Marino – Bonjour, je m’appelle Marino, j’ai 67 ans, je vis à Paris, je suis retraitée et je suis une militante lesbienne radicale depuis de nombreuses années. C’était il y a longtemps et ça n’a pas cessé depuis.
Rebelles du Genre – Bonjour et bienvenue sur le podcast Rebelles du genre.
Nous sommes des femmes, militantes pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie.
Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes et le genre en est le moyen
Nous sommes les rebelles du genre.
Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits.
Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste et commencent souvent par soutenir cette idéologie. Puis, elles ouvrent les yeux, constatent sa violence et la refusent.
Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur parole.
Marino – Alors dans mon souvenir, lors de manifestations féministes à Paris, du vivant, d’ailleurs, de Maya Surduts, collectif national droit des femmes, CADAC, il y avait déjà des attaques du strass, qui nous perturbait les manifs, qui nous lançait du faux sang, qui nous insultait, qui essayait de nous empêcher de manifester normalement, pour le dire comme ça. Et, en fin de manifestation, il y avait souvent des altercations, qui n’en venaient pas aux mains, entre des jeunes féministes et des personnes militantes du Strass.
Je me souviens très bien qu’une fois à Bastille, à l’arrivée, j’ai dit à Maya : “ Mais, ça prend de plus en plus d’ampleur leurs attaques, leur menaces, leurs intimidations, et il va finir par y avoir des problèmes lors de manifestations, peut-être même à la fin.”.
Et je me souviens que Maya m’avait dit : “ Mais oui, bien sûr Marino, mais on ne peut pas les empêcher de manifester sur la voie publique”.
Voilà, ça c’est le souvenir le plus ancien que j’ai avec le strass.
Mon plus ancien souvenir de menaces transactiviste date de la dernière rencontre de la coordination lesbienne en France qui eu lieu en 2017 à Metz dans l’Hérault. L’association FièrEs venait depuis deux/trois ans aux rencontres. FièrEs se présente comme une association féministe radicale et révolutionnaire, créée en 2013, portée par des lesbiennes bi et trans, qui vise à détruire le cis hétéro patriarcat.
Toujours est-il que cette année-là, Anne B avait été invitée pour intervenir sur la question trans, telle qu’elle faisait débat dans le milieu LGBT. À peine avait-elle commencé son intervention que les militantes de FièrEs la prirent à partie au prétexte des définitions ou vocabulaire employé qui ne convenait pas. Elles voulaient l’empêcher de poursuivre et l’interrompaient sans cesse, car elles estimaient que Anne déniait la souffrance des trans et ne savaient rien de ce sujet. Ce fut très difficile de leur faire entendre raison pour qu’elles arrêtent leurs attaques et qu’elles attendent la fin de l’exposé pour en débattre.
Tout au long de l’intervention d’Anne, très perturbée par ce qui arrivait, les militantes de fier soupiraient fort, avaient presque honte, et la salle était partagée entre celles qui voulaient écouter et celles qui se sont mises de leur côté et critiquaient l’intolérance de la CLF. Il faut dire que de plus en plus de lesbiennes queer qui venaient en rencontres étaient très LGBT, alors que la coordination avait quitté l’inter LGBT en 2013 à cause de désaccords politiques et idéologique (pour faire court). Certaines auraient volontiers ouvert les rencontres aux gays, aux trans. Ces lesbiennes queer commencaient à contaminer une majorité silencieuse et passive. On avait l’impression que la poignée de militantes que nous étions demeurions isolées, alors nous étions évidemment contre la GPA, contre le système prostitueur. FièrEs, ce jour-là, a tenté de mettre le bazar, de provoquer peut-être même un putsch et à interpeller les organisatrices de façon très virulente.
En 2023, Anne n’aurait sans doute pas pu faire son intervention car l’objectif des transactivistes est de censurer et d’interdire toute parole contraire à leur idéologie.
En novembre 2017, la CLF vote sa dissolution à l’unanimité, lors de son AG annuelle.
