moi je trouve que c’est ouais… c’est une atteinte, une atteinte terrible à la démocratie. On se fait déjà … 

Oh et puis alors dans le futur,  j’ose pas imaginer…

Oh et puis il y a des trucs qui me viennent en même temps… c’est pour ça, moi, j’écris, quand je fais mes podcast, avant. Haha

Il y a un truc qui me vient en même temps,  mais je pense aussi à « woman of the year »…  Tous ces titres de « woman of the year » qui sont donnés à des « femmes trans » !!! hahaha 

Au secours !

J’en ai parlé dans mon podcast, mais Dave Chappelle, il a une vanne extra dans son spectacle, si vous ne l’avez pas vu, je vous le recommande vivement. Ce spectacle s’appelle « The Closer » et il y a une vanne où il parle de de… comment elle s’appelle ? J’ai tous les noms de Jenner  qui me viennent dans la tête mais j’ai oublié le nom…

RDG – Caitlin Jenner.

Hermine – Voilà, moi j’avais « Bruce » qui me venait. Ha ha.

RDG – Ha ha. Mégenrage ! Mon Dieu.

Hermine –  Je vais me faire des amis, je le sens ! Et donc Caitlin Jenner, qui donc a été élue par je ne sais plus quel magazine « femme de l’année »… Et du coup…Dave Chappelle dit : « C’est quand même incroyable, elle n’a jamais eu ses règles et elle vous a toutes battues ! ha ha. »

C’est vrai. C’est dingue ! Ca aussi, c’est une opportunité de mettre quelqu’un en avant, tu vois, genre… Voilà.

Oui. Ça me rend malade.

RDG – Qu’est ce qui t’a décidée à témoigner sous sa réelle identité, puisque aujourd’hui tu témoignes de façon absolument pas anonyme. Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ? Est-ce que tu as ressenti un danger dans ton entourage, ou est-ce que tu as été témoin de violence ou de harcèlement ? Ou est-ce que tu te sens parfaitement en sécurité, tranquille pour parler librement de ce sujet ?

Hermine – Non je ne me sens pas du tout en sécurité pour parler de ce sujet. C’est pour ça que je me suis tue aussi longtemps. 

Mais aujourd’hui, je crois qu’on n’a vraiment plus le choix. 

Il est en train de se passer quelque chose à l’échelle mondiale, qui est dangereux pour l’avenir des femmes, et je pense qu’il faut absolument qu’on fasse tout ce qui est en notre pouvoir pour arrêter ça.

Et ça commence par la communication : il faut qu’on en parle, et le faire à visage découvert, enfin sans anonymat. Ça demande énormément de courage. Pour ça je remercie énormément Marguerite Stern et Dora Moutot, notamment, pour leur immense courage et pour l’inspiration  qu’elles sont.

Parce que…on n’est pas seules. 

On n’est pas seules à le penser et plus on sera nombreuses, moins on pourra être silenciées.  On ne pourra pas toutes être harcelées. Donc… Donc oui, bien sûr, j’ai peur de ça. 

Mais pour l’instant, tout se fait derrière mon dos. Je le sais parce que j’ai une amie qui m’a déjà dit qu’on l’avait approchée en lui disant  « Mais mon Dieu, mais tu parles  avec Hermine, est ce que tu sais que c’est une vilaine terf ?» Et donc je sais que ce sont les choses qui sont dites. Je suppose que j’ai perdu des clientes aussi depuis que je parle de ce sujet à voix haute, mais je sais aussi que j’attire d’autres personnes à moi, et avec qui je suis plus en résonance, du coup. Donc, je pense que c’est hyper important.

Mais vraiment j’insiste là-dessus, on n’est pas seules. Donc si jamais, toi qui nous écoutes, un jour tu prends la parole, et puis tu t’en prends plein la tronche derrière, et tu te sens trop mal parce que plus c’était une amie à laquelle je tenais, et tout… Reach out ! 

Tu peux m’écrire : je suis The Prune sur Instagram sur twitter the_Prune. 

Les rebelles du genre aussi, je suis sûre, se feront un plaisir de t’écouter. Voilà. 

On est nombreuses. On est très nombreuses, et de plus en plus nombreuses. Et surtout là depuis la victoire de Lia Thomas à ce concours de natation, de plus en plus de femmes prennent la parole à ce sujet.

