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Esther, rebelle du genre

Esther – Bonjour je m’appelle Esther, j’ai 19 ans, je suis étudiante en région parisienne, féministe radicale et activiste à l’Amazone Paris.

Une de mes premières expériences avec la violence sexiste : j’avais sept ans : il y avait dans ma classe un petit garçon qui, à chaque récréation, me poursuivait parce qu’il disait vouloir m’embrasser. Et une fois, il m’a étranglée en disant  “j’ai envie de te tuer”. 

Enfant j’étais critique du genre sans le savoir et sans poser les mots dessus. En fait, dès l’école primaire, j’ai réalisé qu’il existait un double standard très fort dans tous les aspects de nos vies entre les petites filles et les petits garçons.  Je me souviens de mes récréations que je passais à lire dans un coin de la cour. Et parfois je levais les yeux et je regardais ce qui se passait. Ça me sidérait que les filles soient recroquevillées dans un coin, reléguées contre les murs de la cour de récréation pendant que les garçons prenaient toute la place, couraient… On avait peur d’être violentées physiquement tant leur énergie était incontenable, et le message des adultes, ça a toujours été que c’était normal, et que c’était à nous de nous rendre invisibles, transparentes, pour leur laisser de la place. Et je me rappelle notamment une de mes premières expériences avec la violence sexiste, c’était quand j’avais sept ans : il y avait dans ma classe un petit garçon qui, à chaque récréation, me poursuivait parce qu’il disait vouloir m’embrasser. Et une fois, il m’a étranglée en disant  “j’ai envie de te tuer”. 

A l’époque, ma grand-mère qui est psychiatre, en avait déduit qu’il reproduisait ce qui se passait chez lui entre son père et sa mère. Et lorsque mes parents en ont parlé au directeur de l’école, il a dit que c’était sûrement parce qu’il était amoureux de moi, et qu’il fallait le comprendre. En gros, je devais me taire pour le laisser exprimer sa violence comme il le voulait. Donc j’ai toujours été choquée par ça, et choquée par les normes de genre, et cette douceur, cette docilité imposée aux petites filles. Mais tout en étant révoltée, je n’étais pas moi-même touchée par un quelconque sentiment de dysphorie ou quoi que ce soit qui s’en approche parce que j’étais assez conforme aux normes de genre, enfin autant qu’on peut l’être, je pense, bien que personne ne soit binaire.

J’avais les cheveux longs,  je faisais de la danse classique, je n’avais aucun rejet de la féminité qui correspondait à ce moment-là à mon âge, et au contraire je me reconnaissais dans cette esthétique de la douceur qu’on impose aux petites filles.  

Donc ensuite j’ai grandi, et arrivée à la pré adolescence, au début de l’adolescence, vers mes 11/12/13 ans, j’ai réalisé que ce que je pouvais auparavant encore relier à une forme de jeu enfantine, devenait de la réelle violence.

Je me rappelle que la première fois qu’un homme m’a dit (un homme adulte m’a dit) “hé salope tu suces?” dans la rue, je ne savais pas ce qu’était une salope et je ne savais pas ce qu’était sucer, je devais avoir 11 ans à peu près… 

Ces accumulations de sexisme et de misogynie que je percevais autour de moi ont créé une colère en moi, qui m’a fait m’orienter plus tard vers le féminisme.

En parallèle de ça, je pense que c’est important de préciser pour la suite que j’ai grandi au sein d’une famille aimante. Mes parents m’ont toujours soutenue, m’ont toujours aimée, et m’ont toujours montré qu’ils m’aimaient.

Et notamment en ce qui concerne l’homosexualité par exemple, j’étais très au courant du fait qu’il était parfaitement ouverts. Le premier mariage auquel j’ai été  avec mes parents, c’était un mariage gay de leurs amis en 2012.

Donc j’ai vraiment grandi au sein d’une famille où je sentais que, peu importe qui j’étais, j’allais être aimée et soutenue.

Donc avec l’afflux de ces violences vers mes 12, 13, 14 ans, j’ai commencé à vouloir partager cette colère avec d’autres personnes qui pouvaient comprendre. J’avais le sentiment d’étouffer dans un milieu scolaire qui me semblait insensible à toutes ces questions qui me taraudaient l’esprit H24. 

Je me demandais pourquoi, en tant que fille, on doit subir ça, et l’amalgame entre la féminité, le fait d’être une fille, et donc plus tard une femme, et ces violences a été très vite fait dans mon esprit.

En fait je n’ai jamais détesté mon corps à proprement parler, mais je détestais le regard que les hommes posaient sur lui. 

Je détestais la réaction de mes camarades de classe, mes camarades masculins, à la vue de mon corps qui change avec l’adolescence.

Je détestais le fait de devoir maintenant avoir peur alors que j’avais pas encore ce sentiment de peur à l’enfance, et en fait l’acquérir ça fait monter ma colère encore.

Et donc je pense que j’étais à la recherche d’un sentiment de communauté et de compréhension avec des gens de mon âge. Et aussi d’explications parce que être une femme était devenu quelque chose de  négatif dans mon esprit et je ne comprenais pas pourquoi.

Parce qu’en parallèle je me rendais bien compte que les garçons de mon âge étaient immatures par rapport à nous. Que sur plein d’aspects, c’étaient vraiment des êtres limités notamment par rapport à l’empathie, et aux émotions qu’ils avaient peur d’eux-mêmes… Ils  transpiraient la non confiance en eux, et pourtant devant eux, je me sentais réduite à néant, et  je ne comprenais pas pourquoi. 

Donc je me suis inscrite quand j’avais 14 ans, sur un forum LGB. Je ne sais même pas s’il existe encore aujourd’hui. C’était spécifiquement pour les ados. Je crois que c’était 13/18 ans,  quelque chose comme ça. Donc LGBT mais, à l’époque, il y avait très très peu de personnes trans.  Et je traînais beaucoup sur Internet et ça me semblait être l’endroit où j’allais trouver ce sentiment de communauté. Et donc une personne, sur ce forum, m’a envoyé le lien d’un forum Discord.  Peut-être qu’il y en a qui ne savent pas ce que c’est parmi celles qui nous écoutent. C’est une espèce de forum de discussion. On peut avoir plusieurs pages de discussions. On peut avoir accès à tout le forum, ou à seulement une partie. Et voilà c’est pour tchater. On peut s’appeler aussi.

