Pénélope – Je m’appelle Pénélope, j’ai 30 ans et je travaille dans le secteur de la santé sexuelle et reproductive en Belgique francophone et je travaille en particulier sur les thématiques de la contraceception et de l’avortement; et donc je travaille dans un milieu où il y a notamment d’autres axes de travail qui concernent les questions trans et de genre.
En fait, ces questions de terminologies transactivistes, avant, ne me questionnaient pas vraiment et j’ai rencontré certaines personnes qui m’ont plus informée sur cette question-là, ce qui m’a permis de remettre en question pas mal de dogmes. J’ai notamment un collègue qui travaille sur les questions LGBTQIA+, qui a des projets très intéressants, par exemple sur les questions de dépistage IST, VIH, etc. Je ne me posais pas la question vraiment, par exemple de l’écriture inclusive, moi je pratique l’écriture inclusive à partir d’une perspective féministe mais jusqu’à il y a à peu près deux ans, je ne me posais pas la question sur le fait de pouvoir choisir son pronom, etc. Et je me disais qu’en fait, si ça faisait du bien à certaines personnes, c’était quelque chose qui était OK et donc je n’avais pas de lecture vraiment critique sur le genre.
RDG – Bonjour et bienvenue sur le podcast Rebelles du genre.
Nous sommes des femmes militantes pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basées sur le sexe et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes et le genre en est le moyen
Nous sommes les rebelles du genre. Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits. Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste et commencent souvent par soutenir cette idéologie. Puis, elles ouvrent les yeux, constatent sa violence et la refusent.
Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Ecoutons leur parole.
Pénélope – Donc c’était en juin 2021, où j’étais en contact sur les réseaux sociaux avec des féministes critiques du genre et en fait, en lisant certains statuts, je me questionnais, je ne voyais pas où était le problème à priori donc… J’ai été vers cette personne en lui demandant en fait, ben voilà, quels étaient les enjeux qu’elle soulevait parce que j’avais du mal à les identifier de prime abord et elle m’a envoyé vraiment beaucoup beaucoup de liens et d’informations, qui ont effectivement été assez percutants pour moi.
Et plus tard, en septembre 2021, j’avais rédigé une carte blanche sur la contraception avec mon compagnon qui est médecin et on a proposé à différentes associations, à différents intervenants qu’on connaissait de signer cette carte blanche et en fait, plusieurs n’ont pas voulu la signer parce que dedans, on parlait de contraception masculine et de contraception féminine. Et non de contraception dite masculine ou de contraception dite féminine. On a fait valoir les arguments qu’en fait, comme on parle d’organes génitaux, ce n’est pas la question du genre qui prime: un médecin doit savoir quels sont les organes sexuels de la personne pour pouvoir lui donner une contraception et donc ces différents intervenants, en fait… Donc c’était dans des commentaires sur un Google Doc ou quelque chose comme ça, et donc on commençait à mentionner le mot TERF. Nous on se considère quand-même comme des personnes assez progressistes donc c’est la première fois qu’on a été confrontés vraiment à cette réalité là, dans nos pratiques. Et là, on a vraiment été convaincus qu’il y avait un souci et ça nous a en fait amené à lire davantage et à nous informer davantage sur la question. Evidemment, on est… Je dis “on” parce que je parle de ces cartes blanches qu’on a rédigées à deux mais donc on est vraiment contre toutes les formes de discrimination, peu importe qui elles touchent et donc c’était très perturbant en fait d’avoir ce miroir, de nous dire “Ben non, en fait, vous êtes transphobes.” alors que nos intentions n’étaient pas du tout celles-là et qu’on ne s’était jamais imaginés avant ça pouvoir être catégorisés comme ça, en fait. On l’a reçu quand-même assez violemment.
Donc c’est un peu la suite aussi de la question parce que pour moi, c’est vraiment une question de démocratie en fait, de garantir les termes d’un débat démocratique. Pour moi, c’est extrêmement dangereux, effectivement, de qualifier des interlocuteurs ou interlocutrices de transphobes alors que ça n’est pas du tout le cas. En fait, c’est le nouveau point Godwin: on ne peut plus poser de questions, on ne peut plus même, voilà, soulever des incohérences et en fait, le fait d’utiliser cette terminologie “transphobe” ou “TERF”, ça clôt totalement le débat, ça humilie aussi les personnes qui souhaitent en parler et donc pour moi, c’est effectivement très dangereux au niveau de la démocratie.
