Rebelles du genre – Épisode 41 – Élisabeth

Elisabeth – Je m’appelle Elisabeth, j’ai 25 ans et je travaille dans la musique. J’ai découvert progressivement le féminisme et ça a été très libérateur pour moi, et émancipateur. Et je pense vraiment que je n’aurais pas été la même femme si je n’avais pas lu des livres, découvert des grandes penseuses qui m’ont inspirées, et qui m’ont montré que j’étais aussi valable qu’un homme. Elles m’ont permis de combattre la misogynie internalisée, qui fait tellement de ravages en nous toutes, et j’ai un respect infini pour ces femmes, je les remercie profondément, et je suis régulièrement émerveillée par la profondeur de leur pensée, combien tout ça est créatif et inspirant pour nous toutes.

Je pense, en fait, que j’ai toujours été critique du genre, parce qu’en fait, dès que j’ai commencé à regarder un peu des choses féministes, et quand je suis tombée sur des paroles de femmes qui faisaient scandale à ce sujet, en fait, je ne voyais pas quel était le problème. J’étais immédiatement d’accord avec elles : par exemple, le tweet de J.K Rowling, qui a fait un gros scandale, ou le thread sur tweeter qu’avait fait Marguerite Stern, moi quand je lisais ça, je ne la connaissais pas, mais je me suis tout de suite dit : « bah elle a raison, je vois pas, enfin, où est-ce qu’il y a un débat quoi ? ». Et ça m’a tout de suite parlé en fait. Et moi, enfin, ce que j’ai vraiment envie ici de rappeler, par rapport à tout ça, c’est que l’oppression des femmes, c’est ça qui me touche, c’est qu’elle dure depuis littéralement des siècles, qu’elle est systématique, et qu’elle se fonde sur notre biologie. Et que, plus on parle de genre, plus on change et on invisibilise cette réalité historique et sociale. Et moi, je suis souvent bouleversée quand je pense à toutes ces femmes à travers l’histoire, qui ont souffert, qui ont été violées, mariées de force, qui ont fait des enfants alors qu’elles n’avaient pas envie, qui n’avaient pas le choix de se poser la question de ce qu’elles voulaient faire dans la vie.

Par exemple, à une certaine époque, j’étais en études de droit, et j’avais vu que dans le code d’Hammourabi, qui est un des plus anciens écrits de droit, il y avait déjà des règles du style : si un homme a des dettes, il peut vendre sa fille pour les rembourser. Ou, s’il doit subir une condamnation à mort, il peut être remplacé par sa femme ou sa fille. Enfin, il faut imaginer le truc quoi ! Moi je trouve ça vraiment dingue, et à chaque fois, ça me bouleverse de voir que depuis si longtemps, c’est la même logique.

Et voilà, je trouve que c’est super important pour moi de rappeler constamment que dans le féminisme, on se bat pour les femmes à travers l’histoire, et les femmes dans le monde, et pas juste pour des débats qui moi, m’apparaissent juste comme… qui n’ont rien à voir avec le sujet.

Ce dont je veux le plus parler, c’est le viol que j’ai subi, de la part d’un homme, qui m’a violée en tant qu’homme, mais qui m’a annoncé plus tard s’identifier en tant que femme.

Et déjà, ce que je veux préciser, c’est que moi je n’utilise jamais cette histoire dans des débats, à chaque fois que j’en ai sur ce sujet, parce que je trouve que mon vécu, par ailleurs, n’a rien à voir avec mes convictions politiques. Enfin, je déteste qu’on me dise : « tu penses ça parce que t’as vécu ça ». C’est faux, c’est plus complexe que ça quoi. On peut partager une opinion politique sans avoir subi ce que le gens, les principaux concernés quoi… donc voilà, mais je sais maintenant que, après avoir vécu ça, je ne pourrais jamais changer de position, tout simplement. Mais j’ai vraiment besoin de parler de cette histoire parce qu’actuellement, c’est une sorte de tabou dans ma vie, parce que du coup, quand je raconte ça, si je parle de mon viol, il faut aussi que je parle de cette suite. C’est à dire que, la personne qui me l’a infligé, enfin, l’homme qui me l’a infligé s’est ensuite dit comme femme, et en fait je sais qu’il y a plein de gens à qui je dirais ça qui pourraient réagir en mode :  non mais, du coup, ELLE a fait ça, du coup respecte son genre, ou j’en sais rien. Mais en fait je trouve ça dingue, c’est cette idée que le viol, qui est une violence de base qu’on fait aux femmes, devient un nouveau tabou quand c’est fait par des personnes trans, en fait.

Voilà. Pour raconter cette histoire, et je vais la raconter avec des détails parce que, pour moi c’est important, pour essayer de décrypter le sens de ce qui est dit, et de ce que moi je dis. Donc en fait, à cette époque, c’était un homme. Et il était venu dîner un soir chez moi, et moi je venais de rompre avec quelqu’un avec qui j’étais depuis très longtemps. J’étais assez perdue, inquiète sur ma désirabilité, etc, et en fait je le voyais vraiment comme un ami.

Pour moi, c’était la friendzone, et je n’avais même pas imaginé qu’il pouvait se passer quelque chose d’amoureux entre nous, ou de sexuel. Et en fait, la soirée s’est terminée très tard, vers 4h du matin, et au moment où il allait partir, je ne comprends pas trop ce qu’il fait parce que, il se rapproche de moi. Genre, si je vais à un endroit dans la pièce, il se rapproche très près de moi, je change d’endroit il se re rapproche très près, et je ne comprends pas ce qu’il veut. Et en fait, au bout d’un moment, il m’embrasse sans rien dire, et on couche ensemble. Donc sur le moment, j’étais un peu sonnée, mais en un sens j’étais contente d’avoir suscité du désir chez un homme, parce que j’étais un peu inquiète de ça après ma rupture, et en même temps ce n’était pas très clair pour moi ce qu’on faisait, dans le sens où moi, j’avais pas pu exprimer de consentement clair, ni envers lui ni envers moi, je n’étais pas très sûre de le vouloir en fait. On devait se revoir quelques semaines plus tard, et j’avais réfléchi entre temps, et je m’étais dit : en fait, je n’ai pas spécialement envie d’avoir une relation de ce type avec lui, et je vais lui en parler, et voilà. Et le soir venu, une fois avec lui, en fait je ne sais pas comment lui dire, et je n’y arrive pas. Et, je ne sais pas comment formuler ça, et on ré entame un rapport sexuel. Et je ne me sens pas vraiment de refuser, déjà parce que je l’ai invité, parce qu’il est chez moi, parce qu’il est tard, parce que j’ai le sentiment de lui devoir quelque chose. Enfin là j’explique tout ça un peu froidement, mais c’est parce que j’ai analysé depuis, parce que ça s’est passé quand même il y a quelques années. C’est juste la mécanique horrible du viol. Je suis désolée, du coup il y a des travaux chez mes voisins, donc vous allez entendre un peu de bruit. En fait, si ça s’était arrêté là, ça aurait fait partie de la zone grise à la limite. Sauf que, il y a une suite malheureusement. En fait, à un moment donné, il était dans mon dos en fait, et il me pénètre l’anus, sans préparation, sans rien, sans consentement, sans contact visuel. Et en fait, moi je suis vraiment, à ce moment-là, très choquée, et je ne comprends pas ce qu’il se passe. Et je me dis dans ma tête : mais qu’est-ce qu’il se passe ? Est-ce que c’est réellement ce que je crois qui est en train de se passer ? Mais je me dis : mais non, c’est pas possible, personne ne fait ça, on ne fait pas ça, enfin. Donc il y a un moment en fait où je… en fait, je n’arrive même pas à réaliser. Et de toute façon, enfin je ne sais pas si vous voyez mais ce truc où parfois en tant que femme, quand on nous fait de la violence, on se dit : mais est-ce que c’est moi qui invente ? Est-ce que je suis en train de rêver sur le moment ? Et du coup, je ne savais même pas quoi dire ou faire. J’avais juste envie que ça se termine le plus vite possible. Et en fait, dans les jours qui ont suivi, je comprends petit à petit en parlant avec des amis que c’était un viol. Du coup, je me dis qu’il faut que je fasse quelque chose au moins pour alerter, pour dire stop. Donc, j’envoie des messages, pour lui dire que ce qu’il s’est passé n’est pas normal, qu’il n’est pas question de se revoir, et qu’il n’est pas question que ça se reproduise. Et lui, il réagit en me disant qu’il est effaré, qu’il ne comprend pas, qu’il ne se souvient pas avoir fait ça. Donc, premier choc pour moi. Ouais, il ne se souvient pas avoir fait ça, comme c’est commode quoi. Et donc, moi je ne lui parle plus pendant des mois, et je décide de ne pas porter plainte parce que je ne vois pas, en fait, comment prouver, de toute façon, ce qu’il s’est passé. Enfin, on m’aurait forcément dit que c’était la zone grise, que c’est parole contre parole, etc… Et je me disais, en fait, au bout d’un moment je commençais à ressentir le besoin, au moins, de le revoir une fois, et de faire, entre guillemets, de la pédagogie. Déjà, j’ai prévenu les filles que je savais qu’il connaissait, et ensuite, je voulais au moins, essayer de… enfoncer un petit clou dans sa tête quoi, et je veux dire, ça tu ne peux vraiment pas le faire. Du coup, je le contacte et je lui propose un rendez-vous dans un parc, et j’avais très très peur, et c’est ça aussi que je veux dire sur les violences sexuelles, c’est que, même quand c’est, entre guillemets, pas sous la contrainte, en fait, la terreur elle reste. Et, alors même que, moi on ne m’a pas mis une main sur la bouche, on ne m’a pas tenu les bras ou je n’en sais rien, mais par contre, la terreur reste en fait. Et ça fait que la seule solution que j’ai trouvé, en tout cas pour ça, c’était de le voir à l’extérieur, dans un parc hyper fréquenté, avec mon meilleur ami qui était caché un peu plus loin, parce que j’avais besoin de savoir qu’il y avait quelqu’un de bienveillant, qui pouvait venir dès que… en fait, j’étais encore dans la sensation de pouvoir me faire violenter, tout simplement. Donc, je lui explique mon point de vue, je lui explique que c’était un viol, tout simplement. Et lui il s’excuse, il continue à dire qu’il ne comprend pas ce qu’il s’est passé, et voilà. Mais moi je me dis au moins j’ai fait mon « travail ». De prévention. En principe ça pourrait s’arrêter là.

Sauf que j’ai d’abord reçu un mail de sa part. Enfin, de sa part… d’une femme que je ne connais pas. Puis, quelques mois plus tard, un message facebook. Et les deux c’était le même contenu : et donc c’était lui, qui me dit qu’il est parti à Berlin, qu’il est plus à l’aise sous son identité de genre de femme, et, je n’ai plus le mail parce que sinon je pourrais le lire, franchement, c’est une pépite. Il me propose de se revoir, il dit qu’il a besoin de discuter, qu’il se sent coupable, il évoque même la possibilité qu’on devienne amiES, avec un « es ». Donc voilà. Moi, déjà, j’aimerais parler de la terreur en fait, de juste recevoir un mail de la part de mon agresseur. Un message facebook et un mail. C’est-à-dire que la personne insiste, et que contrairement à moi, moi je n’ai pas son contact, je n’ai pas son adresse, j’ai rien, et lui, il a ça sur moi en fait.

Et c’est juste horrible de s’imaginer que ça peut être une bonne idée à un moment donné de me contacter. En fait, j’ai passé, juste le temps d’écrire un message… j’ai passé des moments d’angoisse intenses quoi. Et donc finalement, j’ai répondu en disant que je trouvais ça totalement insultant en fait, qu’il se sente femme, par rapport à ce qu’il m’avait fait, et je lui ai dit de ne plus jamais me recontacter parce que sinon, je porterai plainte pour harcèlement. Je suppose que ça a marché parce que jusqu’à présent, je n’ai jamais reçu de nouvelles. Et tant mieux, clairement.

En fait, je détaille ce viol, parce que pour moi c’est vraiment important, et je pense que ça montre vraiment pourquoi ça n’a aucun sens, que cette personne qui m’a violé, dise être une femme, alors que c’est un homme. En fait, déjà, il faut imaginer que ça veut dire, et ça, ça me met dans une colère folle personnellement, que je pourrais aller dans un groupe de parole par exemple, réservé aux victimes de violences sexuelles, et, pour peu que ce groupe de parole soit ouvert aux femmes trans, du coup aux hommes transidentifiés, je pourrais me retrouver avec mon agresseur. Genre : tiens, salut ! Enfin, je trouve que ça ne fait pas sens 2 secondes quoi. C’est horrible de penser que même dans des espaces qui devraient être des espaces de sororité, de solidarité, d’entraide entre femmes, je pourrais trouver là, la personne qui m’a fait du mal. Et en plus, cette personne évolue dans un milieu artistique, culturel, etc… très privilégié. En fait, d’imaginer que les gens vont le respecter, vont le valoriser pour être… potentiellement, une femme trans, donc un homme transidentifié, reconnu pour son travail, etc… enfin moi je trouve ça grave en fait. Parce que cette personne est un violeur, et en fait on va les valoriser, ou je ne sais pas, alors même que c’est des hommes qui ont fait du mal à des femmes.

Surtout, ce que je veux dire aussi, et pour moi… c’est pour ça que je veux vraiment décrypter cette situation, c’est que… cet homme a violé en utilisant sa socialisation en tant qu’homme. C’est à dire que, il a tiré avantage du fait que je suis une femme, que j’étais flattée à l’idée qu’un homme me désire, que je ne trouvais pas de raison, sur l’instant, de refuser… parce que c’était un mec beau, sympa, etc, et que je le vivais entre guillemets comme une sorte d’honneur quoi. Et ensuite, il a tiré avantage du fait qu’il était chez moi, tard, que c’était moi qui l’avait invité, que du coup je ne me sentais pas de lui refuser du sexe, parce que je l’ai invité. Et voilà, depuis, j’ai vachement déconstruit toutes ces idées en moi, mais à l’époque, j’étais encore jeune et je pensais encore comme ça, tout simplement. Et je veux dire aussi qu’il a fait ce qu’en tant qu’homme, on lui a appris à faire : c’est à dire que, je suis une femme, il m’a regardé comme un objet, il a déduit mon consentement du contexte, mais il n’a pas du tout cherché à le vérifier. Puis, tout simplement, il m’a violé avec son sexe, son pénis, qui est un attribut masculin par excellence, et il a fait ce que font les hommes depuis… depuis toujours en fait. C’est à dire, forcer les femmes, tirer leur plaisir d’un corps qui n’est même pas partant, qu’ils jugent à leur disposition. Et je me dis : en fait, le plus incroyable c’est qu’il ne se rappelle pas de ce qu’il a fait. Et pour moi, c’est un peu le truc ultime : est-ce qu’il est vraiment bête, est-ce qu’il est dans le déni, est-ce qu’il ment vraiment, enfin explicitement ? Je ne sais pas. Mais le simple fait qu’il ne se souvienne pas, pour moi, prouve, enfin, est la preuve même, qu’il ne m’a pas regardé en tant qu’humaine, et que j’ai juste été utilisée dans un fantasme solitaire de sodomie.

Mais du coup, c’était pour ça aussi que, au tout début de mon témoignage je remerciais vraiment les féministes, et je disais à quel point j’étais reconnaissante envers elles, parce qu’en fait, c’est vraiment tous ces écrits, et toutes ces réflexions qu’elles ont eues qui me permettent aujourd’hui de prendre autant de recul sur la situation. Enfin, moi… c’est vraiment horrible, mais juste après le viol, je me disais : j’ai essayé la sodomie. Il y avait un truc où je me disais : bon ben ok, j’ai un sentiment un peu de malaise, mais… j’ai fait une nouvelle expérience sexuelle quoi. Et, dans les jours qui ont suivi, j’ai réalisé tout ce qui n’allait pas, j’ai réalisé combien je me sentais mal, etc, mais… il y a effectivement une sorte d’influence aussi, clairement, de la pornographie, où en fait, on ne se pose même plus la question pour soi : de ce qu’on veut, de notre propre consentement, et des situations. Et je pense que c’est ce que j’imagine a aussi pu se passer pour lui quoi.

Mais du coup, pour continuer… enfin, moi ce que je me demande par-dessus tout, c’est : pourquoi ? Et je trouve vraiment qu’il faut poser cette question. Pourquoi est-ce que cet homme, a besoin de me dire à moi, qu’il se sent femme ? Est-ce qu’il veut un pardon ? Est-ce qu’il veut une absolution ? Est-ce qu’il veut que je l’accueille à bras ouverts et que je lui dise : oh, t’es ma sœur, t’inquiète, on est toutes victimes du patriarcat ? Je veux dire, c’est hyper drôle ! A quel réaction il s’attend de ma part quoi ? Enfin… (rires). Non mais c’est clair quoi (rires) ! En fait, moi je crois que c’est juste un moyen de gérer sa culpabilité, de passer dans le camp des gentils, de se débarrasser de son pénis ou de son nom d’homme, et de se débarrasser de comme ça de l’arme du crime quoi. On dirait vraiment que c’est ça. Et moi je trouve que c’est super facile en fait. Il y a un truc qui est beaucoup trop facile là-dedans. Et je trouve que c’est tellement insultant ! Moi, je me suis faite violer par un homme, à raison de son éducation d’homme, de mon éducation de femme, et ensuite, j’entends qu’il se sent être une femme. Et donc avec tout ça, en fait, avec toute cette expérience, je ne peux juste pas adhérer à l’idée que les femmes trans sont des femmes. Les hommes restent des hommes, peu importe comment ils s’habillent, peu importe quelles opérations ils subissent, etc. C’est une question de construction mentale, qui commence très tôt. Donc, pour moi, toute cette idéologie transactiviste met les femmes en danger, parce qu’en fait, ça revient à nier tout plein de choses qui se construisent dans l’enfance. C’est une idée qui revient à nier qu’une foule de choses se construisent dans l’enfance… et c’est juste absurde parce qu’un homme qui prétend être une femme a appris à être dominant, et a appris à en tirer avantage. En fait, toute cette idée du transactivisme et qu’il peut y avoir des femmes trans qui sont des hommes transidentifiés, reposent sur la bonne foi des hommes. C’est à dire qu’il faudrait qu’on suppose qu’ils sont de bonne foi, ce qui n’a juste pas de sens pour moi. Je veux dire, l’histoire nous a suffisamment appris qu’on ne pouvait pas leur faire confiance.

Ensuite, il y a aussi les réactions de mon entourage par rapport à ça. Par exemple, j’ai une très grande amie, qui a vu que je suivais des comptes féministes sur instagram, et, elle m’a dit qu’elle ne m’en voulait pas, parce qu’elle savait que c’était à cause de ce qui m’était arrivé. Je trouve ça, en fait, horrible, hyper insultant, et méchant envers moi. C’est vraiment cette idée qu’en fait, si je n’avais pas vécu ça… en fait, je n’aurais pas de raison d’être critique du genre. Alors que je réagis juste par rapport à un ressenti, quoi. Puis du coup, elle essaye d’appeler poliment cet homme : « cette personne », parce qu’elle ne voulait pas le mégenrer, elle ne voulait pas non plus l’appeler « elle » devant moi… En fait, ce que je ne comprends pas, c’est : pourquoi est-ce qu’on fait comme si le désir de changer de sexe n’était pas questionnable ? Pourquoi est-ce qu’on ne peut pas pointer le fait qu’il y a certainement des mauvaises raisons de transitionner en fait ? Voilà, tout simplement, et parmi ces mauvaises raisons de transitionner, tout simplement, le fait de ne pas supporter d’être dans le mauvais camp, et de ne pas être en paix avec ce qu’on a fait. Et tout à coup, de pouvoir se déclarer femme, ça permet de, j’imagine, de gérer sa culpabilité.

Rebelles du Genre – De sortir du camp des violeurs en fait.

Elisabeth – Oui c’est ça. Exactement.

Rebelles du Genre – C’est vachement facile.

Elisabeth – Oui.

Rebelles du Genre – Pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie est une menace, pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, plus globalement pour la société ou pour notre démocratie ?

Elisabeth – Pour moi, cette idéologie est dangereuse parce qu’elle va contre la réalité historique et sociale. C’est-à-dire qu’on entend tout le temps dans la théorie du genre, que les dominants, c’est les cisgenres, donc les gens qui sont en accord avec leur sexe biologique, et que les femmes trans, donc les hommes transidentifiés, sont plus en danger que les femmes. Et donc, il y a cette idée aussi que les luttes féministes sont terminées, ou en tout cas quasi terminées, ou en tout cas, maintenant, la lutte principale c’est la lutte des minorités de genre. Et moi, je trouve que c’est complètement faux, et que c’est très, justement, je trouve que c’est un féminisme extrêmement bourgeois. Précisément. Puis, tout simplement, j’ai l’impression que plus on intègre la question trans dans les luttes féministes, plus on dilue et on dévoie la notion de femme, de ce que ça veut dire le mot femme, profondément. Et pour moi, c’est une menace surtout, vraiment, pour la démocratie, ça je veux vraiment insister là-dessus, parce que ça crée vraiment une façon de faire de la politique, où on se base uniquement sur le ressenti, et pas sur les données sociologiques. En fait, il suffit de s’autodéterminer. A partir de là, on ne peut plus discuter, parce qu’en fait, on n’est même plus sur le plan de la discussion, du débat, on est juste à dire : je me sens offensé, je suis blessé, donc j’ai raison. J’ai l’impression que ce n’est que ça en fait. Parce que, d’un côté du coup, on a les féministes qui essaient de démontrer que leur oppression repose sur un constat, à la naissance de leur sexe, et que de ce constat découlent plein de formes de contraintes, de violences, et de l’autre, on a les transactivistes, qui disent qu’on peut se sentir femme et que ça ne doit pas être questionné. Mais, j’ai déjà entendu ça dans les podcasts de RDG, et je suis totalement d’accord avec ça. On ne choisit pas son oppression, et on ne peut pas choisir son oppression. Enfin, on se découvre violentées par un système social, mais on ne choisit pas de se rattacher à une communauté violentée par un système social, ça n’a pas de sens. C’est comme si les gens se déclaraient racisés alors qu’ils ne le sont pas, c’est comme si… enfin, je n’en sais rien, tout le monde trouverait ça scandaleux, alors pourquoi là ça ne choque personne ?

Rebelles du Genre – Il y en a qui le font quand même !

Elisabeth – Ah, il y en a qui le font mais les autres leur disent « ta gueule » !

Rebelles du Genre – Il y a des trans coréens ou des trans afro-américains. Évidemment, tout le monde trouve ça choquant, mais il y en a. Ils n’ont honte de rien, il y a même des trans handicapés.

Elisabeth – Mais c’est horrible !

Rebelles du Genre – Il y a même des trans animaux !

(rires)

Elisabeth – Mais c’est horrible. Enfin, je ne comprends pas qu’on puisse s’insurger contre ça et pas contre les trans du genre. Pour moi, cette idéologie est aussi dangereuse pour les droits des femmes à grande échelle, parce que c’est comme si les violences auxquelles sont soumises les femmes à travers le monde n’existent plus. En fait, se poser la question de : « c’est quoi mon genre en fait ? », ça me paraît vraiment être un luxe inouï. Je trouve que c’est complètement déconnecté de la réalité des femmes qui sont prostituées, violées, exploitées et excisées dans le monde. Et du coup j’ai envie de citer quelques chiffres qui moi personnellement me mettent très en colère : par exemple, selon l’estimation mondiale de l’OMS, 35 % des femmes, soit près d’une femme sur trois, indiquent avoir été exposées à des violences physico-sexuelles de la part de leur partenaire intime ou de quelqu’un d’autre au cours de leur vie. Et, ce quelqu’un d’autre, la plupart du temps du coup, c’est un homme.

Rebelles du Genre – Je lève la main, comme toutes les femmes !

Elisabeth – Ben oui, mais c’est ça !

Rebelles du Genre – Comme beaucoup de femmes, surtout quand elles sont jeunes.

Elisabeth – Exactement.

Rebelles du Genre – Enfin, je dis quand elles sont jeunes… ça arrive tout le temps.

Elisabeth – Oui. En fait, je trouve ça intéressant ce que tu dis, parce que pour moi, c’est aussi la base du patriarcat, de couper la transmission entre les femmes, quand tu dis les jeunes femmes, je trouve ça intéressant, parce qu’en fait, il y en a plein d’entre nous, qui sont larguées, entre guillemets, dans le grand bain de la soi-disant maturité affective et sexuelle, mais en n’ayant pas du tout été prévenues, sensibilisées… enfin, moi par exemple, et je le regrette vraiment, en fait je me rends compte a posteriori que, quand j’étais au lycée, j’ai des amies qui m’ont fait des récits de viols, et je ne les ai pas reconnus comme tels, parce qu’à l’époque, je ne savais pas reconnaître ça en fait. Et je l’ai appris petit à petit, mais c’est aussi en ça qu’on doit se préparer et qu’on a vraiment besoin, du coup, de pouvoir se reconnaître les unes des autres : c’est qu’on a besoin de se transmettre nos savoirs, pour que ce genre de choses ne nous arrivent plus. Tout ça pour dire qu’une femme sur trois dans le monde a été violentée par un partenaire intime ou un proche au cours de sa vie, et en fait, ce n’est pas du ressenti. C’est des données chiffrées, ça ne se décrète pas, ça ne se choisit pas, ça nous est infligé. Tant que ces chiffres seront si écrasants, si massifs, moi je me concentrerai juste sur les droits des femmes, et je me battrai contre toute idéologie qui nous empêche d’utiliser le mot femme.

Et pareil, je voudrais parler de ça parce que, pour moi ; ce chiffre m’a vraiment choquée, je l’ai découvert récemment, ce n’est pas tout à fait dans le sujet mais sur la prostitution : en 2020 en France, 22 % des hommes majeurs ont déjà eu un rapport sexuel avec une prostituée. Alors, les personnes prostituées, c’est à plus de 90 % des femmes, donc il faut imaginer qu’un homme sur cinq majeur qu’on fréquente a utilisé une femme. Moi je trouve ça hyper grave, j’essaie d’imaginer les hommes que je croise, mes profs, mes collègues, des amis de mes parents, et d’imaginer qu’en fait, ces hommes peut-être, la veille, la semaine dernière, ont baisé une fille de mon âge, qui était peut-être forcée, esclavagée, enfin de toute façon était une situation de prostitution, donc je pense, pour ma part, pas très consentante… En fait, je ne vois pas comment on peut être d’accord avec ça. Je ne vois pas comment est-ce qu’on peut faire semblant que ce n’est pas un problème.

Rebelles du Genre – Là, du coup, je vais intervenir aussi parce que tu fais le lien, mais je crois que tout est lié. Tu parles de prostitution, heureusement, maintenant, depuis le 13 avril 2016, on a une loi abolitionniste qui protège les personnes en situation de prostitution, et qui met les torts là où ils sont, c’est-à-dire sur les acheteurs d’actes sexuels, sur les violeurs et sur les proxénètes également. Donc au moins, la France va dans la bonne direction en mettant les bons mots. Maintenant, il faudrait des actes, bien sûr, et notamment la vraie verbalisation des violeurs, et notamment d’acheteurs d’actes sexuels sur les mineurs. C’est un combat, c’est incroyable…

Elisabeth – Oui, c’est horrible.

Rebelles du Genre – Parce qu’on a un grand nombre de femmes en situation de prostitution qui sont des jeunes femmes, voire très jeunes femmes, et ce n’est pas reconnu comme des viols aujourd’hui. Ce n’est jamais, jamais, jamais traité aux assises, alors que ça devrait être systématiquement le cas.

Et un autre lien qui me vient, c’est avec la pornographie, qui est en fait de la prostitution filmée, des violences sexuelles filmées, et c’est complètement lié. Et ton histoire en fait, malheureusement moi ce qu’elle m’évoque, c’est l’histoire d’un mec gavé au porno, dressé au porno, qui n’a pas réagi, et qui a considéré que ça le dédouanait, que ça lui donnait des droits sur le corps de toutes les femmes, et notamment le corps de sa meilleure amie. Enfin, ça semble incroyable, si on sort ça du contexte de la pornographie. Notre société est gavée au porno et c’est une plaie. Et c’est pour ça qu’il y a un lien très étroit, donc tu dis je ne suis pas sûre que ce soit dans le sujet, mais si, c’est complètement dans le sujet ! Il y a un lien direct entre la transidentité, l’utilisation de pornographie, et les violences sexuelles. Et effectivement, là tu le démontres vraiment très très bien, et c’est intéressant que tu aies pu le dire. Et puis, autre chose aussi, les féministes, elles sont là pour ça. Elles sont là pour cette transmission, elles sont là pour mettre les mots sur ce qui se passe, dire qu’un viol est un viol. Oui, moi c’est seulement depuis que je milite que j’ai pu comprendre qu’à 20 ans, j’ai été violée en fait. J’ai mis des années avant de mettre le mot dessus, et plus vite on comprend ce que c’est, plus vite on peut se battre, et sortir son grand sécateur, et faire le nécessaire.

Elisabeth – Exactement.

Rebelles du Genre – Parce que c’est vraiment ça qu’il faudrait faire. Voilà !

Elisabeth – Mais par rapport à ça, moi j’ai beaucoup réfléchi après cet évènement aussi, au concept de zone grise, que je trouve très grave. En fait, il n’y a pas de zone grise.

Rebelles du Genre – Non, il n’y a pas de friendzone non plus d’ailleurs !

Elisabeth – Non, non, non bien sûr… Mais c’est juste qu’il n’y a pas de zone grise dans la mesure où en fait, à partir du moment où il y a un malaise, il y a un truc qui n’est pas clair, c’est qu’il y a un viol. Et c’est juste que…

Rebelles du Genre – Il y a du désir ou il n’y a pas de désir.

Elisabeth – Exactement ! C’est pas : « hum, je sais pas trop », enfin, « je ne sais pas trop », c’est non en fait.

Rebelles du Genre – C’est ça. Tant que ce n’est pas un oui tout à fait franc et permanent, c’est un non.

Elisabeth – Oui. Mais en fait, tu parlais de pornographie, et je trouve ça hyper intéressant, et de prostitution parce qu’on peut faire des lois pour, et c’est très bien, il y a quelques procès historiques, il y a le procès Jacquie et Michel en ce moment qui est super important, mais en fait, avant tout, c’est la culture qui doit changer en fait. Tant que la culture ne change pas, les problèmes resteront les mêmes. Tant que c’est admis, ça c’est un chose que j’avais entendu Marguerite Stern dire, et que je trouve extrêmement juste, c’est qu’en fait le problème d’une société dans laquelle la prostitution existe, c’est que ça fait que toutes les femmes sont prostituables. Que n’importe quel homme peut passer, et peut croire qu’il peut t’acheter. Moi, je trouve ça gravissime en fait. Mine de rien, ça irrigue plein de formes de violence, ça irrigue plein de violences, de harcèlement au travail, de harcèlement sexuel en tout genre, parce que c’est que des hommes qui se disent : « j’ai le pouvoir sur les femmes, parce que de toute façon je peux en acheter une, je l’ai fait toute à l’heure, je l’ai fait hier… ». C’est ça en fait. C’est la disponibilité sexuelle physique, mentale, des femmes. Et en fait, le transactivisme se nourrit de ça aussi, parce que par exemple, moi, actuellement, les seules personnes qui me soutiennent inconditionnellement, finalement sur cette histoire, ce sont des amis garçons. C’est mon copain, et c’est mes amis garçons. Alors j’ai quand même quelques amies filles qui sont plus sensibles à ça, mais je suis assez frappée, en fait, de voir à quel point c’est plus facile pour des hommes un peu sensibilisés au féminisme, de condamner ça, que pour des femmes. Parce qu’il y a encore ce truc d’être un peu trop formatées à l’empathie et ne pas oser questionner le ressenti de quelqu’un, ne pas oser dire : « ce ressenti n’est pas légitime, c’est un abus de pouvoir. » Tout simplement.

Rebelles du Genre – Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité, est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, est-ce que tu perçois un danger dans ton entourage, professionnel personnel, ou est-ce que tu as peur pour tes proches ? Ou est-ce que tu te sais parfaitement en sécurité pour parler librement ?

Elisabeth – En fait, moi j’ai envie de témoigner avec mon nom et ma voix, c’est vraiment important pour moi, justement parce qu’en fait, je me sens très souvent obligée de me censurer. J’ai l’impression de devoir me cacher constamment d’être une féministe radicale, tout simplement parce que j’ai peur. Et en fait, à raison, quand on voit les réactions d’un certain nombre de personnes, toutes les femmes qui prennent la parole et qui sont harcelées… Donc, tout ce que j’ai eu pour l’instant, c’est des débats un peu animés, et des amis qui ont de la tolérance pour ce que je dis, parce que, comme mes amis ils savent que je me suis fait violer… donc voilà, moi je suis gênée par cette sensation qu’on m’accorde une sorte de bénéfice, ou de sursis, avant de m’insulter de transphobe, parce que mes amis savent ce qui m’est arrivé… comme si ça décrédibilisait ma paroles et mes opinions politiques en fait. Et j’ai envie de témoigner parce qu’en fait, le viol est une thématique centrale des violences faites aux femmes, et en fait, il redevient tabou et inaudible quand il est commis par des personnes trans, donc des hommes transidentifiés. Et je ne trouve vraiment pas cela normal en fait. Et j’ai besoin, vraiment, d’exprimer ma colère et mon incompréhension. Voilà, tout simplement. Et en fait, je n’ose pas parler de mon histoire plus publiquement, alors même que j’ai besoin de le faire je pense, parce que je pense que ça a une portée politique. Tout simplement parce que je n’ai pas envie qu’on piétine mon histoire, qu’on piétine mon récit. Donc, c’est vraiment hyper important pour moi, et je suis très reconnaissante à ce podcast d’exister, parce que j’ai toujours eu la sensation que cette histoire avait une portée politique, et j’avais l’impression jusqu’à présent de ne pas avoir pu en faire quelque chose. Pour moi, ça fait vraiment partie de ma reconstruction en fait, de témoigner là, et je suis super heureuse de penser qu’il y a des femmes, des sœurs, qui vont être d’accord avec moi, et qui… peut-être que ça va aider, ou juste être en mode… en train d’applaudir et en mode « you go girl » en m’écoutant. Et j’ai envie de dire vraiment que mon vécu n’est pas marginal. Je ne suis pas tombée sur l’exception qui confirme la règle, parce que moi, toutes les fois où j’ai été le plus gravement violentée par des hommes, c’était donc des hommes soi-disant sensibles à ces questions de queers, sensibles au féminisme etc. Pour moi, c’est la plus vaste arnaque justement.

Rebelles du Genre – Comme c’est pratique…

Elisabeth – Oui, comme c’est commode oui, comme c’est pratique. Mais vraiment, franchement… voilà. Et je voulais dire aussi, je suis vraiment, en fait, tellement en colère, que le transactivisme prenne tant d’ampleur et tant de place dans le débat public. Je trouve ça indigne et dégoûtant. Et je suis aussi en même temps émue de pouvoir parler à des personnes dont je sais qu’elles me comprennent, et de donner une forme politique à cette histoire et à ce récit. Voilà, donc, vraiment pour ça, merci de m’enregistrer.

Rebelles du Genre – As-tu une anecdote à raconter sur un évènement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Elisabeth – Oui, alors moi ce n’est pas vraiment des anecdotes, mais c’est plus des… enfin, j’ai vraiment entendu des pépites dans le podcast, d’anecdotes, et je n’en ai vraiment pas des aussi stylées, mais je voudrais vraiment poser des questions philosophiques en fait. Parce que, par exemple, une chose qui m’a beaucoup marquée, c’était une réflexion de Dora Moutot où elle disait qu’en fait, le transactivisme reposait sur une croyance, c’est-à-dire qu’il y a un genre rattaché à l’âme ou à l’esprit. Parce que si on n’est pas né dans le bon corps, ça veut dire que ce qui fait le sexe est rattaché à quelque chose de plus profond, de plus intérieur, donc potentiellement, à l’âme quoi. Et en fait, c’est une idée métaphysique, c’est une croyance. Donc, on devrait avoir le droit de la questionner. Et supposer qu’il faille changer de sexe pour correspondre à un ressenti interne, c’est, paradoxalement, renforcer l’importance du genre. Ils réaffirment le genre comme structurant et fondamental, et ça s’oppose à la lutte des femmes, qui depuis des siècles, cherchent à distinguer leur nature biologique et leur destin genré. Qui cherchent à s’échapper entre guillements, de ce que leur impose leur biologie. Et là, on dirait qu’il faut retomber dedans en quelque sorte. Donc, j’ai l’impression, tout simplement, que les idées du transactivisme et du féminisme ne coïncident pas à la base. Et aussi, vraiment, moi c’est une question que… j’en ai marre qu’on ne la pose pas, d’un point de vue écologique et philosophique : en fait, c’est toujours cette idée qu’il faut tordre la nature, qu’elle ne correspond pas, qu’elle est mal faite, qu’elle n’est pas fonctionnelle, que c’est une entrave au développement humain, et qu’au lieu de puiser dans ses ressources intérieures, et trouver une façon de vivre son sexe biologique en accord avec ses valeurs, très loin des stéréotypes et des destins tracés, ça renforce l’idée que le sexe biologique est à l’origine d’un destin. Et ça montre qu’au final, encore dans nos sociétés, c’est plus facile de changer en tant qu’individu, que de changer les normes sexistes. Et je trouve ça juste hallucinant.

Rebelles du Genre – C’est encore l’individu qui prime sur la société…

Elisabeth – Exactement.

Rebelles du Genre – L’ultralibéralisme, au niveau du corps.

Elisabeth – Oui. Et c’est cette idée, à chaque fois, par rapport à l’écologie, qu’en fait, il y a un progrès technique, mais en fait on ne se pose même pas la question, est-ce que c’est éthique de s’en servir, est-ce que c’est bien, est-ce que c’est juste ? C’est tout de suite, on saute dessus, en fait, il n’y a aucune réflexion. En fait, je trouve ça hyper drôle de penser que les gens puissent à la fois se croire écolos ou se sentir concernés par ces idées, qu’ils puissent refuser les OGM, mais qu’ils ne soient pas dérangés par le concept de prendre des hormones pour changer de sexe.

Rebelles du Genre –  Sans oublier le fait que le progrès technique, si ça consiste à couper une bite en quatre dans le sens de la longueur, et à l’inverser, je n’appelle pas vraiment ça un progrès. J’invite celles qui nous écoutent à aller voir sur internet, c’est assez facile, on ne montre pas ce genre d’images dans notre podcast, mais allez voir, c’est un carnage ! Dans les deux sens, et c’est vraiment encore pire pour la chirurgie de réassignation sexuelle, pour les femmes qui essayent d’avoir un pénis. En général, elles sont amputées du muscle du bras pour pouvoir avoir un truc chelou entre les jambes. C’est… voilà, progrès technique c’est très très relatif, sans parler de tous les effets, sur la santé et sur l’environnement, de la prise d’hormones.

Elisabeth – Mais c’est vraiment la question de : est-ce que ça vaut le coup ? En tout cas, moi je n’ai pas l’impression.

Rebelles du Genre – Est-ce que ça a un sens ? Individuellement comme collectivement, non, et j’espère que la société s’en rendra vite compte quand même.

Elisabeth –  Moi aussi. Puis, il y a autre chose aussi, pour ça que je vais reprendre les propos de quelqu’un qui n’est pas dans le podcast, mais je trouve ça extrêmement juste, par rapport à cette question des transitions jeunes, de prendre des bloqueurs de puberté, de faire transitionner des enfants, etc. C’est vraiment cette question : puisqu’on considère qu’il ne peut pas y avoir de consentement au sexe avant 15 ans, pourquoi est-ce qu’on considère qu’il peut y avoir consentement à un tel changement médical ? Moi je ne comprends pas en fait. C’est juste aberrant. Si on ne peut pas consentir sexuellement, on ne peut pas consentir à changer de sexe. Ça me paraît l’évidence même.

Rebelles du Genre – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Elisabeth – Non, à part redire que ça me fait beaucoup de bien de témoigner et que j’adore écouter ces podcasts. A chaque fois ça me donne vraiment de l’énergie, ça m’enrichit, ça construit ma pensée, et c’est vraiment un super travail. Donc merci beaucoup.

Rebelles du Genre – S’il vous-plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe,

womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 40 – Blanche

Blanche – Je m’appelle Blanche, j’ai 29 ans. Je suis lesbienne, je suis mère d’un petit garçon qui va avoir cinq ans. J’ai travaillé dans la restauration, dans le BTP… Donc des métiers quand même essentiellement masculins. Et je suis en couple avec une femme qui croit à  l’idéologie queer.

J’ai toujours combattu les stéréotypes de genre quand j’étais petite. J’ai grandi avec une mère qui avait les cheveux courts, ne s’est jamais maquillée, n’a jamais  mis de jupe, des choses comme ça… elle était mère célibataire de trois gamins et elle en nous a jamais donné d’injonctions à être coquettes, féminines, ou plutôt masculines, ou autres… elle nous a toujours laissé faire comme on le souhaitait, en m’expliquant qu’il y avait plein de manières d’être la femme que j’ai envie d’être dans ce monde et que c’était à moi de le décider. Mais par contre que j’allais me battre, quoi. J’avais déjà une notion qu’être une femme c’est être un peu… “combattante”.  J’ai donc grandi avec une sexualité hétéro, et quand je me suis séparée du père de mon fils, je suis devenue, quand même, assez misandre, puisque j’ai approfondi mon féminisme, suite à des violences, quand même, dans le couple, ou plein d’autres choses en relation avec des hommes. Et j’ai réalisé que j’aimais les femmes aussi à ce moment-là. Du coup, j’ai commencé à rencontrer le milieu LGBT. C’est un milieu que je ne connaissais pas. Moi, je pensais juste à l’homosexualité, la bisexualité, lesbiennes, gays… je n’avais pas vraiment la notion de tout ce qui allait autour de la communauté LGBT et donc forcément j’ai intégré tout ça, avec les codes. Je me suis intéressée au genre.

Au début, je ne comprenais rien du tout, et forcément, j’avais transformé mes sites de rencontres : Tinder, et cetera,  en 100% femmes, et tous les 10 swipes, j’avais un homme.

Donc c’était insupportable. Du coup je suis allée sur une appli qui s’appelle “Her” qui n’est que pour les femmes,  que pour les lesbiennes ou bisexuelles, du coup, et là j’ai vu des hommes habillés en femmes. Du coup, j’avais l’impression que c’était la même chose, pourtant que je ne pouvais rien dire. J’avais une sensation de supercherie, un peu. Donc évidemment, je ne likais pas, mais eux me likaient, et je me disais “mais, en fait, je ne pourrais pas relationner avec ces personnes!

Ensuite,  je ne leur en veux pas de mal, ils font comme ils souhaitent dans leur vie, mais mais, pour moi, c’était clair, quoi. De toute façon, clair aussi que je ne voulais plus de penis dans ma vie sexuelle, aussi. Donc voilà. J’ai, du coup, rencontré le milieu queer, et ça s’est vraiment fait très très vite. C’est à dire que l’on m’a parlé de la communauté et très vite j’ai entendu parler des trans, j’ai parlé avec des femmes qui se questionnaient sur leur genre.

Moi j’étais là : “Mais pourquoi elle me dit qu’elle n’est pas une femme, je ne comprends pas”.  Beaucoup de lesbiennes qui me parlaient du fait qu’elles n’étaient pas des femmes et qu’elles n’étaient pas à l’aise avec leur corps… Il y avait beaucoup de choses ramenées à leur corps et à leur intimité, aussi. Donc je me disais : “Les pauvres, elles ne sont pas bien dans leur corps, et c’est triste”, parce que je me doutais bien qu’être homosexuelle c’était pas facile. Je savais dans quoi je rentrais moi aussi, donc moi je mettais tout sur cet aspect-là. Je rencontrais aussi des amis gays au travail, dans les bars, qui disaient : “ah nous on n’aime pas les lesbiennes”.

J’ai, du coup, découvert qu’il y avait beaucoup de misogynie dans la communauté LGBT.

On me faisait comprendre qu’il y  avait très peu d’espace pour les lesbiennes, qu’on n’aimait pas trop les femmes, que les lesbiennes, elles parlaient fort, et machin… et en fait je me disais : “Mais j’ai quitté un monde hétéro patriarcal très misogyne, pour finalement vivre la même chose où, du coup, bah encore une fois je ne peux pas parler fort, je ne peux pas m’habiller comme je veux, si je suis avec des poils, on me juge…” Je trouvais ça assez violent. J’avais des copines lesbiennes qui me disaient : “C’est quoi ton type de femme?” J’étais là : “Ben je ne sais pas, moi j’aime bien les personnes qui sont revendicatives, qui ne se laissent pas faire, qui ont des projets dans la vie.” Forcément je m’adaptais plutôt sur ce genre de choses, et elles, elles me disaient qu’elles aimaient les femmes “féminines” et j’avais l’impression de retomber dans le même standard que quand j’étais avec des copines, hétéro, et que je parlais avec des gars qui disaient “J’aime bien les filles hyper féminines”. Je trouvais ça assez assez horrible, en fait, de retomber dans ces clichés. Quand je rentrais dans les bars lesbiens, donc moi je suis arrivée en pensant naïvement que toutes les lesbiennes étaient féministes. J’étais très naïve, même qu’il y en a beaucoup qui ne le sont pas, qui ne se sentent pas concernées du tout, et quand j’avais des discours féministes, il y en avait qui me disaient : “Oui mais tu oublies les trans. Les putes et les trans, c’est pire!” Donc j’étais là : “Donc toi tu n’es pas féministe, mais par contre tu te bats pour les droits des trans et des putes…” Enfin je trouvais ça un peu absurde, je me disais : “Mais en fait, il y a peut-être un manque d’information, qu’il faut que j’amène, c’est possible.

Quand je parlais, du coup, de féminisme, on me disait : “Oui mais tu as oublié les trans, aussi!”

Donc j’avais régulièrement, en fait, une remise en question de ce que je disais, et il  fallait que je mette en avant les personnes que je ne connaissais pas, que je n’avais pas côtoyées. Donc moi, je ne voulais pas nier ce qu’elles disaient. Je n’avais pas envie de paraître comme raciste ou autres, je n’avais pas envie de paraître transphobe, donc je ne disais pas grand chose. Juste je disais “Bah, écoute. Je parle de ce que je sais, de ce que j’étudie, puisque je lis beaucoup, beaucoup. Du coup, j’ai commencé à encore plus lire. Quand j’ai rencontré ma copine, j’avais déjà commencé à lire beaucoup sur le féminisme depuis deux ans, et elle croit en l’idéologie queer, mais ne s’est jamais vexée de mes propos. Du coup, j’en profitais pour parler avec elle, c’était la seule personne avec qui j’arrivais, du coup, à parler de ça, qui connaissait, donc, le milieu queer, et qui n’était pas en train de me harceler si j’avais un propos de travers, à ses yeux. Donc on a pu vraiment avoir des échanges longtemps. Elle m’a conseillé des livres, moi je lui en ai conseillé aussi, et malheureusement, moi j’ai beaucoup suivi des comptes Instagram. J’ai écouté des podcasts, j’ai lu des livres, j’ai rencontré des personnes trans, des prostituées, aussi, j’ai vu des personnes devenir prostituées, faire des transitions au fur et à mesure, en même pas un an et demi de temps. Mais elle, en face, n’a pas énormément étudié non plus les livres que j’ai transmis. Et ça a été le cas avec beaucoup d’amis que j’ai rencontrés. Je trouvais ça un petit peu dommage que les choses n’aillent que dans un sens, finalement et pas dans l’autre. Et quand je lisais, donc, il y avait certains livres qui étaient relayés par la communauté queer, comme “La pensée straight” de Monique Wittig.

Moi je voulais parler, donc, de ce texte qui était régulièrement récupéré par les queers, qui définissent que Monique Wittig serait complètement queer, quand elle dit : “Les lesbiennes ne sont pas des femmes”, donc c’est un peu comme quand ils reprennent Simone de Beauvoir, et qu’ils disent : “On ne naît pas femme, on le devient”. Ils oublient complètement tout le reste du texte, ils vident complètement les textes de leur volonté d’éducation, en fait, et ils la réécrivent à leur manière. Et moi, je trouve ça assez violent qu’on utilise des femmes féministes, qui ont été transfuges à leur époque, et qui ont milité pour nos droits. Qui ne sont plus là aujourd’hui, et on réutilise, comme ça, leurs textes, comme bon nous semble. C’est extrêmement violent, et surtout que dans “La pensée straight” de Monique Wittig, dans la préface de Louise Turcotte, page 23, on voit clairement que “toutes les personnes qui ont étudié son livre qui aujourd’hui utilisent son travail pour avancer sur le thème, disent que Monique Wittig n’est pas du tout critique du genre.

C’est un courant, le courant “Gender” qui a donné lieu dans les années 90 à un autre courant, celui “trans gender” ou plus souvent nommé “la théorie queer”. Certes, on navigue ici entre les identités sexuelles qui refusent la concordance genre/sexe, soit en prônant la transgression symbolique, soit en prônant la transformation biologique. Or il me semble, là aussi, que ces déplacements identitaires ne font que consolider les catégories genre/sexe”. En gros c’est clairement explicitement dit, pour toutes les personnes qui étudient ce bouquin, que Monique Wittig ne va pas dans le sens queer, puisque du coup ça appuie les stéréotypes du genre, donc femmes/hommes, c’est logique, et elle, elle ne s’identifie pas au féminisme ou au queerisme, elle est beaucoup plus loin : elle est dans l’idée du lesbianisme. Donc je trouve ça aussi très rageant que les queers récupèrent le lesbianisme qui, du coup, n’a encore une fois rien à voir avec leur idéologie, voilà. Et ça fait partie des choses qui me mettent très en colère.

RDG –  Oui cette capacité à faire parler les mortes, c’est assez incroyable. On en entend sur elle, on en entend…

Blanche –  Jeanne d’Arc!

