Axelle – Je suis Axelle, je vis sur Strasbourg. J’ai 25 ans et je suis détrans, c’est-à-dire que pendant 7 ans à peu près je me suis identifiée comme un homme. J’ai pris de la testostérone pendant 5 ans et j’ai fait une mammectomie, avant de réaliser que c’était une erreur.
Je vais commencer par le début, ça va être plus simple pour comprendre l’ensemble des choses.
J’ai subi des agressions sexuelles et des viols, depuis l’âge de 8 ans à peu près, tout au long de ma vie ça m’est arrivé. A l’âge de 14 ans je suis partie à la rue parce que j’étais dans un environnement soit violent soit trop pauvre.
Rebelles du Genre – Bonjour et bienvenue sur le podcast Rebelles du genre. Nous sommes des femmes, militantes pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes et le genre en est le moyen.
Nous sommes les rebelles du genre.
Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits.
Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste et commencent souvent par soutenir cette idéologie.
Puis, elles ouvrent les yeux, constatent sa violence et la refusent. Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours.
Écoutons leur parole.
Axelle – Et ça me semblait comme être la meilleure des solutions. Donc de 14 à 18 ans, j’ai été la majorité du temps soit à la rue soit chez des gens que je venais de rencontrer, autant dire que j’ai encore vécu de nombreuses agressions de mieux. Au bout de 4 ans d’errance, je n’en pouvais plus, c’était très compliqué. Et un peu avant ça j’ai découvert une sorte de secte menée par un homme qui a le contrôle sur plusieurs familles et, même si on ne le dit pas ouvertement, il est connu pour récupérer toutes les jeunes femmes qui viennent dans son cercle de prière pour faire du sexe avec elles, consenti ou non. Et j’ai fait partie de ces jeunes femmes, je n’avais même pas 18 ans je pense. Et le réconfort que j’ai pu trouver dans la foi à ce moment-là s’est totalement brisé et j’ai fini par trouver un autre réconfort dans l’idée que pour échapper à toutes ces agressions et pour échapper à tous les violeurs, il fallait que je devienne un homme. Et aussi que si je ne correspondais pas aux stéréotypes féminins, ça veut dire que j’étais un homme. Et j’ai fini par y croire dur comme fer.
Et j’ai commencé à transitionner médicalement à partir de 18 ans. A partir de là, ça a été très compliqué. La testostérone… au début, en général, quand on prend la testostérone les premiers mois on est très fatiguée, je ne l’ai appris que récemment, comme les trois quarts des effets secondaires que je connais maintenant. C’est entre personnes detrans, on se le dit parce qu’en fait dans la communauté trans c’est tabou et on n’en parle pas. Il faut dire que tout va bien tout le temps et que c’est parfait… Et du coup j’ai passé un an, comment dire, toute la réalité de tout ce que j’avais vécu m’est un peu tombée dessus à ce moment-là et en même temps j’étais en plein début de transition… Alors pour la transition, il faut savoir que je suis allée, comme les trois quarts de personnes trans à l’époque, qui ne sont pas passées par la SOFECT et tout ça, je suis allée au Planning Familial de Grenoble. A l’association Rita j’ai rencontré d’autres personnes trans, et globalement les trois quarts venaient d’ailleurs, parce que c’était le seul endroit qui était connu pour donner des attestations très rapidement, des ordonnances très rapidement et un suivi hormonal assez facilement quoi. Et libre. Et sans attente. C’était vraiment sur Internet, dans les réseaux trans, on se passe les infos, des médecins, des chirurgiens, etc. Et à l’époque c’était la meilleure solution si on ne voulait pas passer par les équipes officielles, qui ont leur part de… ils ne sont très clairement pas géniaux non plus on va dire…J’ai entendu parler de beaucoup d’abus là-bas.
Mais du coup voilà, donc, à 18 ans ,je suis allée à Grenoble pour ça. J’ai eu un rendez-vous où c’était juste une première rencontre avec des personnes trans, donc pas de médecin, que des personnes trans. C’était juste histoire de… voilà de faire acte de présence. Et le deuxième rendez-vous, du coup le premier rendez-vous avec le médecin, j’ai eu immédiatement une ordonnance pour faire des prises de sang et pour avoir de la testostérone. Il faut savoir qu’on ne m’a pas posé une seule question vis-à-vis de mon orientation sexuelle, des agressions potentielles que j’ai pu vivre… Littéralement le rendez-vous c’est : je suis arrivée, on m’a dit « c’est quoi tes pronoms», on m’a demandé quelle était mon genre, je leur ai avoué qu’à ce moment-là que je ne savais pas si j’étais un homme ou si j’étais non binaire, et on m’a dit que c’était totalement normal et que ce n’était pas un souci.
Et ensuite, on m’a expliqué qu’il fallait que je fasse des tests sanguins et qu’après je pourrais avoir de la testostérone. Et voilà, c’est tout ! C’était tout ce qu’il fallait et voilà…
RDG – Donc, en résumé, tu vas au planning familial de Grenoble et tu repars avec une ordonnance.
Axelle – Exactement, et toutes les personnes trans qui en parlaient sur Internet avaient très bien compris que ça fonctionne comme ça. Et c’est pour ça que ça a eu autant de succès. Je me souviens qu’à une période, le planning familial de Grenoble a commencé à arrêter d’accepter des gens qui ne venaient pas de là-bas, parce que ça a tellement explosé, il y a tellement de personnes qui voulaient y aller qu’ils étaient surchargés. Il n’y avait plus de place.
RDG – Je crois que par la suite tu as eu affaire à d’autres plannings familiaux ?
Axelle – C’est ça, oui. Il y a eu le planning familial du 84. En fait, avant de voir comment c’est, un suivi dans un autre planning, j’ai continué d’avoir mon suivi à Grenoble même si je ne vivais pas là-bas. C’est-à-dire qu’on m’envoyait mes ordonnances par mail. Donc normalement, j’étais censée les voir une fois tous les six mois, pour voir comment ça allait, pour vérifier les tests sanguins et tout ça, les résultats… Et en fait, à chaque fois je leur disais que c’était trop loin, c’était trop compliqué pour moi et que je ne m’étais pas encore rendue au planning familial… A cette époque-là, je ne suis pas sûre non plus que le planning familial de là où j’habitais faisait ce genre de choses. Ils étaient encore en formation, je crois. Donc j’ai continué ça globalement pendant quatre ans. On m’a prescrit ma testostérone principalement par mail et je me souviens que un peu avant de ne plus être suivie par le planning, j’avais essayé de parler du fait que, par exemple, j’avais une vulvodynie : ça veut dire que j’avais mal à la vulve de façon inexpliquée… C’est-à-dire que techniquement, ma vulve était en bonne santé, je n’avais pas d’IST, je n’avais rien… J’avais juste mal et c’est quelque chose qui est très peu recherché… Il y a très peu d’informations dessus. A la base, je pensais que c’était lié à mes agressions, parce que souvent ça arrive après des agressions ou des violences gynécologiques. Et je pense que c’était lié, mais j’ai aussi découvert durant ma détransition que la testo y était probablement aussi pour quelque chose. C’est-à-dire que là, ça fait quelques mois quasiment un an que j’ai arrêté la testo et je n’ai quasiment plus mal. Et j’ai parlé avec d’autres femmes détrans qui m’ont rapporté exactement la même chose. Et est pareil, je ne savais pas… Enfin bref.
RDG – Du coup, tu en as parlé au médecin quand même de cette douleur ?
Axelle – Ouais, il y a un moment où j’ai fini par lui en parler. J’avais beaucoup de mal à en parler parce que j’avais énormément honte étant donné que c’était lié à des histoires d’agression… Et que voilà… Et elle m’a dit que non, tout allait bien… Elle m’a inspectée, elle m’a dit que non non tout était ok, j’étais en bonne santé. Et là, j’ai aussi mentionné le fait que c’était peut-être lié à des agressions et qu’à ce moment là je commençais à essayer de chercher une aide psychologique pour gérer en fait tout ce que j’avais vécu parce que je commençais à avoir des difficultés assez sérieuses dans ma vie de tous les jours, juste pour sortir, etc. Et du coup, elle m’a dit “non non, c’est rien” et puis six mois plus tard, elle m’a renvoyé un mail qui me demandait si j’avais toujours mal. Et je lui dis que oui et elle m’a dit “ah ben dans ce cas vous avez une vulvodynie”, puis c’est tout. Peu longtemps après, elle m’a dit que j’habitais trop loin, qu’elle ne pouvait plus me suivre et qu’il fallait que je trouve quelqu’un dans le planning de la ville où j’habitais à l’époque qui ne fait pas de suivi trans. Donc, je me suis retrouvée un peu du jour au lendemain sans rien. Elle ne m’a jamais aidée à parler du fait que j’avais vécu beaucoup d’agressions. C’était vraiment juste des mails pour ma testo, c’est tout.