Quelque chose qui m’a aussi interpellé, c’est qu’en général, ce sont surtout des hommes qui se prétendent femmes qui interviennent dans le transactivisme et qui vont dire en fait à des femmes comment elles doivent être femmes, comment elles doivent être féministes, comment elles doivent être progressistes, etc. Et alors que la majorité des personnes qui font la transition sont des femmes qui se disent hommes et donc ça, c’est assez interpellant de voir que même là, alors que les hommes sont minoritaires, c’est eux qui prennent encore plus de place dans le débat.
RDG – Oui, c’est vrai qu’aujourd’hui, l’immense majorité des transitions, c’est plutôt des adolescentes. Chez les adultes, ce sont des hommes mais chez les adolescentes qui sont très très nombreuses aujourd’hui, ce sont au moins à 75% des filles, donc des jeunes femmes qui transitionnent. Par contre, chez les adultes, c’est plutôt des hommes mais c’est une autre histoire (rires)… Des hommes d’un genre particulier.
Pénélope – Oui ou alors quand ils sont enfermés pour violences sexuelles où ils disent que finalement ils sont des femmes.
RDG – Ou des autogynéphiles. Voilà. Carrément, une perversion sexuelle.
Pénélope – Moi je pars du principe que à priori, une féministe, elle n’est pas d’extrême-droite, que les féministes ont toujours, souvent en tout cas, pris soin des personnes plus précaires, discriminées, etc. Et en fait, en soi, c’est une aberration de dire qu’une féministe est d’extrême-droite mais je pense que ça vise vraiment à limiter le débat, à limiter la parole et la preuve aussi, c’est que dans ce podcast-ci, par exemple, on est plusieurs à témoigner de façon anonyme, rien que ça, c’est vraiment une preuve du problème.
RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ? Tu as déjà commencé à aborder cette question de la démocratie.
Pénélope – D’abord une menace pour les femmes pour plusieurs raisons.
Je dirais que, d’abord, il y a vraiment un enjeu de visibilité des combats féministes et de l’autre côté, d’invisibilisation de ces combats et qu’à partir du moment où le mot “femme” ne veut plus rien dire, vu que des hommes peuvent se dire femmes, on n’a plus en fait la terminologie et les mots pour mettre en phrases, pour conceptualiser les rapports de domination envers les femmes dans la société. Et en fait, des féministes qui ont utilisé le genre aussi dans les années 60, c’était pour dénoncer justement les rôles sociaux qui sont imposés aux hommes mais surtout aux femmes et en fait, le genre, à ce moment-là, n’est pas du tout quelque chose à performer mais quelque chose à combattre et quand on voit la façon dont se présentent les personnes trans en général, il est évident que les stéréotypes de genre sont renforcés et que c’est ceux-là mêmes qu’on voulait combattre à la base. Et donc c’est assez déstabilisant aussi mais c’est vraiment aussi nous enlever vraiment les mots en fait pour exprimer des rapports de domination.
Effectivement, quand on réfléchit pourquoi les femmes sont voilées, pourquoi les petites filles sont excisées, mariées de force, qui sont dans la majeure partie des personnes qui sont victimes de prostitution, etc., eh bien ce n’est pas parce que ces personnes se définissent femmes mais c’est parce qu’elles sont femmes au sens biologique, qu’elles ont un utérus, qu’elles ont des facultés reproductives et donc c’est ça qui est vraiment l’objet de la domination des hommes sur les femmes. Et donc à partir du moment où on ne peut plus dire “femme” pour décrire une femme biologique, eh bien à mon sens, on perd tout ça parce que le mot “femme” contient d’une part les aspects biologiques, et d’autre part, tout ce qui est associé à cette condition là donc on sait bien que les facultés reproductives, c’est quand-même un enjeu important et ce n’est pas pour rien que, notamment dans les guerres civiles, etc., qui sont encore en ce moment en République démocratique du Congo, il y a des crimes, des viols collectifs qui sont faits non pas sur des personnes qui se disent femmes, sur des hommes qui se disent femmes, mais bien sur des femmes biologiques.