RDG – Oui!  Jeanne d’Arc qui serait un homme trans… Andrea Dworkin! haha. Pardon c’est nerveux. Andrea Dworkin qui serait… pro-trans, évidemment! haha. Simone de Beauvoir, etc…

Blanche – Moi, ça me fait de la peine.

RDG – Oui, c’est, comme tu le dis : c’est à la fois violent, c’est attristant, c’est affligeant, et… comment dire? Quel manque de respect pour la pensée  de ces femmes si puissantes dans leur pensée. 

Blanche – Et quel manque d’intelligence de ces personnes de vouloir essayer, déjà, de discuter avec moi, puisque je lis beaucoup. Donc essayer de discuter avec moi en tenant ce genre de propos, quand, finalement, eux n’ont pas pris la peine de lire… Donc en fait tu veux tenir un discours sur quelque chose… Moi, pour critiquer l’idéologie queer,  je l’ai rencontrée. J’ai lu des livres. J’ai écouté des podcasts. J’ai essayé de comprendre leur idéologie :  sur quoi est-ce qu’ils se basaient… Et puis bon bah, c’est pas compliqué, en moins d’un an, on en entend suffisamment pour, concrètement, avoir assez de bagages pour tenir une conversation, et pour les reprendre sur tout ce qu’ils disent de travers. 

RDG – Hier, dans Le Monde il y avait une tribune de Manon Garcia, la philosophe, qui se dit “l’une des plus grandes spécialistes mondiales de Simone de Beauvoir”, en toute modestie, et qui, justement, faisait cette surinterprétation de “On ne naît pas femme, on le devient”, en utilisant toute la violence symbolique de sa position pour nous expliquer à nous, les “sales TERFS” – parce qu’elle utilise ces termes-là –  que bah, on n’avait pas compris Simone de Beauvoir, que “ELLE”, elle était une des plus grandes spécialistes mondiales”, elle l’a écrit… (non mais j’hallucine, en fait, de lire des trucs comme ça), tout ça pour raconter du grand n’importe quoi sur Simone de Beauvoir.

Blanche –  C’est ce qui se passe aussi du côté de ma conjointe, ma copine. Donc elle me dit aussi “Mais c’est peut-être une question d’interprétation? Peut-être que finalement, toi, tu interprètes quelque chose, mais que finalement la réelle interprétation est celle qu’en font les queer?” Et je dis, mais en fait il a suffit simplement que je parle avec d’autres personnes : donc un libraire, une lesbienne qui a lu Monique Wittig, des personnes, littéraires qui ont lu Monique Wittig, pour que je comprenne très rapidement qu’on parle de lesbianisme : le lesbianisme n’a strictement rien à voir avec le queerisme, c’est tout! C’est tout! Je ne comprends pas. A aucun moment on n’entend parler du queerisme dans son livre, c’est pas difficile à comprendre! 

RDG – Dans le monde queer, t’es pas lesbienne, t’es “pan” ! Et c’est bien le problème, d’ailleurs, parce qu’en disant finalement “Tout le monde est pan”, du coup tu ouvres le pool de chasse de tous ces autogynéphiles qui se déclarent des femmes.

Blanche –  Bah les LGB sont en panique, hein! Moi je rencontre des couples gays qui me disent : “Ah mais on est complètement dépassés, et le pire c’est vous, les lesbiennes! Vous en prenez plein…” 

Ah, je ne t’ai pas dit : mardi soir je voulais aller à La Mutinerie avec ma meilleure amie, pour lui montrer le bar. Et en fait, ce soir-là il y avait un “défilé de putes”…

Il y a en plus de cette idéologie queer, qui rentre partout, dans Le Barouf et La Mutinerie, il y a cette ouverture aussi à tout ce qui est la prostitution, le BDSM. Maintenant, les lesbiennes sont hyper intéressées par le BDSM, le bondage, les clous et le cuir, la soumission et la domination… et la prostitution et la pornographie! Voilà. C’est… En fait, maintenant ça fait partie des milieux lesbiens, et moi je suis choquée parce qu’en fait j’avais l’impression que j’allais pouvoir atteindre un monde transfuge, aussi avec moi-même, et pouvoir rencontrer des personnes qui pensaient comme moi. Et non, je rencontre juste des personnes qui promeuvent à des jeunes un milieu très très dangereux.

RDG – En fait, des personnes qui chassent des femmes.

Blanche – Qui chassent des femmes ou qui encouragent les femmes à se soumettre aux hommes.

RDG –  Oui. C’est que je l’appelle la chasse. Pour moi, c’est les rentrer dans le pool de tout ce qui appartient aux hommes, en fait!

Blanche – Et donc, du coup il y a un défilé de putes. On glamorise la pute,  on glorifie la pute, c’est à la mode. Soit tu es non-binaire, soit tu es trans, soit tu es pute, soit tu as des problèmes psychiques : là, tu rentres complètement dans la case “accepté queer”, sinon tu es has been et tu ne nous intéresses pas. Donc tu t’assois et tu écoutes.

RDG – Quand on sait que 95% des personnes en situation de prostitution voudraient désespérément en sortir, que plus 80% d’entre elles sont des personnes sans papiers migrantes, exploitées, violées tous les jours… quelle insulte!  Quelle insulte. C’est vraiment faire passer la, je crois la pire des oppressions pour un truc chic… mais ça c’est vraiment un truc de vieux mecs blancs dégueulasses!

Blanche – Ben là, en l’occurrence, c’est supporté par des hommes trans, donc  des femmes transidentifiées, par des lesbiennes, dans les bars lesbiens, voilà. C’est supporté. Nous, on soutient les prostituées… En plus, du coup on soutient les prostituées, parce qu’elle sinon elles vont être dans la précarité, par contre les nanas qui rentrent dans la prostitution… Donc une pote à moi qui a voulu y rentrer, je lui ai dit : “Mais t’es sérieuse? C’est quoi ton délire, en fait? En plus, tu n’en as pas besoin, pour qui tu me prends? Tu gagnes 2300 euros, en fait!” Et là elle me dit : “Quoi, oui mais justement, je peux gagner autant d’argent que je veux, c’est de l’empowerment. Je prends de l’argent aux sales types”. Donc en fait d’un côté, c’est soi disant pour soutenir les prostituées qui sont dans la précarité, mais d’un autre côté je deviens prostituée alors que je ne suis pas précaire pour profiter de cette situation, riche? En fait, ils sont dans un double discours, encore une fois, qui n’est pas cohérent et qui est complètement de la méconnaissance du sujet…

RDG – Merci Virginie Despentes, pour le coup… c’est vraiment… vivre dans ce monde où toutes les femmes sont achetables et tous les hommes sont des violeurs, mais… c’est pas pour moi!

Blanche – Moi non plus! Non les jeunes suivent juste des slides sur Instagram, sur TikTok sur des choses comme ça et donc pensent qu’ils ont eu l’intelligence de se renseigner, de lire. Mais ce n’est pas suffisant, en fait… Et j’ai envie, moi, de pouvoir alerter les jeunes de la communauté LGB, de vraiment se renseigner, de lire par eux-mêmes des bouquins, et de se faire une propre idée. Moi, du coup, je l’ai fait parce que ma copine croit en l’idéologie queer, et du coup, j’ai pu vraiment me faire mes armes et pouvoir même lui en parler, à elle : “ écoute, ça : ça ne va pas, ça : ça ne va pas. Qu’est ce que tu penses de ça?” Aujourd’hui, elle n’arrive pas trop à se positionner critique du genre, parce que je pense qu’elle a encore trop conscientisé que “les trans subissent plus de violences que les femmes”,  “que les trans meurent, etc…”. Par contre, elle arrive à conscientiser, effectivement, que : “Une balle sur une TERF = un trans libre,  ou des choses comme ça… toutes ces violences qu’on entend sur les réseaux, elle arrive à conscientiser que c’est pas féministe. Que la fête du 8 Mars, la journée internationale des droits des femmes, et quand on va faire la fête dans la rue, quand on va se montrer, quand on va militer, ben c’est une place pour toutes les femmes, et toutes les pensées féministes. Donc qu’il y a  plusieurs féminismes qui existent, donc qu’il y a plusieurs cortèges, qu’il y a plusieurs possibilités, en fait, de s’exprimer sur son féminisme. Et que là, on silencie des femmes et leurs pensées. Mais c’est pas féministe! Pas ce jour-là! Et donc je me disais, mais cette violence en plus, elle est misogyne, on le sait! On sait comment fonctionnent la misogynie et la violence, comment on silencie  par la peur, par la soumission, en fait, des femmes. Par la compassion. Et je veux dire, ça ce n’était pas possible qu’elle le nie. Donc ça, heureusement, aujourd’hui elle le questionne très sérieusement, voilà.

J’ai également rencontré dans l’idéologie queer, un bouquin… enfin j’avais rencontré des lesbiennes super chouettes, mamans aussi, mères célibataires, en plus, pour certaines, donc je me sentais très incluse, ça me faisait du bien, quand on a vécu seule avec un enfant, de parler avec d’autres femmes. Et du coup elles avaient un cercle de lecture, donc j’étais ravie, en plus, de pouvoir échanger des bouquins féministes. Alors les bouquins féministes, on n’avait pas les mêmes. Mais il y avait un super roman qui s’appelle stone butch blues, qu’elle m’a conseillé. J’ai commencé à le lire, et en fait, je ne vois toujours pas, après la lecture de ce livre, comment on peut considérer que ce livre valide, encore une fois, l’idéologie queer. C’est l’histoire d’une lesbienne dans les années 70, une lesbienne butch. Donc c’est hyper intéressant parce que ça remet vraiment dans le contexte, les « butch Fem » les femmes donc très coquettes, et les lesbiennes butch, et effectivement les prostituées qui vivaient des violences policières, et qui se retrouvaient souvent dans les bars avec des lesbiennes. Elles étaient protégées par les butchs, voilà. Et elles vivaient des romances, parce que forcément, c’était un peu représentatif de l’époque patriarcale, où “un homme-une femme”, ça passait bien. Et cette lesbienne butch ne se reconnaît pas en tant que femme, parce qu’elle a des codes masculins, et que dans la rue, les gens lui disent : “Mais t’es quoi? T’es un homme ou t’es une femme?” Donc, elle vit ces violences-là, et un jour elle rencontre une lesbienne butch qui fait une transition, et qui est devenue un homme. Elle décide de passer le pas. Elle fait cette transition. Et là, elle parle de dix années d’errance. Clairement, quand on lit le livre, c’est dix années d’errance, de solitude. En fait, elle est devenue un homme aux yeux de tout le monde, donc elle ne se fait plus du tout emmerder. Par contre, elle se cache, parce qu’elle ne peut plus avoir de relations sexuelles avec des femmes, parce que les femmes ne pourraient pas comprendre. Elle dit clairement que, même si elle est devenue un homme, elle ne se sent pas homme, parce qu’elle ne veut pas correspondre, en fait, à ces stéréotypes d’homme, dans la société. Elle sait qu’elle est une femme, pour plein de raisons différentes, et elle finit au bout de dix ans, par arrêter et détransitionner. C’est quand même hyper fort, comme symbole je veux dire. C’est pas rien, quoi. Quand elles détransitionne, elle raconte que, un peu comme Monique Wittig, elle est lesbienne, donc  elle n’est pas une femme comme socialement les hommes ont conditionné les femmes à grandir.  Elle sait qu’elle n’est pas un homme, et qu’elle ne le sera jamais. Et c’est écrit, ça aussi, noir sur blanc, dedans, en fait. Et du coup, j’ai envie de dire, mais on est si proches de cette réalité : oui, en tant que lesbiennes, on est transfuges. On touche à quelque chose, et il n’y a pas que les lesbiennes qui y touchent. On peut être bi, et du coup devenir FedFem, et plus ou moins arrêter de relationner avec des hommes, parce qu’on se rend compte de la supercherie. On peut être hétéro, et se rendre compte de cette supercherie, et même devenir célibataire politique. Je pense même que ma mère en faisait partie. Il y a quelque chose d’hyper fort dans cette supercherie, qu’onnous fait pendouiller : “Tu seras une femme,  tu auras des enfants, tu seras coquette, tu seras douce et gentille…” 

Pour moi, voilà : ce livre-là n’a rien à voir avec un discours validant de l’idéologie queer, mais plutôt, ça montre la détresse du problème patriarcal et la détresse du genre qui n’est pas validé, du coup, qui est plutôt à abolir, et peut-être reconstruire d’une autre manière. 

Mais par contre le sexe reste, reste. Elle reste une femme : de par son sexe, elle ne pourra jamais devenir un homme, en fait !

RDG – juste un point là. Tu as dit : “Elle et FedFem”. C’est quoi?

Blanche : FedFem, F E D F E M. En gros, dans la pensée du lesbianisme, il y a le côté séparatiste, où on va définir que un peu… comme quand des femmes arrêtent de relationner avec leur mari pour avoir des droits.

RDG – C’est comme le  lesbianisme politique? 

Blanche – Oui, exactement c’est ça!

RDG –  D’accord… Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie?

Blanche – Alors moi, il faut savoir que j’ai ma copine, donc, qui croit en l’idéologie queer. Elle s’est posé des questions sur son genre, avant que je la rencontre, elle avait toujours eu les cheveux longs. Elle s’est coupé les cheveux peut-être deux mois avant que je la rencontre, et elle a commencé à changer de style aussi. Elle a grandi, en tant que petite fille très coquette. Sa mère lui mettait des robes, alors qu’elle ne voulait pas. Et puis il y a quelques années, elle a eu aussi une agression sexuelle. Elle est passée en audience, évidemment. Elle a porté plainte, et évidemment son agresseur a été relaxé. Ça a eu des répercussions très fortes. On connaît aujourd’hui dans le milieu du féminisme, quand même, les répercussions que ça a sur le mental, sur le physique. Et je suis convaincue, en fait, que c’est dangereux parce qu’on ne se renseigne pas à la racine du problème. Les personnes, en fait, qui vivent une dysphorie de corps. On appelle ça une dysphoie de genre, moi je pense que c’est peut-être lié au genre, je pense que les agressions sont quand même liées au sexe, mais je pense que c’est lié à des problématiques de corps. Je veux dire par là, par exemple, ma soeur quand elle a eu la puberté, elle a eu une très forte poitrine. Et du jour au lendemain, les hommes ont changé de regard sur elle. Du jour au lendemain, elle ne s’est habillée qu’en garçon manqué, jusqu’à ce qu’elle rencontre son mec d’aujourd’hui, et qu’elle recommence à redevenir un peu coquette, comme si elle se sentait à nouveau protégée, et que, tranquille, elle pouvait assumer le regard des autres hommes sur sa poitrine. Je vais aussi parler, par exemple, d’un ami homme, dont mon meilleur ami. Lui, il est grand, noir, donc on attend de lui, comme dans la légende urbaine qu’il ait un énorme sexe. C’est pas le cas, et du coup, ça l’a  toujours rendu très mal à l’aise avec son corps, de grandes difficultés à relationner avec des femmes, encore aujourd’hui. Et en fait, ça montre aussi à quel point on a des injonctions sur nos corps, socialement, pour exister.

Je vais parler aussi de mes meilleures amies, qui ont connu la boulimie, qui ont détesté leur corps. J’ai une de mes meilleures amies, qui , très jeune, dès ses 18 ans, a fait de la chirurgie esthétique. Et encore aujourd’hui, elle en fait, et elle, elle me dit clairement : “Je sais que je suis une femme transformée.” Elle se considère comme les personnes transidentifiées qui ont transformé, donc, leur corps, pour répondre à un confort social, on va dire. Et bien elle se considère dans la même catégorie, elle a transformé son corps par la chirurgie esthétique. Pour moi, du coup, il y a un mal être dans le corps, qu’on ne regarde pas. La puberté, c’est confortable pour personne, mais plutôt que de se poser des questions sur ce problème-là, on va partir du principe qu’on peut modifier son corps. Et je pense que c’est grave, que ça ne met pas les gens dans un confort avec eux-mêmes, mais plutôt que ça les oblige à continuer à performer, à toujours modifier. On n’est jamais satisfait, on continue toujours. Du coup, dans cette lancée, on vit, en fait, avec des maux en soi, qui continuent à empoisonner, et bien soi-même, sa pensée et son entourage aussi. Donc pour moi, c’est dangereux à ce niveau-là. Et forcément, ceux qui se mettent de l’argent dans les poches,  c’est tout ceux qui participent à ça. Qui vont faire des opérations, qui vont gagner de l’argent.

Voilà. Moi je pense qu’il faut plutôt développer la question psychique et effectivement permettre aux jeunes de faire la paix avec son corps. Éduquer les hommes à ne pas objectifier les femmes et les jeunes filles qui commencent à avoir une puberté. Parler aussi de l’homosexualité : c’est pas parce que tu t’habilles comme un garçon que tu es lesbienne. Et quand bien même, tu peux être lesbienne et ne pas vouloir entrer dans les codes de la coquetterie, et c’est ok, en fait! Il y a plein de manières d’être une femme.

Dans la société, au niveau vestimentaire, au niveau de tes revendications, moi je l’ ai connu avec ma mère et je sais que j’ai grandi avec un respect de mon corps complètement tranquille… je n’ai jamais haï mon corps, en fait. C’est simple. Là où je l’ai haï, c’est plus suite à des relations sexuelles douloureuses, et heureusement pour moi, j’étais déjà en thérapie. Donc j’ai toujours pu me rendre compte que c’était lié à ça.

Pareil, j’ai un enfant, un petit garçon. Et quand je vois des choses passer sur (vu que j’ai du coup suivi des comptes instagram queer), je vois sur des comptes instagram à quel point ils militent pour que les parents perdent leurs droits sur les enfants pour les bloqueurs de puberté. Et moi, ça me fait vraiment peur.

J’ai peur qu’il tombe sur des professeurs, des maîtresses qui vont juger que, comme il a des baskets à paillettes, et qu’il est super cool avec les garçons (il leur tient la main) et qu’il rigole beaucoup avec les filles :  ça y est! C’est pas un petit garçon, c’est une petite fille! D’autant que moi, j’essaie de ne pas trop le genrer pour, justement, qu’ils puisse être libre, et qu’il se rende compte qu’il y a pas de couleurs pour les hommes ou les femmes, qu’il n’y a pas de code vestimentaire pour les hommes et les femmes. Je voudrais casser un peu ça, et donc j’ai peur, en fait, que des professeurs prennent ça au sérieux, lui fassent voir un psychologue de l’éducation nationale, parce que moi, quand j’étais petite, j’en ai vu, mais pas pour ces raisons-là, parce que j’étais juste dépressive. Et donc, du coup, je sais très bien que ça peut arriver pour n’importe quelle problématique. Moi je suis séparée du père de mon fils, donc il suffit qu’il ne soit pas très bien à une période de son enfance et que l’on se dise : “Tiens il y a ça en ce moment qui ne va pas chez lui, bah alors c’est une petite fille. Et là, que je n’aie plus mon mot à dire, et qu’on lui rentre tout ça dans la tête. Je trouve ça très grave, en fait. On ne fait pas changer le corps d’un enfant. Pour les tatouages, par exemple, tu attends d’avoir la majorité. Pour boire de l’alcool, pour mettre des produits dans ton corps qu’on sait toxiques. Il y a des parents qui militent contre certains vaccins obligatoires qu’on donne aux bébés. Mais par contre, pour ça, il faudrait, genre tout de suite, valider à bras ouverts qu’on donne ce genre de choses! Déjà que j’ai du mal à accepter de me dire, “Bon, à ses 18 ans, faudra que je le laisse faire!” Les personnes trans existent, elles ont droit d’avoir des droits, si elles sont plus heureuses (comme, par exemple, une de mes meilleures amies qui a transformé son corps par la chirurgie esthétique pour être encore plus féminine, elle existe elle aussi elle doit avoir des droits, elle doit être respectée socialement comme une personne qui a un travail etc), je veux bien l’entendre. Mais, par contre, je ne veux pas qu’on m’impose cette idéologie, et je ne veux pas, qu’en fait, ça soit rentré dans le crâne de mon fils, aussi. Donc, du coup, ça me fait peur. Les droits des parents sont déjà très difficiles. Les droits des enfants sont déjà fragiles. Si on arrive même à définir que le consentement chez les enfants, ça existe, on arrive, du coup, à perdre même des droits pour les enfants, sur les agressions, sur les violences! “Il a consenti, hein. Il a consenti, il aime son papa, il aime sa maman.” On perd complètement la notion de toutes ces choses-là qui sont essentielles pour la suite de la lutte des droits des enfants, voilà. Pour moi, c’est très inquiétant. 

Egalement, je voulais parler d’une amie à moi que j’avais rencontrée dans un bar lesbien, qui m’a fait parler, en fait, du fait qu’elle se posait la question sur son genre suite à un cancer. Donc comme quoi aussi la maladie peut questionner les personnes sur leur genre. Elle a créé un collectif qui s’appelle “le cancer care collectif”. C’est un collectif qui est plutôt situé en Allemagne, mais qui existe partout dans le monde. Elles essaient de parler anglais pour que tout le monde se sente concerné et puisse s’approcher d’elles pour avoir des droits. Elle, suite à un cancer du sein, elle a demandé l’ablation du deuxième sein. Elle s’est rendu compte qu’elle n’aimait pas son corps, qu’elle n’était pas à l’aise avec sa poitrine, etc. Et les médecins lui ont dit : “écoutez, Madame, on va attendre quand même que votre rémission soit officielle, que vous voyez un psy, parce que c’est peut-être suite à ça que vous détestez votre corps, et donc que vous allez faire ça. C’est quand même une opération qui est très importante.” Elle, aujourd’hui, elle milite pour ne pas… elle milite parce qu’elle est en colère qu’on ne lui ait pas laissé faire ce qu’elle voulait avec son corps, et je trouve que c’est très parlant de se rendre compte qu’encore une fois il y a des personnes, suite à des maladies qui ont impacté leur corps, donc des cancers, ou des maladies graves, des amputations, des choses comme ça, qui se sont mises à détester leurs corps, et qui se sont senties plus à l’aise en transformant leur corps, et en existant dans une autre personne, dans un autre genre. Je trouve que c’est très parlant. Ca va aussi avec tout ce que je disais avant, sur les problématiques de puberté, de devenir une femme, de répondre aux codes “hommes-femmes” pour les hommes et pour les femmes, et moi je pense qu’il y a vraiment quelque chose à creuser à ce niveau-là, vraiment. Voilà.

RDG – Qu’est ce qui t’a décidée à témoigner? Est ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est ce que tu te sens en danger par rapport à ces questions, soit dans ton entourage, soit, de façon plus globale? Ou est ce que tu sais que tu es parfaitement en sécurité, que tu peux parler librement?

Blanche – Alors je sais que je ne peux pas parler librement. Les bars lesbiens, quand je les ai découverts, j’ai vu qu’il y en avait très peu, dans chaque ville d’Europe, ou du monde. Donc c’est déjà très très minoritaire dans milieu LGB, LGBT, du coup, puisque c’est comme ça qu’on en parle aujourd’hui. Et quand on va dans ces bars lesbiens,  on rencontre des non-binaires, des personnes trans. Donc partout, en fait, dès que tu vois une femme, elle dit : “Non : c’est IL”. Quand tu es en terrasse, t’as un mec à côté avec des boucles d’oreilles et du vernis, qu’il te dit qu’il est lesbienne… c’est très angoissant. Et du coup, ben, je sens que je ne peux pas, dans un milieu où j’existe aujourd’hui, où… j’ai besoin, en fait, de ces lieux-là. Pour moi, je sens que je ne peux pas parler de ça, que les gens ont tout de suite peur d’être perçus comme, comme si tu étais raciste, perçu comme transphobe. Les gens ne réagissent pas, et changent de sujet, préfèrent que je parle de féminisme, à la limite, voilà. Pareil pour ce qui est de la porno-prostitution… Oulala, faut pas en parler. Et, en fait, j’ai vu ces bars, en même par an et demi, devenir de plus en plus queer. Mais vraiment! C’est devenu uniquement queer. On a des soirées BDSM qui ont lieu là-bas. Moi je me dis : “mais attends. Mais depuis quand les lesbiennes se ligotent entre elles, et se tapent avec des fouets? Enfin, j’ai des copines lesbiennes qui ont voulu rentrer dans la prostitution, parce que c’est super cool. Et dont je suis là : “mais attends : mais tu vas relationner avec des hommes qui vont te payer?” Oh là là c’est… Moi ça me fait mal! Ca me fait très mal au coeur, et je ne peux pas m’exprimer sur ces sujets-là, parce que tout de suite, on sent… on sent, en fait, mon parti, et on me fait comprendre “gentiment” qu’ ils ne pensent pas comme moi, et que c’est pas gentil de penser comme ça. Du coup, je sens que je me tais, aussi, pour ma copine. Je n’ai pas envie de la mettre dans des problématiques, sachant qu’elle me laisse totalement m’exprimer. Elle m’a dit : “Si tu as besoin de parler, tu parles, en fait! C’est tes croyances, et moi je t’aime dans tes revendications, ça me fait beaucoup réfléchir, et ça me fait du bien.” Donc, du coup, j’ai pas envie non plus de la mettre dans une problématique où elle, de son côté, elle fait des… Elle milite à sa manière. Qu’elle n’ait plus personne qui la suive sur les réseaux, ou quoi, parce que c’est ce que je lui ai dit : “Concrètement, ce qui peut se passer, c’est pas que moi, on me harcèle toute seule. C’est que toi aussi, on te cancel, parce que tu es en couple avec une féministe radicale.” C’est ça qui serait terrible. C’est à dire que elle, elle croit en l’idéologie queer, mais elle aussi, on va la canceller, juste parce qu’elle est amoureuse de moi. C’est terrible.

Et puis, j’ai décidé, en fait, de témoigner, puisque j’ai quand même fait régulièrement des rêves assez violents. Je sais que ça a un lien avec le concept de de ma copine qui s’est faite agresser, avec la notion de l’agresseur. J’ai rêvé qu’un agresseur monstrueux venait pour m’attaquer. J’essayais de lui trancher la gorge, et sa gorge se réparait tout de suite. Et là j’ai rêvé que cet agresseur ME tranchait la gorge, et que je n’arrivais plus à m’exprimer, que je sentais le sang dans ma gorge. C’était assez oppressant, et horrible. Et en cherchant, plus ou moins, sur internet, par panique un peu, hein, j’ai voulu voir un peu ce que ça pouvait définir. Et bien ça définissait une incapacité d’expression sur des sujets. Et ça fait partie de ces sujets-là. Ces sujets-là, où j’ai l’impression de me sentir impuissante, dans un milieu où la plupart de mes amis croient en l’idéologie queer, ou tout simplement, n’y croient pas forcément, mais laissent faire, pour pouvoir encore avoir accès aux bars lesbiens, aux soirées, pour ne pas blesser les autres, donc laissent faire. Et moi, j’ai l’impression… mais que je ne pourrai jamais laisser faire, que ce n’est pas possible. Ça me terrifie. Et donc, je me rends compte que j’ai besoin de m’exprimer et, du coup, j’ai pris la décision de le faire. Ici.

Alors quand j’ai rencontré ce podcast, je les ai tous écoutés, en très peu de temps. Et j’ai juste, en fait à chaque fois, réalisé l’importance, en fait, de témoigner. Mais aussi de manière plus ou moins anonyme, parce que c’est essentiel, en fait, qu’on puisse se rendre compte du nombre qu’on est, de tous les milieux d’où on vient. Il n’y a pas qu’un seul milieu particulier : ce n’est pas que chez les lesbiennes, ce n’est pas que chez les hétéros, ce n’est pas que chez les féministes radicales. Forcément, on finit par se rendre compte que le féminisme radical a de la logique, dans la racine de ce féminisme. Mais je me suis aussi rendu compte de cette importance-là aussi, pour questionner les problématiques liées au corps. Et ça me fait du bien. Moi, ça m’a fait beaucoup de bien, en tout cas, de me dire que j’allais pouvoir faire quelque chose.

RDG – Est-ce que tu as une ou plusieurs anecdotes à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Blanche –  Alors oui. Déjà, je voulais parler de la question du non-binaire. Souvent, quand je questionne les personnes qui finalement, un peu comme ma copine,  finissent par se questionner sur le transactivisme, il y a cette idée que, chez… dans l’idéologie queer, “non binaire” c’est déjà ce qu’il y a de plus intelligent pour sortir des codes du genre, pour abolir le genre féminin-masculin. Et, en fait, j’explique que “non binaire, genderfluid”, c’est pas plus intelligent. Puisque, de toute façon, non-binaire, c’est : “Je ne suis pas homme, je ne suis pas femme.” Donc ça revendique qu’il y a des hommes et des femmes, et que cette personne est transfuge à ça. Donc ça s’appuie encore, et toujours, sur un concept patriarcal, sur des genres construits par le patriarcat. Et ensuite, “genderfluid”, c’est pareil : ça s’appuie aussi sur ça. Puisque “genderfluid” ce serait, soi-disant, qu’ on peut se réveiller un matin, pendant une période de sa vie, être un homme. Et puis un autre non-binaire et puis après, être une femme. Oui bien sûr. J’ai envie de dire, déjà, plus ou moins tout le monde a une essence dès la naissance, femme, homme… mais effectivement on va se sentir plus à l’aise par moments de sa vie dans des codes masculins. Je pense à ma sœur, par exemple, quand, sa poitrine a poussé, qui s’est habillée en garçon. Elle était plus à l’aise, socialement, comme ça. Et pour autant, plus tard, elle est devenue coquette, elle n’est pas genderfluid, ma sœur. Elle a juste essayé de s’adapter à une société, en fait. Donc pour moi, ça n’a pas du tout de logique, et c’est très facilement démontrable. Et finalement c’est aussi très à la mode parce que on n’a pas envie de transitionner, on n’a pas envie de répondre à un code de femme-homme.  Complètement, c’est has been, c’est très mauvais d’être une femme “cis” ou un homme “cis” et donc, du coup, on est non-binaire, et ça ouvre même potentiellement plus de socialisation dans le milieu queer, d’être non-binaire, que d’être une femme ou un homme “cis”. Donc je trouve que ça a ce côté un peu dangereux aussi : ce serait plus “validable”, socialement, d’être autre chose qu’un homme ou une femme, lorsqu’en fait… ben oui, mais ta sexuation, tu ne pourras jamais la retirer : tu seras toujours opprimée par ton sexe, même si tu es non binaire. Un viol, que tu sois non-binaire ou pas, ce n’est pas parce que tu arrives devant ton agrresseur et qe tu lui dis : “Je suis non-binaire!”, qu’il va s’arrêter à ça. Et pareil pour des agressions, pareil pour des viols, pareil pour, du coup, des excisions, ou toute autre oppression sexiste sur le corps des femmes.

Egalement, je voulais parler d’un événement qui m’est arrivé l’an dernier, à la Pride. J’étais, donc, avec mon ami Thomas, gay. Et ce jour-là, il était habillé en Blanche-Neige. Il avait un peu joué la drag, pour rigoler, pour s’amuser. Et on a des petits jeunes, beaucoup plus jeunes que nous, 16 ans, qui sont venus nous voir et qui nous ont demandé nos pronoms. Et moi, je n’ai pas compris tout de suite, et mon pote Thomas non plus! Donc on a répondu : “Blanche et Thomas”. Et ils nous ont regardés comme des idiots. Ils ont dit : “Non, mais en fait, vos pronoms, pas vos prénoms!” Et là, j’ai dit : “elle”, et lui il dit : “il”. Et c’est là que je me suis rendu compte qu’il y avait quand même un décalage entre, soi-disant on est LGBT,  mais en fait on n’était pas dans les codes, même lui. Du coup, on parle de ça tout le long de la marche, et je lui dis : “ouais c’est vrai que le milieu LGBT, finalement c’est un peu chelou, ce qui se passe chez les jeunes, et les trans, et machin”… et je dis : “moi je suis lesbienne, je peux dire que je ne coucherais pas avec une femme trans,  une personne à pénis, je te le dis clairement.” Et il me dit : “Oui, mais c’est transphobe, en fait, tu comprends…” Et je lui ai dit : “Ok, Thomas. Toi, tu es gay exclusif. Je veux dire que tu n’as  jamais rencontré de femmes, et que tu n’as jamais couché avec une femme.” Et il me dit “non”. Je fais : “Ok. Demain, il y a un homme trans qui vient, qui n’a pas fait sa transformation complète, parce qu’on sait qu’il n’y a quand même que 10% des personnes trans qui font la transformation complète”. Je lui ai dit : “Cet homme trans vient, et veut coucher avec toi. Tu couches avec cette personne, même si tu vas coucher avec une vulve, du coup?” Et là, il m’a fait : « Ah, non. Jamais.” Et donc je lui ai dit : “Alors là, tu es transphobe, on est d’accord? Et pourquoi MOI, du coup, je devrais accepter de coucher avec un pénis? Pourquoi ce serait accepté chez la communauté gay de ne pas coucher avec un homme trans, parce que ce ne serait pas un homme, parce qu’il a une vulve, et pourquoi moi, je devrais le faire, sinon c’est transphobe? Je veux dire, l’effet miroir, ça fonctionne très bien les gars”. Moi, je connais plein de gay du coup aujourd’hui que j’ai questionnés grâce à ça, sur cette question-là, où finalement ils ont dit : “Oui, c’est vrai moi… une vulve, jamais, ça me dégoûte.” Eh bien sache que c’est pareil pour beaucoup de lesbiennes. C’est comme ça. Donc je me suis dit : “Ok, c’est quand ça les arrange, et c’est encore une fois sur les femmes qu’on tape, pour ce genre de problématique, qu’on va silencier. » 

Et puis il y a aussi un autre truc : c’est qu’ils sont partout. Ils prennent la place partout. Cette année, j’ai fait la marche de visibilité lesbienne, et dans la marche de visibilité lesbienne, tu avais… je ne sais pas… la moitié, voire les deux tiers qui étaient transpédégouines… et du coup, tu as un discours à la fin, et je trouve que c’est important, un discours pour la marche de visibilité lesbienne, qui soit essentiellement sur les problématiques des lesbiennes. Et ben non : tu as 15 minutes sur les lesbiennes. Et ensuite tu as vingt minutes sur les prostituées et les putes. Et ensuite tu as 30 minutes sur les trans. Et je suis là : “Mais en fait il y a une journée pour les trans, il y a la journée pour les putes. Pourquoi la journée sur les lesbiennes, on vient, on piétine? Je trouve ça quand même énorme! Pour le féminisme, c’est pareil! En fait, c’est le féminisme! Il existe bien, soi-disant le trans-activisme! Donc pourquoi le jour de la journée internationale des droits des femmes, on ramène le transactivisme là-dedans? Et j’ai même envie de dire : on parle de troisième genre. Même le symbole qu’ils ont créé, là. C’est pour créer le “troisième genre”. Donc pourquoi dans les lieux sportifs, on ne ferait pas une troisième catégorie? Pourquoi il n’y aurait pas dans les hammams et les saunas une troisième salle, pour les gens qui veulent bien être en non-mixité choisie? Pourquoi, du coup, ce serait si problématique qu’on crée des lieux spécifiques, et qu’on puisse laisser des lieux essentiels pour femmes? Pourquoi ça fait mal à tout le monde, cette idée-là? On parle de troisième genre, en fait. On ne parle pas de genre féminin. Donc expliquez-moi? Il y a trop d’incohérences, à ce niveau-là, et c’est vraiment dommage, parce que quand on apporte des solutions pour que ces personnes puissent avoir des droits et exister socialement, ben non. C’est pas ça qu’ils veulent. Ils veulent plus : ils veulent nos espaces, ils veulent nos places, et ils veulent être des femmes, et que nous, nous soyons des femmes “cis”. Donc on n’existe plus. Voilà.

RDG –  On ne remerciera jamais assez Will Thomas haha, le “nageureuse” haha,  américain.e, qui a volé toutes les médailles des femmes, mais qui, du coup, a fait “peaker” la Fédération Internationale de Natation, qui vient de créer cette fameuse troisième catégorie, en lui disant : “Non, non, Will. Maintenant c’est fini, tu ne cours plus chez les femmes. Les femmes elles ont droit de courir sans les hommes!”

Blanche – Ben oui!

RDG – Voilà! Donc ça : merci Will! Haha

Blanche – Ouais, bah ouais.

RDG –  C’est là… je pense quand même, qu’il y a quelques réactions  actuellement. Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Blanche – Alors oui, j’ai deux petites choses à ajouter. Ce n’est pas forcément long…  Ce sont des passages de “La contrainte à l’hétérosexualité” de Adrienne Rich qui, pour moi, sont très forts.

Page 19 de ce livre, elle dit : celle qui ment peut refuser toute confrontation et nier qu’elle ment. Elle peut même prétendre protéger quelqu’un. Elle peut dire aussi : “Je ne voulais pas faire de mal.” Ce qu’elle voulait éviter, en réalité, c’était de faire face à la souffrance de l’autre. Pour moi, c’est très parlant de ce dont je parlais tout à l’heure, sur la souffrance du corps. Et on ment, du coup, pour ne pas blesser, en fait, ces personnes. Mais du coup, on empêche d’avancer sur cette problématique importante.

Et enfin, je veux terminer sur ma pancarte, que j’avais brandie fièrement le jour de la marche de visibilité lesbienne, avec un espoir qu’on puisse déjà percevoir un peu mes revendications : “Quand une femme dit la vérité, elle crée la possibilité pour plus de vérité autour d’elle.” Pour moi, c’est très beau, et c’est très féministe. Et du coup aujourd’hui, ça s’inclut parfaitement dans la critique du genre.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à la partager le plus largement possible. S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

A bientôt pour un nouveau témoignage de rebelles du genre.

Rebelles du genre – Épisode 39 – Charlotte

Charlotte – Je m’appelle Charlotte, j’ai 30 ans. J’ai fait des études de sage-femme dans le passé, que j’ai arrêtées parce que ce n’était pas ce que je voulais faire dans ma vie, mais ça m’a permis d’avoir un certain jugement, je pense critique, sur le genre notamment. 

Maintenant je suis professeure des écoles, et je pense aussi, que c’est important de le citer car je trouve que c’est important, maintenant : je suis maman.

RDG – Bonjour et bienvenue sur le podcast rebelles du genre. Nous sommes des femmes, militantes pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes, et le genre en est le moyen. Nous sommes les rebelles du genre. Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits. Conditionnées à la gentillesse, et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste, et commencent souvent par soutenir cette idéologie. Puis elles ouvrent les yeux, constatent sa violence, et la refusent. Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre, et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur parole.

Charlotte – Au début, déjà, je n’avais pas forcément conscience qu’il y avait des genres, puisqu’on n’en parlait pas. Par contre j’avais conscience qu’il y avait du sexisme. C’est notamment à la lecture d’un livre que j’ai réagi face à ça. Quand j’étais adolescente, déjà j’étais assez ‘rebellée” contre tout ce qu’on me disait de faire, en tant que femme, et je trouvais qu’il n’y avait aucun critère objectif pour que j’aie à agir de la sorte.

Un jour, ma mère m’a demandé de lire un livre qui m’a mise hors de moi. Donc ce livre, c’est “Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Vénus”, de John Gray, dans mes souvenirs.

Et en fait, ce que j’ai lu dans ce livre, ça m’a vraiment choquée, révulsée. Donc je voulais citer quelques passages.

Il est dit dans ce livre notamment, que les femmes, donc, viennent de Vénus. Je cite : “Les Vénusiennes ont un tout autre système de valeurs, fondé sur l’amour, la communication, la beauté et les rapports humains. Elles passent beaucoup de temps à s’entraider, à se soutenir mutuellement, et à s’entourer les unes les autres d’affection. Leur valeur personnelle se mesure à la qualité de leurs sentiments et de leurs relations avec les autres. Vivre en société, auprès de personnes avec qui elles peuvent échanger agréablement idées et menus services, les comble.”

Donc voilà ce qui est dit, entre autres, dans ce livre. 

Donc je trouve que c’est totalement absurde. Et le pire c’est que ce livre m’a été conseillé par ma mère, car elle trouvait mes comportements inappropriés. Donc voilà : c’est mon entrée dans le féminisme!

RDG –  C’est une bonne définition du genre, l’injonction à être gentille!

Charlotte –  Voilà!  Donc non. Toutes les femmes n’ont pas forcément ces valeurs-là. Et tous les hommes, d’ailleurs, n’ont pas forcément les valeurs qui sont décrites dans ce livre.

A partir de là, j’ai commencé à me définir comme féministe et plus tard critique du genre. Ensuite, donc je n’ai pas forcément tout le temps été critique du genre, parce qu’en fait je ne savais pas que ça s’appelait comme ça, en soi. Enfin, on ne parlait pas de genre avant. 

Puis j’ai vu un film, que j’aime d’ailleurs beaucoup, qui est “Laurence anyways” de Xavier Dolan. Pour résumer le film : donc il y a un mec qui s’appelle Laurence, qui est en couple avec Frédérique, Fred, depuis deux ans. Et en fait, un jour, Laurence annonce à Frédéric qu’il n’en peut plus de vivre comme ça, en fait. C’est pas un homme, et il se sent femme. En soi, le film ne traite pas forcément de transition, mais il traite plus de : “Est-ce qu’on peut aimer quelqu’un quand cette personne transitionne, qu’est ce que c’est l’amour?” Il n’y a pas de pub sur tout ce qui est transexualité ou autre… Mais à partir de ce film-là, je me suis posé beaucoup de questions sur la transidentité, parce que c’est un sujet, en fait, qui me fascinait. Je me posais un peu la question : “Mais comment certaines personnes disent se sentir femme?” Je ne me suis jamais posé la question, parce qu’en soi, je suis née avec une vulve et un utérus, et je ne dis pas qu’être une femme, c’est un luxe. Pour moi, il y a des combats que je dois mener tous les jours. Quand on tombe enceinte et qu’on ne le souhaite pas, c’est dur d’être une femme, c’est pas un luxe. Enfin je ne me sens pas femme parce que on m’a mis des robes, c’est un petit plus compliqué que ça. Je pense qu’on ne se sent pas femme. Je n’ai jamais pensé qu’être une femme c’était avant tout un ensemble de stéréotypes, en fait. Être une femme, c’est quelque chose de biologique. Et d’ailleurs, c’est comme ça que le sexe est défini : c’est un ensemble de critères biologiques et dedans, on cite les chromosomes, les hormones, et tout un panel de choses qui n’a rien à voir avec la culture, ou de ce que la société nous demande de faire, ou d’être en fait!

Dans toute ma curiosité sur la transsexualité, ou le transgenrisme,  je ne sais pas comment le nommer… sur les personnes transgenres, donc, je me suis renseignée, j’ai lu plein de choses, j’ai regardé plein de sites transactivistes, etc… 

Au début, je n’avais pas forcément d’avis. Je trouvais ça plutôt … en fait, ça me fascinait qu’il y ait des personnes qui puissent ne pas se sentir à l’aise avec leur identité. Et sur youtube notamment ou sur instagram, je voyais des mecs se définissant comme femmes adopter tous les stéréotypes de genre qu’on pouvait notamment lire dans “Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus”,  et ça m’agaçait. Je voyais des hommes hypersexualisés, hyper maquillés et dans la rue, quand je regarde autour de moi, les soeurs, les femmes dans la rue, ne sont pas comme ça : c’est pas comme ça qu’on devient une femme, enfin je ne pense même pas qu’on puisse le devenir. Là déjà, il y avait quelque chose qui me dérangeait.

Je trouvais que tous ces hommes qui se prétendaient femmes adoptaient tous les clichés sexistes qu’on combat tous les jours, en fait, en tant que féministes. 

Et à la suite de ça, j’ai commencé à prendre des distances avec le transactivisme, et au fur et à mesure, déjà, il s’est passé des choses dans ma vie, et je suis devenue professeure des écoles. Et en tant que prof des écoles, notamment quand j’enseigne en maternelle, les enfants, quand je les vois jouer, il y a autant de petites filles que de petits garçons qui jouent à la poupée. Il y a autant de petites filles qui jouent avec des camions. Il n’y a pas de différence au niveau social, au début. C’est au fur et à mesure que ça se construit. J’anime aussi des ateliers philo avec des élèves de maternelle, et tous les ans il y a une question qu’on pose à ses enfants, c’est : “filles et garçons, pareils ou pas pareils?” . Et des enfants de 4-5 ans – Je n’interviens quasiment pas, d’ailleurs –  débattent entre eux, et ils sont quasiment tous d’accord pour dire que c’est pas parce que tu es une fille que tu dois t’habiller en rose, ou c’est pas parce que tu es un garçon que tu dois jouer à taper, ou autre. En revanche, ils sont d’accord pour dire qu’une fille a une vulve, et un garçon a un pénis. Ils disent tous, de même, par exemple “Je suis un garçon, j’aime bien mettre le serre-tête de ma copine Louise, mais je suis un garçon parce que j’ai un pénis.” Il n’y a pas de débat. Et c’est très très rare, d’ailleurs quand j’entends le petit garçon dire : “Mais non, tu ne dois pas mettre de vernis, parce que c’est pour les filles!” En fait je ne l’entends pas, à ces âges-là. Je pense aussi que ces enfants-là pensent ainsi parce qu’il y a eu tout un travail sur l’égalité femme-homme, et je pense aussi qu’à la maison certains parents font attention à la manière d’éduquer leurs enfants, ce qui prouve bien que voilà, il y a des faits, et il y a une construction sociale.

Ensuite, il y a une troisième chose qui m’a frappée, c’était l’année dernière. Il y a un documentaire qui est sorti, qui s’appelle “Petite fille”. Ça a été une claque.

Alors déjà, c’est un documentaire sur un petit garçon, en fait, qui s’appelle Sacha, qui a 7 ans dans le documentaire, et qui se dit être une fille. Donc, bien sûr, ses parents sont désespérés. Ils ne savent pas trop quoi faire, ils veulent rendre leur enfant heureux.

Ils décident de l’emmener voir une pédopsychiatre, à Robert Debré, parce qu’ils sont spécialisés dans la transition chez les enfants. 

Et il y a deux choses qui me frappent dans ce documentaire : donc ce petit garçon qui dit se sentir fille, est habillé de manière très stéréotypée, quand même! On peut le voir d’ailleurs sur l’affiche du film : on voit ce petit garçon, cheveux longs, t-shirt rose, ailes de fée. Alors : est ce que c’est ça être une petite fille? Personnellement, je ne pense pas. Je pense que si ce petit garçon a envie de se déguiser en fée, d’avoir les cheveux longs et de porter un tee shirt rose, c’est dans son droit, rien ne l’empêche de faire ça. Mais être une fille, ce n’est pas ça. 

Ensuite, il y a autre chose qui m’a frappée dans ce film : pendant la consultation avec la pédopsychiatre, la maman se confie et dit avoir fortement désiré avoir une fille pendant sa grossesse, et demande si c’est à cause d’elle, du fait d’avoir désiré une fille, que ce petit garçon à ce mal être. Et la pédopsychiatre coupe court tout de suite en disant : “Non non non non, Madame, c’est pas du tout ça, on ne sait pas…” Alors effectivement, enfin…  la pauvre maman, elle culpabilise, enfin il n’est pas du tout question de la culpabiliser. En revanche, je pense qu’elle a une question pertinente, que peut-être qu’il y a des mécanismes inconscients qui ont fait que… je ne sais pas. Enfin, pas dans l’identité sexuelle, mais peut-être que, sans s’en rendre compte, parce que la société c’est ça, c’est des mécanismes inconscients,  on répète, on répète… on ne sait pas! On ne peut pas dire :  “non madame, ça n’a rien à voir.” On ne sait pas.

Et cette question-là n’est pas traitée. Ensuite, il y a quelque chose qui m’a aussi dérangée dans ce documentaire, c’est le fait ce petit garçon va avoir des hormones, enfin on le dit dans le documentaire, que les parents ont décidé d’accompagner leur petit garçon, lui donner des stoppeurs de puberté, pour qu’il ne développe pas ses caractéristiques secondaires de garçon. Et je me demande : “Est-ce que c’est légitime, d’arrêter,  enfin de castrer chimiquement un petit garçon, qui ne sait même pas qui il est à 7 ans? Je ne sais pas? Moi je… ça  me pose question. Je ne pense pas, que ce soit en termes de santé psychique ou physique, une bonne idée. On va surmédicaliser ces enfants, et on n’a aucun recul médical sur ces traitements, c’est très récent. 

En ce moment je lis : Les femmes de droite, d’Andrea Dworkin et hier soir, j’ai lu un passage où elle disait qu’on n’apprenait pas aux femmes à baiser mais qu’on apprenait l’amour aux femmes. Et pendant mes études de sage-femme, j’ai fait des stages en Protection Maternelle et Infantile. Et les sages-femmes de PMI vont faire des interventions en collège, évidemment, et c’est vrai que le discours qu’on tient aux femmes n’est pas du tout le même que le discours qu’on tient aux garçons. Bon, il y a des choses, évidemment, alors … la grossesse, certaines choses… je suis d’accord. Mais c’est vrai que dans l’approche à la sexualité, c’est totalement différent. C’est comme si les filles, elles, n’avaient pas de désir sexuel. Enfin les filles, enfin les futures femmes, on leur dit beaucoup : “Si vous ne voulez pas, vous dites non”. Enfin c’est très important, d’ailleurs: vous dites non, vous dites non, enfin c’est très important. Mais en fait, il n’est jamais question de désir sexuel chez les filles dans ces interventions-là, alors que chez les garçons c’est omniprésent. Et je pense que ça alimente les stéréotypes de genre. Nous, femmes soumises, nous n’avons pas de sexualité. Une femme, c’est une salope si ça couche! Non, tu n’as pas de sexualité. Tu ne dois pas attendre que ce soit le mec qui…? Mais du coup, c’est bizarre parce qu’on nous apprend à dire non, mais en même temps  on est obligées de dire non, vu qu’on est censées ne pas avoir de désir sexuel… Du coup on ne le dit jamais!

