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Rebelles du genre – Épisode 56 – Anna

Anna – Bonjour, je m’appelle Anna, j’ai 23 ans, je vis en Bretagne et je suis russe. Je vis en France depuis 7 ans. Je m’intéresse beaucoup au féminisme depuis que j’étais au collège, mais je m’intéresse également aux nouvelles technologies (comme la réalité virtuelle par exemple ou la réalité augmentée), à la sociologie (par exemple des mouvements qui semblent un peu autoritaires ou sectaires). Et je considère que le mouvement transactiviste est intéressant à étudier sur ces points là : des nouvelles technologies ou l’aspect sectaire.

Mon parcours de critique de genre est un peu en lien avec ma mère. Quand j’étais au collège, je passais beaucoup de temps sur Tumblr où j’ai goûté au féminisme libéral. Et quand je suis partie au lycée, j’ai migré en France. Pendant ce temps là, ma mère, qui habite en Russie, n’était pas féministe. Mais après avoir subi des violences misogynes, elle est devenue féministe radicale. 

Quand on discutait du féminisme, je n’étais pas toujours d’accord avec elle et je répétais tout ce que j’avais lu sur Tumblr : Libfems et transactivistes. Pendant ces années-là, donc il y a 7 ou 5 ans, Tumblr était vraiment le berceau de ces deux mouvements, bien que la réalité que j’ai vécue (en Russie surtout) et que ma mère a vécue ne s’appliquait pas vraiment aux idées que je pouvais lire en ligne. 

Quand j’ai fini le lycée et que j’étais en études supérieures, j’ai découvert, sur Reddit, un subreddit qui s’appelle “female dating strategy”. C’est un subreddit où il n’y a que des femmes. Les hommes sont éloignés de ce subreddit.

Ce qui était différent, c’est que c’était un subreddit critique du genre et sans être misogyne. Il parlait de la violence masculine et cela m’a ouvert les yeux. Notamment un thread sur des violences masculines, où il y avait des femmes de dizaines de pays différents qui parlaient de leurs expériences. Et c’est comme ça que je me suis rendu compte que c’était partout pareil.

En même temps, je passais mon temps sur un forum anonyme qui s’appelle “Lolcow”. C’est comme Fortune mais il est non mixte et critique du genre. Alors il y a une culture très particulière. Ça parle surtout des personnalités publiques ou influenceurs qui sont bizarres. La culture est assez hard. C’est pas très bienveillant. 

Mais un jour, je suis tombée sur un thread qui documentait des hommes transidentifiés. Je pense que c’est leur thread le plus populaire parce que les médias mainstream et les réseaux sociaux sont totalement sur ce type de contenu. Et quand j’ai vu cette face cachée du transactivisme, avec les autogynéphiles, le porno dans les toilettes, la pédocriminalité, ça m’a piqué, très très vite. Et j’ai fait le lien entre la violence des transactivistes et la violence masculine normale que j’ai vu sur Reddit.

Après, je me suis intéressée au contenu et aux idées purement radfems. J’ai commencé à lire des livres de théorie radfem. Alors les livres d’Andrea Dworkin, bien sûr, et le tout dernier livre que j’ai lu et qui m’a vraiment marqué, c’est le livre de Caitlin Roper qui s’appelle Sex Dolls, Robots and Woman Hating, qui est très récent et c’est vraiment bien écrit. 

Et maintenant je parle souvent du féminisme radical avec ma mère qui participe au mouvement antimilitariste et féministe en Russie et qui est très choquée d’apprendre la situation en France concernant la violence transactiviste. Parce que, quand on migre, et qu’on était dans une famille assez libérale de la classe moyenne, on a une image de l’Europe de l’Ouest très positive. C’est vraiment là où les droits des personnes homosexuelles ou des femmes sont respectés. C’est un peu le pays des bisounours. Quand on arrive et qu’on voit que non, pas du tout, que les féministes sont frappées et éloignées des manifs anti-avortements, on a un peu les rêves brisés. Ça rappelle un peu trop les violences anti-féministes dans le pays d’origine. En URSS, il y avait aussi des thérapies de conversion pour les personnes homosexuelles, notamment pour des lesbiennes, qui étaient envoyées en camp de travail, je crois que c’est au Kazakhstan. Et les médecins soviétiques, qui faisaient des recherches sur comment éradiquer l’homosexualité, les exposaient à la thérapie de conversion par des hormones et identifiaient les lesbiennes masculines comme des hommes.