RDG – Venant d’une association créée par des féministes pour défendre les droits sexuels et reproductifs des femmes, c’est quand même vraiment triste
Axelle – Oui !
RDG – Tu peux nous parler de la suite de ton parcours de transition ?
Axelle – Avant de transitionner médicalement vraiment juste avant j’ai rencontré cet homme transidentifié, et globalement c’était un moment dans ma vie où j’étais perdue. Je venais de sortir d’une secte, j’avais globalement perdu toute foi en tout et je cherchais vraiment juste un moyen de continuer à vivre, en fait. Et je n’en pouvais plus des hommes, du regard des hommes, d’être considérée comme vraiment un objet sexuel constamment, et d’avoir l’impression que c’était uniquement ce que les hommes et le monde attendaient de moi. J’avais vraiment envie de trouver un échappatoire à ça parce que je n’en pouvais plus, et la religion n’avait pas aidé. Il me fallait quelque chose et donc j’ai rencontré cet homme et donc cet homme transidentifié m’a parlé de féminisme. Je pense que depuis toujours j’ai aimé l’idée du féminisme parce que je suis une femme, et que j’ai toujours voulu avoir des droits égaux et faire ce que je veux… Mais je n’avais jamais trop cherché non plus… Et cet homme m’a parlé de féminisme et du coup, il faut bien comprendre que c’était du féminisme libéral. Je lui ai dit que je n’en pouvais plus de la vie, parce que dans tous les cas j’allais me faire agresser et que je ne voulais plus me faire agresser, jamais jamais… Et il m’a dit “De toute façon, ça va arriver, donc autant prendre du pouvoir et autant être payée pour” et, en gros, il m’a expliqué comment me prostituer. Il faut savoir que j’avais à peine 18 ans. Globalement il m’a fait la pub du porno et de la prostitution comme un outil de pouvoir des femmes, et clairement je voyais que, pour lui, c’était une part énorme de sa transition aussi, comme beaucoup d’hommes transidentifiés que j’ai connus par la suite : le fantasme de se dire que le pouvoir de la femme, c’est le sexe, et que ces hommes-là peuvent jouer à ça, et en plus en bénéficier et recevoir des compliments de la part d’autres hommes, et recevoir de l’argent… Et il y a très très clairement une espèce de narcissisme, et vraiment quelque chose de… C’est un fantasme, je pense. Enfin, bref. Et cet homme m’a expliqué ça, et du coup je suis partie à Strasbourg avec l’idée de… Bon voilà, je suppose : “je viens de la rue, il va falloir que je me prostitue et c’est pas grave, ce sera moi, ce sera féministe et c’est moi qui contrôlerai la situation”. Il faut savoir que j’ai essayé. Je n’ai pas réussi, parce que c’était juste horrible. Parce que j’ai découvert que c’était vraiment juste une agression de plus, et que l’homme allait juste me payer après, et c’est tout. Il n’y avait pas de pouvoir, il n’y avait pas de dignité. J’étais toujours un objet sexuel. C’était juste que je devais prétendre que j’étais ok avec ça. Donc, je n’ai pas continué longtemps dans cette voie, heureusement. Après, j’ai commencé la testo, et après avoir commencé la testo, j’ai eu une mastectomie. Voilà, pareil : le chirurgien est très connu à l’époque – dans les cercles trans, en tout cas, que je connaissais – parce qu’il faisait des mastectomie pas trop chères entre guillemets. C’est-à-dire qu’en fait, au début, j’avais entendu parler d’un chirurgien qui faisait les meilleures mastectomies qui, à partir du moment où il a eu du succès, a littéralement augmenté chaque année son prix d’au moins 1000 euros. C’est-à-dire que, quand j’en ai entendu parler la première fois, il les faisait à 2000 euros, je crois… 3000 ? Quand j’ai voulu le faire avec lui, il était à 6000 et la dernière fois que j’ai checké – et c’était il y a quelques années – il était à quasiment 10000. Je ne sais pas où il en est maintenant mais, clairement, il a compris que c’était un bon filon. Et du coup, moi, comme je n’allais pas mettre 6000 euros dans une mastectomie – je n’avais pas les moyens – je suis allée à Toulouse voir Monsieur… Il était connu pour être l’un de ceux qui avaient des résultats pas trop mal et en même temps qui n’était pas trop cher par rapport à d’autres, quoi. Et voilà ! Et du coup, j’ai eu un rendez-vous avec lui et après on en a décidé de la date, et quelques mois plus tard, j’ai eu ma mastectomie alors qu’il savait totalement que j’étais à la rue à ce moment-là… Parce que je suis retournée à la rue : j’étais en squat pendant quelques temps. Et puis après, au moment où j’ai mon opération, j’ai eu beaucoup de problèmes, et j’ai eu une ou deux semaines dans un Airbnb. Et après, j’étais dehors, en plein hiver. Et lui, il savait totalement ça. Le chirurgien savait, je veux dire : ça se voyait ! J’avais des habits sales et déchirés… ça se voyait que j’avais pas de maison, quoi. Et c’est sans parler de toutes mes cicatrices de scarifications. Mon corps entier est quand même couvert de cicatrices, surtout à l’époque. ça se voit moins maintenant, mais à l’époque c’était quand même très visible et il ne m’a posé aucune question à ce niveau-là. Il m’a juste demandé quelle spécification, où est-ce qu’on met le téton, quelle technique on fait… Et après, c’est tout. Il m’a dit “est-ce que j’ai des questions”, et comme j’avais déjà regardé 15000 vidéos qui parlaient de ça, je lui ai dit que c’était bon et que je savais tout. Et voilà. Enfin bref, j’ai eu cette opération normalement. En plus, j’étais censée avoir deux mois de repos ; du coup je n’ai eu que deux semaines dans un Airbnb à me débrouiller seule. Et après ça, j’ai été à la rue et parfois chez des amis, et parfois en squat… Enfin donc, autant dire que ma convalescence n’était pas très reposante, voilà. Et après ça, j’ai continué de vivre en tant qu’homme – entre très grand guillemets, parce que ça ne veut rien dire – on va dire que, voilà, j’ai trouvé un travail “en tant qu’homme”, j’ai continué à vivre en squat chez les amis, à peu près n’importe où. Donc, il y avait un toit au-dessus de ma tête.
RDG – Est-ce que tu as transitionné socialement ? Je veux dire, tu as changé de prénom ? Comment ça s’est passé, et au niveau de l’état civil ?
Axelle – Ah oui, pardon… J’ai totalement oublié de parler des choses légales ! Du coup, en réalité, j’ai transitionné socialement assez jeune, mais par à-coups. C’est-à-dire que, je me souviens, quand j’avais 13 ans, je crois… Parfois, je me faisais passer pour un garçon, et puis finalement je me disais “non non, c’est du délire”… Et pareil, à 16 ans, ça m’était arrivé, mais bon… Je n’avais aucun passing, c’est-à-dire que tout le monde voyait bien que j’étais une femme, donc ça ne marchait pas du tout. Mais, du coup, c’est quand même un truc que j’ai toujours un peu fait.
Et puis après là où j’ai commencé à vraiment transitionner socialement, sérieusement, c’était à peu près au moment où j’ai commencé la testo. Et j’ai changé de prénom dès que j’ai pu également. On m’avait dit que c’était très compliqué, que j’allais mettre des mois, que je devais passer devant un juge, etc. Il faut savoir qu’à l’époque une loi venait d’être changée et c’était beaucoup plus simple de changer de prénom. C’est à dire que je suis allée à la mairie et j’ai dit « voilà je suis trans, tout le monde m’appelle comme ça, maintenant je veux être appelée comme ça » et ils m’ont dit “OK”. Et j’ai dû attendre quelques mois et après j’avais tous mes papiers qui pouvaient être changés, voilà. Et aucun… rien… Globalement c’était beaucoup plus simple que ce que je pensais et je me souviens que j’avais un peu de dissonance cognitive, parce que sur Internet tous les transactivistes râlaient sur le fait que c’était si dur de changer de prénom, etc. Et qu’on est une population opprimée et tout ça. Et je me suis dit « ah tiens c’est marrant, parce que moi j’ai vraiment pas de soucis quoi, ma vie est quand même vachement simple depuis que je transitionne ».