RDG – Cette année, en septembre dernier, du moins, Osez le Féminisme a sorti un livre justement, qui s’appelle “Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie” qui, justement  débunke complètement cette histoire de consentement et ne parle que de désir. C’est un guide qui s’adresse, justement, aux jeunes filles, adolescentes et préadolescentes et qui est réellement centré sur la question du plaisir, du désir, du respect de son propre corps, de l’écoute de son désir, et la connaissance aussi de tout son corps, qui est largement occultée malheureusement, notamment dans toutes les séances d’éducation à la vie sexuelle, où on fait de la prévention d’IST et de grossesses, ce qui est une très bonne chose, mais où on ne parle pas de désir, en fait.

Donc voilà, moi je peux vraiment vous conseiller ce livre : “Petit guide pour une sexualité féministe et épanouie”, c’est vraiment bien fait. Et sur Insta, vous les trouvez, ça s’appelle les frangines.olf, et il y a énormément d’informations et vraiment c’est à conseiller à tout le monde. C’est plus centré sur les jeunes filles, mais c’est aussi très intéressant pour les garçons.

Charlotte –  Ben je suis contente que ce qu’il y ait de ces initiatives-là,  et voilà. Du coup, quand j’ai lu ce passage des femmes de droite d’Andrea Dworkin, ça a fait écho. On ne nous apprend pas à baiser, c’est normal que notre sexualité… qu’on soit tout le temps dans l’imaginaire, dans la soumission.

Voilà. C’est avec tous ces éléments-là que je suis devenue critique du genre. Pour moi, le genre c’est un ensemble de constructions sociales, et c’est sexiste. Et je pense que c’est en partie à cause de ça, pas que, que des personnes s’automutilent ou se surmédicalisent, et ça alimente un mal-être.

L’année dernière, aussi, he bien dis-donc, l’année dernière il y a beaucoup de choses qui se sont passées, il y a une émission que j’aime beaucoup sur France Culture qui s’appelle “les pieds sur terre”, et j’ai écouté le témoignage d’une femme, qui se dit être homme, sachant qu’elle a gardé ses organes, enfin son utérus, sa vulve…

donc cette femme qui se dit être homme est tombée, je cite “enceint”.

Pour moi déjà, de base, on n’est pas « enceint », on est enceinte. Les femmes sont enceintes, voilà. Ce qui définit une femme, pour moi, c’est ses organes génitaux, ses chromosomes, le fait, également de pouvoir procréer. Et il y a quelque chose qui me dérangeait dans son témoignage, c’est qu’elle trouvait ça discriminatoire d’appeler la maternité “maternité” : pour elle c’était la “transernité”… Alors c’est pfff..  c’est du délire, en fait. C’est… en fait j’ai même pas les mots! C’est … quand on dit se sentir homme, dans ce cas-là pourquoi on veut être enceinte? C’est quand même la maternité, le fait de pouvoir procréer, enfin d’être enceinte, de porter un enfant… c’est quand même ce qui caractérise les femmes, entre autres! Donc si on se dit homme, je ne vois pas comment on peut accepter… Enfin, comment peut-on avoir le désir d’avoir un enfant? Enfin pour moi, c’est contradictoire, en fait. Ça n’a aucun sens! Et appeler ça transernité, enfin, on marche sur la tête, en fait! C’est n’importe quoi! 

RDG – C’est insultant!

Charlotte –  Oui, oui. C’est une insulte, voilà. Donc dans ce cas-là il n’y a plus de violences faites aux femmes, si on va jusqu’au bout des choses. Enfin, bref. Ça, ça m’avait profondément choquée. En fait, les femmes, c’est les premières victimes :  la GPA, ça concerne les femmes :  c’est les femmes qui en sont victimes! Galérer pour pouvoir avorter, les hommes ils ne galèrent pas pour avorter! Les femmes galèrent pour avorter. Les femmes ont de l’endométriose. Quand un groupe de personnes s’accapare toutes les luttes, ça fait des années que les femmes sont opprimées.. et quand une femme elle-même tombe  là-dedans, en fait, c’est ça qui me fait du mal. Quand une femme s’est mutilée, s’est fait enlever les sens, et qu’elle ne voit pas le problème de dire que c’est un homme et qu’elle peut tomber enceint,  je me dis mais… et  ça ne dérange personne? 

RDG – Nous, oui. Ça nous dérange un peu quand même!

Charlotte –  Moi, ça me dérange, en tout cas!  Et qu’un hôpital rentre dans le jeu… parce qu’en plus la maternité des Lilas accompagne, laisse dire “Oui, OK, transernité, pas de souci…”

Je regardais un militant trans, donc, qui se disait femme, et qui ne s’était pas fait opérer. Et il disait : « Ah non, je ne vais pas me faire opérer, parce qu’en fait j’ai un fémis, voilà!” Tout est dit!

RDG –  Le fameux pénis de femme! Ils appellent ça un fémis, c’est tellement mignon! … Mais ça n’en fera pas un clitoris!

Charlotte – Les personnes à fémis, parlons-en!

RDG – On n’en parle pas assez!  haha

Charlotte – C’est discriminatoire!

RDG – Mettons un peu nos fémis sur la table! Ça changera! haha! Les hommes sont des hommes, et les hommes sont des femmes s’ils le veulent. Ben  les femmes, par contre, ça veut rien dire, en fait. 

Charlotte – Après les personnes à vulve, les personnes à pénis, les personnes à fémis!

Voilà tout ce que j’avais à dire à ce propos.

RDG –  D’accord, alors maintenant on va passer à la question suivante. Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, et pour la démocratie?

Charlotte –  Alors déjà, je pense que c’est une menace pour les femmes, pour plusieurs choses. Déjà, c’est une idéologie totalement sexiste. Ça fait des années qu’on se bat contre les stéréotypes de genre. Pour moi le vrai combat, ce n’est pas : “Est-ce que je peux être une femme, parce qu’à l’intérieur de moi, je me sens femme?”

Pour moi ça, ce n’est pas un combat. Pour moi, le combat c’est ce qui se passe aux Etats-Unis, ou en Pologne, par rapport à l’IVG. Moi je n’ai pas envie que ça arrive en France. Le fait qu’il y ait des femmes qui, même en France, ne peuvent pas avorter, parce qu’il y a des médecins qui refusent, ça c’est un vrai combat, voilà.

Par contre, dire que nous sommes des vilaines TERFS parce que nous ne voulons pas de mecs qui se disent femmes dans ces combats-là, ça n’a aucun rapport, en fait! Vous vous sentez femmes, bon bah c’est votre problème. Mais par contre, vos problématiques ne sont pas les mêmes que les nôtres, tout simplement. Je ne sais même pas si c’est transphobe, ou quoi. Je m’en fiche, en fait, en soi. Mais c’est juste la vérité :  un mec, qu’il se sente femme ou pas, il ne va pas avoir les mêmes problématiques que nous! On ne va pas louer son utérus, il n’en a pas. Il ne va pas avoir de problème pour avorter. Non, enfin ça n’a aucun… ça n’a aucun lien! Voilà.

Ensuite, je pense que c’est une menace, parce que toutes ces choses sur le genre, c’est des théories qui n’en sont pas, parce que c’est très subjectif. Quand on dit : “Oui je me sens femme parce que toutes les caractéristiques que les femmes font, etc…” Mais en fait les femmes sont toutes différentes! Il n’y a pas… c’est subjectif, en fait! Chaque femme se sent femme pour différentes raisons, et d’ailleurs il y a des femmes qui ne se sentent même pas femmes, c’est juste…qu’on naît femme… il n’y a pas de question, c’est comme, enfin je suis brune parce que j’ai les cheveux bruns. Si je me teins les cheveux en blond, bah ouais ils seront blonds,  mais pas vraiment : je suis quand même brune, et puis c’est tout, quoi :  c’est un mensonge! C’est un mensonge.

RDG –  Ce matin encore, sur Facebook il y a un transactiviste qui m’a dit : “Ouais, je viens de regarder ta photo de profil. Franchement, mais pourquoi tu parles comme ça, alors que tu ressembles à un mec cis haha? Voilà. What? J’ai les cheveux courts, en fait! Mais bon. Voilà. J’en parlerai à mes enfants, je pense qu’ils vont adorer.

Charlotte – Mais c’est une grosse blague, oh là là! Voilà. Et j’en parlais justement à mon mec, qui voilà… lui il est d’accord et il dit : “Mais en fait ça vous dessert totalement… parce que quand je vous vois galérer, vous les femmes, et tout… Quand je t’ai vue accoucher, souffrir, et qu’il y a des mecs qui veulent vous rejoindre en disant qu’ils sont pareils, mais enfin… vous avez encore du boulot, vous les femmes, pour lutter pour vos droits, quoi.”  Bah oui. Voilà. 

Et ensuite, eh bien, c’est un danger pour la démocratie, parce que il y a des femmes qui se font harceler parce qu’elles osent écrire des tribunes en disant : “mais est-ce qu’il suffit de se dire femme pour être vraiment une femme?” Oh mon dieu, c’est transphobe,  mais quelle horreur! Ah mais on va… on va les brûler, on va leur jeter des œufs! Mais quand même quoi! Mais c’est chaud! Le pire c’est qu’on encourage ces personnes-là avoir un comportement aussi stupide, c’est la norme maintenant.

Et ça me fait peur aussi parce qu’ il y a une anecdote que j’ai envie de raconter. Il y a deux ans (c’était pas l’année dernière, du coup ça va changer) je parlais à un ami qui est médecin, et son frère est devenu… enfin “devenu”, il le sera toujours… mais son frère, en fait, a fait une transition complète. Enfin transition “homme to female” enfin, voila : une transition. Et j’en parlais à mon ami qui est médecin, me disait : “Mais tu sais, Charlotte, ma soeur elle est comme toi, hein!”  Je lui fais : “Mais comment ça, elle est comme moi?” “Bah elle a juste pas ses règles, mais sinon elle vous êtes exactement pareilles!”

Après je pense, bon, il n’est pas, il n’est pas objectif, il n’est pas objectif. Il y a de l’affectif là-dedans, ce que je peux comprendre. C’est dur, c’est… C’est difficile! Mais non, mais ce n’est pas vrai, son frère il n’est pas comme moi. Déjà, moi je n’ai pas eu besoin de me faire charcuter  la bite pour avoir une vulve! Désolée, c’est dur. Parce qu’en plus, son frère, je l’aime beaucoup. Mais non, ce n’est pas vrai.

Enfin, moi je n’ai pas eu besoin de me faire charcuter mes organes génitaux pour avoir des organes génitaux qui me plaisent. Et d’ailleurs, je m’en fiche d’avoir des organes génitaux qui me plaisent, parce que c’est juste la façon dont je suis. Enfin, voilà, on s’en fiche! 

Ensuite oui enfin oui. Oui c’est vrai, cette personne n’a pas ces règles. Bon. Il y a des femmes qui n’ont pas leurs règles pour diverses raisons, mais ce n’est pas ça qui me définit, en fait. Son frère n’aura pas les mêmes problèmes de santé que moi, par exemple.

A part certains, peut-être : il y a des cancers que nous partagerons peut-être. Mais en tout cas, son frère n’aura jamais d’endométriose, par exemple ou d’IVG, ou…  et puis il n’y a pas que des oestrogènes qu’on sécrète! Et puis, au fur et à mesure de nos cycles, il y a tellement de variations hormonales, et tout! Mais les trans ils n’ont même pas ça! Même s’ils prennent des hormones, mais c’est totalement artificiel! Et même le, le vécu enfin…  et puis j’en passe! Même nos chromosomes ne sont pas pareils, et ça, aucun traitement ne pourra combler ça. Et que ce soit transphobe ou pas, mais ce n’est même pas le problème. C’est que ça, c’est la vérité. Et ça ça m’énerve qu’un médecin puisse tomber là-dedans. On n’est pas pareils, voilà! Voilà.

Donc pour la démocratie aussi, un truc qui m’inquiète, c’est que je travaille à l’éducation nationale et la circulaire Blanquer m’inquiète. Quand on dit qu’on doit “accompagner les enfants qui souhaitent transitionner dans leur transition”, je trouve que ça sort totalement de notre rôle. Moi j’inclus tout le monde. Parce que moi je ne vais pas… Voilà : je suis là pour que les élèves  apprennent quelque chose, quoi. Mais je m’en fiche, enfin c’est leur problème, en fait ces histoires de transition! C’est personnel! Et en plus, ça repose sur des choses subjectives, en fait, c’est n’a rien de scientifique! Je pense que tout prof est scientifique, en soi. Parce que leur discipline repose sur des choses qui ont été documentées, il y a eu des études : les maths, l’éco, la musique, enfin : il y a des choses concrètes. Mais quand on me parle de “genderfluid”, qu’est-ce qu’il y a de concret là-dedans? Ça me fait peur. Parce que je n’ai pas envie d’avoir de problèmes à l’éducation nationale, pour mes opinions. Pour moi, mon métier, je le fais correctement. Mais accompagner dans la transition, je pense que ça sort totalement de mes fonctions. Et c’est contradictoire aussi avec nos missions sur l’égalité femmes-hommes. Parce que dans notre métier, on doit lutter aussi contre les stéréotypes sexistes. Sauf que tout ce qui est transactivisme, ça les renforce. Donc je ne sais pas qu’est ce que je fais? Qu’est ce que je fais dans mes missions de prof des écoles? Voilà.

Concernant la liberté d’expression, je suis une féministe, Marguerite Stern, qui est harcelée. Donc on sait pourquoi elle est harcelée, parce qu’elle ne veut pas entrer dans le jeu du transactivisme. Et je trouve ça dangereux, en fait, que des femmes comme Marguerite Stern qui ont  un discours totalement sensé, se fassent harceler, et aillent à l’hôpital psychiatrique suite à ça. Et il n’y a pas qu’elle, en fait. J’entendais parler d’un mec qui s’appelle aggressively trans, là,  sur je ne sais pas quel réseau social… et j’ai regardé son compte Twitter, et il avait fait une capture d’écran d’une conversation qu’il avait eue avec Dora Moutot, où la pauvre, elle se faisait lyncher par ce mec, elle lui expliquait par A + B que son compte, c’est un truc sur des hétérosexuels, et qu’elle n’avait pas de raison d’inclure qui que ce soit, et le mec la lâchait pas, quoi! Et après, ces personnes-là sont harcelées, se font traiter de tous les noms, alors que c’est un non-sens pas possible! Ça me dépasse, en fait. Ce qui me fait peur, c’est qu’en fait là, je ne témoigne pas sous ma réelle identité, notamment parce qu’il y a quelqu’un dans famille, qui est engagé politiquement, et j’ai peur que mes propos lui portent préjudice, alors que je pense avoir des propos sensés. Parce que maintenant on est tellement dans un truc de : “Faut pas dire ça, c’est transphobe, on va vous condamner”. Alors que c’est rejeter aussi, enfin  pour moi, une part de science. Voilà, ça me fait peur.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Charlotte –  Eh bien déjà il y a eu mon anecdote avec mon ami, là, qui me dit que  je suis exactement pareille que son frère, d’un point de vue biologique.

Ensuite, sur le transactivisme, j’ai vu un reportage en quatre parties. Et il y a un truc qui m’a fait peur. Parce que, enfin voilà : maintenant, faut pas le nier,  on est tous sur internet, on a tous des informations qui viennent à droite à gauche, et je pense aux adolescents qui sont perdus,  parce que quand on est ado on est perdu… qui se posent des questions, qui vont sur des forums parce qu’ils ne se sentent pas bien dans leur corps, et du coup ils vont trouver les réponses dans le transactivisme, parce que les gens disent : ”Mais non, mais j’étais comme toi, c’est sûr, tu es trans, et tout…”

J’ai vu un documentaire qui s’appelle “dysphoric”.

C’est un documentaire en quatre parties qui est accessible sur YouTube, et il y a des enfants ou des adolescents, qui se posent des questions évidemment, qui vont trouver des réponses, pas fiables du tout, sur internet, et qui risquent de tomber, par exemple, sur des vidéos YouTube d’un mec, qui se prétend femme, en leur disant que si leurs parents n’acceptent pas leur transidentité, lui veut bien être leur parent… Et c’est un peu leur… leur parent trans…  Mais Allô, quoi! Mais, mais ça fait peur! Quelles sont les intentions de ce Monsieur???  Bah moi je…. voilà!

Après, on  dit qu’il n’y a pas du tout de problème… moi j’ai peur des dérives. A la fois sur la santé mentale des enfants… Moi, en tant que maman, mon fils, il va grandir avec internet, c’est sûr. Quand viendra le temps de l’adolescence, même avant, s’il n’est pas bien dans son corps, pour x raison, je n’ai pas envie qu’il trouve la réponse là-dedans, parce que je pense que ce n’est pas la réponse! On a tous, à un moment donné, pendant l’adolescence, même après, ou même avant, parfois, un mal-être avec son corps. Parce qu’aussi dans la société, on nous dit qu’on doit… on doit être doit être belle, en tant que femme. On ne doit pas être lesbienne, on doit avoir des seins comme ça. Sinon, c’est un problème. Quand tu as un gros nez, il faut que tu te fasses opérer. C’est pareil, en fait :  là, tu n’es pas bien dans ton corps, mais c’est peut-être parce que tu es un garçon! Tu n’as pas pensé à ça? Ben oui, moi si je pense que c’est ça.

Voilà!

Je suis persuadée qu’il y a autant de trans notamment à cause d’internet, et notamment parce que sur internet ils trouvent des réponses, mais ils n’ont pas le recul nécessaire pour réaliser que non, c’est la société parfois, qui nous rend mal dans notre peau. Et on doit accepter au fur et à mesure d’être ce qu’on est, et voilà.

RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Charlotte –  Je voudrais parler aux adolescentes. Parce que je pense qu’il y a beaucoup d’adolescentes qui écoutent le podcast. En fait il n’y a aucun problème avec votre sexe. 

Vous êtes des femmes : ça ne changera pas, mais vous avez le droit d’être la femme que voulez être. Et si ça doit passer par des cheveux courts, si ça doit passer par mettre des boxers au lieu de mettre des strings, d’ailleurs je vous comprends, moi-même je mets des boxers c’est très très confortable. Si ça doit passer par tout un tas de choses dites “masculines”, c’est très bien. Et je vous encourage.

En revanche, pitié : ne vous mutilez pas. Enfin, vous risquez d’avoir des problèmes de santé.

On ne le dit pas, mais par exemple, les oestrogènes, chez nous les femmes, ça nous protège de l’ostéoporose et notamment à la ménopause les femmes plus vieilles risquent d’avoir des problèmes d’ostéoporose parce qu’il y a moins d’oestrogènes et je me demande quels problèmes de santé vont avoir les femmes qui transitionnent.

Ne vous mutilez pas,  vous n’en avez pas besoin.

Soyez qui vous êtes, et … c’est tout!

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.

womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 38 – Salma

Salma – Bonjour. Alors je m’appelle Salma, j’ai 20 ans, je suis étudiante en lettres et sciences humaines, et à côté aussi, je travaille dans le monde du tourisme.

Moi, déjà, je me revendique en tant que féministe. Dès que j’ai découvert ce que c’était le féminisme, je me suis tout de suite dit : “ Oui, oui. Oui, c’est bon. C’est moi, je suis féministe. J’étais… je devais être au début du collège, j’avais dans le 10, 11 ans, un truc comme ça. Et on m’explique le féminisme, très clairement : “Oui, alors il y a le sexe, il  y a le genre. Le genre c’est une construction sociale emplie de stéréotypes. Et voilà. Vous, les femmes, vous n’avez pas à vous…”. Voilà. Bon on m’explique le féminisme, comme aujourd’hui on définit le féminisme radical.

Je n’ai pas des parents qui sont particulièrement féministes, loin de là mais j’ai quand même été inculquée avec des valeurs féministes: “Sois indépendante!”. 

Ma mère a arrêté sa carrière pour se consacrer au foyer, à son mariage, etc. Et elle m’a toujours dit : “Jamais ne fais ça pour un homme!” Donc moi, les valeurs féministes, en fait, je les ai toujours eues.

Et puis en 2016 j’ai découvert ce que c’était le monde trans, surtout à travers les réseaux sociaux, parce que moi j’avais été sur twitter pendant longtemps, juste en tant que compte fan des “one direction”, très clairement. Et puis quand les One direction, c’était fini, j’ai transformé mon Twitter en compte normal, voilà!  En compte militant, surtout : j’ai commencé à suivre beaucoup de comptes féministes et j’entendais de plus en plus, en fait, parler de cette question trans. Et à l’époque, au début des années 2010, ça s’appelait encore les personnes transsexuelles. Puis un jour, je vois un tweet, je me rappelle très bien, c’était : “oui maintenant, il ne faut dire personnes transsexuelles, il faut dire, personnes transgenres”.  Et après, de plus en plus, cette notion d’identité de genre, et puis la non-binarité… je ne voulais pas trop remettre en question, je me disais juste : “Ah ok. Ok, ok!”. Je prenais l’info comme ça “c’est ok ok”. Je ne comprenais pas la moitié des choses, mais je disais “ok, ok!”. 

Et je continuais à être féministe, je continuais de critiquer les hommes, de critiquer la société. Mais attention.

Là je commençais à dire : “Ha oui, le problème c’est vraiment les hommes cis!”.

J’ai utilisé pendant très longtemps le terme “cis”. J’ai quand même osé dire que moi, en tant que femme cis, j’avais plus de privilèges qu’une femme trans!!! 

Aujourd’hui, avec du recul, je me dis quand même : “oula oula, ça va!” J’ai un peu honte, un tout petit peu, quand même, d’avoir pensé ça, d’avoir osé affirmer ça. Je disais  aussi : “mais ça ne coûte rien de dire “personne à règles”, “personne à utérus”…”

Je disais vraiment que ça ne coûtait rien de changer mon vocabulaire alors que si, ça coûte. Ça coûte d’effacer le mot femme.

Mais voilà : là je crise un peu et je me dis : « ah là là.”. J’essaie de ne pas trop me culpabiliser, d’avoir été bêtement influencée par ça, mais je ne poussais vraiment pas la réflexion, je l’admets!

Je disais juste : “Non mais chacun a le droit de vivre comme il veut…  Et voilà, quoi! Le seul problème de la société c’est l’homme cis…” Non :  c’est l’homme tout court, point! L’homme. Pas besoin de rajouter des mots qui ne veulent rien dire.

Et j’ai aussi découvert, aux alentours de 2018, la non-binarité.

Et je me dis : “mais attends, les personnes non-binaires… qu’est-ce que tu qualifies comme être un homme? Qu’est ce que tu qualifies comme être une femme, pour affirmer  ah non moi je ne suis aucun des deux, en fait! Tu n’es pas, je sais pas, tu n’es pas un extra terrestre, tu n’es pas une créature qui n’est pas sexuée. Tu es ou un homme, ou une femme! Enfin, donne-moi ta définition de homme et femme.”

Et après j’ai vraiment commencé à chercher, et tout ça dans vraiment un but bienveillant. J’étais en mode : “Oui bon. Moi, ces personnes, je veux les défendre, je veux entendre leurs arguments, histoire d’être capable de comprendre.”

Et puis je me rendais compte que je n’arrivais pas à trouver des définitions logiques, correctes, où deux personnes qui se disent non-binaires avaient la même définition, en fait. Je fronçais juste les sourcils, je me disais : “ha peut-être peut-être que c’est juste pas la bonne chaîne YouTube… Vraiment je ne comprenais pas. Et on va dire que le principe de la non-binarité, ça peut partir d’une bonne intention, là. Juste l’intention d’effacer les normes de genre et que ce n’est pas ça qui me définit en tant que femme et homme. Ok. Mais, du coup, qu’est ce qui te définit en tant que femme  et qu’est-ce qui te définit en tant qu’homme? Si tu n’es pas capable de me donner une définition, eh bien moi, je ne peux pas discuter avec toi.

Et je me suis vraiment rendu compte que les transactivistes n’étaient pas capables de donner une définition de homme, femme, qui était claire, nette et précise. 

Parce que moi, tu me dis : “Non mais c’est toutes les personnes qui se sentent femmes, qui s’identifient comme des femmes…” D’accord! Mais ça ne m’aide pas plus. Parce que moi, imaginons que je suis vraiment une idiote qui ne sait pas ce que c’est, ok. Tu me dis “Une femme c’est une personne qui se sent femme”… Et du coup “femme”, ça veut dire quoi, même dans cette définition? Si tu n’es pas capable de donner une définition correcte, dans ce cas-là, on commence à voir l’arnaque.

En fait, j’ai eu mon peak trans quand la chanteuse Demi Lovato a fait son coming out de non-binaire… Et je me suis juste dit :”Ok putain… juste encore une célébrité qui veut attirer l’attention, et c’est juste parce que personne n’a écouté son album qui venait de sortir récemment. Et c’est vraiment juste pour attirer l’attention.”

Et c’était en 2021. Au cours de l’année il y a eu beaucoup de célébrités qui ont fait des coming out de non-binaires, et tout, et c’est vraiment là où ça m’a aidée à me dire : “C’est des bêtises, c’est vraiment juste pour attirer l’attention!” Et à prendre, en fait, conscience de l’ampleur du phénomène, et surtout dans la culture pop. Et je me suis détachée du féminisme libéral que je défendais pendant des années. C’est à dire : “Mais chacun fait ce qu’il veut de son corps”, parce que l’argument de “chaque femme doit pouvoir faire ce qu’elle veut de sa vie et de son corps” c’est un argument même du féminisme entre guillemets radical. C’est une conséquence, en fait, de la libération des femmes. Ce n’est pas qu’on base tout le féminisme sur juste ça.

Le féminisme “pro-choice” anglo-saxon, moi ça ne m’intéresse pas. Donc aujourd’hui je trouve ça triste qu’on doive diviser les féministes et catégoriser…

RDG – Est-ce que tu peux préciser cette histoire de pro-choice? Parce que normalement, pro-choice ça parle d’IVG, en théorie.

Salma – Le pro choice, à la base c’était : défendre les femmes et leurs choix de vie, de ce qu’elles font avec leur corps et leur sexualité, mais maintenant c’est devenu le n’importe qui, qui s’identifie à n’importe quoi, juste parce que c’est son choix. C’est à dire que si un homme choisit de s’identifier en tant que femme, bah c’est son pro-choice… c’est en fait une appropriation de ça, qui n’a pas de sens et qui vraiment est, je trouve, dégueulasse!

RDG – Oui en fait on a fait basculer des droits sexuels et reproductifs des femmes, à : “j’ai le droit de dire que je suis une femme, voilà!”

Salma – C’est juste une appropriation d’un concept féministe, encore une fois. ça c’est quelque chose qu’on retrouve beaucoup chez les transactivistes : juste s’approprier toutes les idées féministes, les modifier à leur sauce et dire : “oui, si si, c’est nous!”

Je ne vais même pas mentionner les collages de Marguerite Stern, ça c’est… et je pense qu’il y en a beaucoup, dans les épisodes précédents, qui en parlent à chaque fois, mais encore une fois c’est un exemple de : “on nous vole nos idées et on se les approprie, on se les modifie”. Ça n’a même plus de sens.

Et après, quand les féministes essaient de se les réapproprier on leur dit : “Ha non, non, non, par contre! Au bûcher! Au bûcher, les terfs!”Bon. Ok. Très bien. Encore une fois, on me demande de la fermer, super. Je veux dire, ça fait des siècles et des siècles qu’on dit aux femmes : “non tais-toi, toi-tais, tais-toi.” Aujourd’hui, c’est encore : “Tais-toi, tais-toi.”  Mais avec d’autres arguments, quoi. 

Apparemment on ne pourra jamais vraiment s’exprimer convenablement.

Mon peak trans c’était… une remise en question de, d’abord, la non-binarité.

Parce que , pour moi, je n’y arrivais vraiment pas… Mais je défendais encore les personnes transidentifiées, dans ce sens que je me disais encore, oui… j’étais plus, entre guillemets, une défenseuse du transmédicalisme, c’est-à-dire qu’ il faut faire une transition médicale pour être une vraie personne trans.

Aujourd’hui, je suis juste critique de toute forme de transidentité, même, en fait, la transition médicale, parce que malheureusement, enfin malheureusement, tu vas juste faire des opérations très coûteuses et prendre une drogue jusqu’à la fin de ta vie. Enfin je ne crois juste plus, en fait, à cette idée qu’un homme peut être une femme et qu’une femme peut être un homme, tout simplement.

Donc je ne défends juste plus rien de tout ce qui est de la transidentité, tout simplement :  je n’y crois juste plus.

Je voudrais juste aussi rajouter une chose.

RDG – Oui, vas-y.

Salma – Quand j’ai découvert les violences… Enfin mon père un jour m’avait raconté une anecdote, c’est que… enfin ce n’est pas une anecdote. Pendant la politique de l’enfant unique en Chine, les familles n’avaient le droit d’avoir qu’un enfant. Et quand ils découvraient que l’enfant, le premier enfant qu’ils allaient avoir, allait être un bébé fille,  ils l’enterraient vivante ou alors ils avortaient. Et donc les infanticides envers les les bébés de sexe femelle, ça a toujours existé. On ne t’a pas demandé comment tu t’identifies, comment tu te sens aujourd’hui, quelle est ton essence, est-ce qu’elle est plutôt féminine ou masculine. On te tue parce que tu es un bébé de sexe féminin. Et ça, ça a toujours existé dans l’histoire, quoi. Et ça pour moi, c’est vraiment… Bon, déjà c’est un des plus gros crimes dans l’histoire.

On ne peut pas voir ça, savoir ça, que ça existe, et dire “ah non, non, mais les violences et les meurtres qu’on subit, ce n’est pas par rapport à notre sexe! Je ne comprends pas qu’on puisse démentir ça, quand on sait que ça existe, quoi.

RDG –  Je crois qu’entre la Chine et l’Inde, il manque à peu près 150 millions de filles.

Salma – Oui.

RDG – Donc effectivement, tu as raison de parler du plus grand crime contre l’humanité, c’est évident.

Salma –  Et dans l’histoire, quoi! Ce n’est pas, ce n’était pas juste pendant la politique de l’enfant unique, c’est pendant des siècles!

RDG – Oui et c’est encore le cas en Inde, notamment.

Salma – Et même les excisions… Vraiment on ne te demande pas comment tu te sens aujourd’hui ma belle. Tu vas subir des violences, voire être tuée pour ça. Il n’y a pas de notion de… ça c’est vraiment très occidental, comme concept, la question d’identité de genre, de ressenti… Non. il y a, en fait, une réalité biologique : c’est ton sexe. Et parce que tu es de sexe féminin, tu subis tout ça. Et démentir ça, pour moi, c’est vraiment juste… c’est fou! C’est fou.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les enfants ou pour la société?

Salma – Alors encore une fois,  bon je répète juste, mais pour les femmes c’est juste… si on ne peut plus qualifier ce qu’est une femme, si on ne peut plus donner une définition exacte, alors on ne peut plus se battre pour nous, pour nos droits. Voilà. Je répète juste ce que les autres rebelles ont pu dire, mais c’est vraiment… c’est un fait : si on ne peut plus parler de nos corps!

Moi, je me rappelle, il y a encore dix ans, si je parlais de mes règles, on me disait : « Ah! Mais c’est dégueulasse, tais-toi! »  Aujourd’hui on me dit : “Non! ne parle pas de tes règles parce que c’est transphobe!” Il y aura toujours une nouvelle…

RDG – C’est oppressif!

Salma – Oui : “C’est oppressif! Il y a des femmes qui n’ont pas leurs règles!” 

Bon, à chaque fois on trouve une manière de nous faire taire. Bon bah… moi j’arrête de parler, tout simplement!

Pour les femmes c’est un vrai danger.

Et pour les enfants aussi parce que, pour moi, rien que l’idée de bloquer une puberté, les bloqueurs de puberté, je trouve ça tellement violent comme terme. Et c’est censé être un médicament. C’est censé être quelque chose qui soulage la douleur, qui soigne les maux, (M A U X) mais en fait non, on prive un être humain d’avoir un corps sain, en fait. Tout simplement. Parce que la puberté, c’est juste le développement de ton corps, tout simplement.

RDG – Oui ce n’est pas une maladie.

Salma – Ce n’est pas une maladie, tout simplement. Et donc on veut priver les enfants de ça, pourquoi? Parce qu’un enfant, un petit garçon, veut se maquiller. Ou parce qu’une petite fille, je ne sais pas, veut faire des sciences ou jouer au foot. Et donc : “Ha, oui, oui, ma fille, tu es probablement un garçon, tiens, prends.”

Et puis les dingueries, comme ça : on croit une mère qui va faire tous les plateaux télé avec son enfant, qui va nous dire : “Oui moi j’ai ressenti quand j’étais enceinte que mon enfant était très différente…”

Enfin, et on le croit? Et l’aspect vraiment pécuniaire de la chose! Il y a aussi beaucoup de parents qui poussent leurs enfants à ça. Je ne sais plus où j’avais entendu ça, mais un enfant, le fait qu’on approuve, qu’on dise à un enfant qu’il est trans, pendant 3, 4 jusqu’à cinq ans, il va vraiment croire ça jusqu’à la fin de sa vie. Mais c’est pour ça que je trouve que les médecins qui acceptent les transitions à des enfants, c’est des criminels, voilà. Pour moi j’espère que, d’ici 10, 20 ans, quand tout le délire sera révélé, qu’on condamnera les médecins, les psychologues, et les psychiatres qui donnent des traitements hormonaux à tout va, qu’on les condamnera, vraiment. Parce que c’est criminel, tout simplement. Mutiler des corps saints, c’est criminel, voilà!

Et il y a aussi cet aspect, après je ne vais pas rentrer dans la théorie du complot, mais c’est aussi un fait : c’est un lobby. Je n’ai pas de chiffres qui appuient ça, mais c’est juste une impression, là, que je vais donner, mais j’ai l’impression qu’aux Etats-Unis, le pays du HealthCare, LOL, j’ai l’impression que là bas, on peut plus facilement avoir accès à un traitement de transition, plutôt qu’à un soin du cancer. J’ai l’impression que c’est bien plus facile. Les gens, là-bas meurent pour des rhumes, oui des cancers, et ne peuvent même pas se soigner. Mais par contre, attention : si tu veux transitionner, “Oui, vas-y!”. Tu as un énorme lobby, c’est financé par un tas d’hommes blancs, la plupart du temps transidentifiés aussi. Même le rapport avec le transhumanisme, tout ça, c’est… enfin c’est vraiment un autre délire, et je ne veux vraiment pas rentrer dans le côté théorie du complot, mais des fois c’est vraiment juste évident : quand tu vois des médecins parler (des chirurgiens spécialistes de réassignement de sexe), je les vois parler de clients, et pas de patients… Je me dis “Houlà. Bon, ok ! Est-ce qu’il n’y a pas un problème là dedans, quoi?” Quand tu les vois faire, pareil, le tour des plateaux TV, dire : “Ouais moi je suis spécialisé dans les vaginoplasties, machin…” Bon : tu es en train de te faire une pub à toi-même! Des fois, c’est juste flagrant, quoi!  Juste l’impression que j’ai , c’est que aux états unis tu as plus facilement accès à un traitement hormonal, ou tu as juste à dire “Je suis trans et je me sens mal dans ma peau”,  et plutôt que de soigner des maladies telles que des cancers ou des… je ne vais pas dire des vraies maladies parce que je ne suis pas médecin, et pour beaucoup la dysphorie de genre c’est une vraie maladie psychiatrique… encore une fois, je ne vais pas donner mon opinion sur ce sujet. Pour moi, c’est vraiment juste le résultat des stéréotypes de genre. Si tu te sens mal dans ta peau, c’est vraiment juste les stéréotypes de genre, quoi! 

C’est pas parce que t’es un homme et que tu te maquilles et que tu mets des robes, et que tu as les cheveux longs et que tu préfères être épilé, que ça fait de toi une femme! Par ce que ce n’est pas ça qui fait de moi une femme. A la limite,  c’est ce qui fait de moi une personne superficielle c’est pour ça que je me maquille, j’aime juste bien le côté apparence de la chose, mais c’est vraiment pas lié au fait que je sois une femme, ou que je sois de sexe féminin.

Après oui, il ya toute la question : “nous, les femmes on a telles oppressions de la part de la société”… mais je veux dire, les féministes, encore une fois, depuis des dizaines d’années se battent, voire même des centaines, en fait contre ces stéréotypes! Ca me paraît juste aberrant qu’on en est encore à répéter bêtement et simplement : “vas-y maquille-toi, mets du vernis sur tes ongles et ça fait de toi une femme…”

Et ça c’est quelque chose qui m’énerve dans mon combat féministe : moi, je trouve qu’on perd trop de temps à dire aux hommes : “ Ne vous inquiétez pas, les hommes. Vous pouvez être sensibles. Vous pouvez pleurer. Vous pouvez vous maquiller. Vous pouvez mettre des robes, tranquilou bilou!” Enfin, je veux dire, j’ai d’autres chats à fouetter que de me battre, en fait pour ça. Mais encore une fois, c’est juste, c’est une conséquence du féminisme, que les hommes, après, puissent être tranquilles, pleurer tranquillement s’ils veulent pleurer, mettre du vernis ou se maquiller ou mettre des robes, ou juste aimer d’autres hommes. 

Parce que là aussi – j’ai l’impression de passer du coq à l’âne – mais dans cette idéologie, il y a beaucoup d’homophobie, que ce soient intériorisée par les personnes qui se disent trans, ou par des parents qui préfèrent que leur enfant transitionne.  Aussi j’ai regardé une émission… sur Arte en plus, où la femme transidentitfiée, elle était jeune, elle avait eu tout un tas de troubles, de TCA, elle avait été hospitalisée pendant son adolescence, elle avait un mal être vraiment très visible. Et elle disait : “Ha moi, je ne suis pas du tout lesbienne,  je suis un homme trans, donc maintenant je suis hétéro maintenant !” Enfin, c’est pas grave. Personne ne te…

Vraiment, la façon dont elle insistait sur le fait qu’elle n’était pas du tout lesbienne, qu’elle était un homme, est du coup, vu qu’elle était attirée par les femmes, maintenant c’est un homme hétérosexuel. Et je me suis dit : “Oh la la…” Ça m’a fait vraiment fait beaucoup, beaucoup de peine pour elle, quoi.

Et puis le médecin qui l’a traitée, qui lui faisait son opération de réassignement, entre guillemets, c’était un médecin, du genre de médecin qui parle de clients et non pas de patients, donc bon… ça m’a juste fait beaucoup de peine pour cette personne quoi. 

Mais voilà : apparemment on ne peut pas en parler, parce que si on parle de ça, ou si on donne la parole aux détransitionneurs, alors on est là pour “remettre en question la vie de milliers de gens, de mellon de millions, de milliers de personnes trans, qu’on remet en question tout le temps leur vie, machin, qu’ils ont le droit de … “

Je n’ai pas dit que vous n’aviez pas le droit de vivre. 

Je n’incite jamais à la haine ou à la violence envers les personnes transidentifiées.

C’est juste que oui, je vais remettre en question certaines méthodes scientifiques, certaines pratiques, en fait médicales, parce que je ne trouve pas ça normal de dire que la mutilation d’un corps sain et la prise de drogue jusqu’à la fin d’une vie c’est une solution pour guérir un mal-être, tout simplement.

RDG – Qu’est ce qui t’a décidée à témoigner sous sa réelle identité? Est ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ou est-ce que tu perçois un danger, ou est ce que tu te sens en sécurité pour parler librement?

Salma – Alors moi, je me sens en sécurité pour parler librement. Tout simplement parce que je n’ai pas vraiment une présence sur les réseaux sociaux très active. 

Je… enfin je suis plutôt anonyme sur les réseaux sociaux, donc qu’on retrouve ou qu’on ne retrouve pas mon compte, je m’en fiche. 

Je sais aussi que je ne me mens pas moi-même, en fait. 

J’ai confiance en ce que je dis. 

J’ai confiance en ce que je pense : je sais que c’est juste la vérité, tout simplement.

Je ne me sens pas menacée par des mots : pour moi, c’est juste logique et raisonnable, ce que je pense et ce que je défends.

Donc, c’est comme quand j’étais petite et que je me disputais avec mes sœurs et que je commençais à m’énerver… Elles disaient : “Ah tu t’énerves, parce que tu sais que tu as tort!” Elles me disaient toujours ça, et ça m’énervait encore plus, et la plupart du temps j’ai l’impression que c’est la même chose avec les transactivistes qui s’énervent contre nous, qui nous menacent… “Quoi tu t’énerves, parce que tu sais que tu as tort ou quoi?” Enfin moi j’ai vraiment confiance en ce que je dis simplement. Je crois en ce que je dis. Je ne suis plus dans une phase où je me mens à moi-même. Non, non. Je sais ce que je dis. Je sais que, de toute façon, la science est de notre côté.

Et voilà, je n’ai pas, je n’ai pas honte. Je ne suis pas en train de… Je ne menace personne, je ne déteste personne. Je n’incite pas du tout à la haine et à la violence, quoi. C’est juste des faits, ce que je dis, et ce que je défends. Donc, à partir de ce moment-là, je n’ai pas de raison de ne pas assumer. J’assume, tout simplement.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Salma – Alors, comme je l’ai dit, je travaille dans le monde du tourisme. En fait, j’ai travaillé dans une auberge de jeunesse, une  grande auberge de jeunesse, en tant que réceptionniste, c’est donc vraiment première ligne, quoi. Et dans,  (je pense que c’est le cas de la plupart des auberges de jeunesse dans le monde,) mais dans l’auberge de jeunesse où j’ai travaillé, il y a des chambres exclusivement féminines, et il y a  la possibilité pour les clientes de louer un lit dans un dortoir avec que des femmes.

Et un jour, bon j’étais là. Je fermais ma caisse, et il y a un homme transidentifié qui arrive. Vraiment : 1 mètre 90, voix qui… encore grave, ça se voit qu’il essayait de parler de façon à l’adoucir, mais voilà… cheveux un peu longs, maquillé et habillé avec des vêtements qu’on retrouve dans les rayons femme, quoi : des vêtements associés au genre féminin. Et qui dit : “Bonjour, je veux juste un lit pour ce soir.” Et il me semble que ma collègue avait dit un truc du genre  : “c’est un dortoir mixte, c’est pas grave?” Et il dit un truc : “Ah bah, en fait je suis une femme trans, donc bon…” En gros, il disait que sa présence ne serait probablement pas acceptée dans un dortoir féminin, parce que bah c’est une “femme trans” (d’après ses mots). 

Et moi j’étais là, je comptais ma caisse, et je me disais :  “Mais tu sais que ta présence ne sera probablement pas la bienvenue… tu le sais!” 

Heureusement il n’était pas là en train d’insister et dire “voilà je suis une femme trans”… 

Je me dis, “mais pourquoi est-ce que tu as fait tout ça, toute cette transition et une opération, une augmentation mammaire… enfin même pas une augmentation mammaire, parce que tu n’as pas vraiment de seins à la base… Mais pourquoi tu fais tout ça, toute cette transition, si tu sais, au fond, que tu seras jamais entre guillemets “une vraie femme”?  Si tu sais que… juste pourquoi ne pas t’habiller comme ça, et te maquiller comme ça, et juste continuer d’assumer que, enfin continuer juste de dire que tu es …un homme, quoi!”

Et puis après, je sais qu’au sein de la communauté trans ils disent…  il y a tout un tas de débats,  ils aiment trop s’accuser de transphobe entre eux, donc à partir de ce moment-là, moi je me dis… j’ai plus rien hahaha.

Entre eux, il y a ceux qui disent : “Non mais toi tu défends les trans médicalistes, toi le “cispassing”, le machin… Enfin bon. 

Eux et leurs termes : au sein même de leur communauté, ils se font la guerre, donc moi, à partir de ce moment-là, je me dis bon.  

Je ne me sens pas trop coupable non plus!

Mais typiquement, si on utilisait leur vocabulaire, cet homme-là, ce client-là, c’était un homme qui avait pas un cis passing. Bon après, ils vont inventer tout un tas de discriminations contre ça… Mais bon, tu es juste clairement, un homme. Tu es juste un homme, tout simplement! 

Et tu sais que tu ne seras jamais accepté dans un espace réservé aux femmes, et tu en as conscience. Et ça ne te dérange pas, au fond, plus que ça. 

Parce que tu sais que tu es un homme.

Donc la question c’est : “Pourquoi tu transitionnes? Ou alors pourquoi tu veux te absolument te qualifier en tant que femme?

Enfin bref. Je ne sais pas. J’étais juste là : “Pourquoi?” 

La question que plus personne ne pose, on dirait :  “Pourquoi? Pourquoi tu veux être perçu et traité comme le sexe opposé?”

Eh bien peut-être parce qu’on vit dans une société qui perçoit et traite les gens selon leur sexe ? Oui bon. La notion de genre, voilà. Ce que les sciences sociales ont établi. Merci, au revoir!

Et c’était juste aberrant.

Et j’en ai vu après plusieurs. Heureusement je n’ai jamais été dans une situation où un homme exigerait d’être dans un dortoir féminin. Là j’aurais dit non, genre : “Non. A la limite, paie pour une chambre privée, mais non.”

Enfin… mais ouais, c’est juste aberrant… je me suis dit : « vraiment mais ces gens-là, ils savent en fait. Ils savent très bien!” Du coup, à quoi tu joues? à quoi tu joues? Pourquoi tu affirmes que tu es une femme si tu sais que tu n’es pas une femme, tout simplement? Je ne veux pas être méchante, mais je te le demande, très sincèrement. Je suis juste très curieuse, en fait. Je suis bête, et j’ai besoin qu’on m’explique les choses. Donc j’ai besoin que tu m’expliques. A la limite, poser la question à une femme transidentifiée : “Pourquoi est-ce que tu veux être perçue comme un homme?”

Et bien je pense que la réponse malheureusement, on l’a toutes :  c’est que dans cette société, je pense aujourd’hui plus que jamais, c’est difficile d’être une femme. Vu comme on est traitées, vu comme on est représentées, comme on est hyper sexualisées,  vu que… Pour mille et une raisons que le féminisme explique. C’est pour ça que je peux comprendre pourquoi une femme voudrait être perçue et traitée comme un homme. Parce qu’en fait c’est juste, la transidentité : juste faire en sorte physiquement d’être perçue et traitée comme le sexe opposé. Parce que moi je peux te garantir que si tu te retrouves sur une île déserte tout seul en tant qu’homme qui pense être une femme, personne ne va te valider ta pseudo identité, en fait. Personne ne va t’affirmer, personne ne va t’encourager dans ton délire, désolée. Mais voilà tu ne te retrouveras pas confronté à : “Mince, là,  j’ai mes règles qu’est ce que je fais?” Alors qu’une femme, elle se retrouve toute seul sur une île déserte, qu’on l’appelle Madame ou pas, qu’on l’appelle Miss ou pas, qu’on utilise des pronoms féminin ou pas, elle aura cette réalité biologique qui va la rattraper : elle aura ses règles, elle va devoir trouver une solution, elle aura ses crampes, les trucs comme ça… Enfin, il y a une réalité biologique qui fait que nous sommes des femmes et des hommes. Enfin,  c’est pas une question d’approbation, et de vocabulaire et de pronoms. C’est une question de réalité biologique et les transactivistes veulent effacer ça. Ils veulent effacer le sexe. Ils veulent effacer la réalité biologique, et moi, c’est ça qui me pose bien problème aujourd’hui, et qui pose problème aux féministes. Aux féministes parce que je sais qu’il ya beaucoup de gens de droite et d’extrême droite qui sont aussi contre ça, mais après c’est pas pour les mêmes raisons que les féministes. Pour moi, les féministes, on est juste bienveillantes, en fait, envers les femmes et envers les personnes transidentifiées qui, la plupart d’ailleurs, sont juste des victimes. Des victimes de la société, de l’industrie, du lobby. 

Je ne pense même pas être moins bienveillante envers les personnes transidentifiées qu’une personne qui se dit alliée. 

Parce que moi, je peux comprendre que tu as une souffrance, et tout,  mais je vais quand même questionner. Pas méchamment, juste par curiosité pure. “Et pourquoi est-ce que tu veux être mutilé? Pourquoi est-ce que tu veux faire tout ça et transitionner?”

Il y a aussi le délire d’appartenir à une communauté. C’est presque une secte, cette idéologie. C’est même pas  “presque” une secte : je regardais une vidéo tout à l’heure sur une secte. Quand la  youtubeuse et elle donnait les définitions de ce qui est qualifié d’une secte,  j’étais là : « ah, ça me fait penser à quelque chose!” Donc c’est vraiment plus un délire sectaire que vraiment des droits humains fondamentaux, quoi. Mais bon, voilà je m’arrête là!

RDG –  Je voulais te poser une question, mais du coup tu as répondu, puisque en fait la question que je me posais, c’était : “Finalement, du coup, pourquoi il le font?” Et clairement, oui c’est parce qu’ils sont dans une démarche sectaire, en fait. Je suis d’accord avec toi : il y a une démarche sectaire, et puis après il y a aussi ce besoin d’être, de se sentir intéressant et de pouvoir revendiquer une oppression. Surtout, sans la subir, par contre! Tu vois c’est comme la personne qui est “transraciale” ou « trans handicapée ».

Salma – Oui, oui. Mais d’ailleurs, je voulais rajouter, parce que là tu as dit donc il y en a beaucoup qui cherchent juste à subir toutes les oppressions possibles. Ca me rappelle il y a beaucoup d’hommes, en fait blancs, qui se disent : “Ouais non mais moi en fait je suis oppressé, parce que je suis une femme trans.”

Et ça me rappelle, il y a un compte d’un homme transidentifié qui a assumé avoir violé quelqu’un, qui a  dit, il a fait un tweet où il expliqué : “Ouais, moi j’ai effectivement j’ai fait,  j’en suis désolé j’ai violé… et en fait il se qualifiait de “femme ayant violé une autre femme”. Alors que non : “Tu es juste un homme qui a violé une femme!” Et déjà je ne comprends même pas pourquoi tu es en train de tweeter ça au lieu d’être au commissariat, est en train de …

Et oui je me rappelle ma sœur, qui m’a envoyé le tweet…  et là je n’en reviens pas en fait.