De toute façon, la CLF avait vécu et les temps changeaient. Et il fallait la protéger de la récupération et de la dégradation. Il y a bien, même actuellement, la nouvelle collective lesbienne qui a repris des dossiers actions en cours, mais je n’en fais plus partie. Nous verrons ce que l’association récemment créée Agora lesbienne féministe draine comme force militante.
Deux autres événements que je vais rapidement évoquer eurent lieu en juillet 2016 et août 2017, en Normandie, organisés par une collective. Deux rassemblements féministes et lesbiens. Mais jusqu’à la dernière minute, les lieux furent tenus secrets de peur que des transactivistes ne viennent perturber les rencontres, les saboter et les empêcher, à cause de thématiques, d’ateliers, qui auraient pu les contrarier comme l’idéologie transgenre et la disparition des jeunes lesbiennes.
Je me souviens qu’en avril 2017, à Avignon, où j’allais souvent, il y a eu la création de l’association LGBT La Langouste à Bretelles. D’ailleurs, ce sont deux lesbiennes qui sont et étaient à l’initiative de cette création d’association. Au fil des ans, assez rapidement, (au fil des mois plutôt), il y avait toujours une problématique trans. Et je me disais : “ Mais qu’est-ce que, constamment, viennent faire les trans dans des soirées qui étaient, certes, mixte gay lesbiennes.”. Voilà, je me souviens de ça.
Et puis, je fréquente vers Villeneuve-de-Marsan, une terre lesbienne aux Pouilles, et durant l’été 2018, nous parle de ce qui se passe à Nantes depuis des mois et de la scission qu’il y a dans l’association féministe lesbienne à cause de prises de positions (je crois que c’était… alors moi je vais dire un trans parce que moi je pars du sexe d’origine vers le genre,), un trans qui veut rentrer au conseil d’administration. Là, il commence à y avoir des discussions, des conflits, des dissensions au sein de cette association. Il va y avoir la séparation, la scission et la création des 44 vilaines filles en avril 2018. Donc il y a toute cette alerte de ce qui peut se passer dans des associations lesbiennes féministes.
Et puis du CELM, Centre Évolutif Lilith de Marseille, nous alerte de plus en plus sur la problématique du transactivisme et de leur offensive. Ça confirme ce qui s’est passé à Nantes, l’entrée dans des associations lesbiennes féministes. Peut-être faudrait-il modifier les statuts du CELM afin qu’on puisse être protégées de ce qui s’est passé à Nantes et que n’arrive pas au CA des personnes trans.
Par conséquent, en octobre 2019, à une assemblée générale, (tout le monde n’était pas d’accord mais il y a eu peu de temps avant des échanges, des explications, pour que tout le monde comprenne bien ce qui se jouait là), il y a eu les changements de statut afin que ce soit seulement des femmes nées femmes qui puissent adhérer au CELM.
Voilà, ce sont les trois années donc entre 2017-2019.
Et depuis deux/trois ans, l’offensive du transactivisme dans les milieux féministes et lesbiens n’a pas cessé de prendre de l’ampleur. C’est comme un rouleau compresseur, relayé par les réseaux sociaux, les médias, dans tous les domaines : la souffrance des trans, la problématique des trans, la transphobie… C’est un tsunami qui nous tombe dessus. On est en plein dedans mais voilà, on résiste.
Il y a eu aussi le film Arte “Petite Fille” qui est absolument scandaleux et qui montre la méconnaissance de beaucoup de psychiatres, ce qui est pas le cas évidemment de Céline Masson et Caroline Eliacheff avec l’écriture de “La Fabrique de l’Enfant Transgenre” qui était grande respiration de pouvoir lire ce livre, qui arrivait au bon moment, parce qu’elles ont vraiment tout compris de ce qui arrivait aux filles et aux adolescentes et aux adolescents.
Et puis, la manif NousToutes, l’an dernier déjà, le 20 novembre, qui est la date du fameux assassinat de la femme trans (qui a eu lieu je sais plus en quelle année).
Je fais vraiment là, très rapidement, une parenthèse : je n’ai rien contre les personnes trans mais (ce qui est important, c’est ce qui se dit après le “mais”) je suis tout à fait révoltée par le transactivisme. Ce qui est quand même différent.
