Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer

Rebelles du genre – Épisode 58 – Julie

Julie – Bonjour, je m’appelle Julie. J’ai eu 19 ans récemment. J’habite en région parisienne, et je suis étudiante en études de psychologie, je suis en L2. Je suis féministe depuis mes 14 ans, en tout cas à mes 14 ans je ne me décrivais pas comme féministe, mais c’était l’émergence de mes premières pensées féministes.

J’ai eu une éducation plutôt classique, avec une famille, avec mon père, mon grand frère et ma mère. Avec un très très grand frère, donc je n’ai vécu qu’avec mes deux parents.

En fait, j’ai toujours eu une éducation, on va dire “critique du genre,  sur un aspect en particulier : sur tout ce qui était intellectuel.

On m’a toujours appris qu’en tant que fille, je pouvais faire tout ce que je voulais sur un point de vue intellectuel, que j’étais égale aux garçons, donc ça c’était assez génial. Longtemps, on m’a encouragée à faire de longues études, on m’a encouragée à me croire aussi intelligente que les garçons, on m’a donné la même éducation que mon frère, vraiment, ça c’était super. Par contre, il y a quelque chose sur lequel on a très fortement renforcé mon éducation genrée: c’était tout ce qui était apparence physique, on va dire. Depuis toute petite, j’ai des parents qui m’habillent de manière très coquette, qui m’encouragent à être très féminine en apparence, qui me poussent un peu finalement dans les stéréotypes de genre. C’était un peu particulier pour moi parce que du coup je voyais que ça faisait plaisir à mes parents donc j’intégrais mais en primaire quand même j’avais une personnalité qu’on appelle garçon manqué donc évidemment je me faisais beaucoup moquée par mes camarades mais en même temps, on me poussait dans cet aspect très féminin donc ça a consacré une sorte de discordance chez moi qui me mettait un peu mal à l’aise ce qui fait que quand je suis arrivée au collège, j’ai rejeté la féminité. Je me suis dit “En quatrième, j’ai pas envie d’être féminine, j’ai trop de pression sur moi.”. Les garçons aussi de mon collège pratiquaient énormément d’harcèlement sexuel, du coup j’ai vraiment eu un énorme rejet de ma féminité et j’ai voulu me masculiniser. Ca a créé des troubles graves du comportement alimentaire chez moi, j’ai voulu vraiment rejeter mon corps, mon apparence, j’ai carrément voulu me couper les cheveux, ma mère ne m’a jamais laissée faire, enfin je voulais vraiment être un garçon, je voulais être perçue comme un garçon, je voulais échapper à tout ce qui était norme de société parce que je ne me sentais vraiment plus comme moi mais j’avais pas du tout le recul de me dire que c’était pas de ma faute, que c’était le fait de la société.

Après, pendant ma quatrième, ça a progressé parce que j’ai découvert le féminisme, mais le féminisme à travers les réseaux sociaux. C’est à dire que, comme j’étais très mal dans ma peau, j’ai cherché évidemment des réponses… Donc, je suis passée par les réseaux sociaux. Donc, j’ai découvert quelques comptes féministes mais féministes libérales, entendons-nous bien… Pas directement radicales féministes évidemment. Et j’ai commencé à découvrir, alors il y avait Period Studio, il y avait… C’était tout ce qui était “Je m’en bats le clito”, enfin des trucs comme ça, c’était assez léger sur le fond et ça parlait quand même de stéréotypes, de dire qu’on pouvait être les mêmes, qu’on n’avait pas besoin d’être féminines, c’était tout ce qui était très superficiel donc par exemple c’était : pouvoir, apparence physique, body positive. Ca m’a beaucoup aidée dans un premier temps, j’ai tout de suite adhéré à ces idées, je me suis dit “Génial et tout, c’est vrai, on peut être libre et tout.” Donc là, j’ai un peu renoué, ça allait mieux pour moi mais j’avais pas encore découvert le féminisme de fond, ça restait vraiment en surface et c’est à partir de la troisième et de la seconde que j’ai découvert des thèmes qui étaient beaucoup plus importants donc de c’est à partir de ce moment-là que j’ai parlé d’abolitionnisme et de porno, j’ai découvert tout ce qui était thématique autour du porno et de la prostitution.

D’abord par rapport au porno parce qu’évidemment, au collège, qu’est-ce que font tous les mecs ? Ils regardent du porno. Les garçons de ma classe ils ont voulu me montrer un porno parce qu’ils avaient envie de… je ne sais pas, peut-être me… un peu me pornifier, de m’éduquer à ce qu’ils voulais. J’avais pas du tout envie, j’étais jeune, j’avais pas envie de regarder deux personnes faire ces choses-là, ça m’était tout à fait étranger et en fait, ils m’ont montrée la plateforme, ils m’ont montrée les visuels, ils m’ont montrée vraiment tout et ça m’a dégoûtée, vraiment, jusqu’à la moelle. Je ne me suis pas dit “Ah, c’est dégoûtant !” parce que c’est des relations sexuelles, je me suis dit “C’est dégoûtant parce que là il n’y a pas d’amour, il n’y a pas d’échanges, il y a des trucs, il y a des pratiques…”. Comment c’est humainement possible de faire ça ? Et en fait je voyais tous les garçons de ma classe qui étaient excités par ça et je voyais aussi énormément de filles de ma classe qui, pour correspondre aux attentes un peu des mecs de notre classe , étaient en mode “Oui mais c’est bon, c’est normal, c’est la découverte de notre âge.”. Comment ceci peut correspondre à la découverte de notre âge ? Et du coup j’ai commencé à aller me renseigner sur les réseaux sociaux et j’ai vu que sur les comptes féministes que je suivais, il y avait beaucoup d’encouragements au fait de consommer du porno, que ce soit avec son copain, que ce soit avec ses amis, enfin c’était présenté comme quelque chose de positif et moi ça m’a tout de suite dérangée. Donc ni une ni deux, j’ai cherché plus loin, je suis allée chercher d’autres sources et en seconde, j’ai découvert des comptes abolitionnistes et féministes radicaux donc là j’ai découvert Osez le féminisme, j’ai découvert le compte de Marguerite Stern, j’ai découvert les Amazones, j’ai découvert Bois mes règles et là ça m’a fait une révélation, je me suis dit “Bah évidemment, c’est pas possible, le porno.”. J’ai enfin mis le truc sur ce qui me dérangeait: c’est du viol tarifé, c’est pas des échanges humains, on ne peut pas faire ça aux gens, ce n’est pas de l’éducation sexuelle, ça n’a rien d’une représentation de la réalité, c’est de la maltraitance humaine, c’est de la traite d’êtres humains.

Et évidemment, quand on se rend compte du porno, on se rend compte évidemment de la prostitution. La prostitution, c’est un peu différent parce que j’ai toujours pensé que c’étaient des manières inhumaines d’acheter quand-même un humain. Je sais que ça ne paraît pas très logique mais je pense que c’est quand-même la base, enfin tu ne vas pas acheter des gens dans la rue, pourquoi t’achèterais des femmes ?

Et du coup, j’ai vraiment découvert ça sauf que, évidemment, en suivant ces comptes féministes radicaux, qu’est-ce qui a émergé ? Le sujet de la transidentité.

Et au début, moi, en ayant des comptes féministes libéraux, en fait, le genre, du coup, on ne le définissait plus déjà à l’époque comme un ensemble de stéréotypes, on le définissait maintenant de plus en plus comme un ressenti personnel, comme étant multiple, comme étant à respecter, comme étant… je ne sais pas, une essence en fait, au final. Moi, ça me déplaisait parce que comme je l’ai dit plus tôt, toute ma jeunesse, vous m’avez inculquée quand-même des stéréotypes sur mon apparence, comme j’étais femme, je devais être féminine. Je me suis dit “Mais non, si j’ai réussi à rejeter ça, c’est que ce n’est pas une essence, c’est que ça n’a pas de sens de dire que c’est une essence.”.