NOTE : 1/ Sur les thérapies de conversion des homosexuels et en particulier des lesbiennes en URSS. Source : Functional female sexopathology, V. Zdravomyslov, 1985

Rebelles du genre – Donc ils faisaient transitionner les lesbiennes pour régler la question de l’homosexualité?

Anna – Oui. Dans leur livre, ces médecins Soviétiques avaient écrit en épilogue: “En espérant que, dans le futur, ce sera possible de commencer la thérapie de conversion par hormones le plus tôt possible pour éradiquer l’homosexuelité de ces personnes.”. Je crois que ce livre est en anglais.

Rebelles du genre – Ok… Je savais qu’il y avait de l’homophobie, par contre je ne savais pas que l’homophobie était réglé comme en Iran, par la transition. En Iran, c’est pareil, ils font de la chirurgie de réassignation sexuelle, comme ça ils n’ont plus d’homosexuels. 

Anna – Je ne sais pas si c’est vraiment pour se transformer en homme, ou juste pour que si on te donne telle hormone tu vas tu vas arrêter d’être attirée par les femmes. J’ai pas trop compris.

Rebelles du genre – De toute façon, ça ne marche pas comme ça. C’est un long sujet. Il faut juste foutre la paix aux lesbiennes. C’est juste ça : foutez la paix aux lesbiennes. Point. Elles sont très très bien là où elles sont : lâchez-les.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Anna – Pour la société et la démocratie : le transactivisme s’inscrit parfaitement dans le modèle “BITE” qui est développé par Steven Hassan, qui est un expert sur les dérives sectaires. Steven Hassan, qui a écrit un livre qui s’appelle Combating Cult Mind Control. Ça parle de dérives sectaires qui peuvent être religieuses mais aussi politiques par exemple, et quels sont leurs signes. Le transactivisme, c’est une croyance. On peut croire à Jésus, ou au Père Noël, ou qu’au fond de nous il y a un homme qui vit. C’est une croyance avec des signes de dérive sectaire parce que ça contrôle ces adhérents. Par exemple, ça limite l’accès aux informations.

Note : 2/ Sur le modèle BITE : L’acronyme B.I.T.E. désigne le schéma de contrôle de l’esprit appliqué dans les sectes à structure pyramidale : le B c’est pour “Behaviour”, le contrôle du comportement, le I pour le contrôle de l’information, le T pour “Thoughts”, le contrôle des pensées, et le E pour celui des émotions.

Rebelles du genre –  Oui, par rapport à cette question, à ce point, par exemple on peut nous dire : “ Allez signaler ce compte mais surtout ne lisez pas ce qu’il y a dedans.”.

Anna – Oui. En fait, ça limite l’accès aux informations en disant qu’il ne faut pas aller regarder ou lire certaines personnes qui ne sont pas d’accord avec le dogme. Ça ressemble un peu aux sectes religieuses qui disent : “N’allez pas dire tels livres ou n’allez pas parler avec certaines personnes, ils sont influencés par Satan”. Bah là, ils sont influencés par les terfs, surtout n’allez pas parler aux personnes qui sont sorties de la secte (donc ici c’est les personnes détrans). Il faut toujours contrôler ce que les autres disent, donc si votre adepte dit quelque chose que vous ne pensez pas correct, il faut toujours faire la chasse aux sorcières, dénoncer.

On a aussi affaire à ce que l’auteur appelle les Thoughts Stopping Affirmations : ce sont des informations, des phrases, qui coupent complètement la réflexion. 

