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Rebelles du genre – Épisode 33 – Romy

Romy –  Bonjour, je m’appelle Romy, j’ai 23 ans, je travaille dans l’Education Nationale, je suis psychologue de l’Education Nationale.

Alors, je vais commencer par, un petit peu, parler de mon enfance et de mon adolescence, parce que c’est important pour comprendre mon parcours. Donc, déjà, moi j’avais une enfance tout à fait heureuse, jusqu’à mes 12 ans environ.  C’était tranquille, je ne manquais de rien.

Puis, à 12 ans, il s’est passé beaucoup de choses. Déjà, ma mère a quitté notre père, à mes frères et à moi,  et donc là, j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la personne qui était notre père,  et à me rendre compte de ce que ma mère avait vécu.

Ensuite, quelques temps après, on m’a diagnostiqué une scoliose. Donc j’avais un gros problème de dos, qui nécessitait le port d’un corset.   Mon corset, je devais le porter jour et nuit pendant un an et demi, jusqu’à ce que ma croissance s’arrête. Ce n’est pas une longue période, en fait, parce qu’il y a des personnes qui portent le corset pendant une dizaine d’années, il faut le savoir, et qui vont même jusqu’à se faire opérer. Moi ce n’était pas le cas, mais ça a suffi pour me traumatiser, puisque c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

Déjà, avant, j’avais un rapport un peu particulier à mon corps, puisque je ne me trouvais pas très belle. On me le disait, en plus de ça. En plus, j’avais droit à beaucoup de remarques sur la taille de ma poitrine, et j’avais un rapport très compliqué à mes règles aussi, que je ne supportais pas. Mais là, le corset, ça a tout amplifié. Je vous parle de ça parce que ça a été vraiment une expérience qui a été traumatisante pour moi. Encore une fois, ça n’a duré qu’un an et demi, mais c’était suffisant pour que je m’en remette seulement vers mes 18–19 ans. 

En fait, mon corset, je ne voulais absolument pas que ça se sache. 

Je ne voulais absolument pas qu’on soit au courant, que ce soit au collège, ou même ailleurs, que j’avais des problèmes de dos.

Parce que le corset, c’est quand même une expérience un peu… tout le monde n’a pas un corset. C’est très singulier, comme expérience, pour celles qui ne connaissent pas, c’est… il y en a de différentes sortes, le mien allait de mes hanches jusqu’à mes épaules. C’était du plastique dur et je devais le porter, comme je l’ai dit, jour et nuit. Je ne pouvais le retirer que deux heures par jour pour manger et me doucher. Donc au collège, je ne pouvais même pas le retirer pour manger, puisque je n’avais même pas d’accès à un lieu où j’aurais pu le retirer tranquillement.  Et en fait, comme je ne voulais pas que ça se sache, j’ai demandé à ce qu’on m’aide à le cacher. Donc dans ma famille, on m’a offert des vêtements larges. Donc c’était des polaires, des marinières, on m’achetait aussi des écharpes,  pour cacher la barre que ça me faisait au niveau des épaules. Du coup, moi, on m’a vraiment appris à cacher mon corps, plutôt qu’à l’accepter.

En fin de compte, en plus de ça, c’était un petit peu stupide puisque tout le monde a fini par savoir que j’avais un corset au collège. Tout le monde voyait bien qu’en EPS, je ne pouvais pas faire les roulades, où je ne pouvais pas ramasser le volant de badminton…

Mais voilà, moi je persistais à nier mes problèmes, je persistais à vouloir contourner les problèmes en les cachant, plutôt qu’en les acceptant. Et dans ma famille, comme je l’ai dit, on m’a vraiment écoutée par bienveillance, et on est allé dans mon sens.  Il n’y a que ma mère qui a essayé un petit peu de m’aider à accepter, mais ça a été vain. Et puis du coup, moi j’ai vraiment commencé à culpabiliser, à avoir honte de moi. En plus, le corps médical n’était pas du tout bienveillant avec moi, au contraire. Ils m’ont bien fait culpabiliser alors que je n’avais que 13 ans, quand j’ai commencé à porter mon corset.

j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin.