RDG – Sur la partie prise en charge médicale, la Sécurité Sociale a pris en charge par exemple ta testostérone ? Comment ça se passait ? Tu payais tout où il y avait des choses remboursées ?
Axelle – Alors je ne sais pas comment ça marche pour les gens qui n’ont pas le même fonctionnement que moi, mais j’étais à la CMU complémentaire, donc je ne payais rien sauf les aiguilles. Et le Planning Familial de Grenoble donnait des aiguilles, y compris d’ailleurs toutes sortes d’aiguilles. Comme j’ai été en squat, une fois ou deux je leur ai demandé des aiguilles intraveineuses pour mes amis, je n’ai jamais rien fait de ce genre mais j’avais des amis qui en avaient besoin et donc le Planning Familial donne seringues, aiguilles, désinfectants, tout ce qu’il faut. Donc en soit je n’avais rien à payer.
Et ensuite, du coup, après ma mastectomie, la vie a continué son cours. Je me souviens que je me disais que j’étais très contente au début d’avoir fait une mastectomie parce que, pour moi, ne pas avoir de seins c’était la liberté, parce que toute ma vie j’ai été sexualisée à cause de mes seins. Et j’ai toujours aussi eu envie d’être sportive et, entre guillemets, efficace et me dire que je ne pouvais pas faire certains mouvements ou certaines choses pareilles que les hommes parce que j’avais des seins, ça me posait énormément de problèmes. Ce qui est assez ironique parce qu’ après mon opération, et c’est toujours le cas alors que ça doit faire quatre ans, parce que depuis mon opération j’ai régulièrement des douleurs et je ne peux pas faire certains mouvements comme avant, donc en réalité ça m’a juste encore plus… Ce que je voulais c’est être libre de pouvoir faire du sport comme je voulais et en fait ça m’a encore plus handicapée là-dedans en fait. Bon après je peux faire un minimum de mouvement mais c’est toujours compliqué. Et j’ai toujours des douleurs, il faut encore que j’aille voir mon médecin parce que je pense que ce n’est pas normal que j’ai aussi mal. Et après j’ai discuté avec d’autres femmes detrans qui ont eu des mastectomies et beaucoup rapportent aussi des douleurs. Et ça c’est quelque chose aussi, on nous ment énormément là-dessus. Moi on m’a dit « il y aura deux mois qui seront très difficiles et après ça, comme neuf, tout va bien ». Non, non en fait. Mon corps ne sera jamais à la même performance qu’avant. Ce ne sera jamais comme avant et j’ai perdu de la mobilité, j’ai perdu des capacités et ça c’est quelque chose que… il faut savoir, c’est que les opérations trans, on nous dit que ce n’est rien et que ça va nous faire sentir mieux. Non, non en fait, ça a des conséquences pour le restant de notre vie et on ne le dit pas assez. Et je pense que c’est important de le souligner.
RDG – Est-ce que tu peux développer ? Du coup, aujourd’hui, tu dirais les conséquences physiques, matérielles, sur ton corps : il y a quoi ?
Axelle – Au niveau santé : il faut savoir aussi que j’ai arrêté la testo parce … en fait il y a une fois où j’ai arrêté la testo parce que j’avais des douleurs terribles à l’utérus. C’est-à-dire que c’était le genre de douleur où je n’étais pas loin de m’évanouir et je ne pouvais pas tenir debout. C’était littéralement impossible de tenir debout, j’avais trop mal, je ne pouvais pas. Et d’ailleurs j’en ai parlé à la médecine du Planning Familial, qui m’a dit de prendre des antidouleurs ou sinon si les antidouleurs ne fonctionnaient pas je pouvais juste me faire enlever l’utérus, voilà. Globalement elle m’a dit « oh c’est normal, c’est pas grave ». Donc OK. Et du coup j’ai ces douleurs qui ont continué et à un moment j’ai arrêté la testo, pendant un an, j’ai repris après, à cause de ces douleurs justement. Il y a eu plein d’autres choses en réalité. Du coup là ce que je réalise actuellement, je n’avais pas tout compris à l’époque, mais ce que j’ai découvert, maintenant que j’ai à nouveau arrêté sur le long terme : déjà je pense que ça a une incidence sur mon utérus, je ne sais pas exactement quoi, je pense que je vais essayer de faire une échographie tôt ou tard. D’ailleurs, on peut souligner le fait que j’ai tenté d’en passer une mais l’échographiste ne voulait m’en faire passer une car j’avais l’apparence d’un homme.
Voilà je pense que c’est une anecdote plutôt intéressante aussi sur les difficultés qu’on peut rencontrer quand on a une apparence différente de notre sexe. Du coup voilà j’essaye de trouver une échographiste qui veuille bien me le faire. Sinon, et bien clairement il y a 15000 problèmes au niveau du vagin de… je ne sais même pas exactement qu’est-ce qu’il se passe, parce que je ne m’en occupe pas trop, je ne suis pas trop au courant de qu’est-ce qu’il se passe là-bas. Mais un truc qui est sûr c’est que le vagin s’atrophie, l’utérus aussi, tout s’atrophie aussi globalement et aussi, comment dire, la paroi devient beaucoup plus fragile et ce qui peut amener quelques problèmes. Il y a aussi… j’avais une vulvodynie pendant un temps. Ma supposition c’est que c’est lié à la testostérone, parce que j’ai discuté avec d’autres femmes detrans qui ont eu le même problème et j’ai remarqué que depuis que j’ai arrêté la testostérone peu après je n’avais plus du tout mal. Alors que du coup la vulvodynie c’est quand on a mal à la vulve, alors qu’on est techniquement en bonne santé, c’est juste qu’on ne sait pas pourquoi on a mal. Ca peut être juste au niveau des lèvres, ça peut être juste au niveau du clitoris, juste à l’entrée, voilà. Et il n’y a vraiment pas de cause apparente. Et ce que j’ai découvert c’est que quelques mois après avoir arrêté la testostérone je n’avais plus mal alors que j’ai eu mal pendant littéralement des années et des années et c’était horrible. Voilà. Et si j’avais su que c’était la testostérone qui causait ça, j’aurais arrêté bien avant parce que ça m’a pourri la vie.
RDG – Est-ce que ça a eu des effets sur ton caractère ? sur ta santé mentale ?
Axelle – Ouais alors j’avais peur d’arrêter la testo, et je sais que pour avoir discuté avec d’autres femmes trans qu’on est pas mal à avoir cette peur d’arrêter la testo, parce que souvent sous testo, en tout cas pour mon cas, j’avais beaucoup plus d’énergie. Les premiers mois de testo sont affreux, mais après ça on est sous stéroïdes quoi c’est du dopage, et donc il y a vraiment un côté où on se prend moins la tête, on a plus d’énergie. Evidemment la libido, en général, elle explose pas mal, après ça dépend des gens. Certaines personnes disent qu’elles s’énervent plus facilement, je n’ai pas spécialement remarqué ça. Je pense que j’étais moins triste tout le temps. C’est à dire que j’ai l’impression que mes émotions étaient plus stables, c’est-à-dire que j’étais pas non plus très heureuse, j’étais pas très malheureuse, j’étais juste dans un espèce d’entre-deux un peu gris alors qu’avant la testo mes émotions allaient dans tous les sens. Et c’est quelque chose, j’ai eu vraiment peur d’arrêter la testo pour ça, parce que je savais que pour moi c’était aussi un moyen chimique de stabiliser mes émotions, voilà.