On le connaît tous, c’est “Trans women are women”qu’on dit à chaque fois qu’on nous demande de réfléchir un peu. 

Ce que je trouve intéressant dans les sectes, c’est qu’il y a aussi des phrases qu’on doit tout le temps répéter, ou même une pratique de chanter certaines choses. Ça m’a fait penser à la réunion de Nous Toutes (je sais pas si vous avez vu la vidéo) où il y a toute une salle de personnes, de femmes, qui chantent “La transphobie tue, la transphobie tue!”. 

Non, elle tue une personne en moyenne en France, si je ne me trompe pas. Et ça aussi : pourquoi donner à des personnes des statistiques erronées qui vont leur faire peur, qui vont les convaincre qu’elles sont isolées et persécutées? 

Ça aussi, c’est une technique de secte. 

Rebelles du genre – Alors, juste pour dire, quand même, les personnes trans qui sont tuées, il y en a quand même pas une par an et, en France, les deux dernières fois où ça s’est produit, c’était des personnes qui malheureusement étaient victimes de traite prostitutionnelle et qui étaient assassinées par leur proxénètes ou par les prostitueur, clients-violeurs. Ce n’est pas les trans. Enfin, je ne sais pas si on peut appeler ça de la transphobie. Moi je pense que c’est surtout de la violence masculine et ce ne sont certainement pas des féministes. 

Les féministes n’ont jamais tué qui que ce soit. Jamais. 

Peut-être qu’elles devraient s’y mettre et elles deviendraient crédibles à ce moment-là, peut-être, mais dans tous les cas, jusque là, les personnes trans qui ont été tuées ne l’ont jamais été par des féministes. 

Anna – Oui, c’est parce que j’ai lu un article de RadCaen. Dans la source qu’elle donnait, c’était une association qui veille sur les meurtres de personnes trans et effectivement, en France, c’était ça, en moyenne. Mais c’était tous genres et motivations de crime confondus. 

Mais je ne suis pas sûre qu’il y ait des études qui parlent vraiment de violence et de meurtres transphobes, qui touchent disproportionnellement des femmes trans comme on aime le raconter.

Cette croyance, pour moi, de transactivisme, n’est pas juste sur les marges de la société, mais elle est imposée au niveau légal dans certains pays, comme le crime de mégenrage, ou le crime de non-reconnaissance du genre de la personne. Cette croyance ne respecte pas la liberté de la parole (ça on l’a bien vu avec toutes les féministes qui sont harcelées, censurées). 

C’est une croyance qui est violente, sans presque jamais être punie. 

Et en dehors du cadre légal, les transactivistes censurent non seulement des personnes individuellement sur les réseaux sociaux, avec les chasses aux sorcières où ils signalent en masse le compte de quelqu’un, mais ils ont aussi le pouvoir de faire disparaître des sites entiers qui dénoncent et qui documentent leur comportement. 

C’était le cas de Kiwi farms. 

Kiwi farms, c’est un site qui est un peu comme Lolcow : c’est un forum anonyme où on documente, de manière pas très bienveillante, les comportements de personnes en dehors de la norme. 

Notamment il documente Chris Chan, un homme transidentifié qui a violé sa mère. 

Il documentait aussi Keffals. C’est une figure de transactivisme très intéressante. C’est un influenceur, on peut dire, un streamer twitch, un homme transidentifié, qui “groome” des enfants. Parce qu’avec son pote (qui est un peu aussi streamer et homme transidentifié, Bob Posting), ils avaient ouvert un serveur Discord avec des mineurs, des jeunes garçons, à qui ils exposaient leur kink de “catgirl”. Ça sort de la culture manga, c’est des filles avec des oreilles. Je ne sais pas pourquoi mais les transactivistes adorent ce type de personnage et le cosplay souvent de manière assez sexualisée. 

Donc sur ce Discord, Keffals révélait son kink aux enfants, et les encourageait à s’habiller de cette façon et à être sexuel. 

Pour moi, c’est du grooming. 