Et donc je pense que ce mot “femme” a vraiment en soi tout ce qui se rattache en fait à un concept sociologique, avec tout ce qui se rattache à la condition d’être femme et donc pour moi, c’est très important qu’on puisse l’utiliser dans ce sens là et donc c’est vrai que j’ai du mal à comprendre qu’en fait, on ne puisse plus le faire, notamment aussi dans des secteurs comme le secteur du planning familial. Donc maintenant, par exemple, quand certains acteurs du planning familial font des publications sur les réseaux sociaux ou font des enquêtes, etc. donc même là, est utilisé des mots comme “personne avec utérus”, etc., moi je trouve ça extrêmement dérangeant, voilà, je me perds un petit peu (rires)… Ouais, je trouve ça très dérangeant et en fait, c’est encore plus dérangeant qu’à la base, ce sont vraiment des associations qui ont été créées par des femmes, pour les femmes, autour d’enjeux comme la contraception et l’avortement, enfin ce sont des droits qui peuvent toujours être remis en question, qu’il faut absolument continuer à préserver et à travailler, donc effectivement, je pense que, par exemple, un centre de santé sexuelle, un centre de planning familial, doit accueillir tout le monde comme il est mais à la base, l’enjeu vraiment du planning familial qui est féministe et qui est de défendre la santé sexuelle et reproductive des femmes, on le perd complètement de vue et donc ça m’interpelle aussi un peu.
Aussi, je pense qu’il y a beaucoup… toujours dans cette question aussi de moyens dans l’associatif, qu’il y a du temps, beaucoup de temps et beaucoup de moyens qui sont octroyés, notamment des subventions, etc. aux questions transgenres par des cabinets qui portent en eux la question des droits des femmes et donc c’est du temps et des moyens qui ne sont plus disponibles pour les femmes donc ça me questionne aussi.
J’ai deux enfants, dont une petite fille qui est encore assez jeune et c’est vrai que par exemple, moi, je suis assez matérialiste, la question de la non-mixité par exemple dans les toilettes, dans les vestiaires, etc. m’interpelle beaucoup. Donc par rapport à la non-mixité, moi, ça m’arrive de travailler avec… d’être en contact avec des cabinets politiques, etc. qui abordent ces questions là et donc ce que je constate, c’est que, par exemple, quand, dans certains événements publics, on fait la remarque “Il n’y a pas assez de toilettes pour femmes.” et donc à ce moment-là, les cabinets ont plusieurs options qui sont soit de mettre plus de toilettes pour femmes tout simplement, soit de mettre toutes les toilettes en non genré et en fait, tu remarques que c’est l’option qui est choisie parce qu’en plus, c’est moins cher donc ça arrange tout le monde. C’est très à la mode aussi, ça donne une image justement progressiste de la politique.
Ça me questionne beaucoup ces choix d’espace pour les femmes qui se retrouvent en non-mixité, pour plusieurs raisons. Parce que moi je pourrais partager éventuellement mes toilettes mais j’entends qu’il y a des femmes pour qui ce n’est juste pas possible et je le comprends tout à fait, je comprends tout à fait pourquoi. Et par ailleurs, j’avais aussi une amie qui me racontait que… qui est aussi dans l’associatif et qui m’expliquait que lors des assemblées générales dans son assos, en fait, il y avait beaucoup de décisions politiques aussi qui étaient prises par les femmes dans les toilettes parce qu’elles allaient s’isoler à la pause et avaient un moyen avec ces toilettes de se retrouver entre elles et que là, elles construisaient des stratégies politiques pour revenir après en assemblée générale. J’ai trouvé cette anecdote, anecdote entre guillemets, très parlante et très intéressante aussi, même les toilettes…
RDG – Ça montre à quel point on a besoin de non-mixité, tout simplement. Je trouve cette anecdote ultra parlante en fait, c’est quand-même incroyable qu’on en soit réduite à ne pouvoir parler entre nous que dans les toilettes, et même ça on nous le retire.
Pénélope – Et donc c’est vrai que ça montre qu’il n’y a pas suffisamment d’espaces en non-mixité pour que les femmes puissent construire leurs stratégies politiques et discuter entre elles et que là, même ces toilettes, eh ben en fait, on ne va plus y avoir accès non plus et on devrait les partager avec absolument tout le monde.