RDG – Il y a eu également je pense un effet sur ta voix…
Axelle – Ouais du coup là et bien comme j’ai arrêté la testo depuis quelque temps ma voix est légèrement un peu plus aiguë, mais je veux dire je peux essayer de descendre, quoi que je ne peux pas trop descendre non plus. Mais à un moment je parlais et les gens pensaient que j’étais un homme. Donc oui. Et le cartilage au niveau de la gorge, ce qui fait qu’on parle avec une voix grave comme ça, ne change pas non plus c’est à dire que la pomme d’Adam ce n’est pas vraiment une pomme d’Adam pour les femmes qui prennent de la testo, mais il y a quand même un changement au niveau de la gorge et ça ça ne change pas non plus. Il y a aussi la pilosité. Je m’épile le visage toutes les semaines, ce qui est insupportable. Il va falloir que je fasse du laser si je veux en venir à bout, et globalement la pilosité sur tout le corps aussi. Les cheveux… mais je n’ai pas trop eu ce problème, mais enfin si un peu, mais on perd nos cheveux sous testo et la ligne des cheveux est un peu plus loin. J’avais énormément d’acné en étant sous testo, c’était une horreur, tout le temps que j’étais sous testo j’avais des boutons partout c’était affreux.
RDG – Bref pour tout ton corps c’était bazar quoi.
Axelle– Ah c’était complètement le bazar, c’était complètement le bazar. Maintenant que j’ai arrêté en fait je me rends compte à quel point mon corps est beaucoup plus stable maintenant. A l’époque c’était… globalement c’était : juste après une injec’ j’allais être hyper active et j’allais avoir une tonne de boutons et à la fin des quelques semaines avant de faire mon injec’ j’étais au bout du rouleau et j’avais mal… Et enfin, en fait, je me rends compte que je me suis fait subir une tonne de choses physiquement, je ne m’en suis pas rendue compte avant de détransitionner en fait. J’avais peur de detransitionner parce que… pour plein de raisons. Mais un truc qui est sûr en fait c’est que si j’avais su à quel point je me sentirai mieux et en meilleure santé en détransitionnant, je l’aurais fait mais direct en fait, direct.
RDG – D’accord.
Axelle – Du coup mes années en squat queer, globalement l’identité trans était politisée et du coup pour moi c’était vraiment un idéal féministe de rébellion, etc. Globalement, je dis souvent que trans c’est le nouveau Punk ou le nouveau Emo ou un de ces trucs là parce que c’est vraiment juste… je le vois vachement comme un truc de jeunes femmes, et d’hommes un peu plus vieux, qui veulent se rebeller et qui ont une crise, je ne sais pas comment …
Du coup j’ai vécu en squat queer. La quantité de personnes transidentifiées que j’ai vues en squat est énorme. Ils aiment bien justifier ça en disant que c’est parce que les trans sont un groupe marginalisé et que c’est très difficile de vivre en tant que personne trans. Je dirais plutôt que c’est parce qu’ il y a certains groupes où l’identité trans est juste une espèce d’idéal révolutionnaire qui va au-dessus des normes et du capitalisme. Et qu’il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui viennent d’un environnement bourgeois qui se retrouvent en squat à transitionner en partageant des ampoules de testo parce que c’est le truc classe à faire quoi. Donc il y a ça. J’ai vu énormément de choses. J’ai vu des hommes transidentifiés, d’une quarantaine, cinquantaine, soixantaine d’années même. Il y en a un, j’avais vu, une soixantaine d’années il avait un, entre guillemets, petit copain, c’est à dire une femme transidentifiée, je ne sais même pas si elle avait 18 ans. En tout cas, elle n’avait pas plus de 20 ans c’est sûr. Honnêtement je suis à peu près sûre qu’elle avait 17 ans et il faut savoir que j’ai découvert qu’elle est tombée enceinte après que je l’ai vue, donc assez glauque et vraiment ça m’a un peu fait poser question, je me suis dit : tiens c’est étrange quand même une…, à l’époque bon voilà je disais une femme trans, de 60 ans qui était très caractérielle, comme un homme en fait, si on veut jouer dans les stéréotypes là elle n’y était pas quoi. Et du coup cet homme, en robe, qui parlait fort et qui faisait des blagues complètement pourries, qui sortait avec cette femme transidentifiée qui avait à peine 18 ans et qui était très timide et qui ne parlait jamais pour elle, toujours l’homme qui parlait. J’avais vraiment juste l’impression de voir un clip des années 50 sauf qu’ils ont inversé leurs vêtements, quoi. Du coup, ça, ça m’a fait poser pas mal question. Après il y a plein de choses que j’ai vues et que maintenant je me rends compte des aberrations que c’était. A l’époque c’était tout au nom du féminisme et de l’anticapitalisme et de l’idéal queer, enfin bref. Comme par exemple tout le lien avec la porno-prostitution et la communauté trans. Tous les liens avec tous les milieux fétichistes assez hardcore et, comment dire, cette idée que tout est une construction sociale. J’ai vu beaucoup de gens, je ne pense pas que ces personnes étaient majeures, et souvent c’était des femmes transidentifiées. Il y a vraiment un pattern que je vois partout, c’est des femmes jeunes transidentifiées et des hommes. Il y en a des jeunes mais beaucoup moins. Et sinon des hommes, quand même entre 40 et 60 ans quoi. Et voilà, et les hommes ont commencé à parler de fetish, de proposer de tourner un porno, m’ont proposé de… j’ai vraiment l’impression que pour eux c’est l’occasion d’avoir leur pire conduite, tant qu’ils mettent une jupe, littéralement, c’est impossible de critiquer ce qu’ils font. Je me souviens, en squat, il y avait littéralement des hommes transidentifiés qui agressaient d’autres personnes, ou alors vraiment qui harcelaient, qui menaçaient, il y en a qui étaient violents ou alors qui prenaient sous leur aile des jeunes personnes transidentifiées. Là pour le coup que ce soit des hommes ou des femmes, ça ne changeait rien, souvent des mineurs et qu’ils leur montraient toutes les beautés du milieu trans et qu’en fait des années après les jeunes personnes finissaient par se sentir horriblement mal, voire se suicider parce qu’en fait elles réalisaient qu’elles avaient été manipulées en fait par des hommes qui ont profité de leur instabilité psychologique et qui les ont fait transitionner pour rien voilà. Et ça c’est un truc d’ailleurs que j’aimerais vraiment noter, c’est qu’on parle tout le temps du suicide trans mais je pense que c’est un argument complètement pourri parce qu’en réalité la seule étude qui parle des pourcentages complètement extrêmes, en réalité, elle a été recalée quelques années plus tard voilà. Et aussi parce que j’ai pas mal de mes ami.e.s qui étaient transidentifié.e.s ou alors qui ont été transidentifié.e.s à un moment et qui se sont suicidé.e.s et avant leur suicide je me souviens qu’on parlait du fait qu’ils avaient envie de detransitionner. Et ça je pense que c’est très important de le dire et d’arrêter de compter les suicides des personnes transidentifiées comme un suicide trans parce que je pense que souvent c’est des suicides detrans voilà. Après je n’aime pas l’argument du suicide et après je pense que c’est intéressant à savoir, mais, voilà, je ne vais pas non plus m’étaler dessus mais, je, voilà, je pense que c’est un détail important on va dire. J’aimerais mentionner un homme avec qui j’ai fait du sexe une fois, qui pareil, je pense qu’il doit avoir 20 ans de plus que moi. D’ailleurs c’était juste avant que je détransitionne et ça a été vraiment cette rencontre là qui m’a fait un peu réaliser à quel point tout ça c’était malsain. Et cet homme il est transidentifié, évidemment, il est dans le milieu kink, fetish, etc. et quand on s’est vu je lui ai expliqué que moi quand je voyais les hommes j’avais peur, parce que j’ai vécu beaucoup d’agressions.
Parce que j’ai vécu beaucoup d’agressions.
Globalement, je suis très fragile mentalement, et du coup il m’a expliqué que la peur que je ressentais, c’était du désir, et c’est pour ça que les gens avaient des kinks, c’est pour ça que les gens avaient des fétiches et que c’était très sain d’exprimer ce désir là de cette manière.
Et en tant que survivante d’agression, mon corps (quand j’ai peur ou quand je suis en colère) souvent a des réactions similaires au désir et c’est quelque chose qui m’a toujours dérangée, qui m’a toujours troublée et qui est très difficile pour moi. Parce que quand je suis énervée, je ne veux pas faire du sexe. Et du coup, il m’a persuadée de ça et j’ai fini par accepter de faire du sexe avec lui. C’était violent, c’était violent, globalement… J’ai juste revécu encore une fois une de mes agressions passées. C’était vraiment… C’était pareil. C’était pareil que quand j’avais 18 ans quoi.