Donc je suis arrivée sur ce forum, qui était “sur le papier” un forum féministe pour les droits des LGBTQ+, et dans la réalité des faits c’était un forum transactiviste, et c’est là que j’ai côtoyé pour la première fois les aspects les plus sombres et les plus sectaires de la communauté trans. Evidemment, à l’époque, je ne m’en suis pas rendue compte, et je le dis maintenant avec le recul. 

Alors déjà, ce Discord s’appelait “le Discord de l’amour”. Donc en voyant ça, n’importe quel adulte fuirait très très vite, mais à l’époque, j’étais une enfant, et je me disais “Oui, l’amour c’est bien, et on partage de l’affection.” En fait, je pense que la première chose qui fait de ce milieu une secte, c’est ce besoin constant de dire à tout le monde que tout le monde est valide. Peu importe ce que tu fais, peu importe ce que tu penses, peu importe ce que tu dis, peu importe qui tu es : tu es valide, tu es parfait comme tu es, et c’est ce sentiment d’hyperpositivité, je m’en suis rendue compte plus tard en lisant des documents scientifiques sur les fonctionnements des sectes, qu’en fait ces messages hyper positifs qu’on t’envoie de tous les côtés, ça provoque (je saurais pas l’exprimer, je ne suis pas très scientifique) mais ça provoque dans la chimie du cerveau un sentiment de satisfaction et ensuite le cerveau va venir rechercher ce qui provoque cette satisfaction. Donc  en fait, à force d’être partiellement dans cette bulle sur Internet, d’ hyper positivité, qui effaçait toute réflexion en fait, parce que il n’y avait pas de réflexion féministe, il n’y avait pas de réflexion sur de réels droits, il y avait juste un besoin de validation constante, et une volonté d’assaillir tout le monde avec la validation, qui faisait que le monde réel me paraissait, en comparaison, froid…  Comment dire? Dépourvu d’amour et dépourvu de soutien. Ce qui était très faux, en tout cas dans ma propre vie à ce moment-là.

Donc les transactivistes sur ce Discord, ont procédé selon un mécanisme d’embrigadement qui est extrêmement complexe, et qu’avec le recul je comprends difficilement même si je le saisis beaucoup mieux qu’à l’époque.

En fait ils nous font sentir, (globalement à tout le monde, mais je pense que les jeunes filles à tendance féministe disons sont particulièrement touchées, du fait de notre éducation à l’empathie, au soin d’autrui, et aussi de notre sentiment d’infériorité dû à l’éducation), en fait ils nous font sentir qu’on n’est qu’une construction sociale, qui renvoie des oppressions de partout, et que le seul moyen de ne pas constamment projeter de la violence autour de nous, sur tout le monde, c’est de se déconstruire.

On se sent extrêmement mal

Et on a surtout l’impression que ces gens, les transactivistes, sont des ressources vitales pour qu’on ne soit plus ce monstre, en fait. 

Et qu’on puisse devenir quelqu’un de bien.

Donc quelqu’un bien c’est quelqu’un qui ne va pas mégenrer, c’est quelqu’un qui respecte toujours les identités de tout le monde, qui se bat contre l’ennemi commun : les sales TERFS. Même si à l’époque c’était moins répandu qu’aujourd’hui. Et donc ça crée un cercle de dépendance, en fait : plus on se sent mal parce qu’on n’est pas déconstruit, parce qu’on a l’impression qu’on va violenter tout le monde, plus on a besoin des transactivistes pour nous expliquer. Donc ils nous expliquent les choses. Et plus ils nous expliquent, plus ils font apparaître, ils inventent de nouveaux mécanismes de violence qu’on aurait envers tout le monde, comme le mégenrage par exemple, mais il y en a plein d’autres, et plus on ressent cette dépendance envers eux, et ce besoin de toujours les côtoyer, pour toujours être sûres de ne jamais violenter personne…

Parce qu’en fait, quand on a déjà subi ce que c’est, une oppression, on n’a pas envie de le faire vivre aux autres. Et c’est ça la plus grande force des transactivistes, c’est le vécu de jeunes femmes (de tout le monde, mais des jeunes, en particulier LGB), qui ont vécu ce que c’est la violence patriarcale, l’oppression homophobe etc, et qui ont envie de l’abolir et de ne surtout pas le reproduire sur d’autres personnes.

Dans les luttes transactivistes, il y a une hiérarchie de la violence, et en fait c’est la course à qui sera le plus oppressé. Et la personne qui va être considérée comme la plus oppressée, qui est censée se faire taper dessus le plus par toute la société, va être celle qui va dicter la conduite à toutes les autres. Et sur ce Discord, c’était très apparent parce que, comme comme je l’ai dit, il y a plusieurs forums de discussion, et en fait quand je suis arrivée dessus, j’étais une fille cis, certes pas hétéro, mais j’étais quand même très privilégiée. En plus, malgré le fait que je venais d’une famille d’immigrés, j’étais blanche… donc attention! Donc j’avais accès à seulement une petite partie du forum. Et plus tard quand j’ai notamment fait mon coming out non-binaire, tout le monde m’a applaudie comme si j’avais eu la révélation de ma vie, que je faisais parti du club “des bons” en fait. Maintenant j’atais devenue une personne intéressante par ce que je n’étais plus une femme cisgenre. Et dont j’ai eu accès à d’autres forums de discussion, qui étaient en fait les plus actifs… et donc les plus dangereux, et cette hiérarchie c’est vraiment… en fait c’est vraiment un gros problème parce que quand on est une jeune ado on a besoin de reconnaissance de la part des adultes qui est complètement naturel. Et le fait de valoriser et de récompenser des gens, qui sont des enfants, sur la base de combien d’étiquettes d’oppression ils cumulent… c’est vraiment… incroyablement ridicule, pour commencer, mais aussi extrêmement dangereux.

J’ai parlé d’adultes. En fait sur ce Discord je faisais partie des plus jeunes. Je pense que la plus jeune devait avoir 13 ans, moi j’avais 14 ans. Il y en avait une qui en avait 16. Il y en avait quelques-uns qui avaient entre 18 et 20 ans, et puis il y avait des adultes de 35 ans qui avaient des enfants, qui étaient mariés… et qui trouvaient ça parfaitement normal de discuter de notre sexualité sur Internet toute la journée, avec nous, des ados au collège.

A l’époque évidemment, je ne me rendais pas compte à quel point c’était dangereux. Mais il y avait une vraie influence basée sur l’expérience de vie, sur l’âge, et nos jeunes intellects ne pouvaient pas se mesurer à eux et à leurs techniques de manipulation.