Ça, c’est quelque chose que beaucoup de féministes dénoncent :  le fait que ça modifie toutes les statistiques. On ne pourra même plus parler d’agression d’hommes envers les femmes… ça va juste faire monter les statistiques de femmes qui agressent d’autres femmes, des trucs comme ça. Alors que non, ce ne sont pas  les femmes qui agressent les femmes, ce sont les hommes qui agressent des femmes. Et le fait que…

RDG – J’ai même vu une fois un article aux États-Unis sur “une femme qui tuait une personne”… Alors en fait, c’était un homme transidentifié qui avait agressé une femme. Et donc, dans l’article, l’homme revendiquant être une femme, il était donc présenté comme une femme… et la femme qui avait été brûlée vive, n’étant pas là pour donner ses pronoms,  elle était “une personne”…  et donc l’article disait “une femme a brûlé une personne”! 

Enfin tout était à l’envers, en fait! 

Salma – Ouais, c’est le monde à l’envers! C’est comme… J’avais vu un… juste un titre d’article, je n’avais même pas lu l’article, mais d’un homme transidentifié dans une prison de femmes, qui avait mis enceintes deux de ses codétenues. Et dans les commentaires, pour la plupart des gens étaient tout simplement choqués, disant : “Voilà ce qu’on perd quand on n’a plus d’espaces, et voilà”.  Et puis il y avait des gens qui disaient “vous êtes tellement transphobes” juste parce que les gens faisaient  référence à ce violeur juste avec ses pronoms, en fait : des prénoms masculins, tout simplement. Et le problème c’était de qualifier ce criminel, d’homme,  enfin juste d’utiliser des pronoms masculins… Mais c’était ça le problème, c’était pas qu’il ait violé deux femmes. 

Parce que maintenant, le crime, c’est d’utiliser le mauvais pronom, pas d’être un violeur, apparemment.

Donc moi, ça me ça me dépasse. ça me dépasse. C’est le monde à l’envers… Je me dis mais : “Mais est-ce qu’on n’est pas juste dans une simulation, ou genre une espèce d’expérience sociale, tout simplement, on essaie de tester jusqu’où les gens sont débiles, ou les gens sont capables de se mentir à eux-mêmes”… Haha non, mais à ce stade, je n’arrive pas à trouver d’autres explications logiques à ce phénomène, tout simplement. J’ai vraiment juste l’impression que c’est une expérience sociale, je n’ai vraiment pas d’autres explications.

RDG – Eh bien écoute, cette partie que j’avais ajoutée, ce n’était pas,  je n’avais pas prévu de la garder mais je veux la garder parce que … Tu sais, c’est “the Truman show” haha.

Salma – haha

RDG – haha A quel moment les gens se réveillent?  Tu te rends compte que tu n’as que des acteurs autour de toi!

Salma – Ouais c’est ça :  tu racontes des bêtises, des mensonges, mais tu…

RDG – oui, et  plus c’est gros plus ça passe. 

Salma – “Oui : plus c’est gros plus ça passe!” C’est l’une de mes citations préférées! Voilà, tout simplement : plus c’est gros, plus ça passe! Et c’est vraiment ça, ça le confirme bien : plus c’est gros, plus ça passe. 

2 + 2 =  5 . Oui, oui, tout va bien.

RDG – C’est 1984…

Salma –  Oui.

RDG – C’est flippant.

Très bien.

Est ce que tu as quelque chose à ajouter?

Salma – Alors, j’ai une recommandation d’une chaîne YouTube. Si vous consommez du contenu en anglais, n’hésitez pas à les regarder sur la chaîne YouTube de King Critical, qui est un homme qui fait des vidéos où il explique… Il  est très logique, très clair, très net.  C’est juste un gender critical, tout simplement. Critiques du genre. Il ne  se qualifie même pas de féministes lui-même. Moi, je n’ai pas de problème avec les hommes qui peuvent s’auto qualifier… je m’en fiche. Pour moi, tant que tu es critique du genre, bon bah c’est très bien. Donc lui, il est très bien. Il fait du bon contenu, ses vidéos sont longues mais moi j’aime bien. A chaque fois, je les envoie à ma sœur, elle me dit “Waouh,  tu m’envoies une conférence, là!” Mais moi, j’aime bien, ses vidéos à lui sont très bien.

Aussi la chaîne YouTube “Whose body is this”. C’est, ouais pareil, un podcast sur YouTube, américain, pareil c’est juste en anglais. Mais on va dire que la plupart du contenu critique de cette idéologie est en anglais parce que dans les pays anglo-saxons, ce délire est quand même très répandu,  donc ça pourrait presque un jour déclencher une guerre civile, dans certains pays, on dirait.

Qu’est-ce que j’ai d’autre à ajouter?

Ayez confiance en vos propos, tout simplement. 

On n’est pas là pour propager la haine, on n’est pas là pour pousser des gens au suicide, ou je ne sais pas quoi… on est juste là pour dire :  “ah non désolée, moi je ne suis pas d’accord avec tes propos et voilà pourquoi, point A, point B…

La science est, entre guillemets, “de notre côté”, la raison est de notre côté. Ne culpabilisez pas, aussi d’avoir été, éventuellement, “alliées” de cette cause, et tout. Parce qu’ils utilisent des bons arguments. Et puis la plupart des arguments d’ailleurs, qu’ils ont volé au féminisme. C’est en tant que féministes, ça nous paraît logique au début d’adhérer à cette cause, parce qu’on est vraiment dans un but de… d’égalité. Enfin c’est très bien expliqué dans le générique de ce podcast, quoi : on veut juste être bienveillantes, on veut bien faire les choses, donc on adhère. Et ce n’est pas grave. Ne culpabilisez pas. C’est juste un renforcement des stéréotypes de genre, quoi. Des stéréotypes en plus, qui évoluent tout le temps, à toutes les époques.

Aujourd’hui, je suis sûre qu’à les écouter parler,  Louis XIV était une femme trans! Si on devait rester dans leur délire. Donc non, ne vous inquiétez pas, ne vous culpabilisez pas, n’ayez pas peur. 

Et puis surtout, tant que vous ne dites rien qui, on va dire, est hors la loi, ou tant  que vous ne menacez personne de mort, il n’y a pas de raison d’avoir peur.

D’ici 10, 20, 30 ans éventuellement, la société se rendra compte que ce phénomène est un peu plus dangereux que ce qu’on pense.

Mais juste restez… oui restons, restons soudées, surtout!

Enfin pour moi, le féminisme, ça n’a rien à voir avec la transidentité, est ça n’inclut pas les personnes transidentifiées parce que ça n’a rien à voir.

Et puis c’est surtout… le féminisme il n’y a même pas besoin de le qualifier de radical en fait, c’est même triste qu’on en soit venues à un stade où on doit le  qualifier ça de radical, alors que c’est juste logique : c’est juste lutter pour nos droits et pour l’abolition d’un système patriarcal, quoi. C’est triste qu’on en soit venues à dire que c’est radical de lutter contre les féminicides, de lutter contre les infanticides des bébés filles. C’est triste, enfin, de dire que c’est radical de lutter contre les mariages forcés, etc.

Ben non : c’est juste la base. 

Moi je suis issue d’une famille en fait… Enfin je suis arabe, je suis d’origine arabe, et donc dans les communautés arabo-maghrébines il y a énormément de misogynie, et de violence contre les femmes. Et mon père, c’est pas le plus grand des féministes, mais encore une fois, je veux dire que j’ai eu de la chance par rapport à d’autres. Je sais qu’il y a d’autres familles qui sont bien plus oppressantes envers leur filles, et les femmes de leur famille, que moi. Je trouve ça triste de devoir dire  d’ailleurs que c’est une chance de ne pas avoir été très opprimée, mais bon…bref.

Et j’ai toujours privilégié les femmes, et la parole des femmes, plutôt que les hommes de ma communauté. 

Et pour ça je peux être qualifiée de traître à ma communauté, de  traître à ma race ou je ne sais pas quoi… Mais pour moi, je ne me tairai jamais. Je vais dénoncer la misogynie et le traitement des hommes arabes envers les femmes arabes, plutôt que de dire : “Ah non, mais je vais la fermer, parce que sinon, ils vont être victimes du racisme… Si je me fais agresser par un homme d’ origine étrangère, maghrébine par exemple, de ma communauté, je vais le dire. Je ne vais pas me taire, parce que j’aurais peur des répercussions racistes envers lui. Parce que les répercussions racistes, elles existeront. Elles existent,  envers lui et envers moi. Ca je sais que c’est une problématique que beaucoup de femmes de couleur, en fait,  se posent. “Est-ce que je défends les hommes de ma communauté parce que, dans tous les cas, je vais être victime, moi aussi finalement, de racisme, et lui aussi, ou est-ce que  je défends…” Et donc moi c’est : les femmes. Toujours, tout le temps, je défendrai toujours les femmes, plutôt que les hommes, au cas où ils subiraient le racisme. Donc autant essayer de me défendre sur la partie sexisme, et dénoncer le comportement des hommes de ma communauté. 

Moi, je m’en fiche, je n’ai pas du tout de souci avec ça. Il y a un problème dans les communautés arabo-musulmanes,  arabo-maghrébines, enfin aussi dans la religion, on ne va pas mentir, dans toutes les religions il y a toujours un problème, c’est factuel en fait. Même si je le dénonce avec bienveillance, je le dénonce quand même. C’est un vrai problème, il n’y a pas de relativisme culturel qui tienne. “Mais c’est comme ça dans les autres pays parce que…” Non, non! C’est un problème, je le dénonce, je lutte contre, et voilà! Je serai toujours plus fidèle à ma catégorie de femme que de défendre des criminels, juste parce que on serait des mêmes origines, ou du même pays, ou qu’on a les mêmes références musulmane, ou qu’on mange les mêmes plats,  quoi! Enfin, oui : la culture c’est extrêmement important, mais pas des trucs comme ça, quoi. Moi je parle juste de mon vécu et je donne la parole aux féministes dans d’autres pays. Moi je ne vais pas parler à la place de mes cousines, sur le sujet des mariages : je vais leur laisser la parole. Parce que dans les autres pays, dans les pays en développement, les féministes sont capables de réfléchir par elles-mêmes et de parler, mais ce côté, en fait, d’être victime de sexisme, et de racisme, et de machin… on a l’impression qu’en fait on ne peut plus… Je peux me plaindre du racisme que je subis, je peux me plaindre du sexisme que je subis, je ne  vais pas me taire, juste pour protéger les hommes, en fait, tout simplement, je sais qu’il y a beaucoup de femmes qui se taisent. Mais moi, ce ne sera pas mon cas, et j’encourage toutes les femmes de couleur à ne pas se taire pour ça, par peur en tous cas,  des conséquences. Parce que les racistes, ils trouveront toujours une raison d’être racistes de toute façon! C’est comme quand les personnes, les noirs entre eux, ils se disent : “Ha mais tu parles trop comme un blanc, ou…”. 

J’ai des amis qui sont en mode : “Mais qu’est-ce que tu me racontes?  Enfin, j’ai une amie, une amie noire, qui reçoit les délires de sa propre communauté, disant “Tu parles trop comme une blanche..” Mais ça veut dire quoi, “parler comme une blanche?” Quand, si tu utilises un vocabulaire un peu, un peu soutenu : “Ha mais tu parles trop comme une blanche, en fait!”

En fait, pour moi c’est comme… c’est un peu… toi-même, tu classes ta communauté, en fait, de sauvage… parce que c’est pour toi, parler correctement ou être éduqué, c’est un comportement de blanc, c’est, je ne sais pas… tu ne valorises pas ta propre communauté. Je ne sais pas si tu comprends ce que je veux dire, il y en a beaucoup qui…

RDG – Oui, oui, oui.

Salma –  Ha là, tu fais trop la blanche… tu fais trop……… machin! Bah non.

RDG – Bah c’est un peu comme les enfants qui à l’école, vont dire : « ah t’es un intello!”… Ben ouais. Je réfléchis.

Salma – C’est ça! Pour moi, c’est pas un truc de ouf!

RDG – C’est du racisme intériorisé, en fait!

RDG – Oui c’est ça, sous prétexte que tu es arabe ou t’es noir, tu n’aurais pas droit de réfléchir, tu n’aurais pas le droit de parler correctement, tu n’aurais pas le droit, juste, de lire un livre? Enfin, associer tout… Ils sont là : ”Ouais, c’est de l’élitisme!” Ben, pas tout le temps, enfin… Ils aiment trop lâcher le terme « élitisme culturel” à tout va, juste pour se donner une excuse de pas s’éduquer, en fait. Ben non, tu peux très bien t’éduquer de ton côté! 

Voilà : je défendrai toujours l’éducation, la vérité, la vérité scientifique, et être critique de tout, en fait. Tout remettre en question, écouter tous les points de vue. Moi je veux bien aller entendre les personnes trans quand ils expliquent pourquoi…  Mais bon, c’est juste qu’après, je te dis : “ok, tu m’expliques pourquoi tu es trans, mais moi je te dis que ça… Mais oui ça ça revient encore une fois à ce que je t’ai dit dans le … On met juste en question les sciences, on ne croit plus en la science, c’est l’individualisme pur et dur. C’est comment ton ressenti personnel, ton identité… ça ne veut rien dire. Ça ne veut rien dire.

Et ça représente aussi un danger pour la société, parce que si on commence à mettre l’individu, ton ressenti personnel, en fait, dans ce cas-là, autant aller valider un pédophile : “Ah ouais, t’aimes bien les enfants? Ok! Bah c’est ton ressenti, c’est moi je…”

Ben non, en fait. Il faut bien poser des limites, à un moment.

RDG – Mais ils sont dans cette logique, aujourd’hui. Regarde le nombre de, honnêtement le nombre de dossiers, là, qui sortent actuellement, sur la… au Canada, il y en a un hier qui sorti. Pareil, quoi. Le mec a quasiment fait valider l’identité de genre dans les écoles, qui allait intervenir dans les écoles, etc… qui se retrouve avec des procès au cul pour pédocriminalité, quoi. Voilà.

Salma – Voilà. Le crime, c’est d’utiliser les mauvais pronoms, de ne pas utiliser les pronoms tu veux qu’on utilise pour toi, c’est un crime. Mais pas le fait que tu sois un violeur ou un pédophile, bon. 

Voilà, c’est pour ça que je me suis vite dit “Ouh la la”.  Ce délire des trans,  je vais me reculer, je vais prendre, on va revenir à la source. Pourquoi je suis féministe, pourquoi je défends les femmes, pourquoi… Quel est le problème?

Et puis après, quand on y réfléchit, qu’on arrête juste de se mentir à soi-même. C’est tout de suite logique, quoi. 

RDG – Tiens, regarde, je te montre un truc… Tu vois ce que c’est, là?

Salma – Une pierre?

RDG – Ouais. C’est bito, qui vient de m’envoyer la pierre avec laquelle on lui a repassé les seins. Voilà. Ça, c’est ça être une fille, voilà. Voilà.  J’ai juste envie de pleurer, là.

Salma – On ne lui a pas demandé : “ Comment tu te sens? Est-ce que tu te sens femme aujourd’hui?” Non, non.

RDG – C’est affreux, là. Ça me bouleverse. Elle a gardé “sa” pierre.

Salma –  J’ai pleuré en écoutant son… plusieurs fois en écoutant son…

RDG – Là elle l’a gardée! Si tu veux, elle a gardé la pierre!

Slama –  Ben c’est une preuve en fait…

RDG – Bon, bref. C’est atroce, franchement, en plus aujourd’hui Anissia, Pussik Riot,  elle a partagé un témoignage d’une femme sur le repassage des seins c’est… horrible.

Salma – Voilà ce qu’on subit.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.

www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Episode 37 – Mel

​​Je m’appelle Mel, j’ai 28 ans. J’habite sur Lyon.

J’ai fait 8 ans de biologie et je suis devenue critique du genre à cause de la cancel culture.

Déjà petite, j’avais un certain regard sur le genre, puisque c’est ma mère qui a élevé ma sœur et moi, toute seule. Et donc elle prenait les rôles typiquement masculins, enfin traditionnellement masculins, elle les assumait aussi. Et c’est ma sœur, même petite elle n’était pas du tout dans les normes de genre. Typiquement, elle jouait avec des jouets pour garçons, elle ne voulait pas avoir les cheveux longs. Tout le monde lui disait qu’elle était un garçon manqué et je me suis rendu compte, avec un des derniers posts que j’ai faits, justement sur mon compte « Femi Nazgul »,  qu’en fait elle rentre dans les critères de l’atroce identité, alors que juste après elle a fait son adolescence, normalement, et maintenant c’est une femme adulte. Elle est heureuse avec ça.

RDG –  Est-ce que tu peux développer cette histoire de « critères de la transidentité »  s’il te plaît ?

Mel –  Oui. En fait, il y a le DSM 5, qui est le  manuel des troubles mentaux qu’utilisent les psychiatres. Donc c’est un manuel américain. Et dedans, ça décrit  tous les troubles mentaux et psychiatriques. Et il y a une partie sur la transidentité et la dysphorie de genre, et notamment la dysphorie de genre chez les enfants. Et ce ne sont que des clichés.

Comme, j’en ai noté :

–   Préférence pour les habits masculins et les coupes de cheveux courtes

–   Refuse de porter des robes

–   Préférence pour les sports de contact ou les jeux physiques

 Et un des critères qui commence à être un tout petit peu pertinent,  c’est :

–   Refuse que sa poitrine se développe ou d’avoir ses règles.

 Mais  on est quand même nombreuses à l’adolescence à avoir eu ce symptôme. Parce que c’est assez effrayant d’avoir son corps qui bouge, donc… oui, ce sont des critères qui sont très clichés.

Et par contre, ma mère a des amis LGBT,  donc la transidentité, c’est quelque chose que je connais depuis toute petite, et ça n’a donc jamais été une découverte pour moi. Par contre, j’ai découvert plutôt le côté trans activiste quand j’étais à l’hôpital. Parce que j’ai eu des soucis de santé, je faisais beaucoup d’anxiété notamment, donc j’ai été en hôpital psychiatrique. Et en fait, là-bas, j’étais dans une unité pour jeunes adultes, et il y avait plus de 50 % des personnes hospitalisées qui étaient trans. Donc trans, non binaire, agenre… voilà.

Il y avait des problématiques de  genre. Une des amies que je me suis faites là-bas, qui était une amie proche pendant toute cette période, elle se définissait comme non binaire,  et donc je lui ai demandé ce que c’était, la  non binarité.  Et elle m’avait expliqué qu’elle n’avait pas ce sentiment d’être une femme. Elle n’avait pas non plus le sentiment d’être un homme, et qu’il y avait des jours où elle aimait mettre des robes et se maquiller, et faire attention aux autres, et il y avait des jours où elle voulait juste mettre un survêtement et s’occuper d’elle. Je pense que j’étais trop fragile à ce moment-là pour vraiment comprendre la bêtise que c’était. Mais, du coup, ça m’a beaucoup questionné parce que je n’avais pas non plus ce sentiment d’être une femme. Mon corps, il me rappelait que j’étais une femme, mais je n’avais pas ce sentiment du tout.

Heureusement, j’ai envie de dire, j’avais d’autres problèmes à régler, donc je ne me suis pas posé plus de questions sur la non binarité. Par contre, une fois que je suis sortie de l’hôpital, j’ai essayé d’aller sur des groupes et des forums, et je suis arrivée en disant que j’étais bisexuelle, parce qu’il faut être dans la communauté LGBT pour entrer dans ces groupes, et on m’a dit toute suite : « non, non, non, non. Tu n’es pas bisexuelle. Tu es pan.  Sinon, tu es transphobe. »

Donc ça, ça m’a un petit peu refroidie sur ce genre de réseau, donc je n’ai pas poussé plus loin. 

Et le premier choc face à la communauté trans, ça a été…

Donc, j’avais un compagnon  qui avait son frère qui s’identifiait à une femme. Il avait les cheveux longs, les ongles très longs, et ça lui suffisait pour dire qu’il était une femme. Et donc, je le suivais sur Twitter, et il était dans une communauté… horrible. Parce qu’ils avaient tous 14,15 ans à peu près, pas plus. Et en fait, c’était… Ils prenaient des pauses pornos, ils prenaient des photos d’eux dénudés.  On parle de mineurs, quand même.  Et oui, ils prenaient  des pauses suggestives, ils faisaient des dessins avec des personnages de dessins animés, des images pornographiques. Toutes les femmes, ils les transformaient en femmes trans.  Et ce qui m’avait choquée aussi,  c’est qu’il n’y avait pas une seule personne qui n’avait pas de troubles mentaux. Et ils les affichaient fièrement, en plus. Il y avait de tout. Il y avait des troubles du comportement alimentaire, la dépression, l’anxiété, il y avait beaucoup d’addictions.  Et il y avait un trouble qui s’appelle le TDI,  trouble dissociatif de l’identité, et c’est un trouble, quand on cherche un peu les dernières études dessus, on se rend compte qu’il y a eu une explosion de ces troubles-là.  Que les médecins pensent qu’il y a un phénomène de contagion sociale. Voilà, on peut faire, quand même, un parallèle avec l’explosion de la transidentité.

Je pense que c’est  un premier « peak trans ». C’est un premier peak qui m’a marquée.  Mais tout de suite, dans ma tête, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je sois intolérante comme ça, qu’il fallait que je m’éduque, que je comprenne mieux, que c’était sûrement une exception. Donc je me suis inscrite sur TikTok, à un moment.  Et j’ai commencé à suivre plein de personnes trans.  De toute façon, plus on en regarde, plus on nous en propose. Et là, ça m’a marquée,  il y avait beaucoup moins ce côté porno,  mais ce qui m’a marquée,  c’est que d’un côté on avait les femmes trans identifiées et les femmes non binaires  qui étaient dans le dialogue, dans l’échange, dans la pédagogie, qui essayaient d’expliquer les choses et qui, souvent, avaient un point de vue qui était de dire : « si une personne refuse de coucher avec moi, ce n’est pas transphobe ». Et de l’autre côté,  on avait les hommes transidentifiés,  les hommes non binaires, et là, par contre, c’était… au-delà de l’hypersexualisation.  Il y avait des menaces, de la violence, des appels au harcèlement, ou des comportements typiquement masculins. Donc là aussi, ça m’avait marquée.  Mais je n’ai pas… j’ai essayé de me dire, encore une fois, c’était une exception. Et la goutte de trop, ça a été le nombre de dénonciations d’agression sexuelle dans cette communauté. Chaque semaine, il y en avait un. Et je pense notamment à deux histoires qui m’ont vraiment marquée.  Il y avait dans la communauté queer  deux monteurs d’un streamer  qui ont été dénoncés par un homme transidentifié.  Et en fait, depuis que cet homme était petit, il devait avoir 12–13 ans, ils  l’avaient manipulé pour avoir  des photos nu,  et on avait des conversations hallucinantes sur, justement, le fait qu’il faudrait accepter la pédophilie comme une sexualité normale. Enfin, c’était vraiment très perturbant.

Et plus récemment, il y a eu,  anciennement « Mister yéyé »  je ne sais pas du tout comment il se fait appeler en tant que femme, qui a avoué avoir abusé sexuellement de fans, quand il a commencé à être connu, de fans mineurs bien sûr,  et de fans qui étaient dans une détresse  psychologique, et ça m’énerve un peu que… parce que dans toute sa lettre, où il se dénonce, il se genre au féminin. Et non, je suis désolée, ce n’est pas un crime de femme, ça. Ça, c’est un crime d’homme.  Et puis en plus, il dit juste « j’assume » et les gens, en réponse, ils font : « Oui, eh bien tu es une femme trans, donc tu es opprimée,  donc on te pardonne, tu n’étais pas bien. » Enfn, c’est hallucinant comme on passe les choses sous silence dans ce genre de communauté.

RDG – Donc, en fait, j’ai été, au contact de ma famille, dans ma fratrie, moi j’ai été un peu dans la communauté des youtubers il y a plusieurs années de ça, et c’est comme ça que j’ai appris l’existence de Mister Yéyé, qui était un artiste, chanteur, et il y a quoi… il y a quelques semaines que moi j’ai appris, eh bien qu’en fait, c’était un violeur, et qu’il avait transitionné. Donc maintenant, Mister Yéyé c’est “une violeuse”, n’est-ce pas, et sur son Twitter, j’ai lu qu’il disait, je ne me souviens pas trop, mais en gros c’était un peu comme s’il était victime de ses crimes, en fait! Disons qu’il disait qu’il ne cherchait pas à être excusé, mais en fait ça se voyait que c’était, que c’était autour de lui, quoi! C’était vraiment du narcissisme, et il y avait des gens qui étaient… soit qui étaient pas d’accord en disant « c’est vraiment horrible ce que tu as fait” mais qui le genraient comme une femme, et il y en a, effectivement, qui allaient dans son sens : “Oui, ma pauvre chérie…” voilà. Et ça m’a vraiment… on va dire que c’est une petite partie visible de l’iceberg de la communauté de youtubers qu’il y avait à cette époque, il y a plusieurs années de ça…il y a une dizaine d’années, je dirais, quelque chose comme ça, où il y avait beaucoup, beaucoup de youtubers qui groomaient, qui mettaient sous emprise des adolescentes et des très jeunes femmes, qui les agressaient sexuellement, qui les violaient. Mais Mister Yéyé, c’est le seul que je connaisse de nom, qui prétend être une femme.

Mel – Ensuite, je suis allée sur Instagram, parce que je me suis dit que peut-être ce serait un peu plus sain, là-bas. Et je me suis abonnée à plein de comptes d’éducation sexuelles, parce que, comme beaucoup de femmes, j’ai vécu une agression sexuelle. Et c’est grâce à ce genre de compte que j’ai réussi à me reconstruire. Et j’étais notamment abonnée à un compte, je ne vais pas le citer, mais ça parle beaucoup “d’endives et de risotto”, là-bas, et il n’y avait nulle part le mot “femme”. Il y avait très peu le mot “homme”, mais il apparaissait parfois. Donc c’était : “personne à pénis, personne à prostate, personne à vulve…” et oui, ça m’avait choquée, déjà. Et il y avait énormément d’injonctions à aller “s’éduquer auprès des concernés”… et donc c’est comme ça que j’ai de nouveau suivi des personnes trans, pour m’éduquer. Et au bout d’un moment, il y a eu toutes ces personnes trans, et ce compte, qui se congratulaient les uns les autres d’avoir fait perdre un partenariat à une autre instagrameuse, et voilà. Il dénonçaient deux instagrameuses transphobes, qu’il fallait boycotter, et il fallait aller voir leurs abonnées pour dire qu’elles étaient transphobes. Et la cancel culture, moi, c’est quelque chose que je déteste. Je trouve ça stupide au possible, je trouve qu’on n’avance à rien en… Enfin, si on ne dialogue pas avec les gens en fait, ils vont continuer à rester sur leurs idées et personne n’avance. 

Donc je me suis empressée d’aller voir ces deux comptes “très transphobes” pour voir ce qu’il y avait dedans. Donc je suis allée voir le compte de Marguerite Stern. Je n’ai pas vu beaucoup de propos transphobes, hein…haha. Et je suis allée voir le compte @tasjoui de Dora Moutot. En en fait, c’est là que ça a été une révélation, puisque tous les doutes que j’avais, visiblement je n’étais pas la seule à partager ces doutes-là. Et surtout, tout était précis. Il y avait un vocabulaire précis, tout était clair. Notamment, sur le compte @tasjoui, il y a une remise en question, il y a une espèce de démarche scientifique qui me parle beaucoup, forcément.

Et voilà! En fait, tout est devenu limpide. Et je me suis abonnée à de plus en plus de comptes RadFem.

Oui, c’est comme ça.

C’est comme ça que je suis devenue critique du genre.

RDG – Et c’est comme ça que tu as créé ton compte @Femi Nazgul? 

Mel – Oui alors je l’ai créé pour être anonyme, parce que j’ai eu des messages de certains proches qui m’ont dit : “Cette personne est transphobe” en parlant de Dora Moutot. Donc j’ai préféré me créer un compte.

C’est le moment où justement Anissia a fait ce mème avec les Nasguls dans le Seigneur des Anneaux, et j’ai trouvé le jeu de mots excellent. Donc j’ai pris ce nom de compte pour être anonyme. Et en fait, il y a eu le post de NousToutes sur : « Terfs hors de nos luttes », et en fait là ça a été la goutte de trop. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’exprimer.

J’ai fait un post qui s’appelle : « Mâles, hors de nos luttes », et ce post, qui a fait que les gens ont commencé à s’abonner à mon compte, et c’est un peu malgré moi que j’ai commencé à faire des posts.

Ça a fait venir plein de personnes transactivistes sur mon compte pour, voilà pour me signifier que c’était le nom d’un groupe, où la personne qui chante est… un homme transidentifié !

Par contre ce qui est très positif, c’est qu’il y a des personnes transactivistes qui sont venues sur mon compte, et il y en a certaines qui m’ont dit : « ça me fait réfléchir ». Il y a aussi des personnes trans qui sont venus sur mon compte et qui m’ont dit : « je pense un peu pareil ». Donc ça m’a ça m’a quand même rassurée : même les personnes qui sont vraiment au cœur de cette idéologie, ils se rendent compte que parfois, il y a des incohérences.

RDG –  Parfois.

Mel – Parfois haha.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société ,et pour la démocratie ?

Mel –  Alors, cette idéologie est une menace pour les femmes et leurs droits, tout d’abord. Parce qu’on sait que nos oppressions sont basées sur le sexe, sur notre biologie. Statistiquement c’est écrasant : ce sont les pénis qui violent, et les vulves qui sont violées. Et le fait de commencer à mélanger les groupes,  dire qu’une femme peut avoir un pénis… On ne peut plus définir un groupe qui oppresse un autre, et donc la source des oppressions, on ne peut pas la combattre, puisqu’au final, elle ne va plus exister. Donc ça déjà, je pense que c’est un danger.

Et après, plus concrètement il y a le sujet des espaces pour femmes, que je pensais complètement anecdotique. Je pensais vraiment qu’il n’y avait pas d’agression de personnes trans dans les espaces pour femmes.

Et ça c’était avant l’histoire du Wi Spa, qui m’a un peu ouvert les yeux sur ce sujet. Donc l’affaire du Wi Spa, ça commence avec une vidéo d’une femme qui est en train de parler avec le staff de ce spa, en train de dire qu’il y a un homme nu qui se promène dans les vestiaires, devant sa fille de 12 ans. Et la personne du staff n’arrête pas de répéter : « non c’est une femme, c’est une femme, elle a le droit d’être là ». Et donc cette maman, elle s’est faite incendier sur les réseaux. Elle s’est faite menacer de mort, menacer de viol. Elle a subi un harcèlement sans nom. Il me semble qu’elle a perdu son travail. Et tout ça pour qu’on apprenne quelques semaines après que ce monsieur est un agresseur sexuel multirécidiviste, un exhibitionniste avec des tendances pédophiles.

Et à partir du moment où on a appris ça, la communauté transactiviste, on ne l’a plus entendue du tout. Il n’y a même pas eu d’excuses, même pas de dénonciation, rien du tout. Tout le monde s’est tu sur cette histoire.

C’est une menace pour les enfants, notamment à cause des bloqueurs de puberté.

On commence de plus en plus à en parler, notamment aux États-Unis.

Et aussi le fait que des enfants, ils ont un âge où ils ne peuvent absolument pas discerner les conséquences que peut avoir une transition à long terme. C’est à 25 ans qu’on commence à avoir une certaine maturité pour les choix à long terme, donc faire prendre ce chemin à des enfants, c’est extrêmement dangereux.

Et même pour les adolescents, puisque on a encore influençable, et on traverse forcément une période de dysphorie ou de dysmorphophobie, ou d’inconfort de genre, et ça ne mène pas forcément à une transition, ça ne doit pas forcément mener à une transition.

Et j’aimerais que les communautés transactivistes se posent un peu plus la question de l’explosion de la transidentité chez les femmes lesbiennes, chez les femmes autistes, et surtout chez les personnes qui ont vécu des agressions sexuelles enfant et de l’inceste. C’est un problème pour l’expression, puisque dès qu’on est pas d’accord avec le, comment on dit… la doxa, on est tout de suite cancel. On n’existe plus.

Et aussi on perd des libertés.

Je pense notamment à ce père canadien, qui a été condamné parce qu’il a mégenré sa fille. En fait, il ne voulait pas qu’elle prenne un traitement hormonal parce qu’elle était mineure, et il était contre. Et donc il a formulé qu’il était contre, en mégenrant sa fille, ce qui fait qu’il a été condamné, et que du coup sa fille, elle, par contre, a été hormonée.

RDG – Et lui il est allé en prison…

Mel – Oui il est allé en prison !

RDG – Donc c’est quand même pas un danger virtuel.

RDG – Il a été condamné à de la prison ferme pour mégenrage, alors qu’il avait un droit parental sur sa fille quand même c’est… quand même elle était mineure !

Mel –  Ça a été considéré comme s’il l’avait frappée sa fille, ça a été les mêmes peines !

RDG – Donc en fait, quand il y a des parents qui frappent vraiment leurs enfants, il n’y a rien qui est fait. Mais si tu refuses d’appeler ta fille Nathan, Théo ou je ne sais pas quoi, tu peux aller en tôle ? D’accord ! au Canada ?

RDG – Au Canada mais on a aussi le témoignage d’une mère qui n’a plus la garde de son fils parce qu’elle refuse, elle refuse de l’appeler par son nouveau prénom et de le laisser transitionner avec hormones et compagnie.

Mel –  Et c’est où ça ?

RDG – En France. En France, c’est un témoignage qu’on va sortir, là.

Mel – OK. Je suis choquée.

RDG – Oui, il y a de quoi être choquée. Moi c’est un témoignage qui m’a affligée, vraiment, c’est triste.

RDG – Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces ? Un danger perçu ou réel dans ton entourage professionnel, personnel ? Est-ce que tu as déjà eu peur pour tes proches, ou au contraire est-ce que tu te sais en sécurité pour parler librement ?

Mel – Alors, par rapport à mes proches, ils sont tous plus ou moins au courant de mes idées, et ça pose pas de problème, au contraire, ça amène des discussions enrichissantes. Par contre, effectivement par rapport aux réseaux, je préfère me protéger. Et notamment, je l’ai dit, j’ai fait beaucoup d’anxiété. Et j’ai vu les effets dévastateurs que ça a eu sur certaines RadFems. Je pense à Marguerite Stern, notamment. Et voilà, je préfère préserver ma santé mentale.

RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Mel – Alors j’ai plusieurs anecdotes, exclusivement sur les réseaux sociaux.

Notamment j’ai trouvé de plus en plus… il y a des tutos pour les lesbiennes pour apprendre à sucer. Et il y a la même chose côté gay : il y a des il y a des tutos pour apprendre à faire des cunnis… Bah là ça me fait un peu rire, mais on est clairement sur de… Comment on appelle ça ?

RDG –  De la culture du viol !

Mel – Oui ! Et de la thérapie de conversion.

RDG –  Mais c’est immonde !

Mel – Oui ça m’a choquée quand j’ai vu ça, et c’est assez courant sur internet, ce genre de tuto.

RDG – Le tuto-pipe ! hahah

Mel – Oui, voilà !

RDG – c’est dégueulasse !

Mel –  J’allais continuer donc je sais pas si c’est le même sujet.

RDG – Vas-y continue, continue… je suis en PLS, là… Quelle horreur ! Ça me dégoûte !!! Si tu étais pas lesbienne avant tu deviens en écoutant des trucs pareils haha. Quelle horreur…

RDG – haha ils vont rendre toutes les meufs lesbos, allez, venez!

Moi, je sais qu’il y a quelques années je cherchais des infos sur le safe sex, c’est-à-dire la sexualité entre lesbiennes, et comment, par rapport à la prévention aux IST et tout, parce qu’en fait dans notre communauté, on est très peu informées… Et je cherchais donc des sites internet, des infos, pour voir qu’est-ce qui se disait sur le net. Et en fait systématiquement, c’était il y a 3-4 ans déjà, je tombais sur des sites où bah ça parlait de mecs en fait ! Donc ça parlait de pénis, et puis il n’y avait pas le mot femme…

Et c’est hallucinant d’oser dire que les lesbiennes, par exemple, aiment les pénis ! Je veux dire, moi, à part dans un bocal avec du formaldéhyde, je ne vois pas !

Et puis les gays ils aiment pas les vulves ! Enfin, je veux dire ils sont gays, quoi !

C’est comme quand tu es lesbienne : tu aimes pas les pénis, quoi. Mais maintenant, ça c’est devenu discriminatoire. Par contre dire à une lesbienne d’aller sucer une teub, ça, il y a pas de problème, quoi. C’est limite… c’est progressiste.

Non, enfin ! C’est choquant. Ouais c’est vraiment choquant, quoi.

Mel – À chaque fois, en fin de post, je mets toutes les sources.

RDG – C’est vraiment de la thérapie de conversion, c’est vraiment dégueulasse de faire ça quoi. Enfin moi je suis vraiment outrée, là ! Je trouve ça dingue qu’il y ait des lesbiennes qui … ben c’est ça qui me fait peur en fait : c’est que personne ne se révolte !

Mel – Eh bien moi, je vois ma sœur, elle est lesbienne, et elle est assez choquée par mon discours. Par contre, jamais elle ne touche une bite de sa vie. Donc elle soutient les trans, mais… dans les faits, pas du tout !

RDG – En fait en ayant ce discours elle encourage quand même cette culture viol, malgré tout !

Mel –  Oui.

RDG – Mais c’est ça le problème. C’est ça parce qu’en fait les gens n’osent pas dire, ils n’osent pas… on est dans une espèce de dictature, en fait.

RDG – Il y a des hommes transidentifiés qui tuent des lesbiennes, donc c’est normal que les nanas, elles aient peur. Enfin c’est normal…

RDG –  Je ne pense pas que les gens qui entendent ces discours-là, les jeunes notamment, qui entendent ce genre de discours, et qui ne réagissent pas, c’est pas parce qu’ils ont peur d’être tués. C’est parce qu’en fait, ils imposent ce discours.

RDG – Il y a une normalisation de ce discours.

RDG –  Mais c’est ouf ! On est dans une dictature de la pensée, quoi ! Et le fait que personne… En fait je vais te dire un truc : ils ne font pas peur en disant… en fait ils font peur en disant : « Vous ne pouvez rien dire, parce que sinon, vous allez provoquer des suicides ! »  Cette manipulation, elle passe par une espèce de propagande sur le suicide des trans.

RDG – Tu as tout à fait raison, en fait Rita, c’est du chantage au suicide, mais à grande échelle, quoi. C’est incroyable !

RDG – Donc on en était à… au tuto pipe – quelle horreur- !

Mel – J’ai vu sur un petit groupe de personnes trans, qui disait à leur communauté, que s’il y avait des personnes en début de transition ou qui avaient un passing… en tout cas qui étaient non binaire et qui avaient un passing qui était vraiment spécifique d’un sexe ou d’un genre, il fallait coucher avec un maximum de personnes, et pendant l’acte, ou après, leur annoncer leur transidentité… et comme ça dire « bah en fait non, tu étais pas hétéro ou non tu étais pas lesbienne, en fait. Tu es pan ». Et ils voulaient comme ça convertir les gens à la pansexualité.

RDG – Attends. Est-ce que tu peux réexpliquer, au moins pour moi, parce que je suis pas sûre d’avoir bien compris ?

Mel –  Ils invitaient les gens à annoncer leur transidentité pendant une relation sexuelle, ou après, pour montrer à la personne qu’en fait elle n’était absolument pas hétéro ou lesbienne ou gay… mais pansexuelle. Et comme ça, ça leur évite… comment ils appellent ça ? Le « cotton ceiling ».

RDG –  Aaaaaah d’accord. D’accord. Mais c’est complètement tordu !

Mel – Oui. Mais c’est de la culture du viol, hein.

RDG – Mais c’est vrai que moi j’ai rencontré une fois, une femme qui me disait qu’elle était lesbienne, enfin qu’elle était bi etc.,  et qu’elle avait été hétéra et que maintenant elle était lesbienne, et tout ça. Et je la croyais.

Et j’ai mis très très très très longtemps avant de comprendre qu’en fait, elle était sous l’emprise d’un homme transidentifié, qui, se disant lesbienne, l’avait convaincue que du coup, elle, elle l’était ! Alors qu’en fait c’était une relation hétéro avec emprise, violence et compagnie. Mais elle se disait lesbienne, elle militait au pôle LGBT, etc.,  alors qu’en fait elle n’était absolument pas lesbienne du tout : elle était juste en couple avec un homme transidentifié.

RDG –  Ces méthodes sectaires qui passent par les violences sexuelles, la vache !

RDG – C’est grave parce que psychiquement, dans ton identité, il y a ton orientation sexuelle. C’est donc jouer avec ton identité. C’est jouer avec l’identité des autres. Et c’est ça qui est problématique, là.

Mel – Oui.

RDG – Ça repose beaucoup là-dessus, en fait ! Parce qu’en fait, leur validation elle passe par la transformation de comment on nomme les autres. Ça ne passe que par ça, de toute façon. Eux ils vont être validés par le fait que nous, on n’est plus des femmes, et que nous on est des porteuses d’utérus. Tout le reste de la population, c’est des « cis ». Comme ça, voilà : en fait ils passent leur temps à tout renommer, quoi.

RDG – Enfin, là on parle quand même de manipuler les gens avec… c’est de la préméditation, et ils s’organisent ensemble, ils s’entraînent ensemble…

RDG –  Donc en fait c’est comme si moi par exemple, je couchais avec une femme, donc comme je suis homosexuelle, ben c’est bon ! Mais que cette femme me dit : « mais en fait je suis un homme trans, donc tu es pan ».

RDG – C’est ça. C’est exactement ça. Le fait que ce soit quelque chose de stratégique, en fait, pourquoi ils font ça ?

Mel – C’est pour… justement, le cotton ceiling. Pour qu’il n’y en ait plus. Ei tout le monde est pan, ils ont accès à tout le monde !

RDG – On est bien d’accord, c’est bien de la culture du viol.

Mel – Mais sur les réseaux sociaux, on voit des trucs c’est… c’est terrifiant.

Il y a les classiques problèmes de tampon chez les hommes transidentifiés, bien sûr. J’avais donc, à l’hôpital, vu que j’ai fait de la dysmorphophobie pendant longtemps, j’étais avec un groupe constitué uniquement de personnes trans. Et il y avait un homme transidentifié qui disait ressentir « de l’euphorie de genre » quand à la fin du mois, il n’arrivait pas à payer ses protections. Donc en gros la précarité menstruelle lui provoquait de l’euphorie de genre. Et c’est souvent des oppressions qui les rendent heureux, j’ai l’impression !

RDG – Toutes les petites filles qui sont exclues de l’école parce qu’elles ne peuvent pas avoir des serviettes hygiéniques, je pense en Afrique, en particulier… elles seraient ravies d’apprendre que ça rend des hommes occidentaux dégueulasses, heureux et euphoriques.

RDG – Oui, moi je me suis sentie très, très euphorique de mon genre, quand, il y a une dizaine d’années, j’étais tellement pauvre, qu’en fait, pour économiser mes serviettes ou mes tampons d’ailleurs, j’ai utilisé des vieux chiffons comme serviette chez moi. Parce que je n’avais même pas les moyens de m’acheter des serviettes chez Aldi quoi.

Parce que je n’avais même pas les moyens de m’acheter des serviettes chez Aldi quoi. Et j’étais tellement pauvre que… bah je sortais le moins possible, et que je saignais dans des vieux bouts de tissus pour garder les protections pour pouvoir sortir dehors, faire mes courses… c’est super euphorisant, quoi. Ça c’est certain ! Putain, mais ça me… Pardon, mais faut dire en plus, voilà : je ne suis pas la seule comme ça, il y a énormément de femmes et de gamines qui ne peuvent pas sortir de chez elle parce qu’elles n’ont plus de serviette, quoi. C’est hallucinant !

Mel – Il y a ça, et il y a le fait d’être harcelée dans la rue. Souvent ça leur provoque de l’euphorie de genre aussi. Donc tout ce contre quoi on lutte, bah ça voilà : ça leur provoque de l’euphorie.

La dernière, c’est sur la communauté du frère de mon ex-compagnon. Quand ils commençaient leur transition, ils posaient chaque jour une photo de leur torse nu. Et le but, c’était de se faire supprimer la photo. Parce qu’à partir du moment où le robot de Twitter supprimait la photo, ça voulait dire qu’ils étaient enfin devenus une femme.

RDG – Tout ce qui nous fait chier, nous… Eux ça les rend, ça les rend fou de joie ! Il y a du lourd là.

Haha

RDG – Je suis trop heureuse, je me suis faite harcelée … et en plus il y a un de Twitter qui trouve que j’ai des seins !

RDG – Je me suis fait bannir, ouais !!!

RDG – As-tu quelque chose à ajouter ?

Mel – Alors j’aimerais parler du documentaire « what is a woman » qui est sorti récemment. Déjà je voudrais commencer par dire que c’est un homme très conservateur, anti IVG, et très misogyne qui en est à l’origine. Mais c’est vraiment malheureux qu’il faille des hommes et notamment des hommes d’extrême droite pour amener ces sujets sur le devant de la scène, parce que eux on les écoute.

RDG – Ouais c’est délicat parce que bon… faire la pub pour ce docu …

Mel – Au moins je me dis que les gens, ils vont… les gens qui ne sont pas sensibles au féminisme, ils vont en entendre parler. J’ai un peu cette philosophie-là, qui est qu’au moins, ça alerte, on va dire.

RDG – Tu as raison, bien sûr. Évidemment. Mais c’est vrai que c’est malheureux, ça fait un peu chier, quoi, qu’on n’arrête pas de nous dire « où sont les féministes » alors que nous, on est là, quoi. En fait, on est là. Ohé, écoutez-nous ! On voudrait bien être entendues un peu plus, quoi. Et c’est vrai que… il y a de une paire de couilles qui arrive, et hop ! Voilà ! Typiquement…

Mel – Mais je pense que les interviews, il faut absolument les voir, elles sont très intéressantes. On a des interviews avec des transactivistes. On se rend vraiment compte de leur bêtise, dès qu’on les met face à des arguments concrets.

Et il y a aussi des super interviews de professionnels de santé, beaucoup plus pragmatiques et d’une personne trans qui alerte sur les dangers de, justement, d’hormoner les enfants si tôt, de leur faire des chirurgies. Donc dans ce documentaire, le but c’est de d’arriver à définir ce qu’est une femme. À chaque fois, c’est la question qui est posée.

Et j’ai noté quelques définitions données par les transactivistes, pour décrire une femme. Donc on a des choses comme :

« Être une femme, c’est ce qui définit une personne qui s’identifie à une femme »

On a : « Une femme c’est quelqu’un qui s’identifie à une femme », «  être une femme c’est la réalité d’une personne qui se sent femme » ou « une femme c’est une personne qui déclare être une femme ».

Donc on se rend compte, vraiment, de leur définition circulaire. C’est exactement comme si on me demandait : « qu’est-ce qu’un chat » et que je répondais : « bah c’est un truc qui ressemble à un chat ».

Ça n’a absolument aucun sens.

Il y a une personne trans, ou une personne queer, qui dit que « seules les femmes et en particulier les femmes trans peuvent savoir ce qu’est une femme » ! Et le présentateur demande : « est-ce que tu sais ce qu’est un chat ? » – « Oui. » –  « Est-ce que tu es un chat ? » – « Non. »

Et voilà !

Et la personne part là-dessus… parce qu’on n’a, voilà, on n’a pas besoin d’être une chose pour pouvoir définir cette chose, et voilà.

Une femme, c’est une femelle humaine adulte, tout simplement.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe

http://womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 36 – Catherine

Catherine – Bonjour, je m’appelle Catherine, je suis aide-soignante en chirurgie dans la région de Lyon. J’ai 51 ans. Je suis mariée, j’ai deux garçons de 24 et 17 ans. Jusqu’à il y a quelques mois, j’avais une vie tout à fait normale : voilà, une vie simple, sans problème particulier. Un travail que j’aime, une maison, un mari. Un enfant, le grand, qui fait des études dans le domaine informatique, et puis le plus jeune, très bon élève, qui était en première, il allait entrer en terminale. Voilà : une vie tout à fait normale.

Mon garçon le plus jeune, qui était en première, m’a annoncé qu’il était homosexuel. Bon, ça a été un peu un choc, qui a duré trois jours. Au bout de trois jours, je me suis dit : « OK, il est homosexuel, c’est pas vraiment un problème. Il aura une vie normale, un job normal, il n’y a pas de souci avec ça. »

J’ai mis trois jours, j’ai accepté, et on n’en a plus reparlé du tout, ou quasiment plus. C’était un gamin qui voulait faire des études à l’étranger, un très bon élève, enfant précoce, qui voulait faire des études à l’étranger.

Il avait de beaux projets d’avenir. Je le regardais avec des yeux de maman admirative.

Un peu… un peu chiant haha. Un ado tout à fait… tout à fait normal, je dirais. Normal.

Moi, un petit peu rigide. Je le trouvais trop accro aux réseaux sociaux, et de plus en plus depuis le confinement. Et aux jeux en ligne, aussi. Bon, comme il avait de bons résultats scolaires, je ne disais trop rien, je l’ai laissé faire. Il garde son groupe d’amis, un groupe de huit amis qui se suivaient depuis la sixième. Il sortait un petit peu, rien d’extraordinaire.

A notifier : il n’avait plus du tout de contacts avec son père. Puis quelques années, j’ai la garde complète. Il y avait quelques rencontres médiatisées avec ce dernier.

Et puis, au retour des vacances en août dernier, Août 2021, début d’enfermement dans sa chambre. Des périodes dans le noir, et puis des jours et des nuits sur son ordinateur.

Il s’est scarifié, il a complètement changé de comportement.

Je ne le reconnaissais plus. Claquait les portes, nous insultait.

Toutes les conversations devenaient… Ça tournait au conflit.

C’était vraiment violent en paroles, c’était limite physique. Je me souviens d’une fois où il m’a sortie de sa chambre, ça a été… Terrible.