Donc, il y a eu cette manifestation qui est soi-disant pour la journée pour l’élimination des violences faites aux femmes, donc bien sûr Caroline de Haas à ce moment-là dans Nous Toutes. Et cette année, le 19 novembre, toutes les pancartes où il n’y a pas le mot femme. L’année dernière, il y en avait même par rapport à la transphobie.
Là, la révolte atteint son acmé pour moi sur cet effacement, totalement, des femmes, et du détournement d’une date anniversaire extrêmement symbolique qui est le 25 novembre. Fort heureusement, il y a des villes en France qui résistent aussi au tsunami de Nous Toutes, qui est un groupe de personnes qui ne sont absolument pas féministes et qui sont tout à fait pour défendre la prostitution, le port du voile. Et d’ailleurs, on est évidemment des TERFS si on ne dit pas leurs slogans, si on ne défend pas leurs positions. D’ailleurs, le Strass (en tout cas c’est ce qui m’a été rapporté, c’est peut-être du rapporté/déformé mais je n’en suis pas sûre) aurait dit que cette année NousToutes les aurait beaucoup mieux accueillis que l’année dernière, Caroline de Haas. Ça montre un petit peu l’évolution de Nous Toutes.
Il y a également ce qui s’est passé en mai 2022, lorsque je me suis inscrite auprès des Culottées de Nice sans y adhérer pour un court séjour du côté de Barcelone. Naïvement, j’ignorais que les Culottées de Nice étaient pro-trans. Je croyais que c’était une association lesbienne féministe pas forcément militante. C’est en cours de chemin que j’ai su que c’était une association qui pouvait (alors avec des guillemets) “accueillir les personnes trans”.
Il n’y avait pas de trans lors de ce séjour mais il se trouve que, la veille du départ, je me suis retrouvée à dîner avec les deux fondatrices les Culottées de Nice et de Lesbiennes SOS Homophobie. L’amie avec laquelle j’étais venue à Barcelone était avec d’autres personnes.
Au cours du dîner, elles m’ont demandé comment cela se faisait-il que je m’étais inscrite au week-end à Barcelone, puisque j’aurais pu rencontrer des trans et que j’étais à l’époque au conseil d’administration du CEL. Et elles étaient évidemment très scandalisées par les positions du CEL (évidemment TERF) et je ne pouvais vraiment pas débattre, échanger. D’abord, elles étaient quatre, j’étais seule. C’était compliqué et c’était difficile pour moi de pouvoir justifier mes positions féministes qui justifiaient justement que je ne pouvais pas être favorable au transactivisme, et je ne pouvais pas les rejoindre ni adhérer à leur association.
RDG -D’accord, donc tu t’es retrouvée sommée de justifier comment, en tant que lesbienne et en tant que féministe, tu pouvais ne pas être d’accord avec le fait de coucher avec une femme à pénis.
Marino – Ah oui, bien sûr ! Non mais ça c’était… Je ne sais même pas si j’ai pu le dire parce que j’avais quand même une pression sur moi. Et je me rends compte que, oui, j’avais une accélération au niveau du cœur. Je me suis demandé comment allait se terminer ce dîner là. Je ne m’y attendais pas et j’ai eu l’impression d’être dans un guet-apens.
Je n’avais pas pensé une seule seconde qu’on allait me reprocher d’être venue et de faire partie du conseil d’administration du CEL et donc par conséquent d’être une TERF. Donc c’est toujours… Quand on est pris par surprise, comme ça, dans n’importe quelle situation, c’est toujours plus difficile de rebondir, surtout quand on n’a pas d’alliées avec nous et qu’on ne s’y attend pas.
Donc c’était pénible.
RDG – Oui, c’était volontairement pénible. C’est à dire que jusque-là, quand on allait sur un événement lesbien, ce n’était pas la première question qui venait à l’esprit. C’est “est-ce qu’il y aura des hommes?”.