Tout ça c’est que j’avais vraiment un rapport à mon corps très particulier, quand j’étais ado. Parallèlement à tous ces complexes, j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin. Moi, je ne maquillais pas, je n’avais aucun centre d’intérêt qu’on peut qualifier de féminin. Et à l’inverse, moi j’aimais beaucoup le football, je ne faisais pas du tout attention à mon apparence, j’avais un rapport très négligé, même, à mon apparence. Je n’étais pas du tout soigneuse, je n’étais pas délicate, j’étais un peu brute dans mes gestes.

 Et honnêtement, moi, en fait, le fait qu’on me dise que j’étais un garçon manqué, ça ne me déplaisait pas du tout. Je n’étais pas du tout complexé par le fait qu’on me dise que je n’étais pas une vraie fille. Parce qu’en fait, ça me plaisait bien de ne pas être vu comme une « vraie fille » entre guillemets. Moi, dans mon entourage, il y a vraiment une espèce de misogynie intériorisée. Donc tout ce qui est « masculin » est très valorisé par rapport à tout ce qui est « féminin » entre guillemets. Et dans notre famille, dans mon entourage, il vaut mieux être un « garçon manqué » entre guillemets qu’être une « vraie fille », encore une fois entre guillemets.

 Donc tout ça fait que j’avais vraiment un rapport très particulier à mon corps, j’avais honte d’être fille, et j’avais aussi très peur de devenir une femme. Je n’arrivais pas du tout à me projeter en tant que femme, et d’ailleurs moi, je ne me considère comme femme que depuis l’année dernière, quoi. Ça fait un an que je dis que je suis une femme, alors que j’ai quand même 23 ans.

 Et avec le recul, j’ai compris que si  être une femme, ça me faisait si peur, quand j’étais ado et jusqu’à la vingtaine, c’est parce que je trouve qu’on associe beaucoup la vie d’adulte à la vie de couple, comme si le couple était essentiel à une vie d’adulte accompli. Or moi, avec ce que j’ai vu dans ma famille, avec ce que je sais aussi du mariage de mes parents, forcément, le couple ça ne m’attire pas du tout.

Par contre, je suis hétéra, donc voilà. Je suis très très réticente quand même à avoir des relations avec des hommes, parce que j’ai vraiment intériorisé le fait qu’un jour ou l’autre, si je suis en couple, je vais devenir l’esclave du gars.  Et ça ne me plaît pas. Et puis en plus de ça, il y a vraiment une espèce de misogynie sociétale qui fait que, voilà, devenir une femme, ça ne me plaisait pas. Et en fait, c’est vraiment à partir de mes 18 ans que tout a commencé à changer pour moi, que j’ai commencé à vraiment faire un travail sur moi pour m’accepter, parce qu’à 18 ans, j’ai  complètement changé de vie. Je suis parti vivre dans une autre région, j’ai changé de groupe de pairs, j’ai changé de milieu intellectuel, et ça a été vraiment libérateur, parce que ça m’a permis de repartir de zéro. En plus, c’est à ce moment-là, quand j’avais 18 ans, qu’il y a eu le mouvement MeToo.  Et donc j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la féminisme, surtout suite à la fameuse tribune sur la « liberté d’importuner » de Catherine Deneuve, que j’avais trouvé absolument immonde… haha… voilà.

Avant MeToo, pour moi, le féminisme c’était juste le mouvement des femmes suffragistes,  donc j’en avais vraiment une connaissance très limitée. Et là, MeToo,  ça m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux.

Au fur et à mesure, j’ai commencé à lire pas mal de roman sur la condition des femmes, à regarder des reportages, à me renseigner sur la pensée féministe. Mais en fait, à ce moment, comme j’étais vraiment débutante, je n’avais accès qu’aux ressources les plus diffusées, les plus connues. 

Donc c’était les ressources des « féministes libérales ». Je ne suis pas sûr qu’on puisse les appeler féministes. 

