« Bois mes règles »
Je m’appelle Joana. Je suis une militante féministe et animaliste. Je milite depuis plusieurs années pour les droits des femmes, des animaux et des enfants. Je suis la fondatrice du collectif CAPP, qui est un collectif de survivantes de la porno et de la prostitution, et je milite depuis 2010 est comme critique du genre à travers mon compte instagram « Bois mes règles ».
J’ai toujours été immergée dans le milieu LGBT. Je milite depuis mon adolescence, même avant. La lutte pour les droits de mes amis gays et lesbiennes ça a toujours été une évidence dans ma vie, et c’est plus tard que je suis moi-même devenue queer parce que j’étais une gamine, on va dire « hors normes » : un garçon manqué. Une enfance très douloureuse : depuis petite j’ai toujours eu des problèmes avec les stéréotypes sexistes, les clichés qui ont toujours été une source de… d’auto destruction physique et psychique.
Je suis concernée par la dysphorie de genre.
Jeune adulte, je lisais beaucoup sur les artistes femmes queer des années 70. J’admirais beaucoup ces femmes qui brisaient les codes vestimentaires, les codes en ce qui concerne l’apparence, le comportement, la gestuelle, les mots, la vulgarité et la colère assumée.
Elles faisaient tout le contraire de ce que la société des hommes attendait d’elles et j’admirais beaucoup ça. J’étais très installée, du coup, dans le milieu LGBT, au point d’avoir connu le binder qui est de se bander, la technique pour se bander les seins.
Je me disais non-binaire.
J’étais très attirée par l’idée de ressembler à mon père . C’était comme un modèle de liberté pour moi.
En fait, c’est facile de rentrer dans le milieu queer. Il faut être vulnérable, paumé, troublé par les stéréotypes, et donc un peu on va dire … atypique, très manipulable et surtout … une femme !
On va dire que j’étais un peu la proie idéale. Du coup c’est facile de devenir queer parce qu’il suffit juste de le vouloir aujourd’hui.
Moi, j’avais des prédispositions, par contre la majorité, on va dire, n’en ont pas vraiment.
Moi on m’a tout appris : vous n’êtes pas seuls, quand vous plongez vous avez des bons profs experts en manipulation.
Pour moi c’était des hommes.
J’ai vu beaucoup de gens rentrer dans le milieu, tout d’un coup, quand les définitions ont changé. Car la définition du mot « trans » aujourd’hui ne demande ni de souffrir d’un trouble ni de vouloir un changement, ni d’être mal dans son corps, ni dans sa tête : c’est ouvert à tous !
Être trans et ne pas être conforme au genre assigné… mais enfin qui est conforme à des stéréotypes sexistes à 100% ? Personne ! Enfin, personne n’est heureux et épanoui en étant un cliché ambulant, soyons honnêtes quoi !
Donc tout le monde est trans et personne ne l’est, concrètement aujourd’hui. Et si tout le monde est trans, alors ceux qui souffrent vraiment de ce que représentent leurs corps, sont « ensevelis », on va dire, par les autogynéphiles, ces hommes qui ne souffrent pas, qui sont juste des fétichistes de la féminité…
Et donc on fait comment pour aider ceux qui vont mal ?
C’est ainsi aussi que j’ai compris que le mouvement n’avait aucune intention de se battre pour la reconnaissance de mes troubles, mais plutôt parce que l’usage d’artifices et de paillettes en avait fait une mode. C’est une mode le queerisme.
J’ai ouvert les yeux après plusieurs années. Je me suis beaucoup perdue, longtemps, pour finir par me retrouver, et je pense que c’est nécessaire dans notre jeunesse, de se perdre, pour se découvrir. L’introspection, c’est vital.
Mais le problème, c’est que de se perdre chez les queer, ça peut vous faire prendre des décisions irréversibles.
Et j’ai vécu un changement radical au sein de ce mouvement, ça a été rapide. J’avais cette fureur en moi, d’appartenir à un groupe que je pensais être radicalement à l’opposé de ce qu’on voit au quotidien.
Sur le papier en tout cas, c’est ce qu’on nous vend, en voyant le milieu queer.
J’étais une fille qu’on qualifie de bizarre, très extravertie et à la fois très isolée et timide. J’adorais le milieu du gaming, des jeux vidéo. Je joue beaucoup encore aujourd’hui. C’est un milieu où on retrouve énormément de personnes isolées, incomprises, introverties, qui ont du mal à se sociabiliser, qui s’isolent dans des univers fictifs.
Parce que ça réconforte : c’est un peu vivre comme dans ses rêves, s’évader un peu de ce monde où tout le monde vous juge constamment.
Et le milieu queer a très vite pris place dans ce milieu du gaming et ce n’est pas étonnant.
Ado, du coup j’ai brisé et mes codes vestimentaires, je colore mes cheveux depuis des années, je m’habille avec tout ce qui existe.
J’aime pas la mode : je suis à l’opposée totale du conformisme, et j’ai toujours été attirée par les gens marginaux.