Donc voilà : sororité. On va, j’espère, gagner. En tout cas, on ne se laissera pas, on ne se laissera pas faire.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Hermine – Oui bah c’est encore… Je vais encore parler de Marguerite. Mais, je pense qu’elle mérite bien qu’on la défende. 

C’est le coup de l’œuf.

Alors là, moi, le coup de l’œuf, je ne m’en suis pas remise. Franchement.

Donc on peut recontextualiser, pour celles et ceux qui ne sont pas au courant de cette histoire. Elle était en train de manifester avec d’autres femmes. Je ne veux pas dire de bêtises parce que ça remonte, c’est pas tout à fait frais dans ma tête, mais il me semble que c’était … c’était une manifestation féministe pour l’abolition de la prostitution, si je ne dis pas de bêtises. N’empêche qu’elle a pris un œuf dans la figure, de la part d’un groupuscule queer. Encore un petit groupe qui est arrivé extrêmement agressif, très violent, et qui les ont insultées, qui les ont frappées, elles et plusieurs autres activistes… Et à un moment, il y a un œuf qui a volé à travers la foule, et qu’elle a reçu en pleine tête. Je trouve ça d’une violence inouïe. L’humiliation… enfin, ça me fait mal au cœur. Vraiment. J’ai la gorge qui se serre quand j’en parle, je pourrais… je pourrais en pleurer tellement je trouve ça terrible… 

C’est une femme… il ne faut pas oublier que, non seulement on lui doit le mouvement des collages. 

C’est ce que je disais à ces gens-là au début : « elle vous a donné là la méthode, maintenant si tu as envie de parler des trans, il y a des murs, il y a de la colle. Tu fais ton truc, tu te démerdes, tu ne fais pas chier, quoi ! »

Donc on lui doit ça. Et en plus il faut bien réaliser que si, demain, un homme nous assassine, c’est peut-être une seule, avec Sofia, qui fera en sorte qu’on ne soit pas morte dans l’indifférence la plus totale. 

Donc qu’elle puisse être agressée de cette façon… par des femmes ! Me… me… je n’ai même pas les mots, je trouve ça complètement aberrant. 

Et puis le pire, c’est derrière, la violence supplémentaire. Au lieu de voir des messages révoltés  (bon bien sûr, il y en a eu) mais des filles que j’estime énormément, qui sont féministes, qui « ha ha ha » rigolaient bien : « tiens prends ça dans la gueule, sale terf ! », quasiment. 

Les mots me manquent, vraiment.

RDG – Est-ce qu’on peut quand même les appeler des féministes ? Ca, c’est un point d’interrogation. 

Juste un point : Marguerite manifestait ce jour-là avec des survivantes de la prostitution. Et donc une indécence incroyable, d’agresser en manifestation des survivantes… je crois que c’est vraiment … terrifiant !

Hermine – Il y a eu une autre agression, là, le 8 mars en manifestation féministe. Je pensais que quelqu’un est venu frapper sur des activistes du mouvement Résistance Lesbienne aussi. C’est  terrifiant.

PIC.TWITTER.COM/8AKJ0W3EUF

Ca permet aussi de faire le lien, et parler de cette lesbophobie, soi-disant l’orientation sexuelle n’aurait rien à voir avec le sexe ! Soi-disant les lesbiennes qui ne se tapent pas des « femmes à bite » seraient transphobes ! Non mais… c’est…

On nous dit : « ha t’es tranquille t’es transphobe en 2022 ! »

Bah : « Tranquille, toi tu es lesbophobe en 2022 ! »

Mais c’est… les gens ne se rendent même pas compte à quel point c’est… ça ne fait pas de sens ce qu’ils racontent, et à quel point c’est… oui : ridicule. Ri-di-cule !

C’est pareil, j’ai une amie qui m’a envoyé un screenshot d’une conversation qu’elle a eue avec un ami à elle qui lui disait : « mais c’est transphobe de dire que, c’est pas bien que Lia Thomas ait participé à cette compétition de natation. » 

Et il lui a dit un truc du genre « tu es transphobe dans le plus grand des calmes. »

Et du coup je lui ai dit : « Mais ne t’ inquiète pas. Le jour où il drague une meuf en boîte,qu’il la ramène chez elle, et qu’en fait en descendant sa culotte, il tombe sur une bite,  on verra qui est transphobe. On verra. »

En fait, comment dire ? Je savais que l’opération était possible, même si je me suis toujours posé la question : « Mais comment fait-on exactement ? qu’est ce que… Comment c’est possible ? »  Parce que ça ne me semblait pas possible. Après je crois, comment dire, en la chirurgie. Mais bon je ne creusais pas plus que ça.