Mais du coup, je me considérais pas vraiment comme féministe, parce que je n’étais pas du tout d’accord avec certaines choses qui étaient promues par les « féministes libérales ».

Je n’étais pas du tout d’accord  avec leur complaisance vis-à-vis des religions, ou même sur leurs positions par rapport à la prostitution. Mais d’un autre côté, je me disais : « oui, mais est-ce que c’est moi qui pense mal ? » Je me sentais un peu coupable de ne pas penser comme d’autres « féministes  libérales ».

Du coup, j’essayais de me raccrocher à d’autres idées, donc le transactivisme.

J’étais très compatissante, au début, envers les personnes transgenres. Je me disais : « après tout, pourquoi pas, si un mec se sent femme, bon pourquoi pas ? »

Parce qu’en plus comme les transactivistes nous parlent tout le temps de suicide,  « si je ne transitionne pas, je vais me suicider » c’est ça leur discours… et bien forcément, ça fait de la peine.

Puis il y a eu le lynchage de J. K. Rowling. Alors là, moi, ça m’a sidérée.  J’ai trouvé ça absolument délirant que J. K. Rowling soit détruite, juste parce qu’elle a osé dire que les règles étaient un truc de femme. Donc j’ai commencé à approfondir encore plus ma réflexion sur la féminisme. 

Et il y a un an environ, alors là, ça a été… il y a quelque chose qui a tout changé, c’est que j’ai découvert la féminisme radicale !  j’ai découvert ça, parce qu’en fait sur YouTube,  je suivais beaucoup le compte littéraire d’Antastésia, qui a d’ailleurs  témoigné aussi. Et donc je me suis inscrite sur Instagram pour pouvoir la suivre, elle. Et de fil en aiguille, j’ai découvert une partie des figures de la féminisme radicale en France : la collective CAPP, par exemple (abolition porno prostitution), Marguerite Stern, Dora Moutot,  Anissia aussi, qui a elle aussi  témoigné. 

Et pour moi, ça a tout changé. 

Parce que ça m’a permis de comprendre que ce que je pensais, ce n’était pas mal.

Qu’il n’y avait pas que le « féminisme libéral ».

Et ça m’a vraiment permis de me réconcilier avec le fait d’être une femme libre, qui se suffit à elle-même.

Donc voilà, moi, c’est vraiment grâce à la féminisme radicale  que je me sens normale.  Et pour moi, c’est important d’en parler dans ce  podcast, parce que je suis convaincue que la féminisme radicale, elle est salvatrice  pour les filles, pour les femmes. Et je tiens vraiment à en parler, parce que le « féminisme libéral » prend beaucoup trop d’ampleur, et invisibilise  beaucoup trop la féminisme radicale, qui est la vraie féminisme.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie ?

Pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse, parce qu’elle détruit  des enfantes,  des enfants et des ados.

Moi je pense que le rapport très compliqué que j’avais à mon corps (moi je me demandais souvent pourquoi j’étais une fille et par un mec), je pense que j’aurais pu faire partie des victimes, en fait ! Après, je ne suis pas sûr que j’aurais fait une transition médicale, parce que j’ai un rapport très particulier au médical, aux médecins et tout, je n’aime pas ça. Par contre, je pense que j’aurais très bien pu, peut-être, me déclarer non binaire, donc genderfluid,  ou je ne sais pas quoi, si j’étais tombée là-dessus au collège.  Et je sais que beaucoup de jeunes filles, surtout au collège, car l’adolescence c’est quand même une période compliquée, où on se construit, où on se cherche, il y a beaucoup de filles qui détestent être des filles à cause de ce qu’elles vivent, et malheureusement, à cause de la diffusion des idées transe activistes, et bien il y en a beaucoup qui tombe dans le panneau et qui transitionnent, plutôt que de régler leurs vrais problèmes. Pour moi, la transition, c’est juste un moyen de contourner ces problèmes.

C’est un pansement qui recouvre les plaies, mais qui ne les recoud pas.