Donc là, je me suis dit : « il fait une dépression ». Peut-être liée à la relation difficile avec son père ? Peut-être un questionnement lié à son homosexualité ? Bon, étant dans le domaine paramédical, je me suis… oui je me suis inquiétée, bon. J’ai fait des liens, aussi, voilà.

Donc du coup je me suis adressée au médecin traitant, parce qu’avoir un RDV psy rapide, ça a été compliqué. Le médecin traitant l’a mis sous antidépresseurs, ça a arrangé très très légèrement les choses.

Mais en novembre il y a eu une crise, mais là… d’une violence inouïe. Il nous a insultés, mon mari et moi. Mon mari avec qui il s’entend, s’entendait, du coup, extrêmement bien. Et il est parti.

Il a claqué la porte, il est parti, chez des amis, enfin des personnes qui étaient des amies à moi.

Voilà.

Leur fils, qui est son meilleur ami, et le deuxième fils, est un enfant transgenre. Voilà.

Transition totalement acceptée, par mes ex-amis, du coup, encouragée, sous hormones, voilà.

Il y est resté 4 ou 5 semaines, je ne me rappelle plus exactement.

Et un jour, j’ai reçu un SMS qui m’a pétrifiée sur place. Je me souviens que je me suis dit : « non, ce n’est pas possible. »

C’était : « Je suis trans, on ne va pas se mentir, je reviendrai quand tu l’auras accepté. »

Et là, ça été l’horreur totale, l’horreur totale !

J’ai tout de suite cherché sur internet des groupes de parents. Donc là, je suis tombée sur des groupes qui m’ont encore plus enfoncée, avec des parents qui m’ont dit qu’il fallait que je le soutienne dans sa transition. J’ai découvert les hormones, j’ai découvert les bloqueurs de puberté. Bon, il avait dépassé l’âge des bloqueurs de puberté, mais j’ai découvert les bloqueurs de puberté, j’ai découvert… les hormones.

Moi, un traitement pour la ménopause, avant de le prendre j’ai mis deux ans et pourtant j’avais des troubles épouvantables ! J’avais regardé tous les effets secondaires des hormones adaptées à mon corps… alors là, qu’un garçon comme mon fils puisse me réclamer des hormones féminines, comment est-ce que même, j’aurais pu penser à ça ? Voilà, c’était pas possible !

Mes ex-amis l’ont soutenu, m’ont même dit qu’il était né dans le mauvais corps… Alors là, là… ça m’a dépassée. C’est une notion que je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je ne peux pas comprendre qu’on puisse être né dans le mauvais corps.

Alors je leur ai demandé : « mais ça ne vous questionne pas, quand même ? » Et là, j’ai eu une réponse qui a été : « ça sert à quoi de se questionner, sinon à se faire du mal ? »

Voilà. Ça me questionnait encore plus…

Et puis bien sûr on m’a dit que, là, j’étais devenue transphobe, toxique…

Et je me suis rendu compte que tout, autour, tout ce qui n’allait pas dans le sens de sa transition, il le rejetait avec une violence épouvantable.

Donc son frère a essayé de discuter avec lui, son grand frère. Bon, ça n’a rien donné, il l’a rejeté depuis.

Donc son frère a essayé de discuter avec lui, son grand frère. Bon, ça n’a rien donné, il l’a rejeté depuis. Il ne lui a plus…je crois qu’ils ont échangé un seul sms.

Mon plus jeune, qui est dans cette démarche, ne donne plus de nouvelles du tout à son grand frère.

Le médecin traitant… C’est son médecin depuis sa naissance, il a fait office de pédiatre, c’était son héros. Quand il était petit, il avait un bobo au ventre, il fallait appeler le docteur parce qu’il allait le sauver. Donc il a accepté d’aller le voir, et le médecin lui a dit : « mais enfin tu te rends compte de la démarche, de ce que c’est ? Tu réclames à ta maman de t’appeler par un nouveau prénom ? » Car oui, il y a eu ça : il réclame d’être appelé par son nouveau prénom… l’horreur totale !

Un « deadname » : un prénom choisi avec amour. Ce prénom, je l’adore. Je l’adore, son prénom, voilà. 

Donc il lui a dit « tu te rends compte, tu lui dis que ton prénom c’est un prénom mort, tu lui dis qu’il faut te donner des hormones, tu lui dis que tu n’es pas un garçon, alors que 17 ans durant, tu as été un garçon… il y a la réalité biologique… » 

Il lui a rappelé la différence homme/femme, même au plus profond de soi : chromosomique. L’appartenance de l’humanité aux mammifères. Il a osé lui dire aussi qu’il devrait avoir des relations sexuelles avant de faire un quelconque choix qui engagerait toute une vie, avec des décisions graves. Et alors là, là, là il est passé pour le pire des transphobes.

Alors mon garçon est poli, et n’a rien dit pendant la consultation. Et quand on est sortis, dans la voiture, une crise épouvantable, où m’a dit que plus jamais, que c’était un transphobe, qu’il l’avait blessé, qu’il lui avait fait du mal, qu’il avait osé lui dire que c’était contre nature. Il a entendu, quand le médecin lui a parlé de la nature humaine, lui a entendu « contre nature ». Voilà.

Moi, à mes yeux, c’était le rappel d’une réalité indéniable, à ses yeux c’était transphobe  comme tout ce qui ne va pas dans son sens. Donc voilà. Suite à cette fugue, il est rentré à la maison de manière obligatoire. Parce qu’il y a eu moment où j’ai dit bon ça suffit, on arrête tout ça, tu rentres à la maison.

Je l’ai heurté de front. Je l’ai heurté de front. J’ai tout refusé en bloc. J’ai essayé de… comment est-ce qu’on dit… de le faire changer d’avis, et de le ramener, entre guillemets, vers des choses plus réelles, plus terre-à-terre, de faire des choses avec lui… Mais alors là, là, là… ça a duré très peu de temps, ça a été un enfer, ça a été un enfer, vraiment. C’étaient des crises continuelles, il était enfermé dans sa chambre, sur son ordinateur, sur son réseau Discord avec les personnes qui le soutenaient, clairement contre moi, qui lui disaient qu’il serait débarrassé bientôt de moi. Je n’ai plus le terme exact, ils lui disaient que nous étions toxiques, transphobes… J’ai pu le voir, écrit, je l’ai vu. C’est clair, c’est un fait, c’est un fait.

Il sortait pour manger quand on était partis ou quand on était couchés, mon mari et moi, pour ne pas nous voir. Il a rejeté toute la famille : sa tante qui lui a écrit une magnifique lettre. Il a dit que la lettre était transphobe, insultante.

Il y a eu l’histoire pour son anniversaire aussi : il voulait que je lui achète des vêtements féminins, que je lui donne de l’argent pour s’acheter des vêtements féminins, ce que j’ai refusé. Je lui ai dit que je l’emmenais dans un magasin qu’il adorait auparavant. Ce n’était pas un magasin de vêtements, mais un magasin de culture, et je lui ai dit : « Écoute, tu peux acheter tout ce que tu veux. Je prends tout ce dont tu as envie. Je t’emmène : tout ! »

Je n’aurais jamais fait ça un an auparavant : il m’aurait mise sur la paille ! Là, il m’a jetée. Il  a refusé, et il s’est plaint à ses amis que je lui ai pas fait de cadeau d’anniversaire.

Ça a duré jusqu’à Pâques, c’était intolérable. Même lui était en pleine souffrance, il  souffrait, il souffre aussi énormément… c’est un tel embrigadement… c’est quasi-sectaire, allez  je lâche le mot, c’est quasi sectaire, voilà.

Si bien que ça s’est aggravé.  Il y a eu une légère accroche, quand même, avec une pédopsychiatre qui a travaillé sur l’alliance thérapeutique, très bien d’ailleurs, très  très bien : sans le heurter, mais sans l’appeler par son nouveau prénom, sans le genrer au féminin, comme ils le demande à cor et à cri.

Bon il a accepté ce suivi et les antidépresseurs.

Et à Pâques, nouvelle… Énième dispute, il a re-fugué, chez un autre ami du groupe.

Moi, j’avais fait appel aux services sociaux, en me disant que peut-être… pour un placement, carrément un placement en milieu neutre, parce que pour nous c’était absolument terrible : voir mon fils comme ça… ça m’a…  ça m’a broyé le cœur. C’était une souffrance continuelle, sous antidépresseurs… et puis pour lui puisqu’ il se sentait  agressé sans arrêt. Donc je me suis dit, un placement, dans une, soit famille, soit foyer. Tant pis : un lieu neutre, avec un suivi.

Donc je me suis présentée moi-même devant les services sociaux, j’ai fait appel à eux. J’ai été convoquée, et quand je me suis présentée devant eux, j’ai eu la surprise de voir qu’ils avaient eu des informations inquiétantes faites contre moi, par les parents qui l’hébergeaient, parce que je le mégenrais. Et donc j’ai appris que le fait de mégenrer son enfant, de refuser de l’appeler par un autre prénom, de lui dire, c’est vrai je lui ai dit très clairement, que des hormones ou un vagin créé ne feraient pas de lui une femme, et il y a un côté naturel à être une femme. Je lui ai dit à une époque : « on n’est pas assignée fille. On naît fille, et ensuite il y a toute l’éducation qui va derrière. »

Bon, j’ai appris que ça c’est transphobe, de dire ça.

Et après que le fait de demander un suivi psychologique de type analytique, je ne voulais pas un suivi trans-affirmatif, eh bien ça aussi, j’ai appris que c’est transphobe.

J’ai appris que lui dire d’essayer de s’accepter en tant que beau jeune homme homosexuel… parce que je pense qu’il y avait une non-acceptation de son homosexualité… j’ai appris qu’il ne fallait pas faire ça, qu’ il fallait laisser rêver de transformation, prise d’hormones, etc… qu’il fallait abonder dans son sens.

Du coup, eh bien les services sociaux ont estimé qu’il n’était pas en danger dans la famille qui l’accueillait, qui considère sa famille comme transphobe, donc.

Il y a eu juste une  aide éducative en milieu ouvert qui a été mise en place, c’est tout. Donc il est convoqué devant un éducateur, je n’ai pas eu de nouvelles. Je ne sais même pas si ça a eu lieu. Ils ont refusé le placement, parce qu’il « n’était pas en danger ». Ses résultats scolaires continuent à être bons. Voilà. Donc depuis, il a repris contact avec son père. Lui a accepté de voir avec son père une psychologue. J’espère qu’il va travailler sur l’acceptation de son corps. Moi, la dernière fois où il m’a adressé la parole, c’était pour me dire qu’il n’attendait que d’être majeur pour avoir son traitement hormonal, ce que je considère comme abîmer son corps, au lieu d’accepter, voilà. Et  il m’a même parlé de la future chirurgie : il avait toute la rhétorique, il avait la rhétorique complète, il connaissait des trucs que, même moi, je connaissais pas. Il savait tout. Il savait tout.

Moi je pense qu’il est sous l’emprise d’une idéologie qui va détruire son corps, son avenir même : il voulait faire des grandes études, il a déjà abandonné, parce qu’à l’étranger il n’y a pas l’ALD. C’est ce qu’il m’a dit : il n’y a pas l’ALD, il voulait une prise en charge complète de sa transidentité. Enfin, il avait vraiment tous  les renseignements qu’il a puisés sur, je ne sais pas, Discord, auprès de personnes bien renseignées, peut-être ? Ou peut-être sur Wiki Trans, je sais pas. J’ai été voir, moi, après, tous ces sites. On trouve toutes les infos pour, comment faire prescrire la testostérone, comment se faire rembourser, … pardon pour mon fils c’est pas la testostérone,  mais c’est pareil pour les jeunes filles on trouve tous les renseignements.

Je pense qu’il est sous l’emprise d’une idéologie dangereuse, qui lui fait miroiter qu’en quelques coups de bistouri et un traitement hormonal sans effets secondaires… ça lui fait miroiter qu’il va devenir une femme, que c’est la solution à ses problèmes voilà. Ses problèmes de questionnement, sur son homosexualité, à ses problèmes de dépression : ces questionnements.

Je pense qu’on fait miroiter à de jeunes ados, à un moment où on est fragile. Adolescent, on est fragile. Qui plus est, homosexuel, qui plus est, dépressif, voilà. Donc

on fait miroiter que prendre les hormones et changer de genre, pour reprendre l’expression, c’est la solution à tous les problèmes.

Bon moi, je sais qu’il souffre d’un … enfin je sais à force de lire… qu’il souffre de dysphorie ROGD : Rapid Onset Gender Dysphoria, vous m’excusez pour l’accent. 

Que ni les hormones, ni la chirurgie, ni  l’illusion de pouvoir devenir une femme, ça ne va l’aider.

Moi, je pense savoir que seule l’acceptation de la réalité biologique de son corps, tel qu’il est, de son homosexualité, et puis à partir de maintenant seule aussi la paix avec toute sa famille…  ça pourra faire de lui un adulte en bonne santé physique et mentale, voilà. Je pense qu’il n’y a que ça, et certainement pas l’illusion de devenir une femme.

Et tout ça… Il va falloir qu’il y ait un travail sur lui-même.

Et moi j’espère, je crois en la condamnation de l’idéologie du genre. Alors je sais que c’est un gros mot. Je sais qu’ on n’est pas encore là dedans. Je sais que c’est un idéal, je sais que politiquement… je l’ai entendu, on me l’a fait savoir, que c’était pas du tout politiquement correct, que c’était transphobe…

C’est mon idée profonde. Je sais que mon fils est bien né dans le bon corps, que c’est bien son corps voilà, et qu’il n’y a aucune possibilité pour qu’un enfant naisse dans le mauvais corps.

C’est une notion complètement surréaliste, voilà.

RDG – Moi j’avais une question par rapport à ce que le médecin de ton fils lui  a expliqué concernant les relations sexuelles. C’est pas la première fois que j’entends parler du fait que il y a des jeunes personnes mineures ou majeures aussi, qui vont vraiment dire “je suis transgenre” mais qui finalement n’ont pas eu de relations sexuelles… je ne suis pas en train de dire qu’il faut absolument coucher pour savoir, évidemment que non. Mais ce que je veux dire c’est effectivement que dans cette question-là, de l’identité, ne serait-ce qu’à l’identité personnelle, la construction de qui on est, le rapport à la sexualité est important. Surtout que si ton fils, il est homosexuel, c’est quand même crucial qu’ils puisse, je ne sais pas… vivre  des rapports affectifs sexuels pour son propre bien-être. Et c’est la première fois que j’entends parler d’enfants qui vont transitionner et qui n’ont pas eu cette possibilité d’échanges sexuels et affectifs avec d’autres personnes, quoi.

Catherine – Tout à fait. Le médecin lui a posé la question d’ailleurs, très clairement. Il lui a dit “mais est-ce que tu as eu des rapports sexuels” il a demandé “par qui tu es attiré?” Donc mon fils a répondu “par les hommes” et il lui a dit “mais est ce que tu as déjà eu des relations sexuelles?

Donc mon fils a dit non et c’est là où le médecin lui a dit “mais est-ce que tu ne crois pas que tu devrais essayer avant de prendre des décisions qui pourraient avoir de graves conséquences sur ton avenir? Savoir où tu en es par rapport à ça?”

RDG – L’importance des échanges affectifs et puis sexuels, c’est aussi… il y a aussi une importance au niveau physiologique. Il y a quand même tout un schéma d’hormones qui se met en place, et si un jeune homme transitionne et n’a jamais connu cette possibilité de vivre ces échanges aussi hormonaux, parce que c’est ce qui se passe dans une relation sexuelle, il pourra pas vivre ça de façon, comment dire… authentique.

Catherine –  Et puis accepter que ça peut être quelque chose d’agréable avec son corps. D’apprendre à s’apprécier, à apprécier l’autre. De voir que son corps finalement est désirable aussi, tel qu’il est. En plus c’est un magnifique jeune homme. Il est beau. Il est magnifique, donc désirable par un homme, par une femme peu importe! Et ça pourrait lui montrer qu’il est désirable tel qu’il est, en beau jeune homme. Donc c’est important. Puis prendre des traitements hormonaux, ben ça risque de le rendre stérile. C’est pas qu’un risque d’ailleurs, c’est pas qu’un risque. On est bien d’accord, sans parler de la chirurgie.

RDG – Au niveau de la fertilité, bien sûr. Mais au niveau de sa sexualité, en tant qu’homme adulte, il y a aussi un risque d’une perte par rapport à ça. Il faut après sacrifier la vie sexuelle de gamins et  de jeunes majeurs…

Catherine – On les rend impuissant et on les rend… inaptes à être aimés et appréciés tels qu’ils sont par un partenaire en face.

RDG – Et nous on se bat depuis des décennies, les lesbiennes et puis les gays, et bam! D’un coup tout est remis en question, et non, on n’est pas assez comme il faut, il faut changer. Et ça fait des années qu’on se bat pour qu’on soit accepté comme des personnes normales, quoi, tout simplement!

Catherine –  Tels qu’on est! Etre accepté… mais qu’on soit hétéro, qu’on soit homo, peu importe. Être accepté tel qu’on est! C’est grave.

RDG – Est-ce que je peux poser une question? 

Catherine – Oui

RDG – Quand il t’a annoncé son homosexualité donc, c’est bien… à ce moment-là il considérait bien qu’il était un garçon attiré par les garçons?

Catherine – Complètement! Alors il m’a demandé à aller voir une psychologue, parce qu’apparemment ça le mettait mal à l’aise. Bon je pense qu’il savait que moi, ça me met très mal à l’aise au début aussi, que peut-être j’aurais des difficultés à admettre. Effectivement… trois jours, je me suis quand même…  Je ne lui ai pas dit mais ça m’a …voilà. Mais bien sûr qu’il se considérait comme un garçon, évidemment! 

Jamais, jamais, jamais, jamais il ne m’a dit qu’il était une fille, bien sûr que non.

Il m’a dit : “voilà, j’aime les garçons.”  J’ai dit “outch” voilà. 

Mais non, jamais jamais il n’a eu l’intention d’abîmer son corps, de transformer son corps, jamais.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, et  même pourquoi pas, pour notre démocratie?

Catherine – Alors c’est vrai que là, je me suis positionnée en tant que mère d’un ado garçon, puisque c’est ce que je connais le mieux. Puisqu’avant, honnêtement, jamais en fait, je ne m’étais posé ce genre de question voilà.

Donc là, ça m’est tombé dessus. Du coup je vais répondre avec ce positionnement-là. Je pense que c’est extrêmement dangereux pour les ados. Alors surtout ados en situation de fragilité, qu’elle soit passagère, qu’elle soit durable, je pense aux jeunes autistes qui sont touchés. Passagère comme une dépression, ou alors des ados en questionnement, comme mon fils, donc qui se questionnait sur son homosexualité. Des ados qui sont en train de voir leur corps changer aussi, donc c’est compliqué pour un ado de voir son corps qui change, pour une jeune fille les seins, les signes de la puberté. Donc c’est compliqué et c’est extrêmement dangereux de leur dire qu’ils sont nés dans le mauvais corps, alors que déjà ils se posent des questions sur eux-mêmes. Si en plus on leur dit qu’ils sont nés dans le mauvais corps, et qu’ il faut qu’ils prennent des hormones, donc au lieu de les amener à s’accepter, au lieu de lutter pour l’acceptation inconditionnelle de ce qu’ils sont, on les pousse à se détester. Mon fils se déteste. Il hurle que… alors il m’a hurlé qu’il avait vécu sa puberté comme si ce n’était pas la sienne, ce n’était pas la sienne. Il m’a hurlé que ce corps n’était pas le sien. Il s’est scarifié. C’est hyper dangereux. Je pense même qu’on les pousse à des risques suicidaires au lieu de les aider. On les pousse à risquer de dégrader leur corps avec des conséquences… je ne sais pas si on réalise, si on réalise qu’on va rendre stérile des adolescents. Qu’on va les pousser à s’amputer d’une partie de leur corps, enfin! Moi qui suis le domaine médical, une mammectomie, par exemple, c’était impensable pour une femme, c’était une opération très compliquée, et ça abîme l’image corporelle, donc il y a la reconstruction après,  il y a… Et là, on les pousse à faire ça au lieu de les amener à aimer leur corps tel qu’il est… moi je trouve que c’est d’une violence inouïe. Un garçon, mon garçon, un jeune adulte, un ado, qui dit qu’il va s’amputer du pénis… Alors il ne le dit pas dans ces termes, il dit qu’il fera une vaginoplastie? C’est une amputation du pénis. C’est impensable pour une mère, vous imaginez bien. Mais là, la violence pour un gamin! C’est  hyper dangereux. Ça pousse l’ado à se victimiser. Tout ce qui ne va pas dans le sens de la transition le rend…  ça le met hors de lui, ça le pousse à des actes d’isolement par rapport à sa famille, c’est hyper dangereux, il s’isole de toute sa famille, mon fils. Alors que sa famille est inquiète pour lui. Sa famille, jusqu’à nouvel ordre, ne lui voulait pas de mal,  bien au contraire. Moi je me voyais être là… je suis là pour lui. Je veux être là pour lui. Mais je voulais et je veux le meilleur pour mon fils. Et là il est sous l’emprise d’autres personnes qui vont le pousser à des choses terribles, terribles. Qui lui disent que sa famille est toxique et transphobe, qui l’isolent  des personnes qui sont son soutien, qui sont sa famille,  qui l’aiment…  

Moi je donnerais n’importe quoi pour mon fils. Je ferais n’importe quoi pour lui. N’importe quoi.

Et ces gens-là l’ont isolé. Voilà. Donc au lieu, au lieu de considérer le mal-être adolescent comme transitoire, au lieu de les aider à s’approprier la réalité biologique, la réalité psychologique, c’est une idéologie qui renforce les croyances… Faire croire à un enfant qu’il est né dans le mauvais corps… c’est surréaliste. Voilà. 

Je pense aussi au mal fait – toujours pareil, je me positionne en tant que maman d’un jeune homme homosexuel – au mal qui est fait aux homosexuels. ça rejoint, voilà, ce que j’ai dit plus haut le concernant. Mon fils est un jeune homosexuel, c’est ainsi. Il en est ainsi et c’est tout, c’est tout. Il n’est pas une femme hétérosexuelle, c’est un jeune homme homosexuel et je veux qu’il s’accepte comme tel. Je veux qu’il  s’accepte comme tel, voilà.

J’ai parlé à pas mal de personnes gaies, et  notamment à pas mal d’hommes qui sont sensés et conscients du problème d’ailleurs, qui me disent commencer à  se regrouper en alliance LGB, simplement.

Qui pensent que là, ça a été trop loin.

Par contre je suis ennuyée en ce qui concerne les enfants en général. J’ai pas compris : j’ai appris qu’on pouvait élever un enfant hors réalité biologique. Ca aussi je l’ai appris.  Vous m’auriez interrogée l’été dernier là-dessus, qu’il ne fallait plus expliquer à un enfant les différences biologiques entre un homme et une femme, je ne vous aurais pas crues. Moi, à mon avis c’est les éduquer sans limites biologiques les plus basiques. Faire croire à une espèce de toute puissance, que même la réalité la plus visible, un corps avec un pénis ou avec des seins, c’est une espèce de toute-puissance, voilà. Donc je me demande, là je me posais la question récemment, en réponse à votre question, justement, je me suis demandé quel adulte peut devenir un enfant qui aura même eu le choix de ce que la réalité biologique, normalement, devrait lui imposer? Je me pose la question, je n’ai pas de réponse.

Et puis je me pose la question sur les bloqueurs de puberté. Donc là j’ai lu un petit peu, quelques articles là-dessus, bon. Mon enfant est grand, donc je ne me suis pas focalisée dessus. Mais quand même, les effets secondaires des bloqueurs de puberté, notamment quant à la puberté retardée, donc sur un plan cognitif. C’est-à-dire un l’enfant… à 13 ans, normalement, il débute une puberté, on lui donne des bloqueurs de puberté pour qu’il ait le temps de décider, et il va faire sa puberté à 15, 16… mais alors que les autres l’auront déjà fait. Donc cette espèce de décalage cognitif, à mon avis c’est une mauvaise chose.

RDG – Surtout que les études montrent qu’en fait c’est pas retarder… et en réalité tu l’annules… et c’est tout! 

Et en fait c’est un vrai mensonge, c’est un énorme mensonge de dire “on retarde, on repousse, ça laisse le temps de réfléchir”. Parce que la vérité c’est que non, en réalité on ne fait que préparer l’hormonothérapie à venir. Les exemples abondent notamment de garçons qui ont eu des bloqueurs de puberté, et qui ensuite ont, ben,  un micro pénis. Et au moment de passer à entre guillemets “vaginoplastie” si tant est qu’un trou puisse être un vagin, parce que voilà… Et bien ils n’ont même pas assez de matière, de chair pour pouvoir inverser un pénis. Donc on en est réduits à créer des fistules dans les rectums ou avec des poissons, pour qu’ils soient “pénétrables”. Bon je ne vais pas vous détailler les choses, mais à priori,  un garçon est pénétrable quand même, et un trou n’est pas un vagin.

Catherine – J’ai dit à mon fils d’ailleurs, qu’un trou créé de manière artificielle ne ferait pas de lui une femme, qu’une femme, c’était pas ça. Qu’une femme c’est effectivement physique, à la naissance, et puis qu’ensuite il y a tout le côté social. Qu’une femme c’était un mélange de plein de choses. C’est pas… c’est pas le fait d’avoir un trou, et d’avoir, d’avoir des hormones, qui ferait de lui une femmes.

RDG – C’est surtout une réalité matérielle qui est bien au-delà du fait social.

Catherine – Il y a la naissance, la naissance biologique, la naissance physique. Elle n’est pas négociable, elle est indéniable. Ce n’est pas une assignation, c’est un fait.

RDG – Qu’est ce qui t’a décidée à témoigner donc, de manière anonyme? Et est-ce que tu peux parler des éventuelles pressions, que tu peux déceler dans ton entourage?

Catherine – Des menaces, je n’ai pas été menacée directement. Je témoigne de façon anonyme parce que les ex-amis qui soutiennent mon fils… Certains sont bien placés et surtout ils ont la mainmise sur mon fils… ils ont la mainmise sur mon fils, et je ne veux pas aggraver les choses. Je ne veux pas aggraver les choses.

Il y a un conflit majeur, il y a un conflit majeur avec mon fils.

S’il tombe sur un témoignage qui vient de moi, ça ne ferait qu’aggraver les choses à l’heure actuelle.

Et aussi mes ex-amis. S’ils tombent sur un témoignage avec mon nom écrit dessus, ça ne fera qu’aggraver les choses à l’heure actuelle. Donc c’est pour cette seule et unique raison, voilà.

Je voudrais, j’aimerais témoigner sous ma réelle identité. Je pense qu’un jour si les choses s’arrangent avec mon fils, je témoignerai sous ma réelle identité pour continuer à lutter, et pour lui montrer que.. que je n’ai pas peur de lutter pour lui, voilà. Je n’ai pas peur de lui. J’ai peur que ça aggrave les choses, voilà.

RDG – En tout cas merci de le faire parce que c’est très courageux et c’est certainement une parole qui est rare, et qui est précieuse parce que il faut aussi que le grand public comprenne, ce que ça fait aujourd’hui, le transactivisme : ça détruit aujourd’hui des familles. Ça met des enfants en danger. Parce que ton fils, c’est un enfant.

Catherine – Complètement. Complètement. Et il est en danger, oui.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Catherine – Alors le transactivisme, oui.

Quand je, quand mon fils m’a annoncé qu’il était…  donc : “faut pas se mentir je suis transgenre” …par SMS… Je suis restée… en plus j’ai eu l’impression de mourir sur place. Et du coup j’ai fait, je suis très facebook et j’ai pris, j’ai allumé facebook pour trouver des parents, en me disant c’est pas possible il faut que j’en discute avec des parents. 

Moi je n’avais pas de notion de ça, je me disais qu’est ce que j’ai fait. Il a fallu que je discute avec des parents, et je me suis retrouvée sur un forum d’entraide de parents. Sauf qu’ils étaient dans la vision transaffirmative de la chose,  et donc ils m’ont dit qu’il fallait que je soutienne mon fils…

Alors moi je leur ai décrit ce que je ne connaissais pas encore : la dysphorie de genre d’apparition rapide, c’est ce que je leur ai décrit, en disant : “ mais jamais il n’avait eu de signe avant, jamais. C’est pas possible, on ne peut pas croire qu’il soit né  dans le mauvais corps, ça n’existe pas.” Et donc on m’a répondu qu’il fallait que je le soutienne dans sa transition, que ça viendrait et que je finirais par accepter parce que je l’aimais, et que sinon, de toute façon si je ne le faisais pas, il partirait. Que le risque de suicide était énorme, qu’il fallait que j’accepte, voilà.

Ça m’a marquée, et d’ailleurs je me suis fait virer de ce forum par la suite, parce que j’avais fait… eh bien j’ai à nouveau émis des doutes et puis j’ai parlé avec plusieurs parents, d’un collectif de parents, Ypomoni, qui lutte contre l’approche transaffirmative trop rapide, justement, dans le cadre des dysphories de genre d’apparition rapide. Et ça, c’est impensable, inimaginable, inacceptable sur ces forums.

RDG –  Est-ce que tu peux parler, de ce collectif, donc, que tu as cité, s’il te plaît?

Catherine –  Tout à fait. Alors donc, c’est un collectif de parents qui s’est créé à l’automne dernier, donc, qui s’appelle Ypomoni. Ça veut dire “patience” en grec ça s’écrit Y P O M O N I. Ce sont des parents qui luttent justement contre l’approche transaffirmative trop rapide chez les adolescents, enfants et jeunes adultes. Qui luttent contre la théorie du genre, soyons…  disons les choses telles qu’elles sont. On peut les contacter par mail

ypomoni@protonmail.com 

Donc on intervient sur Instagram, on a un compte Tik Tok, on a un compte facebook, un forum Discord, et donc tous les parents qui ont des enfants en questionnement de genre sont accueillis.

On a différentes actions par rapport à… au côté médical de la chose, avec des actions vers le conseil de l’ordre, vers le côté scolaire de la chose, donc avec des actions auprès des associations de parents d’élèves, des proviseurs des lycées. Des actions diverses auprès des médecins, auprès des politiques bien sûr.

Donc contactez-nous.

RDG – Je crois que tu avais dit tu avais une deuxième anecdote?

Catherine –  Ah oui oui J’expliquais que mes ex amis qui ont eux-mêmes un enfant transgenre et chez qui mon fils s’est réfugié… Quand ils m’ont dit que leur fils “était né dans le mauvais corps” ce qui était le cas de mon fils… Et là je me suis dit (bon ben pour moi ce n’est pas possible, bien sûr, évidemment, c’est surréaliste) et je leur ai dit “mais ça ne vous questionne pas?” (C’est quand même des gens terre à terre) “c’est pas possible de croire ça. On ne peut pas croire à une décorporation, c’est pas possible, ça ne vous questionne pas?” Et ils m’ont répondu :

“ça ne sert à rien de se questionner sinon à se faire du mal.” 

Voilà. 

Alors que j’attends justement des soins et de l’aide apportés à mon fils. Qu’elles l’aident, justement, à se questionner sur lui-même, sur l’acceptation de son corps. Et à se questionner sur cette histoire d’être “né dans le mauvais corps”. Enfin, j’attends qu’elles l’aident à travailler sur lui-même. A se poser des questions sur ce qui l’a amené à penser ça. A se poser des questions! Donc j’ai trouvé dommage qu’on accepte ça, qu’on puisse accepter de… ça va loin : de donner des hormones à son enfant sans se poser de questions.

RDG –  Ah oui c’est sûr que si tu ne poses pas de question, tu n’as pas de réponse. C’est que simple!

Est-ce que tu as une dernière chose à ajouter?

Catherine –  Alors j’ai été traitée de facho, clairement, j’ai été traitée de facho et bien sûr de transphobe. Mais bon quand on a dit transphobe, on a tout dit, c’est le moyen de, finalement, de couper court à la conversation, de pas se, comme je dis de ne pas se creuser les méninges pour élaborer un discours argumenté, construit. Quand on a dit transphobe, on a tout dit.

Donc j’ai été traitée de facho de transphobe et je suis bien contente d’avoir des personnes en face de moi qui me confortent, si j’en ai besoin, dans l’idée que je ne le suis pas. Parce que je pense savoir que l’homme est un mammifère, qu’il existe des individus de sexe masculin, d’autres de sexe féminin. Et que c’est une chose indéniable, voilà. Et que ça ne fait pas de moi une sale facho, horrible transphobe.

RDG – Si tu avais un message à passer à un jeune qui se questionne, peut-être ton fils, si par chance il t’écoutait, qu’est ce que tu voudrais dire?

Catherine – Qu’est ce que je dirais à mon fils? Que je veux me battre pour lui, pour les autres enfants. Pour lui un premier, évidemment. C’est mon fils, je l’aime plus que tout. Lui éviter un parcours … qui n’est pas le sien, tiens! Lui qui me dit qu’il n’est pas… que ce n’est pas son corps. Moi je veux lui éviter un parcours qui n’est pas le sien. Voilà. Parce que prendre des hormones, quand on est un garçon, prendre des hormones de fille, parce qu’en quelques semaines, on a décidé qu’on n’était pas né dans le bon corps, eh bien moi je pense que ce n’est pas son parcours. Que son parcours à lui, c’est celui d’un jeune homme, intelligent, avec de grandes capacités, vraiment. Donc je pense qu’il a devant lui un parcours, qui ne doit pas être celui d’une personne médicalisée à vie, au corps abîmé. Je pense qu’il a devant lui le parcours d’un jeune homme bien. En couple, avec un travail avec… et lui-même dans son corps à lui, qu’il accepte, voilà. C’est ce que je veux lui dire et c’est ce que je veux dire à tous les autres : jeunes filles, jeunes hommes, jeunes adultes.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe

womensdeclaration.com 

Si vous souhaitez témoigner, contactez nous par mail :

rebellesdugenre@gmail.com

Rebelles du genre – Épisode 35 – Bito

Je m’appelle Bito, j’ai 32 ans. Je suis née au Cameroun, et je vis en France, en région parisienne, depuis 20 ans.

Je suis entrepreneuse, féministe et activiste.

Je suis, comme je l’ai dit, née en Afrique Centrale. J’ai grandi dans une famille où ma mère ne faisait pas de différence entre garçons et filles. On était tous logés à la même enseigne : il y avait une répartition des tâches entre mes frères et moi; chacun avait le tour de tâches ménagères, voilà. Et c’était quelque chose qui était normal pour ma mère. Ma mère m’a toujours dit que j’avais le droit de faire ce que je voulais faire. J’étais logée à la même enseigne que mes frères : j’avais le droit de m’habiller comme je voulais, j’avais le droit de ne pas répondre aux… comment dire……… aux stéréotypes que la société camerounaise attendait de moi : c’est-à-dire être gentille, parler à voix basse. Parce que moi je parle très fort! Être coquette, mignonne… ce qui fait qu’en grandissant, avec mes frères, il n’y avait aucune différence entre nous. J’ai longtemps pensé qu’en fait, quand j’aurais l’âge de mon grand frère, je deviendrais un garçon! Je l’ai pensé pendant longtemps.

Et à chaque fois, ma mère me disait : “non, non, tu as le droit de faire ce que tu veux; mais tu ne peux pas devenir un garçon. Parce que voilà : on ne devient pas un garçon. On est garçon ou fille.”

Et il faut savoir que ce n’est pas quelque chose d’habituel chez nous, d’avoir ce type d’éducation. Souvent, on avait des réflexions, donc, quand les gens venaient chez nous et qu’ils voyaient mes frères en train de faire la vaisselle, ou laver des casseroles. On avait droit au : “ Mais mon Dieu attend ! Qu’est ce que tu fais ? Tu arrêtes, parce qu’en fait tu es en train de faire de futurs homosexuels!”

Voilà ! On a trouvé la solution pour ne plus être gay, en fait :  arrêter la vaisselle et de faire le ménage, vous serez un bon hétérosexuel! C’est vrai que c’était quelque chose, c’était comme ça qu’on a grandi dans ma famille, et j’ai longtemps cru, d’ailleurs, que c’était quelque chose de normal. Quand j’ai commencé à côtoyer mes amies, je voyais bien la différence. C’est que chez mes copines leur frère était roi, en fait! Quand il avait besoin de quelque chose, c’était à elles de se lever, même si elles n’étaient pas dans la même pièce! Ca veut dire que, même s’il était dans le salon et avait besoin de la télécommande, il appelait ma copine avec qui j’étais dans la chambre pour qu’elle vienne lui donner cette fichue télécommande qui était à proximité, à portée de sa main, mais c’était trop compliqué de l’attraper, visiblement. 

J’ai fini par comprendre que ce qui se passe chez nous est propre à nous et que chaque famille est différente… et que j’avais une maman géniale en fait, haha!

Du coup comme j’avais le droit de faire ce que je voulais, je traînais souvent avec les garçons. 

Après en grandissant, je me suis rendu compte aussi qu’il y avait une différence avec mes copains. Parce que j’ai commencé à me développer et j’ai commencé à avoir que, ben, ils me regardaient différemment. 

Ma mère m’a toujours dit qu’en gros il fallait que je me méfie des garçons, parce qu’il y en avait qui faisaient des choses qui n’étaient pas forcément « bonnes », ou “bien”. 

Et donc moi j’ai toujours su qu’en fait il fallait que je fasse attention à moi quand j’étais en présence de garçons, c’est à dire que quand j’étais avec des femmes ou des filles je pouvais me laisser aller, et qu’avec les garçons il fallait que je garde un total contrôle, parce qu’ils pouvaient potentiellement devenir dangereux. Et en fait voilà ma mère m’a dit que les femmes étaient fortes et que c’est pour ça que les hommes essaieront toujours de nous rabaisser, parce qu’ils avaient peur de nous, ils avaient peur de notre force. Et qu’ il fallait pas que je pense que en tant que fille, je suis conditionnée à répondre aux normes de la société, en tout cas aux normes que la société attendait de la femme ou de la fille, en tout cas la société à l’époque j’étais au Cameroun donc je pensais que c’était propre à la société camerounaise.

Et donc comme je disais, je traînais beaucoup avec les garçons. Et puis bah j’ai vu cette différence de regard, du fait que, ben, on regardait mes seins, on regardait mes fesses et que quand un garçon avait plusieurs copines, c’est un Don Juan, ça c’était super.

Et qu’une fille qui, je ne sais pas, qui avait peut-être plusieurs copains, ou qui sortait avec plusieurs garçons à la suite… Excusez-moi je vais donner un terme, c’est propre au Cameroun : chez nous une fille – ici on dit fille facile, je crois – chez nous on dit “l’arachide du deuil”. Je déteste ce terme. En fait c’est parce que quand il y a des décès, on distribue des arachides, on les met à disposition, et en fait tout le monde peut piocher dedans. Et donc c’est comme ça qu’on qualifie une fille facile. Et je me souviens que ces termes m’avaient mise tellement en colère, surtout qu’en plus, la première fois que j’ai entendu, ça parlait d’une copine, alors que ce n’était que des rumeurs, et que voilà : sur des rumeurs, les gens l’ont cru en fait. Ont cru ces personnes là qui disaient des rumeurs sur elle.

Et je trouvais ça trop bizarre qu’en face il y avait un garçon qui est un Don Juan, et à côté il y avait une fille qui devenait “l’arachide du deuil” que tout le monde peut taper dedans…

Enfin bref. Voilà après j’ai grandi, je suis venue en France. Je n’ai pas été militante dans un premier temps. J’ai toujours été féministe.

J’ai compris, j’ai vite compris que c’était à nous les femmes, de nous battre pour nous. De nous battre pour nos droits.

Et donc j’ai fait plusieurs manifs. Ma dernière manif, où j’ai été, date de 2017.

Après ça, j’ai eu ma fille. 

Quand j’ai eu ma fille j’ai dû faire une pause parce que j’ai été très très très malade… ce fameux privilège de femmes cis…

J’ai été enceinte, j’étais dans un état catastrophique j’ai été plusieurs fois… j’ai fait des malaises… Bref j’avais fait une pause, j’étais complètement coupée du milieu féministe.

Et j’ai fait un retour entre 2020 et 2021.

Et je me suis rendue compte qu’en fait c’est vraiment sur instagram que tout se passait. Donc j’ai fait mon arrivée sur Instagram fin 2020, début 2021.

Et quand j’arrive, je m’abonne aux féministes que je connais : notamment Marguerite, Rokhaya Diallo, Caroline De Haas… Je m’abonne à NousToutes…

Bref je me dis, je vais pouvoir me remettre dans le bain, je vais devenir militante, activiste. Et que ce serait bien que je milite peut-être à NousToutes… 

Sauf que je me rends très vite compte qu’en fait il y a un truc qui se passe : quand je vois des commentaires, je vois “personnes menstruées”. 

Je me dis “mais qu’est ce que c’est?”

J’ai dû aller sur internet trouver ce que c’est. Donc je commence à commenter en disant “mais pourquoi vous dites personne menstruée? Pourquoi vous ne dites pas femmes? Et puis j’avais droit à : “Ah non, mais c’est pour être inclusif… en fait on peut pas dire femme parce qu’on oublie les personnes trans.”

Mais moi je me dis : “Mais les personnes trans … c’est soit un homme, soit une femme! Pourquoi dire « personne menstruée » pour parler de femme, alors que ces personnes trans dont vous êtes en train de parler sont forcément soit des hommes soit des femmes, de toute façon. Trans, c’est pas un troisième sexe!”

Après là je subis des agressions verbales ‘enfin par écrit, par messages) et donc j’avais droit à des insultes… quand je posais des questions, c’était tout de suite : « ah non, ça faut pas le demander, ah non, ça faut pas le dire, ah non mais ça ce que tu dis c’est transphobe”. 

J’avais vraiment l’impression d’être dans une secte, c’était vraiment comme une secte, dans le sens où voilà ce qu’on te dit : tu l’acceptes et tu fermes ta gueule. 

Et au début quand je suis arrivée sur Instagram je n’avais pas de photo de profil. Donc une fois j’ai eu droit à “Mais de toute façon, ce que vous dites-là, c’est du féminisme de blanche privilégiée!”

Et je me dis : “Non. Déjà, je ne suis pas blanche en fait : je suis noire!  Donc si je dis ça, ça veut dire que encore heureux,  je ne suis pas la seule à penser comme ça ou à dire ce genre de choses. Donc ça veut dire qu’il y a encore des femmes, des personnes qui ont un minimum de bon sens! Je me suis retrouvée très vite bloquée, d’ailleurs, sur ces différentes pages.

Et plus je faisais de recherches, en faisant des recherches je suis tombée sur le blog, sur internet, le bloc de RadCaen, j’ai vite compris qu’en fait il y avait un truc qui se passait avec et transactivistes, et tout… Mais bon. Moi je suis quelqu’un, je ne me contente pas d’une seule info, je cherche. Et en faisant des recherches, je suis tombée sur Debbie Hayton, qui est un homme transidentifié, qui a toujours dit qu’il était un homme. 

Et donc après j’ai découvert que cet homme-là était harcelé, parce que du coup, il disait que les femmes trans sont des hommes… et que ce type là était traité de transphobe.

Donc ça veut dire qu’en fait tout le monde peut être transphobe. Tu peux être trans et transphobe! 

Ensuite je me suis rendu compte que dans plusieurs postes on parlait de “préférences génitales”. En essayant de comprendre, un jour, j’ai posé la question : “mais qu’est ce que vous appelez préférence génitale? » 

Donc on m’a très gentiment  expliqué qu’en fait, une lesbienne devait être attirée par toute personne qui s’habillaient comme une femme. Je me suis dit : “mais c’est bizarre, parce que ce n’est pas du tout ce que j’ai appris. Le lesbianisme, c’est deux femmes. Les gays, c’est deux hommes. Les bi, c’est quand tu aimes les deux, peu importe comment la personne s’habille. Donc enfin c’est bizarre ce truc.”

Donc je lui ai dit. On m’a dit  : “ah oui mais non. En fait si tu es une lesbienne et que tu refuses de coucher avec une femme trans, bah en fait t’es transphobe”. 

Ca m’a choquée parce que ça m’a vraiment rappelé ce qui se passe au Cameroun, à savoir les viols de lesbiennes par des hommes qui estiment qu’en fait “Oui ma pauvre fille, tu es lesbienne, mais c’est parce que t’as pas essayé mon bon gros phallus, c’est sûr qu’en fait il faut un bon coup de bite pour qu’on devienne hétéro, en fait! En fait, voilà : il faut que moi je te prenne et comme ça tu sauras ce que c’est d’être pénétrée par un homme. Parce que c’est bien connu, qu’on n’est pas femme si on n’est pas pénétrée par un phallus.”

Je me suis dit : “mais en fait non, c’est comme, ce sont des viols! C’est un viol! C’est un peu comme les viols correctifs qu’on fait au Cameroun, où on dit on va la violer et puis comme ça quand elle sera violée elle n’aura pas d’autre choix que de coucher avec des hommes!”

J’ai très vite assimilé ça à des thérapies de conversion, parce que les thérapies de conversion c’est ça : c’est remettre en question l’orientation sexuelle d’une personne. Et puis ensuite j’ai découvert que “les femmes trans sont des femmes, et que toute personne qui se dit femme en est une” et qu’en fait ces hommes là, on devait les accepter dans nos espaces de femmes.

Ça m’a rappelé une conversation de ma mère qui me disait qu’il fallait pas avoir confiance aux hommes, et je me suis dit mais en fait moi, même en jupe, j’ai une alarme dans ma tête!

Même si un homme met une jupe,  je ne me sens pas à l’aise. Donc ça veut bien dire qu’un homme qui s’habille “en femme” (en femme entre guillemets puisqu’il n’y a pas de vêtements pour femmes) mais qui met une jupe ou qu’il soit maquillé, ou qui soit en talons aiguilles, ou qu’il ait du vernis… ça reste un homme! Et en fait cette alarme, elle est dans ma tête, en warning, en me disant : “Attention, attention, danger. Attention, attention!”

Donc là je dois éteindre cette alarme parce que ces hommes là me disent “je suis une femme!” 

C’est marcher sur la tête!

Et puis je voyais qu’il y avait pas mal de femmes qui venaient me dire que non, c’était comme ça, et qu’il fallait absolument comprendre parce que nous, en tant que femme “cis” (d’ailleurs j’ai découvert le terme femmes “cis”),  nous sommes des privilégiées et qu’en fait, le “peuple oppressé”, c’étaient les hommes transidentifiés. Je me suis dit “Mais attends…  qu’est ce que tu me parles… ces mecs ils sont tellement privilégiés, ils ont tellement de privilèges d’hommes, qu’ils ont même le privilège de “se choisir femme”!!!  Non mais c’est un gag!  

Parce que si c’est comme ça que ça marche, ben moi je suis un mec, en fait! 

Payez moi, augmentez mon salaire! Je vais être à 70K€ comme mon ancien collègue, parce que je me dis “homme” même si j’ai pas une teub, en fait. 

Pardon mais c’est ça. Ça veut dire que ça marcherait. Ça veut dire que ben, un emploi où on chercherait un homme, moi je viendrais en disant : “en fait je suis un homme!”

“Mais Madame, vous êtes une femme!”

“Ah non mais en fait attendez, je vais vous expliquer je me sens homme au plus profond de moi.”

Mais c’est quoi se sentir femme? 

Parce que si c’est être femme, c’est se sentir femme, moi j’en suis pas une. Puisque je ne me sens pas femme. Je n’ai jamais eu ce truc de me dire “ah oui aujourd’hui en fait je me sens profondément femme aujourd’hui.” 

Non, je ne me sens pas femme.

Je suis femme.

Je n’ai pas à choisir d’en devenir une.

Je suis née femme, et puis c’est comme ça!

Ha si!  Correction : je me sens femme une fois par mois haha.

 Ca, pour le sentir, je le sens bien, au plus profond de mon être… quand j’ai mes règles, là, je le sens! Quand je saigne, et que j’ai des caillots et des caillots de sang qui sortent de moi… là je sens que je suis une femme. Avec la douleur, être dans mon lit, allongée et ne pas pouvoir bouger pendant une semaine, rester dans l’obscurité parce que je me sens (comment je vais le dire) …au 36ème  dessous! 

Là oui, je le sens, que je suis une femme. 

Mais en dehors de ça non, jamais je ne me sens une femme.

Jamais je me lève le matin en disant : “haaaa aujourd’hui je me sens profondément femme, en fait”.

Non absolument pas!

C’est pas comme ça que ça marche les gars, en fait. Vous allez arrêter, c’est absolument pas comme ça que ça fonctionne. Nous sommes femmes parce que nous sommes nées femmes. 

Etre femme, c’est une réalité biologique.

C’est pas… c’est pas un ressenti, comme ça, qu’on ne peut pas définir, qui est une sorte d’essence intérieure, je sais pas.

Je me ressens triste, oui! On peut ressentir une tristesse. 

On peut se sentir heureuse, là oui!

Mais être femme… non les gars, en fait c’est pas un ressenti! Absolument pas! Vous pouvez vous ressentir ce que vous voulez, mais pas femme. 

Parce que …oui.

Parce qu’il faut savoir aussi que j’ai découvert la notion de genre. Les genres… 

J’ai le genre homme… J’ai le genre femme… ou je suis agenre… ou je suis xénogenre… 

Vous n’y  comprenez rien? C’est normal. Parce que moi non plus je n’y comprends rien!

Et même encore aujourd’hui, après avoir fait des recherches, je n’y comprends rien. 

Parce qu’on fait le genre, qu’est ce que c’est? C’est un ressenti!

Ok. Il y a combien de genres? Il y a autant de genres qu’il y a de ressentis.

D’accord, super. On n’est pas plus avancés que ça.

Mais en fait les gars : homme ou femme, c’est parce qu’on a un sexe et qu’on est né homme et c’est parce qu’on est née femme, voilà, c’est comme ça. 

Et donc tout ça m’a fait dire qu’en fait ce truc, c’est… enfin c’est de l’arnaque! 

C’est quoi cette chose, c’est quoi? Il se passe quoi? c’est quoi ce truc?