Du coup, je pensais rejoindre un mouvement atypique, celui où on y rencontre ceux qui brisent le quotidien, ceux qui brisent la beauté stéréotypée, ceux qui brisent justement le genre, la hiérarchie du genre, les stéréotypes de genre…
Et je me suis rendu compte qu’il était typique, sexiste, banal, chiant, violent… surtout violent, et bourré de pouvoir, d’argent, et de moyens. Tous les événements, toutes les conférences, toutes les séries, les films, les documentaires… tout est possible dans le milieu queer, tout ! Tout leur est accordé quoi.
Des moyens que je n’ai jamais vus pour les femmes, juste pour les femmes.
Et dans l’histoire de l’humanité, on n’a jamais vu un mouvement se développer aussi vite, avoir une telle visibilité et de tels moyens en seulement quoi 10, 15 ans ?
Donc du coup, je parle bien de « néo-queerisme », j’aimerais bien qu’on fasse une séparation entre les queers des années 70 et les queer d’aujourd’hui. Parce que les revendications d’aujourd’hui, c’est pas les revendications des femmes queers des années 70. On est dans la continuité des revendications des hommes queers des années 70, qui sont des revendications ultralibérales, qui sont des revendications de l’apologie de la violence sexuelle, et beaucoup de provocations.
Du coup, à l’époque je militais au NPA avec des queers.
Le NPA a une commission LGBT et féministe. J’ai naturellement rejoint le groupe de ma ville. Je collais des affiches, je participais aux réunions.
Et à côté de ça, j’étais étudiante.
Je réalisais un mémoire sur les artistes trans et travestis. Et c’est ce mémoire qui m’a aidée à m’affirmer, et surtout à voir toutes ces incohérences.
Ma vie, c’était que ça, du coup : c’était que les trans, les travestis, les drag queens, les hommes…
J’étais entourée d’hommes fétichistes de la féminité, pendant que moi, j’essayais justement de fuir tout ça. Et j’étais entourée de femmes qui acquiesçaient à tout ce qu’ils disaient.
Je voyais beaucoup cette division, du coup, entre les hommes qui revendiquaient cette féminité, ces stéréotypes ; de s’identifier librement pendant que les femmes, elles, s’en émancipaient. Et clairement, en fait, ça ne matchait pas. Ça ne collait pas. Et je comprenais pas à l’époque. Et j’observais juste que durant les réunions féministes, les femmes parlaient peu. Les hommes qui se disent non-binaires, avec leurs grosses barbes et leurs grosses couilles étaient autorisés à participer. Et le comble, c’est que c’est un homme qui gérait les réunions, les prises de parole. Et ça me gênait énormément. Mais, éducation sexiste oblige, les femmes ne disaient rien en fait. On suivait et ont fermait notre gueule, quoi !
Et un jour, lors d’un cours sur le genre, c’était en 2016, on nous avait distribué une feuille avec la définition du genre. Mais je ne sais pas comment c’est possible, mais les personnes qui ont écrit cette feuille ne se sont pas rendu compte qu’ils confondaient genre et sexe. Alors au début ça définissait bien la masculinité et la féminité, puis après ça partait carrément sur le sexe quoi ! Et on distribue ça à la fac. Et ça rend les gens, les femmes surtout, totalement confuses par rapport à la définition du genre et je commençais à en parler et je me rendais compte qu’il y avaient comme un refus de débattre ou de questionner. Au début je croyais que c’était parce que personne n’avait la réponse. Au final j’ai compris que c’est parce que ça les arrangeait bien. Donc je devais acquiescer à une définition qui se contredisait. Mais moi qui pensais que je venais à la fac pour apprendre des choses, pour m’élever intellectuellement, je me retrouvais à régresser et dire amen à des queeristes sous peine de voir mes alliés me sermonner et me faire sentir stupide et m’humilier, quoi.
Oui parce que l’effet de groupe aussi, il faut en parler. Ça aide à éviter les gens à remettre en question certaines valeurs queer, de peur de voir le groupe te pointer du doigt. Mais vu que je suis têtue et que je ne supporte pas l’incohérence, j’ai continué. Je voulais des réponses.
Et du coup, pour mon mémoire je devais lire Judith Butler. Et je n’ai jamais réussi. Les gens qui prétendent l’avoir lue et l’avoir comprise sont clairement des menteurs : c’est le livre le plus incohérent et le plus incompréhensible qui existe. Puis au final quand j’ai présenté mon mémoire, la queer à qui je l’ai présenté m’a dit que Butler n’était pas queer ! Donc ils se contredisent même eux-mêmes !
Et à ce moment-là, ça a commencé à faire beaucoup d’incohérences et de contradictions.
Et surtout il y avait un tel manque de rigueur intellectuelle que j’ai vraiment vrillé avec mon mémoire. Je ne l’ai jamais fini.
Du coup c’est les incohérences des discours, la violence, la misogynie des hommes qui me disaient qu’ils étaient plus femmes que moi, parce qu’il performaient mieux la féminité…
Finalement, c’était simple : je fuyais un milieu et misogyne et je réalisais que j’étais exactement dans le même mais d’un aspect différent : on change la déco, on met des néons, des plumes, des froufrous, des couleurs partout… sauf que on y met les mêmes mecs en fait. Les gros beaufs qui parlent de cul H 24.
Les mecs qui parlent de leurs bites, font des concours de bites… c’est un milieu ultra superficiel et c’est ce qui m’a rendue critique du genre.