Et c’est Joana, de « Bois mes règles », qui avait partagé un lien pour pouvoir voir à quoi ça ressemblait réellement. 

Bon alors, en l’occurrence c’était une majorité d’opérations ratées… donc encore plus gore que gore. 

Mais je pense que c’est important aussi d’avoir conscience de ça, notamment pour des gens qui envisagent cette opération. Ça ne se passe pas toujours bien. Comme quand on se fait refaire les seins, comme quand on se fait refaire le nez. Enfin c’est  dangereux quoi. C’est, c’est… de la boucherie, d’une certaine façon. Et ça, je le disais déjà à ma sœur quand elle avait 18 ans et qu’elle voulait faire juste enlever un petit peu, une petite base sur le nez. Je lui ai dit : « rends-toi bien compte, on va te planter un truc, mettre un truc dans le nez et paf ! On va mettre un gros coup dedans pour faire péter ta bosse ! Comment crois-tu qu’on va faire ? »

Donc bref. Je suis tombée là-dessus. Plutôt que de tomber, j’ai volontairement cliqué dessus.

Mais c’est … enfin moi ça me fait penser à quand j’ouvre vraiment un … j’ouvrais parce que je n’en mange plus aujourd’hui… mais quand j’ouvre un emballage et que je vois du steak haché, quoi ! C’est juste… c’est juste horrible !

Alors on va me dire : « Oui mais il y en a qui sont très réussis ! »

Moi je suis une spirituelle. Je suis prof de yoga comme je le disais tout à l’heure.

Pour moi, la nature est parfaite. On est faits parfaitement. Il n’y a pas d’erreur. Il n’y a pas de « on est tombés dans le mauvais corps ».

Peut-être que, peut-être OK. 

Moi, Hermine, si j’étais née dans le corps de Jean-Michel,  je ne me sentirais pas bien. Mais je ne crois pas que ce soit une erreur. Je pense que la source là, qui nous fait de la lumière sur le visage, ne se trompe pas. Et que toute personne du corps médical qui arrive le matin, tranquillement, comme ça, et qui « paf » fait claquer ses gants, sort son bistouri et commence à charcuter de la bite ou de la chatte est quelqu’un qui capitalise sur le mal-être de quelqu’un. Que ce soit une maladie avérée, ou parce que c’est du fétichisme, ou parce que… peu importe la raison. C’est quand même quelque chose de terrible, au même titre que c’est terrible quand ils pratiquent des liposuccions sur des gamines de 15 ans. 

Je trouve ça  catastrophique, mais bon… une liposuccion par rapport à un changement de sexe, c’est de  moindre gravité, quand même.

Là, je trouve ça terrible. C’est tellement irréversible, c’est grave, c’est grave.

Et puis j’ai perdu mon fil, je ne sais plus quelle était la question mais puisque j’en parle : même de donner des hormones à des gamins, ou des gamines… mais c’est terrible, c’est terrible.

Justement j’en parlais avec une amie récemment, qui est lesbienne, plutôt masculine et qui me disait qu’à 8 ans, quand elle a réalisé qu’elle n’était pas un homme, qu’elle était une femme, ça l’a totalement mise mal, elle en a parlé avec sa mère, etc… Et aujourd’hui, avec le recul elle se dit « mais tu imagines, si j’étais née aujourd’hui, si ma mère avait été lobotomisée, le cerveau lavé par cette idéologie, et qu’en fait elle m’avait gavée d’hormones en pensant bien faire, et accompagnée à mes 18 ans, pour changer de sexe… mais qui sait ?  Aujourd’hui, je suis ravie d’être une femme. Je suis une femme, quoi. »

RDG – Alors une dernière question : est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Hermine – On voit souvent la discussion de : « comment est-ce qu’on définit une femme » ?

Et du coup, il y a cette punchline qui a été lancée dans le cadre de cette compétition très injuste de natation, où il y a quelqu’un qui a dit : « je ne suis pas vétérinaire mais je sais reconnaître un chien. »

Et bon, ça pourrait sembler violent pour certains , certaines,  mais c’est vraiment profondément ce que je ressens. Et du coup je voudrais conclure sur la définition de femme.

Elle n’est pas si difficile :

Une femme est un adulte femelle.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.

http://www.Womensdeclaration.com

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