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Marian, rebelle du genre.

Je m’appelle Marian Lens, je suis sociologue et activiste lesbienne depuis la fin des années 1970.

Marian, rebelle du genre.

Je suis née en 1959 et j’ai maintenant 62 ans.

Je vis à Bruxelles, donc en Belgique et j’avais 19 ans quand j’ai fui, quitté ma famille. Donc j’ai payé moi-même mes études universitaires puisque jeune adulte, j’ai dû partir pour un peu sauver ma peau et depuis ce moment-là, donc, je suis très fort engagée en tant qu’activiste lesbienne.

J’ai fait partie des archives lesbiennes, les deuxièmes archives lesbiennes au monde qui s’appelaient les Lesbiannaires en 1980.

Marian, rebelle du genre.

De 1985 à 2002, j’ai fondé et tenu la librairie lesbienne Artémis, librairie que beaucoup connaissent aussi en France puisque chaque année, j’allais au très grand festival ciné-club qui s’appelait Cineffable et qui est devenu le grand festival international de film lesbien que l’on connaît. Nous avons vécu pendant 18 ans, ce qui est une des plus grandes longévités de librairies féministe.

Dans le monde féministe en moyenne, c’est 3 à 5 ans.

À une époque on nous disait : « Oh là là c’est suicidaire ce n’est qu’une utopie, tu es folle! »

Mais la folie peut amener beaucoup à des voies de créativité … et c’est comme ça qu’on change  le monde, aussi!

Actuellement j’ai relancé une association lesbienne qui s’appelle L-Tours depuis 2012-2014 et là je le fais par une voie, qui a l’air moins politique mais qui ne l’est pas du tout moins, donc de donner par l’histoire « herstory/history », comme on dit en Anglais, l’histoire de lesbiennes, des femmes et du mouvement général, comme on dit actuellement « LGBT » ce qui me permet moi, d’utiliser cet angle là pour parler du général et de notre histoire qui n’est évidemment jamais reproduite ou rarement, ou à titre exceptionnel, ou anecdotique.

C’est un outil très précieux et très politique finalement.

Entre-temps, nous organisons aussi des conférences qui sont enregistrées et mises sur le compte YouTube et nous avons lancé depuis 2019, fin 2019, un site sur lequel nous retranscrivons des articles qui ont été réalisés dans le passé ou actuellement, qui expliquent l’histoire des mouvements lesbiens féministes, tous les débats qui sont vraiment des analyses de fond sur les questions d’identité, les nouveaux masculinismes, dont nous parlerons notamment dans ce podcast-ci.

Je suis issue d’une famille très traditionnelle, très catholique, très « hétéro sociale » et la seule différence qu’il y avait pas entre mon frère direct et moi, à qui je ressemblais très fort physiquement (il y avait à peine une année différence) …

Là, j’ai vu tout de suite le monde de différence qu’il y avait entre les garçons et les filles.

Il y a les garçons et leur monde de possibilités alors que moi, je n’étais qu’une fille… Aucun horizon ne m’était permis en tant que fille.

C’était une famille très très très conventionnelle donc les filles étaient plutôt les esclaves de la famille, c’était nous qui n’arrêtions pas de travailler. Faire la vaisselle,  à manger, s’occuper de tout, accueillir les familles élargies (en Flandre les familles sont avec  énormément d’enfants donc on passait [le temps], plutôt que de jouer, voilà on travaillait).

Ma mère était particulièrement abusive et conservatrice, elle  était misanthrope, antisémite aussi et extrêmement sexiste. Et c’est il n’y a pas si longtemps, il y a quelques mois, que j’ai appris qu’en réalité elle n’avait pas envie de fille, elle n’aimait pas les femmes. Et ça je ne l’avais jamais su.

Si j’avais su, je serais partie encore plus tôt que mes 19 ans je crois… Cela explique énormément de choses sur le fait qu’on n’existe pas en tant que fille et que nous n’avons aucune perspective d’avenir en tant que telle.  Ca expliquait aussi mes colères et ma rébellion. Quand j’étais enfant j’étais très révoltée, très rebelle, à la fois très soumise comme beaucoup de filles… Je restais quand même assez rangée je crois, puisque bon… On me choisissait généralement comme déléguée de classe aussi, comme j’étudiais facilement.

Et en même temps je portais les révoltes.

Marian, rebelle du genre.

Donc tout ça c’est toujours resté, cette notion de devoir changer les choses, que la vie n’était pas juste, qu’il y a beaucoup d’injustices.

En même temps je me rendais compte, par rapport à des copines de classe que, alors que pourtant j’étudiais facilement, quand j’expliquais que je devais lire en cachette, les gens étaient ahuris. Mais c’était ma réalité : en réalité, le seul endroit où on me foutait la paix, c’était les toilettes ! Je connais une autre amie, sociologue,  qui a eu la même situation. On n’avait pas le droit de perdre notre temps, et très souvent, je lisais mes ouvrages scolaires là-bas. Ce qui est hallucinant quand on y pense ! Mais voilà ça montre aussi que, même si on est dans des situations impossibles, on trouve toujours des manières de continuer à rêver de savoir qu’un jour on pourra changer les choses. Et moi c’était ça qui me stimulait.

Par rapport à l’identité, donc j’étais cataloguée fille, oui voilà. Je ne voulais pas être un garçon. J’avais déjà cette notion que ce n’était peut-être pas une évidence, même si je peux mieux l’expliquer évidemment maintenant.

Je ne voulais pas devenir une femme. ça c’est quelque chose qui est venu très tôt donc quand j’étais enfant, jeune adolescente. J’étais constamment humiliée, freinée en tant qu’enfant, mais c’est surtout l’adolescence que ça n’a fait qu’empirer. Quand mes seins, ma poitrine s’est mise à se développer. Et pourtant, franchement, j’étais une maigrelette, ça ne se voyait pas trop. Les blagues graveleuses et vicieuses ont commencé à émerger de plus en plus au sein de la famille et en dehors. Les tentatives d’attouchements, enfin je n’apprends pas grand-chose à beaucoup de femmes… et par réaction de défense, j’ai fait de l’anorexie. À l’époque on appelait ça un anorexie nerveuse. Pour moi c’était tout sauf nerveux :  c’était conscient. Je ne voulais pas de seins. J’avais remarqué que ça faisait diminuer les agressions aussi.  Et j’ai arrêté parce qu’on m’a menacée de me nourrir de force.

 Je crois que ce n’est pas un hasard que ce que j’ai choisi, c’est la sociologie. Parce que je voulais comprendre le monde. Et je crois que ce n’est pas un hasard si le sujet de mon mémoire de master, à la fin des années 79, début des années 80, est devenu un sujet de remise en question de ce qu’on appelle maintenant la théorie du genre, enfin la remise en question des constructions de l’élaboration des catégories homme/femme.

Ca a été d’ailleurs le premier mémoire universitaire qui a été fait sur le sujet, vous imaginez on est en 1980, le titre était « Perspectives d’analyse de l’idéologie la différence dans un système hétéro patriarcal. »

Marian, rebelle du genre.

À l’époque ils n’avaient jamais entendu ça, vous imaginez bien !

Le fait que déjà dans cette université, (c’était l’université libre de Bruxelles, qui était considéré comme laïque, qui l’est, de philosophie) et qui n’était en fait abonnée à aucune revue féministe à l’époque ! Il y avait d’autres universités, très peu qui l’étaient, à des revues scientifiques féministes américaines, mais ce qui n’était pas du tout le cas à Bruxelles. Donc pour eux c’était vraiment déjà hallucinant. Non seulement de venir avec un sujet féministe en soi, mais en plus de remise en question de l’hétérosexualité ! Ca, c’était du jamais vu, du jamais entendu.  Et la construction, puisque je parle de l’idéologie de la différence, la construction des notions dites de sexe à l’époque (actuellement on parle plus de genre, mais bon, c’est du pareil au même), c’est la création des notions, des concepts et des réalités homme/femme.

Et l’idée  aussi à une autre imposition : l’hétérosexualité, donc tout le système hétéro social. Là-dedans, je développais aussi que c’était une oppression, que ce n’était pas juste des discriminations, que  c’était tout un système social, économique et politique qui était basé sur une binarité inventée. D’ailleurs le mot « sexe » vient de secare, qui veut dire séparer, et ça je le développais dans ce qui était en réalité déjà un début de doctorat. Et que la création de genres « homme/femme » à l’époque on disait bien deux sexes, c’était évident, était imposée par un ciment : c’est que le sujet dominé, donc les femmes, devait aimer leur oppresseur par l’hétérosexualité.

La construction sociale autour de l’hétérosexualité imposée comme conditionnement. Et tout ça c’était beaucoup trop…

Donc ce qui s’est passé, c’est qu’évidemment tout le monde était quand même impressionné, puisque le professeur sentait bien l’analyse qui était derrière  (et aussi des assistantes qui étaient des femmes, qui n’osaient pas dire ouvertement qu’elles étaient féministes, mais qui se reconnaissaient en partie dans ce genre d’analyse). Et au lieu d’avoir un jury de trois personnes, trois professeurs, il y a eu là une dizaine, une douzaine de personnes qui se sont déplacées pour venir écouter le « débat du siècle » qui était très houleux, comme vous pouvez l’imaginer.

L’hostilité, à l’époque, était très directe. Donc on avait des insultes énormes aussi de la part des professeurs et c’était très très tendu.

C’était post 68, on est presque 10 ans après. Mais les remises en question fondamentales ne passaient pas bien sûr au niveau de l’université et tout le monde sait aussi que la libération dite sexuelle des années 68, c’était une libération pour les hommes qui avaient alors un accès absolu aux femmes.

Marian, rebelle du genre.

Alors oser dire ça, évidemment, ça ne passait pas du tout. Mais venir avec un système d’analyse qui remettait tout en question, ça c’était du jamais vu et la riposte a été violente. Ils n’ont pas pu arrêter le master, ils n’ont pas pu ne pas me donner mon diplôme mais par contre on m’a bloqué toute possibilité de pouvoir faire de la recherche, du travail de recherche, ou de professorat, dans le milieu académique universitaire alors que tous mes profs du secondaire m’y voyaient… et pour moi, c’était un petit peu mon rêve : changer le monde par là, par les études les plus développées… parce que vraiment, j’y croyais. Je pensais vraiment que ça allait pouvoir être possible.

Et c’est ma révolte qui m’a aidée. Puisque j’étais tellement en colère de m’être rendu compte que mon professeur n’avait même pas lu mon travail, qu’il avait fait lire par son assistante, parce qu’il n’allait quand même pas perdre son temps avec ce genre de sujet…. C’était révoltant, voilà ! Mais bon, c’était la réalité dans les début des années 80. Il ne faut quand même pas oublier que 40 ans plus tard, c’est-à-dire il y a quelques années,  j’ai essayé de revenir avec ce sujet en me disant, quand même, presque un demi-siècle après, ça devrait être possible. Eh bien non. Et surtout pas non plus dans les milieux dits LGBT. Non plus ? Ce sont des sujets qui font toujours peur. Par exemple, à trois autres reprises, j’ai été censurée les dernières années rien que sur la possibilité d’en discuter, avec un titre aussi – me semblait-il- neutre que « Pour une abolition des catégories dites sexe ou de genre, et pourquoi pas ? » Eh bien, trois fois censurée. Donc ça montre, effectivement, que, un demi-siècle après, 40/50 ans après, on n’y est pas encore vraiment, et pour cause. En Belgique les Master de genre ne se sont développés qu’ il y a quelques années, donc finalement, historiquement c’est extrêmement tard. Quand on y pense, on est déjà au début du XXIe siècle. Il y a eu, rien qu’au XXe siècle, plusieurs mouvements féministes : les suffragettes au début du 20e, les deuxième et troisième mouvements féministes à la fin du siècle passé, et on en est au début du 21e, et on en est encore toujours là finalement. De ne pas pouvoir aller à la racine des choses, de faire des analyses radicales, parce que c’est de là  que vient le mot radical, les analyses lesbiennes radicales, les analyses féministes radicales, ça veut simplement dire (et c’est bien sûr tout un programme) « aller à la racine des choses, vouloir comprendre jusqu’au bout ce que cela veut dire ». Eh bien voilà il y a encore énormément de choses,  quelque part, sur ce plan-là, sur la remise en question des civilisations, on n’en est qu’à la Préhistoire.

On est dans une époque très forte dépolitisation, il faut le dire. Donc on redevient un peu minoritaire, quand on vient avec des analyses « qui osent » remettre en question un fonctionnement social et politique, c’est redevenu aussi percutant, quelque part, que dans les années 60, 70, 80 et 90 etc. Sauf que c’est différent à chaque époque. Il y a évidemment les difficultés intrinsèques et les positivités. Pour moi par contre, ce que je vis, c’est qu’on me demande de plus en plus, de pouvoir lire mon Master, pour la première fois, alors que jusqu’à présent, personne ne voulait en entendre parler, vraiment personne, très peu. Et là je sens vraiment un changement réel, donc on ne doit pas sous-estimer c’est simplement ça que je dis. C’est qu’ en réalité je crois qu’on est dans une période politique où nous sommes nettement plus fortes qu’il y a 40 ans et qu’on nous le fait bien sentir, qu’on essaie de tout faire pour faire taire.  Et ça, on ne doit pas le sous-estimer.