Parce que oui : c’est eux qui nous amènent à devenir critiques du genre !
Leurs comportements, leurs paroles, leurs égos surdimensionnés… les mecs quoi ! C’est les mecs qui nous font ouvrir les yeux.
Finalement, quand j’ai réellement pris la parole pour dénoncer, j’ai été virée de la fac.
J’ai dénoncé mon directeur de mémoire qui organisait des gang bang avec ses élèves.
J’ai reçu un mail qui m’annonçait que j’étais convoquée, mais vu que j’étais virée, j’y suis pas allée.
J’ai été du coup virée aussi des partis politiques dans lesquels je militais.
J’ai été virée pour mes idées, pour avoir défendu mes droits, pour avoir questionné. Pour avoir voulu mettre plus de rigueur dans les définitions, dans les principes queers dans la culture queer…
Et j’ai dû déménager, parce que je recevais des menaces…
Je voyais des queers, mes anciens collègues, qui passaient régulièrement devant chez moi… TRÈS régulièrement ! Alors que je ne les croisais jamais avant.
Donc j’ai commencé à avoir peur et je suis partie.
En un mois, j’ai fait tous mes cartons et je suis partie.
Et ça fait quatre ans maintenant que je vis comme SDF, au RSA.
Parce que voilà quoi : c’est les queer qui ont détruit… qui ont détruit ma chance de faire des études, parce que je viens d’une famille pauvre qui n’ont pas fait d’études et je me suis vraiment battue pour faire des études, et je suis tombée sur des personnes qui ont détruit tous mes rêves !
Et c’est une secte. C’est clairement une secte parce que quand on la quitte, ils nous font regretter : ils vous traquent. Ils vous harcèlent.
C’est une réelle menace pour les droits des femmes, parce que le transactivisme, dans son histoire, tire sa source de la violence. Derrière son image de faux rebelles ce sont des revendications d’hommes, par le porno, par la prostitution, par le BDSM.
Les hommes dans l’art queer… en fait ce que les hommes ont fait, c’est vraiment banaliser la violence sexuelle. Une violence sexuelle revendiquée et assumée.
Et l’art queer, comme toute l’histoire de l’art, n’échappe pas à la binarité.
Aujourd’hui on ressort les femmes artistes de l’ombre, on essaye de faire des expositions, on ressort de l’ombre des femmes dont on ne parlait jamais, et le queerisme n’échappe pas à ça. Aujourd’hui chez les queer c’est la même chose.
Que ce soit dans les années 70 ou aujourd’hui, ce qu’on voit le plus, c’est les hommes. C’est l’art des hommes. C’est la parole des hommes.
Il y a une réelle division entre l’art des femmes et l’art des hommes. Par exemple, si on prend quelques exemples de d’artistes femmes, on peut citer Cathy Cade, Alice Austen, Irare Sabasu : des illustratrices, des photographes, des documentaristes… c’est des femmes qui ont documenté les grossesses des femmes lesbiennes et qui ont créé des musées LGBT pour documenter l’art LGBT et qui faisaient des portraits de couples lesbiens assez incroyables…
Et à côté de ça, on avait des hommes : on avait Mapplethorpe, Thomas Painter qui est un exploiteur d’hommes, qui photographiait sa vie sexuelle avec des hommes prostitués.
Il y avait Tim Wood, Juan Hidalgo et plein d’autres, qui paraissent hyper transgressifs et pourtant ils ne font que s’inspirer de Sade : mettre des pénis partout, centrer leur art sur leur pénis… encore une fois, quoi ! Des pénis partout ! Comme si nous n’en avions pas assez vu, des pénis dans l’histoire de l’art, et dans l’histoire de l’humanité ! Ils ont tenté de rendre la violence sexy, et l’industrie du porno en fait s’est nichée dans ce mouvement.
Dans les collections de Mapplethorpe par exemple, on y trouve des photographies de gens en laisse. On y voit des gens bâillonnés. On voit un homme se rentrer le doigt dans son pénis. On voit un autoportrait de Mapplethorpe s’enfonçant le manche d’un fouet dans l’anus… et ça je veux vraiment qu’on l’entende, parce que il faut se rendre compte de la violence du mouvement des hommes queers, qui n’est que de la torture et de la barbarie. Mais attention c’est là aussi qu’on a commencé à dire « mais ils disent oui ! » « ils aiment ça, elles aiment ça elles disent oui et le consentement… » c’est le début du mouvement du « on ne juge plus les actes pour ce qu’ils sont à partir du moment où il y a un oui ». Consentement, soi-disant. Mais des « oui » tirés par conditionnement et aliénation surtout !
Et le queerisme, c’est le mouvement qui a participé à éduquer les femmes à l’auto-soumission. Quand les esclaves se soumettent elles-mêmes, les hommes n’ont plus rien à faire ! Mais c’est une aubaine pour le patriarcat!
C’est comme ça que le BDSM est entré dans la culture populaire. C’est grâce au queerisme !
et c’est rigolo de voir aujourd’hui des queers se plaindre de l’hypersexualisation des hommes transidentifiés, qui se disent « femmes trans », parce que c’est eux qui ont créé ça. Donc il y a beaucoup d’articles qui expliquent le lien entre le trans activisme et l’industrie de l’esclavage sexuel. Et ce qu’il faut savoir aussi, du queerisme, quand on le connaît de l’intérieur, c’est qu’il se revendique être un mouvement qui veut détruire la binarité, mais au sein-même de leur mouvement, il existe une énorme binarité et une hiérarchie.