Et après ça (j’espère que je ne vais pas avoir trop de problèmes pour dire ça mais j’espère qu’il ne va pas me retrouver), quand il avait fini, il m’a avoué que le fait que j’étais anorexique à ce moment-là et que je n’avais pas de seins, il appréciait énormément parce qu’il était attiré par les enfants. Et que c’était pratique que j’avais l’air d’un enfant à ce moment-là, parce qu’il pouvait profiter de son fétiche légalement.
Et d’ailleurs, j’aimerais aussi parler de cet homme transidentifié qui m’avait expliqué comment faire. Oui, c’est trash, je suis désolée.
RDG – Là j’ai les larmes aux yeux. C’est tellement révoltant.
Axelle – C’est affreux. C’est un truc récurrent et c’est pour ça que c’est important d’en parler. J’avoue que j’ai peur d’en parler, honnêtement, parce que je ne veux vraiment pas que cet homme me retrouve, mais je pense que c’est important de le savoir parce que c’est quelque chose dont il faut parler. La plupart des femmes transidentifiées ont l’air d’enfants. La plupart des femmes transidentifiées ont vraiment l’air mineures prépubères et la plupart des hommes transidentifiés qui ont des relations avec ces femmes là sont vieux. Je suis désolée. Ils ont plus de 40 ans, plus de 50 ans, plus de 60 ans même. C’est quelque chose qui revient régulièrement.
L’homme transidentifié qui m’a expliqué comment me prostituer quand j’avais à peine 18 ans m’a dit que c’était bien que j’étais jeune, et que c’était bien si jamais je transitionnais parce que je pourrais ressembler à un jeune homme, et les clients pourraient aimer ça, et je pourrais me faire pas mal d’argent. Et à l’époque, j’avais trouvé ça logique parce que j’étais complètement perdue dans ma vie. J’ai trop vu ce schéma se reproduire encore, et encore, et encore…
Je pense que c’est important de penser à ça parce que les transactivistes parlent de bloqueurs de puberté, d’hormones, et il y en a beaucoup d’ailleurs dans les chirurgies non-binaires où c’est vraiment avoir un corps entre guillemets “sans sexe”. Il y a beaucoup de gens qui profitent de ça par rapport à des fétiches pédophiles. C’est clair pour moi. Voilà.
RDG – Clairement c’est des pédo-violeurs.
Axelle – Ah oui, totalement
RDG – Ils se fabriquent les enfants qu’ils vont pouvoir remplacer..
Axelle – C’est exactement ça. Il faut savoir que dans chaque ville, il y a toujours des ragots, des rumeurs et tout ça, dans le milieu trans. Et à chaque ville où je suis allée, il y a toujours une histoire d’un homme transidentifié qui a pris sous son aile une jeune personne ou plusieurs jeunes personnes trans et qui en a profité pour les “aider” entre guillemets à transitionner. Et en général, ça finit par des accusations viol et du drama trans. Voilà, on en voit partout. Et ça, vraiment dans chaque ville où je suis allée, il y a toujours ce schéma là qui est reproduit.
RDG – Ok. Merci. Je te l’ai dit 10 fois, je te l’ai dit 20 fois, mais c’est très, très important : protège des filles, protège des enfants en parlant. Oser parler, c’est refuser d’être complice.
Axelle – Totalement. Du coup, après quelques années de transition et de galères, j’ai eu cette agression par l’homme qui m’a avoué qu’il aimait mon corps parce que j’avais l’air d’un enfant. Et donc après ça, mon état psychologique s’est dégradé comme jamais. Mon anorexie en est arrivée à un point où j’étais vraiment en danger.
Je me suis effondrée pendant un an, deux ans, et j’ai eu la chance de tomber sur une psychologue et une psychiatre absolument formidable qui est spécialisée dans la gestion des traumas et elle a changé ma vie. J’ai cherché pendant de nombreuses années des psychologues qui pouvaient m’aider et globalement je suis toujours mal tombée.
Petit exemple de cet homme psy qui m’avait dit que la pédophilie était absolument naturelle et qu’il fallait juste que je n’y pense pas trop et que ça allait aller.
Enfin bref, cette femme là est la première psy que j’ai rencontrée qui a vraiment su m’aider, m’écouter. Et après 5 séances avec elle, où justement on a essayé de travailler sur le fait que j’avais l’impression d’avoir un corps d’enfant, parce que de base j’avais des difficultés par rapport à ça. Et je pense aussi que le fait que je me sente sexualisée c’était lié au fait que j’étais une femme et aussi au fait que j’ai été agressée en étant enfant donc c’était vraiment compliqué. Et du coup elle m’a… C’est assez stupide mais globalement j’ai réalisé que toute l’identité trans, j’ai cessé d’y croire après un exercice qu’elle m’a demandé de faire où elle m’a dit de me forcer à me regarder nue un maximum de temps, c’est à dire au début, j’arrivais littéralement… Je devais détourner le regard après une seule seconde et j’étais très mal et petit à petit j’ai réussi à me regarder cinq secondes, puis dix secondes etc… Et c’est comme ça que : “Ah en fait, je n’ai pas un corps d’enfant et je suis un être humain !” Et c’est là que je me suis dit : “Mais pourquoi j’ai transitionné au fait ?”
Et tout au long de ma transition j’avais pas mal de, comment dire, de dissonances cognitives, c’est à dire qu’à la fois mon discours transactiviste disait qu’il fallait que je lutte contre les stéréotypes de genre et à la fois je ne pouvais pas expliquer autrement que par des stéréotypes de genre de pourquoi je voulais être un homme. (Rires) Et du coup il y a un peu de toutes ces dissonances cognitives de mon passé qui sont revenues et c’est là où je me suis dit : “En fait ça ne fait aucun sens !”. Une grosse désillusion. Je me suis dit : “En fait, c’est juste une croyance de plus !”. C’est supposer que les femmes et les hommes sont supposés agir d’une telle ou d’une autre manière tout en prétendant détruire le patriarcat, c’est complètement absurde !
Et là est venu aussi un passage où j’étais tiraillé entre continuer ma transition, c’est à dire du coup je commençais à avoir envie de faire une phalloplastie, de faire une hystérectomie, une ovariectomie, parce que je me suis dit que retourner en arrière c’est impossible, je ne peux aller que de l’avant et peut-être que plus je vais de l’avant, plus ce sera facile. Donc j’ai passé quelques semaines comme ç,a quelques mois même, à réfléchir à tout ça et en fait il y a un moment où j’ai réalisé que j’allais juste me rendre dépendante à vie si j’enlevais mes ovaires : j’allais devoir prendre des hormones synthétiques pour le restant de mes jours. Et c’est vraiment ça qui m’a… C’est un peu de me retrouver face à la réalité de “là il faut que je fasse un choix net”. Aussi je ne pouvais pas continuer la testo tout en gardant mon utérus parce que ça a commencé à devenir vraiment plus supportable, même si je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais je sais que je pouvais littéralement tomber dans les pommes de douleur.
Et donc il y avait ce choix, je me suis retrouvée face à ce choix et j’ai dû faire ce choix. Et là je me suis dit : “ Soyons réaliste, si je suis pas heureuse maintenant après avoir pris de la testostérone, vivre en tant qu’homme, ne plus avoir de seins” etc… Et là je me suis rendue compte aussi qu’ en fait toute la période où j’ai transitionné, je me répétais que j’étais au meilleur de ma vie et en fait non ! Je pense que vraiment c’était une des pires période de ma vie, c’était hyper dur et je savais dans un coin de ma tête que j’avais peur de détransitionner parce que je pense qu’au fond, je savais que c’était une erreur. Juste le soir avant mon opération, je n’ai pas dormi de la nuit globalement, parce que je me disais : “C’est sûr je vais le regretter, c’est sûr je vais le regretter” et je ne sais pas pourquoi je l’ai fait. Et beaucoup d’autres femmes detrans avec qui j’ai discuté ont la même expérience. Il y a des moments juste avant une opération, au fond on le sait en fait, donc on sait. C’est aussi pour ça d’ailleurs je pense que pas mal de transactivistes sont assez agressives parce que c’est dur de se persuader de quelque chose quand on n’y croit pas vraiment et je pense que c’est pour ça que beaucoup de personnes trans ont besoin de la validation du monde entier et de célébrer ça tout le temps parce que c’est juste très dur, ça ne tient pas la route, on essaie juste de se persuader que ça va quoi.