Et du coup, en découvrant le féminisme radical, ces choses-là, évidemment, j’ai appris à les remettre un peu en question. Quand je regardais les comptes, surtout, d’Antastesia, surtout sa vidéo qui s’appelle “Suis-je une vilaine terf ?”, je me suis dit “Mais en fait, c’est exactement ça, c’est ce que je pense.”. Mais j’étais pas tout de suite dans la logique de me dire “Oui, je suis 100% d’accord.”; non, non, j’étais encore dans la logique de me dire “Je suis gentille j’ai envie d’être gentille avec tout le monde donc je vais être gentille, je vais approuver ce que tout le monde dit.” mais sans le penser, c’est à dire que dans mon coin, je pensais “Bon, c’est un peu n’importe quoi mais je vais être gentille, je vais accorder à des mecs de se dire n’importe quoi sur les réseaux sociaux et de véhiculer cette idée.” et j’ai commencé à adopter le vocabulaire qui était employé par ces personnes-là et notamment sur Twitter. J’ai commencé à me définir comme une femme cis, une jeune fille cis, à 15 ans ça n’a aucun sens, même les adultes ils ne comprennent pas, personne de ton entourage ne comprend et j’ai commencé à adopter les pronoms, les choses comme ça et tout et en fait j’en ai parlé un peu autour de moi dans ma classe et là je me suis rendu compte que j’étais la seule débile en fait à me définir comme ça mais vraiment. J’en parlais et tout le monde faisait “Mais elle va pas bien dans le ciboulot !” et c’était pas du rejet de dire “Ah, qu’est-ce qu’elle est bête !”,  c’était vraiment juste “Mais qu’est-ce qu’elle raconte ?” et du coup, je me suis vraiment rendue compte que c’était un peu comme une bulle et qu’en fait les féministes radicales avaient raison. Il fallait en fait avoir le courage d’assumer, que c’était une minorité d’individus qui disait n’importe quoi.

Ça m’a fait mon peak trans: je me suis dit “Mais en fait, c’est vraiment n’importe quoi.”. J’avais même adhéré à l’idée de préférences génitales, je m’étais dit “Bon, ça se trouve, on s’est un peu gouré sur tout ce qui est orientation sexuelle.” Ca n’avait aucun sens, enfin je veux dire, à 15 ans on découvre tous notre orientation sexuelle, même si on ne le fait pas de manière consciente, c’est quand même des thématiques qui reviennent par rapport à la découverte de la sexualité et tout.

Je me suis dit “Tout ce féminisme libéral, tout ce transactivisme, ça avait foutu le bins dans ma tête.”,  j’avais toujours été pour le soutien de la cause LGB…T et après, évidemment, je me suis dit “Je ne comprends pas en fait ce que le T a à voir avec le LGB.”, je ne comprenais pas pourquoi la transidentité, donc en fait qui est sur un sentiment profond de soi, avait à voir avec le fait d’entretenir des relations amoureuses et sexuelles avec autrui, ça n’a pas forcément de rapport.

Plus ils définissaient des termes comme “préférences génitales”, “ identité”… et plus, en fait, moi, en tant que gentille personne, ça remodelait complètement mon rapport aux lesbiennes, aux gays et aux bisexuels. Il y avait même le terme “pansexuel”, c’était un terme que j’adoptais mais que je ne comprenais pas parce que pansexuel, ça ne veut rien dire en fait, ça veut dire que tu veux relationner avec n’importe qui selon son identité genre mais en fait, comment je peux communiquer avec mes amis avec, ma famille et avec d’autres personnes sur quelque chose aussi flou ? Quand j’essayais d’expliquer à mon entourage, ils étaient tous là en mode “Bah en fait, c’est la même chose que bisexuel.” Ah mais non tu ne comprends pas, c’est parce que il y a une identité de genre et tout et après, en écoutant au fur et à mesure les féministes radicales et en écoutant mes amis qui me disaient “Tu racontes n’importe quoi.”, je me suis rendue compte que ça n’avait aucun sens donc là j’ai vraiment commencé à être dans la critique. Plus j’écoutais de contenus radfems, plus j’écoutais de trucs aussi qui étaient importants parce qu’on a d’autres choses à faire en fait, quand on écoute les féministes radicales, évidemment, et qu’on s’intéresse à des thématiques aussi importantes que les féminicides, que l’abolitionnisme, que la porno-prostitution, que l’excision, et que tu vois après qu’on parle en plus de plus en plus de mecs qui sont en jupe, on a autre chose à faire et du coup je me disais “Je vais un peu laisser cette thématique de côté, c’est bon, j’arrête d’en parler, de toute manière ça ne sert à rien, je vais plutôt écouter d’autres choses.” et en fait, je me suis rendue compte que ça, ça marchait pas. Les transactivistes, ils ont une progression incroyable, je ne sais pas comment ils ont fait mais en tout cas, ils ont inondé toute la sphère internet de leur cité. De plus en plus, j’ai vu mon entourage qui me disait avant “Non mais c’est n’importe quoi.” finalement être contaminé par cette idéologie. J’avais des amies avant qui, par exemple, ne comprenaient rien aux termes cis et trans qui maintenant, quand j’en discute avec elles, me disent “Mais si, mais moi je suis une femme cis et elle c’est une femme trans.”. A l’époque, tu me disais bien que c’était n’importe quoi, qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ? “Bah je ne sais pas, c’est comme ça, écoute, on m’a dit que c’était comme ça, je respecte, je vais faire plaisir à la personne.”. Mais quel changement dans ce petit laps de temps, environ 6 mois… Je me suis rendue compte que ça avait explosé d’un coup et là je me suis dit “On a un véritable problème.” et en parallèle sur les comptes militants radfems, je voyais que la discussion était de plus en plus abordée et plus elle était abordée, et plus moi, ma pensée, elle s’affirmait et elle devenait radicale aussi sur ce sujet là.

C’est pas possible, faut vraiment qu’on redéfinisse ce que c’est le genre et il faut qu’on redonne de la place au sexe parce que le genre, maintenant, la définition qui est employée dans mon entourage, dans mes amis, et même en psycho par exemple, c’est vraiment défini maintenant comme un ressenti et plus du tout comme un ensemble de stéréotypes et dans mon entourage, les gens qui n’avaient même pas la notion de genre avant comme étant ressenti, aujourd’hui, ils emploient tous cette définition donnée par les transactions et moi je pense que c’est le point important de bascule.

Nous, pendant des années, on a essayé d’implanter une définition qui soit carrée, qui soit claire, qui soit factuelle, et qu’on peut prouver par ailleurs et eux, en un ou deux ans de confinement, ils ont réussi à gagner tellement de terrain, que même des gens qui ne parlent pas de féminisme au quotidien et de transactivisme, ils appliquent leur définition. C’est quand-même incroyable.

Mon premier peak trans, je l’ai eu en discutant avec ma meilleure amie. En fait, on a vu un poste, je crois que c’était sur Period Studio qui parlait de protections hygiéniques, c’est un thème qui est quand-même super important parce qu’on a toujours pas par exemple de gratuité pour les protections périodiques, et là c’était un poste militant qui disait “Telles personnes en France [je ne me rappelle plus du pourcentage exact] souffre de précarité menstruelle.” et en fait, le terme employé dans le poste c’était personnes qui menstruent. En fait, j’ai eu un bug. Sur le moment j’ai relu deux fois le post parce que je me suis dit “Qu’est-ce que c’est “personnes qui menstruent” ?” avant de comprendre que c’était moi la personne qui menstruait; c’était nous les femmes en fait ! Du coup, j’ai envoyé le post à ma meilleure amie: “Tu en penses quoi ? Qu’est-ce qui se passe en fait ?”. Elle ne milite pas trop, elle regarde des trucs de très loin et tout et là elle m’écrit, premier truc elle fait “Mais c’est quoi “personnes qui menstruent” ?”. Ca peut paraître peut-être un peu bête, on peut se dire “Oh là là mais elles sont bêtes.” mais en fait, pas du tout, je pense que ce n’est pas évident de choper tout ce néovocabulaire: “personne à vulve”, “personne à pénis”, enfin “personne à pénis”, personne ne l’emploie, on sait très bien pourquoi, évidemment, mais ce vocabulaire là, en plus d’être super flou et difficile à comprendre, le premier sentiment qui me soit venu en lisant ce post, c’est “Ah oui, donc là je suis exclue, les femmes sont exclues, sous le terme d’inclusivité.”.