Au niveau des enfants, la question de la mixité des vestiaires, des toilettes, etc. me pose question aussi. Encore une fois, ben moi, ça m’arrive d’aller dans des thermes naturistes donc je vais dire, je n’ai pas de problème spécifique par rapport à ça mais quand j’imagine ma fille venir avec moi, par exemple dans des vestiaires mixtes à la piscine, on a une piscine près de chez nous, les vestiaires sont mixtes, je me dis en fait, elle va être là en train de se changer et peut-être qu’elle va avoir un pénis à hauteur de son visage et qu’en fait, si on dénonce ça, ben ça sera considéré comme non inclusif, comme transphobe, etc. mais c’est un vrai problème en soi, je n’ai pas envie que… et même mon fils, à la limite, aussi, mais dans l’autre sens donc voilà, je pense qu’il y a des lieux, effectivement, qui, à raison, doivent rester totalement non-mixtes. Pour moi, c’est vraiment important. En plus, on sait bien, voilà, qu’il y a quand-même aussi des questions d’abus, etc. alors je ne dis vraiment pas que les personnes trans sont des violeurs mais je pense que, voilà, il faut quand-même limiter les contacts dans des lieux comme ça, où on se retrouve complètement dénudé avec des hommes adultes. Ça ne devrait pas arriver, d’après moi.
RDG – Pas tous, mais suffisamment pour qu’on ait toutes peur, en fait. Évidemment, pas tous des violeurs, mais suffisamment, trop en tout cas.
Pénélope – Oui et c’est vrai que cette question de se dire qu’effectivement… C’est souvent un argument, quand on dit “Ben voilà, en prison, il y a des hommes qui commettent des agressions sexuelles et qui demandent à être en prison avec les femmes.” donc on répond souvent “Oui, mais bon, ça, c’est un cas…”. Bon, déjà, il y a plusieurs cas, quand on analyse, il y en a quand-même pas mal. C’est un cas qui est permis par la loi donc il y a des agresseurs qui profitent du cadre légal pour se retrouver dans les lieux de femmes et même si c’est 10 cas, imaginons qu’il n’y aurait eu que 10 cas jusqu’ici, bah c’est suffisamment, effectivement, pour se poser la question, pour se dire “Ok qu’est-ce qu’on fait de ça ?” donc c’est quelque chose qui peut arriver, qu’un homme qui se dise femme se retrouve dans une prison pour femmes et qu’il agresse des femmes donc on doit le dire, on doit veiller à la sécurité des femmes aussi dans les prisons qui, en plus, souvent, ces femmes-là ont été aussi victimes elles-mêmes, dans leur enfance ou plus tard, d’agressions sexuelles ou d’autres violences et donc voilà, il faut préserver cette non-mixité là aussi.
RDG – C’est un problème de violence masculine et ce n’est pas aux femmes de prendre ça en charge, en fait, c’est aux hommes de s’organiser, ce n’est pas aux femmes d’abriter, de protéger les éventuels personnes qui se pensent trans dans les prisons pour femmes, c’est aux hommes d’organiser ça. On n’a pas du tout à prendre aussi ça en charge, on n’est pas leurs mamans, quoi.
Pénélope – Oui donc je ne sais pas, effectivement, quelles seraient les solutions et peut-être que ce n’est pas notre problème à nous, enfin, je veux dire, de nous en charger mais oui, effectivement, peut-être que pour cette question de mixité/non-mixité, bah alors il faut créer des espaces pour des personnes qui se disent en transition aussi ou personnes trans.
Au niveau des enfants, il n’y a pas mal aussi de documentaires qui commencent à sortir pour l’instant. Moi j’ai regardé “Trans Train” notamment il y a un mois ou deux et je le trouvais assez parlant par rapport aux enfants où l’on voit les dérives clairement donc par exemple, les mastectomies sont autorisées dès 14 ans et donc ben je ne comprends pas en fait comment on autorise ça, alors qu’on a vraiment des cadres légaux internationaux qui fait qu’on devrait protéger les enfants. Donc un enfant bah, il ne peut pas conduire avant 18 ans, il ne peut pas se faire tatouer etc… Mais on laisse une petite fille vivre une opération pour enlever ses seins et on sait que clairement le cerveau des enfants n’est pas encore totalement mature à cet âge-là.
Et donc voilà, que c’est normalement de la responsabilité des états de les protéger et donc moi je suis formellement contre tout traitement hormonal avant au moins 18 ans. Peut-être un peu “extrémiste” mais voilà.
RDG – En fait ce n’est pas du tout extrémiste, moi c’est 25 ans. Je pense que les études scientifiques démontrent que le cerveau mature jusqu’à 25 ans, donc jusqu’à 25 ans pas de traitement hormonal, pas de bloqueur, rien du tout pour que le cerveau puisse maturer jusqu’au bout. Ce n’est pas une question d’extrémisme, c’est une question de bon sens ! En fait on n’est pas là pour faire plaisir aux gens et les parents ne sont pas là et les institutions, les pouvoirs publics et les médecins, ne sont pas là pour faire plaisir aux enfants. Ils sont là pour les protéger ou pour les soigner, certainement pas pour les stériliser, les castrer ou les mutiler.