Voilà en détransitionnant du coup, ça a été toutes mes valeurs des dernières années qui ont été complètement bousculées, c’est-à-dire que pour moi l’idéologie trans était un moyen de détruire le patriarcat et les stéréotypes de genre etc… Et en fait, en détransitionnant, je me suis rendue compte que c’était l’exact opposé. A mes yeux actuellement, c’est juste un groupe de gens avec des problèmes psychologiques qui célèbrent le fait de se sentir mal dans son corps et qui inventent une croyance qui n’a aucune base, qui n’est pas scientifique, qui n’a aucune raison concrète d’être, qu’on peut être un genre différent du genre dans lequel on est né et je ne crois pas aujourd’hui, comme beaucoup d’ailleurs de personnes trans je crois au genre dans le sens que ce sont des catégories sociales et je pense que beaucoup de personnes trans transitionnent sous prétexte de bousculer ces catégories sociales. Ca définitivement a été mon cas et je vois beaucoup de jeunes personnes trans notamment énormément de femmes, de jeunes femmes qui utilisent la cause trans pour juste sortir des stéréotypes féminins et ce qui est compréhensible, c’est vraiment juste une idéologie régressive en fait.
Pour moi c’était vraiment juste le résultat d’un narcissisme et d’un individualisme poussé à l’extrême et de notre époque, c’est à dire que c’est un peu comme un jeu vidéo où on peut choisir notre personnage et il y a vraiment des gens j’ai l’impression qu’ils le considèrent comme ça. Pour moi maintenant la transition c’est vraiment juste une mode de modification corporelle, c’est-à-dire qu ‘ il y a des vidéos de personnes, même sans être vraiment transidentifiées, qui s’enlèvent leurs seins, qui choisissent si elles veulent des cicatrices d’une certaine forme. Pour moi c’est vraiment juste un truc de “on considère que notre corps, c’est vraiment comme un personnage de jeux vidéo qu’on peut personnaliser à l’infini et qu’il n’y aura aucune conséquence sur le long terme”. C’est juste faux en fait et je pense qu’on pourrait accomplir beaucoup plus de choses si on était moins focalisé sur notre genre et notre apparence et surtout quand toute cette idéologie repose sur le mal-être de beaucoup de gens.
L’argument du suicide trans et un des plus utilisés et je pense que beaucoup de personnes tout comme moi, j’ai discuté avec d’autres personnes détrans qui m’ont dit exactement la même chose, c’est-à-dire que par exemple moi j’étais désespérée, j’ai toujours eu des tendances suicidaires, j’ai fait de nombreuses tentatives dans ma vie, littéralement plusieurs fois par an et j’ai toujours attenté à ma vie d’une manière ou d’une autre, que ce soit en ayant des comportements à risques ou pas et donc quand on m’a dit : “Si tu te sens mal dans ton corps et que tu as envie de mourir c’est que tu es trans”, ça m’a donneé un échappatoire. Je me suis dit : “Oh génial je me sens super mal dans mon corps et j’ai tout le temps envie de mourir la transition ça doit être ce qu’il faut !”. Et il y a aussi un truc qu’on dit souvent entre personnes trans, on dit souvent que si tu questionnes ton genre c’est que tu es trans parce que les personnes cis ne questionnent pas leurs genres. Et je pense que c’est hyper dangereux, je pense que c’est normal en fait d’avoir de la dysphorie, je pense que ça arrive à tout le monde de se sentir mal par rapport à son genre surtout quand on est une femme et surtout quand on est agressée. Je pense que c’est vraiment ce qu’il y a de plus naturel.
RDG – Quand tu sais que le genre est un système de hiérarchisation sociale en appliquant des comportements de normes à chacun des deux sexes, bien sûr pour asseoir la domination masculine, mais quelle femme en bonne santé mentale veut correspondre à son genre ? Sérieusement ?
Axelle – Exactement.
RDG – En tout cas aucune féministe !
Axelle – Exactement ! Totalement ! (rires)
J’ai cru à ce mythe que la transition allait sauver ma vie et que j’allais faire moins ou alors pas du tout de tentatives de suicide et j’aimerais vraiment dire que le moment, la période de ma vie où j’en ai fait le plus, c’était pendant ma transition. C’est le moment où j’ai vraiment failli y passer et j’avais très peur de détransitionner parce que j’avais peur d’être encore plus suicidaire. Il s’est passé exactement l’opposé, c’est-à-dire qu’en regardant la réalité en face et en essayant juste d’être en bonne santé, de gérer ma vie et bien je n’ai pas fait de tentative de suicide depuis plus d’un an et c’est mon record, c’est littéralement mon record. Voilà. Et ça c’est important je pense.
RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie ?
Axelle – Alors je pense que c’est un danger pour les femmes et les enfants parce que quelle femme voudrait correspondre au genre de femme et c’est sûr ça doit exister, mais il y a quand même un truc c’est que là actuellement, l’idéologie trans est en train de dire si tu n’es pas d’accord avec les stéréotypes de genre féminins qui sont censés être innés et mystérieusement définir qui tu es, c’est que tu es trans et pour être vraiment trans, il faut transitionner médicalement. Et je pense que c’est extrêmement dangereux déjà parce que ça veut dire, ça veut dire quoi, ça veut dire que les femmes “cis” entre guillemets, déjà je rejette le terme “cis”, je n’ai jamais été d’accord avec le genre de femme et je ne serai jamais d’accord et ça ne fait pas de moi quelqu’un de trans. Si des personnes veulent se définir comme trans ok, mais qu’on ne dise pas à des gens qu’ ils sont d’accord avec une idéologie quand ils ne croient pas. Non ça ne fonctionne pas comme ça, c’est comme les religions on peut tout le monde peut croire en ce qu’il veut mais on peut pas demander aux gens de croire en quelque chose qui n’est pas réel pour lui.
Toute cette idéologie du genre “cis/trans” ça voudrait dire que les femmes “cis” sont en accord avec les stéréotypes de genre féminin, ça voudrait dire qu’ elles sont en accord avec le fait d’être agressées ? Parce que je tiens quand même à dire qu’ il y a des transactivistes, notamment américains, qui disent, qui ont écrit sur des livres noir sur blanc, qu’ être une femme c’était être pénétrée et être un objet sexuel et être un objet de désir. C’est écrit noir sur blanc par des transactivistes qui font des vidéos notamment pour les enfants et personne ne dit rien, mais bon bref. Et donc je pense que c’est insinuer qu’une femme c’est un tas de stéréotypes et je pense que c’est très dangereux.
Et je pense aussi qu’ il y a quelque chose que les personnes transidentifiées n’ont peut-être pas compris, c’est que le genre n’est pas une personnalité, c’est à dire que je vois tout le temps des jeunes femmes qui correspondent même à certains stéréotypes, tu les vois dans la rue, elles ont l’air de femmes, elles ont été très bien ce n’est pas un souci du tout et ce qui me fascine c’est que toutes utilisent des pronoms neutres ou alors masculins et c’est clairement juste un moyen d’échapper au patriarcat ou alors c’est juste des jeunes personnes à qui on dit que “si tu aimes jouer au foot ça veut dire que tu es quand même un peu un mec quoi” et c’est ridicule ! Et au fond il y a beaucoup de transactivistes qui disent “non mais c’est pas ça !” et en même temps la seconde d’après ils vont te dire exactement ça ! Cela n’a juste aucun sens !
Honnêtement je pense que c’est dangereux et on commence à voir de plus en plus de personnes détrans qui parlent. Ça y est, il y a des gens qui commencent à faire des procès, notamment aux États-Unis et dans les pays anglophones. Par exemple, une des femmes détrans assez connue en ce moment c’est Chloé Cole qui a été transitionnée à 13 ans ! Maintenant elle a 18 ans et elle parle énormément de ça et elle essaie de faire changer les choses parce qu’ elle se sentait mal comme les trois quarts des jeunes à 13 ans et on lui a dit “ça veut dire que tu es trans” et on l’a transitionnée et maintenant elle le regrette et c’est terrible ! Et je pense que les personnes soit mineures ou majeures, parce que c’est plus facile de parler du fait que c’est pas ok de transitionner des mineurs, mais j’ai transitionné en étant majeure et j’aimerais aussi parler quand même du fait qu’ on m’a juste aidé à me mutiler. Je me mutilais déjà de base, on m’a juste aidé à me mutiler encore plus. Je détestais mes seins, c’est-à-dire que pour moi c’était la cause de tout et forcément j’allais vouloir me mutiler à cet endroit. Et on m’a dit : “Oui bien sûr, évidemment !”