Tout mon parcours de féministe, j’ai parlé de règles et de menstruations, surtout au collège et au lycée, c’était important pour moi d’avoir le terme “femme” parce qu’en fait, le premier truc que je disais aux mecs c’était “Fermez-là parce que vos mères, les femmes de votre entourage, ont aussi leurs règles.”. C’était important de dire cette phrase et de situer que c’était une thématique féminine parce que la plupart des hommes pensent que c’est des êtres immatériels qui ont leurs règles. Dans la tête des gens, les règles, c’est une thématique à part qui ne touche pas directement le quotidien des femmes. Pour moi, quand on parle de règles, c’était important de dire que c’étaient les femmes qui avaient leurs règles parce que c’était un problème qui nous concerne au quotidien. Tout le monde côtoie des femmes dans son entourage, dire que c’est les femmes qui ont leurs règles, les gens pensent directement aux femmes qui les entourent donc ça relie directement la thématique des règles et tout ce qu’on a comme droit à avoir dessus aux femmes de leur entourage. Là, quand j’ai vu “personnes qui menstruent”, ça ne m’a fait penser à personne. Moi, quand je dis “personnes qui menstruent”, ça ne me fait pas penser à ma mère, ça ne me fait pas penser à mes amies, ça ne me fait penser à personne, en fait. C’est hyper détaché et ça nous enlève clairement la lutte militante parce que si c’est les personnes qui menstruent donc même des femmes qui se disent hommes dedans, même si ces hommes là entre guillemets ont leurs règles, on a plus besoin de se préoccuper des femmes, on s’en fout maintenant. Comme c’est un peu le problème de tout le monde, on le réglera plus tard et on le réglera quand les hommes auront aussi envie. Non, ça ne marche pas comme ça. 

Mon second peak trans: j’ai parlé de préférences génitales tout à l’heure, c’est en discutant aussi avec une amie. Je lui ai envoyé un post et ça, c’était un fil sur Twitter, en gros. Bon, Twitter on sait que c’est un peu un monde à part etil disait “Voilà, si vous êtes homosexuel ou hétérosexuel et que vous refusez d’avoir des relations avec une personne qui n’a pas l’organe génital qui correspond au genre qui vous attire, vous êtes transphobe.” et moi ça m’a fait halluciner parce que je me suis dit “Le sexe, ce n’est pas une partie génitale.”. Dans le fil Twitter, il disait “Non, en fait, quand on a une relation sexuelle, on n’a pas forcément besoin de s’intéresser aux parties génitales.”. Alors… Comment avoir un orgasme si on ne s’intéresse pas aux parties génitales, j’ai envie de te dire ? Ca, c’est une problématique typiquement féminine: le nombre de mecs qui ignorent toute une partie de notre organe et maintenant on devrait plus s’intéresser carrément à l’organe au complet, j’ai envie de te dire… On va se faire jouir comment ? Avec le regard ? Enfin, ça ne marche pas.

Parce que je me suis aussi mise là-dedans, c’est que ça montre bien l’incompréhension totale de ce que c’est le sexe par ces personnes-là.

En fait, le sexe, c’est une donnée biologique qui détermine aussi tous nos caractères secondaires. Quand on a est attiré par un sexe, on est aussi attiré par des traits physiques, par une répartition de masse graisseuse, par la voix, par la pilosité, enfin c’est un ensemble et en fait, là dessus, ce qui était hyper intéressant, c’est que je suis allée du coup voir la chaîne du Fou Allié sur Youtube. Le Fou Allié, je trouve que ses vidéos sont incroyables, il a fait une vidéo super complète sur “Qu’est-ce qu’une femme ?” et en fait, il parle de la différence sexuelle entre hommes et femmes et il donne tous les critères qui sont déterminés par le sexe.

Le sexe, je pense que c’est la chose la plus importante pour déterminer notre corps. Comment tu peux ensuite arriver à dire que le sexe, c’est secondaire dans une relation sexuelle ou dans une relation amoureuse ? Non, le sexe c’est primordial, c’est faux de le dire. Mais ça, ça nous a fait rire, honnêtement, on s’est dit “Mais c’est pas possible…” et en fait, j’ai vu dans ses commentaires, ces personnes-là, il y avait beaucoup de gens qui insultaient, évidemment, en fait quand tu réfléchis à cette réaction, ce n’est pas normal, évidemment, d’insulter une personne, on ne souhaite pas à cette personne d’être harcelée, pas du tout, cette vague de haine, on va dire, elle a été déclenchée parce que je pense que les gens, cette fois, ils se sont sentis vraiment, hommes ou femmes, attaqués dans leur intimité et avec toutes les problématiques qu’on connaît sur la difficulté dans un monde hétéronormé à connaître bien son orientation sexuelle et être à l’aise avec ça, je me suis dit “Mais ça, c’est une bombe qui est lâchée.”, je me suis dit “Mais autant pour les personnes hétérosexuelles, et plus encore pour les personnes homosexuelles, et surtout les femmes lesbiennes !”.

Comment on peut dire qu’une femme lesbienne, elle a envie de coucher avec un pénis ?! Mais ça ! Ca m’a tout de suite fait penser au porno, ça m’a tout de suite fait penser aux vieux gars qui allument leur catégorie “lesbiennes” pornifiées et qui pensent que des lesbiennes vont les accueillir dans leurs relations sexuelles. On est exactement là dedans et ça, ça m’amène à mon troisième peak trans, c’est le rapport entre la prostitution et le transactivisme.

Nombre de figures du transactivisme, je vais citer Olivier Schiappa et Beverluxe, qui est largement secondaire mais qui fait quand-même pas mal de bruit, sont en rapport avec la prostitution. Combien d’entre eux reprennent des codes pornifiés qui concernent évidemment les femmes ?

Il y en a beaucoup, de mâles transidentifiés, qui se revendiquent lesbiennes donc ils disent avoir des relations lesbiennes et en plus, il pornifient ces relations et ça c’est un retour en arrière incroyable ! C’est à dire que maintenant, ces figures-là sont présentées comme transactivistes féministes, elles mettent en scène tout ce qui est représentations pornos, surtout des femmes, et d’une catégorie de femmes tellement oppressées, les femmes lesbiennes, je suis dit “C’est pas possible, en fait !” et ils présentent en plus ça comme du sexe lesbien alors que l’élément principal de cette relation sexuelle, c’est la pénétration avec un pénis, mais on a franchi un pas de plus, on est littéralement sur le truc du mec qui voit deux lesbiennes qui s’embrassent dans sa rue et qui vient les voir et qui dit “Ouh là là, ça vous dirait pas de faire un trio ?”. C’est ça mais à une échelle vraiment gigantesque et aussi, un autre truc, là c’est récemment mais j’ai l’impression qu’il y a un an ce n’était pas encore aussi généralisé, mais c’est le fait de parler des enfants trans.