Et pourquoi il faisait ça, à part pour le plaisir sexuel? Il fait (ou faisait) la promotion d’un site “DIY  HRT” qui vend des hormones de transition aux mineurs sans être une entreprise pharmaceutique, qui est connue sans aucune licence. Et ça, ça ne passe pas dans les médias mainstream. Et ça passe à côté de toutes les lois, j’ai l’impression.

Je sais que c’est un sujet que, si tu ne passes pas 10 heures par jour sur Internet, peut-être tu n’es pas forcément au courant. Mais je ne trouve pas ça normal qu’un mouvement puisse, limite, avoir des dealers dans ses rangs et… personne ne fait rien!

Je trouve que c’est un mouvement purement capitaliste et autoritaire. 

RDG – Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu as déjà subi des pressions,  des menaces,  est-ce que tu perçois un danger ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement? 

Anna – J’ai décidé de témoigner sous ma réelle identité… 

J’ai subi des menaces de « doxxing » : j’ai dit à quelqu’un que les hommes transidentifiés sont des mâles et la personne m’a répondu “voilà : ton université, je vais les contacter”, etc… 

Mais mon entourage proche partage mes valeurs et mon entourage pro… le monde pro est… difficile à joindre. J’ai quand même pris des mesures pour protéger mon identité en ligne. 

Je suis d’avis que si vous ne voulez pas être une personnalité publique et vous êtes une femme, évitez de donner votre nom, votre ville, votre métier, sur les réseaux sociaux, ou de poster votre photo, parce que n’importe quelle personne “chasseuse de Terf” peut prendre votre photo Instagram, la passer  sur un site de reconnaissance faciale, et après, trouver tous les endroits en ligne vous apparaissez : donc ça peut être votre LinkedIn, ça peut être votre page Facebook, etc. 

Et j’ai décidé de témoigner avec mon vrai prénom, parce que je suis inspirée aussi par ma mère qui est assez courageuse à faire son activisme dans un pays autoritaire, sans se cacher. Elle était déjà censurée par son entreprise et par les réseaux sociaux mais elle continue et je pense que je dois faire pareil.

RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme? 

Anna – Alors j’ai deux anecdotes :  le premier c’est que un jour j’ai reposté sur Instagram un poste qui parlait de la violence sur les femmes, mais le compte s’appelait “a woman is not a feeling” et j’ai une amie très proche qui est venue dans mes DM en disant “mais c’est quoi ce compte de Terf que tu repartages?” 

Mais en parlant avec elle, j’ai compris qu’elle était d’accord avec le message lui-même. Et quelques semaines après, cette amie qui avait déjà conscience de la violence masculine a “peak” très vite en voyant la violence des transactivistes partagées sur un compte radfem. 

RDG – Donc en fait quand elle t’en a parlé elle était déjà en train d’ouvrir les yeux c’est ça?

 Anna – Oui. En fait, elle habite en Égypte et elle a bien conscience de la violence masculine qui l’entoure, je pense que c’est pour ça que c’était plus facile de voir la violence, qui ressemble à ce qu’elle vit.

RDG – Autrement dit, c’est pas parce qu’une femme dit que tu es une terf qu’elle n’est pas, elle-même, prête à en devenir une bientôt!

Anna – Oui  je pense, oui. 

RDG – Des fois c’est la dernière réaction, la dernière façon de se défendre.

Anna – Mais j’ai entendu ça de quand j’ai écouté le podcast de Marguerite Stern où elle parle avec des jeunes femmes Radfems, et là aussi il y avait un témoignage qui parlait des amies qui sont d’accord avec les messages de terfs, mais que qui chassent ces mêmes terfs en même temps.

Ma deuxième anecdote est un peu plus récente : quand j’étais à Nantes, j’ai vu un sticker de NousToutes qui parlait de la violence “de genre” envers les femmes et naturellement, ça m’a interpelée. Je n’étais pas du tout d’accord, donc je l’ai pris en photo et je l’ai posté sur mes réseaux sociaux en disant que “Non, les femmes, elles sont violentées, opprimées… que les violences que subissent les femmes sont fondées sur leur sexe, et pas leur genre.” 