En tout cas moi, je ne me sens pas extrémiste de dire ça. Si dire qu’on doit protéger les enfants c’est être extrémiste, mais dans quel monde on est ? Enfin je veux dire : c’est vrai que ce que tu dis, la façon dont tu le dis, montre à quel point il y a une intolérance par rapport à ça et on se sent presque honteuses de dire qu’il faut protéger les enfants. C’est fou quand même!
Ça me sidère un peu de dire qu’on doit raser les murs, témoigner anonymement, avoir peur pour sa vie etc… Parce que tout simplement on veut protéger les enfants et en particulier les filles puisqu’on sait qu’elles sont hyper majoritaires parmi les victimes de cette idéologie.
Moi je suis assez fière, enfin je suis même très fière d’être féministe et pourtant j’ai peur, ce n’est pas normal !
Pénélope – Et par ailleurs je trouve que ce qui est très inquiétant, c’est qu’ on constate en fait, quand on regarde un peu les communications des transactivistes, que les enfants sont une cible en fait de la communication. Souvent dans les événements, les petits événements queer ou quoi qu’il ya a en Belgique, et bien on va parler des enfants, on va dire : “Oui c’est important que les enfants viennent nous voir et viennent parler de ça avec nous etc…” Et même dans la forme en fait des posts, on retrouve souvent du rose, des petites licornes ou alors il y en a qui font du merchandising avec des stickers, je veux dire des stickers avec des petits bonhommes, c’est clairement enfantin. Et donc moi j’ai l’impression que les enfants sont vraiment une cible de cet activisme, qu’il y a une volonté prosélyte de les convaincre le plus tôt possible. C’est vrai que par exemple, la laïcité par rapport à ça, on voit bien que la laïcité a pour but aussi de protéger les enfants du prosélytisme religieux et je pense qu’il faut les préserver aussi de ce prosélytisme là, peut-être encore plus d’ailleurs.
Il n’ y a pas longtemps, il y a peu, il y a eu une polémique au niveau du Planning Familial avec une affiche que tout le monde a vu de “l’homme enceint” et c’est vrai que quand on va voir l’illustrateur de la fiche sur son compte, sur son compte Twitter ou je ne sais plus exactement où j’ai vu ça, ou Instagram, où clairement on voit le développement d’un merchandising qui est vraiment aux couleurs enfantines, qui sont même des objets enfantins. Donc les stickers je veux dire, nous en tant qu’adultes on ne va pas commencer à coller des stickers partout même si ça pourrait être sympa, mais donc je pense que le fait de sortir des stickers, de les mettre dans des couleurs très enfantines : pastels, avec des personnages etc… C’est clairement orienté vers un public enfant. Et moi quand j’ai vu ces stickers là, donc qui ont été réalisés par Laurier The Fox je me disais mais clairement ma fille adorerait ces stickers en fait et donc ça m’a questionné aussi par rapport à ça. Mais c’est une amie à moi aussi qui est féministe critique du genre et qui avait attiré mon attention sur cette forme de merchandising là.
RDG – Ok ouais ouais, c’est clairement tourné vers les enfants, c’est du “grooming” en fait, c’est vrai.
Pénélope – Et je voyais un truc de caravane Queer à Bruxelles et ils étaient là : “Oui les enfants ! Les enfants !” Et je trouve ça hyper malsain en fait d’être à ce point…
RDG – Ils ont l’avenir devant eux et de longues années d’hormonothérapie aussi.
Pénélope – Oui et par rapport même au truc enfantin, moi j’ai pensé à un lien. Je ne sais pas s’il faut le dire parce que c’est vraiment une idée que j’ai comme ça, mais je me dis même les bloqueurs de puberté, on est un peu dans le syndrome Peter Pan en fait. Surtout ne pas grandir, ne pas affronter en fait, le fait de grandir quoi ! Te dire, voilà je ne grandirai pas !