Marino – Ah oui. Maintenant, si on fait la liste des associations lesbiennes féministes où seules des adhérentes seraient nées femmes et même socialisées femmes, oui, on les compte vraiment sur les doigts de la main. Si on ne modifie pas les statuts, comme on a fait d’ailleurs sur la terre lesbienne près de Villeneuve, on a également modifié les statuts pour pouvoir rester entre nous.
Quand on dit nous, c’est femmes, lesbiennes, nées femmes.
RDG – On va passer à la question suivante maintenant si tu veux bien. Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?
Marino – Des associations lesbiennes féministes, et beaucoup d’associations féministes on va dire hétéros font partie du front féministe. Parce que le front féministe et des associations féministes ont pris conscience (l’alerte qu’on avait donné il y a quelques années avec le danger du transactivisme) que ce transactivisme pouvait amener à l’effacement des femmes, et même du mot femme, et des droits des femmes.
Parce que le transativisme, ce n’est pas un mouvement féministe. Il défend le droit à la prostitution, évidemment ils ne sont pas abolitionnistes, ne sont pas universalistes, et ils vont défendre le port du voile, peut-être même remettre en cause le droit l’IVG.
En tout cas, toutes les revendications et les acquis des luttes féministes depuis des années 70 sont évidemment en danger avec ces personnes là.Parce que pour moi, clairement, derrière le transactivisme, c’est le patriarcat. Et le patriarcat, c’est la haine des femmes et la haine des lesbiennes.
Donc cela fait plaisir de voir qu’un grand nombre d’associations féministes ont rejoint le front féministe, ce qui n’est pas le cas de certaines associations féministes qui ne voient pas, je pense, ou n’en ont pas encore conscience, ou peut-être ont peur de prendre position par rapport au rejet de du transactivisme et de ce qui se passe en ce moment dans la société.
Alors, pour les enfants, les adolescents, les adolescentes en particulier, et bien je redis ce que j’ai dit tout à l’heure avec la fabrication de l’enfant transgenre : oui, il y a un véritable danger pour tous ces enfants vulnérables, et pour au moment de la puberté, (beaucoup de filles autistes en particulier), et tous les questionnements tout à fait normaux que des jeunes vont avoir par rapport à leur sexualité ou leur orientation sexuelle ou des questionnements où l’on quitte l’enfance, où on n’est pas dans le monde des adultes, où on est dans cette période de changements pubertaires, de bouleversements physiques et psychiques.
Et évidemment, moi, dans les années 68 70 (ou peut-être un petit peu avant) quand j’étais Tomboy, et bien on m’aurait dit : “ écoute, ne t’inquiète pas, tu pourras être un homme. Parce qu’en fait tu n’es pas née dans le bon corps, et tu pourras avoir des bloqueurs de puberté, et tu pourras même être opérée pour être un garçon (ce que tu es réellement, tu le sais), ce sera possible.”.
Je pense que j’aurais entendu ce discours là, moi, comme beaucoup de filles qui ne sont pas forcément devenues lesbiennes, je me dis : “ Qu’est-ce qui est en train d’arriver ?”. Si en plus les parents n’ont pas leur mot à dire ou pratiquement pas si dans les établissements scolaires il suffit qu’un garçon ou une fille demande à être appelé par un prénom de l’autre sexe (alors moi je dis sexe, eux ils diront genre). Je pense qu’en France, il va falloir que le gouvernement prenne conscience de ce qu’il est en train de se passer dans les écoles, dans les familles, dans la tête des enfants et des adolescents. Je pense que la Maison de Solenn, à Paris, reçoit de plus en plus d’adolescents qui veulent transgenrer.
RDG – Transitionner ?
Marino – Transitionner, merci.
RDG – En fait, si on regarde d’ailleurs, ce sont surtout des filles, on peut parler d’adolescentes que d’adolescents, et on comprend pourquoi les filles ne sont pas si bien. Alors, je voulais juste faire un petit point, vu que tu as parlé du Front Féministe. Pour celles et ceux qui écoutent, vous pouvez aller trouver le texte de déclaration du Front Féministe sur le site de Zéromacho, sur le site des Chiennes de Garde ou sur notre page facebook. Et évidemment, Rebelles du Genre est signataire et adhérante du Front féministe, bien sûr.