Donc moi, ça me désole et ça me rend vraiment triste pour toutes celles, et pour tous aussi, parce qu’il y a des garçons aussi qui tombent dans le panneau, parce qu’on ne règle pas leurs problèmes,  en les accompagnant dans leur transition. Pour moi, je pense d’ailleurs que le corps médical a une grande part de responsabilité dans tout ça. Et ça me fait beaucoup de peine.

Après, je sais aussi que, pour certaines personnes qui ont une dysphorie de genre très importante et persistante, la transition peut être nécessaire, je ne le nie pas. Mais déjà, je pense que ce sont des cas beaucoup plus isolés que ce qu’on peut nous faire croire. Et quand bien même un homme transitionne, il ne sera jamais une vraie femme, il n’aura pas du tout le même vécu que nous, le même corps, la même éducation, les mêmes traumatismes. Et c’est pareil pour une femme qui transitionnelles, d’ailleurs. Elle aura toujours ses traumatismes de femmes, et elle ne les aura certainement pas réglés en se faisant passer pour un homme.  Donc pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse parce qu’elle détruit les vies, plutôt que les réparer, contrairement à ce  qu’on veut nous faire croire.

En plus, elle est fondamentalement misogyne et homophobe.

Après, je vais être très concise là-dessus, puisque ça a déjà été très bien développé par d’autres, mais en gros, voilà : c’est une idéologie hyper misogyne parce qu’elle renforce les stéréotypes de genre. Donc ça y est, si un garçon aime les paillettes et le rose, ça fait de lui une fille… et bien non, pas du tout ! On s’en fout. Enfin, les paillettes et le rose, ce n’est ni réservé aux filles, ni aux garçons. On s’en fout complètement. Le genre, en fait, je trouve que c’est une accumulation de stéréotypes, mais c’est juste mauvais, enfin… je ne comprends vraiment pas pourquoi est-ce qu’on persiste à penser que juste parce qu’une fille aime le foot, ça ne fait pas d’elle une vraie fille, ou que sais-je ? Et je trouve ça complètement absurde.

Et c’est en plus hyper homophobe, parce que les trans activistes ni l’existence de l’homosexualité.

Il n’y a qu’à voir comment les lesbiennes sont insultées, agressées, par ces personnes, lors des manifestations par exemple. Et d’ailleurs, il y a beaucoup de personnes transgenre qui sont homosexuels ou bisexuels, et je trouve que c’est quand même très  révélateur de l’homophobie intériorisée de cette idéologie. Voilà. 

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, ou est-ce que tu perçois un danger par rapport à cette idéologie, ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler tout à fait librement ? 

Romy –  Alors, moi je n’ai jamais subi de pressions ni de menaces, parce que je suis discrète. Je me suis déjà exprimé dans le cadre privé, dans la famille un petit peu, pas beaucoup. Mais c’est vraiment la première fois que je m’exprime publiquement. Par contre, j’ai décidé de témoigner anonymement, parce que, comme je l’ai dit, je suis psychologue de l’éducation nationale, et je tiens à respecter mon devoir de neutralité, parce que mon métier est très important pour moi, j’avais énormément ce que je fais, et je ne veux pas que mes prises de position, mes convictions, se retourne contre moi. En plus de ça, dans l’éducation nationale, je trouve qu’on a quand même une liberté de parole qui est plutôt restreinte. Surtout sur notre lieu de travail. En plus, comme ce que je pense ça ne va pas du tout dans le sens de la pensée dominante, j’ai un peu peur qu’effectivement, ça se retourne contre moi. Après, pour l’instant, ça va, j’arrive à garder le cap de mes convictions parce que je n’ai jamais eu d’élèves concernés pour l’instant par cette problématique. Et on  ne m’a jamais demandé d’organiser quoi que ce soit sur la transidentité ou je ne sais quoi. Par contre, le jour où ça arrivera, je ne sais pas trop comment je vais gérer ça, on verra bien ! 

RDG –  Est-ce que tu as une anecdote à raconter  sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le trans activisme ?