Et il y a quelque chose, un rejet aussi…
RDG – Alors moi je vais beaucoup plus loin que toi. Je pense que c’est de la pédocriminalité : que ces hommes qui se transidentifient “petite fille” et qui poussent des enfants vers les bloqueurs de puberté. C’est ce que Sophie Robert nous a expliqué dans un épisode précédent sur les nullos, la nullification, les opérations qu’on appelle nullo qui consistent en fait à rendre eunuques des enfants, puis finalement les bloqueurs de puberté, les stérilisations etc… C’est de la castration finalement, ça crée des enfants, c’est à dire que ça va être des personnes qui ne vont jamais grandir, maturer etc… Ça crée tout un groupe de personnes qui vont être abusables par ces pédocriminels. Je pense que ça va beaucoup plus loin, que ce n’est pas fortuit quoi cette histoire de phénomène de l’enfant tu vois.
Pénélope – Nan mais moi je parlais dans le chef de l’enfant tu vois. C’est que l’enfant n’a pas forcément envie de grandir et on profite de ça en fait, on lui dit : “mais tu n’es pas obligé de grandir”.
RDG – Alors là dessus je suis d’accord complètement, c’est effrayant de grandir et notamment pour les filles parce qu’on sait ce qui nous attend, mais les garçons aussi, certains d’entre eux, tout ça. Je veux dire que si les adultes gardaient leur bon sens ce ne serait pas un problème. Le problème c’est qu’il y a des adultes qui en profitent pour les pousser et leur dire que c’est possible tout en satisfaisant leur fétiche sexuel de pédocriminel. Et ça c’est grave parce que c’est ce qui se passe sur les réseaux sociaux, enfin je veux dire là j’ai enregistré un témoignage d’une jeune femme qui parle de ce qui se passe dans les jeux en ligne, effectivement tu as des pédocriminels qui fréquentent des enfants dans les univers virtuels, il n’y a aucune loi, il n’y a rien, il y a aucune réglementation. Il y a des violences incroyables qui se passent dans les jeux en ligne en réalité augmentée et on parle de bien de ça, on parle bien de pédocriminels et aujourd’hui c’est leur terrain de jeu, il y a beaucoup de pédocriminalité. Un des moyens pour un pédocriminel d’atteindre sa cible, c’est de se prétendre transgenre. Je ne dis pas que tous les transgenres sont des pédocriminels, par contre c’est un moyen très efficace quand on est un pédocriminel d’atteindre des enfants.
Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions ? Est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement de ce sujet ?
Pénélope – Dans mon entourage proche je suis très libre d’en discuter donc c’est déjà une bonne chose. Toutefois sur les réseaux sociaux etc, je trouve que c’est vraiment compliqué parce que effectivement dès qu’on aborde la question, on est considéré transphobe d’extrême droite etc… Et donc on retombe à nouveau dans ce nouveau point Godwin et par ailleurs je fais notamment du travail comme indépendante aussi et je pense que m’exprimer librement sur ce sujet pourrait amener certaines personnes à me blacklister. Je sais qu’il y a plusieurs personnes dans le secteur associatif en Belgique qui sont blacklistées pour cette raison, donc c’est pourquoi j’ai décidé de témoigner en anonyme. C’est ce que je disais tout à l’heure par rapport au problème du débat démocratique, etc, en fait voilà, on en vient à nous censurer, à nous “canceller” nous-mêmes pour ne pas subir les répercussions d’une prise de parole et moi je me suis amenée… aussi dans certains cas parce qu’en fait quand on dit à quelqu’un à chaque fois qu’il est transphobe, à un moment je pense qu’il faut aussi s’auto analyser, se poser la question : “bon ok, pourquoi est-ce que je le suis vraiment ? Qu’est-ce que ça veut dire être transphobe ? Etc…” Et donc il n’y a pas longtemps, j’étais dans un lieu de culture pour les enfants, donc qui est dédié vraiment aux enfants et j’y étais avec mes enfants et la personne qui tenait la cafèt’ était visiblement trans ou non-binaire, en tous cas elle remettait en question les stéréotypes de genres. Et je me suis posée la question en fait, je me suis dit : “Est-ce qu’elle me fait peur ? Non pas du tout. Est-ce que sa présence me dérange ? Bah en fait, pas du tout non plus. Est-ce que je préfèrerais que cette personne ne soit pas là ? Non plus. Est-ce que j’ai peur que mes enfants soient en contact avec elle ? Non plus.” En fait ce qui me dérangerait c’est si je venais à parler avec cette personne et que je voyais qu’elle était justement dans ce dogme et dans du prosélytisme. Après il y a aussi plein de personnes qui se disent “trans”, il y en a qui détansitionnent, il y en a qui remettent en question le transactivisme, qui ne veulent pas être associés non plus à ça, des personnes qui souffrent de dysphorie de genre mais qui ne vont pas pour autant s’associer à l’activisme. Et moi j’ai fait cette auto analyse, de me dire que je n’ai pas de problème en soi avec cette personne, mais je pourrai en avoir si elle soutenait quelque chose que je trouve dogmatique, comme je pourrais en avoir avec une autre personne qui parlerait de religion à des enfants par exemple, ça pourrait me poser problème aussi.