Il ne faut pas que nous sous-estimions notre force.

Marian, rebelle du genre.

Moi, je suis de cette génération qui n’a pas arrêté. J’ai cette chance de pouvoir parler de mon histoire, c’est quand même très nouveau, historiquement ! Et je tiens bien à le faire.  Même s’il y a eu pour ma part dès la fin des années 90 début des années 2000 un burnout politique réel, comme beaucoup de ma génération… Eh bien nous sommes là ! Nous sommes beaucoup, de retour ! Certaines sont toujours restées et il y a cette nouvelle génération, de tous âges.  Quand je dis ça, c’est des nouvelles générations de toutes origines culturelles qui se retrouvent maintenant … et veulent parler de ça. Mais n’osent pas, la plupart du temps parce qu’ il y a cette contre-offensive, ce backlash, ces conservatismes qui sont là.

Et des nouveaux masculinismes… Mais il fallait s’y attendre, avec des moyens énormes, et nous sommes dans cette période politique du meilleur et du pire. Sauf que je crois, et ça c’est ma conviction,  c’est qu’il y a un peu plus de meilleur que de pire. Certainement dans nos contrées à nous, si on les compare à d’autres. Franchement ne fût-ce qu’évoquer le fait de revendiquer des choses, en tant que de fille ou femme, qu’est-ce que ça dit ? Ici nous sommes quand même dans une période où nous pouvons nous exprimer, même si nous subissons beaucoup de répression et de violence. Il faut quand même relativiser et savoir que, au contraire, nous avons acquis et atteint beaucoup de choses, et que nous sommes dans une phase historique de grosse lutte de nouveau, très frontale, et il fallait s’y attendre… donc moi… j’en ai tellement vécu, de hauts et de bas, et c’est ça que j’explique aussi dans mes parcours. C’est un parcours en dents de scie mais tant que quand on monte avec la main, tant que la courbe  médiane, la main monte, en dents de scie, ça veut dire qu’il y a une progression.  Et cette progression-là existe, il ne faut pas la sous-estimer. Il faut vraiment croire en nos forces, et il faut continuer.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie du genre est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, et pourquoi pas, pour notre démocratie ?

Pour tout ça en fait, elle est très dangereuse. Pourquoi?

Parce qu’elle passe sous silence l’oppression des femmes par les hommes. En prétendant avoir une approche scientifique ces “académiciens et académiciennes” n’ont cherché qu’à aseptiser complètement la question. Et il y a là, un véritable déni d’oppression.

Ce déni est un mot très fort, parce que l’on en plein négationnisme, parce que ce que l’on constate actuellement c’est qu’il y a beaucoup de d’études académiques qui sont tout à fait référencées et qui pourtant, donc, nient le fait que il s’agit bien d’un d’un système d’oppression, parce que quand il y a un tel niveau de discrimination, avec autant de violence (je parle des viols qui vont jusqu’aux féminicides, qui sont considérés encore toujours comme des faits divers, comme faisant partie d’une sorte de nature), il y a quelque chose qui ne va pas.

Quand on parvient à reconnaître le racisme, le fait de trouver le prétexte de couleur de peau d’origine culturelle pour ancrer des différences très graves qui vont jusqu’à l’esclavagisme… et qu’actuellement le reconnaît… le fait que quand il s’agit de ce qu’on appelle “les femmes” ça passe sous silence… on relativise et on banalise ce taux de violence qui qui est le plus élevé qui existe… Eh bien c’est très grave. Parce qu’on va nier des réalités pour une masse de personnes, et on va nier aussi que des mécanismes… par exemple la gestation pour autrui un qui révèle en fait un niveau de violence énorme qui renaît… De véritables traites contre les femmes et les enfants! Mais de banaliser ça à des choix personnels et individuels, c’est en fait faire du révisionnisme et du négationnisme.

C’est ne pas reconnaître les choses telles qu’elles sont. Et nous en sommes toujours là.

D’ailleurs dans le monde académique, il faudrait un nouveau mai 68 ! Sauf qu’il faut mieux que ça parce que Mai 68, c’était plutôt une libération de la sexualité pour les hommes, mais pas pour les femmes.

Marian, rebelle du genre.

Le mouvement #MeeToo a montré qu’une masse de femme qui n’osaient pas se dire féministes ont enfin osé faire le pas,  il montre à quel point ce taux de violence est redevenu très, très fort. 

Qu’il n’est plus possible d’invisibiliser ce qui se passe. 

Beaucoup de femmes l’ont compris et le disent. Même celles qui n’osaient pas se dire féministes. Sauf que ce n’est pas suffisant.

Parce que nous sommes de nouveau, pour nous, les femmes, dans une situation politique de backlash. Qu’est-ce que ça veut dire?

C’est un contexte actuel, social, politique et économique, c’est un véritable retour en arrière. Et le COVID, malheureusement, va accentuer ça. Il l’a déjà fait.

Ce sont toujours les plus “minorisées”, et on peut mettre franchement au féminin, qui sont les plus touchées. Et actuellement, c’est ce qui est en train de se passer. Si ça va mieux pour une couche, une certaine couche préservée d’hommes et de rares femmes, ce n’est pas le cas de la majorité.

Donc on peut  toujours parler d’un phénomène de minorisation de ce groupe social qui est le plus grand qui existe, celui des femmes… Des enfants qui, à la naissance, ont été catégorisés, estampillés comme telles :  des filles et des futures femmes. Ce n’est pas un choix, c’est quelque chose qui est imposé à un petit être, un petit amas de cellules.

On va créer deux catégories tout à fait arbitraires, comme le racisme, en trouvant prétexte dans la nature pour créer des différences. Et là, en l’occurrence, c’est ça : on écarte les jambes de ce petit corps tout à fait innocent, et on va décider : « Ah, on fait deux boîtes, hop : garçon ou fille ». Et on hiérarchise ces boîtes. Parce qu’elles ne sont pas l’une à côté de l’autre.

Il y a une boîte en dessous et l’autre au-dessus, et la boîte au-dessus, évidemment, est la boîte qui a tous les privilèges.

La boîte du dessous, est la future boîte contenant ces petits êtres qui vont devoir servir la boîte supérieure… Donc, ce n’est pas un choix.  Le choix c’est de refuser de continuer à rester dans ces boîtes.

Marian, rebelle du genre.

Quand on parle de boîte, ça montre bien les limites.

On ne peut pas se déplacer, aller d’une boîte à l’autre, non, non! C’est un système social imposé. On ne fait pas ce qu’on veut.

Et quand on explique ça de manière très imagée, c’est réel!  Il y a des milliards d’êtres humains, mais il n’y a que deux boîtes. C’est d’une violence énorme évidemment.

Et actuellement, en ce début de XXIe siècle on prétend qu’on peut choisir… Mais depuis quand on choisit une oppression? Personne ne le fait! Une oppression, s’il y a  bien quelque chose qui est imposé, c’est une oppression! Les petits êtres appelés filles, qui ne voulaient pas être là, et qui vont devoir servir les êtres supérieurs que sont les hommes, n’ont pas le choix! 

Après on peut choisir de déconstruire, en attendant c’est tout un système de conditionnement très violent… D’ailleurs le mot “éduquer”…  si c’était naturel il ne faudrait pas éduquer! On va éduquer ces futurs êtres, vraiment faire tout pour qu’elles, et ils, restent dans leur boîte respective. Et ça s’appelle l’éducation. Le mot, comme le mot sexe “secare” qui veut dire séparer, éduquer vient de “educare”  qui veut dire “redresser ce qui est tordu”. Donc quand on sait ça, c’est un fameux programme! Et on comprend toute la violence qu’il y a là-dedans. 

On comprend aussi tous les mots qui stéréotypent comme “garçon manqué”… Il faudrait savoir : si on est une fille qu’on appartient “naturellement” à cette boîte-là, eh bien il ne faut pas éduquer : on est “naturellement” cette chose qu’on est censée être. Le fait qu’on doive éduquer et par après, avec des systèmes punitifs extrêmement graves (qui vont jusqu’à aux sanctions économiques,  quand on voit les  salaires ce sont des sanctions économiques, il ne faut pas oublier ça), pour rappeler l’asservissement, pour rappeler les différences qui ont été créées de toutes pièces, et surtout maintenir la catégorie soumise dans une situation économique de soumission. Parce que moins vous avez de moyens, plus c’est difficile de se révolter, d’exiger la même chose… 

Nous en sommes toujours là. Donc quelque part, c’est hallucinant… On est en début de XXIème  siècle et qu’on doive encore toujours essayer de prouver ces réalités violentes-là… de prouver que le faite qu’on tue un être parce qu’elle est une femme, c’est du féminicide et c’est d’ailleurs les féministes qui ont inventé ça, cette notion d’être tué par ce que femme, ça a été créé  en 1976, lors d’une très grande rencontre mondiale, la toute première, qui s’est d’ailleurs passée à Bruxelles. Il y a eu des délégations de 40 pays de femmes qui sont venues avec ça, en disant que non, il n’y a  rien de moins naturel, que c’est construit, c’est une violence. La violence imposée d’hétérosexualité c’est une violence, lors du tribunal des crimes contre les femmes.

Donc quand on pense que ça va faire un demi-siècle que ça été dit … et que c’est toujours pas reconnu au niveau des politiques des pays dits démocratiques européens…  c’est hallucinant.

Par exemple, en Belgique, on reconnaît le fait d’avoir été tué, agressé,  tué en parce que homosexuel c’est un fait aggravant, au niveau du pénal. La Belgique n’a toujours pas reconnu le fait d’être tuée en tant que femme comme un même type de violence. Parce que c’est ça que ça veut dire…

Marian, rebelle du genre.

D’ailleurs, nul part dans le monde. Il y a un seul pays qui commence à le reconnaître et c’est nouveau.  C’est hallucinant et ça montre à quel point on est très en retard à ce niveau-là.  Et donc oser venir et dire que non, le genre c’est une c’est une approche complètement aseptisée, inacceptable d’un phénomène de violence aussi grave. Ça ne va pas,  on ne peut pas l’accepter.

Actuellement oui on constate qu’on est dans un retour des masculinismes et de nouvelles formes, extrêmement agressives : les intégristes trans qui sont minoritaires,  sont en fait très très forts politiquement. Ils font très peur et réussissent à s’imposer dans les milieux académiques  mais aussi politiques. Et ça je connais peu… je ne connais aucun Etat où ce n’est pas le cas. 

Donc ils sont… Les mouvements LGBT sont devenus beaucoup plus réformistes,  voire conservateurs,  et ont des ailes extrêmement conservatrices. Mais on ne voit jamais l’intégrisme, quel qu’il soit, (ici, par exemple, trans) comme étant en fait, finalement, un mouvement extrêmement masculiniste, extrêmement ultraconservateur.

Qu’est-ce que ces mouvements? Eh bien on le sait  : ils sont foncièrement anti femmes, ces pauvres petits êtres qui n’ont pas choisi d’être catégorisées comme ça. Eh bien, il y a cette haine de ces êtres soumis. D’autant plus quand ces êtres se révoltent. C’est le cas des féministes.

Donc,  évidemment, ces mouvements intégristes sont foncièrement antiféministes, profondément sexistes, profondément  lesbophobes aussi. Pourquoi? Parce que ce sont celles qui leur échappent le plus. Il ne faut pas oublier que ce sont celles qui ont refusé d’aimer des hommes, en n’aiment “que” des femmes (entre guillemets le “que”). C’est comme ça que eux le perçoivent et c’est pour ça aussi par exemple que dans certains pays les lesbiennes sont particulièrement torturées, jusqu’au meurtre, assassinées parce que les femmes les plus libérées à leurs yeux. C’est la haine de ces êtres qui sont à leurs yeux nées pour servir et être asservies, et voire pourquoi pas pour qu’ils puissent s’en amuser jusqu’à les torturer et pourquoi pas les tuer, finalement c’est quand même un droit absolu.  

Donc c’est ça qu’il ne faut pas sous-estimer : ce sont des personnes qui sont fondamentalement haineuses. 

Et nous, notre force, c’est que nous pouvons expliquer et développer ça. Et on ne doit pas sous-estimer effectivement ce qu’on va provoquer chez eux. Et c’est ça qui se passe, en fait : on subit un niveau de haine à un degré ultime, complètement décomplexé,  et ça c’est par contre … Ce n’est pas nouveau, la haine, la répression des femmes : il suffit de voir Boko Haram, c’est ce qu’il s’est passé. L’enlèvement, l’esclavagisme, et puis tuer des esclaves… ça n’a aucun sens, si ce n’est de servir comme instrument de peur, pour bien montrer : « écoutez, si vous n’écoutez pas, je vais aller jusque-là »…

Ça fait peur, et ça marche très bien! D’ailleurs la plupart des femmes le savent très bien, c’est à leur risques et périls si elles sortent la nuit, si elles sortent dans des endroits considérés comme des lieux majoritairement pour les hommes, mais eux le savent très bien, nous sommes toujours dans ce monde-là, toujours dans un monde qui ne nous appartient pas. L’espace public est toujours un monde dangereux et privé.