Marino – A partir du moment ( que ça soit pour Caroline et la chef Céline Masson ou d’autres sociologues, et de plus en plus de personnes jusqu’aux pièces de théâtre ) où il n’est pas possible d’aborder la problématique du transgenrisme, de la transidentité… Il y a tout de suite tout un vocabulaire complètement nouveau et on ne sait même plus quel mot on peut employer ou pas.
Toujours est-il que, lorsqu’il y a des menaces d’agressions, des harcèlements, des injures, des menaces de mort, qu’on empêche tout débat, tout échange, qu’il ne s’agit même pas de discuter mais qu’on veut terrifier, qu’on veut empêcher les mots, empêcher de parler, empêcher de dire, empêcher d’échanger, et qu’on menace et qu’on interdit. Pour moi c’est terriblement dangereux. Parce que c’est une façon de procéder de totalitaire, de stalinisme, des procédés des pays qui ne sont pas démocratiques. On doit se taire et on ne peut pas donner des positions qui sont différentes. D’ailleurs, on peut se poser la question : “ De quoi ont-ils peur pour empêcher le débat?”
RDG – Qu’est ce qui t’as décidé à témoigner aujourd’hui ?
Marino – Je témoigne aujourd’hui parce qu’il s’est passé un événement en octobre 2022, lors du festival de films féministes lesbiens Cineffable, à Paris à l’Espace Reuilly (où je suis bénévole depuis que Cineffable a lieu à l’Espace Reuilly) . Il y avait une projection “Rebel Dykes”( je sais plus de quoi, de toute façon je ne voulais pas y aller). J’étais bénévole pour l’entrée des salles, pour les billets. C’était ouvreuse.
Et puis, ce jour-là, il y avait pas mal de personnes trans qui sont venues. J’en ai vu quelques-unes, d’autres en ont vu encore plus. Toujours est-il que le lendemain sont arrivés, devant la porte de la salle à l’extérieur, trois personnes : une des organisatrices de Cineffable et deux jeunes bénévoles. L’une des deux, d’emblée, m’a accusée d’avoir tenu des propos transphobes la veille.
Sur le moment, je ne savais pas du tout de quoi elle me parlait. Je ne comprenais pas du tout. Je me suis dit : “Mais… J’avais une conversation avec des copines, je n’ai pas souvenir…”. Elle me dit : “Oui, puis des personnes du public t’ont entendue. On nous a rapporté des propos transphobes.”
C’est en fait une bénévole qui m’a entendue dire à ma copine, qui était près de moi dans la salle, “ Encore un homme trans.” . Parce que j’avais demandé à une personne qui était là.
Il était debout, il était avec son portable, la projection allait démarrer. Ma copine est à côté, moi je suis ouvreuse donc je vais vers lui et je lui dis : “ Est-ce que vous avez besoin d’aide ?” . La personne ne me répond pas. Imperméable, chapeau, ou grande mince. Donc là, je le regarde. Je regarde le visage, vraiment et là je me dis : “Ah bah oui, c’est un trans.” . Il devait être en échange avec quelqu’un avec son portable. Donc il est parti dans la salle. Et là, je me tourne vers et je lui dis : “Encore un homme trans” . Et il y avait une autre bénévole ouvreuse, évidemment, qui a entendu.
Voilà. Au lieu de venir me voir, j’ai bien vu qu’elles parlaient entre elles. (d’ailleurs j’ai dis : “Elles sont en train de parler entre elles et elles me regardent). Mais j’étais loin de tout ça moi. Elles ont rapporté ce qu’on considère comme un propos transphobe, parce que je n’ai pas dit “femme trans”.
Donc je dis “homme trans” , puisque je pars du sexe de départ pour le genre d’arrivée. C’est ça effectivement qui m’a été reproché, puisque pour les queers, j’ai mégenré. On a commencé à y avoir un échange, j’explique pourquoi je disais “homme trans”, en quoi c’était problématique. Et comme je portais le badge de Cineffable, c’était inacceptable que je puisse tenir des propos transphobes.