Les enfants trans vraiment très jeunes, c’est à dire que récemment, je suis encore tombée sur un fil avec un petit garçon espagnol qui se revendique fille du coup, qui a parlé je crois au Parlement espagnol, c’était il y a à peu près un an, qui a fait un discours et tout sur la nécessité d’accompagner les enfants trans. Je me suis dit “On a foutu un petit garçon devant un Parlement, filmée en plus son intervention !”, donc à son âge, à visage découvert, sans voix brouillée ni rien, pour parler de ce sujet-là, mais on va où là ? C’est un enfant de 4 ans ! Déjà, les enfants, je pense qu’ils devraient être protégés de l’espace public le temps qu’ils puissent se construire, mais s’ils ne sont même pas protégés dans leur espace privé et qu’on dit à un enfant qui a telle préférence pour tels jouets, pour tels vêtements, pour tels… je ne sais pas, pour tels groupes d’amis… on lui dit qu’en plus, il est pas bien dans son corps, mais comment un enfant de 4 ans peut comprendre ça ? C’est impossible, déjà que c’est compliqué à figurer pour des adultes, là on a franchi un cap gigantesque.

Comment on peut dire que la transidentité peut être innée dès la naissance, comment on peut dire que des enfants de moins de 5 ans peuvent être transidentifiés ? Déjà que moi, ça me choque, en dessous de 18 ans, alors là, ma mâchoire elle s’est décrochée ! Ce n’est vraiment pas possible, quand j’ai vu cet enfant parler devant une cour d’adultes, je me suis dit “Comment ces adultes-là n’ont pas le recul nécessaire pour dire qu’on va protéger cet enfant et on va faire ce qu’il faut pour lui, pour qu’il puisse grandir normalement ?” parce que c’est pas un développement normal que de mettre un enfant sur une voie qui fait que quand il va arriver à la puberté, on va bouleverser sa vie en changeant son corps. Il n’y a aucun de ces adultes de cette assemblée qui a eu le recul nécessaire, c’est incroyablement dangereux.

Et aussi, par rapport aux enfants, évidemment, le documentaire “Petite fille”. Pour ça je pense que même ça se passe de commentaires tellement c’était incroyable à voir en fait. Et il y a beaucoup de gens qui ont critiqué sa mère, moi quand j’ai regardé cette maman, tout le monde a dit “Ouais, ‘est de la faute de la mère.” et tout, cette maman là, ça se voit qu’elle est complètement paumée et qu’elle essaie que son enfant soit heureux, c’est juste la faute aussi des gens derrière qui ont plus de recul que cette maman et qui ont pas stoppé le mécanisme et qui ont dit “On va proposer quand-même quelque chose de beaucoup plus correct à votre petit garçon parce qu’en fait, là ça va, c’est pas grave.”.

J’ai regardé les critères du DSM5 pour définir ce que c’est qu’un enfant transidentifié et c’est vraiment des critères à base de “Il n’aime pas ce jeu de garçon, il va préférer ce jeu de petite fille, il n’a que des amis de l’autre sexe, il s’habille avec les vêtements de l’autre sexe…”, enfin quel petit garçon n’a jamais essayé les jupes de sa maman ? Quel petit garçon n’a jamais joué avec le rouge à lèvres de sa maman ? Quel petit garçon ne s’en fout pas un peu des vêtements qu’il porte tant qu’il peut jouer dans la cour de récréation ? Vraiment, je me dis que c’est incroyable, ces critères-là ils sont hors sol, ils ont été reconnus par des adultes et quand j’ai lu ça, c’est trois événements se sont enchaînés en fait: le premier m’a amené à m’intéresser à la thématique des enfants et ça, je pense que c’est le truc qui m’a le fait le plus péter un câble. 

Rebelles du genre – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour notre démocratie ?

Julie – Pour les femmes, parce que je pense qu’en fait, ce qui se met en place, c’est la disparition de la catégorie “femme”, c’est à dire que tout ce qui nous appartient comme luttes en tant que femmes, par exemple tout à l’heure comme je l’ai cité pour les règles, pour la grossesse, les luttes médicales, tout ce qui est luttes anti problèmes médicaux pour les femmes, tout ce qui est vraiment itinérant à la thématique de base féministe est tout repris par le transactivisme, que ce soit pour les enfants, les règles… je pense que c’est celui que j’ai cité tout à l’heure, c’est le plus parlant et par exemple, pour les espaces séparés, pour la non-mixité. La non-mixité, de base, c’est quelque chose qui est essentiel pour les femmes parce que ça nous permet de nous exprimer en toute sécurité mais aussi de pouvoir aborder des points sans que les hommes nous coupent constamment le discours et la parole et là, on se retrouve avec des personnes qui se revendiquent femmes et qui ont été sociabilisées en tant qu’hommes et même des femmes qui se disent hommes et du coup, qui adoptent ces codes d’agresseur, qui reproduisent tous les codes avec dans ces milieux militants.

On a écarté le problème, on avait réussi un tout petit peu à gagner de l’espace, à sortir les hommes pour avoir nos propres espaces et là, en fait, on se rend juste compte qu’ils rentrent par la porte de service et ça, c’est tellement dangereux, on peut plus se réunir en réunion de non-mixité totale pour parler d’agressions sexuelles. Pour des groupes de soutien, on n’aurait théoriquement pas le droit de refuser l’arrivée d’un porteur de pénis dans notre salle au milieu alors que toutes ces femmes, potentiellement, ont été agressées quasiment à 100%, agressées par ce même pénis. Comment on en est arrivé à ce point-là ? C’est à dire que les femmes n’ont plus le droit à la… On pourrait faire une métaphore simple: c’est comme si t’étais chez toi, que tu fermais ta maison, que t’installais tes alarmes et tout, que tu allais prendre ta douche, que l’État mettait une loi qui fait que tout le monde a les clés de chez toi et que tout le monde pouvait aller t’observer sous ta douche (c’est ce qui arrive aux femmes) et que tout le monde prenait tes affaires, les touchait et les réorganisait exactement de la manière qui leur plaît.

En fait, les luttes antiporno et antiprostitution, de base, elles sont organisées par les femmes, on a tels angles d’attaque, on a fait notre planification, on a fait nos mouvements et tout, et là tu as des hommes qui arrivent et qui nous font “Non mais moi, je pense que c’est pas du tout ça.” et qui nous chamboulent et comme ces hommes-là, ils se revendiquent femmes et que la plupart des femmes ils ont réussi à nous imposer cette manière de penser, ils arrivent à nous imposer cette organisation dans nos luttes et en fait, si on n’a pas nos moyens de lutter et si on n’a pas nos moyens de s’exprimer, on n’arrive à rien faire et le pire, je pense, dans tout ça, c’est que bientôt, ça passera dans les lois.

La plupart des femmes, elles se taisent parce qu’elles ont peur, parce qu’elle veulent être gentilles, parce qu’elles adhèrent aussi parfois, il faut quand-même le dire, il y a beaucoup de femmes qui adhèrent, il n’y a quasiment pas d’opposition et pour tout ce qui se passe de non-mixité, pour tout ce qui est vestiaires, pour tout ce qui est définition par exemple d’une femme et tout.

Un jour, ça finira par passer, un jour on modifiera les lois et on aura des lois du pays qui sont basées sur l’identité de genre, on aura plus de loi pour les droits des femmes basés sur le sexe et ça, c’est un danger incroyable pour les femmes.

Et aussi un danger de la transidentité dont on parle moins, c’est qu’ on voit beaucoup de mecs en général hétéros, qu’on qualifierait de cis, qui sont d’accord avec des femmes critiques du genre mais ils sont pas d’accord avec des femmes critiques du genre parce qu’ils adhèrent à nos idées de déconstruction du genre, ils sont d’accord avec les critiques du genre entre guillemets parce qu’ils ont une vision conservatrice de la société. En fait, les trans activistes ont réussi à donner du sens à la volonté de conservation du genre par beaucoup de masculinistes. Je pense que le meilleur exemple de ça, c’est par rapport au fait que les transactivistes donnent du crédit aux idées des conservateurs masculinistes.