Romy –  Alors oui, j’ai une  anecdote qui est liée à ma formation de psychologue de l’éducation nationale.  Comme je l’ai dit, je n’ai jamais eu à gérer le cas d’un ou une élève transe, mais dans le cadre de ma formation, on a déjà évoqué le sujet. Donc c’était l’année dernière, j’étais très choquée par les propos d’un de mes formateurs, qui pourtant est très compétent et très intelligent, donc ça m’a d’autant plus choquée, venant de lui.  En fait, au moment d’évoquer la question des toilettes pour les élèves trans, il a dit qu’après tout, dans les familles, les toilettes étaient neutres.  Donc il ne voyait pas où était le problème qu’un garçon qui se sente fille puisse aller dans les toilettes des filles. Et après, au moment de la question des vestiaires, il nous a demandé, il nous a dit :

Et si on demandait aux filles : « Est-ce que vous êtes d’accord pour que cet élève trans aille dans vos vestiaires ?»  si les filles répondaient oui, donc dans ce cas il n’y a pas de problème, l’élève trans peut aller dans le vestiaire des filles .

Donc moi, j’étais vraiment abasourdie  d’entendre ça. En plus, en regardant autour de moi, j’avais l’impression d’être la seule à être choqué par ses propos. Et il y avait même des collègues qui allaient vraiment dans le sens de ce que ce formateur disait. Donc moi, je me suis sentie très seule, et très choquée, parce que moi, ça ne m’aurait  pas du tout plu, ado, d’avoir un mec dans les vestiaires, et dans les toilettes, même.

Et en plus de ça, les violences sexuelles dans les établissements, c’est une réalité. Ça commence à l’école primaire, d’ailleurs. Moi, j’ai déjà entendu des histoires à l’école primaire, des enfants qui se font des « olives »  à l’école primaire. Et pour vous donner des chiffres, d’après la DEPP,  (en gros, la DEPP c’est l’organisme qui produit les statistiques de l’éducation nationale)  en 2017–2018, on a eu 2,3 % de lycéennes qui ont subi une violence sexuelle grave dans leur lycée, et c’était le cas de  0,8 % de garçons. Donc en fait, sur un lycée de 500 filles, ça nous en fait  entre 10 et 12 filles, victimes de violences sexuelles graves.

https://www.education.gouv.fr/media/13628/download

RDG –  Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est, tu as parlé «  d’olive » ?

Romy –  Les olives, en fait, c’est les garçons qui font ça : c’est de mettre le doigt dans l’anus de leurs camarades.

RDG –  On est d’accord que c’est des viols : techniquement, juridiquement, c’est des viols.

Romy –  Techniquement, ce sont des viols, oui.

 RDG –  c’est complètement banalisé, au point d’avoir même un petit nom rigolo, pour en parler.

Romy –  Totalement, ce sont des viols. Il y a même des garçons qui menacent de viol les filles, par leurs postures : ils les « chopent »  et leur disent : « Et là, maintenant, tu fais quoi ? »  Pour moi, c’est une menace de viol, surtout quand ça se passe dans les toilettes. Moi j’ai déjà… enfin,

c’est déjà arrivé là où je travaille, un garçon qui a chopé une fille,  il l’a traînée dans les toilettes, il l’a enfermée, et il lui a dit : «  et là, maintenant, tu vas faire quoi ? » Enfin, pour moi, c’était vraiment une menace de viol. Ça n’a pas été traité de cette façon.

Pour revenir sur les chiffres de la DEPP,  sur un lycée avec 500 filles, ça nous fait quand même entre 10 et 12 filles victimes tous les ans d’une violence sexuelle grave, au sein du lycée.  Et en plus de ça, on n’est même pas au courant de tout. C’est très banalisé, parce que normalement, entre 10 et 12 filles, ça nous fait quand même beaucoup d’agresseurs, beaucoup de violeurs dans les établissements, et si c’était vraiment traité comme ça devrait l’être, je pense qu’on en parlerait beaucoup plus. Sauf que ce n’est pas le cas, malheureusement.