Et par ailleurs l’anonymat aussi parce que si je témoignais sous ma vraie identité, je ne pourrai pas non plus dire tout ce que j’ai à dire donc c’est aussi pour ne pas me silencer justement et pour porter tous les messages que j’ai envie de porter via ce podcast.
RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?
Pénélope – Mais donc il y en a plusieurs, la première donc je disais dans l’introduction qu’ il y avait plusieurs associations qui n’avaient pas voulu signer notre carte blanche en estimant qu’elle était transphobe parce qu’on parlait de contraception masculine et féminine.
Et en fait ces personnes qui n’ont pas voulu signer à carte blanche, elles sont aussi contre la contraception hormonale et donc moi ça me pose vraiment question parce qu’en fait ce qu’elles disent, c’est que les hormones sont un poison pour le corps et l’esprit. En fait, c’est aussi des personnes qui militent activement pour la contraception masculine et qui vont vraiment jouer sur l’hormonophobie pour développer leur entreprise, pour l’appeler comme ça. Et donc j’en viens à la conclusion qu’en fait ces personnes qui sont fort intégrées aussi dans l’activisme trans, vont encourager des personnes trans à faire des transitions avec des hormones, dans le même temps elles vont dire aux femmes qu’elles ne peuvent pas prendre la contraception hormonale parce qu’elle est mauvaise pour leur corps. Donc on se retrouve encore dans une situation où des hommes disent aux femmes ce qui est bon ou pas pour elle et par ailleurs ils ne permettent pas de faire aux femmes, ils le permettent aux personnes trans pour transitionner. Et donc là ça m’a vraiment posé question aussi sur ce mouvement et en fait j’ai vraiment à ce moment là aussi vu un lien entre plusieurs enjeux : que ce sont les mêmes personnes qui défendent des personnes trans, qui défendent la contraception masculine, qui défendent la prostitution, qui défendent la pornographie etc… Avec l’argument de dire qu’il faut beaucoup plus de fluidité et qu’il faut désexualiser les corps, mais il y a un message hyper culpabilisant derrière aussi sur les femmes et toutes les violences qui découlent aussi on le sait d’exploitation sexuelle.
Alors j’ai deux anecdotes encore, il y en a une qui est vraiment au niveau national donc au niveau de la Belgique : donc notre secrétaire d’État à l’égalité des chances qui s’appelle Sarah Schlitz, donc l’égalité des chances comme en France principalement on va dire en grande partie en tout cas, était développé pour l’égalité entre les femmes et les hommes mais pas que évidemment, mais force est de constater que cette secrétaire d’État passe énormément beaucoup de temps et de moyens sur les questions de transidentité. Je l’ai vue il n’y a pas longtemps dans un coloc organisé par une association féministe où en fait dans cette association là, il y a plusieurs tensions aussi dans l’équipe sur la question et donc elles avaient notamment diffusé deux films dont un film qui considère que les hommes qui se prétendent femme sont des femmes et que donc elles recueillent la parole des femmes et donc de toutes les “femmes” entre guillemets. Et en fait, cette secrétaire d’État a vraiment donné le bon point à l’association, donc elle a fait un discours dans lequel elle dit : “Voilà je vois que sont incluses les personnes trans et j’en suis très heureuse et c’est très bien”. Bon tout le monde connaît les tensions dans lesquelles se trouvent les associations et donc en fait pour avoir des subsides, il faut avoir ces bons points, il faut absolument inclure les personnes trans dans les luttes féministes, donc ça pose vraiment question.