C’est le documentaire de Matt Walsh “What is a woman ?”, c’est un documentaire qui, théoriquement, quand tu le regardes, tu es d’accord quand tu es critique du genre, tu fais “Bon, il y a certains points qui sont très intéressants et que la plupart de la population serait d’accord.” sauf que derrière, c’est pas des idées critiques du genre qui sont soutenues, et déconstructions du genre, non, non, c’est des idées conservatrices qui sont “Une femme doit être comme ça, un homme doit être comme ça.” donc en fait, on se retrouve à ce débat-là: soit les transactivistes inventent leurs idées et derrière, ça paraît tellement loufoque pour une grande partie de la population qu’en fait, ils donnent du crédit à tout ce qui est renforcement du genre dans la vision masculiniste. Au final, personne j’ai l’impression, ou très peu de gens dans la population générale, ne font l’effort d’écouter les femmes qui parlent de déconstruction du genre et ça, je trouve que c’est incroyable parce qu’ils ouvrent le boulevard aux masculinistes.

Et aussi, le féminisme est en train de se prendre un énorme coup parce que maintenant, je pense que vous avez déjà entendu l’expression, pleins de personnes disen “Moi je ne suis pas féministe.” et avant c’était “T’es une féministe extrémiste.”, maintenant on dit “T’es une néoféministe aux cheveux bleus.”. Alors, on voit à quoi ils font référence, tu vois qu’ils font référence aux transactivises de Twitter, tu vois de qui ils parlent quand ils disent “Ouais, je suis un hélicoptère de combat, les féministes vous cassez les couilles.”, ils font pas la différence avec les transactives. Quand ces mecs-là et ces femmes-là disent ça, en fait ça décrédibilise le mouvement féministe en même temps.

Le transactivisme, par ses glissements idéologiques, tire le féminisme derrière lui. Le féminisme est en train de se vider de son sang, de tout en fait. On perd nos luttes et en plus, on perd notre crédibilité, le peu de crédibilité qu’on avait et en plus, par rapport au féminisme libéral, personne quasiment ne connaît l’appellation “féminisme radical” donc en fait, ça fait vraiment de nous un microcosmos qui est invisibilisé par toutes ces idées qui n’ont aucun sens des deux côtés.

Tout le monde est en train de donner sa propre version du féminisme, on n’a plus d’unité et de l’autre côté, t’as les masculinistes qui continuent évidemment leur acharnement contre le féminisme, c’est vraiment un truc de fou.

Et pour la société aussi je pense que c’est important que… ça c’est un peu bête à dire mais dans notre société, on a quand-même besoin d’avoir des normes communes et les transactivistes, leur idée principale, elle est très déconstructiviste, c’est à dire qu’il n’y a pas de norme nulle part, chacun pourrait faire ce qu’il veut, chacun se déterminer comme il veut et tout le monde devrait s’adapter à la perception individuelle de cette personne. En fait, une société ça ne fonctionne pas comme ça et si on ne reconnaît pas le droit ou le choix dans la société de s’articuler en fonction d’une perception collective, on n’arrive plus à communiquer, c’est très individualiste, c’est à dire qu’on n’arrive plus à se fédérer en collectif. Si on devait appliquer tout ce que les transativistes disent, j’ai l’impression que ça limiterait énormément les échanges entre le collectif. Je vais vous donner un exemple concret: si vous êtes un groupe de 10 personnes et que dedans, il y a… je ne sais pas, trois personnes non-binaires, on va prendre exactement l’exemple de la non-binarité, et que vous devez faire une règle commune qui prendra en compte, je ne sais pas, la séparation de vestiaires et que vous devez prendre en compte le fait que ces personnes-là soient non-binaires, vous n’arriverez jamais à prendre un accord parce qu’ils vont dire “Vous êtes un groupe de personnes, ces personnes-là, la norme de société voudrait qu’on ne sait pas en fait en fonction des sexes parce que c’est la règle logique.”, mais ces personnes non-binaires là vont devoir casser cette règle, en fait on va devoir s’adapter à leur perception individuelle et on n’arrivera jamais à déterminer quelle séparation on doit faire parce qu’il faut correspondre à chacun et une société, elle ne peut pas faire une règle en fonction de chaque personne, il faut qu’on arrive quand-même à s’aligner tous sur un même continuum et là, on ne peut pas le faire, en fait, on ne peut pas arriver avec le transactivisme à se dire “Ok, on part tous sur une base commune, c’est notre interprétation commune et on le fait.”. On ne peut pas segmenter à ce point.

Et enfin, pour les enfants, j’en ai déjà parlé un peu, les enfants pour moi, c’est des êtres qui sont en développement. Le développement des enfants va jusqu’à 25 ans je dirais, je pense qu’avant 25 ans, tu n’as pas fini ton développement, tu n’as pas d’expérience, tu n’as pas de maturation, qu’elle soit physique ou cérébrale donc tu es tout le temps en construction. On ne peut pas introduire une idée aussi déconstructionniste que la transidentité pour les enfants.

Quand on passe par exemple à l’adolescence, on découvre plein de choses, il nous manque plein d’éléments de compréhension qui sont en général censés être apportées par notre entourage, par exemple sur tout ce qui est passage à la puberté, on découvre notre puberté par nous-mêmes mais aussi par rapport aux rapports qu’on a aux autres. C’est un peu plus compliqué quand on est une femme parce qu’en fait, quand on passe la puberté, on se rend compte que toutes les normes sociétales nous sautent un peu dessus encore plus, on se fait vraiment étrangler mais globalement, c’est une construction qui est très fragile à avoir, qui est à la fois personnelle mais à la fois collective.

Là, la transidentité, ça veut dire que tu vas demander à des gens, à des enfants et à des adolescents de déconstruire quelque chose qu’ils n’ont même pas encore acquis; c’est à dire par exemple, quand tu fais faire une transition à une jeune femme par exemple de 16 ans pour qu’elle devienne un homme, tu vas lui demander de déconstruire son identité de femme alors que son identité de femme n’a même pas été encore construite et n’a même pas encore été stable. Elle ne sait pas encore tout à fait ce qu’est d’être une femme, elle est en découverte de son identité de femme et là, tu vas demander d’abandonner toute son éducation qu’elle a reçue pour l’instant en tant que femme, tu vas lui demander de se séparer de son développement pour sa puberté et de son corps alors que son corps n’est même pas encore formé, c’est-à-dire qu’il y a des jeunes femmes qui passent sur le billard en se faisant par exemple couper la poitrine ou en se faisant créer un pénis donc qui ne sont même pas encore à l’aise quand elles étaient femmes, qui n’ont même pas encore eu le temps d’être totalement à l’aise avec le développement de leur corps.