Il ne faut pas oublier qu’une fille, une femme sur trois va subir un très haut taux de violence dans ce qui est considéré comme une sphère protégée qui est la famille. Or, on sait très bien que les premières agressions viennent d’abord de proches.

Marian, rebelle du genre.

C’est ce que les féministes ont toujours analysé et dénoncé. et on en est encore, toujours à devoir reprouver , revenir avec ces analyses et toute cette masse de travail théorique qu’on a fait, qui a été complètement dénigrée et qui disparaît de plus en plus, même dans des  sphères dites “scientifiques” que sont les milieux académiques et universitaires.

Et c’est ça qu’on provoque. On n’en est encore qu’au tout début de la remise en question du patriarcat.

Tu témoignes aujourd’hui sous ta réelle identité, pourquoi? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as déjà été mise en danger ou est-ce que tu as perçu un danger pour toi ou pour ton entourage? Ou est-ce que, au contraire, tu te sais en  sécurité pour parler librement de ce sujet?

Je dois dire que depuis que je suis petite, je ne me suis jamais sentie en sécurité, jamais… Donc pourquoi j’ose? Mais parce qu’en fait, les personnages que je lisais quand j’étais enfant,  c’étaient ces personnes qui osaient… Et j’ai toujours eu cette notion d’urgence, qu’il n’y a pas de temps à perdre. Je choisissais des personnages qui disaient ça, aussi et je trouvais ça tellement vrai.

Ne rien faire, c’est laisser faire.

Marian, rebelle du genre.

Très tôt, j’avais compris ça et j’avais compris aussi qu’on obtenait du résultat à se révolter, à exiger des choses, a demander.  Si c’était structuré, bien pensé, etc.

Mais ce sont des stratégies qu’on développe déjà enfant.

Moi, enfin, je développais déjà des stratégies de défense. J’étais un enfant très renfermée, et ça m’a permis de me protéger, par exemple je n’ai jamais vécu mes attirances enfant, adolescente, parce que je savais que c’était dangereux. Et j’ai bien eu raison, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle je suis partie à 19 ans. Je savais que d’autres personnes avant moi avaient réussi à le faire, à trouver un job, à partir, donc c’est ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais retrouvée à la rue, mais oui j’ai dormi avec un manteau parce que je n’avais pas de quoi me chauffer. J’étais dans une mansarde où il n’y avait même pas de quoi préparer à manger, c’était comme ça…Et c’était pas le 19e siècle, je parle de la fin des années 70, début des années 80, donc ce n’est pas si vieux que ça. 

Et si c’était à refaire, je le referai parce que c’est ce qui m’a sauvée. J’ai connu beaucoup de solidarité.  J’ai connu plus de solidarité que de répression à partir du moment où j’ai pris ma vie en main, c’est-à-dire quand, en tant que jeune adulte, je suis partie.   et je ne suis pas la seule. C’est vrai que ça aidait beaucoup de savoir qu’on n’est pas la seule, même si à l’époque j’étais très isolée et que je pensais être seule au monde. On a toujours l’impression qu’on est seule. C’est vrai que on n’est pas beaucoup, pas très nombreuses, mais avec le temps et avec ce qu’on fait, on découvre d’autres comme nous puisque, théorie au moins, on sait qu’on ne peut pas être la seule, ce n’est pas possible. 

Alors, la répression, oui, je n’ai toujours connu que ça : en tant qu’enfant, on me remettait à ma place. Il y a 1000 façons de le faire. Je voyais bien les libertés que mes frères avaient et que ma sœur et moi, n’avions pas du tout. Moi, j’étais la plus révoltée des deux, donc j’ai pris les premiers coups… et tous les coups! La censure, je connaissais. Mais ça ne m’a pas empêché de fuir, de partir et d’oser, de dire. Il ne faut pas avoir peur de le faire. Parce que, comme disait Audre Lorde : “Your silence will not protect you”, “Votre silence ne vous protégera jamais”. C’est un état de fait. C’est une féministe noire lesbienne qui le dit. Or, elle, avec les sur-discriminations qu’elle a subies, savait vraiment de quoi elle parlait. Alors osons, osons le faire, osons le dire … et nous en sommes toujours là. Nous ne sommes pas seules, au contraire, nous sommes des mouvements très très forts. D’ailleurs, ce podcast, cette série que vous lancez, est extraordinaire parce que ça permet des débats, de les enregistrer, de les faire connaître. Ce sont des outils puissants qui montrent à quel point nous sommes en contrôle avec nos moyens et que nous gérons nos espaces.  Et qu’il faut le faire, c’est la seule manière. Parce que les autres espaces, nous perdons énormément de temps à prouver, à pouvoir prendre un petit peu de place. Même s’il faut être partout, il faut toujours être en  contrôle d’une majorité d’outils aussi. Nous n’avons pas le choix  : nous devons les créer nous-mêmes. Et ce n’est pas terrible, ça nous permet de développer énormément de créativité, de découvrir la solidarité, et d’autres qui,  comme nous, se battent un tas de niveau, donc c’est magnifique.

Ce sont des énergies très très fortes. Et ce n’est pas additionnel, ce sont des énergies en spirale énormes!  

Autant, moi j’ai connu des mouvements de libération féministes et lesbienne … J’ai eu cette chance-là, c’est un miracle! Parce qu’il y en a qui vont vivre de longues décennies sans les connaître, il y a des pays où ce n’est même pas envisageable donc, quel miracle, c’est magnifique !

Pourquoi  sous mon identité?

Le problème ce n’est pas moi, c’est cette société, ce sont ces masculinistes, ce sont ces complices des masculinismes qui sont de vrais problèmes, pas nous!

Donc, c’est cette société qui doit changer et pas nous. Nous, on est très bien comme on est.

Marian, rebelle du genre.

Pourquoi témoigner?

Également parce qu’on est dans une période qui enjolive l’exploitation des femmes et ça, c’est aussi un point que je voulais absolument développer.

Actuellement, par exemple, dans la prostitution, qui est une violence extrême contre les femmes, il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes, la majorité, si ce n’est la totalité, se prostituent parce qu’elles ne trouvent pas d’autre job, ou parce que ça leur a été imposé. Une violence et une violence.

De même, la “femme éternelle” sous son lipstick, si elle n’a pas le choix d’être qui elle est, c’est une violence. Donc une beauté peut cacher des violences bien plus graves. On est un peu là-dedans, dans les milieux queers (pas tout le monde dans ces milieux) qui vont enjoliver quelque chose qui est en fait une violence. Un système de violence, ça on ne peut pas accepter, c’est un retour en arrière. 

Nous sommes aussi dans un retour en force des  binarisme, contrairement à ce que des mouvements trans ou queer prétendent, certaines tendances.

Ce qui m’a beaucoup fait rire, parce que je ne parvenais pas à y croire la première fois que j’en ai entendu parler : il y avait un atelier “pour les nuls” pour apprendre à devenir un homme ou une femme. Il faudrait savoir :  si on est né comme ça, ou soit disant « pas dans le bon corps » , pourquoi il faut apprendre un accoutrement, des attitudes prétendument masculines ou féminines ? Ou ça existe, et c’est naturel, où ça ne l’est pas ! Si ça ne l’est pas, vouloir apprendre ça , mais c’est absurde ! On est dans une période politique hallucinante où des mouvements, qui se disent politiquement corrects, disent  une chose … et son contraire. Donc reprennent un discours patriarcal complètement oppressant, en prétendant faire l’inverse de ce qu’ils prétendent dénoncer ! 

Et c’est ça aussi, ce qui a été imposé à des enfants intersexes, enfin que l’on appelle comme ça. 

Être un enfant intersexe, ça veut dire quoi ? C’est un petit être  qu’on va torturer, c’est-à-dire qu’on va lui faire des opérations mutilantes, pour que cet enfant ressemble à une des deux catégories, garçon ou fille, et y reste. Et à l’adolescence, avec le développement d’un corps qui peut décider de se développer de manière non prévue par cette société normative, le bistouri ne suffira pas. On va commencer à bourrer cet enfant d’hormones, les dossiers médicaux vont souvent disparaître. Ce sont des êtres qui étaient sans aucun problème médical et qui vont se retrouver à l’état adulte ou jeune adulte avec des complications médicales terribles. Cette réalité médicale dans laquelle nous sommes toujours, qui est extrêmement mauvaise pour ces enfants, ne peut pas être bonne pour des enfants qu’on appellerait trans. Parce que reprendre un bistouri, ce qui est une grande violence, pour que ces enfants “trans”, soi-disant correspondent à une catégorie … quoi? La nature se serait-elle trompée ? Mais une nature, ça ne se trompe pas. Ça existe en soi. C’est une société qui se trompe, ou un être humain, mais pas la nature! 

Or on est là dans un système d’explication idéologique qui essaierait de nous faire croire qu’il y aurait des erreurs dans la nature qu’il faut alors corriger, par des êtres humains, qui sont des êtres pensants et relatifs!

Marian, rebelle du genre.

Voilà, c’est une violence parmi d’autres. Ce qui est hallucinant, c’est que ça marche! C’est que c’est imposé, et banalisé. 

 Ce qui est intéressant, par contre, c’est qu’un tas d’êtres, qui sont passés par là, ont décidé de remettre ça en question, donc des personnes qui ont décidé de transitionner, pensant que leur corps était mauvais, ou  leurs pensées, et ont décidé de faire marche arrière. On parle là de détransition , ou de post-transition.  Et bien c’est tabou, on ne peut pas en parler.  

Donc on pourrait être hétéro puis devenir bi ou lesbienne puis redevenir hétéro. Par contre, non, trans, on serait une chose, puis on est trans… Mais on ne peut pas détransitionner… et pourquoi pas?  Qui a décidé ça?  Donc on est dans des  identités qui seraient soi-disant naturelles puis ne le sont plus, c’est-à-dire qu’on va opérer, mettre un tas d’hormones et de cocktails chimiques extrêmement graves et peu contrôlés médicalement, et là, prétendre que c’est naturel! Mais étonnamment, on est dans ce monde-là.  Qui dit une chose et son contraire.  Et d’ailleurs, je vais rassurer beaucoup de personnes et beaucoup d’activistes, on est déjà en train de faire marche arrière.  Il y a déjà un pays qui en train de largement faire marche arrière grâce une personne qui a détransitionné en Grande-Bretagne : une jeune lesbienne au départ qui a décidé de transitionner pour devenir un garçon, l’a donc décidé adolescente …  Et à 19 ans, a  décidé de faire un procès au système de welfare britannique… qui a perdu le procès. Donc le welfare a décidé de faire marche arrière par rapport à la transition d’enfants et d’adolescents/adolescentes. Et ça c’est très intéressant. Et je peux vous rassurer donc nous on a organisé une conférence à ce niveau-là avec des personnes détransitionneuses qui, elles, ont confirmé qu’elles avaient un public des dizaines de milliers de personnes dans le monde qui ont déjà fait la démarche, dont les premières générations de personnes transitionneuses, qui ont déjà maintenant 40 ans de vécu et remettent ça en question.

Non, ce ne sont pas des cas divers. Ce sont déjà de véritables phénomènes qui sont niés, déniés de pouvoir parler de leur démarche. Et ça, c’est hallucinant. C’est d’une violence extraordinaire.

Donc pourquoi est-ce que je me tairais? Mais il ne faut pas se taire au contraire, parce qu’il y a un tas de pauvres êtres qui, comme nous, se sont rendu compte : “Tiens, il y a un problème social”.  Mais ce n’est pas vous le problème. Vous êtes cet être neutre, magnifique en soi. Peu importe comment vous êtes constitués, moléculairement, morphologiquement. Vous êtes neutres, vous êtes magnifiques. C’est une société qui va décider de l’inverse. Donc le problème ce n’est pas vous : c’est la société de laquelle vous êtes issu malheureusement. C’est cette société, cette civilisation qui est problématique. Et il faut le dire et clamer haut et fort. Voilà. 

Et donc ce podcast, c’est extraordinaire. Il faut oser, il faut le faire!  il faut dire… comme on l’a toujours fait.

Donc voilà pourquoi je parle, pourquoi à visage découvert : parce que je n’ai rien à cacher, au contraire! Je ne vois pas pourquoi moi, je devrais me mettre dans un placard, qui est en fait un ghetto préparé par un système hétéro-patriarcal violent. Il n’en est pas question.

Donc oui, à visage découvert.

Merci Marian. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Ce qui m’avait beaucoup touchée, c’était ce petit être, je ne savais pas si c’était un garçon ou une fille, qui était venu très silencieux/silencieuse. Et ça m’avait vraiment fortement touchée.