Ensuite je découvre que… bah en fait les femmes trans étant des femmes sont incluses dans le féminisme! 

Et là je me suis dit waouh on va se calmer 5 minutes : le féminisme, on va le rappeler pour ceux qui n’ont visiblement pas compris, pour ceux en tout cas qui apprennent leur féminisme sur instagram. 

Le féminisme, c’est la lutte des femmes par les femmes et pour les femmes.

Et jusqu’à preuve du contraire, 

Un homme qui met une jupe n’en est pas une.

Un homme qui se maquille n’est pas une femme.

Un homme qui porte des boucles d’oreilles n’est pas une femme.

Un homme qui met du rouge à lèvres n’est pas une femme.

Un homme qui s’épile les sourcils n’en est pas une!

Peu importe ce que vous faites, vous n’êtes pas des femmes.

Et même s’il y a ces femmes qui ont tellement peur de vous, parce qu’il  faut le dire en fait elle vous mentent, elles ont peur de vous, qui vous disent “mais en fait t’es une femme”… Elles ne le croient pas cinq minutes.

Si vous ne les menacez pas ou si vous ne leur faites pas peur, elles pourraient vous le dire, que vous êtes des mecs, en fait!

Et de toute façon ça se voit, puisque vous nous menacez.

C’est parce que vous êtes des mecs! Parce qu’entre femmes, on ne fait pas ça. Entre femmes, on ne se menace pas, on ne se dit pas : “accepte-moi tel que je suis, sinon je te casse la figure.” 

Non moi ça, je ne l’ai jamais vu, et honnêtement je n’aurais jamais cru que je vivrais une époque comme celle de maintenant.

En continuant, je me suis rendu compte que Marguerite Stern, qui est je le rappelle la créatrice des collages contre les féminicides ; et harcelée, Dora [Moutot] harcelée, je me dis tiens… Je regarde le compte de Caroline [De Haas] : pas de réaction. Je lui ai envoyé plusieurs messages d’ailleurs, en disant “mais qu’est-ce que vous pensez de toutes ces féministes qui sont harcelées parce qu’elles pensent qu’être une femme est une réalité biologique ?”

Pas de réponse jusqu’à ce jour, Rokhaya Diallo qui se dit féministe : pas de nouvelles… 

Je me dis “mais c’est trop bizarre, il se passe quoi ?” En fait en cherchant, je découvre que toute femme qui dit qu’être une femme est une réalité biologique en fait… “Tu mérites le bûcher ! Mais vraiment, le bûcher! C’est une sorcière, brûlez-la au plus vite ! Mais quel affront ! Mais comment ose-t-elle, elle du haut de son privilège de femme « cis » , l’ouvrir, venir nous dire à nous, hommes, nous qui savons tant ce qu’est une femme, que non, nous n’en sommes pas ? Ah mais attends, il faut les frapper, il faut les menacer, il faut les harceler, il faut les réduire au silence.”

Non, ça, ça passe pas. Moi… vous ne nous ferez pas fermer nos gueules. 

Je veux que vous sachiez que nous sommes nombreuses à penser que vous êtes des mecs mais très peu ont le courage et la force de le dire.

Et ensuite on arrive au truc ultime qui m’a fait péter les plombs, vraiment je veux dire j’étais dans tous mes états, c’est la désolidarisation de « NousToustes » face à Féminicides par compagnon ou ex qui a fait l’affront dire que toutes ces femmes, qui font un travail génial (parce qu’il faut vraiment être génial pour compter des mortes, il faut vraiment aimer les femmes pour tenir un compteur de toutes ces femmes qui sont tuées chaque jour), et NousToutes du haut de, je sais pas, de… je ne sais même pas quoi dire…  décide que ce collectif-là est transphobe, parce que oui, on ne prend pas en compte les morts d’hommes transidentifiés, donc, pour ceux qui n’ont pas compris, d’hommes qui se disent femmes. “Nous Toutes”, Nous Toutes… Nous Tous ! N’a pas pensé à toutes ces femmes qui ont perdu un jour un membre de leur famille.

Et ça me révolte encore plus … parce que j’ai perdu ma grande sœur au Cameroun du fait de feminicide et que NousTous, tu décides de cracher à la gueule de toutes ces femmes mortes sous prétexte qu’on refuse d’accepter des hommes qui se prétendent femmes dans le milieu féministe… et en fait c’était le truc de trop.

Donc voilà, je continue et c’est vraiment comme ça que je vais dire que je suis devenue critique du genre parce que c’est le truc ultime, parce que le genre est là pour nous détruire, clairement, les féministes. Voilà. 

RDG – pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie ?

Je pense que cette idéologie dangereuse parce que, déjà je rappelle que les mots ont un sens et si on ne définit plus les mots correctement on leur ôte tout leur sens et si on ne sait plus définir ce qu’est une femme, est-ce qu’on est vraiment capable de se battre pour les femmes ? 

Parce que si une femme est “toute personne qui se dit femme”, le féminisme…  

En fait, on a résolu le problème de, comment je veux dire ? On a trouvé la solution en fait, le féminisme ne doit plus exister, parce qu’en fait on a été connes toutes ces dernières années, nous les femmes à nous battre, parce qu’il aurait suffit simplement qu’on se dit homme pour mettre fin à toutes les violences qu’on a subies, à toutes les oppressions subies, du fait de notre sexe, du fait d’être nées femme. 

Je trouve aussi que c’est une idéologie dangereuse.

Par exemple on va mentir aux enfants, on va leur dire qu’en fait une femme c’est toute personne qui se dit femme d’accord, donc ça veut dire que, je vais prendre exemple sur mes enfants, c’est-à-dire que si leur père décide aujourd’hui de « devenir » une femme, je vais entre guillemets hein parce que vraiment… je vais leur dire bah en fait vous devez l’appeler maman, je vais leur mentir en leur disant qu’on peut choisir de changer de sexe, ça veut dire qu’être une femme ou un homme ce n’est plus une réalité biologique, donc ça veut dire qu’on va mentir aux enfants, leur dire “non tu n’es pas un garçon parce qu’en fait si tu joues avec du rose ou que tu mets une robe de princesse” ou que sais-je encore… genre tu mets du vernis ou, comme je fais des fois avec mes enfants, tu te maquilles, en fait tu es une femme et donc ça voudrait dire aussi que toutes les femmes qui ne se maquillent pas, qui ne mettent pas des jupes ou des robes, qui ont des coupes « masculines » etc… ne sont pas des femmes!

Ça veut dire que moi, toutes ces dernières années où j’avais des coupes hyper masculines, en fait je n’en suis pas une. 

En fait aujourd’hui je suis une femme parce que j’ai les cheveux longs, c’est bien connu qu’avoir une queue de cheval ça nous fait nous sentir profondément femme et en fait… c’est ça être une femme?

Non. 

Je demande à mes enfants de ne pas me mentir, c’est pas pour qu’en retour, je leur mente. 

Donc je leur ai toujours dit qu’être une femme c’est… on naît fille ou garçon, ensuite quand on grandit on devient une femme ou un homme et j’ai pas l’intention de changer d’avis là-dessus, je veux pas changer de définition pour faire plaisir aux uns et aux autres, alors que mes enfants ils ont 10 ans 8 ans et 4 ans et que je leur dis qu’en fait, il y a… on peut être en couple avec deux maman, deux papas, un garçon et…  une femme et un homme et qu’en fait maintenant je vais leur dire en fait une femme peut être en couple avec un homme qui s’habille comme une femme en fait ça veut dire que cet homme-là est une femme. 

C’est trop bizarre leur truc, même moi je suis perdue dans l’explication parce que c’est totalement débile cette manière de voir les choses. 

Une lesbienne c’est une femme qui est attirée par les autres femmes, pas par un homme qui s’habille… je veux dire non pas qui s’habille, qui met des jupes, qui s’épile les jambes etc… 

Un homosexuel n’est pas attiré par une femme qui se dit homme, il est attiré par un autre homme et une lesbienne est attirée par une autre femme. 

C’est tout remettre en question, c’est une remise en question de tout, même de l’orientation sexuelle parce que si être une femme c’est un ressenti, c’est être un homme c’est également un ressenti, ça veut dire que le lesbianisme n’existe plus, que l’homosexualité n’existe plus, que la bisexualité non plus n’existe plus d’ailleurs, ce qui est débile en fait. 

En fait on va changer toute notre façon de penser parce qu’il y a un petit groupe qui nous menace si on emploie pas leur terme si on ne pense pas comme, sous prétexte qu’on va être accusé de préférence génitale?

En fait c’est complètement absurde, j’avais lu une fois dans un commentaire une personne qui m’a dit j’espère que vous aurez un enfant trans, j’ai rigolé en lui disant mais en fait ça n’existe pas les enfants trans. Les enfants trans comme vous dites, ce sont les parents qui leur montent la tête, qui leur font croire qu’en fait ils sont nés dans le mauvais corps. Personne ne naît dans le mauvais corps, j’aimerai mes enfants s’ils sont homos, lesbiennes…  enfin on s’en fiche en fait, je les aime peu importe l’orientation sexuelle qu’ils ont ce n’est pas une orientation sexuelle en fait les gars. 

Je veux dire que dans orientation sexuelle il y a « sexe » , on va pas réécrire les choses pour vous faire plaisir, non bordel non, pardon mais on va pas réécrire…  on s’est battu pour que la société reconnaisse qu’ il y a des gays, des lesbiennes, des bi et aujourd’hui vous voulez qu’on fasse marche arrière ? 

Mais vous êtes malades en fait! Ça va pas. Donc moi je vais pas mentir à mes enfants : un homosexuel c’est un homme qui est attiré par un autre homme, une lesbienne c’est une femme qui est attirée par une autre femme et une personne bi et une personne qui est attirée autant par les hommes que par les femmes. 

Je voudrais parler d’une chose c’est, par exemple, ainsi on suit les transactivistes ma fille qui fait pipi debout, dont la couleur préférée est le bleu, oui c’est vrai que le bleu c’est pour les garçons, que des jouets dits « garçons », je mets entre guillemets, ma fille elle adore Spiderman, Iron Man et joue avec des Lego Star Wars donc en fait … c’est un garçon! 

Si je baignais dans cette culture là en fait, il faudrait absolument que je la fasse transitionner, que je change de son prénom, et que je lui dise qu’en fait t’es un petit garçon, ensuite quand elle aura une dizaine d’années je vais la bourrer d’hormones pour pouvoir stopper sa croissance. Il faut être débile et homophobe parce qu’en fait les gens préfèrent avoir un enfant et dire qu’il est né dans le mauvais corps plutôt que se dire en fait non j’ai un enfant qui est gay ou qui est « pédé » comme ils disent, comme disent les homophobes et une fille qui est lesbienne et on va dire ah non mais en fait, « il » ou « elle » est né.e dans le mauvais corps. Non mais attendez, il faut arrêter de délirer là, personne n’est né.e dans le mauvais corps. On naît garçon ou femme et puis c’est tout, enfin de garçon ou fille et puis c’est tout. Il n’y a pas à dire aux enfants qu’ils sont nés dans le mauvais corps. Et ma fille elle aime le bleu, elle fait pipi debout, mais c’est une fille, c’est une petite fille voilà. Si un jour elle veut transitionner, je n’ai aucune intention de lui mentir. 

Je lui dirai, qu’en fait… j’essaierai de discuter avec elle, de savoir ce qui crée cet inconfort-là. De lui dire que… voilà, peu importe que peu importe comment elle peut se sentir, elle peut se sentir homme? Je ne le pense pas. 

Ca reste une fille, voilà.

Et je voudrais aussi rappeler, comme je l’ ai dit tout à l’heure : moi je pensais que je deviendrais un garçon quand j’aurai l’âge de mon grand frère. Et si j’étais née à cette époque-là, en fait, c’est sûr que j’aurais transitionné.

Ma mère elle m’aurait dit : ah mais en fait oui, tu as raison, tu es née dans le mauvais corps ma fille,  donc ben, écoute on va t’appeler, je sais pas moi… c’est quoi les prénoms qu’ils aiment bien chez les  transactivistes? Chez les filles c’est Olivia et chez les garçons je ne sais plus, je crois que c’est Noam haha… on va t’appeler Noam, voilà! Je deviens Noam et puis on va mentir à tout le monde, tous mes amis devront faire le deuil de la fille que j’étais. 

Et surtout de me dire que je suis un garçon.

Et surtout SURTOUT, crime ultime ne pas me mégenrer… Parce que c’est bien connu, le mégenrage, ça tue!

Oui mais comme je leur ai dit, j’attends toujours le nombre de morts qu’il y a eu avec le mégenrage. Mais jusqu’à présent je n’ai pas eu le nombre de morts, enfin.

Je dis : on sait que les hommes tuent, mais  je ne savais pas que les féministes radicales tuaient en mégenrant les gens!

RDG – mégenrage… Aaaaargh!

Bito – hahaha  C’est  exactement ça! Le mégenrage, c’est le truc ultime. Oui j’ai été accusée plusieurs fois aussi de mégenrer les gens et puis surtout…

RDG – Mais quelle violence!!!

Bito –  Mais oui mais quelle violence! Mais enfin vraiment c’est incroyable. Ces gens ils n’ont vraiment aucune limite. 

Ils n’ont aucune limite, et surtout oui pour les femmes notamment, si on ne sait plus définir ce que c’est une femme…  Je prends un exemple dans mon ancienne entreprise. Je faisais des statistiques. Je faisais pour le compte des CSE, qui sont, je le rappelle, un CSE est un comité social économique, donc pour ceux qui travaillent dans des grands groupes, ou des entreprises de plus de 50 salariés, ce sont eux qui, des fois, vous  distribuent des chèques vacances ou qui organisent des voyages, voilà, c’est ça un CSE.

Et donc dans le CSE ils ont une prérogative qui est d’analyser les données sociales des entreprises. Et donc mon travail, c’était d’analyser ces données sociales, notamment le rapport égalité hommes-femmes et les bilans sociaux. Ce que je mettais souvent en évidence, c’était que les femmes étaient sous représentées dans les catégories cadres, on les retrouvait beaucoup plus dans les catégories ouvrières et employés. Mais elles étaient sous représentées dans les catégories cadres : elles représentaient, de mémoire, moins de 6%, dans la plupart des grands groupes d’ailleurs.

Et donc en fait si est femme toute personne qui le dit, en fait on ne verrait plus que ces femmes sont sous représentées, puisque des hommes se prétendant femmes seraient décomptés comme femmes. C’est trop bizarre, leur truc.

Ca veut dire que les hommes transidentifiés seront pris en compte dans les statistiques ou dans le décompte de femme,s dans le rapport égalité hommes-femmes, et donc du coup ça nous montrerait qu’il n’y a pas de différence entre hommes et femmes dans les entreprises. Pourtant tous ceux qui travaillent savent que c’est faux :  il y a une différence! Les femmes sont sous payées, les femmes ont des postes, même quand elles ont fait des études, sous qualifiés au niveau des catégories socio-professionnelles. Elles sont beaucoup plus ouvrières employées, mais dans les cadres il y en a pas beaucoup.

Si les hommes transidentifiés deviennent des femmes, ça veut dire que ces hommes là vont être inclus dont le nombre de femmes présentes dans une structure, et donc on ne verra plus la différence entre les hommes et femmes.

Et même au niveau des salaires, vu que les hommes ont ce fameux privilège d’être payés plus que les femmes, il n’ y aura plus de différence, puisque du coup, leur rémunération sera incluse dans celle des femmes puisqu’ils se disent femmes… 

Enfin, c’est incroyable…

En fait c’est… C’est trop bizarre leur truc.

En fait c’est complètement débile, parce que …

RDG – Mais c’est génial, on réduit tout les inégalités d’un seul coup, comme ça.

Bito –  En fait c’est ça : c’est qu’il n’y a plus d’inégalités. Il n’y a plus de, il n’y a plus de… Voilà!  Il n’y a plus de : “Nous les femmes, sommes sous payées. Nous les femmes, voilà, nous sommes sous-représentées…”

On nous dira mais en fait ma pauvre fille, ferme-là : il y a 50 % d’hommes et 50% de femmes qui touchent… je ne sais pas, moi… 50 K€ et 50 % d’hommes qui touchent 50 K€ … alors qu’on sait que c’est faux! On sait très bien qu’à diplôme égal, les femmes et les hommes ont une différence de salaire.  Enfin, moi je l’ ai bien vu, à mon ancien travail : s’il aurait fallu que je me déclare homme pour gagner les 80 K€  que touchait mon collègue… Si l’auto-identification marchait ça veut dire que j’aurais dû avoir les 80k. D’ailleurs je pense que je vais rappeler mon ancien employeur et lui dire : “Oh mec, en fait je suis un homme! Et donc… il faut me faire un rappel de salaire! Toutes les femmes, dans cette entreprise, touchaient la moitié des 80 K€ que touchait ce type, alors que c’est lui qui produisait le moins! Donc on voit bien que leur truc ne fonctionne pas, que leur auto identification ne fonctionne pas. 

Et d’ailleurs si les femmes transidentifiées, donc qui se disent “homme trans” sont incluses dans les statistiques aussi des hommes, ça ferait chuter également les salaires des hommes, puisque de toute façon…

Enfin, on dirait une mauvaise soupe où on met tous les légumes qu’il y a… Je ne sais pas… où on essaye, on se dit : ah je veux mettre ça et je vais bien voir ce que ça va donner!

C’est vraiment l’impression que ça donne.

Il y a une dissonance… franchement je suis désolée, il y a vraiment une dissonance cognitive et c’est… c’est trop bizarre. On remet tout en question. Et s’il aurait fallu que… voilà qu’on se prétende hommes pour que, pour qu’on ne subisse plus ces oppressions… mais bon dieu vous pensez vraiment qu’on l’aurait pas fait depuis ?

En fait nous sommes teubés,  les femmes, nous sommes vraiment débiles, en fait!

Il a fallu que des hommes viennent nous donner la solution : on se déclare toutes homme et donc nous devenons des femmes transidentifiés et donc en fait nous devenons des hommes trans…

Mais on voit bien que ça ne fonctionne pas.  Chaque fois qu’on parle des hommes trans c’est pour parler de règles d’endométriose dire que ah oui mais il faut dire personne à utérus parce que les hommes trans ont aussi leurs règles… alors que quand on parle des femmes trans on parle de femmes qui prennent des postes de femme. 

 La femme de l’année d’ailleurs aux Etats Unis c’est un homme! Donc on voit bien que… en fait pour être profondément misogyne pour se dire qu’en fait il suffit que je me dise femme pour l’être en fait, ça me laisse sans voix en fait, franchement ça me sidère ! C’est une idéologie  dangereuse, ça ressemble vraiment à un truc:  comme si on mélangeait de l’eau et de l’huile et ça se mélange pas en fait ! mais l’eau et l’huile on voit toujours la différence  et c’est la même chose en fait, donc qu’ils arrêtent de dire qu’ils sont des femmes ce ne sont pas des femmes en fait voilà!

RDG  Qu’est ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme? As-tu déjà subi des pressions,des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage professionnel ou personnel? Est ce que tu as eu peur pour tes proches ? Ou, au contraire, est-ce que tu te sais en sécurité pour parler librement ? 

Bito – En fait, je témoigne de manière anonyme en utilisant le prénom de ma grand-mère.

Et d’ailleurs je tiens à préciser que ce prénom signifie “femme”dans  ma langue. Et aussi parce que ma grand mère c’est une femme que j’admire qui a grandi dans une société où “la place de la femme c’est à  la cuisine!” ha ha… et surtout c’est qu’une femme pour qu’elle soit reconnue dans la société il faut qu’elle soit mariée, et que ma grand mère n’a jamais été mariée : elle a toujours été à contre-courant de ce que la société camerounaise attendait d’elle.

Et je  tenais à lui faire ce femmage là en prenant son prénom aujourd’hui pour témoigner.

Et donc, comme je l’ai dit au début, je suis entrepreneuse. Et du fait de mes positions que j’assume publiquement sur mes différents réseaux sociaux,  j’ai subi du harcèlement de personnes connues, que je connaissais, que je côtoyais depuis des années, qui me connaissent personnellement, qui savent ce que je suis… ces personnes ont mené une razzia sur ma page professionnelle, sur mon ancienne activité que je venais de lancer en septembre. Donc j’ai eu insultes, menaces, désabonnements massifs de mes pages pro.

Et là, je tenais à donner ma parole, mais sans mettre en danger mes associés. Parce que, voilà : je ne suis pas toute seule dans cette entreprise. Et quand on est une jeune entreprise, un des associés qui assume publiquement certaines idées… voilà on peut très vite disparaître. Notre activité peut être impactée, voilà. 

Donc c’est pour ça que je témoigne de manière anonyme.

Et la deuxième raison c’est aussi parce que j’ai une ex proche, c’est une personne que j’ai côtoyée pendant des années.

Et en fait, quand j’ai commencé à assumer publiquement ma critique du genre, cette personne-là n’a plus voulu me côtoyer.

Et donc là au début on essaie de discuter.

Et puis elle a vu que j’avais aucune intention de répéter leur mantra.  Je rappelle le mantra : “les femmes trans sont des femmes”.

“Mais alors vous mettez en danger la vie de toutes ces personnes trans en les mégenrant“

…enfin c’est n’importe quoi ! 

“Vous tuez des gens avec vos mots!” 

…C’est bien connu c’est que les féministes radicales “tuent” de par leurs mots… 

Donc au début c’était une discussion amicale oui, si on peut dire, amicale et puis au final ça a très vite dégénéré donc elle a coupé les ponts… en plus cette personne là, ça arrivait qu’elle garde mes enfants, donc aujourd’hui elle a coupé les ponts et avec moi et avec mes enfants et avec ma famille.

Et aussi parce que du coup cette personne là a mon adresse personnelle et que si je donne mon prénom, cette personne-là me reconnaîtra très certainement et puis voilà. 

Et cette personne milite dans le milieu transactiviste. Et  je n’ai pas envie de mettre la vie de ma famille, de mes enfants en danger… Voilà. 

Donc c’est pour ça que j’ai témoigné de manière anonyme.

Aussi parce que j’ai une autre personne… d’ailleurs c’est la personne qui m’a traitée de terf. Cette personne-là a coupé les ponts également et a les clés de chez moi. Et donc je préfère vraiment, vraiment éviter d’être reconnue également par cette personne-là et mettre ma vie ou celle de ma famille en danger.

Mais par contre sur mes différents réseaux sociaux j’assume ma parole : rien à faire!  

Mais je préfère éviter que mon adresse se balade sur twitter, instagram ou facebook.

On a vu ce qui est arrivé avec JK Rowling : ils n’ont aucun état d’âme à menacer des femmes.

Voilà. Voilà pourquoi je témoigne de manière anonyme.

Mais j’assume chaque mot que je dis que je pense.

J’assume totalement tout ce que je pense

RDG – As-tu  une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme ? 

Bito – Oui je vais citer trois ou quatre événements.

Le premier, c’était en 2013. 

Je travaillais dans un grand groupe français. Et dans ce grand groupe-là, on avait un collègue qui s’appelait Olivier. 

Mes copines qui vont entendre le podcast vont savoir de quoi je parle! ah ah

Et en fait Olivier est devenu… Olivia!

Et donc voilà : il fallait absolument qu’on utilise ce prénom-là.  

Toutes les brochures, les trombinoscopes ont été changés pour pouvoir modifier son prénom et mettre Olivia. 

Et comme ils voyaient dans l’entreprise, nous  on n’était pas d’accord en disant… enfin il y en a certains… après moi, je m’en fichais, je me disais il faut qu’on l’appelle Olivia… je m’en fous quoi! Voilà on l’appellera Olivia, tant pis, je m’en fous. 

Par contre c’est vrai qu’à l’époque il n’y avait pas ce truc des pronoms. Donc il n’a jamais été question de dire elle… et puis quand on parle là une personne, on ne lui dit pas “elle” on lui dit :”je” ou “tu” ou “toi” enfin on dit pas “elle va bien?” Sauf si il y a qu’Alain Delon! Il n’y a qu’Alain Delon qui parle de lui à la troisième personne! (Rires..)

Comme il y avait des collègues qui étaient réticents ….et puis faut savoir que dans cette boîte il y avait beaucoup beaucoup de cas de misogynie mais vraiment assumée! 

Des cas de racisme profondément assumé.

Et en fait, quand Olivier est devenu Olivia, la direction a organisé une réunion pour parler de … ben du coup de lui… De “Olivier qui devenait Olivia”, pour nous dire qu’en fait, il fallait qu’on utilise son prénom qu’il avait choisi, qu’il avait changé et que c’était : “faut pas qu’il se sente exclu”. 

Alors qu’il y avait des problèmes de racisme : jamais eu de réunion!

Des problèmes de misogynie :  jamais eu de réunion! Jamais!  

Donc, voilà, c’était…. après faut savoir aussi que c’était marrant parce que ces femmes qui subissaient le racisme, c’était les mêmes aussi qui subissaient la misogynie donc bon… puis on n’a jamais fait de réunion pour dire qu’en fait, le racisme, c’est mal. 

Enfin, la misogynie non, n’a pas sa place au travail. 

Voilà donc ça c’est le premier truc qui m’avait marquée…

Mais déjà on avait pas eu les pronoms  parce que je crois que là, personne n’aurait… “mégenrage” : Non,  à l’époque je crois que les gens auraient rigolé mais bon : on n’avait pas ça.

Mais déjà, rien que ça, ça m’avait marquée de me dire : “waouh, en fait il ya des mots de “salope”, dire “tu veux que je t’accompagne aux toilettes?”… plein de misogynie! Et puis à aucun moment on a essayé de recadrer ces types-là. Et puis là, il y a  un type qui décide que, ben ouais, il s’appellera Olivia, il deviendra une femme, il mettra – encore qu’on peut pas devenir une femme je tiens à le préciser – il mettra des robes… et puis voilà!  Pouf! il y a une réunion…  enfin, c’est  incroyable!

Donc je me suis dit : faut vraiment être un mec privilégié pour avoir droit à ça! Parce que nous, depuis, on subit, on subit… on attend toujours des réunions!

D’ailleurs je suis partie de la boîte, aujourd’hui il n’y a toujours pas eu de réunion concernant la misogynie ambiante et autres.

Enfin, on s’en fiche : ça concerne les femmes, c’est pas grave, quoi!

“Mais  il faut rigoler, c’est gentil, en fait! C’est une blague! Halala t’es pas marrante!”

Voilà.

Donc voilà, c’était le premier événement dont je tenais à parler.

Le deuxième événement que je voulais signaler, c’est qu’en fait quand j’étais dans ma quête, avant de rencontrer les RadFems, il n’y avait pas des groupes de RadFems à l’époque.

A l’époque il y avait pas des groupes comme aujourd’hui, comme l’Amazone.

Il n’y avait pas le milieu RadFem.

Il n’y avait pas des femmes qui assumaient, voilà qui assumaient publiquement le fait d’être RadFem.

Et quand je dis il n’y en avait pas, c’était en 2017. 

Jusque en 2017, je n’en connaissais pas.

Ça ne fait pas longtemps que j’ai découvert, mais avant de connaître ce milieu là, sur internet je me suis … J’ai eu des échanges assez houleux avec plusieurs personnes, qui remettaient en question ma façon de penser. Qui me disaient que c’était mal. Et donc un jour, en fait, je leur ai dit : “mais attendez. Vous ne pouvez pas comparer le vécu, dire qu’en fait les femmes “cis” entre guillemets sont privilégiées. Je veux dire, enfin : les femmes…

Ensuite j’ai pris exemple sur moi, en leur disant : “moi par exemple, j’ai subi le repassage des seins. J’avais 9 ou 10 ans, je pense, quand mes seins ont commencé à pousser et que la personne qui m’a fait ça pensait me protéger des pédocriminels. Parce que oui, c’est bien connu, ce sont mes seins qui les attirent, les pédocriminels. Ce n’est pas à eux de  changer, c’est à moi de me cacher, de ne pas montrer que mon corps changeait.

Et quand j’ai essayé de leur parler de ça, en leur disant qu’en fait, voilà : le fait de m’auto-identifier homme à ce moment-là ne n’aurait pas permis que j’échappe à ça, en fait.

RDG – Excuse-moi, est ce que tu peux expliquer rapidement ce que c’est que le repassage des seins, et en quoi c’est une mutilation sexuelle?

Bito –  Ben en fait le repassage des seins c’est… Voilà : moi j’ai eu mes règles très tôt, j’avais 9 ans je crois. Et donc en fait c’est… Comme le corps change, on a les petits.. les petits seins qui pointent. Et en fait le but, c’est comme il ya beaucoup de pédocriminalité en Afrique, pour nous “protéger” entre guillemets, on a ces femmes – parce qu’il faut savoir que ce sont les femmes qui le font, comme quoi la misogynie intégrée, et tout ça tout ça – ce sont les femmes qui font. Et en fait, on fait un feu de bois, un peu comme un barbecue, et on fait chauffer, soit une pierre soit une spatule en bois, et ensuite, en fait, on te l’applique sur la peau. Et en fait, c’est vraiment, c’est un repassage, comme quand on repasse un vêtement avec un fer à repasser. 

Le but c’est d’appuyer suffisamment fort dessus, pour, en fait, empêcher les seins de pousser, quoi. Voilà. Et de garder cette image de gamine non développée, pour être “protégée” entre guillemets. Encore que ça ne fonctionne pas, puisque de toute façon, malgré ça, il y a quand même un taux de pédocriminalité incroyable. 

Donc voilà.

Mais bon, je pense que dans leur tête, je ne justifie pas, je ne justifie pas ce qu’elles font, ces femmes-là, mais dans leur tête, elles se disent  qu’elles nous protègent, en fait. 

RDG – Ça n’a pas été c’est pas ta mère ça ?

Bito – Non. Ah non jamais. Ça a été fait quand ma mère n’était pas là, donc voilà.

C’est, c’est…  eh non non enfin ma mère d’ailleurs quand elle a su, enfon… elle s’était énervée, mais à un point! Elle a viré tout le monde de chez nous, ça avait  pris des proportions,… bref non non! C’était… non non, c’était pas par ma mère parce que ça, c’est quelque chose qu’elle ne voulait pas, enfin. D’ailleurs, je pense qu’avant qu’on me le fasse, elle ne savait même pas que ça se faisait encore. Je me souviens encore, mais je crois que je ne l’avais jamais vu autant énervée! Elle s’était bien bien énervée.

Et donc du coup je reviens à mon histoire : quand j’ai essayé d’expliquer ce truc là, tout de suite on m’a silenciée, on m’a dit qu’en fait, je ne devais pas parler de ça, que les femmes trans donc les hommes transidentifiés sont des personnes opressées… et que du fait de  mon privilège de femmes cis, il fallait que je comprenne.

Et surtout en tant que femme noire. Non, pas femme noire, ils n’ont pas dit femme… en tant que personne noire, il fallait que je comprenne, parce que je subissais également une oppression du fait de ma couleur de peau, et que je ne devais pas devenir à mon tour oppresseuse.

Après, j’ai eu droit aussi à : j’avais du sang dans les mains en étant terf.

Alors que, enfin, je n’ai jamais tué personne! Je n’ai jamais eu du sang dans les mains enfin! 

Et jusqu’à preuve du contraire, les personnes trans sont assassinées par des hommes.

Donc enfin je trouve ça profondément culotté de me dire à moi, femme, que j’avais du sang dans les mains alors que non. 

Donc c’était quelque chose qui m’avait marquée aussi, et qui m’a d’ailleurs confortée dans l’idée qu’en fait, ces gens ont un sérieux problème, vraiment! 

Pardon mais je ne suis pas… je ne veux pas dire qu’ils ont un problème psychologique, parce qu’après je vais être traitée de psychophobe, mais ces gens-là ont vraiment… On voit, en fait, que c’est une pathologie, et qu’ils ont vraiment besoin de psychiatrie, enfin… 

Très sincèrement, penser qu’une femme qui a subi une mutilation était privilégiée! Enfin, on marche sur la tête, là.

Ca, c’est un gag les gars en fait. Vous êtes, vous êtes des grands malades! Vous êtes de grands malades! Vraiment, enfin, fermez vos gueules, quoi. Pardon, je dis un gros mot, mais vraiment… je dis à  mes enfants de ne pas dire de gros mots, mais fermez bien bien bien vos gueules, quoi. Vraiment! De quel droit, quoi! De quel droit vous vous permettez de dire ça à des femmes? De quel droit, en fait, vous vous permettez de remettre en question notre vécu? C’est délirant! C’est vraiment délirant!

Et la troisième chose que je tenais vraiment à… qui m’a vraiment profondément marquée pendant des semaines, c’était l’agression du 8 mars 2022 des filles, des femmes de l’Amazone et de Résistance Lesbienne par l’homme trans… Donc je rappelle “homme trans” c’est une femme trans identifiée. C’est trop compliqué, leur truc.

Et en fait, je revois pendant pendant des semaines et des semaines j’en ai pas dormi : je revoyais l’agression d’Anissia, de cette jeune femme de Résistance Lesbienne, et j’étais effondrée. 

Je faisais des angoisses, parce qu’en plus j’aurais dû me trouver avec elle. Et que j’avais eu une réunion, donc je n’avais pas pu venir. Je m’en suis voulue de ne pas être venue, mais en même temps, je me suis dit :  mais je n’aurais rien pu faire. Je me suis sentie impuissante.  Je me suis sentie… vraiment c’était une violence inouïe, enfin… à tel point que ce jour-là je… c’était le truc de trop, et je me souviens, j’ai été en colère pendant des semaines à me dire c’est terminé, les libfems, je ne veux plus en entendre parler, c’est fini. Je ne veux plus être tolérante avec ces femmes-là, qui sont complices d’un truc comme ça. 

C’est mort, c’est mort. C’est fini! 

Il n’y a plus de sororité avec ces femmes-là. 

Il n’y a plus de :  Non ce sont mes soeurs! 

Non, non. En fait c’est fini les femmes, c’est fini! Et surtout il y a une phrase de Pauline Makoveitchoux qui m’est revenue en tête, je me souviens elle avait fait une story, où elle disait : “ je me bats pour toutes les femmes, mais toutes les femmes ne sont pas mes soeurs.”

Et en fait, ce jour-là, pendant des semaines et des semaines d’ailleurs, cette phrase a retenti dans ma tête. En fait, toutes les femmes ne sont pas mes soeurs, parce que des femmes qui sont complices de ça, qui sont complices de valider, qui sont capables de valider une telle violence, je le dis là, je tremble j’ai même mal, j’ai mal au ventre tellement c’était, c’était violent. Tellement ça m’a choquée de me dire : “attends mais on va où là, en fait? On va où?” vous êtes, vous êtes tellement, on a tellement été éduquées dans cette empathie, qu’il fallait que les femmes elles soient gentilles, il fallait qu’on soit empathiques, il fallait qu’on comprenne ce, dans ce truc du care… à tel point qu’en fait, on n’arrive même plus à faire cette différence, à se dire qu’en fait,  non,  là, en fait non là, il n’y a pas à avoir une empathie. Là, ce ne sont pas… ils sont pas oppressés! Ce sont eux les oppresseurs. Ce sont eux les agresseurs.

Et ça, je ne peux  pas valider ça, en tant que femme. 

Si je me bats pour les femmes, si je me dis féministe, je ne peux pas!

Parce que ça, c’est totalement anti féministe de s’en prendre à une autre femme. C’est totalement anti féministe.

Et de se prétendre féministe, enfin! Je trouve ça profondément culotté!

Je ne sais pas, dites autre chose!  Mais pas féministe. Pas féministe.

Parce que je le rappelle encore une fois :  le féminisme c’est la lutte par les femmes et pour les femmes. Et donc si on défend une agression d’une femme, on est tout sauf  féministe.

Je suis désolée, les gars… enfin, les gars, les femmes et les hommes-là : assumez! Choisissez,  autre chose, créez votre mouvement en fait! Créez votre mouvement où entre entre personnes haineuses, vous allez vous retrouver. 

Mais enfin, n’appelez pas ça du féminisme en fait. Pardon.

Voilà, et je vais terminer sur ça.

RDG – As-tu quelque chose à ajouter?

Bito –  Oui j’ai quelque chose à ajouter.

En fait, je me souviens, quand j’ai commencé à commenter des posts sur les réseaux sociaux, et que j’ai eu droit au fait que oui le féminisme radical, donc le féminisme matériel, est un féminisme de blanches, privilégiées, machin et autres, et toutes ces conneries qu’on peut entendre…

En fait je voudrais rappeler à toutes ces femmes et à tous les transactivistes, et à ces femmes complices de ces transactivistes, qu’en fait c’est votre “féminisme” (je mets entre guillemets parce que c’est pas des féministes) qui est du féminisme de blancs. Parce que croire qu’on peut fuir une oppression, parce qu’on se prétend naître dans le mauvais corps, ou que sais-je encore, il faut être sacrément culotté et sacrément privilégié pour penser ça. 

Parce que les petites filles excisées dans mon pays, parce que oui on a également droit à l’excision, les petites filles excisées dans mon pays, mutilées, violées, avortées et tout ce qui se passe dans le monde… elles ne le sont pas parce qu’elles se prétendent femmes, ou filles.

Elles le sont du fait de leur sexe.

Elles le sont parce qu’elles sont nées petites filles, et femmes. 

Et vraiment, il faut être sacrément culotté pour dire qu’il suffit de se prétendre femme pour en être une, ou il suffit de se prétendre homme pour échapper à une oppression.

Et surtout je voudrais aussi rajouter un truc…

Ca je tenais vraiment à le dire, c’est que : 

“Hé, les gars, vous allez peut-être le découvrir, mais personne n’est dupe! 

Personne n’est dupe.

Tout le monde sait que vous n’êtes pas des femmes.

Même si certaines ont trop peur de vous le dire, tout le monde sait que vous n’êtes pas des femmes.

C’est d’ailleurs pour ça qu’on vous octroie tout : parce que si vraiment vous étiez des femmes, vous n’auriez rien! Vous n’auriez pas tous les petits droits que vous avez acquis et que vous continuez… Tous ces droits, là,  de nous invisibiliser, de nous dire qu’on est obligés de dire “personne menstruée” parce que, oui, les formes trans n’ont pas leurs règles!

Donc si tu dis “femme”,  ça les exclue!

C’est bien pour ça… c’est ça qui nous montre qu’en fait vous êtes des hommes.

Parce que si vous étiez des femmes, vous n’auriez rien. 

Parce qu’on voit que nous, on se bat, et on continue à n’avoir rien!

Et je voulais dire aussi une chose, parce que ça, je l’ai souvent entendu, que les radFems avaient  un problème contre les personnes trans.

On n’a pas de problème contre les personnes trans.

En tout cas, on n’a pas de problème avec les femmes transidentifiées  (donc je rappelle : les hommes trans) parce que les femmes transidentifiées sont nos soeurs et elles sont les bienvenues dans nos luttes.

On a un problème avec des hommes qui se prétendent femmes et qui veulent coloniser nos espaces. Voilà le problème. Pas avec les personnes trans. Et d’ailleurs on ne déteste pas les personnes trans.

On sait que vous êtes oppressées, mais c’est pas une raison pour vous en prendre à nous, les femmes.

Voilà, je voulais, je ne sais pas si j’ai le temps, je sais pas ce qu’on va faire long ou pas.

Je voudrais lire un petit texte que j’ai écrit.

Je l’ai écrit ce matin.

Je voudrais dire que nous le peuple, la peuplesse des femmes, nous avons une histoire commune. 

Nous nous devons d’être sorores.

Nous ne devons laisser personne nous dicter notre conduite.

Nous devons être solidaires les unes des autres.

Et c’est comme ça que nous vaincrons le patriarcat.

Et je voudrais dire à ces jeunes filles qui se cherchent, qui pensent trouver un appui dans l’idéologie transactiviste : je vous exhorte de vous aimer telles que vous êtes.

Je sais que la société nous pousse à nous détester.

Mais sachez que c’est précieux, d’être une femme. Et même si, aujourd’hui, vous ne le voyez pas ainsi, sachez que ça finit par passer. 

Et vous finirez par devenir suffisammente fortes pour être au-dessus de ce que la société attend d’une femme. 

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe :

www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 34 – Joana

« Bois mes règles »

Je m’appelle Joana. Je suis une militante féministe et animaliste. Je milite depuis plusieurs années pour les droits des femmes, des animaux et des enfants. Je suis la fondatrice du collectif CAPP, qui est un collectif de survivantes de la porno et de la prostitution, et je milite depuis 2010 est comme critique du genre à travers mon compte instagram « Bois mes règles ».

J’ai toujours été immergée dans le milieu LGBT. Je milite depuis mon adolescence, même avant. La lutte pour les droits de mes amis gays et lesbiennes ça a toujours été une évidence dans ma vie, et c’est plus tard que je suis moi-même devenue queer parce que j’étais une gamine, on va dire « hors normes » :  un garçon manqué. Une enfance très douloureuse : depuis petite j’ai toujours eu des problèmes avec les stéréotypes sexistes, les clichés qui ont toujours été une source de… d’auto destruction physique et psychique.

Je suis concernée par la dysphorie de genre.

Jeune adulte, je lisais beaucoup sur les artistes femmes queer des années 70. J’admirais beaucoup ces femmes qui brisaient les codes vestimentaires, les codes en ce qui concerne l’apparence, le comportement, la gestuelle, les mots, la vulgarité et la colère assumée.

Elles faisaient tout le contraire de ce que la société des hommes attendait d’elles et j’admirais beaucoup ça. J’étais très installée, du coup, dans le milieu LGBT, au point d’avoir connu le binder qui est de se bander, la technique pour se bander les seins.

Je me disais non-binaire.

J’étais très attirée par l’idée de ressembler à mon père . C’était comme un modèle de liberté pour moi.

En fait, c’est facile de rentrer dans le milieu queer. Il faut être vulnérable, paumé, troublé par les stéréotypes, et donc un peu on va dire … atypique, très manipulable et surtout … une femme !

On va dire que j’étais un peu la proie idéale. Du coup c’est facile de devenir queer parce qu’il suffit juste de le vouloir aujourd’hui.

Moi, j’avais des prédispositions, par contre la majorité, on va dire, n’en ont pas vraiment.

Moi on m’a tout appris : vous n’êtes pas seuls, quand vous plongez vous avez des bons profs experts en manipulation.

Pour moi c’était des hommes.

J’ai vu beaucoup de gens rentrer dans le milieu, tout d’un coup, quand les définitions ont changé. Car la définition du mot « trans » aujourd’hui ne demande ni de souffrir d’un trouble ni de vouloir un changement, ni d’être mal dans son corps, ni dans sa tête : c’est ouvert à tous !

Être trans et ne pas être conforme au genre assigné… mais enfin qui est conforme à des stéréotypes sexistes à 100% ? Personne ! Enfin, personne n’est heureux et épanoui en étant un cliché ambulant, soyons honnêtes quoi !

Donc tout le monde est trans et personne ne l’est, concrètement aujourd’hui. Et si tout le monde est trans, alors ceux qui souffrent vraiment de ce que représentent leurs corps, sont « ensevelis », on va dire, par les autogynéphiles, ces hommes qui ne souffrent pas, qui sont juste des fétichistes de la féminité…

Et donc on fait comment pour aider ceux qui vont mal ?

C’est ainsi aussi que j’ai compris que le mouvement n’avait aucune intention de se battre pour la reconnaissance de mes troubles, mais plutôt parce que l’usage d’artifices et de paillettes en avait fait une mode. C’est une mode le queerisme.

J’ai ouvert les yeux après plusieurs années. Je me suis beaucoup perdue, longtemps, pour finir par me retrouver, et je pense que c’est nécessaire dans notre jeunesse, de se perdre, pour se découvrir. L’introspection, c’est vital.

Mais le problème, c’est que de se perdre chez les queer, ça peut vous faire prendre des décisions irréversibles.

Et j’ai vécu un changement radical au sein de ce mouvement, ça a été rapide. J’avais cette fureur en moi, d’appartenir à un groupe que je pensais être radicalement à l’opposé de ce qu’on voit au quotidien.

Sur le papier en tout cas, c’est ce qu’on nous vend, en voyant le milieu queer.

J’étais une fille qu’on qualifie de bizarre, très extravertie et à la fois très isolée et timide. J’adorais le milieu du gaming, des jeux vidéo. Je joue beaucoup encore aujourd’hui. C’est un milieu où on retrouve énormément de personnes isolées, incomprises,  introverties, qui ont du mal à se sociabiliser, qui s’isolent dans des univers fictifs.

Parce que ça réconforte : c’est un peu vivre comme dans ses rêves, s’évader un peu de ce monde où tout le monde vous juge constamment.

Et le milieu queer a très vite pris place dans ce milieu du gaming et ce n’est pas étonnant.

Ado, du coup j’ai brisé et mes codes vestimentaires, je colore mes cheveux depuis des années, je m’habille avec tout ce qui existe.

J’aime pas la mode : je suis à l’opposée totale du conformisme, et j’ai toujours été attirée par les gens marginaux.

Du coup, je pensais rejoindre un mouvement atypique, celui où on y rencontre ceux qui brisent le quotidien, ceux qui brisent la beauté stéréotypée, ceux qui brisent justement le genre, la hiérarchie du genre, les stéréotypes de genre…

Et je me suis rendu compte qu’il était typique, sexiste, banal, chiant, violent… surtout violent, et bourré de pouvoir, d’argent, et de moyens. Tous les événements, toutes les conférences, toutes les séries, les films, les documentaires… tout est possible dans le milieu queer, tout ! Tout leur est accordé quoi.

Des moyens que je n’ai jamais vus pour les femmes, juste pour les femmes.

Et dans l’histoire de l’humanité, on n’a jamais vu un mouvement se développer aussi vite, avoir une telle visibilité et de tels moyens en seulement quoi 10, 15 ans ?

Donc du coup, je parle bien de « néo-queerisme », j’aimerais bien qu’on fasse une séparation entre les queers des années 70 et les queer d’aujourd’hui. Parce que les revendications d’aujourd’hui, c’est pas les revendications des femmes queers des années 70. On est dans la continuité des revendications des hommes queers des années 70, qui sont des revendications ultralibérales, qui sont des revendications de l’apologie de la violence sexuelle, et beaucoup de provocations.

Du coup, à l’époque je militais au NPA avec des queers.

Le NPA a une commission LGBT et féministe. J’ai naturellement rejoint le groupe de ma ville. Je collais des affiches, je participais aux réunions.

Et à côté de ça, j’étais étudiante.

Je réalisais un mémoire sur les artistes trans et travestis. Et c’est ce mémoire qui m’a aidée à m’affirmer, et surtout à voir toutes ces incohérences.

Ma vie, c’était que ça, du coup : c’était que les trans, les travestis, les drag queens,  les hommes… 

J’étais entourée d’hommes fétichistes de la féminité, pendant que moi, j’essayais justement de fuir tout ça. Et j’étais entourée de femmes qui acquiesçaient à tout ce qu’ils disaient.

Je voyais beaucoup cette division, du coup, entre les hommes qui revendiquaient cette féminité, ces stéréotypes ; de s’identifier librement pendant que les femmes, elles, s’en émancipaient. Et clairement, en fait, ça ne matchait pas. Ça ne collait pas. Et je comprenais pas à l’époque. Et j’observais juste que durant les réunions féministes, les femmes parlaient peu. Les hommes qui se disent non-binaires, avec leurs grosses barbes et leurs grosses couilles étaient autorisés à participer. Et le comble, c’est que c’est un homme qui gérait les réunions, les prises de parole. Et ça me gênait énormément. Mais, éducation sexiste oblige, les femmes ne disaient rien en fait. On suivait et ont fermait notre gueule, quoi !

Et un jour, lors d’un cours sur le genre, c’était en 2016, on nous avait distribué une feuille avec la définition du genre. Mais je ne sais pas comment c’est possible, mais les personnes qui ont écrit cette feuille ne se sont pas rendu compte qu’ils confondaient genre et sexe. Alors au début ça définissait bien la masculinité et la féminité, puis après ça partait carrément sur le sexe quoi ! Et on distribue ça à la fac. Et ça rend les gens, les femmes surtout, totalement confuses par rapport à la définition du genre et je commençais à en parler et je me rendais compte qu’il y avaient comme un refus de débattre ou de questionner. Au début je croyais que c’était parce que personne n’avait la réponse. Au final j’ai compris que c’est parce que ça les arrangeait bien. Donc je devais acquiescer à une définition qui se contredisait. Mais moi qui pensais que je venais à la fac pour apprendre des choses, pour m’élever intellectuellement, je me retrouvais à régresser et dire amen à des queeristes sous peine de voir mes alliés me sermonner et me faire sentir stupide et m’humilier, quoi.

Oui parce que l’effet de groupe aussi, il faut en parler. Ça aide à éviter les gens à remettre en question certaines valeurs queer, de peur de voir le groupe te pointer du doigt. Mais vu que je suis têtue et que je ne supporte pas l’incohérence, j’ai continué. Je voulais des réponses.

Et du coup, pour mon mémoire je devais lire Judith Butler. Et je n’ai jamais réussi. Les gens qui prétendent l’avoir lue et l’avoir comprise sont clairement des menteurs : c’est le livre le plus incohérent et le plus incompréhensible qui existe. Puis au final quand j’ai présenté mon mémoire, la queer à qui je l’ai présenté m’a dit que Butler n’était pas queer ! Donc ils se contredisent même eux-mêmes !

Et à ce moment-là, ça a commencé à faire beaucoup d’incohérences et de contradictions.

Et surtout il y avait un tel manque de rigueur intellectuelle que j’ai vraiment vrillé avec mon mémoire. Je ne l’ai jamais fini.

Du coup c’est les incohérences des discours, la violence, la misogynie des hommes qui me disaient qu’ils étaient plus femmes que moi, parce qu’il performaient mieux la féminité…

Finalement, c’était simple : je fuyais un milieu et misogyne et je réalisais que j’étais exactement dans le même mais d’un aspect différent : on change la déco, on met des néons, des plumes, des froufrous, des couleurs partout… sauf que on y met les mêmes mecs en fait. Les gros beaufs qui parlent de cul H 24.