Et j’ai donné plusieurs exemples : des fœtus femelles avortées parce que ce sont des femelles. 

Ou l’absence de l’accès à l’avortement. 

Ou les féminicides… 

J’en ai posté 12 exemples, je crois, à peu près. Et NousToutes a répondu à ma story en disant en gros que : “Non, on ne parle pas de violence de sexe, mais de genre, parce qu’ils sont concernés… parce que ça concerne aussi des personnes trans, mais ça se voit, vous n’êtes pas ouverte à la discussion.” 

Et à la fin, elles ont dit clairement :  

“Occupez-vous des violences de sexe, nous on va lutter contre les violences de genre.” 

Et pour moi c’était hallucinant qu’une association qui est censée protéger les femmes, elle s’en fiche clairement des violences de sexe, à part quand il faut ramasser l’argent dans leur cagnotte. Là, c’est bien une lutte antisexiste. Et ma mère était très choquée quand je lui ai raconté cette petite anecdote.

RDG – Évidemment. Mais bon, Nous Toutes ne cessera jamais de nous surprendre par la profondeur des abîmes dans lesquelles elle tombe sans s’arrêter. C’est effrayant, le vide. 

Le vide de la pensée, le vide de la pensée stratégique et le vide du féminisme surtout.

Anna Mais même ça je ne trouve… Enfin, j’ai du mal à vraiment comprendre, parce que même les personnes trans elles sont discriminées ou elles sont violentées à cause de leur sexe. Un homme trans ne peut pas accéder à l’avortement, c’est pas à cause de son genre, c’est à cause de son sexe. 

Ou quand les femmes, les hommes transidentifiés américains sont enrôlés dans l’armée alors qu’ils ne veulent pas, ça aussi c’est une discrimination à base de sexe, pas à base de leur genre.

Si vous avez vu que Dylan Mulvaney, un homme transidentifié assez populaire qui était invité à la Maison Blanche très récemment, c’est tout simplement un évènement marketing de la part de la Maison Blanche, parce qu’ils ont signé une loi qui enrôle tous les hommes transidentifiés dans l’armée dans le cas d’une guerre. 

Donc c’est bien une discrimination à base de sexe.

RDG – C’est à dire qu’en fait cette loi elle dit qu’en cas de guerre, les hommes, peu importe la façon dont ils s’identifient, sont enrôlés, c’est ça ? 

Anna – Oui, c’est ça.

RDG – D’accord, donc autrement dit, le genre c’est du bullshit.

Anna – Oui. En fait, on respecte le genre des hommes transidentifiés pour qu’ils puissent aller aux toilettes des femmes ou dans leurs prisons, mais quand il s’agit de l’armée tout de suite, ils ont une vision très lucide de du sexe et du genre. 

C’est très récent. Personnellement, je pense que c’est juste pour que quand les gens ils cherchent “transwoman – Biden”, je ne sais pas quoi, ils tombent sur le résultat de rencontre Biden – femme trans et pas…

RDG – Ils ont allumé un contre-feu quoi (rires). D’accord.

Anna – Oui. Comme il y avait vraiment très peu de temps entre ces deux news, je pense que c’était juste pour cacher…

RDG – Ils ont allumé un contre-feu, clairement. C’est assez amusant…

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Anna – Oui. J’aimerais parler des espaces un peu uniques en ligne et des nouvelles technologies qui sont liées au transactivisme et qui posent un danger pour les enfants ou les personnes vulnérables et ce qui est très peu réglementé.

On peut parler déjà de tous les espaces en dehors des réseaux sociaux, donc, comme des forums anonymes comme Lolcow ou Kiwi Farms ou même Mumsnet qui sont des forums critiques de genre, qui documentent les dérives du mouvement transactiviste, qui sont menacés. Parce qu’il ne faut pas croire que si vous êtes censuré sur Twitter ou Instagram à cause de vues critiques du genre, vous pouvez échapper à ça et être… et parler librement sur les autres sites parce que les autres sites sont aussi sous l’oeil de transactivistes et qui peuvent les faire disparaître comme c’était le cas de Kiwi Farms.