En réalité, j’avais déjà entendu cette personne en interview et  au fil du parcours je me suis dit : “Mais je connais, je connais”. Je connaissais visage. Donc je l’ai re-rencontrée et en réalité, c’était une personne, donc une lesbienne, qui avait transitionné vers garçon. Et ça m’avait fort touchée parce que je me reconnaissais dans cette personne, qui cherchait à être neutre, et ne parvenait pas à l’être.

Il y avait tout ça dont je m’étais rappelée depuis l’interview à l’époque (parce qu’à l’époque elle était en transition, je dis “elle” parce qu’elle a décidé de détransitionner et d’être de nouveau “elle” et c’est un choix politique, quand je dis “elle”), et c’était tout son parcours, tout son questionnement, qui m’a beaucoup interpellée.

Je me dis qu’il faut vraiment en parler, absolument. Pour montrer qu’il y a d’autres choix possibles.

Marian, rebelle du genre.

Et c’est vrai que nous avons eu beaucoup de discussions, elle m’a dit : « c’est vrai, si j’avais connu un mouvement politique tel que celui que toi, tu as connu, dans les années 80, 90, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Et ça, ça m’a fait très mal. Parce que je me suis dit : “là c’est quand même grave”. On n’est plus censés être obligés de ne pas pouvoir être qui on est, dans une société qui prétend avoir fondamentalement changé à ce niveau-là. Eh bien ce n’est toujours pas le cas. Et au contraire, avec (malheureusement) le progrès technique et médical et ça c’est une personne intersexe et activiste  qui le disait haut et fort, donc le malheur, c’est que maintenant, ce qui n’était pas possible, l’est. Et on peut, avec des bistouris, des cocktails chimiques extrêmement mutilants et graves pour la santé humaine, malheureusement faire ça!

Moi aussi, je ne suis pas, comme la plupart des êtres humains, 100 % dans une catégorie.

Ce qui m’a sauvée c’est que pour  ma mère, il n’était pas question de dépenser de l’argent pour des frais médicaux.

Ma sœur a pris des coteaux hormonaux dans l’adolescence, moi pas. Je n’avais pas des règles régulières, pendant des mois je n’avais rien, donc  j’étais  un peu intersexe.

Mais à l’époque, heureusement, ça m’a sauvée puisque ce n’était pas très connu, ça m’a vraiment sauvée! Mais il ne faut pas demander : si j’avais été moins typée pour entrer dans la “petite boîte du dessous”, j’aurais subi un tas de violences en plus. Et là, j’en étais très consciente avec le cas de cette personne que j’ai rencontrée, et qui est devenue plus proche. Ca, je voulais le dire. C’est plus qu’une anecdote, c’est vraiment quelque chose qui m’a fait comprendre l’urgence qu’il fallait absolument redire haut et fort ce qui ne va pas dans cette société. Qu’il fallait osé le faire.

D’un autre côté, ce qui m’avait un peu décontenancée lorsque j’ai fait ce panel sur la détransition, c’était quand même l’absence d’esprit critique actuel, que je constate aussi dans mes parcours.

Oui ce qui m’étonne beaucoup, c’est que dans les personnes détransitionneuses certaines s’appellent post-trans et non pas dé-trans, et il y a plus qu’une nuance dans le terme. 

Dé-trans, c’est que vous reconnaissez, qu’il y a un passage, c’est un cheminement. 

Post-trans, ça veut dire que vous êtes passé à autre chose… ou pas!

Entre les deux termes, vous le prenez, soit c’est un cheminement comme un autre, pourquoi pas. Donc vous remettez fondamentalement en question le fait d’être passée par là, il n’y a pas de reconnaissance politique des violences (ou sociologique, peu importe, selon de quel angle vous voulez le prendre), mais ça, ça ne va pas. Ou ça va, ou ça ne va pas. Quand un phénomène est en réalité un mécanisme de violence, il faut avoir l’honnêteté de le dire.  Et il faut aussi, à un moment donné, pouvoir dire « j’ai fait une erreur, un choix. Si c’était à refaire, je ne le referai pas. Il faut avoir le courage de le dire. Moi, il y a des choix que je ne referais plus et je le dis. Et je le développe, il n’y a pas de honte à avoir, c’est simplement un état de fait. Ça permet à d’autres de ne pas devoir repasser par là. 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Oui, je reviens toujours à la même chose : il est absolument impératif, et pour nous, c’est la grosse lutte de ce siècle, il faut que ça réussisse, c’est de faire reconnaître, dans ces termes-là, j’insiste (!), l’oppression des “femmes” par les “hommes”. C’est une créaton structurelle d’une société établie sur un double binarisme qui est  un manichéisme, “homme/femme”… Et oui, l’hétérosexualité, l’hétérosexuation, c’est une contrainte. Il n’y a rien de naturel là-dedans. C’est tout un système social qui est bâti autour de ce double édifice, il faut avoir le courage d’étudier, sous tous les angles, ces mécanismes-là. 

Parce qu’ils sont intrinsèquement liés l’un à l’autre. 

L’un sert à justifier l’autre, et à le renforcer.



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Nous remercions Marian pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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Mercie les femmes!

Maria, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Maria, j’ai 26 ans, je viens de Belgique. Je suis féministe radicale et médecin.

Maria, rebelle du genre.

Maria, ce n’est pas mon vrai prénom, j’ai choisi ce prénom en hommage à Marie Curie qui s’appelait en réalité : Maria Skłodowska.

Je suis aussi la personne derrière le compte Instagram Le Cahier des Invisibles donc, si vous voulez me contacter, vous pouvez me joindre par message privé.

J’ai le sentiment d’avoir toujours été critique du genre ou… Abolitionniste du genre.

Depuis que je suis enfant, ça m’a toujours paru absurde que le rose soit pour les filles, le bleu pour les garçons ou que les filles ne jouent pas au foot et les garçons ne jouent pas aux poupées.

J’ai toujours pensé que, finalement, chacun a une personnalité qui correspond ou ne correspond pas aux stéréotypes de SEXE et, qu’on serait quand même tous beaucoup plus libres si nous ne devrions pas correspondre à ces stéréotypes.

Maria, rebelle du genre.

Ensuite, j’ai entendu parler des personnes transgenres et mon premier réflexe a été de me dire que ces personnes étaient des victimes collatérales du sexisme et que c’étaient des personnes qui ne se retrouvaient pas dans les stéréotypes collés à leur sexe et que, peut-être, pensaient-ils être plus libres en changeant de sexe (même si, ce n’est pas possible de changer de sexe). En tout cas, si elles se faisaient passer pour le sexe opposé pour être plus à l’aise, pour ne pas être perçus comme des hommes non virils ou des femmes perçues comme insufisamment féminines.

Donc, au départ, je me disais “C’est triste”. C’est tout ce que j’en pensais.

Je me disais que ces personnes devaient certainement adhérer au sexisme vu qu’une femme c’est “comme ça” et qu’un homme c’est “comme ça”…

Ensuite, j’ai été introduite au milieu LGBT car, moi-même, je suis lesbienne. J’ai donc rencontré d’autres personnes homosexuelles ou bisexuelles puis, des personnes transgenres aussi.

Au départ, j’avais énormément de mal à accepter que ça puisse être “progressiste” d’encourager quelqu’un à changer son corps, son physique, pour correspondre à ce que la société attend de lui ou d’elle. Mais tout le monde avait l’air de trouver ça normal de détester son corps et de vouloir le changer du tout au tout… Donc, j’ai fini par accepter cette idée. Notamment, car j’ai écouté des personnes transgenres et que je me disais que si ça pouvait les aider à se sentir mieux, si elles sont… Comment dire?

Je pensais que les personnes transgenres étaient profondément sexistes et “traditionnelles” au niveau des rôles, mais en pratique, je me suis rendue compte que beaucoup de gens transgenres sont, peut-être un peu, entre les deux rôles de sexe. Et je me suis dit que finalement, ce n’était pas exactement ce que je m’imaginais, que ce n’étaient pas que des personnes qui pensent que les hommes doivent être virils, ou que les femmes doivent être féminines, peut-être qu’ils ne sont pas aussi traditionalistes que je ne l’imaginais.

Et donc, je me suis un peu ouverte à cette idée que… Oui, peut-être… La notion de transidentité est acceptable.

Puis, aussi, il est vrai que j’ai entendu parler des “TERFS”, de ces personnes qui n’acceptent pas les personnes transgenres et qui sont féministes. Des personnes qui n’acceptent pas l’idée que l’identité de genre existe, etc. Moi-même, j’avais du mal avec ce concept d’identité de genre mais j’ai bien compris que les méchantes de l’histoire c’étaient les “TERFS”, et qu’il ne fallait surtout pas que je sois comme elles!

Progressivement et insidieusement, j’ai remarqué que j’adhérais de plus en plus à ces idées… aux idées des transactivistes…

Maria, rebelle du genre.

Au même moment, je faisais mes études de médecine et, ce qui nous était appris, était que le traitement pour la dysphorie de genre donc : la dysphorie de genre c’est quand une personne ressent un mal être vis à vis de son sexe et aspire à être du sexe opposé.

Et bien, on nous disait que le traitement était d’aller dans le sens de la personne qui est demandeuse/désireuse de changer de sexe et de, du coup, lui donner des traitements féminisans pour les hommes ou, masculinisans pour les femmes. Comme c’était le traitement et qu’il était (apparemment) soutenu par des études qui montraient que c’était la meilleure façon d’améliorer l’état de santé mentale de ces personnes, je me suis dit que non seulement, c’est un groupe extrêmement minoritaire donc je ne voyais pas très bien comment il pourrait menacer le reste de la société rien que par leur existence. Ensuite, visiblement, que ces personnes sont en meilleure santé quand elles suivent un traitement de transition et, enfin, après tout, j’avais toujours cette idée qu’elles étaient plus “victimes” que “menaces” par rapport au patriarcat donc, je ne m’en inquiétais pas plus que ça.

Pendant toute la durée où j’ai été transactiviste (car j’ai moi-même été un petit peu transactiviste), je me posais énormément de questions et à chaque fois que j’avais une idée entre guillemets “TERF”, je me disais qu’il fallait que je déconstruise ma transphobie, je pensais que j’avais tort et j’avais honte.

Je n’osais en parler à personne autour de moi et j’allais en cachette sur Redit, sur les forums de féministes radicales et je lisais ce qu’elles disaient et je me disais que j’étais complètement en accord mais, en public, j’étais une “bonne” féministe. C’est-à-dire que je disais “Les femmes trans sont des femmes” alors qu’en cachette…

Pendant 2 ans, j’ai été en pleine dissonance cognitive, je disais le contraire de ce que je pensais MAIS, je pensais faire le bien.

C’est pour ça que j’ai fait ça.

Maria, rebelle du genre.

Puis, ça a été progressif, événement après événement…

J’ai entendu qu’un refuge à Vancouver a perdu le financement de la ville parce qu’il n’accueillait pas les femmes transgenres… Alors que c’était un refuge pour femmes qui s’occupait, entre autre, de femmes qui ont été victimes de prostitution et de viols!

Là, je me suis dit que ça allait tout de même très loin!

Je pensais que les personnes transgenres étaient des personnes qui voulaient simplement vivre leur vie de leur côté sans nécessairement avoir d’influence sur les droits des femmes et là, je me suis rendue compte que les droits des femmes étaient menacés.

C’est ça qui m’a fait peak trans, comme on dit. C’est ça qui m’a mené au point de non-retour.

Je me suis dit que ce n’était plus possible, que je ne pouvais plus soutenir ça et non seulement je ne pouvais plus soutenir ça mais, je ne pouvais plus me taire non plus.

Je me suis  donc révélée “TERF” publiquement.

Maria, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits pour les enfants, pour la société ou pour la démocratie?

Je pense que cette idéologie est une menace pour les femmes car, tout d’abord, elle repose exclusivement sur le sexisme donc, elle repose sur l’idée qu’il y aurait des hommes avec un cerveau de femme et des femmes avec un cerveau d’homme et que, ce cerveau de femme aime le rose, les paillettes, les jupes,…  Et un cerveau d’homme, c’est un cerveau qui aime les armes, les voitures et la bière.

C’est profondément sexiste.

Si nous acceptons le concept de la transidentité dans la loi, comme c’est déjà le cas dans beaucoup de pays, et bien on ancre définitivement l’infériorité des femmes dans la loi et aux yeux de l’État et… je trouve ça… extrêmement inquiétant.

Vous pouvez regarder par vous-même les critères diagnostiques de la dysphorie de genre dans ce qu’on appelle le DSM-5, qui est le manuel qui répertorie toutes les maladies mentales, et si on regarde dans la section dysphorie de genre,  les critères diagnostiques pour la dysphorie de genre chez l’enfant, la majorité repose exclusivement sur des stéréotypes sexistes!

Maria, rebelle du genre.