C’est quand-même incroyable de dire que l’on peut ressentir de la dysphorie de genre à partir de 11 ans donc par rapport à son corps, la dysphorie c’est quand-même un mal-être par rapport à son corps, alors qu’à 11 ans on n’a même pas encore une puberté qui nous permette d’appréhender vraiment ce que c’est notre être physique. C’est comme si on disait par exemple à un enfant de 8 ans, dire qu’il ressent de la dysphorie de genre alors qu’en fait ils n’ont même pas encore fait leur puberté, qu’ils n’ont même pas encore leur corps d’adulte, c’est complètement paradoxal, tu ne peux pas ressentir un mal-être entre ton corps et ton genre si ton corps n’a pas encore fini de se développer, tu ne le connais pas encore en fait et je me dis “Ca, c’est incroyable !” et surtout, quand on regarde la dysphorie de genre en général qui est un des symptômes principaux de la transidentité, elle apparaît surtout à l’adolescence parce qu’on a du mal à saisir le décalage qui se passe entre notre enfance et notre adolescence, c’est quand-même un énorme changement et la plupart des gens ont du mal avec ce changement. Ce mal-être là, en général, il part quand on est adulte parce qu’on a réussi à se construire une identité par rapport à notre corps, on est plus à l’aise avec ça, on s’est formé, on intègre aussi un peu plus la manière de réagir à la perception des autres vis-à-vis de nous et là en fait, ça voudrait dire que la transidentité intervient à ce moment fatidique où on se construit pour dégommer cette construction. C’est comme si vous commenciez une course, que vous deviez faire un 100 mètres et qu’avant même d’être arrivé aux 100 mètres, vous vous arrêtiez et vous disiez “Non, en fait, ça va pas le faire, je ne le sens pas.”. Vous n’avez même pas fait encore votre performance, vous ne savez pas si elle est bonne ou si elle est mauvaise, vous arrêtez au milieu: “De toute façon, la performance est mauvaise donc je ne courrai pas.” Ca n’a pas de sens. On se dirait “Non, continue et après on verra effectivement si ça te convient ou si ça ne te convient pas.”.

Là, la transidentité et la manière dont c’est présenté aux adolescents, on n’attend même pas de voir s’ils sont sûrs de leurs sentiments, on n’attend même pas de voir si effectivement ça ne va pas avec leur corps, on les jette directement.

Et en plus, maintenant, il y a la version un peu plus soft on va dire, où on peut se décrire dans notre genre mais on n’a pas besoin de faire de transition. Alors là c’est un méli mélo parce qu’en fait, ces adolescents, en général, ils souffrent parce qu’ils savent qu’ils sont perçus par leur sexe par les autres parce que c’est comme ça en général qu’on perçoit les individus et eux, ils sont en lutte permanente pour qu’on les valide dans leur genre qu’ils se disent alors qu’en plus, ils n’ont même pas de passing. Du coup, ils sont constamment en lutte avec les autres, constamment en conflit, pour faire valider une identité qui n’existe même pas. C’est hyper destructeur et tu ne peux pas être harmonieux avec toi-même si tu es constamment en lutte avec la manière dont tu te places vis-à-vis des autres et de toi-même. C’est très dangereux je trouve pour les enfants et pour les adolescents, en fait.

Rebelles du genre – Du coup, c’est peut-être aussi pour ça qu’il y en a beaucoup qui se disent non-binaires ?

Julie – Ouais, la non-binarité c’est un peu en dehors de ça en fait, moi je trouve qu’on est dans une époque où les adolescents… C’est peut-être un peu bizarre ce que je vais dire mais je dirais que chaque époque, pour l’adolescence, il y a des modes en fait et j’ai l’impression que la non-binarité, au-delà d’être liée à un mal-être physique, elle est aussi liée au fait qu’on a envie d’appartenir à une communauté.

Je pense qu’il y a beaucoup d’adolescents et d’enfants qui trouvent du support auprès de leurs camarades et un point d’entente dans le fait de se déclarer non-binaire parce que du coup, ils appartiennent quand-même à la communauté trans et en même temps, ils n’ont pas besoin de faire de changement donc c’est à dire qu’ils sont cajolés, qu’ils sont en échange avec les autres, qu’ils se sentent intégrés et en même temps, ils ne font pas de changement. Moi, je pense que c’est vraiment un but d’être intégré ou juste d’être un peu en rébellion.

Rebelles du genre – Donc vraiment, pour toi, c’est plus une mode ou une recherche de communauté, c’est comme être gothique, tu peux être non-binaire.

Julie – Ouais. Dans ma fac, je vois beaucoup de gens qui se déclarent non-binaires parce qu’ils disent… Enfin, c’est un peu bizarre à dire. Ils disent “J’ai le sentiment d’être spécial.” et tu fais “Mais… t’as le sentiment d’être spécial, pourquoi ?”, “Tu comprends, parce que je ne correspond pas à la société.” et du coup, la réponse qu’ils ont trouvé, c’est la non-binarité. Tout le monde ne correspond pas à la société parce que la société, c’est une moyenne qui est parfois très injuste et contre laquelle les féministes se battent en ce qui concerne le genre et donc toi, tu vas, à partir de ce mal-être là qu’on ressent tous, surtout toutes les femmes en fait, ils se décrètent une

identité personnelle parce que ça les… je ne sais pas, ils ont l’impression d’avoir trouvé leur solution, d’avoir trouvé leur clé. Tu n’es pas spécial en fait, tu es comme tout le monde mais tu te rassures en fait, pour moi.

Rebelles du genre – Donc c’est encore plus what the fuck que le reste (rires).

Julie – En fait, pour moi, la non-binarité, c’est vraiment… “Oh, she’s different !”, genre, vraiment, pour moi, c’est ça.

Rebelles du genre – Au moins, ils ne font de mal à personne, ceux-là.

Julie – Ben, en fait, je ne suis pas sûre parce que… pour moi, le fait de se déclarer non-binaire, c’est vraiment un doigt d’honneur à tous les autres, c’est à dire que tu gardes ton apparence physique, tu sais que tu es perçu comme une femme ou comme un homme; en plus, tu pousses les autres à aller contre leur perception, ce quie st quand-même violent au niveau cognitif. Des gens que je connais, qui sent “Non mais je suis non-binaire.” alors que par exemple je sais que c’est des mecs ou que je sais que c’est des filles, ça me demande un effort supplémentaire mental pour ne pas les blesser, pour ne pas déraper alors qu’en plus, ils SAVENT qu’ils sont perçus pas parce qu’ils ressemblent à un mec ou à une fille, parce qu’ils en sont. C’est violent pour les autres et en plus, c’est vraiment le fait de dire “Ecoute, toi tu corresponds à 100% aux stéréotypes, reste dans ton truc. Moi, je suis différent, moi j’ai choisi d’être différent comparé à toi.” alors qu’en fait, ils en sont au même stade que nous. Je trouve ça limite insultant, en fait.

Rebelles du genre – Ouais, je vois bien l’image, du coup, du doigt d’honneur: “Vous qui choisissez d’être complètement victimes de votre oppression, c’est sans nous.”.

Julie – Moi j’avais vu une affiche qui m’avait vraiment fait rire, c’est une femme voilée non-binaire. Une femme voilée non-binaire, genre (rires). Et par rapport à ça, j’ai une anecdote un peu personnelle, c’est… il y a quelqu’un que je connaissais du collège, que je connais du coup depuis 6 ans. C’est un mec, il a toujours été connu comme un mec, quand je me faisais harceler sexuellement au collège avec toutes mes copines et tout, il ne disait rien comme les autres mecs, il avait vraiment le comportement typique d’un mec et aujourd’hui, il se dit non-binaire féminine. Il n’a rien changé à son apparence. Mais quand je vous dis rien changé, c’est rien changé. Je lui ai dit “Tu as déjà éprouvé de la dysphorie de genre, quelque chose comme ça ?”, il m’a dit “Non, non, pas du tout.”, il poste des photos de lui torse nu à la plage parfaitement à l’aise dans son corps et tout mais par contre, je dois l’appeler “elle”. Et moi, je trouve ça hyper violent parce qu’il continue à tenir des positions hyper misogynes, évidemment il a eu une éducation d’homme et en même temps, il me dit “Non mais t’inquiète, j’ai le même vécu que toi.”. Mais t’as pas du tout le même vécu que moi, rien qu’au collège on a eu un vécu tout à fait différent, moi j’ai un vécu traumatique parce que j’avais le malheur d’être là, d’être une fille, toi tu étais tranquille, pépouse, et tu me dis qu’on a le même vécu ?! Et qu’en plus, je devrais t’appeler “elle” et en même temps t’es non binaire ?! Donc genre “elle”, “iel”, “ielle” ?? Je ne sais pas, c’est… (rires) ça n’a pas de sens.