J’aimerais parler aussi de la réalité virtuelle et de son lien avec le transactivisme. 

Les applications de réalité virtuelle comme VRChat sont des espaces en ligne que n’importe qui peut y accéder en portant un avatar qui peut… qui peut ressembler à n’importe qui ou n’importe quoi. Pour les personnes qui passent des heures et des heures par jour dans ces espaces, il aiment bien aussi avoir des avatars customisés qui sont souvent commandés ou achetés pour des centaines voire des milliers de dollars. La personne qui essaie de s’échapper du vrai monde et qui achète des avatars et du matériel assez coûteux s’investit beaucoup dans ces milieux et pour ça il faut vraiment avoir des motivations très profondes, c’est pour ça qu’ il y a autant de personnes transidentifiées de ce monde.

Alors je n’ai pas lu d’études précises mais j’ai juste vu un questionnaire d’un influenceur qui a demandé à son audience qui utilise la réalité virtuelle à leur identité et un peu moins de 20% de ces personnes des utilisateurs de la réalité virtuelle étaient des personnes transidentifiées, ce qui est énorme parce que si je ne me trompe pas, il y a entre 1 et 0,5% de population transidentifiée dans le monde. Et ça semble assez logique que ces personnes, qui sont mal dans leur peau, et qui sont un peu en guerre avec la réalité, elles puissent accéder à ces espaces-là.

Beaucoup de personnes qui utilisent la réalité virtuelle sont assez vulnérables et ça, ça attire énormément de prédateurs, notamment de pédocriminels. 

Dans la réalité virtuelle, par exemple sur VRChat,  il y a des pratiques un peu sexuelles, ça s’appelle “erotic role play” donc toi, habillé dans ton avatar, tu peux jouer un jeu de rôle sexuel avec d’autres personnes et très souvent ces personnes-là peuvent être des enfants, sont des enfants.

RDG – C’est-à-dire que… Tu es en train de me dire que dans certains mondes de réalité virtuelle, il y a des enfants qui jouent à des jeux sexuels avec des adultes. Mais quel genre de jeux sexuels ?

Anna – Alors, ça peut être l’imitation de l’acte sexuel, par exemple.

RDG – D’accord, ils simulent des rapports sexuels en ligne.

Anna – Oui. Et il n’y a pas… Ce n’est pas très réglementé donc personne n’est puni quand ça se passe

RDG – Et en plus, enfin dans les mondes de réalité virtuelle, il y a… Dis-moi si je me trompe mais il y a d’autres personnes autour en fait qui sont témoins de ce qui se passe.

Anna – Oui, c’est ça.

RDG – Donc en fait il y a par exemple un adulte qui va abuser d’un enfant… puisque là on ne peut pas parler de rapport sexuel quand on a un adulte et un enfant et il y en a d’autres autour qui regardent ?

Anna – Il y a des clubs sexuels dans VRChat où il n’y a pas vraiment de limite d’âge.

RDG – VRChat ça s’écrit comment ?

Anna – VRChat. Voilà, où il y a des… Dans ces espaces-là, ces clubs euh… je ne sais pas comment le dire… Libertins ? il y a des personnes qui imitent les actes sexuels, qui peuvent être parfois des viols, vu qu’il s’agit de la pédocriminalité. Et aussi il y a un processus de grooming vu que souvent, ces actes sexuels ou ces viols, ils sont… enfin on expose les personnes aux fétiches, notamment quand l’avatar, c’est pas une personne humaine mais un animal donc il y a des gens qui s’habillent en animaux et qui… 

RDG – Et qui et qui ont des rapports sexuels avec des enfants habillés en animaux ?

Anna – Ça peut être des enfants, ou ça peut être d’autres adultes.

RDG – D’accord et ça, c’est complètement… avec aucun contrôle de rien, quoi ?