Et du coup je pense que c’est très dangereux pour les personnes qui ne sont pas stables mentalement et qui ont plein de problèmes psychologiques, vraiment. Et je pense que c’est aussi dangereux pour les enfants, parce que il y a clairement un lien avec la pédophilie : je veux dire dans tous les milieux sur Internet, dans le milieu trans etc, tout le monde le sait, je veux dire tout le monde le sait qu’ il y a des pédophiles et qu’ ils vont toujours prendre sous leurs ailes des jeunes et faire des trucs avec eux. Les gens de ma génération qui ont traîné sur internet dans ces milieux-là le savent, tout le monde le sait, tout le monde le sait, et je pense que c’est vraiment dangereux à ce niveau là. Et je pense aussi que c’est dangereux globalement pour tout le monde mais surtout pour les enfants qui grandissent en ce moment avec cette idéologie, je pense que c’est dangereux d’insinuer que notre corps doit refléter qui on est dans le sens où ça doit refléter notre personnalité. Insinuer que si tu as des seins ça veut dire que tu aimes le rose ou je ne sais quelle autre chose, c’est mauvais ! Ça ne fait du bien à personne.
Et je pense aussi que c’est dangereux pour la démocratie parce que je vois beaucoup l’extrémisme queer juste comme une autre forme de radicalisation : ça passe par internet et puis après les gens vont dans des squats. J’ai connu des villes où les transactivistes vandalisaient les centres LGBT parce que ce n’était pas assez Queer pour eux. J’ai vu beaucoup de jeunes qui comme moi étaient perdus dans leur vie, avaient besoin de se dire qu’on pouvait changer le monde et on s’est dit que ça pouvait être comme ça et on s’est radicalisé. Et pour moi c’est juste une autre radicalisation. Et j’ai envie de dire aux personnes LGBT ou même aux personnes hétéros qui soutiennent cette idéologie, j’ai envie de leur dire : les transactivistes ne sont pas de votre côté. Les transactivistes à part quelques rares, mais la plupart des transactivistes, leur idéal c’est détruire toutes les normes. Globalement en fait, tu prends toutes les normes, tu les détruis : que ce soit l’âge, l’orientation sexuelle, tout, tout en fait. Le but c’est vraiment juste du chaos et en soi, oui à l’époque ça me semblait bien le chaos parce que j’étais jeune et rebelle et en fait je réalise maintenant que pour les enfants et pour tout le monde, ça ne va nulle part, surtout quand derrière cette idéologie c’est des hommes pédophiles qui poussent tout ça.
RDG – Aujourd’hui tu témoignes anonymement, pourquoi ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ? Est-ce que tu te sens en danger ou est-ce qu’ au contraire, tu te sens en sécurité pour parler de ce sujet librement ?
Axelle – Alors je témoigne anonymement. Alors déjà en tant que personne détrans qui ne croit plus en idéologie du genre, je sais que je me suis déjà reçu des menaces de mort, bon en ligne, certes, mais ça me donne quand même une certaine idée du sentiment que les transactivistes ont vis-à-vis des gens comme moi et aussi parce que j’ai été du côté des transactivistes, j’ai vu ce qu’ils faisaient, et je ne veux pas, je ne veux pas avoir de problèmes.
Et aussi, j’aimerais travailler, un jour, quand j’arrive à aller mieux.
Tout ce que j’ai raconté, c’est des choses dont je ne parle pas.
Déjà, parce que c’est très difficile socialement, de dire qu’on ne croit pas au genre.
L’idéologie du genre est partout, c’est terrible!
Quand j’ai commencé à transitionner, c’était beaucoup moins répandu que maintenant, et c’est vraiment… c’est triste de voir comment toutes les personnes qui ne sont pas transactivistes et qui défendent cette idéologie…
Qu’est-ce que vous faites? Vous défendez des agresseurs, en fait! vous défendez des gens qui prônent la mutilation, vous défendez des gens qui prônent une idéologie! C’est une secte, c’est vraiment juste une autre secte, en fait! Ce sont des croyances, et on utilise des enfants à cause de ces croyances!
Arrêtez, arrêtez de jouer à ce jeu, en fait! Si ces personnes-là veulent prétendre être d’un autre sexe, ok. Mais personnellement je ne vais pas le faire, je ne vais pas mentir pour elles.
Bref, je m’égare.
RDG – En tout cas, je vais dire quelque chose, moi. Parce que tu témoignes anonymement, mais je voulais souligner ton courage.
Et de la part de toutes les femmes qui écoutent, de tous les parents qui écoutent, de toutes les filles qui se posent ces questions : merci! Vraiment, merci du fond du cœur. Voilà, je tiens à ce que ce soit dit, et que ça reste dans l’audio.
Vraiment, merci pour ton courage.
Axelle – Merci. Avec plaisir, je pense que c’est vraiment important qu’on puisse en parler, parce que c’est tellement tabou. Et je pense que c’est… Je comprends qu’il y ait des gens qui soutiennent la cause trans, parce que c’est vraiment tout un truc de victimisation, et ils jouent vraiment sur les sentiments.
Et je pense vraiment que tant que les personnes détrans, tant que les personnes qui ne connaissent pas, tant qu’on ne parle pas, en fait, ça ne va pas changer.
Et en tout cas, merci à toutes les personnes qui écoutent, et merci à toi de faire ça, c’est vraiment chouette.
RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant, donc, la transidentité ou le transactivisme?
Axelle – Alors, des anecdotes j’en ai plein haha, et je ne peux jamais en parler!
Je veux parler d’un cas assez commun que j’ai vu très souvent en squat queer. Du coup, il y a souvent ces hommes transidentifiés, qui vont influencer des jeunes, qui vont souvent les agresser, d’une manière ou d’une autre.
Sur les plateformes anglophones, il y a de plus en plus de personnes qui commencent à parler du fait que les incels, les hommes extrêmement misogynes… Leurs valeurs, c’est que les femmes leurs doivent du sexe. Il y en a de plus en plus qui transitionnent, parce qu’en fait, ça marche!
C’est-à-dire qu’à partir du moment où tu es “une femme trans”, entre guillemets, et bien, tu es intouchable. En squatt queer, souvent on fait la justice un peu nous-mêmes, c’est à dire que quand il y a une agression, on essaye de faire, entre guillemets, “un petit jugement”, et d’exclure la personne… Après, ça, c’est dans la théorie, mais bon… Et à chaque fois que c’était un homme transidentifié, à chaque fois, à chaque fois, c’était tabou! C’était tabou! Parce que si on disait “ouais bah il a agressé une personne”, les gens criaient au “cissexisme” et à la transmisogynie. Parce que, insinuer que “les femmes trans”, entre guillemets, du coup les hommes transidentifiés pouvaient agresser des personnes, c’était supposer que c’étaient toujours des hommes, et que les hommes étaient tous des agresseurs. Et du coup, c’était juste impossible, en fait. Parce que tout le monde avait peur de dire quoi que ce soit sur les hommes transidentifiés. Parce que c’est vraiment une classe protégée, dans ce milieu, et ils ont tous les droits, vraiment! Et à peine on leur dit “ouais, tu parles un peu fort, là”, ou juste “j’aimerais un peu que tu évites de m’agresser” haha… et bien tout le monde est là en mode “voilà! C’est de la transmisogynie, transwomen are women… et franchement, ça fait très secte, quand tout le monde autour de toi te dit “les femmes trans sont des femmes”, et que du coup, on te dit de ne plus rien dire.
Ça, c’est un truc qui m’a marquée, surtout parce que c’est très, très récurrent, mais vraiment, incroyablement, c’est tout le temps présent, quoi. Et de partout.
Du coup, je pense c’est une anecdote assez rigolote de se dire que les hommes ont enfin trouvé un moyen de pouvoir violer les femmes en toute impunité : c’était juste en mettant des talons.
RDG – C’est un moyen DE PLUS.
Axelle – Oui, un moyen DE PLUS.
RDG – Parce que quand, tu vois, on est à plus de 99% d’impunité en France, ce truc c’est vraiment pour ceux qui veulent faire à coup sûr dans l’impunité. Mais en gros…
Axelle – Oui, c’est ça!
RDG – Tu n’encours pas grand-chose, quand tu es en France, et que tu es un agresseur.