Donc moi, je trouve ça vraiment aberrant qu’on puisse s’imaginer autoriser des garçons à fréquenter les espaces exclusivement réservés aux filles, pour moi on fait entrer le loup dans la bergerie, et ce n’est juste pas acceptable. Après, je ne dis pas que tous les garçons sont des agresseurs sexuels, sauf que ce sont tous des agresseurs sexuels  potentiels, puisqu’on les éduque à nous agresser. 

Et de toute façon, dans l’esprit des filles, un garçon dans les espaces réservés aux filles, et bien c’est une menace. Et moi je trouve ça aberrant qu’on néglige ce que pensent et ressentent les filles, surtout par rapport aux garçons.

Et puis, même s’il y a des filles qui disent « oui d’accord, je veux bien que Machin aille dans nos toilettes », qui nous dit qu’elles le pensent vraiment, en fait ? Moi je pense qu’il y en a beaucoup qui disent oui juste parce qu’elles ne veulent pas passer pour la méchante.  Mais dans les faits, je ne pense vraiment pas qu’elles soient à l’aise avec l’idée de partager des espaces exclusivement féminins avec des mecs. Pour moi, ce n’est pas concevable.

Et pour revenir sur l’argument des toilettes neutres, pour moi ça ne tient absolument pas debout, parce que déjà, le collège ou le lycée, ce n’est pas la maison ! Et puis de toute façon, même dans le cadre familial, je pense qu’il y a beaucoup de filles qui ne sont pas du tout à l’aise à l’idée de fréquenter des espaces intimes, même avec les hommes de leur famille. Les violences intra familiales, ça existe, et je pense que c’est beaucoup plus courant que ce que l’on veut croire aussi !

Donc voilà, moi ça me désole qu’on en vienne petit à petit à imaginer des mesures qui puissent mettre en péril  la sécurité émotionnelle et même physique des filles. Les établissements scolaires doivent être des lieux d’éducation, sauf que là, je ne vois vraiment pas comment ce serait possible d’apprendre sereinement, alors qu’on ne se sent en sécurité nulle part.

Et aussi, j’ai une autre anecdote. Alors là, c’est très récent : 

très récemment, je parlais avec une collègue de l’égalité–garçons, et cette collègue a remis en question le concept d’égalité filles–garçons, parce que pour elle, ça ne prenait pas en compte les personnes qui ne se sentiraient ni fille, ni garçon.

Donc pour elle, l’égalité filles–garçons, ça n’a pas lieu d’être. Or, pourquoi on est oppressées ? On est   oppressées à cause de notre sexe !  Donc voilà. Après, je pense que toutes ces personnes pensent ça parce qu’elles sont trop bienveillantes, et voilà !  Le discours trans activiste se pose tellement en victime que malheureusement, ça bride l’esprit critique de certaines personnes.

 RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Romy – Alors déjà, moi je voudrais, pour commencer, adresser un petit mot aux mecs. C’est mon côté « éducation nationale ».  Je veux éduquer tout le monde haha.

Déjà, je voudrais dire aux mecs qu’il n’y a pas de honte à avoir des sentiments, à ne pas être virils. Parce qu’au contraire, la virilité c’est à la base, c’est au fondement de la misogynie.  C’est au fondement de beaucoup de maux de la société,  parce que ça renforce l’impression de pouvoir des hommes, et leur besoin de contrôler les femmes et de les asservir. On parle souvent de déconstruire les stéréotypes de genre, mais moi je pense que c’est important surtout de lutter contre la virilité. Je ne vais pas développer là-dessus, puisque Lucile Peytavin,  qui a écrit « le  coût de la virilité »,  en parle très bien aussi, et je vous renvoie vers ses travaux.

Mais sinon, pour finir je vais quand même m’adresser aux filles. Pour leur dire qu’il n’y a pas de mal à être une fille, ce n’est pas une honte. Je sais que ce n’est pas facile tous les jours, mais déjà on n’est pas seules.

Et donc je veux dire aux filles : « soyez fières, et ne bridez pas votre esprit critique ».

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basées sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

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