La discussion (si on peut dire) a continué, moi sur mes positions qu’il y a deux sexes biologiques. “ Non, non. D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais des personnes intersexes ? ”. C’est là où j’ai dit : “Écoutez, dites moi le pourcentage de personnes intersexes, mais il y a deux genres.” Il y a le genre, il y a le ressenti… Tout le discours habituel que j’entends depuis des années de la part des transactivistes. Jusqu’à ce qu’on me dise : “Ah mais tu n’es pas bien informée pour les personnes intersexes et si tu veux on peut t’envoyer de l’information.” . Alors là, sur ce, j’ai gentiment remercié en disant que, question informations, je crois que j’avais ce que je voulais et qu’on allait peut-être en rester là. Parce que, de toute façon, on ne se mettrait pas d’accord.
Et c’est après cela que j’ai déclaré que j’arrêtais d’être bénévole Cineffable. Qu’elle trouve d’autres personnes pour ouvreuse, la caisse, bar. Puisque j’étais considérée comme transphobe, je n’avais strictement rien à faire Cineffable. Donc j’ai enlevé le badge et puis j’ai informé (bien évidemment) mon réseau de copines de ce qui s’était passé, jusqu’au communiqué de presse de Cineffable, qui dit qu’une bénévole qui a tenu des propos transphobes a été exclue. Non, non, non. C’est la bénévole qui a décidé de s’exclure, ce qui n’est pas du tout pareil.
Ah, il faut quand même que je précise qu’une des responsables des bénévoles, suite à cet événement, enfin cet échange donc, dans Cineffable m’avait demandé de ne pas participer au débat, qu’il pouvait y avoir après des documentaires. Et sur ce, je lui avais répondu que je n’étais plus qu’une simple spectatrice, et qu’on était encore en démocratie, et que j’avais encore le droit d’exprimer des opinions, même si ça ne plaisait pas.
Voilà, c’est quand même important.
Dans ce communiqué de presse, Cineffable s’est même déclaré transphobe, parce qu’une réalisatrice brésilienne leur a envoyé un documentaire. Mais, ne pouvant être présente à Paris, avait proposé qu’une personne de l’équipe, je crois, puisse parler, enfin, présenter son film, ou être présente pour un échange… mais que c’était une personne trans. Et par mail, quelqu’un de l’organisation du festival aurait répondu que, si cette personne avait une barbe, ça pouvait poser problème.
C’est ce qui m’a été rapporté, et à partir de ce moment-là, la réalisatrice brésilienne a décidé qu’elle ne donnerait pas son documentaire. Et c’est une des raisons pour lesquelles, dans le communiqué de presse, l’équipe de Cineffable s’aplatit, se met par terre, pour s’excuser de leur transphobie.
On croit rêver.
Il faut savoir que la veille du dernier jour, a été tagué, sur le mur de l’Espace Reuilly, “Cineffable transphobe”.
Ce n’est qu’un avant-goût de ce qui va se passer pour ce festival dit “féministe lesbien”. Voilà.
Bon enfin, ça, ce n’est plus mon problème.
RDG – Donc, si on revient : on a une organisation du festival qui t’exclut comme bénévole, parce que tu aurais tenu des propos qu’elle juge transphobes, et que bon, bref, te font te sentir suffisamment mal pour que tu décides de partir, et qui elles-mêmes, ensuite, commettent le péché de transphobie, c’est ça?
Marino – Il faudrait que je relise leur communiquer?
RDG – Donc elles font, quand même, j’espère qu’elles font quand même bien leur autocritique, façon Moscou… ou pas?
Marino – Non non non non. Alors attends, je vais te… je vais être rapidement essayer de le retrouver, là, je l’ai pas loin du tout.
Ah voilà.
“Communiquer jeudi 27 octobre. – donc deux/trois jours après –
La 34e édition du Festival international du film lesbien et féministe de Paris s’est achevée dimanche 23 octobre 2022.
Suite à plusieurs incidents transphobes, nous tenons à réaffirmer les valeurs de Cineffable.