Axelle – Clairement, clairement.
RDG – Bref, d’accord. Est-ce que tu as une autre anecdote? je crois que tu voulais parler d’une amie qui a eu une hystérectomie rapidement?
RDG – Oh oui. J’ai une amie transidentifiée qui, bien sûr, ne sait pas si elle est non binaire, un homme… ça change suivant les jours, enfin bref. Et elle est transidentifiée depuis moins d’un an, je ne sais plus exactement quand est-ce qu’elle a commencé.
Elle prend de la testo depuis très peu de temps, aussi.
Et elle fait partie de ces nombreuses personnes qui ont pris rendez-vous avec un chirurgien. En général, c’est des chirurgiens sur Paris qui font ça. Mais il y en a un peu de partout, aussi.
Qui a téléphoné à un chirurgien, qui a dit “Voilà, mon utérus me fait me sentir dysphorique”. Il faut savoir qu’elle ne prévoit pas, par exemple, d’enlever ses seins. Il faut savoir qu’elle compte arrêter la testostérone, d’ailleurs j’étais très inquiète pour elle, parce qu’au début, elle comptait tout enlever, et j’ai dû lui dire que, sans hormones du tout, elle allait avoir de sérieux problèmes. Ça montre bien le manque de connaissances du sujet, quoi. Et quand elle a demandé à ce chirurgien : “Voilà, je veux enlever mon utérus”. Le chirurgien a dit “ok”, donc au téléphone. Et ils ont décidé d’une date. Quelques mois plus tard, elle a eu cette opération, elle a soudainement réalisé que… enfin elle n’a rien réalisé du tout, mais elle est en très mauvaise santé depuis. Ça fait plusieurs mois, et elle ne s’en remet pas. Je pense qu’elle n’était absolument pas prête. On est plusieurs amies à essayer de l’avoir questionnée un peu, de lui avoir dit : “Tu sais que, quand même, enlever ton utérus, c’est pas rien, quoi!” Et elle disait qu’elle savait.
Elle était un peu de ces personnes trans qui veulent, comme la plupart des personnes trans, j’étais comme ça aussi, qui ne veulent rien entendre, et qui à peine on critique, on essaye de poser une question, c’est tout de suite… Elles crient à la transphobie.
Donc et du coup il se trouve… elle a pas de complications. Je ne sais pas exactement quoi, je sais qu’elle a vraiment mauvaise mine. Et elle a du mal à rester debout régulièrement, pendant de longues périodes.
Voilà : pour moi, les chirurgiens, ils font des expériences sur des gens en mauvaise santé mentale.
J’ai discuté avec une autre femme détrans, qui s’est fait enlever la poitrine – pareil, c’était via téléphone, donc n’avait jamais rencontré les chirurgiens – quand elle est arrivée, ils lui ont demandé s’ils pouvaient faire une autre technique que ce qu’elle voulait, alors qu’ils s’étaient mis d’accord avant, parce que le chirurgien voulait montrer à ses internes… Et il faut savoir que la différence de technique, c’est à dire qu’elle avait voulu une péri aéro, j’arrive jamais à le dire “péri aréolaire”, bon bref. Voilà, une “péri”, ce qui fait beaucoup moins de conséquences sur le long terme. Et le chirurgien voulait faire une double incision, ce qui, vraiment, n’implique pas les mêmes choses, voilà.
Et elle m’a dit c’était vraiment : “ah bah voilà, tiens. On va expérimenter cette chirurgie, quoi.”
Et je pense que c’est important de le signaler.
RDG – C’est délirant.
Axelle – C’est délirant.
RDG – C’est-à-dire que, en gros “j’ai envie de m’exercer, donc, du coup, vous avez choisi une technique, mais moi je vais faire la mienne, parce qu’il faut que je la montre à mes internes”…
Axelle – C’est exactement ça!
RDG – “…qui, à leur tour, pourront mutiler de nouvelles jeunes filles!”
Axelle – Totalement, totalement… et c’est terrible!
RDG – Je ris, mais vraiment, je ris jaune!
Axelle – Non non non, aucun souci, je rigole aussi quand je suis désespérée.
Ce genre d’histoire, il y en a plein, vraiment. Et partout. Vraiment.
Je n’ai même pas abordé le thème des enfants qu’on transitionne parce qu’ils sont gays. Enfin, je veux dire, il y a quand même des cas, comme ça, où des parents voient que leur enfant est un peu non-conforme dans son genre, ou alors potentiellement homosexuel. Et ça arrive qu’ils les transitionnent. Il y a beaucoup d’enfants aux USA qui rapportent ces trucs-là.
Alors c’est encore très tabou, et il n’y a pas trop de communication encore là-dessus, mais il y avait des ex psychologues de certains centres trans, qui disaient clairement que leurs directives c’était : “affirmer, tout le temps affirmer.” Et ils ont totalement vu des parents qui disaient clairement : “Je pense que mon enfant est gay, ce serait mieux s’il transitionnait”.
C’est un truc que je n’ai pas abordé, mais c’est aussi important à prendre en compte.
RDG– Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?
Axelle – Un truc que j’ai observé, aussi, dans les communautés trans dans lesquelles j’étais, c’est que tout le monde, à un moment ou à un autre, finit par reproduire des stéréotypes.
Tout le monde, quel que soit ton genre, quel que soit ton sexe, tu peux faire quoi que ce soit, les oppressions reviendront toujours, d’une manière ou d’une autre.
Rajouter des paillettes dessus et prétendre que ça n’existe pas, ça ne fonctionne pas!
Donc, pour toutes les personnes qui se sentent mal par rapport à ça : “ton corps ne te définit pas. Ton corps ne définit pas ton futur. Ton corps ne définit pas qui tu peux être, et c’est toi qui choisis ton futur. Modifier ton corps, ça ne fonctionne pas. Modifier son corps pour prendre une identité, ça ne fonctionne pas.
Ta personnalité ne devrait pas définir ton corps.
Ton corps tu es né.e avec. Ça restera ton corps à vie, et le mieux que tu puisses faire, c’est en prendre soin, le plus possible.
Parce qu’une fois que tu fais des bêtises, comme moi, eh bien tu n’as plus qu’à… le regretter.
J’ai quelque chose à ajouter pour toutes les femmes, les jeunes femmes, même en fait, n’importe quelle fille, n’importe quelle femme.
Toute ma vie, j’ai cherché un moyen de fuir ma condition de femme.
J’ai toujours cherché un moyen de détruire le patriarcat, de me libérer des stéréotypes, de pouvoir vivre librement, et… comme un homme, en fait!
Et j’ai envie de dire que c’est normal de se sentir comme ça.
Et un conseil de la part d’une femme détrans qui y est passée : j’ai vraiment essayé, et j’ai découvert que ça ne fonctionne pas.
Et je veux vraiment dire qu’on ne se libère pas du genre en le renforçant. On ne se libère pas de notre condition de femme en s’injectant de la testostérone. On va juste se rajouter des problèmes de santé en plus, et même probablement des problèmes psychologiques.
Parce que je discute avec beaucoup de personnes détrans sur Internet, et tout le monde a des difficultés. Parce que c’est dur d’être détrans. C’est dur de faire toutes ces choses-là, pendant des années, et de découvrir que c’était la pire erreur de notre vie, et de découvrir qu’on ne pourra jamais, jamais retourner en arrière.
J’ai perdu ma voix à jamais : je ne pourrais plus jamais chanter comme avant.
Je n’aurais plus jamais de poitrine, et… Quelque chose qui m’a fait énormément, à la fois du bien, et à la fois m’a rendue triste, c’est que toute ma vie, on m’a répété que la seule raison pour laquelle je devrais garder ma poitrine, c’est parce que j’avais de beaux seins.
Et en fait, j’ai découvert que les seins, c’était un organe comme les autres… Pour moi c’est extrêmement misogyne, en fait, que des chirurgiens, et que beaucoup de gens se disent que, si une femme ne veut pas se sentir femme, elle va s’enlever des seins!
C’est extrêmement misogyne!
Et se dire que, au final, c’est pas très grave, c’est juste des seins… Pour moi, je trouve ça très problématique.
Oui, les stéréotypes de genre existent.
Oui le patriarcat existe.
Mais on ne va pas le détruire en transitionnant, ça ne fonctionne pas.
RDG – S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : https://womensdeclaration.com