Rebelles du genre – Ouais, c’est complètement insensé…

Julie – J’en ai parlé avec des amis qui sont aussi potes avec lui et ils m’ont dit “Tu es méchante et tout.”,  je leur ai fais “Mais j’en ai rien à foutre d’être méchante !” et deux mecs, avec moi et une amie à moi, et je me suis tournée vers mon ami fille et je lui ai dit “Toi tu te sens femme ?” Elle m’a dit “Non, moi, je ne me sens pas femme.”. J’ai regardé mes deux potes mecs “Vous vous sentez mecs ?” “Bah… Quand je regarde mon pénis.”. Voilà, genre, c’est votre réponse ! Il n’y a rien à ajouter par dessus ça !

Rebelles du genre – Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner et ce, de manière anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, est-ce que tu te sens en danger ou est-ce que tu te sens parfaitement tranquille pour pouvoir assumer ces positions et parler librement ?

Julie – Alors, j’ai décidé de témoigner en anonyme, je n’ai jamais subi de pression; en revanche, je suis en étude de psychologie. Ca, c’est une thématique importante pour moi parce qu’en ce moment, dans ma filière, tout le monde est pro-transidentité mais quasiment tout le monde. Sur la fac, on est… je ne sais pas, sur ma promo, on doit être 600, on doit être 10 à être critiques du genre. Vraiment, c’est rien du tout et plusieurs fois, sur les forums de ma fac, j’ai trouvé des messages du type “Si vous êtes transphobe, vous êtes signalé à l’administration.” donc être signalé à l’administration, ça peut potentiellement dire aboutir à un conseil disciplinaire. Évidemment, ça ne m’intéresse pas du tout de passer en conseil disciplinaire et à chaque fois qu’on aborde ce sujet dans la fac, ça nous concerne directement parce que évidemment, on est en formation de psychologue donc qu’est-ce qu’on va voir ? Par exemple, on va voir des personnes qui sont transidentifiées. C’est quand-même… la dysphorie, c’est quand-même c’est un trouble mental, du coup on les voit en cabinet, évidemment, et le truc, le grand mouvement en ce moment, c’est de dire “Si vous recevez un patient trans dans votre cabinet, vous ne remettez pas en question son ressenti, c’est-à-dire il vous dit qu’il est trans et qu’il veut transitionner, vous n’avez rien à dire là-dessus.” 

Alors, alors… Ça fait plusieurs fois, moi, que je dis que je ne suis pas d’accord avec ça et ça fait plusieurs fois qu’on me fait comprendre que je dois la fermer. Je dis à chaque fois “Oui, moi, je pense que ce n’est pas notre rôle, moi je pense qu’on doit quand-même questionner parce que la dysphorie, ce n’est pas forcément relié à la transidentité, ça peut être surtout relié par exemple aux troubles du comportement alimentaire, à des traumatismes sexuels…”, enfin plein de choses, en fait, et ça plusieurs fois qu’on me dit “Non mais en fait, t’es transphobe.”. Le sous-titre c’est “Sale merde” en fait, faut pas chercher et “Pourquoi tu es en psycho ?”.

Si je témoigne en anonyme aujourd’hui, c’est parce que j’ai peur que plus tard ça m’apporte vraiment des problèmes, même vis-à-vis de mes profs. Donc je peux être  rapportée à mon administration pour avoir tenu les propos que je tiens, parce que vraiment, j’ai des amis dans ma fac qui m’ont exprimé des propos critiques du genre… La moitié de la fac, vraiment la moitié de leurs amis, vraiment, sur des gros groupes d’amis, ne leur parlent plus ! Ça c’est un côté amical, ok. Mais je me dis, mais plus tard, si jamais des choses empirent, moi je pouvais vraiment avoir des difficultés, je pense, à accéder à certaines  formations, ou quelque chose comme ça, si j’ai des problèmes avec l’administration. Et ça, ça me fait vraiment très peur. Peut-être que je me fais des films, mais honnêtement…

RDG – C’est grave, en fait, ce que tu dis. Mais la question c’est, sur les forums de la fac, quand tu dis qu’on pourrait vous signaler, etc. Mais qui c’est qui tient ces propos ? C’est des profs, c’est des étudiants ?

Julie – Alors en fait, les messages du forum sont en anonyme. Mais en fait, ce que j’ai compris de ces messages qui étaient postés, c’étaient des responsables étudiants, des gens qui sont en communication avec l’administration, et des étudiants plus âgés. Et moi, ça me fait très peur, parce que je me dis, dans ma fac – c’est une fac qui est sciences et psychologie, qui est plus tournée vers un côté recherches, donc en fait, c’est censé être plus rationnel que les facs de psycho psychanalytique, sauf qu’on a quand-même des approches, parfois, qui sont assez psychanalyse – et je me dis, qu’en fait, j’aurais vraiment peur de tomber sur des profs qui me disent, en fait, tu n’es pas faite pour la psychologie, ça va te tomber dessus, quoi. Moi, j’aurais vraiment peur de ça. Alors qu’en plus, c’est vraiment le métier que je veux faire, j’en suis convaincue. Et surtout qu’en fait, je n’ai pas de haine. Moi, je sais, plus tard, quand je serai psychologue, et que j’aurai mon cabinet et que par exemple, je recevrai des jeunes qui veulent discuter de leur transidentité, entre guillemets, avec moi, et bien je sais que je ne serai jamais violente. Je sais que… je sais que je discuterai, que j’écouterai leur vécu, que je serai vraiment dans mon rôle de psy, quoi, que je n’ai vraiment pas de haine, et que je cherche juste à comprendre. 

Et je me dis, rien que le fait de chercher à comprendre, si ça c’est pénalisé… 

Dans ma fac, je me dis, mais je veux vraiment exercer ce métier. Parce que je pense que j’ai un rôle à jouer, et que la future génération de psychologues et psychiatres a vraiment un rôle important.

Et je me dis, je suis psychologue critique du genre… si ça se trouve, on est en voie de  disparition, les psychologues critiques du genre ! 

RDG – Le problème, c’est la loi qui est passée l’an dernier, la loi sur les thérapie de conversion, qui oblige les soignants, en fait, à avoir une approche transfirmative, faute de quoi ils peuvent perdre leur droit d’exercer.

Julie – Ça, on n’en a quasiment pas parlé en cours. Moi, ça m’a inquiétée. Je voulais poser la question, mais on n’avait pas le temps. Quand j’ai vu ça, je me suis dit, mais en fait, c’est n’importe quoi, parce que dans le DSM 5, en fait, la transidentité figure dans le DSM 5, la dysphorie de genre, ce n’est pas pour rien, en fait. Je me dis que c’est parce que c’est une pathologie.

Donc là, c’est-à-dire qu’on va recevoir des patients en cabinet sans pouvoir parler de leur pathologie ? C’est comme si je recevais une patiente anorexique, ça, d’ailleurs, ça avait été cité par le Fou Allié comme exemple. C’est comme si je reçois une patiente anorexique et que je devais confirmer son anorexie parce qu’elle est “transmaigre”. Ça n’aurait pas de sens.

RDG – Le projet, aujourd’hui, de l’organisation mondial pour la santé trans, le WPATH, c’est de sortir la dysphorie du DSM5. 

Julie – Je ne pense pas qu’à terme, ça se fera. Parce que c’est quand même reconnu comme une affection longue durée, donc en fait, les soins sont remboursés par la Sécurité sociale, pour certains, ou par les assurances.

Ils veulent le sortir, mais est-ce qu’ils vont vraiment complètement sortir d’une approche médicale? Parce que ça serait quand même très dommageable pour les personnes trans qui veulent pouvoir faire leur transition sans payer les frais, quoi. Parce qu’on sait qu’aujourd’hui certaines opérations sont remboursées, les épilations laser pour les poils sont remboursées… ça c’est risible, mais bon.