Le festival, organisé en non-mixité, se veut un lieu d’accueil et de sécurité pour toutes les femmes, et/ou lesbiennes, permettant à toute personne se reconnaissant dans l’une de ces identités de venir profiter de films lesbiens et féministes, d’expositions et de restauration.
Cineffable soutient les personnes trans, et condamne fermement tout acte de transphobie pouvant avoir lieu au sein de l’association, du festival, et partout ailleurs.
Nous remercions les bénévoles et membres du public nous ayant signalé des comportements inacceptables lors du festival. Une bénévole, tenant des propos transphobes, a été immédiatement exclue de l’organisation.
Lors d’une séance, des propos transphobes ont été tenus par des personnes dans la salle, et notre prise de parole à la fin de la séance a été insatisfaisante et incomplète. Nous l’avons dit dimanche soir lors de la rencontre avec le public et nous le réaffirmons ici : Cineffable condamne ces propos qui n’ont pas leur place au festival. La transphobie est un délit.
Par ailleurs, en amont du festival, des échanges entre Cineffable et Erica Sarmet contenant des propos maladroits mais néanmoins transphobes de notre part l’ont mené.e à demander le retrait de son film de la programmation. Nous présentons nos excuses à Erica Sarmet et à l’équipe du film “A Wild Patience Has Taken Me Here”.
La communauté féministe et lesbienne inclut des personnes trans, qui font partie de notre public et des artistes que nous mettons à l’honneur. Nous déplorons sincèrement les propos et les faits qui ont pu vous faire douter de nos valeurs. Nous présentons nos excuses et ne cautionnons en aucun cas des propos transphobes, qu’ils soient tenus par des membres de l’équipe, des bénévoles ou des membres du public.
En vue de la prochaine édition du festival, nous nous engageons à nous former et à mettre tout en œuvre pour éviter ce type d’incidents afin que Cineffable reste un lieu accueillant et bienveillant pour tout notre public.
L’équipe de Cineffable.”
RDG – Eh bien, c’est ce qui s’appelle s’aplatir!
Marino – Voilà c’est ce que j’ai dit!
RDG – On peut dire que là, c’est carpette!
Marino – Et nous former avec OutTrans, je suppose.
RDG – On vous remercie pour les gifles que vous voudrez bien nous donner s’il vous plaît.
Marino – Voilà! Alors tu comprends c’est peut-être pas bien exprimé, ce que j’ai dit mais leur communiqué… ils s’aplatissent vraiment. Je ne sais plus ce que j’ai dit… se mettre à genoux, par terre… enfin bon.
RDG – Oui, c’est “carpette’!
Marino – Nous sommes transphobes, boum, boum, boum, boum…
RDG – S’il vous plaît, mettez-nous une gifle.
Marino – Se carpettiser, ça doit être un mot qu’il va falloir inventer. Tu vois un peu jusqu’où ça va?
Je t’avoue que ça m’a fait quand même beaucoup plus d’effet que je ne pensais.
Ce qui s’est passé à Cineffable est un peu traumatique, puisque ça a réactivé ce qui s’était passé au dîner avec les deux lesbiennes des Culottées et de SOS Homophobie, parce que ce sont des attaques personnelles. Et en plus, tu es seule à te défendre, ce qui n’est pas facile.
Alors au sein d’une manifestation, paradoxalement, je suis tellement en colère que dans ce cas-là, je suis une manifestante qui peut être vraiment très très en colère, et il n’y a pas grand monde qui pourrait me faire peur.
Mais il y a quelque chose qui arrive toujours aux victimes d’agression, quelles qu’elles soient, c’est qu’il y a quelque part en nous, “et si on était coupable”?
Et ça, je l’ai ressenti en me disant “Mais je n’aurais peut-être pas dû dire homme trans, mais femme trans, puisque c’est bien ça qui m’est reproché, d’avoir mégenré. Et après, bien sûr, la réflexion, le raisonnement me dit “mais non, mais non, bien sûr que non. Tu as tout à fait raison de dire homme trans et puis de dire femme trans lorsque ce sont des femmes qui vont vers le genre masculin.