Les mecs qui parlent de leurs bites, font des concours de bites… c’est un milieu ultra superficiel et c’est ce qui m’a rendue critique du genre.

Parce que oui : c’est eux qui nous amènent à devenir critiques du genre !

Leurs comportements, leurs paroles, leurs égos surdimensionnés… les mecs quoi ! C’est les mecs qui nous font ouvrir les yeux.

Finalement, quand j’ai réellement pris la parole pour dénoncer, j’ai été virée de la fac.

J’ai dénoncé mon directeur de mémoire qui organisait des gang bang avec ses élèves.

J’ai reçu un mail qui m’annonçait que j’étais convoquée, mais vu que j’étais virée, j’y suis pas allée.

J’ai été du coup virée aussi des partis politiques dans lesquels je militais.

J’ai été virée pour mes idées, pour avoir défendu mes droits, pour avoir questionné. Pour avoir voulu mettre plus de rigueur dans les définitions, dans les principes queers dans la culture queer…

Et j’ai dû déménager, parce que je recevais des menaces…

Je voyais des queers, mes anciens collègues, qui passaient régulièrement devant chez moi… TRÈS régulièrement ! Alors que je ne les croisais jamais avant.

Donc j’ai commencé à avoir peur et je suis partie.

En un mois, j’ai fait tous mes cartons et je suis partie.

Et ça fait quatre ans maintenant que je vis comme SDF, au RSA.

Parce que voilà quoi : c’est les queer qui ont détruit… qui ont détruit ma chance de faire des études, parce que je viens d’une famille pauvre qui n’ont pas fait d’études et je me suis vraiment battue pour faire des études, et je suis tombée sur des personnes qui ont détruit tous mes rêves !

Et c’est une secte. C’est clairement une secte parce que quand on la quitte, ils nous font regretter : ils vous traquent. Ils vous harcèlent.

C’est une réelle menace pour les droits des femmes, parce que le transactivisme, dans son histoire, tire sa source de la violence. Derrière son image de faux rebelles ce sont des revendications d’hommes, par le porno, par la prostitution, par le BDSM.

Les hommes dans l’art queer… en fait ce que les hommes ont fait, c’est vraiment banaliser la violence sexuelle. Une violence sexuelle revendiquée et assumée.

Et l’art queer, comme toute l’histoire de l’art, n’échappe pas à la binarité.

Aujourd’hui on ressort les femmes artistes de l’ombre, on essaye de faire des expositions, on ressort de l’ombre  des femmes dont on ne parlait jamais, et le queerisme n’échappe pas à ça. Aujourd’hui chez les queer c’est la même chose.

Que ce soit dans les années 70 ou aujourd’hui, ce qu’on voit le plus, c’est les hommes. C’est l’art des hommes. C’est la parole des hommes.

Il y a une réelle division entre l’art des femmes et l’art des hommes. Par exemple, si on prend quelques exemples de d’artistes femmes, on peut citer Cathy Cade, Alice Austen, Irare Sabasu : des illustratrices, des photographes, des documentaristes… c’est des femmes qui ont documenté les grossesses des femmes lesbiennes et qui ont créé des musées LGBT pour documenter l’art LGBT et qui faisaient des portraits de couples lesbiens assez incroyables…

Et à côté de ça, on avait des hommes : on avait Mapplethorpe,  Thomas Painter qui est un exploiteur d’hommes, qui photographiait sa vie sexuelle avec des hommes prostitués.

Il y avait Tim Wood, Juan Hidalgo et plein d’autres, qui paraissent hyper transgressifs et pourtant ils ne font que s’inspirer de Sade : mettre des pénis partout,  centrer leur art sur leur pénis… encore une fois, quoi !  Des pénis partout ! Comme si nous n’en avions pas assez vu, des pénis dans l’histoire de l’art, et dans l’histoire de l’humanité ! Ils ont tenté de rendre la violence sexy, et l’industrie du porno en fait s’est nichée dans ce mouvement.

Dans les collections de Mapplethorpe par exemple, on y trouve des photographies de gens en laisse. On y voit des gens bâillonnés. On voit un homme se rentrer le doigt dans son pénis. On voit un autoportrait de Mapplethorpe s’enfonçant le manche d’un fouet dans l’anus… et ça je veux vraiment qu’on l’entende, parce que il faut se rendre compte de la violence du mouvement des hommes queers, qui n’est que de la torture et de la barbarie. Mais attention c’est là aussi qu’on a commencé à dire « mais ils disent oui ! » « ils aiment ça, elles aiment ça elles disent oui et le consentement… » c’est le début du mouvement du « on ne juge plus les actes pour ce qu’ils sont à partir du moment où il y a un oui ». Consentement, soi-disant. Mais des « oui » tirés par conditionnement et aliénation surtout !

Et le queerisme, c’est le mouvement qui a participé à éduquer les femmes à l’auto-soumission. Quand les esclaves se soumettent elles-mêmes, les hommes n’ont plus rien à faire ! Mais c’est une aubaine pour le patriarcat!

C’est comme ça que le BDSM est entré dans la culture populaire. C’est grâce au queerisme ! 

et c’est rigolo de voir aujourd’hui des queers  se plaindre de l’hypersexualisation des hommes transidentifiés, qui se disent « femmes trans »,  parce que c’est eux qui ont créé ça. Donc il y a beaucoup d’articles qui expliquent le lien entre le trans activisme et l’industrie de l’esclavage sexuel. Et ce qu’il faut savoir aussi, du queerisme,  quand on le connaît de l’intérieur, c’est qu’il se revendique être un mouvement qui veut détruire la binarité, mais au sein-même de leur mouvement,  il existe une énorme binarité et une hiérarchie.

Déjà, quand on est une femme et qu’on ne connaît pas, on atterrit forcément chez les hommes, les gays, ceux qui se prétendent femmes, les « drags » parce que les hommes sont ceux qui sont les plus visibles, qui gèrent tout, qui ont tous les bars, tous les espaces, tout l’argent !

Moi, je restais avec les hommes, du coup. Les femmes, elles restaient entre lesbiennes, même les femmes trans identifiées. Et elles sont donc moins visibles, moins présentes. Et je n’ai pas pu malheureusement me rapprocher d’elles.

J’étais donc considérée par les hommes comme… ils m’appelaient « fille à pédés », au début – c’est comme ça qu’ils appellent les femmes qui ne restent qu’avec des hommes –  et je suis passée de « fille à pédés » à queer. Donc « concernée », après un petit apprentissage.

Et du coup, ben c’est très binaire. C’est très binaire, comme milieu.

Même quand on regarde dans les médias, quand on parle des hommes transidentifiés, on les voit en politique dans le sport… vraiment les choses qui mettent vraiment en valeur, quoi ! Le pouvoir…

Et les femmes transidentifiées, quand on en parle c’est pour parler des règles, de grossesse… au final ça ne change rien !

Et donc au sein du milieu queer il y a un autre phénomène. C’est qu’il existe un réel fantasme chez les hommes, ils ont un fantasme des femmes qui cassent les codes et on devient des proies… les femmes qui s’habillent différemment, ont un look particulier, sont vraiment atypiques… il y a une réelle prédation de ce genre de femmes dans le queerisme. Et aujourd’hui je l’affirme parce que plusieurs femmes dont des détrans m’ont confirmé l’avoir aussi vécu, ce qui fait qu’il y a beaucoup de viols de la part d’hommes, qu’ils soient transidentifiés ou non, des hommes qui se prétendent non-binaires ou autre genre imaginé.

Et évidemment les viols commis par des personnes qui ne se revendiquent pas « homme cis » ce sont des sujets tabous !

On n’en parle jamais. Et il ne vaut mieux pas. Parce que on voit ce qui nous arrive quand on parle. On est harcelées, tabassées… et pourtant ils existent.

La preuve : il y a déjà eu des « call-out ». Du genre : Beverly un homme transidentifié activiste au « strass syndicat » qui est une association qui milite pour décriminaliser le proxénétisme. Il a été « call out » par de nombreuses femmes victimes, il y a quelques années et personne n’en parle.

Et moi-même, j’ai été violée par deux hommes qui se prétendaient femmes ou travestis (en tout cas pas « hommes cis ») et on m’a obligée à les appeler « elles » quand j’en parlais.

Le sujet ce n’était pas de savoir comment j’allais, comment les dénoncer.

C’était de me dire de respecter leur identité .

Excusez-moi je vais être claire : être violée par une bite ou est violée par une « bite qui se prétend femme », il y  a 0 différence.

Ce sont des hommes.

Avec des comportements d’hommes.

Avec des habitudes d’hommes.

Avec des fantasmes d’hommes.

C’est de la violence masculine.

Et dans l’analyse queer du patriarcat, il faut comprendre que le terme systémique n’existe pas. Les violences systémique ne peuvent être dénoncées quand on attribue mon viol comme étant perpétré par une femme… par des femmes !

Donc voilà pourquoi le transactivisme c’est complètement incompatible avec le féminisme : parce qu’il aime il n’analyse pas les violences systémiques perpétrées par la classe sociale des hommes.

Il ne cible qu’une seule catégorie d’hommes, et laisse les autres fuir via des subterfuges dignes d’incels.

Personne ne m’a aidée, évidemment.

J’ai continué à m’endurcir, j’ai continué à tracer ma route toute seule.

Et c’est là que j’ai rencontré des féministes radicales, via facebook.

Des femmes qui m’ont apporté tellement de réponses à mes questions, et un bagage intellectuel incroyable.

Des femmes comme Flo Marandet, Francine Sporenda, Ibtissame Lachgar,  mais aussi Christine Le Doaré, Rosen Hischer, Valérie Pelletier.

Et d’autres, qui sont devenues des amies et que j’ai envie de citer comme Stella, Margot. Des femmes qui ont mis réellement des mots sur ce que je pensais, mais je n’arrivais pas à expliquer ce qui m’arrivait.

Et c’est elles qui ont posé les mots et qui m’ont sortie de ce cauchemar.

En 2017, du coup, j’ai créé mon compte Instagram Bois mes règles.

Et au début 2018 je militais via une page que j’avais créée qui s’appelait « RadFem Army », avec une amie.

On traduisait des articles, des témoignages de détrans.

On expliquait ce qu’étaient réellement les chirurgies de transition.

Et on faisait beaucoup de misandrie et de blagues misandres !

Et on recevait énormément de menaces et d’insultes.

On avait atteint les 15 000 abonnés quand la page a été censurée.

Et elle a été censurée à cause d’un post qui parlait d’un « homme trans », « Scott », qui expliquait l’horreur de la phalloplastie, les étapes, les chirurgiens, tous les détails.

On nous a  accusées de mentir, que cette personne n’existait pas…

La page a été signalée massivement et elle a sauté en 2019.

Du coup, je suis partie sur « Bois mes règles » qui est clairement mon défouloir pour dénoncer tout ce que j’ai à dire à propos de ces lobbys, de ces hommes.

C’est mon espace de liberté d’expression.

Au début j’étais très attaquée par des antiféministes qui trouvaient le slogan « dégoûtant » j’avais vraiment fait un compte basé sur la misandrie.

Puis en 2019 c’est devenu mon cri de guerre RadFem.

Des amis m’avaient signalé qu’une plateforme queer, sensée renseigner sur les règles, mais qui disait que « les hommes pouvaient aussi avoir des règles » cette plateforme  qui s’appelle « cyclique ». Et cette plateforme a commencé à utiliser le slogan « Bois mes règles » et ça m’a mise hors de moi.

Pourquoi ? Parce que je ne me sens pas femme. Ni quand je me lève le matin, ni quand je marche dans la rue, ni quand je fais la vaisselle ou que j’ouvre un livre.

Par contre quand j’ai mes règles, que j’ai mes tétons qui deviennent sensibles pendant l’ovulation, que j’ai mes seins qui deviennent douloureux avant les règles,  quand je dois prendre la pilule, quand je dois prendre la pilule du lendemain, quand je dois faire attention à ma flore vaginale, à mes pertes blanches… ouais là, je me rappelle que je suis une femme. Parce que mon corps me le rappelle.

Et je voyais donc des misogynes et surtout des gynophobes, qui détestent les femmes parce qu’elles sont femmes, qui n’utilisaient pas le mot femme pour parler de règles du coup, mais de ces expressions atroces comme « personne menstruée », « personne à vulve »… et ils utilisaient le slogan « Bois mes règles » qui est un slogan féministe (c’était pour renvoyer la balle dans la gueule des hommes qui justement ont horreurs de ce que notre corps créé, de notre nature, de notre cycle), et on se retrouve de nouveau avec des gynophobes qui vont jusqu’à invisibiliser les femmes, qui vont jusqu’à ne pas nous nommer pour parler des règles, pour ne pas « heurter », soit la sensibilité des hommes qui se prétendent femmes, ou ne pas « heurter » une minorité de femmes qui se disent hommes…

Du coup, j’ai déposé la marque pour faire une action de politique. Ça a été une action coup de poing contre les queers et faire parler du féminisme radical. Les médias ne parlent jamais (c’était 2019 donc on parlait jamais du danger du transactivisme c’était tout nouveau, de leurs techniques) et par cette action, j’ai voulu faire parler des revendications du féminisme radical.

On avait eu une interview sur Causette qui avait fait en sorte de cibler le sujet sur l’origine du terme, mais c’était pas le débat. C’était une technique, du coup, pour ne pas parler des revendications radicales du féminisme. Mais on n’est pas rentrées dans leur jeu et on a dit ce qu’on avait à dire.

Et à cette époque-là, beaucoup n’ont pas compris ma démarche. Cette action qui était clairement une action contre la colonisation transactiviste.

Beaucoup m’ont insultée, lynchée, harcelée.

Beaucoup se sont moqués de moi.

Par cette action pourtant, j’ai sacrifié beaucoup de choses.

Et depuis, aucun transactiviste n’utilise plus « Bois mes règles » parce que « bois mais règles », c’est moi !

Et ce n’est que récemment que les femmes observent les actes gynophobes des hommes qui pensent être des femmes et rejettent tout ce qui leur rappelle qu’ils ne sont pas des femmes.

J’en suis à mon 6eme compte « Bois les règles ».

Une fois il a sauté parce que j’ai dit les lesbiennes n’aimaient pas et pénis.

Une fois il a sauté à cause de mon témoignage sur les dangers du binder. Le binder c’est super dangereux pour la santé : il y a une étude qui a été réalisée en 2018, et qui a constaté que sur plus de 1200 personnes qui ont répondu à cette étude, 97% des personnes qui utilisaient un binder avait ressenti un symptôme très négatif. Ça peut être des douleurs dorsales, une surchauffe, des douleurs thoraciques, de l’essoufflement, des cicatrices, des fractures aux côtes… Et moi j’ai eu ces symptômes-là. Et je pense sincèrement que le binder c’est un pur produit marketing, qui pousse les femmes à passer plus rapidement à la mammectomie. Et du coup j’ai commencé à parler aux femmes, aux féministes de mon entourage, en leur disant de faire attention de bien savoir cibler les hommes, faire la différence entre un drag queen, un travesti, un trans, un auto gynéphile… Parce que c’est important de connaître ses ennemis politiques pour bien les dénoncer. J’ai commencé à parler du nouveau vocabulaire entre le mot « Terf », « RadFem » et les propos gynophobes, comme « trou de devant » plutôt que vagin.

Derrière les strass et les paillettes du mouvement se cachent aussi des soirées où les femmes s’automédicalisent : les soirées « testo », de plus en plus répandues.

Tout le monde connaît ce genre de soirée, en tout cas quand on est dans le milieu : les femmes qui se piquent à la testo grâce à un pote trans qui a un stock de « T » et qui, du coup, le « fait tourner » en soirée…

Tout le monde trouve ça hyper branché, hyper stylé !

Il y a deux ans, il y avait une vidéo qui avait tourné sur Facebook, sur les réseaux, sur ce genre de soirées. Moi je trouve que c’est comme la drogue, je trouve ça ridicule de s’injecter des produits toxiques dans le corps, surtout en ne sachant pas les effets que cela aura.

C’est un peu comme « finis les rebelles qui fument des pétards maintenant on se pique à la testo grâce à un ami trans » : c’est devenu ça, les nouvelles soirées.

Et ce n’est pas le pire ! On sait aussi que beaucoup d’associations en France collaborent avec des médecins, des endocrino, des chirurgiens qui font des ordonnances pour des mineurs. Les transactivistes disent qu’en France les transitions des enfants sont illégales mais dans l’ombre, ces associations collaborent avec des médecins, des psychiatres, qui attestent eux-mêmes que ces pratiques existent.

Et hier, justement je regardais à la télé sur France 5, un garçon de 16 ans en France qui débutait les bloqueurs de puberté. Mais en vrai quand on connaît les gens dans ce milieu-là, quand on est à l’intérieur de l’entreprise… parce que c’est clairement une entreprise…  on sait très bien que des enfants de 16 ans subissent des chirurgies. Tout ça grâce au bouche à oreille, au piston… et surtout à la discrétion et au silence complice des militants, des salariés des assos. Vous verrez ça de toute façon. Je n’en doute pas que ça finira par sortir, et vous y repenserez, à ce que je viens de vous dire. Vous y repenserez quand on verra le scandale que ce sera dans quelques années.

Du coup, par la suite, j’ai fondé CAPP fin 2018, qui est un collectif de survivantes de la porno et de la prostitution, et de féministes radicales, évidemment, et critiques du genre. Je pense qu’on a été les premières à donner la parole à une femme, et à une personne trans,  à un homme transidentifié, pour bien faire la différence entre le vécu dans la prostitution, d’une femme et d’une personne transidentifiée.  

CAPP s’est fondée sur le plateau d’Hanouna le 30 novembre 2018. Et on avait avec nous Rosen Hischer et Anne Darbes. Et c’était hyper intéressant, parce que c’était la première fois qu’on avait… d’habitude avec les transactivistes, ils nous mettent en face un homme transidentifié et on est de suite insultées de transphobes. Et nous on a eu l’idée d’inviter une « femme trans » donc un homme transidentifié pour débattre en face de l’autre homme transidentifié, pour ne pas mélanger.

Et je pense que c’était la première fois que ça se faisait. On a été beaucoup insultées pour ça mais du coup on n’avait pas été insultées de transphobes ! On a été insultées plus tard de transphobes ! Du coup, CAPP a pris de l’ampleur, de plus en plus, au fur et à mesure des années, et ce qui a fait qu’on est une cible privilégiée du transactivisme et des organisations qui sont pro-proxénètes. Et du coup, on reçoit énormément de menaces, de menaces de mort, d’insultes, de menaces de viol…

Mais aussi on est on est ciblées en manif, on est traquées, on est harcelées. Au point où le 8 mars 2020, alors que nous étions parties à la fin place de la république, à la fin de la manifestation, et qu’on attendait l’arrivée de la manifestation,  il y a 15 « antifas » qui sont arrivés derrière moi, qui nous ont frappées, tabassées… j’ai fini aux urgences, parce que j’avais un énorme hématome sur la joue. On m’avait frappée au visage, dans le dos, sur les côtes, sur la hanche… ça a été très traumatisant. J’ai pris 28 jours d’itt et ma collègue survivante a pris 29. Non, non je me trompe : j’ai pris 29 jours d’itt et elle en a pris 28. Et ça a été très traumatisant, surtout que ça a enchaîné sur le confinement. On s’est retrouvées traumatisées, isolées.

Sur les réseaux sociaux, on était menacées de partout. On recevait des messages atroces :  des gens qui disaient que c’était bien fait pour notre gueule, qu’on le méritait… alors que notre action consistait à déployer une banderole de quatre mètres de long avec le visage de 120 femmes mortes dans la porno et la prostitution…

Et des gens, sur les réseaux sociaux, par … à coups de centaines de commentaires, que ce soit sur Twitter, sur Facebook, sur Instagram, disaient que c’était bien fait pour nous, qu’on méritait plus d’ailleurs… Ils disaient qu’on méritait plus.

Ca a été très traumatisant.

Puis après, le 10 juillet 2020, lors du rassemblement contre Darmanin pour dénoncer l’arrivée de Darmanin au gouvernement, on a été ciblées. On ne venait même pas en tant que CAPP.

Il y avait des femmes des collages féminicides Paris qui nous ont prises à partie, et ont commencé à nous insulter, à nous accuser de choses, à nous traiter de transphobes. Et là, j’ai commencé à comprendre que, en fait les membres de CAPP,  on ne peut plus aller en manif juste en tant que féministe. C’est plus possible, parce qu’il y aura toujours quelqu’un pour nous cibler, pour nous harceler, pour nous insulter.

Du coup le 25 novembre 2020, pareil : des membres de CAPP ont été encore ciblées,  encore harcelées à la manif, qui se passait, je crois, à Montreuil.

Puis le 8 mars 2021 : rebelote !

Là c’était avec les amazones. CAPP avait organisé une action et donc on avait demandé aux amazones de participer pour être plus nombreuses. Et il y avait Marguerites Stern qui était venue,  puis on s’était mises sur la statue de la République.

Puis on a vu au bout d’une heure plus de 200 queers débarquer en hurlant. En nous insultant, et surtout, moi ce qui m’a le plus choquée, c’est pas qu’ils viennent et qu’ils hurlent, parce que c’est dans leurs habitudes, qu’ils harcèlent : c’est dans leurs habitudes, ça ne me choquait pas. Par contre, qu’ils arrachent les banderoles sur lesquelles on dénonçait que Jackie et Michel étaient accusés de proxénétisme, qu’on soutenait, mince je ne sais plus comment elle s’appelle ? Valérie…

RDG – Valérie Bacot

Joana – Voilà merci ! Ca m’avait choquée aussi, quand les transactivistes avaient arraché la banderole où on soutenait Valérie Bacot. Pas seulement les arracher : il les brûlaient, ils les piétinaient… et ils s’attaquaient même aux personnes handicapées de notre collectif. A Betty qui leur pointait sa carte « handicapé » devant le nez pour lui dire et leur dire : « ne m’attaquez pas, ne me frappez pas ! »

Ils n’en avaient rien à faire.

Ils aspergeait de peinture sur les yeux, sur le visage, sur le pull, toutes les personnes qui s’approchaient un tout petit peu d’eux, d’elles.

Et il y a aussi ce slogan, alors qu’on est un collectif de survivantes. Il y avait ce slogan qui répétait en boucle : « Pas de féminisme sans les putes » !

C’est violent ! C’est violent au point que Daria a vraiment pété un plomb, sur la statue et nous disait : « je vois mon proxénète au milieu de ces gens, et il rigole ! Et il rigole parce que ça l’arrange ! »

Et on a continué. On est restées, je crois, 4 heures sur la statue. C’était dur, mais franchement, c’était nécessaire.

En fait c’est ça le plus important : c’est que c’est nécessaire de faire ce genre d’action. C’est dur, c’est un sacrifice, mais il faut le faire pour ouvrir les yeux des femmes sur ce qu’est la réalité de ce mouvement. Des jeunes qui se pensent antifas, qui pensent faire la révolution, et qui dans les faits… ça se résume à harceler et tabasser  des femmes qui n’ont pas des discours qui les arrangent… ou je sais pas.

C’est des jeunes, c’est ça le plus triste, quoi ! C’est que c’était vraiment des jeunes qui étaient très violents. On a eu des quenelles… Un… je ne sais même pas si c’était un homme ou une femme… un queer qui nous a fait une quenelle. Des hommes qui nous faisait des signes sexuels… Des femmes voilées qui nous faisaient des doigts d’honneur… c’était très violent !

Et on a fait, par la suite, plusieurs rassemblements mais qui se sont bien passés parce qu’aujourd’hui on essaye de se cacher quand on organise quelque chose. On peut plus faire ça publiquement, c’est plus possible.

Moi, c’est ça qui me blesse le plus, je pense : c’est de me dire que je peux plus être juste une féministe qui se bat pour ses droits, je serai toujours Joana de CAPP,  la femme à harceler, à lyncher, et à faire virer de manifs.

Et ça me manque l’époque où je pouvais juste débarquer à une manif toute seule, et ne rien craindre.

Aujourd’hui je suis obligée d’aller dans des rassemblements, par exemple organisé par OLF (osez le féminisme) parce que je sais que dans ce genre de rassemblement je ne risque rien.

Je suis très harcelée sur les réseaux sociaux, au point où 4 personnalités qui militent dans des associations qui veulent décriminaliser le proxénétisme, ont porté plainte contre moi, contre mon collectif.

Je dois être à mon 10ème  compte Facebook, j’ai dû avoir 6 comptes Instagram, trois sites…

Et récemment, là, en janvier j’ai vécu un énorme harcèlement, encore une fois par des gens qui veulent décriminaliser le proxénétisme.

RDG – Donc pour résumer est-ce que tu peux décrire les événements des quelques derniers mois, des dernières semaines, qu’ils t’ont poussée à témoigner ?

Joana – Du coup, ce qui m’a motivée à témoigner, c’est le dernier harcèlement en date que j’ai vécu. A cause d’hommes qui est activiste au sein du STRASS, qui est une association qui veut décriminaliser le proxénétisme, je le rappelle. Et il a fait une vidéo sur moi. En fait, l’un de ses abonnés, qui m’espionnait sur mon compte privé,  a fait une capture d’écran de ma story, où je parlais de son site, et il en a fait une vidéo, qu’il a publiée sur youtube, sans mon consentement, que j’ai réussi au bout d’une semaine à force de signaler, à faire supprimer. Mais pendant toute une semaine c’était des centaines et des centaines de commentaires qui insultaient mon physique, qui insultaient mes valeurs, mon engagement.

Et il l’avait partagée sur twitter, ce qui a fait  qu’une autre activiste de cette organisation a pris le relais dans le harcèlement, en republiant une vidéo aussi, de septembre 2021 où je parlais des faux vagins, où je disais ce que j’en pensais, comment ça se passe et comment ça se construisait, et que je donnais mon avis là-dessus.

Du coup, ça a amené à prolonger le harcèlement pendant plus d’une semaine, où là, pareil : des commentaires affreux, qui d’habitude ne m’atteignent pas tellement, mais là c’était vraiment le harcèlement de trop, qui a fait que je me suis… je ne contrôlais plus mes émotions, je ne contrôlais plus mes crises d’angoisse et mes crises de panique. Et je me suis évanouie un jour, dans la salle de bain. Du coup, aujourd’hui, je suis sous antidépresseurs.

Et j’ai envie de dire que tout ça c’est à cause d’eux. Que c’est à cause de leur harcèlement. Que c’est à cause d’eux de leur façon de faire, je sais pas comment l’expliquer. Que faire de toi une cible, mais c’est une traque, c’est une chasse aux sorcières.

D’habitude je gérais, et j’ai été étonnée moi-même de voir que je gérais ne plus et qu’aujourd’hui je suis obligée d’avoir des antidépresseurs pour aller mieux.

Et aussi, je fais une grosse pause là, du coup, depuis janvier, par rapport au militantisme, qu’on est sollicitées dans CAPP.

Et je ne peux plus. Je ne peux plus, je sature, et ça ne devrait pas se passer comme ça. Ça ne devrait pas être comme ça, le militantisme, quoi ! On devrait pouvoir aider les femmes, et apporter ce qu’on a à apporter, sans vivre ce genre de méga attaques. Le cyber harcèlement, on a l’impression qu’on a une grosse méconnaissance du cyber harcèlement, et ça se voit parce que moi-même, mon médecin, quand je lui ai expliqué que je vivais du cyber harcèlement depuis plusieurs années, il ne comprenait pas. Il ne comprenait pas la gravité. Il ne comprenait pas.

Du coup j’ai dû changer de médecin généraliste… J’ai pris une femme, jeune ! Et c’est là qu’on voit la différence.

Il y a vraiment une grosse méconnaissance de l’impact du cyber harcèlement sur la vie. Moi, déjà mais je suis toujours SDF, au RSA. Pourquoi ? Parce que j’ai peur ! Parce que je vis dans la peur. Parce que je sais qu’il y a des gens qui n’attendent que ça, de me trouver ! Donc voilà !

RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Joana –  Moi, j’ai envie de dire aux femmes qu’il ne faut pas avoir peur de parler, même si c’est anonyme, même si c’est un compte Instagram où elles ne se montrent pas.

Il ne faut pas avoir peur.

On n’est pas obligées, comme moi, de militer à visage découvert.

On n’est pas obligées de se mettre en danger.

Mais ça fait un bien fou de parler. Ça fait un bien fou de s’exprimer. Ça fait un bien fou d’affirmer sa colère, de raconter des faits qui nous arrivent.

Et je suis sûre qu’il y a plein de femmes, étudiantes surtout, qui vivent des trucs atroces actuellement dans les universités, comme moi je l’ai vécu, et qui pour avoir un diplôme se taisent, s’écrasent parce qu’elles veulent avoir leur diplôme.

Et aussi j’ai envie de dire aux femmes qu’il faut pas hésiter à en rire.

Je sais que c’est paraître bizarre de dire ça.

Je pense que par l’humour, on peut faire passer beaucoup de messages.

Aussi moi je sais que dans CAPP on blague beaucoup, ça nous aide beaucoup à nous détendre, à ne pas tout prendre au sérieux.

Mentalement ça nous fait respirer, de rire de choses horribles. Humour noir, mais ça nous aide quoi !

Aujourd’hui j’en rigole, des attaques qu’on a subies le 8 mars. On en fait des blagues. Pas tous les jours, mais je pense que c’est important d’en rire, au bout d’un moment, pour prendre du recul, pour mieux le voir.

Pour apprendre aussi. Moi ça m’a permis d’apprendre, d’en rire, parce que ce que j’ai retenu du 8 mars 2021, c’est qu’avec Anissia, sur la statue, on rigolait beaucoup, on se moquait beaucoup des queers en leur envoyant des punchlines.

Et moi en tout cas ça m’a énormément aidée à tenir pendant des heures sur cette statue, et c’était vraiment rigolo, quoi.

Et c’est important de rire, et c’est important de se moquer d’eux, et c’est important d’avoir de l’ironie, parce qu’en plus, ça, ça les énerve vraiment. Ça les titille vraiment.

Et je trouve que l’humour c’est important, quoi, dans le féminisme.

C’est important, même entre nous, quoi, de se créer des gangs « RadLOL », de s’envoyer des mèmes.

C’est important pour tenir face à la violence.

Parce qu’il n’y a pas 36000 solutions pour tenir face à la violence. Il n’y a pas de remède miracle. Le militantisme c’est dangereux, c’est violent.

Si tu ne veux plus être dans la violence, il faut quitter le militantisme.

Aujourd’hui c’est la seule solution qu’on nous donne en fait.

Et moi je trouve que pour mieux l’encaisser, l’humour ça aide beaucoup.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.

Womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 33 – Romy

Romy –  Bonjour, je m’appelle Romy, j’ai 23 ans, je travaille dans l’Education Nationale, je suis psychologue de l’Education Nationale.

Alors, je vais commencer par, un petit peu, parler de mon enfance et de mon adolescence, parce que c’est important pour comprendre mon parcours. Donc, déjà, moi j’avais une enfance tout à fait heureuse, jusqu’à mes 12 ans environ.  C’était tranquille, je ne manquais de rien.

Puis, à 12 ans, il s’est passé beaucoup de choses. Déjà, ma mère a quitté notre père, à mes frères et à moi,  et donc là, j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la personne qui était notre père,  et à me rendre compte de ce que ma mère avait vécu.

Ensuite, quelques temps après, on m’a diagnostiqué une scoliose. Donc j’avais un gros problème de dos, qui nécessitait le port d’un corset.   Mon corset, je devais le porter jour et nuit pendant un an et demi, jusqu’à ce que ma croissance s’arrête. Ce n’est pas une longue période, en fait, parce qu’il y a des personnes qui portent le corset pendant une dizaine d’années, il faut le savoir, et qui vont même jusqu’à se faire opérer. Moi ce n’était pas le cas, mais ça a suffi pour me traumatiser, puisque c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

Déjà, avant, j’avais un rapport un peu particulier à mon corps, puisque je ne me trouvais pas très belle. On me le disait, en plus de ça. En plus, j’avais droit à beaucoup de remarques sur la taille de ma poitrine, et j’avais un rapport très compliqué à mes règles aussi, que je ne supportais pas. Mais là, le corset, ça a tout amplifié. Je vous parle de ça parce que ça a été vraiment une expérience qui a été traumatisante pour moi. Encore une fois, ça n’a duré qu’un an et demi, mais c’était suffisant pour que je m’en remette seulement vers mes 18–19 ans. 

En fait, mon corset, je ne voulais absolument pas que ça se sache. 

Je ne voulais absolument pas qu’on soit au courant, que ce soit au collège, ou même ailleurs, que j’avais des problèmes de dos.

Parce que le corset, c’est quand même une expérience un peu… tout le monde n’a pas un corset. C’est très singulier, comme expérience, pour celles qui ne connaissent pas, c’est… il y en a de différentes sortes, le mien allait de mes hanches jusqu’à mes épaules. C’était du plastique dur et je devais le porter, comme je l’ai dit, jour et nuit. Je ne pouvais le retirer que deux heures par jour pour manger et me doucher. Donc au collège, je ne pouvais même pas le retirer pour manger, puisque je n’avais même pas d’accès à un lieu où j’aurais pu le retirer tranquillement.  Et en fait, comme je ne voulais pas que ça se sache, j’ai demandé à ce qu’on m’aide à le cacher. Donc dans ma famille, on m’a offert des vêtements larges. Donc c’était des polaires, des marinières, on m’achetait aussi des écharpes,  pour cacher la barre que ça me faisait au niveau des épaules. Du coup, moi, on m’a vraiment appris à cacher mon corps, plutôt qu’à l’accepter.

En fin de compte, en plus de ça, c’était un petit peu stupide puisque tout le monde a fini par savoir que j’avais un corset au collège. Tout le monde voyait bien qu’en EPS, je ne pouvais pas faire les roulades, où je ne pouvais pas ramasser le volant de badminton…

Mais voilà, moi je persistais à nier mes problèmes, je persistais à vouloir contourner les problèmes en les cachant, plutôt qu’en les acceptant. Et dans ma famille, comme je l’ai dit, on m’a vraiment écoutée par bienveillance, et on est allé dans mon sens.  Il n’y a que ma mère qui a essayé un petit peu de m’aider à accepter, mais ça a été vain. Et puis du coup, moi j’ai vraiment commencé à culpabiliser, à avoir honte de moi. En plus, le corps médical n’était pas du tout bienveillant avec moi, au contraire. Ils m’ont bien fait culpabiliser alors que je n’avais que 13 ans, quand j’ai commencé à porter mon corset.

j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin.

Tout ça c’est que j’avais vraiment un rapport à mon corps très particulier, quand j’étais ado. Parallèlement à tous ces complexes, j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin. Moi, je ne maquillais pas, je n’avais aucun centre d’intérêt qu’on peut qualifier de féminin. Et à l’inverse, moi j’aimais beaucoup le football, je ne faisais pas du tout attention à mon apparence, j’avais un rapport très négligé, même, à mon apparence. Je n’étais pas du tout soigneuse, je n’étais pas délicate, j’étais un peu brute dans mes gestes.

 Et honnêtement, moi, en fait, le fait qu’on me dise que j’étais un garçon manqué, ça ne me déplaisait pas du tout. Je n’étais pas du tout complexé par le fait qu’on me dise que je n’étais pas une vraie fille. Parce qu’en fait, ça me plaisait bien de ne pas être vu comme une « vraie fille » entre guillemets. Moi, dans mon entourage, il y a vraiment une espèce de misogynie intériorisée. Donc tout ce qui est « masculin » est très valorisé par rapport à tout ce qui est « féminin » entre guillemets. Et dans notre famille, dans mon entourage, il vaut mieux être un « garçon manqué » entre guillemets qu’être une « vraie fille », encore une fois entre guillemets.

 Donc tout ça fait que j’avais vraiment un rapport très particulier à mon corps, j’avais honte d’être fille, et j’avais aussi très peur de devenir une femme. Je n’arrivais pas du tout à me projeter en tant que femme, et d’ailleurs moi, je ne me considère comme femme que depuis l’année dernière, quoi. Ça fait un an que je dis que je suis une femme, alors que j’ai quand même 23 ans.

 Et avec le recul, j’ai compris que si  être une femme, ça me faisait si peur, quand j’étais ado et jusqu’à la vingtaine, c’est parce que je trouve qu’on associe beaucoup la vie d’adulte à la vie de couple, comme si le couple était essentiel à une vie d’adulte accompli. Or moi, avec ce que j’ai vu dans ma famille, avec ce que je sais aussi du mariage de mes parents, forcément, le couple ça ne m’attire pas du tout.

Par contre, je suis hétéra, donc voilà. Je suis très très réticente quand même à avoir des relations avec des hommes, parce que j’ai vraiment intériorisé le fait qu’un jour ou l’autre, si je suis en couple, je vais devenir l’esclave du gars.  Et ça ne me plaît pas. Et puis en plus de ça, il y a vraiment une espèce de misogynie sociétale qui fait que, voilà, devenir une femme, ça ne me plaisait pas. Et en fait, c’est vraiment à partir de mes 18 ans que tout a commencé à changer pour moi, que j’ai commencé à vraiment faire un travail sur moi pour m’accepter, parce qu’à 18 ans, j’ai  complètement changé de vie. Je suis parti vivre dans une autre région, j’ai changé de groupe de pairs, j’ai changé de milieu intellectuel, et ça a été vraiment libérateur, parce que ça m’a permis de repartir de zéro. En plus, c’est à ce moment-là, quand j’avais 18 ans, qu’il y a eu le mouvement MeToo.  Et donc j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la féminisme, surtout suite à la fameuse tribune sur la « liberté d’importuner » de Catherine Deneuve, que j’avais trouvé absolument immonde… haha… voilà.

Avant MeToo, pour moi, le féminisme c’était juste le mouvement des femmes suffragistes,  donc j’en avais vraiment une connaissance très limitée. Et là, MeToo,  ça m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux.

Au fur et à mesure, j’ai commencé à lire pas mal de roman sur la condition des femmes, à regarder des reportages, à me renseigner sur la pensée féministe. Mais en fait, à ce moment, comme j’étais vraiment débutante, je n’avais accès qu’aux ressources les plus diffusées, les plus connues. 

Donc c’était les ressources des « féministes libérales ». Je ne suis pas sûr qu’on puisse les appeler féministes. 

Mais du coup, je me considérais pas vraiment comme féministe, parce que je n’étais pas du tout d’accord avec certaines choses qui étaient promues par les « féministes libérales ».

Je n’étais pas du tout d’accord  avec leur complaisance vis-à-vis des religions, ou même sur leurs positions par rapport à la prostitution. Mais d’un autre côté, je me disais : « oui, mais est-ce que c’est moi qui pense mal ? » Je me sentais un peu coupable de ne pas penser comme d’autres « féministes  libérales ».

Du coup, j’essayais de me raccrocher à d’autres idées, donc le transactivisme.

J’étais très compatissante, au début, envers les personnes transgenres. Je me disais : « après tout, pourquoi pas, si un mec se sent femme, bon pourquoi pas ? »

Parce qu’en plus comme les transactivistes nous parlent tout le temps de suicide,  « si je ne transitionne pas, je vais me suicider » c’est ça leur discours… et bien forcément, ça fait de la peine.

Puis il y a eu le lynchage de J. K. Rowling. Alors là, moi, ça m’a sidérée.  J’ai trouvé ça absolument délirant que J. K. Rowling soit détruite, juste parce qu’elle a osé dire que les règles étaient un truc de femme. Donc j’ai commencé à approfondir encore plus ma réflexion sur la féminisme. 

Et il y a un an environ, alors là, ça a été… il y a quelque chose qui a tout changé, c’est que j’ai découvert la féminisme radicale !  j’ai découvert ça, parce qu’en fait sur YouTube,  je suivais beaucoup le compte littéraire d’Antastésia, qui a d’ailleurs  témoigné aussi. Et donc je me suis inscrite sur Instagram pour pouvoir la suivre, elle. Et de fil en aiguille, j’ai découvert une partie des figures de la féminisme radicale en France : la collective CAPP, par exemple (abolition porno prostitution), Marguerite Stern, Dora Moutot,  Anissia aussi, qui a elle aussi  témoigné. 

Et pour moi, ça a tout changé. 

Parce que ça m’a permis de comprendre que ce que je pensais, ce n’était pas mal.

Qu’il n’y avait pas que le « féminisme libéral ».

Et ça m’a vraiment permis de me réconcilier avec le fait d’être une femme libre, qui se suffit à elle-même.

Donc voilà, moi, c’est vraiment grâce à la féminisme radicale  que je me sens normale.  Et pour moi, c’est important d’en parler dans ce  podcast, parce que je suis convaincue que la féminisme radicale, elle est salvatrice  pour les filles, pour les femmes. Et je tiens vraiment à en parler, parce que le « féminisme libéral » prend beaucoup trop d’ampleur, et invisibilise  beaucoup trop la féminisme radicale, qui est la vraie féminisme.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie ?

Pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse, parce qu’elle détruit  des enfantes,  des enfants et des ados.

Moi je pense que le rapport très compliqué que j’avais à mon corps (moi je me demandais souvent pourquoi j’étais une fille et par un mec), je pense que j’aurais pu faire partie des victimes, en fait ! Après, je ne suis pas sûr que j’aurais fait une transition médicale, parce que j’ai un rapport très particulier au médical, aux médecins et tout, je n’aime pas ça. Par contre, je pense que j’aurais très bien pu, peut-être, me déclarer non binaire, donc genderfluid,  ou je ne sais pas quoi, si j’étais tombée là-dessus au collège.  Et je sais que beaucoup de jeunes filles, surtout au collège, car l’adolescence c’est quand même une période compliquée, où on se construit, où on se cherche, il y a beaucoup de filles qui détestent être des filles à cause de ce qu’elles vivent, et malheureusement, à cause de la diffusion des idées transe activistes, et bien il y en a beaucoup qui tombe dans le panneau et qui transitionnent, plutôt que de régler leurs vrais problèmes. Pour moi, la transition, c’est juste un moyen de contourner ces problèmes.

C’est un pansement qui recouvre les plaies, mais qui ne les recoud pas.

Donc moi, ça me désole et ça me rend vraiment triste pour toutes celles, et pour tous aussi, parce qu’il y a des garçons aussi qui tombent dans le panneau, parce qu’on ne règle pas leurs problèmes,  en les accompagnant dans leur transition. Pour moi, je pense d’ailleurs que le corps médical a une grande part de responsabilité dans tout ça. Et ça me fait beaucoup de peine.

Après, je sais aussi que, pour certaines personnes qui ont une dysphorie de genre très importante et persistante, la transition peut être nécessaire, je ne le nie pas. Mais déjà, je pense que ce sont des cas beaucoup plus isolés que ce qu’on peut nous faire croire. Et quand bien même un homme transitionne, il ne sera jamais une vraie femme, il n’aura pas du tout le même vécu que nous, le même corps, la même éducation, les mêmes traumatismes. Et c’est pareil pour une femme qui transitionnelles, d’ailleurs. Elle aura toujours ses traumatismes de femmes, et elle ne les aura certainement pas réglés en se faisant passer pour un homme.  Donc pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse parce qu’elle détruit les vies, plutôt que les réparer, contrairement à ce  qu’on veut nous faire croire.

En plus, elle est fondamentalement misogyne et homophobe.

Après, je vais être très concise là-dessus, puisque ça a déjà été très bien développé par d’autres, mais en gros, voilà : c’est une idéologie hyper misogyne parce qu’elle renforce les stéréotypes de genre. Donc ça y est, si un garçon aime les paillettes et le rose, ça fait de lui une fille… et bien non, pas du tout ! On s’en fout. Enfin, les paillettes et le rose, ce n’est ni réservé aux filles, ni aux garçons. On s’en fout complètement. Le genre, en fait, je trouve que c’est une accumulation de stéréotypes, mais c’est juste mauvais, enfin… je ne comprends vraiment pas pourquoi est-ce qu’on persiste à penser que juste parce qu’une fille aime le foot, ça ne fait pas d’elle une vraie fille, ou que sais-je ? Et je trouve ça complètement absurde.

Et c’est en plus hyper homophobe, parce que les trans activistes ni l’existence de l’homosexualité.

Il n’y a qu’à voir comment les lesbiennes sont insultées, agressées, par ces personnes, lors des manifestations par exemple. Et d’ailleurs, il y a beaucoup de personnes transgenre qui sont homosexuels ou bisexuels, et je trouve que c’est quand même très  révélateur de l’homophobie intériorisée de cette idéologie. Voilà. 

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, ou est-ce que tu perçois un danger par rapport à cette idéologie, ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler tout à fait librement ? 

Romy –  Alors, moi je n’ai jamais subi de pressions ni de menaces, parce que je suis discrète. Je me suis déjà exprimé dans le cadre privé, dans la famille un petit peu, pas beaucoup. Mais c’est vraiment la première fois que je m’exprime publiquement. Par contre, j’ai décidé de témoigner anonymement, parce que, comme je l’ai dit, je suis psychologue de l’éducation nationale, et je tiens à respecter mon devoir de neutralité, parce que mon métier est très important pour moi, j’avais énormément ce que je fais, et je ne veux pas que mes prises de position, mes convictions, se retourne contre moi. En plus de ça, dans l’éducation nationale, je trouve qu’on a quand même une liberté de parole qui est plutôt restreinte. Surtout sur notre lieu de travail. En plus, comme ce que je pense ça ne va pas du tout dans le sens de la pensée dominante, j’ai un peu peur qu’effectivement, ça se retourne contre moi. Après, pour l’instant, ça va, j’arrive à garder le cap de mes convictions parce que je n’ai jamais eu d’élèves concernés pour l’instant par cette problématique. Et on  ne m’a jamais demandé d’organiser quoi que ce soit sur la transidentité ou je ne sais quoi. Par contre, le jour où ça arrivera, je ne sais pas trop comment je vais gérer ça, on verra bien ! 

RDG –  Est-ce que tu as une anecdote à raconter  sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le trans activisme ?

Romy –  Alors oui, j’ai une  anecdote qui est liée à ma formation de psychologue de l’éducation nationale.  Comme je l’ai dit, je n’ai jamais eu à gérer le cas d’un ou une élève transe, mais dans le cadre de ma formation, on a déjà évoqué le sujet. Donc c’était l’année dernière, j’étais très choquée par les propos d’un de mes formateurs, qui pourtant est très compétent et très intelligent, donc ça m’a d’autant plus choquée, venant de lui.  En fait, au moment d’évoquer la question des toilettes pour les élèves trans, il a dit qu’après tout, dans les familles, les toilettes étaient neutres.  Donc il ne voyait pas où était le problème qu’un garçon qui se sente fille puisse aller dans les toilettes des filles. Et après, au moment de la question des vestiaires, il nous a demandé, il nous a dit :

Et si on demandait aux filles : « Est-ce que vous êtes d’accord pour que cet élève trans aille dans vos vestiaires ?»  si les filles répondaient oui, donc dans ce cas il n’y a pas de problème, l’élève trans peut aller dans le vestiaire des filles .

Donc moi, j’étais vraiment abasourdie  d’entendre ça. En plus, en regardant autour de moi, j’avais l’impression d’être la seule à être choqué par ses propos. Et il y avait même des collègues qui allaient vraiment dans le sens de ce que ce formateur disait. Donc moi, je me suis sentie très seule, et très choquée, parce que moi, ça ne m’aurait  pas du tout plu, ado, d’avoir un mec dans les vestiaires, et dans les toilettes, même.

Et en plus de ça, les violences sexuelles dans les établissements, c’est une réalité. Ça commence à l’école primaire, d’ailleurs. Moi, j’ai déjà entendu des histoires à l’école primaire, des enfants qui se font des « olives »  à l’école primaire. Et pour vous donner des chiffres, d’après la DEPP,  (en gros, la DEPP c’est l’organisme qui produit les statistiques de l’éducation nationale)  en 2017–2018, on a eu 2,3 % de lycéennes qui ont subi une violence sexuelle grave dans leur lycée, et c’était le cas de  0,8 % de garçons. Donc en fait, sur un lycée de 500 filles, ça nous en fait  entre 10 et 12 filles, victimes de violences sexuelles graves.

https://www.education.gouv.fr/media/13628/download

RDG –  Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est, tu as parlé «  d’olive » ?

Romy –  Les olives, en fait, c’est les garçons qui font ça : c’est de mettre le doigt dans l’anus de leurs camarades.

RDG –  On est d’accord que c’est des viols : techniquement, juridiquement, c’est des viols.

Romy –  Techniquement, ce sont des viols, oui.

 RDG –  c’est complètement banalisé, au point d’avoir même un petit nom rigolo, pour en parler.

Romy –  Totalement, ce sont des viols. Il y a même des garçons qui menacent de viol les filles, par leurs postures : ils les « chopent »  et leur disent : « Et là, maintenant, tu fais quoi ? »  Pour moi, c’est une menace de viol, surtout quand ça se passe dans les toilettes. Moi j’ai déjà… enfin,

c’est déjà arrivé là où je travaille, un garçon qui a chopé une fille,  il l’a traînée dans les toilettes, il l’a enfermée, et il lui a dit : «  et là, maintenant, tu vas faire quoi ? » Enfin, pour moi, c’était vraiment une menace de viol. Ça n’a pas été traité de cette façon.

Pour revenir sur les chiffres de la DEPP,  sur un lycée avec 500 filles, ça nous fait quand même entre 10 et 12 filles victimes tous les ans d’une violence sexuelle grave, au sein du lycée.  Et en plus de ça, on n’est même pas au courant de tout. C’est très banalisé, parce que normalement, entre 10 et 12 filles, ça nous fait quand même beaucoup d’agresseurs, beaucoup de violeurs dans les établissements, et si c’était vraiment traité comme ça devrait l’être, je pense qu’on en parlerait beaucoup plus. Sauf que ce n’est pas le cas, malheureusement.

Donc moi, je trouve ça vraiment aberrant qu’on puisse s’imaginer autoriser des garçons à fréquenter les espaces exclusivement réservés aux filles, pour moi on fait entrer le loup dans la bergerie, et ce n’est juste pas acceptable. Après, je ne dis pas que tous les garçons sont des agresseurs sexuels, sauf que ce sont tous des agresseurs sexuels  potentiels, puisqu’on les éduque à nous agresser. 