Par exemple : avoir des amis du sexe opposé ou préférer jouer avec les jouets traditionnellement associés au sexe opposé.

Pour les garçons, préférer rester assis  et faire de la peinture et, pour les filles, préférer jouer dans les arbres…

Il y a aussi le fait de préférer les vêtements traditionnellement associés au sexe opposé et, enfin, le fait de jouer le rôle d’un  enfant du sexe opposé dans les jeux d’enfants, les jeux de rôles…

Tous ces critères-là, ce sont des critères diagnostiques pour la dysphorie de genre.

Ce qui veut dire qu’un enfant, petit garçon ou petite fille, s’il ne correspond pas exactement aux stéréotypes sexistes est considéré comme malade, comme ayant une pathologie mentale et qui se soigne comment?

Par la transition médicale.

Maria, rebelle du genre.

C’est-à-dire, pour des enfants, la stérilisation définitive.

Donc là oui, effectivement! Je pense que c’est une grande menace pour les femmes car c’est une façon de dire que, nous les femmes, ne sommes  que ces stéréotypes qui existent dans la tête des hommes.

Mais aussi pour les enfants qui ne correspondent pas exactement à  ce qu’on attend d’eux et qui sont donc envoyés vers des traitements médicaux irréversibles alors qu’ils sont tout-à-fait normaux.

Parmi les enfants qui font des parcours de transition, on a remarqué qu’il y avait une disproportion d’enfants qui sont soit homosexuels soit bisexuels ou aussi, autistes.

C’est aussi non négligeable.

Dans le cas des enfants homosexuels ou bisexuels, il est assez facile de supposer que c’est parce qu’ils ne sont probablement pas très à l’aise avec leur sexualité et qu’il serait plus simple pour eux d’être du sexe opposé, pour  pouvoir tomber amoureux de quelqu’un du même sexe qu’eux…

C’est, au final, une forme moderne de thérapie de conversion.

Maria, rebelle du genre.

Pour ce qui est des enfants autistes, nous n’avons pas exactement déterminé la cause de cette corrélation entre autisme et dysphorie de genre, mais elle a déjà été observée dans différents pays occidentaux qui font des études à ce sujet.

Je pense notamment aux Etats-Unis et à la Grande Bretagne où plusieurs hypothèses ont été émises.

Mais ce qui me semble certain et qui est, pour moi, assez évident,  c’est que ces enfants autistes ne sont pas correctement pris en charge quand on les précipite vers la stérilisation, vers des traitements hormonaux à vie, vers différentes opérations nécessitant souvent des réinterventions parce qu’il y a des complications.

Je pense que le mépris qu’on a pour les personnes autistes dans notre société fait qu’on ferme les yeux sur ce phénomène qui devrait inquiéter tout le monde!

C’est un problème de santé publique, ce n’est pas normal que les enfants autistes et, particulièrement, les filles autistes, soient sujettes à des traitements expérimentaux et dangereux et qui ne visent pas à réellement améliorer leur état de santé!

Je pense que l’idéologie transactiviste est aussi dangereuse pour les droits humains, notamment pour la liberté d’expression.

Il y a de plus en plus de pressions faites aux législateurs pour pénaliser la non-reconnaissance de l’identité de genre de quelqu’un ce qui pourrait, par exemple, pouvoir dire qu’on ne peut pas  appeler un homme “Monsieur” ou une femme “Madame” sous peine d’être accusé d’actes transphobes.

Vous ne pourrez pas dire simplement qu’un homme n’est pas une femme et qu’une femme n’est pas un homme.

Il me semble que là, nous pouvons nous inquiéter pour nos droits qui ont été durement acquis comme, la liberté d’expression.

Car l’idée qu’un homme est une femme ou qu’une femme est un homme, c’est une croyance et non une réalité.

Si on peut nous contraindre à dire des choses auxquelles on ne croit pas, à adhérer à une croyance à laquelle on ne croit pas, alors, peut-être qu’il y a d’autres domaines où on pourrait nous empêcher de nous exprimer, d’autres choses sur lesquelles nous pourrions être censuré.es?

Cela va au-delà du féminisme.

C’est vraiment une question humaine!

Enfin, je dirais que l’idéologie transactiviste est une menace pour la médecine en tant que profession et pour la recherche scientifique.

Maria, rebelle du genre.

Récemment, par exemple, en France, on a passé une loi qui interdit les thérapies de conversion pour les homosexuels, mais aussi pour les personnes transgenres. Ce qui veut dire qu’un médecin pourrait être poursuivi pour avoir tenté de modifier l’identité de genre d’une personne.

Alors, je ne suis pas juriste, je ne sais pas exactement quelle conséquence cela pourrait avoir sur les soignants,  mais je me pose la question :

Si je suis médecin et que j’ai un homme qui me demande des oestrogènes pour entamer une transition vers un simulacre de sexe féminin, est-ce que je serais contrainte de lui fournir ce traitement sous peine d’être accusée de transphobie ou de thérapie de conversion? D’avoir tenté de changer l’identité de genre de cet homme et d’en avoir fait un homme alors qu’il prétend être une femme? Ou vais-je être libre de lui refuser ce traitement?

Et si je ne suis pas libre de lui refuser ce traitement, est-ce que cela pourra s’appliquer à d’autres domaines de la médecine? Car, il n’est pas rare que des patients demandent des traitements qu’ils pensent nécessaires pour eux, mais qui ne le sont pas nécessairement ou qui peuvent carrément être dangereux pour eux et qu’en tant que médecin et prescripteur, nous avons la liberté de ne pas prescrire certains traitements quand nous estimons qu’ils ne sont pas indiqués.

Aura t-on encore cette liberté dans les années qui viennent concernant la transidentité et les traitements de transition? Je n’en suis pas certaine.

Et, bien sûr, pour la recherche scientifique,  c’est aussi un énorme problème.

Il est devenu de plus en plus compliqué de faire des études pour savoir si, oui ou non, la transition médicale est bénéfique pour le traitement de la dysphorie de genre.

Aujourd’hui, le consensus est que le traitement de la dysphorie de genre c’est la transition médicale, mais peu d’études montrent réellement 2 groupes avec un groupe qui serait un groupe “contrôle” (où les gens atteint de dysphorie n’auraient pas de traitement de transition), et un autre groupe où les gens atteint de dysphorie de genre seraient traités par la transition afin de comparer (enfin) lequel des 2 groupes présente des symptômes dépressifs, anxieux et autre.

Vu qu’aujourd’hui on nous dit qu’on ne peut pas laisser une personne demandeuse d’hormones ou de chirurgies sans traitement, il devient très compliqué de comparer ces 2 groupes : le groupe qui ne reçoit pas de traitement et celui qui en reçoit.

À cause de cela, nous n’avons pas une idée très claire des bienfaits réels de la transition médicale, et il y a de véritables pressions exercées par des personnes transactivistes ou des organisations transactivistes contre les chercheurs qui essaient d’évaluer les bienfaits des transitions de façon objective.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme?

Alors, j’ai décidé de témoigner de façon anonyme pour me sentir tout à fait libre de dire tout ce que j’avais envie de dire. Puis, je ne vais pas vous cacher que je suis de nature timide et qu’il est plus facile pour moi de témoigner de façon anonyme mais, il est vrai que ce n’est pas l’unique raison.

J’ai vu, et tout le monde a vu, comment les femmes qui parlent sans se cacher de ces questions-là…

Nous pouvons citer Marguerite Stern, Dora Moutot ou JK Rowling en Grande Bretagne. Ces femmes sont harcelées et blacklistées…

Évidemment, je ne souhaite absolument pas être traitée de la sorte.

Maria, rebelle du genre.

Ce n’est peut-être pas très courageux, mais au moins, je fais quand même entendre ma voix à ma façon.

As-tu quelque chose à ajouter?

La dernière chose que j’aimerais ajouter, c’est quelque chose que j’aurai pu dire plus tôt mais qui, finalement, mérite peut-être aussi qu’on en parle à part.

Il s’agit de l’autogynéphilie.

L’autogynéphilie, c’est une paraphilie.

Maria, rebelle du genre.

Une paraphilie, c’est une forme de sexualité ou plutôt, une expression de la sexualité qui est atypique et pathologique et qui souvent va nuire soit à la personne qui a cette paraphilie ou à autrui.

Comme paraphilie connue, il y a le masochisme sexuel qui va nuire directement à la personne qui pratique cette forme de sexualité mais aussi, le sadisme ou l’exhibitionnisme qui vont plutôt nuire à autrui et donc,  l’autogynéphilie est une paraphilie également.

On va décrire comme autogynéphile les hommes qui atteignent la gratification sexuelle en s’imaginant être des femmes.

C’est une paraphilie régulièrement fréquente dans la population, on estime qu’elle pourrait même atteindre 3% des hommes et la plupart du temps, les hommes atteint de cette paraphilie vont pratiquer cette forme de sexualité en s’habillant dans des vêtements traditionnellement féminins et ce, en portant parfois des perruques et en faisant des jeux de rôles avec des partenaires où ils s’imaginent être des femmes.

Pour une minorité des hommes qui ont cette paraphilie, celle-ci peut devenir plus envahissante et plus difficile à contrôler.

Certains de ces hommes vont arriver à développer une dysphorie de genre et un rejet de leur corps masculin tellement ils sont attirés par l’idée de “devenir” des femmes.

Ils vont commencer à réellement fantasmer d’avoir une poitrine, une vulve et un vagin…

Et certains arriveront au point de prendre des traitements hormonaux et à subir des interventions chirurgicales pour correspondre à leur idéal féminin qui leur permettrait d’atteindre la pleine gratification sexuelle.

Je parle de l’autogynéphilie parce qu’un grand nombre d’hommes qui se déclarent femmes, qui disent être des femmes, sont des hommes autogynéphiles!

Maria, rebelle du genre.

Différentes études ont pu montrer le lien entre l’autogynéphilie, dysphorie de genre et transsexualisme depuis déjà plus d’un siècle, et c’est quelque chose qui reste assez tabou dans les milieux LGBT.

Je pense que toutes les femmes devraient savoir à qui elles ont affaire quand on parle d’hommes transidentifiés donc, d’hommes qui disent être des femmes.

Je pense que beaucoup de femmes, à tort, pensent que la plupart de ces hommes qui disent être des femmes (qui veulent être des femmes), sont des hommes qui sont homosexuels et qui correspondent (un petit peu) aux clichés qu’on a des hommes homosexuels : des hommes qui seraient non-virils ou trop maniérés.

Et, je pense que beaucoup de femmes (parce qu’elles ont cette image-là en tête des hommes transidentifiés), les perçoivent comme, finalement, inoffensifs pour les femmes.

Ils seraient des hommes homosexuels donc, typiquement, des hommes qui ne vont pas être sexuellement violents envers les femmes.

Et pourtant, la réalité, c’est que la majorité des hommes transidentifiés sont attirés par les femmes.

La plupart d’entre eux sont soit hétérosexuels, soit bisexuels et ils sont des hommes autogynéphiles qui prennent du plaisir à imiter les femmes, à imiter sexuellement les femmes, et qui ont souvent au image assez négative et dégradante des femmes.

Ils vont nous voir comme étant inférieures.

Donc, eux-mêmes, ils vont vouloir correspondre à cette image dégradante et objectivante des femmes.

Il n’est pas rare de voir sur les forums transgenres où il y a plein d’hommes transidentifiés, vous pouvez aller voir par vous-mêmes, qu’ils aiment porter des tenues très sexualisées, qu’ils aiment s’imaginer être dominés sexuellement par des hommes et qu’ils pensent qu’être une femme, c’est ça.

Qu’être une femme c’est être un objet.

Je vais parler vulgairement, mais vraiment : être un trou pour les hommes!

Je pense que lorsqu’on réalise et qu’on connaît l’existence de l’autogynéphilie, on ne peut plus soutenir le transactivisme.

 Je pense que, pour beaucoup de femmes, c’est certainement un point de non-retour.

Maria, rebelle du genre.

Je pense que toutes les femmes, que l’on soit féministe ou pas, conservatrice ou libérale ou qu’importe…

Je pense que, pour nous, c’est une telle atteinte à notre dignité et notre existence de voir des hommes qui prennent du plaisir à jouer les femmes et à faire les “soumises” (comme ils disent)

Je pense que ça peut toutes nous heurter et que ça devrait toutes nous heurter et nous réveiller!

Je vous souhaite à toutes… Un très bon Peak Trans! 

Suivez Maria sur Le Cahier des Invisibles :

https://www.instagram.com/lecahierdesinvisibles/

Nous remercions Maria pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Muriel, rebelle du genre.

Je m’appelle Muriel Petit, je suis enseignante, j’ai 45 ans, je suis féministe radicale, lesbienne, et j’habite à Bruxelles.

Je dirais que je suis féministe depuis toujours mais sans nécessairement me poser beaucoup de questions sur des réalités hors de ma vie.

Muriel, rebelle du genre.