Anna – Il y a très peu de contrôle de ça, que ça soit dans les applications elles-mêmes, dans les applications elles-mêmes il y a peu de contrôle mais au niveau légal si je ne me trompe pas, il n’y a rien qui réglemente ça en fait.

Ce qui est pire aussi, on a observé que certaines personnes qui sont… quand elles utilisent la réalité virtuelle, elles ont ce qu’on appelle “phantom touch” donc en fait, elles sentent quand quelqu’un les touche.

RDG – C’est quoi, c’est une sorte de tenue que tu portes en fait ?

Anna – Non, non. En fait, c’est comme les personnes qui n’ont pas une jambe ou une main, qui ressentent leur membre mais là ils ressentent…

RDG – D’accord. Ils sont tellement immergés dans la réalité virtuelle qu’en fait, ils ont l’impression de ressentir physiquement ce qui leur arrive dans leur… à leur alter ego en fait. C’est ça ?

Anna – C’est ça, oui. Voilà. Et une autre chose pour la réalité virtuelle, c’est intéressant de regarder quels avatars exactement portent les utilisateurs, alors on a déjà dit que certains ils peuvent porter des avatars qui ressemblent à des animaux ou à des furies ou à des, des humains avec des traits un peu animaliers mais en fait c’est presque un meme que les personnes, enfin les hommes transidentifiés en réalité virtuelle ils portent des avatars de filles manga très sexualisées avec des oreilles de chat, avec des uniformes un peu particuliers et je pense que c’est assez révélateur que les hommes transidentifiés qui vont en réalité virtuelle, ils portent pas pour alléger leur dysphorie de genre, ils portent pas des avatars de femmes normales mais ils portent vraiment des avatar hyper sexualisés, pas du tout conformes à la réalité. Et d’ailleurs, si vous lisez les témoignages de femmes transidentifiées qui utilisent des avatars dans la réalité virtuelle qui les représentent pas de la façon très fidèle, souvent elles disent qu’elles portent des avatars d’hommes pour échapper à la sexualisation et l’objectivisation.

RDG – Donc une femme, les jeunes femmes qui souffrent de dysphorie, elles elles vont être en homme pour échapper en fait à la violence sexuelle et les hommes vont eux se déguiser, enfin s’habiller ou je ne sais même pas comment on peut appeler ça, se transformer en jeunes femmes hyper sexualisées ou en animaux un peu chelou avec de la fourrure pour se livrer à des pratiques sexuelles sur les enfants qui sont présents et devant eux.

Anna – Oui. Mais d’ailleurs, pour les victimes de ces pratiques sexuelles, les enfants, c’est des enfants de tous les sexes et même si ça ne se passe pas dans la réalité virtuelle, après ça continue sur discord mais dans la réalité virtuelle c’est… ce n’est pas juste des mots dans le chat, c’est vraiment… une espèce de réincarnation et d’immersion, et d’immersion complète.

RDG – C’est cette fameuse sensation de vivre pour de vrai ce que ce qui est dans ce monde virtuel. Et alors du coup, tu as parlé de discord et sur discord il se passe quoi ?

Anna – Alors sur Discord. Discord c’est une application qui est utilisée souvent par… dans le monde du gaming ou de la tech mais aussi pour des gens qui aiment bien la réalité virtuelle. Il y a beaucoup d’anonymat. 

Souvent, les personnes qui utilisent discord, elles n’utilisent pas leur vraie identité et les serveurs discord, donc des espaces un peu privés on va dire, sont gérés par des personnes en particulier. Il y a moins de censure que par exemple sur votre compte Twitter qui est visible un peu à tout le monde.

Dans les Discords liés au gaming ou à la réalité virtuelle, il y a parfois des… des espaces, des chaînes qui sont concentrés plus sur la sexualité le role play érotique ou des choses comme ça et là il y a très peu d’espace qui limitent l’âge des enfants et qui refusent aux mineurs d’y accéder et ça finit par pas mal de mineurs qui accèdent à des espaces où ils sont malheureusement groomés ou ils sont des victimes de pédocriminels.