Déjà, quand on est une femme et qu’on ne connaît pas, on atterrit forcément chez les hommes, les gays, ceux qui se prétendent femmes, les « drags » parce que les hommes sont ceux qui sont les plus visibles, qui gèrent tout, qui ont tous les bars, tous les espaces, tout l’argent !
Moi, je restais avec les hommes, du coup. Les femmes, elles restaient entre lesbiennes, même les femmes trans identifiées. Et elles sont donc moins visibles, moins présentes. Et je n’ai pas pu malheureusement me rapprocher d’elles.
J’étais donc considérée par les hommes comme… ils m’appelaient « fille à pédés », au début – c’est comme ça qu’ils appellent les femmes qui ne restent qu’avec des hommes – et je suis passée de « fille à pédés » à queer. Donc « concernée », après un petit apprentissage.
Et du coup, ben c’est très binaire. C’est très binaire, comme milieu.
Même quand on regarde dans les médias, quand on parle des hommes transidentifiés, on les voit en politique dans le sport… vraiment les choses qui mettent vraiment en valeur, quoi ! Le pouvoir…
Et les femmes transidentifiées, quand on en parle c’est pour parler des règles, de grossesse… au final ça ne change rien !
Et donc au sein du milieu queer il y a un autre phénomène. C’est qu’il existe un réel fantasme chez les hommes, ils ont un fantasme des femmes qui cassent les codes et on devient des proies… les femmes qui s’habillent différemment, ont un look particulier, sont vraiment atypiques… il y a une réelle prédation de ce genre de femmes dans le queerisme. Et aujourd’hui je l’affirme parce que plusieurs femmes dont des détrans m’ont confirmé l’avoir aussi vécu, ce qui fait qu’il y a beaucoup de viols de la part d’hommes, qu’ils soient transidentifiés ou non, des hommes qui se prétendent non-binaires ou autre genre imaginé.
Et évidemment les viols commis par des personnes qui ne se revendiquent pas « homme cis » ce sont des sujets tabous !
On n’en parle jamais. Et il ne vaut mieux pas. Parce que on voit ce qui nous arrive quand on parle. On est harcelées, tabassées… et pourtant ils existent.
La preuve : il y a déjà eu des « call-out ». Du genre : Beverly un homme transidentifié activiste au « strass syndicat » qui est une association qui milite pour décriminaliser le proxénétisme. Il a été « call out » par de nombreuses femmes victimes, il y a quelques années et personne n’en parle.
Et moi-même, j’ai été violée par deux hommes qui se prétendaient femmes ou travestis (en tout cas pas « hommes cis ») et on m’a obligée à les appeler « elles » quand j’en parlais.
Le sujet ce n’était pas de savoir comment j’allais, comment les dénoncer.
C’était de me dire de respecter leur identité .
Excusez-moi je vais être claire : être violée par une bite ou est violée par une « bite qui se prétend femme », il y a 0 différence.
Ce sont des hommes.
Avec des comportements d’hommes.
Avec des habitudes d’hommes.
Avec des fantasmes d’hommes.
C’est de la violence masculine.
Et dans l’analyse queer du patriarcat, il faut comprendre que le terme systémique n’existe pas. Les violences systémique ne peuvent être dénoncées quand on attribue mon viol comme étant perpétré par une femme… par des femmes !
Donc voilà pourquoi le transactivisme c’est complètement incompatible avec le féminisme : parce qu’il aime il n’analyse pas les violences systémiques perpétrées par la classe sociale des hommes.
Il ne cible qu’une seule catégorie d’hommes, et laisse les autres fuir via des subterfuges dignes d’incels.
Personne ne m’a aidée, évidemment.
J’ai continué à m’endurcir, j’ai continué à tracer ma route toute seule.
Et c’est là que j’ai rencontré des féministes radicales, via facebook.
Des femmes qui m’ont apporté tellement de réponses à mes questions, et un bagage intellectuel incroyable.
Des femmes comme Flo Marandet, Francine Sporenda, Ibtissame Lachgar, mais aussi Christine Le Doaré, Rosen Hischer, Valérie Pelletier.
Et d’autres, qui sont devenues des amies et que j’ai envie de citer comme Stella, Margot. Des femmes qui ont mis réellement des mots sur ce que je pensais, mais je n’arrivais pas à expliquer ce qui m’arrivait.
Et c’est elles qui ont posé les mots et qui m’ont sortie de ce cauchemar.
En 2017, du coup, j’ai créé mon compte Instagram Bois mes règles.
Et au début 2018 je militais via une page que j’avais créée qui s’appelait « RadFem Army », avec une amie.
On traduisait des articles, des témoignages de détrans.
On expliquait ce qu’étaient réellement les chirurgies de transition.
Et on faisait beaucoup de misandrie et de blagues misandres !
Et on recevait énormément de menaces et d’insultes.
On avait atteint les 15 000 abonnés quand la page a été censurée.