Mais il y a eu ce petit flottement, un moment, cette indécision, cette hésitation “et si je me trompais?” Voilà, c’est ce que j’ai envie de dire : le doute, voilà. La question du doute.
Et les victimes se sentent toujours coupables, même si elles ne le sont pas, évidemment.
Moi, la réponse au communiqué de presse, je leur demande : “vous avez une responsabilité par rapport aux jeunes lesbiennes, est-ce que vous avez conscience de votre responsabilité, de ce qui est en train de se passer? Vous ne voulez pas débattre, vous êtes dans le déni”.
Quand même, une lesbienne organisatrice de Cineffable, qui me dit qu’il n’y a pas deux sexes biologiques, qui a mon âge!
Je reste effarée, sidérée.
C’est de la propagande, là : comment on lui a lessivé le cerveau? J’ai du mal à comprendre. Elle n’est pas féministe, c’est pas possible. Elle n’est pas féministe!
RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?
Marino – Le mot anecdote convient parfaitement, parce que lorsque je vais beaucoup dans des événements, dans des théâtre, enfin voilà… dans des lieux où il y a des sanitaires : les sanitaires hommes d’un côté, les sanitaires femmes de l’autre, de sexe biologique, du coup je répète, parce que je me rassure avec ça. Il me semble bien qu’il y a deux sexes biologiques à l’origine. Et lorsqu’il y a une file d’attente beaucoup trop longue du côté des sanitaires des femmes, eh bien je vais du côté des sanitaires hommes, voilà!
Et il arrive quelquefois qu’on me fasse la remarque, que je suis, que je vais chez les hommes. Et je répondais, je disais : “bah et les trans, où on va, nous?” Ou je ne répondais rien, mais il m’est arrivé de le penser, et puis même de le dire très rarement. Alors maintenant, il est hors de question que je puisse dire “et nous les trans, où on va?”
Ce qui montre qu’il y a peut-être, je ne sais pas moi, avant 2000-2015 on va dire peut-être qu’autour de 2015-2016, je ne réalisais pas ce qui pouvait se passer. Maintenant, bien évidemment, jamais je ne dirais ce que je disais auparavant. D’ailleurs, je crois que maintenant, les hommes ont pris le parti de voir des femmes arriver dans leur sanitaires, parce que de plus en plus, et pas seulement des féministes, vont dans les sanitaires hommes lorsque la file d’attente est vraiment trop importante chez les femmes.
Voilà, c’est mon anecdote.
RDG – As-tu quelque chose à ajouter?
Marino – Ce que ce que j’ajouterai, c’est en direction des jeunes qui écoutent le podcast “Rebelles du genre” : de ne pas se décourager de ce qui arrive, de résister, de lutter, de s’opposer, de ne pas avoir peur, de ne pas répondre à la provocation, de se former mais auprès de toutes les associations féministes pour comprendre que ce qui est en train d’arriver est grave, et justement en direction des jeunes et des adolescentes, oui en particulier : bloqueurs de puberté, prises d’hormones, opérations irréversibles et dramatiques, entre autres.
Les mammectomies… Les seins, c’est beau, il faut les garder, il faut les conserver.
Sauf si on a une maladie grave, évidemment.
Et les hommes enceints, ça n’existe pas.
Il n’y a que des femmes, nées femmes, qui ont un appareil reproducteur, et qui peuvent mettre des enfants au monde, pour peu qu’on ait envie de la maternité, ce qui n’est pas une obligation non plus.
La contrainte à l’hétérosexualité, la contrainte à la maternité… bien réfléchir avant de tomber enceinte, mais ce que veut nous faire croire le Planning Familial ou le transactivisme… Non!
Pas d’homme enceint, et évidemment, pas de maternité de substitution, pas de GPA, pas de location des ventres, pas d’exploitation du corps des femmes.
Ça suffit, le patriarcat.
RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible. S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com
Rejoignez-nous, n’ayez plus peur. Ensemble, nous ferons changer les choses. Si vous souhaitez témoigner, contactez-nous par mail.
À bientôt pour un nouveau témoignage de Rebelles du genre.