Je suis née dans une famille de Belgique catholique où, même si j’avais assez le droit par rapport à mes parents, de faire les activités, les études, etc. que je voulais, au niveau des stéréotypes sexistes c’était bien ancré. 

Donc c’est ma maman qui s’occupait de tout ce qui était ménage éducation etc, et que mon papa, au final ne faisait pas grand-chose. Je me souviens parce qu’on me l’a raconté, que quand j’étais toute petite, une femme d’un certain âge a admiré quel gentil petit garçon j’étais, à jouer calmement avec des petites voitures… et à me dire quelle méchante vilaine fille j’étais quand elle a appris que j’étais une fille!

J’en parle parce que plus tard je voudrais revenir sur le mot “vilaine”.

Je n’ai jamais très bien compris les normes auxquelles on est obligée en tant que fille de se maquiller, de s’épiler, de… au niveau des vêtements etc. Mais voilà, je m’y suis pliée parce que j’avais pas trop le choix. Je me suis rendu compte petit à petit que j’avais relativement de la chance d’être née en Belgique, à cette époque-ci, où donc, j’ai pas été avortée, parce que j’étais petite fille, je n’ai pas été excisée, etc. Et que j’avais le droit de vote, et des choses ainsi. 

Ma culture féministe s’élargissait un petit peu et puis, j’ai commencé à lire. Je suis tombée sur un forum féministe qui à l’origine, était plutôt matérialiste. Cela m’a ouvert les yeux sur différentes choses.

Mais, ce qui m’a vraiment ouvert les yeux, ça a été que sur ce forum, le transactivisme était de plus en plus présent.

Muriel, rebelle du genre.

Il y avait des sujets dont on ne pouvait plus parler parce que c’était choquant et heurtant…donc voilà. Mais à ce moment-là, je restais très fort dans la bienveillance et l’empathie, notamment parce que je connaissais une femme transidentifié et que je l’avais rencontrée via la maison arc-en-ciel de Bruxelles et à l’époque, j’avais suivi l’atelier qu’elle menait qui s’appelait “trans pour les nuls” qui m’avait un peu perturbée parce que, bah… En sortant de là, je ne savais plus ce qu’était un homme et ce qu’était une femme. Je trouvais ça assez embêtant, mais sans être trop consciente  du souci qu’il y avait là, derrière…

Au point qu’à l’époque, j’ai envisagé d’aider à écrire un livre pour expliquer les transidentités aux enfants…

Muriel, rebelle du genre.

En même temps, à côté de cette bienveillance que que j’avais, cette empathie que j’avais pour ces personnes qui me disaient beaucoup souffrir, il y avait un malaise qui grandissait parce que je percevais des incohérences dans le discours, parce que les questions des transactivistes prenaient toute la place partout, dans toutes les discussions que ce soit sur le forum, ou que ce soit dans les associations… Et par chance en plus du forum, j’ai commencé à lire pas mal de blogs plus radicaux et j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres féministes radicales lors d’un gathering à Paris, et là ça m’a permis d’ouvrir les yeux, tout à fait, sur pourquoi j’étais pas à l’aise et de mettre le doigt sur toutes les incohérences de cette idéologie.

Je pense que le fait d’avoir ouvert les yeux sur mon orientation sexuelle lors de ce gathering-là aussi, a participé au fait que je devienne critique du genre.

Muriel, rebelle du genre.

Suite au gathering, je me suis rendue à la maison arc-en-ciel pour des rencontres entre lesbiennes, et quand j’ai questionné le fait qu’il y ait des hommes transidentifiés (« femmes » trans) dans le groupe, on m’a fait comprendre que si j’avais un problème avec ça, la porte était ouverte, je pouvais partir… que c’était vraiment « vilain et transphobe » de poser la question.

Une lesbienne a réussi à me dire un truc du genre “mais tu sais, telle personne est vachement plus lesbienne que toi parce qu’elle au moins, elle n’a jamais couché avec des hommes, même du temps où elle pensait qu’elle était un homme!”… Donc voilà.

Et ce genre d’épisode-là, ils s’en est produit sur des groupes soi-disant lesbiens, sur Facebook, etc. Ce n’était juste vraiment plus possible d’être dans l’empathie pour ces personnes-là, autant j’ai de l’empathie pour les personnes qui souffrent, autant je pense que, une personne anorexique elle souffre aussi car elle se sent trop grosse… Le médecin ne va jamais lui dire “écoute je vais t’aider à perdre du poids”! Le médecin va essayer de l’aider à mieux voir comment son corps est. Je ne comprends pas comment, quand la personne vient avec « je suis une femme dans un corps d’homme » ou « un homme dans un corps de femme », les médecins entrent dans le jeu et comment tout le monde doit entrer dans le jeu…

Dans ce qui m’a fait devenir critique du genre aussi, il y a le fait que, depuis 8 ou 10 ans, les questions d’identité de genre ne sont pas questionnables en Belgique dans les associations dites « féministes ». Ou plutôt, il y a 8-10 ans, c’était surtout : “On ne va pas se positionner parce que c’est clivant et bla-bla-bla”…  Et il y a 4 ou 5 ans, c’était plus : “On va pas se positionner ». Aujourd’hui, c’est : “Mais arrête d’être transphobe.”

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante » et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique.

Muriel, rebelle du genre.

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante », et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique… 

Pour moi, c’est ce qui va se passer aussi avec la GPA où il y a une promotion énorme par rapport à elle, et c’est de moins en moins contestable. Si jamais on est contre  la GPA, c’est qu’on est de « méchantes et homophobes » qui ne veulent pas que les pauvres gays deviennent pères… 

Je remarque un recul assez phénoménal concernant les droits des femmes sur toutes ces questions, et c’est pour ça que je suis critique du genre. 

Pour moi, on est vraiment dans la même chose que “Les vêtements neufs de l’empereur” qui est un conte où tout le monde sait que l’empereur est nu mais il n’y a personne qui ose le dire, parce que tout le monde a peur de ce que les autres vont penser de lui  si jamais dit que “Moi, je ne vois rien” et on est, pour moi, exactement dans la même chose avec les transactivistes!

Je pense qu’une majorité de personnes savent très bien qu’un homme ne peut pas devenir une femme, et qu’une femme ne peut pas devenir un homme mais on a peur de le dire parce que nous avons peur de la réaction, nous avons peur d’être traitées de « méchantes », de « transphobes »,  de « vilaines » ou de personnes à abattre…

Muriel, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie?

Je pense que c’est une menace vraiment à tous niveaux.

Je pense que c’est une menace pour les enfants. Il y a un scandale sanitaire qui est en vue. Que ce soit pour tous ces gamins et ces gamines qui vont se retrouver stérilisées alors que c’est pas du tout ça qu’on a leur avait vendu. Il y a tous ces enfants qu’on fait transitionner parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre ou parce que les parents se sont rendus compte qu’il y avait de fortes probabilités qu’ils deviennent ou qu’elles deviennent homosexuelles plus tard et que ce n’est pas supportable… et donc on préfère avoir un enfant trans plutôt qu’un enfant homosexuel. 

Donc je pense que pour les enfants c’est une catastrophe. D’autant plus une catastrophe que c’est une idéologie qui en tout cas en Belgique est entrée dans les écoles. Dans le programme du cours que je donne,  l’identité de genre est entrée dedans. Dans les circulaires il est précisé en début de circulaire : “Nous n’utilisons pas la l’écriture inclusive pour éviter les lourdeurs de langage, mais évidemment ce message s’adresse à tous les hommes, les femmes, et les personnes non-binaires.” Donc l’idéologie trans et queer est complètement arrivée partout et les enfants en Belgique sont censés avoir de l’éducation à la vie relationnelle,  affective et sociale et de plus en plus souvent, quand ces animations-là sont données, elles sont données par des associations qui expliquent aux enfants que peut-être ils ne sont pas dans mon corps etc. 

Donc ça, ça me fait très très peur pour les enfants. 

C’est aussi une menace pour les lesbiennes, puisque c’est devenu excessivement compliqué de faire une association de lesbiennes et de pouvoir légalement réserver l’entrée de l’association uniquement aux femmes.

C’est un gros problème quand une lesbienne exprime qu’elle n’aime pas les pénis, parce que dans son orientation sexuelle, fatalement les parties génitales entrent en jeu, le message est décrit comme « haineux », comme « transphobe » et donc, comme une raison pour pouvoir taper dessus…

Cela s’est vu malheureusement en manif!

Muriel, rebelle du genre.

Mais c’est une menace aussi pour toutes les femmes puisque les discriminations dont on souffre sont fondées sur notre corps, sur notre réalité biologique sur le fait que les femmes sont potentiellement capables de donner la vie, donc d’être enceintes, donc d’avoir besoin d’un congé de maternité… Donc il y a  toute une série de choses et puisque on peut plus faire le lien, si on les écoute, entre ce qui est une femme et sa réalité biologique, ben on peut plus parler des soucis des femmes.  Mais parler des soucis des femmes, c’est aussi les symptômes de maladies qui sont différents selon si on est un homme ou une femme, que ce soit pour l’autisme, que ce soit pour les crises cardiaques, on n’a pas les mêmes symptômes. Résultat : les femmes passent sous le radar, ne sont pas soignées.

Mais c’est vrai aussi dans les sports. Ce n’est pas normal qu’un homme ait concouru aux sports olympiques dans la catégorie de “femme”. 

Ce n’est pas normal que des bourses réservées aux femmes soient prises par des hommes, parce que bah oui ils courent plus vite effectivement! Un adolescent de 17 ans court plus vite qu’une adolescente de 17 ans parce que simplement il y a eu la puberté et ce n’est juste pas possible!

Mais c’est vrai aussi pour des questions de sécurité :

Je ne suis pas d’accord que dans mes toilettes, que dans mes vestiaires, que dans une chambre que je partagerais avec normalement une collègue en classe verte, je puisse me retrouver avec un ou des hommes parce que ils disent “se sentir femme”. 

Muriel, rebelle du genre.

Il y a aussi quelque chose qui m’énerve mais, prodigieusement!

C’est de me  rendre compte que les personnes qui se disent « trans » ne sont pas du tout en train de créer leurs propres espaces. Elles veulent pouvoir avoir l’autorisation d’entrer dans nos espaces, et si jamais on leur dit non, le résultat c’est qu’elles font du lobbying pour que le lieu ferme ou, pour que les subsides soient diminués.  Et quand elles entrent, le résultat, c’est qu’une femme par exemple, ira dans des refuges avec des femmes  qui vivent à la rue et qui disent “mais moi j’ai un souci, j’ai vu un homme”…

Et on nous répond: “C’est toi le souci, c’est toi qui vas dehors…” 

Donc c’est vraiment un gros, GROS problème!

Je pense qu’au-delà de tout ça, ce qui m’énerve peut-être le plus, c’est que pour moi, c’est un problème social, et plutôt sociétal… 

Il est considéré comme tout à fait normal, valide, d’agresser des personnes parce que leur opinion n’est pas la même. Donc aujourd’hui, en Belgique, et ailleurs, des personnes disent défendre l’idée qu’une femme qui a une pancarte dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, qui aurait un message “vilain pas beau méchant” c’est tout à fait normal, légitime, de l’attaquer, de l’agresser, de l’attraper et qu’il faut qu’elle assume. 

Nous sommes dans un processus où, pour le moment, des personnes qui se disent féministes, légitimisent les violences faites aux femmes de la même manière que les hommes qui frappent leurs compagnes légitimisent leur violence en disant “Oui,  mais c’est de sa faute, elle l’a cherché, ou elle n’a pas dit ce qu’il fallait” ou je ne sais quelle autre couillerie… Tout cela pour dire : “mais c’est normal que je la tape”.

Ce qui m’effraie, c’est que d’une part, cela vient de personnes qui se disent féministes, et que pour un certain nombre de personnes de la société, ça  a l’air de passer “crème”…

Muriel, rebelle du genre.

Tout comme quand on fait remarquer : “Oui mais il va y avoir des problèmes si on ne fait plus les statistiques selon le sexe. Donc ça veut dire qu’on ne peut plus voir les discriminations faites aux femmes. Ça veut dire qu’on peut plus voir qu’il y a une grosse différence de salaire.  Ca veut dire que des hommes se retrouvent dans des prisons de femmes… Y compris des personnes qui ne disent féministes, disent : “Mais non, vous imaginez des choses etc.” 

Sauf que c’est en train de se passer sous nos yeux. Oui c’est l’idéologie trans et je tiens quand même à dire que je n’ai rien contre les personnes trans, j’ai envie de dire “les vraies personnes trans”, les personnes qui se sentent mal dans leur corps, tellement mal au point de se mutiler pour essayer d’aller mieux… Mais j’ai un gros problème avec cette idéologie, qui est une idéologie sectaire et terroriste qui fait que on ne peut pas avoir un avis différent. 

Si on a un avis différent on est des blasphémateurs, et on mérite la mort, ou le viol ou au moins des coups… parce que quand même franchement c’est trop violent! 