Dernièrement cette secrétaire d’État a publié sur sa page Facebook qu’elle allait financer une recherche pour identifier les groupes conservateurs anti-genres. Donc elle finance un prof d’université pour faire ça et donc on est un peu inquiètes ici en Belgique de se demander si la chasse aux sorcières finalement est lancée et donc ça pose beaucoup de questions. Ce chercheur travaille aussi sur les questions de genre donc il s’appelle David Paternotte et il y a notamment quelques années quand ça bougeait un peu sur la législation IVG en Belgique (donc il se dit féministe allié etc…) on lui avait proposé de signer une carte blanche pour augmenter l’accès à l’avortement et donc il avait chipoté vraiment sur des formulations parce qu’on parlait des médecins. Il disait : “Mais je ne vais pas soutenir les médecins quand même, ça n’a pas de sens ! Alors que bon on parle de médecine sociale et on ne parle pas du médecin libéral dans sa tour d’ivoire, de médecine sociale qui permet l’accès à l’avortement”. Et donc je suis assez étonnée aussi avec le recul qu’il n’avait pas soutenu le droit d’IVG des femmes et que maintenant ce soit lui qui soit financé pour faire une recherche sur les anti-genres. Mais c’est très questionnant, je suis impatiente de voir ce que ça va donner comme résultat, mais c’est assez inquiétant de se dire qu’on finance ce type de recherche là et ça pose des questions même sur la liberté intellectuelle dans la recherche aussi.
Une dernière anecdote : donc c’est une de mes contacts sur Facebook qui est professeur de français je pense, donc avec des jeunes adolescents et elle avait écrit un texte qui était rigolo parce qu’en plus elle n’avait pas du tout conscience des enjeux dont on discute ici, pour elle c’était vraiment l’inconnu, elle ne s’était jamais intéressée à la question. Mais c’est quelqu’un qui aime bien écrire, elle avait écrit un petit texte en disant qu’elle voulait passer de femmes à femmes parce que elle était considérée un peu comme garçon manqué, pas assez féminine etc… Et elle s’est vraiment faite incendier, mais elle s’est faite incendier au point qu’il y a des gens qui ont écrit à sa direction pour qu’ils la virent de l’école. Et donc je me dis : “Bah voilà cette personne qui n’avait même pas du tout conscience des enjeux, qui a juste fait un exercice d’écriture, ben elle aurait pu perdre son travail”.
Donc voilà c’est encore une fois en termes de liberté d’expression et de débats démocratiques, c’est très inquiétant aussi.
RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?
Pénélope – Ce que je me rends compte par rapport à mon propre chemin sur la question, c’est que j’ai fait des études aussi en sciences sociales et puis je suis rentrée dans ce secteur planning et j’avais une approche vraiment très relativiste en fait de se dire : “Ben en fait chacun est libre de faire ce qu’il veut etc…”
Mais le relativisme, il a ses limites parce que, effectivement, quand ça concerne les enfants, comme on l’a vu, quand ça invisibilise les femmes, etc, il faut absolument les remettre en question.
Et donc, j’ai eu beaucoup de chance, en fait, de croiser sur les réseaux sociaux – et c’est peut-être ça qu’il y a de bien, aussi dans les réseaux sociaux, même si il y a plein de côtés négatifs aussi – mais ça m’a permis, en fait, d’être en contact avec des féministes critiques du genre, et ça m’a vraiment, voilà : j’ai vraiment été beaucoup alimentée, à ce moment-là, en articles, j’ai recherché des livres j’ai écouté des podcasts, j’écoutais notamment les vidéos aussi du “Fou Allié”, etc. Et donc, ça m’a permis de faire évoluer ma pensée. Et je pense que ce qui est important, c’est de se donner, en fait, le droit de changer d’avis, de ne pas rester sur ses acquis, et de s’ouvrir aux autres arguments. Et on ne perd rien à le faire. Parce que le pire qui peut arriver, c’est qu’on change d’avis, effectivement. Mais on n’est pas obligées de le faire non plus. Et donc je pense qu’il faut vraiment être ouvert aussi à la discussion, au débat, et accepter, en fait, d’aller lire effectivement des arguments qui sont pas les nôtres, qui sont en désaccord avec ce qu’on pense sur le moment même. Et que ça permet, voilà, ça nous permet d’apprendre des choses, d’évoluer.
Et enfin, moi ça a été vraiment par ce podcast, j’en profite aussi pour remercier avec ces personnes qui m’ont accompagnée sur ce chemin-là.
Donc voilà, j’aurais envie de finir en disant “Donnez-vous le droit de changer d’avis et surtout d’écouter des discours alternatifs sur ces questions-là, et vous ferez votre propre idée.”
S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : www.womensdeclaration.com