Donc sur ce Discord, je pense qu’une des raisons qui a fait que j’ai fnalement déclaré que j’étais non-binaire,  c’est parce que, en fait, je ressentais peut-être encore plus qu’ailleurs l’effacement de la féminité.  

J’étais arrivée en me disant que peut-être j’allais discuter de féminisme et apprendre… Mais en fait on ne parlait jamais des femmes. On parlait des trans et des  techniques de transition. A la limite, on parlais des homosexels mais en fait c’était considéré comme acquis que personne n’était hétéro, parce que les hétéros… pourquoi le côtoyer? Beurk, finalement! (je caricature, mais c’est vraiment grave) et le Graal, c’était de transitionner, d’avoir un bon passing, et ça devenait une obsession, avant même que je me déclare moi-même concernée. 

En fait, c’est un sujet qui, une fois qu’on s’y attache, accapare tout notre temps, toute notre vie, c’est extrêmement chronophage, parce qu’il y a toujours plus à apprendre, il y a toujours des nouveaux mots, des nouvelles étiquettes qui sortent, et qu’on doit mémoriser instantanément, utiliser parfaitement comme si on les avait intégrés dès notre plus jeune âge… au prix d’être les vilains oppresseurs complices du patriarcat. Et donc ça me prenait tout mon temps!

Les souvenirs que j’ai de cette période, c’est moi, dans ma chambre, sur mon téléphone, en train de me renseigner sur Instagram sur tous les nouveaux genres qui sortaient, tous les nouveaux pronoms, m’entraîner à faire des choses qui n’étaient pas naturelles.

Par exemple : genrer au féminin quelqu’un qui a 35 ans, qui a une voix d’homme, qui n’a pas effectué de transition. Et entraîner mon cerveau, contraindre mon cerveau à accepter que c’était normal, et que c’était ça ou être violente.

Et en fait, sur ce Discord, on m’a appris que le genre était un ressenti. Et ça c’est vraiment la base de la Bible transactiviste : le genre est un ressenti. Donc si tu te sens femmes, tu es femme. Si tu ne te sens pas femme, tu n’es pas femme.

Or moi, à 14 ans, à part les fois où j’étais confrontée à la violence et au sexisme, par exemple quand je rentrais tard le soir dans le métro, et que de vieux mecs me suivaient, je n’avais pas un sentiment profond d’être une femme.

Parce que premièrement, j’étais une enfant. Et que deuxièmement, ce sentiment profond, je pense qu’il ne vient que des retours qu’on a de l’extérieur. Les moments où je me suis sentie le plus femme de ma vie, à part quand c’était lié à des faits biologiques, comme par exemple avir ses règles, c’était les moments où j’étais le plus confrontée à la violence des hommes et où on m’a ramenée le plus à ce statut de femme. Mais donc si le genre est un ressenti, ce que j’ai appris sur ce Discord, n’importe quel ressenti que j’avais, pour moi, pour l’enfant que j’étais, pouvait être associé au genre! Et c’est comme ça que j’ai commencé à me dire que je n’étais pas une femme : parce que ce sentiment profond manquait, et que j’étais plein d’autres choses! Parce que j’avais des émotions, des émotions complexes, comme n’importe qui. Et ces émotions pouvant être facilement rattachées au genre, je me suis définie “non-binaire genderfluid”. 

Ensuite, j’ai passé des mois et des mois à analyser chacun de mes ressentis en me demandant si c’était lié à mon genre. Et en fait, sans même me demander, parce que je ne réfléchissais même plus. Je me disais “Ha j’ai ressenti ça, c’est sûrement un nouveau genre, vu que je suis genderfluid, j’en ai tout le temps des nouveaux genres, ça fluctue!

J’en ris, avec le recul parce que je me suis vraiment auto-convaincue de choses totalement ridicules! J’étais passionnée de littérature (et je le suis toujours) et je sentais bien que différents textes provoquaient chez moi différentes émotions. Et donc je me suis dit qu’un des facteurs qui pouvaient faire varier mon genre, c’était par exemple le type de livres que je lisais. Et donc quand j’ai lu “Madame Bovary” je n’avais sûrement pas le même genre que quand j’ai lu “le seigneur des anneaux”!

Ca peut paraître vraiment très très ridicule, mais c’était des réflexions nourries par des heures de conversations avec des adultes de plus d’une trentaine d’années qui accueillaient mes déclarations et nos déclarations (parce que je n’étais pas toute seule à être très jeune et mineure sur ce Discord et en questionnement) avec le plus grand des calmes, et en me disant :“Tu es valide, tu es valides. Quand tu dis que tu es sireno-genre parce que tu as envie d’être une sirène, tu es valide!”

Et c’est dangereux en fait!

Fort heureusement j’ai jamais vraiment transitionné socialement mais j’ai fait quelques pas dans cette direction.

Notamment j’ai acheté un binder, parce que je me suis auto-convaincue que je haïssais ma poitrine, ce qui était faux. Je détestais le regard des hommes sur ma poitrine. Mais ma poitrine elle-même, je n’avais aucun problème avec elle.

Et moi j’aimerais parler deux minutes du binder parce que je ne l’ai porté que quelques fois, mais j’en garde un souvenir traumatique, en fait! Ça compresse toute la poitrine. Mais pas seulement les seins : ça compresse les côtes sur le côté, ça compresse le dos, on ne peut pas respirer. Je pense que le cerveau est mal oxygéné : ça m’arrivait d’avoir des étoiles dans les yeux parce que je suis allée en cours de sport au collège avec. Et c’est vraiment dangereux, en fait! Je me dis heureusement que je ne l’ai porté que quelques fois, mais je sais que des personnes qui se sont bandé les seins pendant plus longtemps ont eu des cicatrices! C’est dangereux, c’est une mutilation du corps, en fait!

Le transactivisme, c’est un mouvement qui sacralise la destruction du corps.

Et le rapport des transactivistes à la féminité est vraiment extrêmement malsain aussi : nous, les femmes, ils essaient de nous ejecter de la féminité en déifiant la non-binarité, la non-conformité au système, au cis-tème, au cis-patriarcat, etc, mais EUX, les hommes transidentifiés, sacralisent la féminité. Une féminité cliché, qui me répugnait. 

En fait je pense que, voir des photos de ces adultes hommes, le torse poilu, en vêtements clichés de la féminité…  je sais plus j’aimerais pas dire de bêtises mais il me semble que j’ai vu des photos d’eux en sous-vêtements… je sais plus. 

En dentelle, avec une esthétique très cabaret… en fait ça me dégoûtait encore plus de féminité!