RDG – Et du coup, toi tu as déjà assisté à des choses comme ça, en ligne ?

Anna – Alors, moi personnellement, non mais je regarde ce qui se passe dans les autres chaînes de, enfin j’observe et je vois… Mais c’est presque… comment dire, c’est presque un mème, ces espaces-là, mais je veux dire c’est… c’est pas non plus très caché, personne ne sait ce qui se passe.

RDG – Ouais, d’accord, en fait tu veux dire que… Tu es en train d’expliquer que finalement, c’est quelque chose qui est plutôt culture pop quoi, un truc un peu marrant, que tout le monde sait.

Anna – Oui, en quelque sorte. Je veux dire quand vous allez sur Tumblr et vous avez des mineurs qui sont dans des milieux un peu gamers, transidentité, etc., ils parlent souvent de discord qui sont en lien avec… où ils ont des expériences un peu sexualisées.

RDG – Ben dis donc… 

Anna – Et ce qui est inquiétant, c’est que c’est très peu réglementé par la loi donc la réalité virtuelle, les espaces en ligne, les applications comme discord, la technologie elle avance trop vite pour les lois qui ne suivent pas du tout ce qui se passe et c’est un peu no man’s land.

Pour les parents ou les personnes qui sont inquiets pour des proches vulnérables, je conseille d’être surtout proches d’eux et qu’ils puissent vous faire confiance, essayer de leur parler de ce qu’ils font en ligne, essayer quand même d’avoir un minimum de contrôle parental si la personne est très jeune, essayer de lui dire que si il va là, il s’expose à des risques comme ça, enfin je pense que le plus important c’est de vous informer vous-même et après de prévenir votre enfant de ce qui peut lui arriver, d’être là pour lui, pour parler des choses qu’il peut trouver traumatisantes.

Je sais que moi, je passe beaucoup de temps en ligne, dès que j’étais très petite et mes parents ne savaient rien du tout de ce que je faisais, je sais que parfois juste ils me prenaient mon portable pour que je ne passe pas trop de temps en ligne mais en soit ils étaient… on ne parlait pas du tout de ce que je faisais, quand j’ai vu des trucs un peu traumatisants j’ai pas pu en parler avec mes parents, essayer d’éviter ça.

RDG – On est très proche à la fois de la pédocriminalité et de la pornographie. Et donc ce sont des expériences qui sont clairement traumatisantes pour des enfants aujourd’hui en fait, des enfants ou des préadolescents ou des adolescents d’ailleurs, des mineurs en général. Il y a quelque chose qui est de l’ordre du traumatisme de l’agression sexuelle, même si c’est virtuel comme tu dis, cette fameuse phantom touch, que oui effectivement j’y avais pas réfléchi mais c’est évident, quand tu passes beaucoup de temps en ligne, tu finis par… Ça finit par devenir ta maison quoi.

Anna – Oui. Et en fait les personnes en  général mais les enfants qui passent beaucoup de temps en ligne, c’est mon avis personnel mais… quand tu passes 10 heures par jour sur TikTok ou dans la réalité virtuelle, c’est parce que tu essaies de fuir quelque chose dans ta vie réelle, t’as pas peut-être d’aide psychologique pour ce que tu vis en dehors de ça, tu es en situation de mal-être et c’est pour ça que tu y vas.

RDG – C’est ça, oui mais du coup tu renforces le problème.

Anna – Oui. Et c’est ça qui est visé par les transactivistes, c’est les personnes qui sont vulnérables, peut-être qui ont une relation avec leur corps qui est un peu fragile. Une personne totalement heureuse et qui a une sexualité épanouie, qui est en paix avec soi-même, pourquoi elle irait se shooter à la testo ?

RDG – Oui, bien sûr. C’est vrai que les enfants et les préadolescents n’ont pas nécessairement de sexualité justement, à priori c’est le fait de leur en imposer une qui pose problème déjà, surtout avec des adultes d’ailleurs.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :

www.womensdeclaration.com

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