Moi, je veux pouvoir donner la meilleure approche à mes patients, évidemment. Si un patient, qui au bout d’années de thérapies, ou de mois, me dit : effectivement, je me sens toujours trans, et je pense que je suis trans, je n’irai jamais contre, évidemment. Mais je voudrais au moins avoir la possibilité de vraiment discuter en fait, de faire mon travail, tout simplement. Et je n’ai pas envie de me faire virer de la fac par des gens qui me signaleront, parce qu’ils ont une pensée ultra idéologique et dogmatique.

RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ? 

Julie – Alors là, je vais choisir de raconter une anecdote assez drôle au final, avec du recul. Drôle… c’est un rire jaune, on va dire.

Alors j’ai 16 ans, je me balade sur Instagram, et là je vois des potes radfems à moi qui me balancent un compte, celui de “I am Beverluxe”. Donc un homme transidentifié qui a un compte MYM ou Onlyfans, je ne sais plus. Et je vais voir sa story – et en fait les filles m’ont dit ouais va voir sa story, et tout – donc je vais voir sa story, et là, je le vois qui se masturbe en story. Mais vraiment. Enfin, je pense que vous voyez comment les hommes se masturbent, donc tu vois le… tu vois son bras bouger, tu vois ses gémissements, et tout. 

Et en fait, moi, ça m’a choquée.

Je me suis dit, mais ce n’est pas possible. Du coup je me suis dit : je vais écrire un message bienveillant. Je lui ai dit mais tu penses que ça, ça a vraiment sa place sur Insta ? Parce que là, on le voyait vraiment avoir des râles de plaisir, son visage se crisper, enfin bref, on voyait vraiment. En fait, c’était du soft porn avec un lien direct vers son MYM,  et je lui ai dit mais ça, ça n’a pas sa place sur Instagram. Ça, ce n’est pas possible, en fait. Ça, c’est la sexualité que tu montres. 

Et en fait, il m’a répondu littéralement : “Bouffe-moi le cul, petite conne de salope.”. J’ai vu le message, ce n’était pas “Bouffe-moi le cul”,  c’était “Bouffe-moi la rondelle.”. 

Mais ça,  c’est un comportement de mec ! Mais je me suis dit : il y a pas plus masculin que ça en fait. Jamais une femme n’aurait dit à une compère “Bouffe-moi la chatte”… ça n’a pas de sens. Du coup, je me suis fait bloquer, il m’a affichée dans sa story. J’avais 16 ans. Donc il m’a potentiellement exposée à du harcèlement et j’étais là… Je me suis dit “c’est pas croyable” quoi… Evidemment, je n’ai pas reçu de messages parce que je pense que les gens ont autre chose à faire de leur vie qu’insulter des petits comptes anonymes comme le mien – comme je suis pas un gros compte, je suis juste radfem… enfin voilà… Je pense ils ont juste vu ça dans leur story et se sont marrées entre personnes débiles, mais il m’a potentiellement exposée à du harcèlement alors que j’étais mineure. Il m’a clairement dit de faire des choses sexuelles alors que j’étais mineure… Il ne se renseigne même pas sur mon âge alors qu’en plus il se masturbe dans sa story, ce qui est interdit clairement par Instagram. Sur Instagram, ils ont une modération parfois très bancale… Mais je me suis dit « c’est pas possible”… Et récemment, il y avait un commentaire – c’était la journée sur “le coin des LGBT”, donc un autre compte militant – c’était la journée des travailleuses du sexe. Oui, vive la prostitution et tout… Et je suis allée dans les commentaires de la publication, j’ai écrit un message abolitionniste “on se bat contre le droit des hommes de violer des femmes, on se battra toujours contre ça ; le terme c’est pas travailleuse du sexe, c’est prostituées”… J’ai fait un long message et tout, hyper construit, j’ai fait “Respectez ces femmes, allez écouter les survivantes” et tout… J’étais hyper claire, concise… Et il m’a répondu, il m’a dit “Ouais, en fait, tu es juste putophobe”. J’avais changé de compte, donc il n’a pas reconnu mon compte. Il m’a dit “T’es putophobe, renseigne-toi, t’y connais rien, de toute façon ça se voit que tu es une conne, t’es une conne d’abolitionniste”… Donc c’est ce mec-là qui m’a littéralement insultée, qui s’est masturbé en story et qui vient me donner des leçons de féminisme sur comment on parle des survivantes et comment on écoute leur parole ! Hallucinant ! Ça m’a choquée… Et son message a été liké, je crois, plus d’une centaine de fois. Donc là, tu as une vague de soutiens pour un mec qui, en plus, avait affiché sa réponse ultra sexualisée dans sa story. Il le fait tout le temps, des trucs comme ça ! Comment les gens peuvent supporter ça ?! Ils ne voient pas ça ? C’est incroyable ! C’est les mêmes délires que Olivier Ciappa, là… C’est pareil. C’est pas possible… Du coup, cette anecdote me fait rire avec du recul, mais je me dis que les gens qui soutiennent le mouvement transactiviste et, du coup, qui soutiennent la prostitution via le mouvement transactiviste, ne connaissent rien, ça se voit. C’est zéro sur vingt.

Rebelle du genre – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Julie – Ce que je dirais, au final, c’est que l’on peut être critique du genre. Les critiques du genre sont beaucoup vues comme des femmes horribles, qui seraient méchantes et tout… Il ne faut pas avoir forcément peur de cette image. Ok, elle n’est pas agréable à supporter, parce que quand on parle avec des gens, ils me disent “Oui mais en fait, vous ne respectez pas les sentiments des gens, vous leur faites mal”… Mais je pense qu’on n’a pas forcément à respecter les sentiments des gens, surtout quand ils ont un impact sociétal aussi grand que celui de la transidentité. Surtout, je n’ai jamais vu une femme critique du genre insulter, menacer ou violenter une personne trans. En revanche, j’ai énormément vu l’inverse. Quand on parle de transidentité, à chaque fois, à chaque fois on met des formes. Franchement, on fait les choses bien et en face, on n’est jamais reçues de la même manière. Ce que je vois, c’est qu’on est toujours là, même dans ces podcasts… Même dans les podcasts de Rebelles du genre, j’ai plusieurs fois entendu des femmes qui ont affirmé le fait qu’elles ne souhaitaient pas être agressives ni méchantes. Et on n’a jamais l’inverse. Donc, osons rejeter cette étiquette de “méchante”. On replace la violence du bon côté. Pour les jeunes femmes qui écouteraient ces podcasts et se diraient “Ah mais si ça se trouve, je suis une personne horrible ! Je critique, je fais du mal aux gens, machin.”… Non, vous ne faites pas de mal aux gens. Vous vous posez des questions. En plus, vous les posez bien, parce que vous cherchez du contenu, avec des ressources. Vous écoutez la parole des femmes. Vous faites les choses bien. Vous pouvez rejeter cette étiquette de personne méchante, parce qu’en fait les critiques du genre font bien, font les choses bien, font les choses dans le respect et font les choses de manière éclairée et sourcée. On a du recul sur nous-mêmes. Donc, osez être critiques du genre et faites aux accusations de méchanceté, parce que ce n’est pas la vérité.

Rebelle du genre – S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :

womensdeclaration.com

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Le blog de Christine Delphy

Nouvelles questions féministes

TRADFEM

Collective de traduction de textes féministes radicaux

Rebelles du Genre

"Comment je suis devenue critique du genre" - Des femmes qui ont des ovaires !

WordPress.com en français

Toutes les nouvelles de la communauté WordPress.com

Noues Femmes

La french touch de la WHRC

%d blogueurs aiment cette page :