Et elle a été censurée à cause d’un post qui parlait d’un « homme trans », « Scott », qui expliquait l’horreur de la phalloplastie, les étapes, les chirurgiens, tous les détails.
On nous a accusées de mentir, que cette personne n’existait pas…
La page a été signalée massivement et elle a sauté en 2019.
Du coup, je suis partie sur « Bois mes règles » qui est clairement mon défouloir pour dénoncer tout ce que j’ai à dire à propos de ces lobbys, de ces hommes.
C’est mon espace de liberté d’expression.
Au début j’étais très attaquée par des antiféministes qui trouvaient le slogan « dégoûtant » j’avais vraiment fait un compte basé sur la misandrie.
Puis en 2019 c’est devenu mon cri de guerre RadFem.
Des amis m’avaient signalé qu’une plateforme queer, sensée renseigner sur les règles, mais qui disait que « les hommes pouvaient aussi avoir des règles » cette plateforme qui s’appelle « cyclique ». Et cette plateforme a commencé à utiliser le slogan « Bois mes règles » et ça m’a mise hors de moi.
Pourquoi ? Parce que je ne me sens pas femme. Ni quand je me lève le matin, ni quand je marche dans la rue, ni quand je fais la vaisselle ou que j’ouvre un livre.
Par contre quand j’ai mes règles, que j’ai mes tétons qui deviennent sensibles pendant l’ovulation, que j’ai mes seins qui deviennent douloureux avant les règles, quand je dois prendre la pilule, quand je dois prendre la pilule du lendemain, quand je dois faire attention à ma flore vaginale, à mes pertes blanches… ouais là, je me rappelle que je suis une femme. Parce que mon corps me le rappelle.
Et je voyais donc des misogynes et surtout des gynophobes, qui détestent les femmes parce qu’elles sont femmes, qui n’utilisaient pas le mot femme pour parler de règles du coup, mais de ces expressions atroces comme « personne menstruée », « personne à vulve »… et ils utilisaient le slogan « Bois mes règles » qui est un slogan féministe (c’était pour renvoyer la balle dans la gueule des hommes qui justement ont horreurs de ce que notre corps créé, de notre nature, de notre cycle), et on se retrouve de nouveau avec des gynophobes qui vont jusqu’à invisibiliser les femmes, qui vont jusqu’à ne pas nous nommer pour parler des règles, pour ne pas « heurter », soit la sensibilité des hommes qui se prétendent femmes, ou ne pas « heurter » une minorité de femmes qui se disent hommes…
Du coup, j’ai déposé la marque pour faire une action de politique. Ça a été une action coup de poing contre les queers et faire parler du féminisme radical. Les médias ne parlent jamais (c’était 2019 donc on parlait jamais du danger du transactivisme c’était tout nouveau, de leurs techniques) et par cette action, j’ai voulu faire parler des revendications du féminisme radical.
On avait eu une interview sur Causette qui avait fait en sorte de cibler le sujet sur l’origine du terme, mais c’était pas le débat. C’était une technique, du coup, pour ne pas parler des revendications radicales du féminisme. Mais on n’est pas rentrées dans leur jeu et on a dit ce qu’on avait à dire.
Et à cette époque-là, beaucoup n’ont pas compris ma démarche. Cette action qui était clairement une action contre la colonisation transactiviste.
Beaucoup m’ont insultée, lynchée, harcelée.
Beaucoup se sont moqués de moi.
Par cette action pourtant, j’ai sacrifié beaucoup de choses.
Et depuis, aucun transactiviste n’utilise plus « Bois mes règles » parce que « bois mais règles », c’est moi !
Et ce n’est que récemment que les femmes observent les actes gynophobes des hommes qui pensent être des femmes et rejettent tout ce qui leur rappelle qu’ils ne sont pas des femmes.
J’en suis à mon 6eme compte « Bois les règles ».
Une fois il a sauté parce que j’ai dit les lesbiennes n’aimaient pas et pénis.
Une fois il a sauté à cause de mon témoignage sur les dangers du binder. Le binder c’est super dangereux pour la santé : il y a une étude qui a été réalisée en 2018, et qui a constaté que sur plus de 1200 personnes qui ont répondu à cette étude, 97% des personnes qui utilisaient un binder avait ressenti un symptôme très négatif. Ça peut être des douleurs dorsales, une surchauffe, des douleurs thoraciques, de l’essoufflement, des cicatrices, des fractures aux côtes… Et moi j’ai eu ces symptômes-là. Et je pense sincèrement que le binder c’est un pur produit marketing, qui pousse les femmes à passer plus rapidement à la mammectomie. Et du coup j’ai commencé à parler aux femmes, aux féministes de mon entourage, en leur disant de faire attention de bien savoir cibler les hommes, faire la différence entre un drag queen, un travesti, un trans, un auto gynéphile… Parce que c’est important de connaître ses ennemis politiques pour bien les dénoncer. J’ai commencé à parler du nouveau vocabulaire entre le mot « Terf », « RadFem » et les propos gynophobes, comme « trou de devant » plutôt que vagin.
Derrière les strass et les paillettes du mouvement se cachent aussi des soirées où les femmes s’automédicalisent : les soirées « testo », de plus en plus répandues.