Donc il y a des personnes qui vont dire “C’est trop trop violent d’avoir dit que c’était un homme, c’est normal que tu te prennes son poing dans la gueule.”

Et sur ça, je suis juste vraiment, vraiment pas d’accord.

Donc cette idéologie est une catastrophe totale.

Qu’est-ce qui t’a amenée à témoigner sous ta réelle identité?  Est-ce que tu peux nous expliquer si tu as déjà eu des pressions ou des menaces? Est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement ?

J’ai vraiment beaucoup hésité sur la manière de témoigner. Est-ce que j’allais utiliser un pseudo tout à fait? Ou juste mon  prénom?

Si j’ai beaucoup hésité c’est parce que je sais les violences dont sont capables les transactivistes… 

Je sais les intimidations, le doxxing et le harcèlement.

Muriel, rebelle du genre.

Le harcèlement, j’en ai vécu pendant une longue partie de ma vie et ce n’est vraiment pas quelque chose que j’ai envie de revivre. 

Et puis il y a une part de moi qui se dit : “Mais merde! Ce que je dis est quelque chose qui respecte les droits humains. Je ne fais de mal à personne. Je donne une opinion qui est construite. J’ai pas de souci à ce que d’autres personnes aient une autre opinion que moi, mais je dois pouvoir avoir le droit de donner mon opinion. 

Et partant de là, même s’il y a une part de moi qui a peur, parce que… parce que j’ai vécu dernièrement leur violence… mais je ne suis pas d’accord pour continuer à “me cacher” ou “me faire discrète”.

Et je pense que plus nous serons nombreuses à donner notre avis, et à le faire de manière visible et sans être dans l’ombre et sans nous cacher,…  Je pense que ça peut aussi permettre à d’autres de le faire. 

Parce que si je regarde autour de moi, il y a  une majorité de personnes qui sans doute ne se rendent absolument pas compte de ce qui se passe, mais qui, quand on leur parle de différentes choses, se disent “oui  effectivement il y a un problème. Il y a un problème qu’on fasse transitionner des enfants. Il y a un problème que des femmes soient agressées lors de manifestations.” 

Donc voilà c’est pour ça que j’ai choisi de témoigner avec mon nom.

Donc je m’appelle Muriel Petit, j’habite à Bruxelles, j’ai 45 ans et vous allez devoir faire avec!

Est-ce que tu aurais une anecdote à nous raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Alors y en a plusieurs.

Il y a le fait que toute une série de mots ne sera plus possible d’être utilisée. 

On va parler de “personnes qui ont leurs règles” ou de “menstruatrices”, de “maisons d’accouchements” pour éviter d’utiliser des mots comme “femme, mère” ou des choses ainsi… Cela me marque parce que les mots sont importants pour écrire la réalité.

Muriel, rebelle du genre.

Une anecdote perso, c’est le jour où une personne d’un groupe m’a vue avec mes mollets poilus…

C’était la première fois que cette personne-là voyait que j’avais décidé de laisser mes poils tranquilles., et la fois d’après, quand j’ai vu le groupe, je suis arrivée en retard à la réunion, et ils ne se sont pas rendu compte que j’étais là et ils étaient en train de parler de : “Ah oui mais c’est chouette pour la diversité, nous allons avoir personne trans! », « Ah oui mais, je suis quand même un peu étonnée je n’attendais pas ça de Muriel…”

Et je suis repartie très discrètement puis, je suis rentrée très bruyamment, et il n’ont évidemment plus jamais reparlé de rien mais, je trouve ça assez… Choquant de dire qu’une femme qui a des poils aux pattes c’est donc que c’est un mec!

Dans les anecdotes il y a aussi le fait que sur un groupe lesbien sur Facebook c’était considéré comme normal que des hommes transidentifiés viennent parce que … ils sont des lesbiennes!  Mais il y avait aussi une femme transidentifiée qui a voulu venir parce qu’elle se dit “bi” et que… voilà ! Et il n’y avait pas de souci, elle pouvait être là aussi… donc leur manque de logique me frappe toujours beaucoup.

Mais il y aurait encore tellement, tellement de choses à dire mais… il paraît qu’on n’a pas le droit de faire 125 épisodes donc je vais laisser là!

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Il y a quelque chose qui me tient vraiment à cœur.

Le 28 novembre, il y a eu une manifestation contre les violences faites aux femmes. Un groupe de femmes a été agressé pendant cette manifestation et je faisais partie de ce petit groupe de femmes. J’ai vécu une horde qui s’abattait sur nous, et je n’ai pas compris de suite  pourquoi.  

On a, évidemment, eu des insultes, de la menace, des bousculades, quelques coups. On a, évidemment, été traitées de “terfs” et puisque “terfs”, nous sommes bonnes à brûler!

Muriel, rebelle du genre.

Une des choses qui m’a marquée c’est qu’un homme dont, j’ignore s’il est transidentifié ou pas, mais vu que sur les réseaux sociaux, on me dit que je suis “méchante” qui, en plus, “mégenre” les gentilles personnes trans qui étaient avec le groupe…Donc, j’imagine que c’était un homme transidentifié… Il a dit à un moment “Oh mais qu’elles sont vilaines!!!” et je me suis retrouvée, comme quand j’avais quatre ans, quand la dame qui, elle, devait avoir plus de 70 ans certainement, et c’était dans les années 80, me trouvait tellement vilaine parce que j’étais une petite fille qui ne jouait pas à la poupée, mais qui jouait aux autos… 

Et là, je me suis retrouvée face à un homme qui avait exactement le même discours réac… Je suis désolée mais, le transactivisme,  pour moi, c’est tout sauf progressiste. 

Ils ont ce même discours simplement parce qu’en tant que femme, je n’avais pas la place que lui considérerait que je devais avoir, à savoir douce, attentionnée, empathique, attentive aux hommes et faisant passer les hommes avant moi!

Donc voilà, je trouve pire que révoltant que, dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, des violences contre les femmes se produisent.

Je trouve révoltant de voir la manière dont le groupe qui nous a agressées essaie de faire passer ça sur les réseaux sociaux.

Muriel, rebelle du genre.

Mais il y a une part de moi qui a confiance.

Parce que nous avons eu la chance d’avoir le réflexe de filmer ce qui se passait, donc des images sont sorties et je me rends compte qu’il y a de plus en plus de personnes qui se disent : “il y a quand même un souci”,  qui se disent que oui, ce n’est pas normal de frapper une femme pour des questions d’idés et d’opinions différentes.

L’agression subie par Muriel et des femmes ce 28/11/21 lors d’une manifestation contre les violences masculines à Bruxelles :

https://twitter.com/guenonist/status/1465765194584539136
https://www.womenarehuman.com/trans-activists-attack-women-at-protest-for-violence-against-women/

Nous remercions Muriel pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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Mercie les femmes!


Dora Moutot, rebelle du genre.

Je m’appelle Dora Moutot, je suis auteure de deux livres, je fais aussi du docu et je suis la créatrice du compte instagram « t’as joui ?” qui parle de sexualité et de féminisme. 

Je parle aussi pas mal sur ma page insta Dora Moutot qui est une page perso.

Dora Moutot, rebelle du genre.

Cela faisait six ou sept mois que j’avais lancé le compte Instagram « Tasjoui ». C’est un compte qui parle de plaisir féminin et donc, évidemment, quand on parle de plaisir féminin, on parle aussi d’anatomie féminine… Parce que c’est intrinsèquement connecté. Je me suis donc mise à parler de clitoris, d’utérus… Enfin, de nos organes quoi, les organes qu’on a en tant que femelle.  Et je me suis faite assez vite traitée de “terf” qui était un mot que je ne connaissais pas du tout à l’époque.

Certaines personnes se sont mises à me traiter de “transphobe” et de “terf”, on me disait que si je parlais de clitoris, il fallait parler aussi de personnes à pénis et que parler que de clito c’était transphobe.

Dora Moutot, rebelles du genre.

Quand j’ai commencé à parler de règles, à dire “les femmes ont leurs règles”, on m’a expliqué qu’on ne pouvait pas dire “les femmes ont leurs règles” mais “les personnes à vulves ont leurs règles”… Une personne en particulier, une personne transactiviste, a vraiment fait une fixette sur moi et a commencé à faire des storys à la une qui s’appelaient : “Dora la terf 1”, “Dora la terf 2”, “Dora la terf 3”, … Ces storys où cette personne me traitait de “transphobe” et de “terf”, c’est vraiment parti de rien.

Il regardait mes Storys sur le compte Dora Moutot (et même pas « t’as joui » ), et a commencé à expliquer que je n’étais pas inclusive des  personne non binaires, trans et compagnie. J’ai alors répondu “écoute, mon compte « t’as joui » est un compte qui parle d’hétérosexualité, si tu n’es pas content, c’est pareil !”.

Voilà ce que j’ai dit :  “C’est mon angle. Tu n’es pas content, c’est pareil”.

Cette personne a dit à sa communauté que le fait que je dise que c’était un compte hétéro, cela voulait dire que j’étais « LGBTQI phobe », que j’étais “transphobe” parce que non-inclusive, et que je faisais exprès de mégenrer cette personne. Parce que j’ai dit “si tu n’es pas content”, et comme cette personne s’identifiait comme une femme, et a donc interprété mon “si tu n’es pas content” comme un mégenrage…

Alors que j’aurais pu le dire à une femme, c’est juste une expression pour dire “dégage” !

À partir de là, cette personne a fait une énorme énorme fixette sur moi et  j’ai commencé à me dire “c’est quoi, une terf ?”, à faire des recherches Google, et puis pendant que j’étais en train de me renseigner sur tout ça, et que je commençais un peu à comprendre les enjeux, je subissais de plus en plus de harcèlement… De plus en plus de violence, et c’est une violence extrêmement misogyne qui est apparue quasi instantanément. C’est une forme de violence faite aux femmes. J’ai donc directement ressenti le caractère dangereux de cette idéologie et son caractère profondément violent envers les femmes.

J’ai reçu des insultes qui disaient “suce ma bite de trans”.

Dora Moutot, rebelle du genre

Je me suis dit “mais comment c’est possible ? ».

Ce sont les incels ou les masculinistes qui me disent ça… J’ai vite compris qu’il y avait des liens, qu’il y avait une forme de « trans-misogynie » et donc, c’est comme ça que j’ai pris conscience.

Et c’est ça qui m’a amenée vers le féminisme radical, parce que jusque là, j’étais plutôt une féministe libérale. Parce que je ne connaissais pas grand-chose, et en cherchant des termes comme “terf”, etc. Je suis tombée sur des blogs de féministes radicales, c’est comme ça que j’ai commencé à lire sur le féminisme radical et que je me suis dit “je suis d’accord avec tout, tout ça fait sens pour moi, c’est d’une logique… Voilà, c’est une évidence !”. Même que ça a fait complètement évoluer mes opinions sur d’autres points, comme le porno, la prostitution, etc.

Pourquoi tu penses que cette idéologie est une menace pour les femmes pour leurs droits en particulier, pour les enfants et aussi pour la société ou pour la démocratie ?

Je pense que c’est une menace et une insulte aux 100 dernières années de luttes féministes. Dans le sens où je pense que les femmes se sont battues pour essayer de ne plus avoir le poids des stéréotypes de genre sur le dos, et aujourd’hui, on nous y ramène sous le chapeau du soi-disant progressisme. Parce que moi, ce que j’avais compris du féminisme (et que je crois toujours que c’est), c’est que c’est quand même une lutte pour (justement) se débarrasser des stéréotypes de genre et pour assumer ce qui fait de nous des femelles. C’est-à-dire se dire : bon bah voilà j’ai un utérus, une capacité à avoir un enfant, je peux la prendre ou pas, j’ai un clitoris et il faut se battre pour l’accès au plaisir féminin, il faut parler d’endométriose, il faut parler de nos règles, il faut sortir de la honte de nos corps ! Mais ce corps ne doit pas dicter la personnalité qu’on a dans la vie, il ne doit pas dicter la façon dont je m’habille… En fait, il ne doit rien dicter parce que les femmes sont toutes différentes ! Et donc, par conséquent, pour moi, nous naissons avec un corps ! On ne peut pas naître dans le mauvais corps !  Par contre, on peut exprimer notre identité comme on veut dans ce monde et donc, par conséquent aujourd’hui, quand on dit que le mot femme est en lien avec le genre et non avec ma sexuation, pour moi, c’est extrêmement dangereux.

Cela enferme le mot femme dans un stéréotype et donc, du coup, une femme c’est quoi ?

Une femme c’est des stéréotypes de genre, et ces stéréotypes de genre, on essaye pourtant de s’en débarrasser depuis maintenant presque un siècle !

Dora Moutot, rebelle du genre.

Si les femmes avaient réfléchi avec cette idée d’identité de genre, par exemple, à l’époque des Suffragettes, au lieu de dire “moi, je suis une femme et donc je veux un compte en banque et je veux porter un pantalon !” qu’est-ce qu’elles auraient fait ? Elles auraient dit   “alors, je suis un homme”, voilà ! Donc si cette idéologie avait existé au tout début de la lutte féministe, ben en fait… Les femmes n’auraient jamais eu de droits! Donc pour moi cette idéologie va à l’encontre de la véritable pensée féministe de la première et de la deuxième vague. C’est le premier point pour lequel… Voilà.

Quand on me dit “je suis une femme” je veux qu’on me parle simplement de sexuation et je ne veux pas que ça dise quoi que ce soit d’autre sur moi à part que je suis née femelle.

Je ne veux pas que ça décrive le fait que j’ai des cheveux longs, le fait que je m’exprime d’une certaine façon,  que j’ai des faux ongles ou Dieu sait quoi, voilà ! Tout ça pour moi, c’est très dangereux et au-delà ça, il y a plein d’autres dangers.

Par exemple, si aujourd’hui on dit que n’importe qui peut devenir une femme, alors les femmes trans, donc les mâles transidentifiés, peuvent jouer dans les sports féminins. Moi qui pensais qu’on avait créé ces catégories-là, justement, parce qu’on sait bien que les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes muscles, ni les mêmes capacités musculaires et donc, par conséquent,  on les a divisés en deux… C’est donc que sinon, les hommes auraient toujours gagné ! Cela n’a pas de sens.

Et là tout d’un coup, on se retrouve aux Jeux Olympiques avec un mâle transidentifié qui (en plus) n’a pas transitionné jeune, mais qui a transitionné très tardivement… Donc, qui a eu de hauts taux de testostérone dans son corps et a donc développé une capacité musculaire ! Il suffit de le regarder en images pour s’en rendre compte ! Il joue avec des femmes ! Donc, il prend la place d’une femelle, d’une femme qui s’est peut-être battue toute sa vie pour avoir une place aux Jeux Olympiques et qu’elle n’aura pas… Je trouve absolument scandaleux que ça passe, comme ça, et que ça ne soit pas discuté !

Dora Moutot, rebelle du genre.

Il y a aussi le fait qu’on se rend compte qu’en Californie, un certain nombre de mâles transidentifiés vont dans les prisons pour femmes et parfois, alors ça c’est du délire… Certains sont même des agresseurs sexuels de femmes ! Des hommes qui ensuite ont transitionné et donc, on peut se retrouver dans une cellule en prison avec un agresseur de femmes qui se dit femme ! Donc, on a ce type-là dans la cellule?

Ben moi, je trouve ça un peu … Voilà !  Je trouve ça extrêmement, mais extrêmement dangereux ! Et extrêmement bizarre aussi qu’on ne puisse pas en parler !

J’ai aussi  remarqué qu’aujourd’hui il y a un nombre de prix, de prix littéraires, de prix… bref, des prix  divers et variés, notamment, un en Australie, un prix littéraire que je regardais. Je regardais comment postuler et je voyais que pour postuler,  il suffit de s’ “identifiy as a woman”. Voilà. Donc n’importe qui peut s’identifier comme une  femme, ce qui ne veut plus rien dire.

Aujourd’hui, qu’est-ce que je vois? Je vois que la Belgique a l’intention de supprimer le sexe sur les cartes d’identité et tout ça mène à une forme de politique de l’effacement du sexe au profit de la notion de genre… Genre qui n’est que stéréotypes et clichés. Alors que le sexe, lui, est réel !  C’est la réalité de nos corps, c’est la réalité de la biologie, c’est la réalité en lien avec le concret !

Dora Moutot, rebelle du genre.

Sur énormément de niveaux, je pense que c’est très dangereux et je pense que c’est très dangereux pour beaucoup de jeunes filles qui se retrouvent dans cette idéologie et pensent que la solution à leur mal-être est donc la transition pour devenir un homme dans cette société… Donc, pour devenir le dominant, celui qui a tous les droits dans cette société. Et je ne peux pas complètement les blâmer !

Peut-être que si j’avais 14 ans et que j’étais, par exemple, une jeune femme lesbienne avec l’envie d’une esthétique un peu  butch, peut-être que je me dirais que, finalement, c’est peut-être plus simple de transitionner. Surtout qu’aujourd’hui, dans les communautés adolescentes “queers”,  on trouve ça hyper cool et soudain, on a un système de soutien gigantesque ! Comme ça, on devient aussi plus rapidement quelqu’un qui est très visible sur les réseaux sociaux, on montre sa mastectomie et tout le monde vous applaudit.

Donc voilà, pour moi, il y a énormément de danger pour les femmes là-dessous et notamment, à partir du moment où on va pouvoir “self identifiy” comme disent les Anglo-Saxons (s’identifier soi-même) et que le sexe va disparaître des cartes d’identité… Je ne comprends pas comment on va faire des statistiques sur les violences faites aux femmes qui viennent particulièrement des hommes ? Il y a quelque chose que je ne comprends pas… Je ne comprends pas comment faire des études sur les hommes et les femmes en médecine ? En fait, il y a plein de choses qui, j’ai l’impression, sont complètement laissées à l’abandon en termes de réflexion. Parce que la woke culture a décidé que tout questionnement serait transphobe, et ferait de la personne qui questionne une personne horrible à mettre sur le bûcher !

Peux-tu nous parler du fait que tu ne caches pas ta réelle identité ?

Je parle avec ma réelle identité sur Internet et si c’était à refaire, peut-être que je choisirais un pseudo.

Dora Moutot, rebelle du genre.

Car quand j’ai commencé à parler sur Internet, je n’étais pas militante. J’ai eu d’autres blogs avant, mais je ne voyais pas le problème à révéler ma véritable identité et c’est resté, tout simplement.
  
C’est-à- dire que ça n’a pas été une volonté de ma part de parler de ce sujet-là avec mon visage découvert mais bon, ça s’est fait comme ça ! Aujourd’hui, j’ai tendance à penser qu’il faut vraiment beaucoup plus de femmes qui montrent leur vrai visage autour de cette thématique. Parce qu’on voit bien en France, que les figures les plus visibles sur ce sujet aujourd’hui c’est Marguerite Stern, moi, et aussi Pauline qui est avec son vrai nom. Nous sommes quelques-unes et en fait, il y a beaucoup d’attention sur nous parce qu’on est des humaines réelles qui  incarnons cette lutte et cette pensée. Il y a effectivement d’autres comptes insta avec des femmes qui ne donnent pas leur véritable identité et leur visage et ces comptes-là sont quand même moins suivis parce que je pense qu’on a tous et toutes besoin d’identification, tout simplement.

Par conséquent, je pense qu’il est quand même urgent que les femmes osent car le fait que les femmes n’osent pas montrer leur vrai visage valide le fait que ce ne serait “pas bien” de dire ce qu’on dit. Qu’il y aurait un truc honteux à dire ce que nous disons ou un truc trop dangereux..

Tandis que si nous sortions toutes notre visage et que nous disions “Ben quoi ? Je n’ai rien dit de spécial ! J’ai dit qu’une femme est une femelle adulte humaine ! Est-ce que je vais vraiment aller sur le bûcher pour ça ? »

Dora Moutot, rebelle du genre.

Est-ce que dire une évidence est un problème ? Enfin… Si ça c’est censuré, mais où va le monde en fait ? Qu’est-ce que ça dit de la haine envers les femmes ? Et finalement, on rentre dans ce jeu (en ne montrant pas notre visage). C’est un peu comme si “Oh la la ! Je dis un truc hyper tabou ! Oh la la, je me cache! Je peux le dire mais pas le dire ! » Sauf que… Il faut revenir sur terre ! On dit un truc qui est le B.A.B.A enfin, je veux dire, on ne dit rien de fou ! On dit un truc d’une banalité en fait que… C’est ça qui est choquant !

Est-ce que tu aurais une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

C’est dur à dire il y a tellement de choses qui m’ont marquée ! C’est le festival du choc pour moi ! J’ai du mal à parler d’un événement en particulier…

Ah si ! Récemment, ce qui me choque terriblement, c’est qu’ en l’espace de 3 ans ça été extrêmement vite ! C’est surtout ça que je trouve incroyable ! Les transactivistes sont des très (très) grands stratèges ! Et je vais presque dire que j’ai un très grand respect pour leur niveau de stratégie ! Parce qu’en tant que femmes, on ne peut pas se vanter d’être aussi efficaces en termes de lobbying, en termes de faire imposer notre propre idéologie et de convaincre des députés, de convaincre des sénateurs, de convaincre des énormes marques comme LinkedIn de la nécessité absolue des pronoms…

Ils sont d’une organisation à faire tomber par terre et d’une rapidité absolument folle ! Le problème c’est que depuis que j’ai compris ce qui se passait, j’ai essayé d’alerter et on m’a très rapidement dit “Mais Dora, c’est des trucs de la sphère féministe ! Ce n’est rien du tout ! Tu te prends la tête ! Pourquoi tu te tracasses autant ? T’es un peu obsessionnelle !”,  des choses comme ça…

Sauf que j’ai vite compris que ça ne resterait pas juste dans les sphères féministes, et qu’on allait très rapidement en venir aux lois. Et donc, que dans pas mal de pays du monde, il y aurait des lois de “self identification”.

Dora Moutot, rebelle du genre.

Comme je le disais, la Belgique est en train d’effacer le sexe des cartes d’identité parce qu’il n’y a plus que le genre qui compte.  Et puis en France, il y a cette loi là sur les thérapies. En fait, c’est une loi contre les thérapies de conversion Gays, homosexuelles,… et bien sûr qu’il faut arrêter les thérapies de conversion homo ! Mais ils ont rajouté “interdiction des conversions homosexuelles et d’identité de genre” …  Ça m’a énormément choquée parce que c’est complètement confondre orientation sexuelle et identité de genre ! Ils ont donc rajouté des lignes dans cette loi autour de l’identité de genre, il y est aussi expliqué que toute personne qui s’opposerait, du coup, à l’identité de genre en tant que journaliste, en tant que parent, en tant que psy, en tant que personnel du corps médical, etc aurait des problèmes. Parce que lutter contre l’idéologie du genre voudra dire être un opposant à la transition et donc, ça voudrait dire être dans une thérapie de conversion d’identité de genre. C’est-à-dire que si on a sa fille qui décrète qu’elle est un homme, et que donc imaginons qu’on ait un psy qui lui dit “mais non, vous n’êtes pas un homme ! Vous avez vécu des traumatismes, il faut travailler là-dessus” etc, et qui lui dit “écoutez, je pense que ce n’est pas une très bonne idée de faire une mastectomie et ce n’est pas une très bonne idée de prendre des hormones chimiques” etc, et bien ce médecin pourra être accusé ! Parce que, justement, il ne laissera pas cette personne faire cette transition et donc, ce sera comme une conversion. Cela valide l’idée d’être née dans le mauvais corps…

Cela va punir les gens comme moi qui expriment leurs questionnements et leurs doutes sur l’idée qu’on peut être né dans le mauvais corps, et qui pensent plutôt qu’il faut déconstruire les idées avant de déconstruire les corps. Car notre travail c’est de déconstruire les idées avant de déconstruire les corps !

Parce que déconstruire un corps, c’est ce qu’on fait en dernier recours (et encore) !

Dora Moutot, rebelle du genre.

Donc, des gens comme moi pourront éventuellement être condamnés… Donc voilà, le fait que ça devienne une loi qui a été validée par quasiment la majorité, voire 99 % des députés… Et là, cette loi va être révisée au Sénat au mois de décembre… Moi, c’est quelque chose qui m’inquiète énormément ! 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Oui, sur cette loi, j’ai quelque-chose à ajouter parce que c’est intéressant, et c’est une loi qui se contredit. Dans le sens où, c’est une loi qui interdit les conversions homosexuelles. Donc c’est très bien ! On ne va pas obliger une gamine lesbienne à devenir hétéro en l’envoyant dans une colonie de vacances de conversion. Très bien ! Mais en fait, en mettant dans la mémoire l’identité de genre, il y a un certain nombre d’adolescentes lesbiennes qui transitionnent parce qu’elles veulent une thérapie de conversion (dans un certain sens)… Parce que le fait d’être une femme lesbienne et de « devenir » un homme, fait qu’elles « redeviennent » entre guillemets “hétéros” aux yeux de la société. Car alors, elles sont dans l’espace public des « hommes » qui sortent avec des femmes. Donc cette loi est absurde, d’un côté on se bat contre la conversion homosexuelle et d’un autre côté on en fait la promotion à travers la promotion du concept d’identité de genre.

Je ne comprends pas, j’ai l’impression que pas grand monde n’a réfléchi à la question…

Merci d’avoir écouté notre parole et merci à Dora Moutot pour son précieux témoignage ! N’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Son dernier livre se trouvant dans toutes les bonnes librairies :

https://www.amazon.fr/M%C3%A2les-bais%C3%A9es-livre-d%C3%A9nonce-patriarcat/dp/2813225371

La page T’as joui ? Avec qui libérer la parole & la jouissance des femmes ?

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Pour nous suivre et/ou témoigner : https://linkfly.to/rebellesdugenre

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