Parce que je voyais ça, je disais “C’est ça une femme? Je ne veux pas être comme ça!” (inconsciemment, en tout cas). Ils prônent cet idéal grotesque de la féminité qui fait que, même si on s’identifie encore en tant que femme à ce stade, on ne peut pas dire qu’on est une femmes, si toutes les femmes sont pareilles!

Parce que c’est vraiment des individus qui, par leur discours et leurs manières de se comporter, suscitent le rejet chez les autres.

Et donc oui à cause du temps que je passais en ligne, à discuter avec ces personnes, du temps que je passais en introspection sur moi-même à essayer d’identifier mon propre genre, je me souviens avoir été complètement déconnectée de la réalité.

Vers la fin, je ne lisais même plus, je n’écoutais pas en classe, je passais ma vie sur mon téléphone. Toutes les personnes qui essayaient de m’en empêcher, c’étaient le mal et une menace. 

Mes parents sont devenus une menace aussi.

Il y a une grande volonté des militants transactivistes de couper les jeunes de leur famille, de leur entourage parce qu’ils savent très bien que tant que ces jeunes sont ancrés dans un milieu qui les accepte comme ils sont, et un milieu bienveillant, ils n’ont aucune chance de les faire basculer de leur côté.

Moi, ils m’ont convaincue que mes parents étaient homophobes, alors que ce n’était pas le cas. Et je le savais en plus!

Et ils m’ont convaincue que c’étaient des personnes malveillantes … juste parce qu’ils refusaient d’adhérer à mes délires.

Parfois on marchait dans la rue avec ma mère, dont j’ai toujours été extrêmement proche, on a une relation fusionnelle avec ma mère, et on marchait dans la rue, et parfois elle disait : “La fille a de jolis cheveux”… et moi je lui disais : “Mais non, Maman, tu ne peux pas dire ça, parce que tu ne lui as as demandé son genre, donc tu ne peux pas savoir si c’est une fille!”

En fait, je ne réfléchissais même plus. Je n’avais aucun esprit critique, je répétais en boucle des phrases qui m’avaient été inculquées de force et martelées dans mon esprit.

Je ne pouvais rien dire d’autre, je ne pouvais parler de rien d’autre.

 Avec le recul je me souviens de cette période comme d’un trou noir, dans lequel ma volonté, ma réflexion et mon esprit critique ont disparu. 

Et ça a duré plusieurs mois.

Ce qui a fait que je m’en suis sortie c’est que j’ai été brutalement reconnectée avec la réalité de ce que c’est être une femme.

En fait, alors que j’étais encore sur ce Discord mais que je m’en détachais peu à peu, j’ai été violée à plusieurs reprises, par la même personne, l’année de mes 15 ans. J’étais en seconde.

Je n’ai pas du toute envie de dire quoi que ce soit qui se rapproche du fait que ça aurait été une expérience bénéfique.

Je pense que les phrases du style : “Mais tu peux tirer du bon de tout” et “On apprend de tout” etc,  ne s’appliquent pas ça.

Je pense que le viol ça détruit et ça ne fait rien d’autre que détruire et ça laisse un néant où tu n’as plus d’humanité, tu n’as plus rien. 

Mais malgré ça, ça m’a reconnectée avec ma réalité physique. 

Sans poser les mots dessus à l’époque, presque inconsciemment je pense, j’ai fait le lien entre ça, ce sentiment, et ce que j’avais fait toute ma vite en fait, face aux différents degrés de violence masculine.

Et j’ai réalisé que être une femme, c’était ça.

C’était être poursuivie par les garçons quand j’avais 7 ans.

C’était être violée à 15 ans.

Et ça n’avait rien à voir avec la vision “paillettes, feux d’artifice et fête” que les hommes trans identifiés de ce Discord me donnaient.

Et suite à ça, j’ai quitté discrètement  les conversations etc.

J’ai eu besoin d’un peu de temps pour réaliser ce qui m’était vraiment cette année, mettre de la distance avec cette personne de mon entourage.

Et vers mes 16/17 ans j’ai reconnecté avec le féminisme qui m’avait toujours attirée, la critique de genre qui avait toujours été dans mes valeurs.

J’ai lu les grandes théoriciennes du féminisme.

Et j’ai beaucoup réfléchi toute seule dans un premier temps sans les réseaux sociaux, ce qui, je pense, a été vital pour moi parce que c’est l’époque, vers 2019/2020, où je pense que le transactivisme a vraiment envahi les réseaux sociaux et tout l’Internet de manière fulgurante.

Et donc j’ai pris ce temps pour réaliser qu’être une femme n’avait rien à voir avec ce qu’on m’avait inculqué, et était en fait basé sur une réalité matérielle et biologique, et que c’était cette réalité biologique qui était la cause de nos souffrances, et à la cause de ce rapport conflictuel avec mon corps, dédoublé après les viols, bien sûr.

Et en fait c’était ça, la cause de mon mal-être et c’était pas une sorte d’attaque nébuleuse et omniprésente qui serait faite à l’encontre de mon identité de genre. Je n’étais pas enfermée par mon sexe “assigné à la naissance” mais par des injonctions faites de toutes parts et basées sur ce sexe.

Je suis ensuite retournée sur les réseaux sociaux, notamment pour suivre Marguerite Stern, qui a été ma sauveuse, parce qu’elle a créé les collages contre les féminicides, en 2019.

Le 1er janvier 2020, j’ai fait mon premier collage, toute seule. 

J’étais mineure et donc que je l’ai fait dans le dos de ma mère (c’est pas bien, il ne faut pas faire ça) mais en fait ça m’a libérée, ça m’a offert un espace d’expression pour porter ma voix, et aussi porter celles de toutes les filles qui m’entouraient. Parce que j’étais toujours dans un milieu scolaire qui était vraiment déconnecté des réalités des femmes, et en fait on n’en parlait pas : les profs et les élèves ne parlaient pas de tout ce qui se passait.

Et donc le collage a aussi modifié drastiquement ma perception de ce que je pouvais faire de ma vie de femme. Les premières fois, quand je sortais dans le dos de ma mère à quatre heures du matin, pour aller coller toute seule dans les rues de Paris, j’étais morte de peur. J’avais le sentiment qu’à chaque coin de rue il y avait un agresseur qui allait me tuer. Mais en revenant de ces séances de collage, je me rendais compte qu’en fait j’étais puissante, j’avais une voix et je pouvais occuper l’espace public. Et ça, ça a à tout jamais modifié mon rapport à la rue.

En parallèle, je continuais à construire ma pensée qui avait été détruite. Vraiment,  je considère que toutes mes pensées ont été détruites par les transactivistes, et donc j’ai vraiment dû reconstruire ma pensée sur ce sujet mais aussi sur plein de sujets, et refaire ma propre vision du monde.

Et donc j’ai aussi construit  ma pensée féministe radicale et j’ai rejoint l’Amazone Paris suite à une action le 11 avril 2021, contre la prostitution, organisée à par les militants du CAPP (le Collectif Abolition Porno Prostitution).

Et en rejoignant l’Amazone Paris,  j’ai découvert qu’il y avait toute une communauté de femmes réelles, pas uniquement sur la toile, qui partageaient mes valeurs et qui surtout osaient s’exprimer sur les violences commises par les hommes et plus spécifiquement par les transactivistes.

Parce que c’est vrai que j’évolue dans des milieux… je suis étudiante en prépa littéraire, et la prépa (je sais que c’est pire dans d’autres milieux universitaires, mais c’est vraiment Queerland !) il y a plein d’élèves qui transitionnent. L’année dernière, mon prof d’histoire nous a fait un cours d’histoire sur l’histoire du genre depuis la Révolution, et il n’a jamais parlé de sexe! Et sur chacune de mes copies, j’ai passé mon premier paragraphe à argumenter pourquoi j’allais d’utiliser les mots “sexe, femmes et hommes” et pas “genre”. Et il l’a reçu, mais à reculons! C’est vraiment une pensée qui est adoptée par les étudiants, les milieux universitaires et même des gens dont on penserait qu’ils la rejeteraient en bloc. Des universitaires de plus de 50 ans qui n’ont pas du tout été élevés là-dedans, qui ont été élevés dans un milieu souvent bourgeois et catholique, et qui, pourtant, accueillent à bras ouverts des élèves qui s’identifient “trans non-binaires”, avec des pronoms sortis de nulle part… et ça m’a choquée, en retournant sur Internet, de voir à quel point ça avait progressé.

Par exemple, à mon époque mon pronom, personnellement c’était “ael”. J’étais fière parce que je l’avais trouvé, et il n’était vraiment pas courant du tout. Aujourd’hui Ael  c’est mainstream… ça s’est développé au point que des discours qui, à l’époque, étaient très radicaux, aujourd’hui sont complètement acceptés. Et c’est très grave, en fait!

L’Amazone Paris et, plus généralement les milieux RadFem, m’ont offert cet espace de communauté dont j’avais besoin déjà adolescente, mais sur des bases saines où chacune est libre d’exprimer son opinion.

Et de voir toutes ces femmes fortes aux côtés desquelles j’étais fière de me battre et qui osaient assumer leurs positions, ça m’a permis, à moi, d’oser en parler à mon entourage et de libérer ma parole sur ce sujet. Parce que je pense qu’il n’y a rien de plus précieux que notre liberté de penser. Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus nocif dans le transactivisme : c’est la destruction de notre liberté de penser.

Et c’est contre ça en priorité que j’ai envie de me battre aujourd’hui.

RDG – Pourquoi penses tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie?

Esther – Alors de mon expérience des milieux transactivistes, tout d’abord pour les enfants c’est au-delà d’une menace : un berceau du détournement de mineurs, et même de non-assistance à personne en danger, en fait!

Pour raconter un peu ce qui se passait sur ce Discord :  ces adultes, qui avaient parfois eux-mêmes des enfants, nous incitaient à nous rebeller contre nos parents, à nous enfermer dans cette bulle de manipulation, et notamment par exemple, à fuguer de chez nous. Et je sais qu’il y a plusieurs ados (je ne l’ai pas fait fort heureusement, je pense que j’étais protégée par ce rapport extrêmement bienveillant et d’amour que j’ai toujours eu avec mes parents, mais malgré ça, j’étais atteinte, mais je n’ai pas été jusqu’au bout) enfin, il y a des ados sur ce Discord qui ont fugué  de chez leurs parents.

Ils nous encourageaient à suivre des traitement hormonaux dans le dos de nos parents et sans en parler à des docteurs, en nous expliquant comment on pouvait se fournir.

Ils nous encourageaient à violenter notre corps de 1000 façons, à utiliser tout ce qui est binders, et tout…

Je me rappelle qu’une fois, il y avait eu une conversation entre un mec de 35 ans avec une fille trans identifiée de 12/13 ans où il lui expliquait que ça n’était pas grave si son binder était trop petit parce que ça allait juste fonctionner mieux, alors qu’un binder trop petit, je ne sais plus les risques médicaux, mais ça peut compresser la poitrine, et je crois que ça peut même bouger les côtes et  compresser les organes internes… enfin c’est très très très dangereux!

Ce besoin de validation du transactivisme, tout le temps, tout le temps, ça créait un déni de tout le reste, qui pouvait justifier pleinement le mal-être de ces gens.

Et cette même fille transidentifiée, elle avait expliquée un soir qu’elle avait été violée devant son père par un ami de son père (je suis désolé d’en parler, de parler comme ça dans des termes graphiques, mais je pense que c’est important de dire les choses) et elle avait expliqué ça. Donc il y avait des adultes, qui étaient pourtant censés être féministes, et renseignés sur les traumatismes qui suivirent de tels événements, et personne n’avait l’idée d’imputer son mal-être en partie au moins à cette expérience. Et tout le monde prétendait que c’était uniquement parce qu’elle avait été assignée à la naissance “fille” par un vilain docteur transphobe, alors qu’ elle n’était absolument pas une fille!

Et ça a des conséquences très concrètes sur les enfants. Je pense que je l’ai dit tout à l’heure, mais c’est de pire en pire. A mon époque, c’était encore très marginal et j’étais peut-être une des seules de mon collège à être au courant et au fait de ces mouvances. Mais aujourd’hui, je sais que c’est extrêmement répandu. Je sais que dans les cursus scolaires et universitaires, il y a des préventions contre la transphobie, avec notamment une banalisation de l’utilisation des espaces réservés aux femmes par les hommes trans identifiés. 

Encore hier, j’ai une amie qui m’a montré une caricature qui avait été étudiée dans son cours d’anglais de fac où, en gros ça se moquait d’une femme qui protestait contre un homme utilisant les toilettes réservées aux femmes. C’est extrêmement dangereux et cette pression à l’inclusivité et à inclusion des hommes dans tous les espaces réservés aux femmes a créé des violences sans nom…

Je pense que le séparatisme et le  fait de se couper des hommes doit être un choix personnel, mais je pense que c’est vital qu’on ait, dans l’état actuel des choses, des espaces réservés aux femmes. Ne serait-ce que parce que certaines sont traumatisées.

Et je pense qu’on doit avoir des moyens d’échapper à cette violence.

Je sais qu’aux États-Unis par exemple, en Californie, les prisons commencent à instaurer des moyens pour faire face au fait qu’il y a de nombreuses grossesses liées à des viols que subissent les femmes par des femmes transidentifiées qui sont incarcérées avec elle…  par des hommes transidentifiés pardon, qui sont incarcérés avec elles.

Et la réaction des prisons, c’est de créer des infrastructures pour accueillir ces bébés issus de viols, plutôt que de lutter contre la présence d’hommes dans les prisons de femmes.

On sait que dans le milieu sportif, ça cause énormément de problèmes à cause de différences biologiques évidentes qui créent des disparités.

La pression à “relationner” comme ils disent, dans le sens d’avoir des relations amoureuses et sexuelles avec des hommes transidentifiés, dits “femmes trans” dans les milieux lesbiens, est inouïe!

Aujourd’hui, à Paris il n’y a presque plus de bars lesbiens, parce qu’ils sont tous soit en train de fermer, en faillite, soit extrêmement peu connus et fréquentés, soit investis complètement par les trans et par les hommes.

J’ai été frappée, je sais pas si… La Mutinerie c’est censé être LE bar lesbien de Paris en non-mixité… J’y suis allée deux fois. La deuxième fois que j’y suis allée, il y avait plus d’hommes que de femmes et certains étaient des “femmes trans” donc transidentifiés etc, certains étaient non-binaires, et certaines, pas du tout, étaient des hommes cis hétéros… 

Parce qu’en fait les hommes ont cette tendance à s’accaparer tout ce qui appartient aux femmes.

Mais jamais avant, dans l’histoire je pense, ils n’avaient eu accès jusqu’au rôle genré féminin, jusqu’aux espaces et aux tâches réservées aux femmes. Je pense que, même dans les périodes les plus noires en ce qui concerne les disparités de sexe et l’oppression patriarcale, jamais les hommes n’ont revendiqué le peu qui appartenaient aux femmes.

Et aujourd’hui il n’y a même plus cette limite qui assurait peut-être un semblant de protection de ce qui était la féminité.

Aujourd’hui, tout ce qui appartient aux femmes appartient aussi aux hommes.

Et les lieux réservés aux femmes, qu’ils soient matériels comme des refuges ou des bars, ou tout espace en non-mixité, ou alors les lieux spirituels : le féminisme, la lutte lesbienne, appartiennent aussi aux hommes. Ces espaces sont envahis, en fait! 

On ne peut plus “respirer” nulle part!  

On a besoin pour faire face à ce qu’on vit, se rassembler et lutter un peu contre le sexisme, de ces espaces de femmes. Et c’est vraiment un besoin vital. Et c’est un besoin qui nous est nié et quand on les réclame, on est considérées comme des personnes violentes, on est déshumanisées. Le mot “terf” plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, et c’est extrêmement dur de parler et de revendiquer aujourd’hui nos espaces. 

Et par ailleurs, avec le recul de mon expérience, je réalise le danger à côté duquel je suis passée, et je me rends bien compte que je m’en suis sortie parce que mes expériences en termes de violences sexuelles m’ont reconnectée avec ma réalité matérielle…  mais l’inverse aurait tout aussi bien pu se produire comme ça l’a été pour cette autre jeune fille dont je parlais tout à l’heure. Et j’aurais pu m’enfoncer dans une transition médicale lourde et douloureuse … pour fuir la féminité en fait!

Et l’omniprésence du transactivisme nous refuse le droit de remettre en question ce qui rend vraiment la féminité douloureuse.

On a le droit, en tant qu’être humain, de vivre sous notre réelle identité, sans subir de violence et on a le droit, je pense, de se battre contre ce qui rend aujourd’hui cette tâche impossible.

RDG – Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as rencontré des dangers, qu’ils soient réels ou perçus dans ton entourage ou dans ton environnement? Est-ce que tu te sais sécurité? Est-ce que tu peux parler librement ou pas?

Esther – Je pense que toutes les féministes radicales, et plus généralement toutes les femmes critiques du genre, ont bien conscience de la menace réelle qui pèse sur nous aujourd’hui. 

J’ai 19 ans, je suis jeune et, de manière générale, que ce soit en faisant ce podcast aujourd’hui, ou en militant avec l’Amazone, je me demande régulièrement si j’aurai un jour un emploi. Parce que je vois, dans d’autres pays, les gens se faire licencier, se faire ostraciser de la société parce qu’elles ont osé défendre des positions critiques du genre.

Après, j’ai beaucoup de chance dans le sens où j’ai un entourage qui, globalement, m’écoute, qu’il soit d’accord avec moi, ou pas. Ma famille me soutient et soutient mes positions. Je pense que mes parents sont très très très soulagés que je sois revenue de là où  j’étais il y a quelques années.

Mes amis les plus proches, qu’ils soient renseignés sur ce sujet ou pas, qu’ils partagent mes valeurs ou pas,  globalement me soutiennent.

Après, j’ai déjà subi des pressions concrètes : notamment récemment, j’ai perdu tout un groupe d’amis, qui pourtant se comportaient comme s’ils étaient très attachés à moi. Parce que j’ai retwitté un tweet de Marguerite Stern. Un truc qui parlait de féminicides… même pas critique du genre! Et suite à ça, on m’a confrontée et je ne me suis pas cachée du fait que je l’admirais énormément et que je n’avais pas honte de partager son travail. Donc tout ce groupe de personnes (une dizaine peu près) ont coupé contact avec moi et j’ai appris par la suite qu’ils faisaient des soirées où ils parlaient de “Esther la sale terf”, qu’ils avaient bien heureusement éliminée de leur vie… 

Donc je témoigne sous mon identité, et je pense que c’est important de le faire, même si je comprends bien sûr les femmes qui ne le font pas, parce que je préfère vivre libre de m’exprimer en sachant que je ne vais perdre personne suite à mon discours.

J’aime le fait qu’aujourd’hui, si je prends la parole et que ça sort publiquement, de mon entourage proche je ne risque de perdre personne. Et je pense que cette liberté de s’exprimer, elle n’a pas de prix. 

Après, la pression est telle que je comprends parfaitement celles qui préfèrent se cacher, et à vrai dire je comprends même celles qui n’osent pas s’avouer que le discours qu’elles prêchent est en fait absurde et violent envers elles-mêmes, parce que c’est tellement omniprésent !

Je pense que la clé de notre libération c’est vraiment, avant tout, la libération de notre parole, et que si même nous, on n’ose pas s’exprimer sur ce qui nous arrive (quand je dis “nous”, je parle des femmes), personne ne le fera à notre place, évidemment!

Et c’est pour ça que je trouve ça important de témoigner et que je trouve que des podcasts comme “Rebelles du Genre” sont vitaux, pour se rendre compte que … plus on parle, plus on est nombreuses à le faire, et en fait on est des millions dans le monde, je pense!

Et c’est important de faire face au camp d’en face qui n’hésite pas à s’exprimer publiquement sur les réseaux sociaux pour nous insulter. Donc je pense que notre,  (ma réponse en tout cas), est pacifique : je ne veux pas de mal à ces personnes. 

J’ai juste envie qu’elles arrêtent de nous vouloir du mal.

RDG – As-tu une anecdote, ou plusieurs, à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant le transidentité ou le transactivisme?

Esther –  Alors, j’ai deux anecdotes, qui, je pense, prouvent à quel point les dérives  du mouvement “trans”, disons, sont omniprésentes, touchent  toutes les femmes et sont vraiment dangereuses et déterminantes dans la vie des individus. Au-delà du fait qu’elles nous empêchent de régler des problèmes sous-jacents dans la société dans son ensemble. C’est deux anecdotes qui sont arrivées à deux amies très proches, à moi. 

Donc la première, c’est femme hétéro d’une vingtaine d’années. Elle n’a aucun problème de dysphorie, mais elle est non conforme au genre, dans le sens où elle a  un style assez “masculin” : elle a les cheveux courts,  elle a joué au foot pendant toute son enfance etc. Et elle évolue dans le même milieu universitaire que moi, c’est-à-dire le milieu littéraire très très queer. Et notamment, elle avait des amis qui étaient persuadés (qui le sont toujours, je pense) persuadés pendant très très longtemps qu’il était, au choix : soit une lesbienne refoulée, soit un homme trans refoulé… Elle est critique du genre donc elle n’a personnellement jamais été influencée par ces discours, mais je me rappelle qu’on lui répétait tous les jours : “Mais si, questionne-toi sur ton genre! Déconstruis-toi! Tu ne vois pas que tu es un homme trans, etc. Et en fait ça m’avait déjà choquée, cette insistance à vouloir caser chaque personne qui ne rentre pas parfaitement dans les normes de la féminité, dans une autre case : celle d’homme trans ou de lesbienne, dyke, butch, ou je ne sais quelle étiquette ridicule! Elle m’a raconté qu’une fois elle a été en soirée, avec notamment ce groupe de personnes, et une fille qu’elle n’avait jamais vue, en discutant cinq minutes avec elle du fait qu’elle était sûrement un homme trans refoulé, a sorti de son sac une seringue et de la testostérone, en disant : “Tiens, si tu veux, je te fais une injection!” Les mots me manquent pour exprimer à quel point c’est dangereux de s’auto-médicamenter comme ça et de proposer ça en soirée, à des gens qui, potentiellement ont consommé des substances, donc ne sont peut-être pas dans un état pour prendre des décisions comme ça. Mais dans tous les cas, proposer un traitement à quelqu’un qui n’en voulait pas et qui en plus n’a pas vu de médecin pour ça, c’est vraiment… c’est vraiment penser que tout le monde est contre nous, et qu’on doit s’en sortir par nous-mêmes! C’est médicalement dangereux!

Et la deuxième anecdote, c’est une autre amie à moi, qui a parlé à un médecin qui la suivait pour un syndrome de stress post-traumatique à la suite d’un viol qu’elle avait subi et il – je crois vraiment que c’était son psychiatre – a suggéré le fait que ce mal-être et ce rejet de la féminité pouvait en partie découler de non-conformité avec le genre féminin, et lui a dit qu’elle devrait explorer la possibilité d’être trans, non-binaire, ou homme… Vraiment, cette omniprésence de la pensée trans nous empêche de trouver des solutions pour des choses qui sont, des mal-êtres qui sont dans le quotidien d’extrêmement beaucoup de personnes! 

Il y a 94000 femmes violées en France par an… Imaginez si chacune d’entre elles associait ce rejet de son sexe, ce rejet de son corps, et ce rejet la féminité, au fait d’être trans! En deux minutes, ce ne serait plus une minorité, en fait! Si toutes les femmes qui avaient un rapport bouleversé à leur corps, du fait d’avoir subi des violences, s’en remettaient au diagnostic des transactivistes… il n’y aurait plus aucune femme!

Je pense que je dis des évidences. Mais en fait ces deux anecdotes prouvent à quel point la médicalisation de la transidentité et l’omniprésence de la transidentité, ça peut toucher n’importe qui. Ça peut toucher des gens qui ne sont pas du tout dans ce mouvement? Ca peut toucher des femmes “cis-hétéro”qui sont seulement à non conformes au genre.  Ca peut même toucher des femmes comme moi, qui à la base, correspondaient parfaitement aux normes de genre. 

Ça peut toucher n’importe qui.

C’est un danger qui n’épargne personne et c’est pour ça qu’il faut, à mon sens, informer le plus possible les femmes.

RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Esther –  Oui. Enfin, j’aimerais appeler peut-être les personnes qui m’écoutent à se fédérer un peu plus.

Le propre du transactivisme et de la transidentité c’est que ça nous coupe de toute vision globale de la société, en nous obligeant à nous focaliser sur nos propres sentiments, nos propres ressentis, notre propre individualité… tout en nous détachant, en fait, de notre être, puisque ça nous détache de notre corps.

Et pour citer Bell Hooks, une autrice féministe incroyable, dont je conseille la lecture à tout le monde : “The challenge to patriarchy is political, and not lifestyle or identity.” Donc je pense que je pourrais traduire comme : “Le défi, et la réponse au patriarcat, est politique et ne se situe pas dans le mode de vie individuel ou l’identité.” 

En fait oui : je pense que c’est le groupe qui va nous sauver, et le fait que pour se libérer, on doit toutes se battre ensemble et cumuler nos identités individuelles pour former le peuple, la peuplesse des femmes.  Voilà! 