Tout le monde connaît ce genre de soirée, en tout cas quand on est dans le milieu : les femmes qui se piquent à la testo grâce à un pote trans qui a un stock de « T » et qui, du coup, le « fait tourner » en soirée…
Tout le monde trouve ça hyper branché, hyper stylé !
Il y a deux ans, il y avait une vidéo qui avait tourné sur Facebook, sur les réseaux, sur ce genre de soirées. Moi je trouve que c’est comme la drogue, je trouve ça ridicule de s’injecter des produits toxiques dans le corps, surtout en ne sachant pas les effets que cela aura.
C’est un peu comme « finis les rebelles qui fument des pétards maintenant on se pique à la testo grâce à un ami trans » : c’est devenu ça, les nouvelles soirées.
Et ce n’est pas le pire ! On sait aussi que beaucoup d’associations en France collaborent avec des médecins, des endocrino, des chirurgiens qui font des ordonnances pour des mineurs. Les transactivistes disent qu’en France les transitions des enfants sont illégales mais dans l’ombre, ces associations collaborent avec des médecins, des psychiatres, qui attestent eux-mêmes que ces pratiques existent.
Et hier, justement je regardais à la télé sur France 5, un garçon de 16 ans en France qui débutait les bloqueurs de puberté. Mais en vrai quand on connaît les gens dans ce milieu-là, quand on est à l’intérieur de l’entreprise… parce que c’est clairement une entreprise… on sait très bien que des enfants de 16 ans subissent des chirurgies. Tout ça grâce au bouche à oreille, au piston… et surtout à la discrétion et au silence complice des militants, des salariés des assos. Vous verrez ça de toute façon. Je n’en doute pas que ça finira par sortir, et vous y repenserez, à ce que je viens de vous dire. Vous y repenserez quand on verra le scandale que ce sera dans quelques années.
Du coup, par la suite, j’ai fondé CAPP fin 2018, qui est un collectif de survivantes de la porno et de la prostitution, et de féministes radicales, évidemment, et critiques du genre. Je pense qu’on a été les premières à donner la parole à une femme, et à une personne trans, à un homme transidentifié, pour bien faire la différence entre le vécu dans la prostitution, d’une femme et d’une personne transidentifiée.
CAPP s’est fondée sur le plateau d’Hanouna le 30 novembre 2018. Et on avait avec nous Rosen Hischer et Anne Darbes. Et c’était hyper intéressant, parce que c’était la première fois qu’on avait… d’habitude avec les transactivistes, ils nous mettent en face un homme transidentifié et on est de suite insultées de transphobes. Et nous on a eu l’idée d’inviter une « femme trans » donc un homme transidentifié pour débattre en face de l’autre homme transidentifié, pour ne pas mélanger.
Et je pense que c’était la première fois que ça se faisait. On a été beaucoup insultées pour ça mais du coup on n’avait pas été insultées de transphobes ! On a été insultées plus tard de transphobes ! Du coup, CAPP a pris de l’ampleur, de plus en plus, au fur et à mesure des années, et ce qui a fait qu’on est une cible privilégiée du transactivisme et des organisations qui sont pro-proxénètes. Et du coup, on reçoit énormément de menaces, de menaces de mort, d’insultes, de menaces de viol…

Mais aussi on est on est ciblées en manif, on est traquées, on est harcelées. Au point où le 8 mars 2020, alors que nous étions parties à la fin place de la république, à la fin de la manifestation, et qu’on attendait l’arrivée de la manifestation, il y a 15 « antifas » qui sont arrivés derrière moi, qui nous ont frappées, tabassées… j’ai fini aux urgences, parce que j’avais un énorme hématome sur la joue. On m’avait frappée au visage, dans le dos, sur les côtes, sur la hanche… ça a été très traumatisant. J’ai pris 28 jours d’itt et ma collègue survivante a pris 29. Non, non je me trompe : j’ai pris 29 jours d’itt et elle en a pris 28. Et ça a été très traumatisant, surtout que ça a enchaîné sur le confinement. On s’est retrouvées traumatisées, isolées.
Sur les réseaux sociaux, on était menacées de partout. On recevait des messages atroces : des gens qui disaient que c’était bien fait pour notre gueule, qu’on le méritait… alors que notre action consistait à déployer une banderole de quatre mètres de long avec le visage de 120 femmes mortes dans la porno et la prostitution…
Et des gens, sur les réseaux sociaux, par … à coups de centaines de commentaires, que ce soit sur Twitter, sur Facebook, sur Instagram, disaient que c’était bien fait pour nous, qu’on méritait plus d’ailleurs… Ils disaient qu’on méritait plus.
Ca a été très traumatisant.
Puis après, le 10 juillet 2020, lors du rassemblement contre Darmanin pour dénoncer l’arrivée de Darmanin au gouvernement, on a été ciblées. On ne venait même pas en tant que CAPP.
Il y avait des femmes des collages féminicides Paris qui nous ont prises à partie, et ont commencé à nous insulter, à nous accuser de choses, à nous traiter de transphobes. Et là, j’ai commencé à comprendre que, en fait les membres de CAPP, on ne peut plus aller en manif juste en tant que féministe. C’est plus possible, parce qu’il y aura toujours quelqu’un pour nous cibler, pour nous harceler, pour nous insulter.