Et de toute façon, dans l’esprit des filles, un garçon dans les espaces réservés aux filles, et bien c’est une menace. Et moi je trouve ça aberrant qu’on néglige ce que pensent et ressentent les filles, surtout par rapport aux garçons.

Et puis, même s’il y a des filles qui disent « oui d’accord, je veux bien que Machin aille dans nos toilettes », qui nous dit qu’elles le pensent vraiment, en fait ? Moi je pense qu’il y en a beaucoup qui disent oui juste parce qu’elles ne veulent pas passer pour la méchante.  Mais dans les faits, je ne pense vraiment pas qu’elles soient à l’aise avec l’idée de partager des espaces exclusivement féminins avec des mecs. Pour moi, ce n’est pas concevable.

Et pour revenir sur l’argument des toilettes neutres, pour moi ça ne tient absolument pas debout, parce que déjà, le collège ou le lycée, ce n’est pas la maison ! Et puis de toute façon, même dans le cadre familial, je pense qu’il y a beaucoup de filles qui ne sont pas du tout à l’aise à l’idée de fréquenter des espaces intimes, même avec les hommes de leur famille. Les violences intra familiales, ça existe, et je pense que c’est beaucoup plus courant que ce que l’on veut croire aussi !

Donc voilà, moi ça me désole qu’on en vienne petit à petit à imaginer des mesures qui puissent mettre en péril  la sécurité émotionnelle et même physique des filles. Les établissements scolaires doivent être des lieux d’éducation, sauf que là, je ne vois vraiment pas comment ce serait possible d’apprendre sereinement, alors qu’on ne se sent en sécurité nulle part.

Et aussi, j’ai une autre anecdote. Alors là, c’est très récent : 

très récemment, je parlais avec une collègue de l’égalité–garçons, et cette collègue a remis en question le concept d’égalité filles–garçons, parce que pour elle, ça ne prenait pas en compte les personnes qui ne se sentiraient ni fille, ni garçon.

Donc pour elle, l’égalité filles–garçons, ça n’a pas lieu d’être. Or, pourquoi on est oppressées ? On est   oppressées à cause de notre sexe !  Donc voilà. Après, je pense que toutes ces personnes pensent ça parce qu’elles sont trop bienveillantes, et voilà !  Le discours trans activiste se pose tellement en victime que malheureusement, ça bride l’esprit critique de certaines personnes.

 RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Romy – Alors déjà, moi je voudrais, pour commencer, adresser un petit mot aux mecs. C’est mon côté « éducation nationale ».  Je veux éduquer tout le monde haha.

Déjà, je voudrais dire aux mecs qu’il n’y a pas de honte à avoir des sentiments, à ne pas être virils. Parce qu’au contraire, la virilité c’est à la base, c’est au fondement de la misogynie.  C’est au fondement de beaucoup de maux de la société,  parce que ça renforce l’impression de pouvoir des hommes, et leur besoin de contrôler les femmes et de les asservir. On parle souvent de déconstruire les stéréotypes de genre, mais moi je pense que c’est important surtout de lutter contre la virilité. Je ne vais pas développer là-dessus, puisque Lucile Peytavin,  qui a écrit « le  coût de la virilité »,  en parle très bien aussi, et je vous renvoie vers ses travaux.

Mais sinon, pour finir je vais quand même m’adresser aux filles. Pour leur dire qu’il n’y a pas de mal à être une fille, ce n’est pas une honte. Je sais que ce n’est pas facile tous les jours, mais déjà on n’est pas seules.

Et donc je veux dire aux filles : « soyez fières, et ne bridez pas votre esprit critique ».

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basées sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre -Épisode 32 – Floriane

Floriane – Alors je m’appelle Floriane, j’ai la trentaine, j’habite en région parisienne, je suis lesbienne et je suis militante LGBT  depuis une dizaine d’années. Et je suis végane, ça sera nécessaire pour la compréhension, pour la suite du podcast.

Je suis arrivée dans le milieu LGBT il y a un peu plus de 10 ans, en raison de mon homosexualité. Et c’est le premier milieu militant dans lequel j’ai mis les pieds, et je me suis ensuite intéressée à d’autres luttes. Notamment le féminisme, qui me concernait. Et ensuite les luttes qui concernaient d’autres groupes sociaux opprimés : notamment la lutte antiraciste, la lutte pour les droits des  animaux, donc le véganisme. Et le transactivisme.  Que je n’appelais pas transactivisme à l’époque, c’était la lutte pour les droits des personnes trans.

La logique d’écouter les concernés et de se remettre en question, de vérifier les privilèges qu’on pouvait avoir sur d’autres groupes sociaux, cette logique-là qui est présente dans les luttes sociales comme le féminisme, la lutte antiraciste, le véganisme, je l’ai appliquée aussi aux personnes trans.

Ça faisait totalement sens,  sachant qu’à cette époque-là, je n’avais pas d’outil matérialiste.  Donc je ne basais pas mes positionnements sur des positions rationnelles, ni sur une vérification vraiment scientifique ou méthodique, de ce qui faisait qu’il y avait des mécanismes de domination de certains groupes sur d’autres groupes, je me basais uniquement sur les propos des concernés. Ce qui était le mantra qu’on nous répétait : « écouter les concernés ». Ce qui est quelque chose d’assez pertinent. Écouter les personnes, en fait, qui vivent ce qu’elles nous décrivent, et faire confiance à ce qu’elles nous disent. Le problème, c’est que cette logique-là, qui est nécessaire pour les personnes qui subissent des violences, et à laquelle n’ont pas accès les personnes qui ne subissent pas ces violences-là.

Donc ce fait d’écouter les concernés, ça permet d’avoir accès, par exemple, pour les hommes, d’avoir accès aux propos des femmes concernant les agressions qu’elles subissent, ou le harcèlement qu’elles subissent dans la rue et si on le cale, de la même manière, sur des personnes qui sont en réalité dans le camp des oppresseurs, on peut, en fait, les faire passer pour des opprimés.

Et on peut faire croire que ces personnes-là subissent des violences, ou subissent des oppressions, par un groupe social, qui est en réalité un groupe social artificiel.

Alors, tous les groupes sociaux sont créés par la société, mais là, dans le sujet qui nous réunit, le groupe « cis » qui regrouperait des hommes et des femmes « cis », n’a pas de sens, étant donné que les femmes n’ont aucun avantage et aucun privilège matériel sur les hommes transidentifiés :   elles ne les exploitent pas sexuellement, elles ne les exploitent pas émotionnellement, et elles ne les utilisent pas pour faire les tâches domestiques, ou pour faire des tâches de travail non rémunéré, comme c’est le cas dans les autres mécanismes de domination.

Donc voilà, je suis arrivée dans le milieu  LGBT il y a une dizaine d’années,  j’ai pris tels quels les discours qu’on me servait. 

D’autant que lorsque j’ai essayé d’émettre un doute, au tout début  lorsque j’étais encore une féministe et une femme comme celles qui n’ont aucune idée de ce qu’est le transactivisme, lorsque j’ai tout juste commencé à entendre parler des personnes trans, les questions que je posais avaient pour conséquences des représailles sur la manière dont on me voyait, et sur ce qu’on me renvoyait de moi-même.  C’est-à-dire que je voyais l’agacement chez mes interlocuteurs, et je pouvais, du coup, être approchée de “personne transphobe”. Et personne n’a envie d’être transphobe. Donc du coup, on a pas envie d’être considérée comme transphobe, alors on fait tout ce qu’on peut pour ne pas être mise dans cette case-là. Et faire tout ce que l’on peut, ça veut dire ne plus poser de questions, et répéter ce qu’on nous dit de répéter.

On est assez familières, les RadFems, avec le mantra de « les femme trans sont des femmes » qui est répété à l’envi en plusieurs exemplaires, c’est-à-dire que lorsque l’on va sur les réseaux sociaux, sur Twitter, etc., on voit : « trans women are women », écrit de manières multiples, pour que ça rentre dans la tête, et que ça soit considéré comme une vérité.

On n’a pas d’argumentation là-dessus. Et on n’a même pas une définition de ce que c’est qu’être une femme.  Mais à ce moment-là, je n’avais pas du tout ça en tête. Cette question de la définition, ça a été au contraire la dernière pierre qu’il m’a fallu pour sortir du transactivisme. Ça a été vraiment le dernier moment où je suis passée de ma progression de transactiviste à RadFem. C’est à ce moment-là que je me suis dit : « Mais oui, c’est vrai, on n’est pas capable de faire une définition du mot “femme”, qui ne soit pas une définition circulaire. »

Mais donc du coup, à l’époque, je répétais ces mantras-là, et en fait, la violence que l’on pouvait me faire subir, pour que je ne pose plus les questions qui posent problème, ou que je ne tienne plus des propos jugés problématiques, (comme par exemple le simple fait de parler des spécificités de notre corps, en les liant à la féminité ou au sexe féminin, au fait d’être femme), c’était considéré comme transphobe.  

Alors j’avais quand même, même en étant transactiviste, un discours légèrement moins violent que mes collègues. 

Je leur disais : « Non, ce n’est pas transphobe. C’est “cisnormatif”.  Il y a quand même une différence entre la transphobie, qui est l’hostilité envers les personnes trans, et le fait d’avoir des propos un petit peu indélicats, qui seraient de dire que ce sont les femmes qui ont des seins, alors qu’effectivement, certaines personnes trans non opérées peuvent avoir des seins, alors que ce sont des hommes… ». J’avais un discours  légèrement moins extrême que la moyenne, moins « transactiviste » que la moyenne.

Néanmoins, la violence avec laquelle on répétait à l’envi que c’était transphobe d’avoir tel comportement, ou de tenir tels propos, qui étaient en réalité des comportements et des propos qui ne nuisaient pas à l’intégrité des personnes trans, a fini par faire que je re-créais moi aussi cet environnement hostile. 

Alors j’ai toujours essayé d’avoir un discours et un positionnement pédagogue, dans le fait de reprendre les gens sur leurs propos, mais je ne sais pas si je l’ai toujours tenu, ce positionnement, ou si je  n’ai pas, moi aussi, été violente envers des personnes.

 Je sais qu’envers les hommes, certainement. 

Envers les femmes, j’essayais quand même de me dire que, les femmes faisant partie d’une classe d’opprimées, elles n’avaient pas à subir autant de violence. Mais, j’ai quand même répété ces discours-là, et je reprenais à chaque virgule mal placée, même si c’était d’une manière se voulant pédagogue, les femmes qui essayaient de s’exprimer sur leur situation, sur leur vécu.

Et le moment où j’ai commencé à ouvrir les yeux sur le transactivisme, c’est à un moment où une femme de notre groupe, de féministes véganes,  une femme a été agressée par son petit ami de l’époque, qui se considérait comme non-binaire. Et j’ai eu un positionnement où, bien évidemment, je croyais et je soutenais cette femme-là, mais je m’outrais que d’autres  camarades puissent mégenrer  l’agresseur. C’est-à-dire que l’agresseur était genré au masculin par ces femmes-là, qui avaient compris l’arnaque transactiviste, et moi je leur disais : «  OK, iel  a agressé telle femme, mais ce n’est pas une raison pour ne pas le considérer comme le genre dans lequel il s’identifie, donc comme une personne non-binaire ». Un discours qui était absolument insupportable, bien sûr, pour la victime et pour les camarades qui n’étaient pas dupes.

Et là, moi j’ai eu du mal à passer dans le camp RadFem avec ces femmes-là, qui elles, avaient fait le switch, c’est que leur passage de transactivistes à RadFems a été fait sans expliquer au reste du groupe  ce qu’il en était. C’est-à-dire qu’elles avaient fait la bascule, mais sans nous accompagner dans cette bascule. Et nous, nous étions restées (parce qu’il n’y avait pas que moi dans le groupe), nous étions restées du côté transactiviste. 

On n’a pas vu, en fait, comment s’est faite la bascule.

Et moi je me suis retrouvée un peu perdue, en me disant : « Je ne comprends pas mes camarades, qui étaient de mon côté, que j’appelle maintenant transactivistes, mais que j’appelais être féministes, de vraies féministes, parce que les autres, les fausses féministes, qui ne sont pas du côté des personnes trans, ce sont des fausses féministes, parce que si t’es féministe, c’est pour toutes les femmes, et vu que les hommes transidentifiés sont des femmes, alors tu ne peux pas être féministe si tu n’es pas du côté des hommes transidentifiés.

Donc j’étais perdue, et le groupe s’est séparé, et je me suis détachée des RadFems.

Et j’ai eu mon premier peak trans,  – ce qu’on appelle le peak trans, c’est lorsqu’on a une prise de conscience sur le transactivisme –  j’ai eu cette première prise de conscience lorsqu’un homme du groupe, (je ne me souviens plus s’il se considérait comme non-binaire ou s’il se considérait comme une femme),  alors que je prenais la défense de la femme qui avait subi le viol, m’a dit :

« Toi, de toute façon, tu crois toujours la femme qui a le vagin par rapport à la femme qui a le pénis,  comme tout le reste de la société. »

Et là, je me suis dit : « Attends. Mais ce qu’il me dit il ne se base sur rien, parce que le reste de la société, lorsqu’il y a un viol, croit TOUJOURS la personne qui a le pénis sur la personne qui a le vagin ! De quoi est-ce qu’il me parle ? Jamais on ne va croire la personne qui a le vagin sur la personne qui a le pénis ! »

Donc là, j’ai commencé à me poser des questions, surtout avec la violence avec laquelle qu’il l’avait dit : il avait vraiment essayé, pour le coup, de me silencier. Me silencier,  c’est-à-dire que je défendais une victime par rapport à un agresseur, et lui il était en train de me dire : « Tais-toi, parce qu’une femme avec un pénis est plus légitime qu’une femme avec un vagin ». C’était vraiment son discours.

Et j’ai mis quelques années, peut-être entre deux et cinq ans, pour vraiment que je bascule de transactiviste à RadFem,  en faisant une longue pause à mi-parcours, où je pensais avoir un positionnement neutre, rationnel, et cohérent.

Je me disais : « Bon. Les femmes trans subissent quand même pas mal de violences de la part de la société. Elles se font nier leur identité par ces sales TERFs, c’est vraiment horrible. Elles subissent des viols et des agressions, donc elles méritent vraiment notre soutien, notre protection. Les TERFs sont inhumaines de les considérer comme des hommes. Ce ne sont pas des hommes, elles ne sont pas perçues comme des hommes dans la rue. Par contre, certains transactivistes, (que je n’appelais toujours pas transactivistes quand j’étais dans ce positionnement-là), ont tort de dire aux femmes de ne pas parler de clitoris, parce qu’en ce moment on en entend trop parler, et qu’il n’y en a que pour ces sales « cis ». Elles ont tort de s’en prendre violemment à des femmes, alors que les femmes font partie du groupe des opprimés. Elles ont tort de reprendre violemment des femmes qui, en fait, n’ont juste pas connaissance de notre idéologie (bien sûr, à l’époque, je ne disais pas idéologie, je disais, les femmes ne sont juste pas renseignées sur ce que c’est qu’être trans) . Elles ne savent pas, il suffit d’un peu de pédagogie, pour leur faire entendre raison, et donc être violentes avec elle, ce n’est vraiment pas la bonne solution. »  

Donc voilà : j’avais un positionnement où je me rendais compte de l’arnaque transactiviste, mais sans mettre encore les bons mots dessus.  Et où, à la fois je voulais défendre les personnes trans, et les reconnaître comme elles s’identifiaient, et où je voulais quand même ne pas être dans le camp du mal.

 Il y avait quand même cet « épouvantard » que sont les TERFs.  Avant qu’on ait l’usage de ce mot TERF, il y avait « féminazie », il y avait « féministe radicale », (mais pas dans le sens dans lequel nous, on l’entend, mais dans le sens « des personnes qui sont ignorantes  de ce qu’est la RadFémie, et qui vont parler de féministes radicales pour parler de personnes qui ont des propos ou des positionnements un peu trop extrêmes pour eux). Et donc cet épouvantard de la féministe radicale et de la TERF, me tenait à l’écart  de mes sœurs de lutte, me tenait à l’écart d’un discours, où je refusais même de lire des articles s’il y en avait… le fait que cette personne-là, ou ce groupe-là, soit relié à ce qui était considéré comme TERF,  donc notamment Osez Le Féminisme.  

Osez le féminisme était vraiment diabolisée dans les milieux transactivistes. Et donc, ça éloigne du discours qui est porté par ces femmes-là. Et donc, lorsque l’on a des groupes de femmes qui sont considérées vraiment comme des ennemies, vraiment les pires ordures que la terre ait portée, même si leur discours est plein de bon sens, on a du mal à s’en approcher. Et en fait, il faut absolument que ça soient des personnes de notre entourage, bienveillantes, et avec du temps et de la patience, qui nous permettent de sortir de ce dogme-là, en étant à nos côtés, en posant des questions, de la même manière que lorsque l’on essaye de sortir quelqu’un d’une secte ou d’une pensée sectaire dangereuse.  

On a les zététiciens, les sceptiques,  qui donnent un mode d’emploi pour sortir une personne d’une pensée irrationnelle. Et c’est ce genre de conseils-là, qu’ils donnent : c’est de rester proche de la personne, de ne pas se confronter trop violemment à ses idées, mais au contraire d’essayer de lui faire prendre conscience par elle-même, en lui posant des questions…

En fait, pour pouvoir aider quelqu’un à se sortir d’une idée, il faut être de son côté. Il ne faut pas être l’antagoniste, il ne faut pas représenter l’ennemi.

Donc voilà. En positionnant les féministes radicales, les féministes comme étant une insulte à base de transphobie, à quoi on ne veut absolument pas être associées, on arrive à nous éloigner, en fait, de discours qui pourraient nous aider à évoluer.

RDG – Mais alors du coup, en fait, qu’est-ce qui t’a amenée, à un moment donné, à ouvrir les yeux par rapport à cette question, sur les horribles TERFs, cruelles et haineuses, que nous sommes ?

Floriane –  C’est justement le fait de parler avec des femmes qui étaient un peu « sous couverture ». C’est-à-dire que, bien évidemment, lorsque l’on parle avec des camarades RadFems ou des camarades féministes,  elles ne vont pas oser s’identifier forcément comme RadFems  ou forcément comme critiques du genre… parce qu’elles ne savent pas à qui elles ont à faire face et parce que leur intégrité physique peut être compromise. Et moi, j’avais un petit groupe de personnes, des personnes que j’avais rencontrées alors que j’étais transactiviste et qui étaient elles-mêmes transactivistes, notamment ma meilleure amie,  et deux ou trois autres amies proches. Et entre nous, en discutant, on a cheminé tranquillement, au fur et à mesure des années, en s’éloignant, mais en gardant ce positionnement un peu neutre.  Ensuite, il y a eu des scissions avec certaines d’entre elles, qui me trouvaient trop « transphobe ».  C’est-à-dire que j’avais, pour elles, dépassé une ligne, lorsque j’ai mis un nom sur le groupe dont nous parlions. C’est-à-dire que, comme je vous le disais, pour nous il y avait les trans, qui étaient des personnes à aider et à défendre,  qui était l’ensemble de la  communauté trans. Et il y avait quelques brebis galeuses qui étaient les transactivistes.  Et on n’avait pas mis le mot  sur ces personnes-là. Et moi, j’ai mis le mot sur les personnes violentes, en disant que, bien évidemment, je n’ai pas de haine pour les personnes trans, mais les personnes qui posent problème, ce sont les transactivistes,  c’est-à-dire les personnes, qu’elles soient trans ou pas, (le fait qu’elles soient transidentifiées n’entre même pas en ligne de compte),  mais qui vont avoir des discours, des positionnements violents envers les femmes, et leur reprocher le moindre langage qui pourrait ne pas inclure les personnes transidentifiées dans le discours.

Et en fait, le fait d’avoir mis le mot transactiviste sur ce groupe-là m’a fait être mise au ban de ce groupe de personnes, qui se considéraient comme neutres sur la question du genre, ou comme ayant une posture rationnelle.  Et donc, déjà, moi j’ai été poussée du côté des TERFs.  Et j’ai été insultée de TERF  ensuite, par des personnes qui se considéraient comme critiques du genre.  Parce que bien sûr, n’importe qui peut s’auto-appliquer n’importe quel label, c’est justement le sujet dont on est en train de parler.

Et je suis entrée sur un groupe Facebook qui s’appelait :  « les queers contre le genre »  ou quelque chose comme ça, en pensant, justement, pouvoir échanger et avoir des discussions intéressantes avec des personnes qui avaient un positionnement logique, rationnel sur la question du genre. Je pensais parler avec des personnes qui étaient atteintes de dysphorie de genre, mais qui ne liaient pas le fait d’être une femme à un ensemble de stéréotypes, qui ne reniaient pas la réalité de la biologie du corps des femmes. Juste, qui se sentaient appartenir à un sexe qui n’était pas le leur. Qui, pour cette raison-là, pouvaient adopter des stéréotypes correspondants à ce qu’on applique à ce sexe là, mais sans considérer que leur expérience, que leur dysphorie de genre, était une réalité à prendre en compte comme étant le fait d’être une femme. « C’est ce que moi je ressens, et non pas la réalité biologique du sexe qui est le nôtre ».

RDG –  Autrement dit, être une femme c’est plus un ressenti qu’une réalité biologique, c’est ça pour ces personnes ?

Floriane –  Pour les transactivistes, oui. On sait qu’être une femme, c’est un ressenti. Mais lorsque des personnes se considèrent comme «queers  contre le genre » je pensais que c’était des personnes qui souhaitaient pouvoir correspondre à n’importe quels, je ne sais pas, codes vestimentaires, comportements, qui pourraient être associés aux femmes, dans les stéréotypes de genre, sans pour autant être dupes sur le fait que ce n’était pas ça, être une femme. Et que le genre était à abolir.

RDG –  Effectivement, c’est compliqué, parce que là tu nous parles de personnes qui sont queers, qui renforcent et qui jouent avec les stéréotypes de genre, en faisant semblant de jouer avec, mais finalement sans les critiquer !

Floriane –  Ça pourrait être des personnes qui ne correspondent pas aux stéréotypes de genre, des hommes qui vont s’attribuer ce qui est en fait des outils de notre oppression.  Mais, à la limite, des hommes qui vont mettre des talons, des jupes, du maquillage, en sachant que le genre, c’est une oppression que nous subissons, sur la base de notre sexe, et que le fait, pour eux, d’adopter ces stéréotypes-là ne fait pas d’eux des femmes. Néanmoins, dans la société dans laquelle on vit, ils sont obligés de se considérer comme femmes, parce que c’est ce que la société va leur renvoyer. Voilà. Je pensais tomber sur des personnes, en fait, dans le groupe « queers critiques du genre »,  qui avait une réflexion assez matérialiste sur le genre, tout en, eux-mêmes ne correspondant pas à ce que l’on attend d’eux, basé sur leur sexe, se retrouvent dans la société avec une place un peu particulière. Et en réalité, quand je suis arrivée dans ce groupe-là, je suis tombée sur le témoignage d’une personne qui disait que, vu qu’elle avait été violée par des « personnes cis », –  en fait j’imagine qu’elle a été violée par des hommes, en tout cas la grande majorité des personnes qui violent ce sont des hommes -,  mais elle, elle disait : « J’ai été violée par des personnes cis,  donc maintenant je vais violer des personnes cis.  Il n’y a pas de raison que moi-même, je ne viole pas des personnes cis,  puisque j’ai été violée par des personnes cis.  Donc œil pour œil… »

Et donc j’ai dit à cette personne que je ne voyais pas à quel moment c’était féministe de prôner le viol, contre les personnes cis,  donc elle incluait, en plus, les femmes. Bon, il n’y a rien de féministe à vouloir violer des hommes, mais là en plus, en se prétendant du féminisme, elle parlait de violer indifféremment l’oppresseur et l’opprimée de la hiérarchie du genre basée sur le sexe.

RDG –  Sauf que dans sa logique, l’oppresseur c’est la « personne cis », homme ou femme.

Floriane –  Voilà ! Donc en fait, on a, comme je le disais tout à l’heure, une espèce de  groupe social où les hommes et les femmes qui se considèrent comme hommes et femmes, qui ne renient pas leur sexe, seraient à égalité dans l’oppression des personnes trans ! Or les personnes qui violent, qui tuent, les personnes trans, lorsque ça arrive… sont des hommes ! Ce ne sont pas les femmes qui commettent ces gestes-là, et ce ne sont pas les femmes qui commettent ces gestes-là de manière massive. Donc voilà.

 Là, c’est la première fois, dans cette discussion, lorsque j’ai dit à cette personne trans qui appelait à violer les « cis »,  lorsque je lui ai dit que son positionnement n’était pas féministe, et sans avoir de propos plus violent que ça, c’est la première fois où je me suis fait traiter de TERF.  Et en fait, le fait d’être mise dans la catégorie TERF, ça aide à embrasser le discours RadFem. Parce qu’en fait on est déjà dans cette catégorie. Donc on a plus rien à perdre. Donc je vous disais, tout à l’heure, que les quelques années où je suis restée un petit peu « entre deux eaux », c’est parce que justement j’avais cet « épouvantard »  de la TERF… à partir du moment où je suis devenu une, dans les yeux des autres, ça a été beaucoup plus facile pour moi de me rapprocher du discours des TERFs.  Ah OK, je suis une TERF  parce que j’ai des propos qui se basent sur du matérialisme, sur des preuves scientifiques, sur des arguments rationnels ? Dans ce cas-là, autant aller voir ce que disent les copines TERFs,  parce que moi je suis une TERF  en tenant ce discours-là, ça veut dire que les discours TERFs  ne sont pas aussi étranges et aussi oppressifs et violents que ce que je m’étais imaginé. Donc ça m’a beaucoup aidée !

Merci aux transactivistes qui m’ont traitée de TERF :   vous m’avez vraiment aidée  dans le fait de me renseigner, de faire mes propres recherches, comme le disent les personnes qui se trouvent dans des sectes. Et pouvoir, justement, me sortir de ce dogme-là.

Et  j’ai rencontré ensuite des féministes radicales, donc notamment une féministe radicale que je ne vais pas citer parce que je ne pense pas qu’elle soit outée en tant que TERF,  mais avec laquelle j’ai eu des discussions qui étaient au-delà de ce que moi je pense, qui était « plus violente » que ce que moi je pense : elle appelait les femmes trans des « hommes en jupe ». Et on a eu une réunion avec  Julia Long. Elle, je peux la citer parce qu’elle est clairement identifiée comme TERF. Julia Long,  c’est une féministe anglaise, je l’ai rencontrée à Londres, et on a bu un verre avec elle. Et là, j’ai pu avoir des discussions assez intéressantes sur ce que c’est que le genre, sur ce que c’est qu’être une femme. La question justement du fait de ne pas avoir de définition dans les milieux transactivistes, dans l’idéologie transactiviste… Ça a  fini par me convaincre de l’arnaque dans laquelle je m’étais trouvée durant pas mal d’années. Et j’ai conservé  un positionnement qui était un peu plus, tout en étant bien décalé vers la radfémie,  en étant autant dans la radfémie  que certaines collègues, parce que certains discours ne me parlaient pas. Notamment, le fait de dire que les femmes trans étaient des hommes en jupe, à ce moment-là, ça me paraissait assez violent, puisque je les considérais toujours comme des personnes à protéger, comme un groupe social particulièrement vulnérable.

RDG –  Pourquoi penses tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie ?

Je pense que cette idéologie est une menace pour les femmes, parce que si on ne peut pas nommer nos corps, si on ne peut pas nommer nos oppressions, on ne peut pas lutter pour nos droits efficacement.

On ne peut pas dialoguer efficacement, on ne peut pas faire passer les messages  qu’on a besoin de faire passer.

Parce que si on enlève la substance d’un mot, si on prend un mot et qu’on le vide de sa substance, et qu’il devient une coquille vide, on ne peut plus l’utiliser pour faire passer les concepts qu’il contenait au départ. 

Et on le voit, c’est très présent au niveau par exemple des serviettes hygiéniques, des protections hygiéniques.

Depuis quelques années, il y a la question des protections hygiéniques lavables, et on a une communication dans ces entreprises-là, qui se tourne surtout vers des jeunes femmes, des très jeunes femmes, des adolescentes qui commencent à avoir leur puberté, à avoir leurs règles, et qui se tournent vers ces produits lavables, puisque c’est ce qui se fait en ce moment, et qui est considéré comme mieux pour le corps, pour le porte-monnaie, etc.…  On a beaucoup de jeunes femmes qui sont dans l’idée de bien faire les choses, et notamment d’un point de vue écologique, qui vont se tourner vers ces sociétés.

Et on n’a plus l’utilisation du mot « femme » dans les communications de ces marques.

Je suis en train d’essayer de faire un benchmark,  justement, pour voir comment les marques parlent de leurs clientes. Et parlent de leurs produits.

Et pour certaines d’entre elles, le mot « femme » n’apparaît plus.

On se retrouve, du coup, avec des communications où on ne sait pas de qui on parle et de quoi on parle, et où les femmes sont réduites, en fait, à leurs organes sexuels.

Donc c’est ce que nous reprochent les transactivistes, ils nous reprochent d’être essentialistes et de considérer les femmes comme des utérus…

En réalité, c’est l’inverse qui se passe, puisque là, ce que nous, ont considérait comme étant compris dans le mot  « femme », eh bien maintenant on va dire que… on va utiliser les mots « personnes qui menstruent » ou « personnes ayant un utérus » ou « personnes ayant leurs règles » et on ne va plus du tout parler du groupe social qui  comprend ces personnes-là. 

Ici, je parlais de serviettes hygiéniques, mais si on applique ça au monde du militantisme, on va avoir des communications comme, je vais dire un chiffre au pif, « 60 % des personnes sexisées subissent des violences ».

On ne parle plus de hiérarchie, d’un sexe sur un autre, on ne parle plus de qui commet les violences et de qu’il subit, on a un ensemble de personnes qui subit des violences, et un ensemble de personnes qui commet ces violences. Mais on ne peut plus nommer qui sont les acteurs de cette hiérarchie. Si on ne peut plus les nommer, on ne peut plus efficacement se battre pour faire cesser ces violences, puisqu’on ne sait plus qui protéger, et contre qui. 

On ne dit plus que ce sont les hommes qui commettent des violences contre les femmes.  Même si, au final, le mot « homme » est assez peu impacté dans le milieu transactiviste. C’est-à-dire  qu’on a assez peu «  porteurs de prostate », on a assez peu « personnes ayant une absence de glande mammaire développée ».

RDG –  Oui, c’est assez rare !

Floriane –  Ou « personne ayant des poils au menton », c’est assez rare ! Le mot « homme » est encore utilisé, mais en parlant d’hommes cis. Donc les hommes cis commettent des violences. Sauf que la différence, entre un homme cis  et un homme  qui s’identifie comme une femme,  c’est juste… le fait de le déclarer ! On parle d’une catégorie « homme » qui engloberait les femmes qui s’identifient comme des hommes, on parle de violences commises par un groupe dans lequel  il y a des personnes, qui sont en fait des femmes, et qui sont les premières victimes du groupe dans lequel elles s’identifient. Donc on se retrouve avec des mots qui perdent leur sens, et avec une communication qui est impossible, et l’impossibilité de dénoncer les violences commises par les hommes sur les femmes.

Et on a aussi la question de l’homosexualité.

Si on n’a plus de catégories « hommes » et « femmes »  qui se basent sur le sexe, la question de l’homosexualité perd aussi sa définition. Et on le voit très nettement, surtout sur les réseaux sociaux, c’est assez courant. C’est un discours, vraiment, qui existe, de dire aux personnes… aux lesbiennes et aux personnes bi…  qu’elles sont transphobes  du fait d’être lesbiennes et bi. 

Pour les personnes bi,  c’est parce que si on utilise le mot « bi »  et non pas « pan »  alors, ça veut dire qu’on refuse de relationner avec des personnes qui s’identifient comme non-binaires,  donc, qu’on est transphobe.  Donc ça n’a déjà pas beaucoup de sens, parce que les personnes « bi »  relationnant avec  les personnes des deux sexes, la question de la manière dont s’identifient ces personnes n’entre pas en ligne de compte dans les relations que peuvent avoir les personnes bi  avec leurs partenaires. Donc ça n’a pas beaucoup de sens, cette critique sur les bi.

Et sur les lesbiennes, c’est carrément dangereux. Puisque le discours qui existe auprès des lesbiennes, c’est de leur expliquer que si elle ne relationnent  pas avec une personne qui s’identifie comme une femme, alors qu’elles se disent lesbiennes, sur la base du fait que cette personne soit en réalité un homme, alors elles sont transphobes. Puisque le discours, je l’ai dit de manière « RadFem »,  mais le discours c’est : « si vous ne voulez pas relationner avec une femme trans parce qu’elle est trans, alors vous êtes transphobe,  et vous n’êtes pas une lesbienne, vous êtes une fétichiste de la vulve. »

Donc c’est assez déshumanisant, déjà de réduire les femmes à leur vulve. Ce que les transactivistes  nous reprochent, mais qu’il font eux-mêmes, puisque bien sûr, nous, en tant que lesbienne, lorsqu’on voit une femme, on ne voit pas une personne qui a une vulve. On ne s’intéresse pas… on a par une attirance ou une excitation qui est liée au fait que cette personne porte une vulve.  Le sexe c’est, en réalité, plus large que les organes sexuels primaires : on a des caractéristiques sexuelles secondaires qui entrent en ligne de compte, bien évidemment, dans le sexe. On a : la voix, la taille,  la  répartition graisseuse, la pilosité, la répartition musculaire… on a en  réalité tout un tas d’éléments qui font partie du sexe, et vers lesquels, nous, les lesbiennes, on est attirées. On est attirées par les personnes qui appartiennent ce sexe là. Et ces personnes peuvent être extrêmement diverses, bien évidemment chacune d’entre nous va avoir ses préférences, mais on ne va pas être attirées par toutes les personnes qui ont une vulve. On va être attirées par des femmes, et ça va être ça, notre point commun : on va être attirées uniquement par des femmes.

Et en fait on nous rabaisse, à nous considérer comme fétichistes de la vulve si on ne veut pas coucher avec des hommes. Avec des hommes qui nous affirment ne pas être des hommes. Donc, voilà : il y a un danger  pour les femmes en général, et un danger particulier concernant les lesbiennes, puisqu’il y a une espèce de  pression qui fonctionne. Parce que si vous …

Je parlais plus tôt du fait que moi j’étais tombée dans le transactivisme parce que je voulais être une bonne personne, je ne voulais absolument pas être cataloguée comme transphobe,  et donc du coup j’écoutais ce qu’on me disait. Et en plus, nous les femmes, on est éduquées à avoir de l’empathie, donc on a tendance à vouloir vraiment ne pas être dans le mauvais camp.  Et si vous répétez  à une lesbienne, au sein de sa communauté, la communauté LGBT,  la communauté  dans laquelle elle se sent bien,  parce qu’elle subit de la lesbophobie en dehors,  et que là c’est un endroit qui lui donne l’impression d’être safe, qui ne l’est en réalité pas, mais qui est un endroit où elle pense être avec des pairs, dans le sens de « personnes identiques à elles », et où elle pense pouvoir faire confiance aux personnes qui l’entourent, qui sont sa famille, sa nouvelle famille. Surtout les lesbiennes qui ont parfois des  problèmes avec leur famille biologique, en raison de l’homophobie. Donc cette personne-là, qui du coup est particulièrement sensible à ce que vont  leur dire les personnes du milieu auquel elle appartient,  si on lui dit qu’elle est transphobe de refuser de relationner avec une «femme trans »,  elle ne va pas immédiatement relationner avec une « femme trans »  mais l’idée va plus facilement faire son chemin.

Elle va se dire : « oui, c’est vrai, c’est vrai, je dois avoir un problème, il faut que je me soigne. Il faut que je me déconstruise. Je suis fétichiste de la vulve.  Les femmes trans sont des femmes, on me le répète suffisamment, je le crois en plus… je vois bien mes sœurs, femme trans, qui sont de vraies femmes… et elles vont pouvoir, justement, se créer une espèce de–je ne sais pas si ça va être le bon mot, mais–une espèce de « viol contre elle-même », où bien sûr, elles auront été manipulées, et où elles vont se convaincre d’être consentantes pour une relation, pour laquelle elle n’auraient en réalité pas été consentantes sans cette manipulation-là.

RDG –  C’est de la thérapie de conversion, en fait, ce que tu décris.

Floriane –  Voilà. C’est de la thérapie de conversion, tout à fait. Moi j’ai failli tomber là-dedans, dans cette thérapie de conversion. C’est-à-dire qu’à un moment, je me suis posé la question. Je me suis dit : « oui, les femmes trans sont des femmes. Pourquoi je ne pourrais pas… ça ne me tente pas du tout, mais… » et j’ai failli, même… je me suis posé la question de la prostitution!

Ils arrivent à utiliser le féminisme, à utiliser notre moyen de nous libérer de leur oppression, et de nous libérer de  l’exploitation sexuelle qu’ils nous font subir. Et ils arrivent à te twister ça  pour faire en sorte qu’on cautionne notre propre exploitation!

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner, ici, de façon anonyme ?  Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ? Je crois que tu en as déjà assez dit, mais est-ce que tu peux développer s’il te plaît ?

Floriane –  J’ai choisi de témoigner de manière anonyme, parce qu’on peut subir des représailles d’avoir des propos aussi banals que ceux qu’on a aujourd’hui. Et notamment, ça peut nous nuire d’un point de vue professionnel. On peut se retrouver face à des personnes qui ont cette idéologie-là, et qui vont te faire subir des pressions, que ce soit du harcèlement, que ce soit du doxxing,  que ce soient des manques de chances professionnels. Quelqu’un qui va se dire « non, cette personne-là est oppressive, cette personne-là est du côté du mal, comme on le disait tout à l’heure avec le fait qu’avoir des propos de féminisme radical peut être considéré comme étant TERF,  c’est-à-dire comme étant transphobe,  donc du mauvais côté de la barrière. Pour l’instant, je n’ai pas subi moi-même de harcèlement, puisque je ne suis pas visible sur les réseaux. Voilà. Je ne suis pas un compte très gros, comme peuvent l’être Marguerite Stern, ou Joana, de « Bois mes règles ». Par contre, j’ai déjà eu une personne, donc un homme qui s’identifie comme femme, qui, à l’époque où j’étais encore transactiviste,  s’est invité dans mes DM,  parce que j’avais commenté, un commentaire totalement « néant » sur une publication Facebook, et il en a profité pour arriver dans mes DM,  en utilisant ce prétexte. Donc, en fait, un comportement d’homme. Mais je ne l’avais pas identifié comme ça à l’époque. Parce que c’est quand même très rare que les femmes utilisent le prétexte d’un simple commentaire pour se permettre de venir interagir assez intimement avec une personne sur les réseaux sociaux, et essayer de mettre en place une relation romantique.

Donc, cette personne-là est venue, cet homme-là. Je lui ai dit que je n’étais pas intéressée par le fait de discuter avec lui,   sans le mégenrer,  ou quoi que ce soit à l’époque.  Et j’ai appris par la suite qu’il avait envoyé des photos de son pénis à des camarades à moi.  Et donc, à partir de ce moment-là, j’ai dénoncé ses agissements. Sauf que, comme je dénonçais les agissements sexistes d’un homme qui s’identifiait comme femme, j’ai été considérée comme transphobe.  Et il a essayé de me faire passer comme telle dans les milieux féministes, et notamment dans l’association féministe dans laquelle j’étais à l’époque,  en essayant de me faire virer d’une association féministe, et en essayant de, lui, entrer à ma place dans cette association. La présidente de l’époque avait eu une très bonne réaction en lui expliquant que s’il voulait entrer dans une association dans laquelle était présente une personne avec laquelle il ne s’entendait pas, ce n’était pas une bonne idée ; et que soit il pouvait militer au sein de l’association dans un autre pôle et ne pas me croiser, soit renoncer à aller dans l’association. Mais qu’elle n’allait pas me virer pour lui faire de la place. Mais c’est quand même une tentative qui a été faite. 

Donc c’est toujours un risque…  C’est toujours un risque.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Floriane –  Tout à l’heure, j’ai raconté la première fois où j’ai été qualifiée de TERF, donc dans cette discussion  sur un groupe Facebook sur le viol.

Et la seconde fois où j’ai été qualifiée de TERF,  c’est aussi une anecdote qui me reste en mémoire, puisque c’était à l’époque où j’étais encore transactiviste,  et où j’ai commenté sous un article qui relatait le témoignage d’une… d’un homme transidentifié, donc une femme trans,  qui indiquait se sentir femme depuis qu’elle avait subi une opération chirurgicale lui permettant d’être pénétrée par le pénis d’un homme. Et donc ce « néo-vagin »  a été synthétisé avec la peau d’un poisson. Et vraiment, dans son témoignage dans l’article, elle disait clairement qu’elle se sentait femme depuis qu’elle pouvait être pénétrée par le pénis d’un homme. Et qu’avant ça, elle voulait même rester célibataire parce qu’elle ne pouvait pas être pénétrée ! Elle avait un néo-vagin  qui était trop étroit avant qu’on ne sacrifie ce pauvre poisson pour utiliser sa peau afin  de synthétiser un orifice plus adapté à la pénétration. Et j’ai commenté en ayant un positionnement qui n’était pas du tout contre les hommes transidentifiés ou contre les opérations de réassignation de sexe. Je ne critiquais même pas, à l’époque, l’utilisation du mot vagin pour parler de cette opération. Alors qu’il y a aussi pas mal à en dire là-dessus.  J’avais juste parlé du fait que le fait d’être pénétrée par un homme ne fait pas d’une personne une femme. Et que le fait d’avoir sacrifié un animal pour créer un organe au profit d’un homme…  à ce moment-là je n’ai pas dit «d’un homme », en plus je considérais cette personne comme une femme trans, comme une femme… mais sacrifier un poisson pour synthétiser un trou permettant d’être pénétré par un homme… je ne comprenais pas du tout que ça puisse être applaudi, et qu’on puisse avoir des réactions avec des émojis « cœur »  en réaction à cet article là, publié sur les réseaux sociaux.

Donc à ce moment-là, j’ai été… mon commentaire a été très mal reçu et j’ai été qualifiée de TERF  alors que j’essayais de garder un discours tout à fait rationnel, raisonnable, ne critiquant pas les trans, mais critiquant le fait de considérer comme étant une femme, une personne qui pouvait être pénétrée par un pénis d’homme.  Et j’ai eu, plus tard, des réflexions sur le fait de considérer comme étant un vagin, quelque chose qui est en fait juste un orifice destiné à recevoir un pénis. Puisqu’un vagin, ce n’est pas ça. Déjà, ce n’est pas un orifice, ce n’est pas un trou. C’est un réel organe, complexe, avec un clitoris qui est de la même taille, du même ordre de grandeur, que l’est le pénis, qui a un nombre, je ne saurais plus ressortir le nombre énorme…

RDG –  11 000 !

Floriane – 11 000 terminaisons nerveuses dédiées au plaisir.  On a une lubrification. C’est quand même magistral, lors de l’excitation ont produit de la cyprine.  On a un organe qui est autonettoyant, est un organe qui nous permet notamment, qui a la possibilité de faire… voilà, c’est pas directement la vulve ou le vagin, qui permettent de donner la vie, c’est un conduit qui permet d’évacuer l’enfant… mais on a quand même tout un tas d’organes génitaux qui permettent de créer un être humain, et de le faire passer de manière plus ou moins sécurisée vers le monde extérieur. Et en fait, on utilise  le même mot, de “vagin” ou de “néo vagin”, pour parler de quelque chose qui n’a rien à voir avec cet organe. Donc c’est assez insultant pour les femmes, de comparer un organe aussi complexe que le nôtre, au simple fait de pouvoir être pénétré par un homme. Comme si c’était le but de notre vagin, comme si on était une femme si on était pénétrée par un pénis. Parce que le fait pour un homme  trans identifié de créer ce qu’ils appellent  un néo vagin, ça a cette seule fonctionnalité-là, il n’y a pas d’autre fonctionnalité liée au fait de créer ce néo vagin-là.

RDG –  Et tout ça en peau de poisson !

Floriane –  Et tout ça en peau de poisson, en plus. Donc en sacrifiant, bien sûr, un animal juste pour un confort, pour correspondre à une idéologie. Donc ça, c’est assez dramatique.

RDG –  Dernière question : as-tu quelque chose à ajouter ?

Floriane –  Alors là, on a parlé du genre et du transactivisme,  puisque c’est le sujet du podcast. Mais en réalité, ces idéologies transactivistes, elles sont liées… c’est tout un package qui va ensemble, généralement. Et notamment, avec d’autres questions du féminisme libéral, pour celles qui le considèrent comme un féminisme. J’en fais plus ou moins partie, puisque il y a dans ces personnes-là, des femmes sous emprise. Donc je ne les considère pas comme mes ennemies,  elles essayent de lutter pour leurs droits. Ce sont des femmes qui sont mises sous emprise et qui n’ont aucun avantage, aucun bénéfice à accorder du crédit à ces dogmes-là. Elles le font vraiment par bonne foi, en pensant être dans le vrai, être du bon côté, être du côté des droits des personnes. Elles essayent d’apporter un maximum de bon dans le monde, et elles pensent réellement que c’est la meilleure manière de le faire. Donc on se retrouve avec des femmes, souvent très jeunes, à qui on va expliquer que leur exploitation sexuelle, c’est en fait une libération, et quelque chose qui leur donne du pouvoir. Et on se retrouve avec des femmes à qui, sous prétexte de leur dire d’accepter leur corps, ou d’accepter leur sexualité, ou leur dire qu’elles ont le droit à avoir une sexualité épanouie, on va déformer ce discours-là, pour leur faire croire que le fait que des hommes  aient la possibilité de les exploiter sexuellement, ça leur donne du pouvoir.  

Donc, on a dans les mêmes milieux que les milieux transactivistes, des proxénètes, des prostitueurs, qui vont pousser des femmes, souvent jeunes, souvent sous emprise, sous pression de la communauté à laquelle elles pensent appartenir, on va les pousser à accepter … de faire des photos nues parce que,  sous prétexte de ne pas « bodyshamer » et de ne pas « slutshamer » , on va leur faire  croire que c’est une bonne manière, de se libérer, que de laisser l’opportunité à des hommes de les exploiter sexuellement, et de se mettre à leur disposition. On a récemment Olly Plume,  donc une femme qui avait comme pseudo Olly Plume et  qui était très alliée de proxénètes  et très embrigadée dans la porno–prostitution, elle faisait des cams.  Donc elle se faisait payer pour se masturber devant des hommes à travers un écran, et elle en est arrivée à de la prostitution, puisque je sais qu’elle a fait notamment des scènes avec son copain de l’époque qui était considéré comme un pro-féministe.  Et suite à ça, elle a changé… enfin, elle s’est considérée comme étant un homme. Elle a subi des opérations irréversibles. Elle a subi une mammectomie si je ne me trompe pas. Je ne sais pas si elle a subi d’autres opérations, je ne m’en souviens plus. Elle a pris de la testostérone qui, on le sait, a des conséquences sur la santé des femmes à long terme. Et puis, au bout d’un moment, elle s’est rendue compte de l’arnaque transactiviste, et elle a fait marche arrière. Elle se considère maintenant de nouveau comme une femme, et elle a écrit un texte assez bien écrit, qui parle justement de la violence du milieu militant, et de ce qui l’a fait tomber dans la porno-prostitution, en tant que très jeune femme. Et elle nous décrit son expérience, et les traumas qui y sont associés, et ça elle ne pourra jamais s’en défaire. Elle ne pourra jamais revenir en arrière sur les opérations qu’elle a subies, et sur les viols qu’elle a dû endurer. Les viols rémunérés.

Les sœurs qui m’écoutent…  on a discuté un petit peu, tout alors, des mécanismes psychologiques qui se mettaient en place, et de l’emprise, et du fait que l’on soit enfermées dans nos groupes sociaux, avec des gens qui nous ressemblent…  donc les femmes qui risquent de m’écouter sont peut-être déjà convaincues par ce que je vais dire. Et certainement que les femmes qui sont plutôt du côté transactiviste, me considérant comme l’ennemie, ne vont pas porter attention, ou crédit à mes propos. 

Mais si jamais l’une d’entre elles passe par ici, peut-être dans un but de débunkage, ou de contredire les propos de la partie adverse, je veux lui dire qu’on sera là pour elle le jour où elle voudra se confier, où elle aura… malheureusement, je ne lui souhaite pas, mais où elle risque d’avoir subi des violences de la part de transactivistes, de la part d’hommes s’identifiant comme femmes, et qui auraient utilisé ce levier pour pouvoir lui faire subir des violences psychologiques, physiques, sexuelles… il ne faut pas qu’elle  hésite à changer d’avis. Elle ne va pas perdre en crédibilité, elle ne va pas perdre en cohérence, en tant que personne. On change d’avis, on évolue, on se renseigne.

Et moi aussi, j’étais transactiviste il y a quelques années, et je sais que certaines personnes peuvent être assez dures (ça m’est arrivé, de la part des camarades dont je vous parlais tout à l’heure, celle qui sont passées de LibFem à RadFem sans nous accompagner dans cette démarche :  elles m’ont ensuite reproché d’avoir changé de camp, moi aussi,  donc d’être allée dans leur camp à elle, comme s’il s’agissait d’une guerre d’ego,  ou d’une guerre de chapelles) mais mises à part ces exceptions, les RadFems  seront là : elles savent ce que c’est. Elles ont été, pour certaines d’entre elles, transactivistes avant.

Et elles seront là pour écouter et pour accompagner les femmes qui se posent des questions sur le transactivisme.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

Le blog de Christine Delphy

Nouvelles questions féministes

TRADFEM

Collective de traduction de textes féministes radicaux

Rebelles du Genre

"Comment je suis devenue critique du genre"

WordPress.com en français

Toutes les nouvelles de la communauté WordPress.com

Noues Femmes

La french touch de la WHRC

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer