Bonjour, je me fais appeler Audrey qui est mon nom de plume. J’ai 22 ans, j’habite près de Caen en Normandie et j’écris le blog RadCaen depuis mai 2020.
Cela fait donc un an et demi maintenant.
Je suis bisexuelle et je n’ai jamais eu de relation romantique ou sexuelle avec un homme, j’ai décidé de rester exclusive aux femmes.
RadCaen, rebelle du genre.
J’ai commencé à entendre parler de féminisme et d’homosexualité quand j’étais au lycée, donc à peu près en 2016.
C’est l’époque où je m’ennuyais beaucoup pendant mes stages et je passais beaucoup de temps sur Internet à lire TumblR, Buzzfeed et Pinterest, c’est ce qui a été mon introduction au féminisme et à la justice sociale. J’ai appris des bases importantes comme le consentement et la culture du viol qui sont vraiment les bases du féminisme en fait.
J’ai entendu parler de l’affaire du violeur Brock Turner et sur le coup ça m’a énormément révoltée.
Dans le même temps, j’ai également appris qu’il existait des personnes trans ou cisgenres ou non-binaires, et qu’elles vivaient des discriminations au même titre que les homosexuel.les et sur le coup, j’ai tout de suite adhéré cela m’a paru très (très) naturel.
RadCaen, rebelle du genre.
Après le lycée, j’ai été plongée dans l’univers scientifique avec mes études et j’ai commencé à vivre avec ma copine, elle et moi avons pas mal parlé du genre.
Je me sentais bisexuelle depuis le lycée. J’ai aussi eu une phase assexuelle, mais qui était normale puisqu’au final, je n’avais pas envie de m’intéresser aux homme et j’étais très jeune mais, je ne m’occupais pas spécialement de mon genre. Ma compagne se sentait pansexuelle, elle questionnait beaucoup plus son identité. On a cru qu’elle était quelque chose comme genderfluid, mais on a jamais dépassé le stade de juste y penser. Ce n’était pas une réflexion très poussée, c’est aussi à ce moment-là que je me suis intéressée à la transgression des normes de genre. Moi, j’aimais bien me travestir lors d’événements costumés! D’ailleurs, j’aime toujours le faire! J’ai hésité à m’acheter un binder pour cacher mes seins.
Mais c’était vraiment plus pour me déguiser que parce que j’étais mal à l’aise avec ma poitrine.
À ce moment-là, je n’étais plus vraiment dysphorique comme j’avais pu l’être à la période du collège.
RadCaen, rebelle du genre.
En parallèle, l’algorithme de Pinterest me proposait une pensée différente, c’était la pensée radfem.
Il y avait énormément de captures d’écran de TumblR qui traînaient sur Pinterest et c’est comme ça que j’ai découvert la pensée féministe radicale et les radfems disaient des choses que je trouvais complètement inimaginables, mais elles apportaient une réflexion qui était vraiment poussée jusqu’au bout.
Elles apportaient des sources tangibles. Leur discours résonnait avec ce que j’avais appris des bases du féminisme.
Au début, j’étais hyper choquée de les voir écrire que les “femmes trans” sont des hommes … mais j’ai lu leurs sources et elles ont complètement renversé ma vision! Puisque j’ai découvert que les “femmes trans” avaient un taux de criminalité semblable aux hommes. J’ai découvert que la transition ça ne rendait pas forcément heureux. J’ai appris que le genre, en tant qu’identité, n’était même pas prouvé scientifiquement et qu’il existe des “femmes trans” juste perverses et narcissiques qui profitent des femmes.
En 2019, il y un homme qui m’a fait avoir mon “peak trans”.
RadCaen, rebelle du genre.
Il s’appelait Taylor Parker, c’était un canadien trans identifié qui avait posté des photos de lui nu (avec son pénis en érection) dans le refuge d’urgence réservé aux femmes dans lequel il était logé!
Et le mec, il a pris ces photos-là et il les a postées sur Twitter!
Il a même commenté : “J’adore me lever le matin avec ma bosse dans le refuge pour femmes” et il a pris un selfie devant le miroir avec sa bite visible… J’étais extrêmement choquée! C’est à partir de là que je suis retournée sur TumblR mais cette fois, du côté Radfem! Et j’ai commencé à lire, je n’ai fait que ça en fait : au début j’ai lu, relu, j’ai continué à lire et c’était une révélation complète, parce que les Radfems pouvaient expliquer pourquoi les femmes étaient opprimées. Ce n’était pas un sentiment flou, c’était à cause du sexe! Elles avaient un compas moral qui était stable et efficace. Elles critiquaient la pornographie que je n’avais jamais consommée et du coup, je n’avais pas réalisé à quel point c’était toxique.
En fait, elles ont très rapidement et complètement changé ma vision du monde!
On va dire que j’étais déjà “un peu” critique du genre avant ça. Critique dans le sens “trans” puisque pour moi, être trans, c’était dire “ce n’est pas parce que je suis né.e comme ça que je dois respecter les normes qu’on m’a assigné.e et du coup, je critiquais les normes et je voulais un droit à la liberté de genre social et culturel!
Je croyais qu’il y avait une identité interne liée au sexe. Par exemple, j’étais absolument persuadée que les “femmes trans” étaient, en gros, des personnes avec un corps mâle mais qui avaient un vrai lien avec les femmes, qui étaient solidaires, qui étaient sorores et qui étaient des gens qui avaient des comportements criminels comparables statistiquement aux femmes… Ce genre de choses.
Puis, j’ai arrêté d’y croire parce qu’on m’a prouvé que tout cela était faux.
Et je suis devenue critique du genre à 100%, et critique du mouvement trans par la même occasion. Du coup, c’est le transactivisme qui m’a introduite à la question du genre et à la question de la critique du genre, ce qui est assez ironique.
RadCaen, rebelle du genre.
Pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie transactiviste est une menace pour les femmes ou pour leurs droits, pour les enfants, pour la société?
Je pense que c’est une menace pour plein de choses! C’est une menace pour les personnes trans, ironiquement parlant. Si on parle de l’idéologie du genre comme l’identité, alors c’est une menace parce que c’est une idéologie religieuse qui se fait passer pour un mouvement de droit social. C’est dangereux parce que ça renforce des stéréotypes qui sont hostiles, surtout pour les femmes, pour les gays et les lesbiennes! C’est dangereux parce que ça empêche de régler le problème à grande échelle aussi parce qu’on apprend qu’il suffit de se changer soi individuellement, et pas la société. Pour moi, c’est très problématique puisque c’est la société qui fait tout ça. On apprend aussi que la société est problématique, mais c’est juste parce qu’elle oblige les gens à rentrer dans un rôle, et non pas parce que les rôles existent et sont toxiques… Ça a été mon début, mais c’est très insuffisant.
Pour les enfants, c’est dangereux à cause de la médicalisation. Les bloqueurs de puberté c’est hyper dangereux! J’ai fait un article sur le sujet et je vous invite à aller le lire, je me fais un petit coup de pub. Les hormones sont très dangereuses aussi, c’est très peu étudié. Dans certains pays, je ne sais plus lesquels mais je sais qu’ils envoient dans le monde et les chirurgies sont autorisées sur des mineurs! Au Canada, une loi fait que les parents ne sont pas courant si leur enfant est considéré trans à l’école.
Les psys des cliniques de genre alertent sur les dangers de médicaliser des enfants qui sont majoritairement gays et autistes, surtout les filles!
RadCaen, rebelle du genre
Sauf que ces psy-là; ils se font virer ou démissionnent parce que personne ne les écoute… il y a vraiment un gros problème!
C’est aussi dangereux parce que ça renforce l’idée que les enfants peuvent consentir très jeunes à des traitements médicaux. Cela stérilise des enfants, et cela ne prend pas du tout en compte le fait qu’ils n’auront aucune vie sexuelle plus tard et qu’ils ne peuvent pas s’en rendre compte… Ca trompe aussi les parents qui ne savent pas dans quoi ils s’engagent, et à qui on dit globalement : soit tu laisses ton enfant transitionner, soit il va se suicider… Voilà, ça c’est pour le danger des enfants. C’est aussi une menace légale pour nos droits. Puisque nous ne pouvons plus refuser de mâles dans nos espaces. C’est une menace pour les gays qui sont victimes de viol par déception, et qui eux-aussi ont leurs espaces envahis, et qui sont poussés à transitionner. Cela se passe en Iran, mais aussi dans d’autres pays. Les gays on leur laisse le choix de transitionner ou d’être exécutés, concrètement…
On ne peut plus s’exprimer sur ce sujet sans perdre une vie sociale en France! Je sais qu’en Angleterre, il y a des femmes qui ont perdu leur travail, même si c’est contesté (on va dire), c’est arrivé! Beaucoup de femmes vivent un harcèlement constant et très violent! Il y a énormément de choses à dire sur pourquoi cette idéologie est une menace! Il y a juste beaucoup trop de choses qui ne vont pas dedans!
Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme? As-tu déjà subi des pressions ou des menaces? Et est-ce que tu as l’impression d’un danger dans ton entourage ou au contraire, te sens-tu en sécurité pour en parler?
e témoigne de façon anonyme sous un nom de plume. Je n’ai pas envie que mon entourage soit raccroché à mes idées. J’ai 2000 personnes qui me suivent sur Instagram et dès que j’ai créé mon compte, je ne voulais pas révéler mon identité. Je ne voulais pas poster des photos de moi, ni parler de ma vie privée au-delà du fait que j’ai une copine et que j’habite pas très loin de Caen.
Dora Moutot et Marguerite Stern ont vraiment été la preuve que j’ai eu raison, malheureusement. Puisque très de temps après que j’ai lancé mon compte, elles ont commencé à vivre un harcèlement constant qui a toujours lieu. Moi je ne vis pas de harcèlement, mais j’ai des messages haineux assez couramment. D’ailleurs j’archive tout!
Une des raisons pour lesquelles je n’ai pas envie de témoigner sous mon identité réelle, c’est aussi parce que je suis jeune, j’ai 22 ans. J’ai envie de faire des études et je n’ai pas envie de me disputer avec famille, ou avec belle-famille, ou avec potentiel environnement professionnel, et donc je n’en parle pas autour de moi, ou en tout cas j’évite aussi parce que je lis énormément pour écrire mon blog, et c’est des connaissances qui ne sont pas officialisées (on va dire). Puisque je n’ai pas fait des études de médecine (pour exemple), pour parler des bloqueurs de puberté. Mais je suis renseignée toute seule et du coup, mon entourage ne comprend pas d’où viennent mes connaissances et je n’ai pas envie d’avoir à me justifier sur ce sujet-là. Et du coup, de devoir de fil en aiguille devoir finir par expliquer que je tiens un des blogs les plus qualifiés de “terf” de France…
Donc on ne peut pas vraiment dire que je me sente en sécurité… J’ai vu assez d’exemples de femmes qui ont subi des conséquences très importantes dans leur vie, pour avoir compris que c’est un sujet grave et qui ne faut pas du tout le prendre à la légère. Je sais que ce n’est pas forcément connu en France, on a les deux exemples de Dora Moutot et Marguerite Stern, mais en Grande-Bretagne, des femmes qui ont perdu leur emploi et se sont retrouvées en garde à vue pour avoir mégenrer personne trans, ça existe. Bref, j’ai eu assez d’exemples de femmes qui ont subi des conséquences importantes pour avoir compris que c’est un sujet qui est très grave!
As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme?
ai deux anecdotes.
La première, c’est que j’ai eu une énorme crise existentielle quand j’ai commencé à comprendre qu’est-ce que racontaient les trans n’avait aucun sens… J’ai vraiment eu l’impression d’être une personne horrible.
J’en ai beaucoup parlé à ma copine, elle m’a écoutée pendant des heures à m’énerver toute seule… J’étais fâchée que personne ne réponde à mes questions sur Twitter! C’était vraiment terrible, en fait!
J’ai passé plusieurs jours à me dire “ça ne fait aucun sens mais, je n’ai envie d’être transphobe! Puis, je ne comprends rien et c’est frustrant!” et ça m’a vraiment retourné le cerveau…
RadCaen, rebelle du genre.
Finalement, quand la dissonance cognitive s’est calmée, je me suis sentie vraiment mieux. Même maintenant, des fois j’ai toujours un petit peu des doutes parce qu’on est entourées par un discours contraire (entre guillemets). Mais je sais que ce que je vis, ce que je vois, et ce que j’entends, ça fait sens à travers le prisme Radfem. D’ailleurs, dès que je me questionne trop sur la question trans, je reréalise que ça ne fait vraiment aucun sens!
La deuxième anecdote, c’est que j’ai été rejetée du Planning Familial car une des employées du Planning m’a parlé sur Insta sans que je sache qu’elle vienne du Planning… Elle était choquée que je sois abolitionniste. Si je me souviens bien, elle a très précisément dit qu’elle était choquée que je considère que les femmes sont des victimes parce que cela signifiait qu’elles n’avaient pas choix, et que ça retirait leur choix de considérer qu’elles étaient juste là à subir.
J’ai donc été appelée, on a fait une petite réunion où j’étais seule face à trois employées du Planning… On a critiqué ça, on m’a reproché mes positions sur l’activisme trans du coup, je n’ai jamais participé à des actions du Planning alors que je voulais apprendre et voir comment se passaient les sessions de formation, ou d’actions dans des collèges. On m’a aussi reproché d’avoir parlé de transsexualité, alors que je ne suis pas une personne concernée.
Sauf que le Planning, ils ont sorti un manuel qui parle d’intersexualité alors que les auteurs et autrices qui ont écrit ce livret ne sont pas concernés directement… Alors c’est vrai, ils ont fait appel au collectif intersexes et alliés pour l’écrire, mais je trouve ça “un peu” gonflé de leur part de m’avoir reproché ça, en sachant que quand je leur ai parlé d’intersexualité, j’ai écrit un petit livret qui est toujours disponible sur mon blog, et dont les sources viennent de personnes intersexes ET spécifiquement de femmes intersexes.
RadCaen, rebelle du genre.
Donc au final, je ne suis pas mécontente d’avoir été virée car ça en dit long… Mais, ce fut un petit peu difficile à vivre sur le coup.
As-tu quelque chose à ajouter?
Oui, j’en ai marre qu’on me dise que je hais les trans!
Personnellement, la transidentité c’est quelque chose qui m’a introduite au féminisme et à la critique du genre, même si c’est assez paradoxal. On est aussi pas mal dans le féminisme radical à est désistées, détransitionnées, dysphoriques, voir toujours transitionnées. Ce n’est pas mon cas mais, j’en connais.
RadCaen, rebelle du genre.
J’apprécie certains hommes transidentifiés, ou des trans qui sont critiques du genre et qui, du coup, ont une vision unique de ce qu’est la transition et de ce qu’est leur vie et l’homosexualité (souvent). J’ai une réelle compassion pour tous les bisexuels, les hommes qui ne se conforment pas et qui sont victimes de violences car ils sont efféminés. J’ai aussi de la compassion pour ceux qui meurent tués par des hommes dans la prostitution, ils représentent l’écrasante majorité des personnes trans qui meurent chaque année… J’aimerais vraiment que toute cette violence cesse!
J’en ai également marre qu’on m’accuse de tuer des personnes trans parce que je dis qu’ils sont des hommes (justement). Mais je ne tolère qu’on envahisse nos espaces, je ne tolère pas qu’on soit insultées, qu’on se fasse menacées ou qu’on nous frappe!
Hier, j’ai appris que des féministes à Bruxelles ont été agressées parce qu’elles sont abolitionnistes… Le collectif de Résistance Lesbienne a été agressé parce qu’elles ne veulent pas de pénis dans leur sexualité… Elles ont été agressées par un homme d’ailleurs! Il y a même des lesbiennes qui ont été tuées par des hommes transidentifiés!
Dana Rivers (qui est un homme transidentifié connu) a tué un couple de lesbiennes et leur fils adoptif. Tout ça parce qu’elles étaient lesbiennes! Et tout ça parce que nous, radfems, on reconnaît le sexe.
RadCaen, rebelle du genre.
Les lesbiennes sont les premières victimes, et les femmes comme moi aussi qui ne veulent pas d’hommes dans leur vie sexuelle… Car moi, je suis bie, et j’ai décidé que je n’aurai jamais d’hommes dans ma sexualité et ça en énerve beaucoup! Et les femmes hétéros qui ne veulent pas d’hommes dans leur sexualité, elles aussi se font cracher dessus! Voilà.
Ce sont toujours les lesbiennes qui trinquent en premier et je ne tolérerai pas ça! Je ne tolérerai pas que mes sœurs qui ne veulent par d’hommes dans leur vie privée se fassent harceler, se fassent tuer ou se fassent frapper!
Voilà, c’est ce que j’avais à ajouter : il y en a marre de toute cette violence alors qu’on nous traite de nazis en face! Alors que ce n’est pas nous qui tuons des personnes trans!
Merci d’avoir écouté notre parole, merci à RadCaen (Audrey) pour son précieux témoignage et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.
Je crois qu’il n’y a rien qui rende plus féministe que le hommes en fait! C’est mon avis (ahah), rien ne m’a plus rendue plus critique des trans que d’écouter les femmes trans parler (je crois).
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