Du coup le 25 novembre 2020, pareil : des membres de CAPP ont été encore ciblées, encore harcelées à la manif, qui se passait, je crois, à Montreuil.
Puis le 8 mars 2021 : rebelote !

Là c’était avec les amazones. CAPP avait organisé une action et donc on avait demandé aux amazones de participer pour être plus nombreuses. Et il y avait Marguerites Stern qui était venue, puis on s’était mises sur la statue de la République.
Puis on a vu au bout d’une heure plus de 200 queers débarquer en hurlant. En nous insultant, et surtout, moi ce qui m’a le plus choquée, c’est pas qu’ils viennent et qu’ils hurlent, parce que c’est dans leurs habitudes, qu’ils harcèlent : c’est dans leurs habitudes, ça ne me choquait pas. Par contre, qu’ils arrachent les banderoles sur lesquelles on dénonçait que Jackie et Michel étaient accusés de proxénétisme, qu’on soutenait, mince je ne sais plus comment elle s’appelle ? Valérie…
RDG – Valérie Bacot
Joana – Voilà merci ! Ca m’avait choquée aussi, quand les transactivistes avaient arraché la banderole où on soutenait Valérie Bacot. Pas seulement les arracher : il les brûlaient, ils les piétinaient… et ils s’attaquaient même aux personnes handicapées de notre collectif. A Betty qui leur pointait sa carte « handicapé » devant le nez pour lui dire et leur dire : « ne m’attaquez pas, ne me frappez pas ! »
Ils n’en avaient rien à faire.
Ils aspergeait de peinture sur les yeux, sur le visage, sur le pull, toutes les personnes qui s’approchaient un tout petit peu d’eux, d’elles.
Et il y a aussi ce slogan, alors qu’on est un collectif de survivantes. Il y avait ce slogan qui répétait en boucle : « Pas de féminisme sans les putes » !
C’est violent ! C’est violent au point que Daria a vraiment pété un plomb, sur la statue et nous disait : « je vois mon proxénète au milieu de ces gens, et il rigole ! Et il rigole parce que ça l’arrange ! »
Et on a continué. On est restées, je crois, 4 heures sur la statue. C’était dur, mais franchement, c’était nécessaire.
En fait c’est ça le plus important : c’est que c’est nécessaire de faire ce genre d’action. C’est dur, c’est un sacrifice, mais il faut le faire pour ouvrir les yeux des femmes sur ce qu’est la réalité de ce mouvement. Des jeunes qui se pensent antifas, qui pensent faire la révolution, et qui dans les faits… ça se résume à harceler et tabasser des femmes qui n’ont pas des discours qui les arrangent… ou je sais pas.
C’est des jeunes, c’est ça le plus triste, quoi ! C’est que c’était vraiment des jeunes qui étaient très violents. On a eu des quenelles… Un… je ne sais même pas si c’était un homme ou une femme… un queer qui nous a fait une quenelle. Des hommes qui nous faisait des signes sexuels… Des femmes voilées qui nous faisaient des doigts d’honneur… c’était très violent !
Et on a fait, par la suite, plusieurs rassemblements mais qui se sont bien passés parce qu’aujourd’hui on essaye de se cacher quand on organise quelque chose. On peut plus faire ça publiquement, c’est plus possible.
Moi, c’est ça qui me blesse le plus, je pense : c’est de me dire que je peux plus être juste une féministe qui se bat pour ses droits, je serai toujours Joana de CAPP, la femme à harceler, à lyncher, et à faire virer de manifs.
Et ça me manque l’époque où je pouvais juste débarquer à une manif toute seule, et ne rien craindre.
Aujourd’hui je suis obligée d’aller dans des rassemblements, par exemple organisé par OLF (osez le féminisme) parce que je sais que dans ce genre de rassemblement je ne risque rien.
Je suis très harcelée sur les réseaux sociaux, au point où 4 personnalités qui militent dans des associations qui veulent décriminaliser le proxénétisme, ont porté plainte contre moi, contre mon collectif.
Je dois être à mon 10ème compte Facebook, j’ai dû avoir 6 comptes Instagram, trois sites…
Et récemment, là, en janvier j’ai vécu un énorme harcèlement, encore une fois par des gens qui veulent décriminaliser le proxénétisme.
RDG – Donc pour résumer est-ce que tu peux décrire les événements des quelques derniers mois, des dernières semaines, qu’ils t’ont poussée à témoigner ?
Joana – Du coup, ce qui m’a motivée à témoigner, c’est le dernier harcèlement en date que j’ai vécu. A cause d’hommes qui est activiste au sein du STRASS, qui est une association qui veut décriminaliser le proxénétisme, je le rappelle. Et il a fait une vidéo sur moi. En fait, l’un de ses abonnés, qui m’espionnait sur mon compte privé, a fait une capture d’écran de ma story, où je parlais de son site, et il en a fait une vidéo, qu’il a publiée sur youtube, sans mon consentement, que j’ai réussi au bout d’une semaine à force de signaler, à faire supprimer. Mais pendant toute une semaine c’était des centaines et des centaines de commentaires qui insultaient mon physique, qui insultaient mes valeurs, mon engagement.
Et il l’avait partagée sur twitter, ce qui a fait qu’une autre activiste de cette organisation a pris le relais dans le harcèlement, en republiant une vidéo aussi, de septembre 2021 où je parlais des faux vagins, où je disais ce que j’en pensais, comment ça se passe et comment ça se construisait, et que je donnais mon avis là-dessus.
Du coup, ça a amené à prolonger le harcèlement pendant plus d’une semaine, où là, pareil : des commentaires affreux, qui d’habitude ne m’atteignent pas tellement, mais là c’était vraiment le harcèlement de trop, qui a fait que je me suis… je ne contrôlais plus mes émotions, je ne contrôlais plus mes crises d’angoisse et mes crises de panique. Et je me suis évanouie un jour, dans la salle de bain. Du coup, aujourd’hui, je suis sous antidépresseurs.
Et j’ai envie de dire que tout ça c’est à cause d’eux. Que c’est à cause de leur harcèlement. Que c’est à cause d’eux de leur façon de faire, je sais pas comment l’expliquer. Que faire de toi une cible, mais c’est une traque, c’est une chasse aux sorcières.
D’habitude je gérais, et j’ai été étonnée moi-même de voir que je gérais ne plus et qu’aujourd’hui je suis obligée d’avoir des antidépresseurs pour aller mieux.
Et aussi, je fais une grosse pause là, du coup, depuis janvier, par rapport au militantisme, qu’on est sollicitées dans CAPP.
Et je ne peux plus. Je ne peux plus, je sature, et ça ne devrait pas se passer comme ça. Ça ne devrait pas être comme ça, le militantisme, quoi ! On devrait pouvoir aider les femmes, et apporter ce qu’on a à apporter, sans vivre ce genre de méga attaques. Le cyber harcèlement, on a l’impression qu’on a une grosse méconnaissance du cyber harcèlement, et ça se voit parce que moi-même, mon médecin, quand je lui ai expliqué que je vivais du cyber harcèlement depuis plusieurs années, il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas la gravité. Il ne comprenait pas.
Du coup j’ai dû changer de médecin généraliste… J’ai pris une femme, jeune ! Et c’est là qu’on voit la différence.
Il y a vraiment une grosse méconnaissance de l’impact du cyber harcèlement sur la vie. Moi, déjà mais je suis toujours SDF, au RSA. Pourquoi ? Parce que j’ai peur ! Parce que je vis dans la peur. Parce que je sais qu’il y a des gens qui n’attendent que ça, de me trouver ! Donc voilà !
RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?
Joana – Moi, j’ai envie de dire aux femmes qu’il ne faut pas avoir peur de parler, même si c’est anonyme, même si c’est un compte Instagram où elles ne se montrent pas.
Il ne faut pas avoir peur.
On n’est pas obligées, comme moi, de militer à visage découvert.
On n’est pas obligées de se mettre en danger.
Mais ça fait un bien fou de parler. Ça fait un bien fou de s’exprimer. Ça fait un bien fou d’affirmer sa colère, de raconter des faits qui nous arrivent.
Et je suis sûre qu’il y a plein de femmes, étudiantes surtout, qui vivent des trucs atroces actuellement dans les universités, comme moi je l’ai vécu, et qui pour avoir un diplôme se taisent, s’écrasent parce qu’elles veulent avoir leur diplôme.
Et aussi j’ai envie de dire aux femmes qu’il faut pas hésiter à en rire.
Je sais que c’est paraître bizarre de dire ça.
Je pense que par l’humour, on peut faire passer beaucoup de messages.
Aussi moi je sais que dans CAPP on blague beaucoup, ça nous aide beaucoup à nous détendre, à ne pas tout prendre au sérieux.
Mentalement ça nous fait respirer, de rire de choses horribles. Humour noir, mais ça nous aide quoi !
Aujourd’hui j’en rigole, des attaques qu’on a subies le 8 mars. On en fait des blagues. Pas tous les jours, mais je pense que c’est important d’en rire, au bout d’un moment, pour prendre du recul, pour mieux le voir.
Pour apprendre aussi. Moi ça m’a permis d’apprendre, d’en rire, parce que ce que j’ai retenu du 8 mars 2021, c’est qu’avec Anissia, sur la statue, on rigolait beaucoup, on se moquait beaucoup des queers en leur envoyant des punchlines.
Et moi en tout cas ça m’a énormément aidée à tenir pendant des heures sur cette statue, et c’était vraiment rigolo, quoi.
Et c’est important de rire, et c’est important de se moquer d’eux, et c’est important d’avoir de l’ironie, parce qu’en plus, ça, ça les énerve vraiment. Ça les titille vraiment.
Et je trouve que l’humour c’est important, quoi, dans le féminisme.
C’est important, même entre nous, quoi, de se créer des gangs « RadLOL », de s’envoyer des mèmes.
C’est important pour tenir face à la violence.
Parce qu’il n’y a pas 36000 solutions pour tenir face à la violence. Il n’y a pas de remède miracle. Le militantisme c’est dangereux, c’est violent.
Si tu ne veux plus être dans la violence, il faut quitter le militantisme.
Aujourd’hui c’est la seule solution qu’on nous donne en fait.
Et moi je trouve que pour mieux l’encaisser, l’humour ça aide beaucoup.
S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.
Womensdeclaration.com