Malou, Rebelle du genre

Malou, rebelle du genre

Malou – Je m’appelle Malou, l’accroqueuse de mots. J’ai 41 ans, je suis divorcée, sans enfant. J’habite en Suisse, à Genève. Je suis hétérosexuelle, antispéciste, affective. Je suis une militante indépendante anarcho-communo-marxiste. 

Malou, Rebelle du genre

On va dire que je suis éducatrice de première formation. Je me suis spécialisée au départ dans le handicap mental, spécifiquement dans les troubles du comportement et l’autisme, et puis après la vague de découragement institutionnel je me suis dit “je vais fuir ce milieu institutionnel”, et je suis devenue kinésiologue. 

Et je dirais que je suis militante depuis que je suis ado, sur différentes causes. Pour moi, tout est politique en fait. Enfin, chaque fois qu’on a un engagement en termes de valeurs au sein d’un système, c’est un engagement politique en fait.

Malou, Rebelle du genre

Et donc je suis une militante politique dans mes études, je suis une militante politique dans les slams que je fais, puisque je suis slammeuse, une “spoken wordeuse”. Et je fais des performances de temps en temps : je suis invitée dans des  petites chroniques de radios locales. Et donc : par l’écriture et par la diction,  je m’approprie certaines thématiques, avec lesquelles je partage mon opinion personnelle. 

C’est ma forme à moi de militantisme. 

Du plus loin que moi je me souvienne, j’ai toujours opté pour l’acceptation des autres. 

D’une part, parce que moi j’ai énormément déménagé. Je suis de ces enfants, je crois qu’à 12 ans j’avais déjà déménagé 12 fois environ. Donc je suis quelqu’un de très ouverte à toutes les différences et les particularités des uns et des autres. 

Quand j’ai des affinités avec les gens que je rencontre, c’est génial. 

Si j’ai pas d’affinité, tant pis. 

Je ne vais pas faire un blocage sur les particularités des uns et des autres : j’aime l’individu ou je n’aime pas l’individu, tout simplement. 

Je dirais qu’une des premières expériences qui m’a un peu questionnée, depuis petite, je me suis toujours questionnée  sur : “Tiens c’est marrant elle ressemble à un garçon ou il ressemble à une fille”… 

J’ai toujours été très observatrice donc tout ce qui était, les stéréotypes “non conformes” par rapport au comportement des uns et des autres, je le voyais assez vite. 

Moi-même, quand j’étais petite, je me considérais un peu comme un garçon : je n’aimais pas trop les robes, j’avais pas envie d’être très jolie… 

J’étais en mode “Laissez-moi me bagarrer, déchirer mes jeans, et c’est très bien comme ça… Moi je suis un pirate, un ninja, laissez-moi vivre ma vie de pirate ou de ninja”…

Et ça n’a jamais perturbé mes parents. Mes parents n’ont jamais dit “Ah mais toi en fait, tu es un  garçon!” 

Donc  j’ai toujours pu jouer dans tous les genres. 

Quand tout à coup j’avais envie d’être féminine, je mettais une robe, et j’étais contente de  mettre ma petite jupe ou ma petite robe… ce qui était assez rare d’ailleurs, enfant, mais bon!

Et en fait, quand j’ai été adolescente, j’ai eu quelques amis, dont une amie en particulier, voilà, qui n’avait pas spécialement de stéréotypes dans ses comportements ou dans ses vêtements, ni spécialement féminins ni spécialement masculins, c’était assez androgyne.

J’avais d’autres copines qui étaient filles, mais qui en fait avaient l’air de garçons, clairement, et s’impliquaient dans des stéréotypes de garçons en termes de vêtements, de comportements, et même dans les mots, dans la façon de parler. 

J’avais des amis hétérosexuels, homosexuels, et c’est quelque chose dont on parlait assez facilement, en tout cas il me semble, moi, de ma posture, et qui générait peu de conflits… Ou alors peut-être que  je n’étais pas très au courant des conflits que ça générait, parce que ce que ça ne m’intéressait pas, en fait! 

Mais j’ai l’impression que dans les groupes dans lesquels j’étais, ado, on a toujours été très ouvert à ce que, eh bien, chacun fait sa vie, chacun a ses particularités et on se rejoint, on se regroupe sur des choses qui nous lient, voilà!

Quand j’ai eu, 19/20 ans, j’avais des longs cheveux roses : pendant 10 ans, je me suis promenée avec des cheveux roses. 

Et il y avait un homme que je croisais tout le temps, en ville, un immense gaillard. 

Je vais l’appeler Pascal, ce qui n’est  pas du tout son vrai nom, mais on va l’appeler Pascal. 

Un immense gaillard vraiment, le mec!  Je pense qu’il doit faire 2 m au moins, un bon 120 kg de muscles. Donc une vraiment une armoire à glace, un géant avec une tête très très carrée, assez dégarnie, Avec des mains, de bonnes pognes de fermier… 

Et puis en fait, les premières fois que je l’ai croisé, je l’ai croisé grimé en femme, avec une petite perruque blonde au carré, un petit tailleur… Et puis à chaque fois qu’il me croisait : “Ah Mademoiselle Rose, vous êtes tellement chou avec vos cheveux roses!” Il parlait avec une voix un peu féminine… 

Moi je m’arrêtais, je trouvais qu’il était hyper sympa, je lui disais : “Vous êtes marrant, pourquoi vous portez une perruque?” Et il me disait : “ parce que moi je me sens vraiment femme, je considère que je suis une femme, et que je ne suis pas dans mon bon corps.” 

J’étais là : “Ah bon, OK.” Et puis en fait, on a discuté, comme ça, quelquefois, et moi je lui ai posé des questions, lui me posait d’autres questions sur ma couleur de cheveux, notamment.

Et un jour, je vais à la piscine vers chez moi, et je le vois sortir de l’eau, avec un maillot de bain une pièce pour femme, rose bonbon. Et donc lui, tout content, il me salue, il me voit de loin, et me dit : “ Est-ce que je peux m’installer à côté de toi ?” Mois je dis : “Viens,  assieds-toi ».  

Et du coup on a passé tout un été, même sur plusieurs étés parce qu’on s’est retrouvés pendant, je dirais, 3-4 ans, l’été là-bas et donc on a passé comme ça plusieurs étés à se côtoyer à la piscine le matin, et à discuter. Un mec super ouvert, ce Pascal.  C’est ce que j’ai adoré chez ce gars : c’est qu’il était vraiment très très à l’aise par rapport aux questions et même la curiosité que je pouvais avoir. Et du coup, on a pas mal discuté de ça.  Je lui disais : “Toi, tu mets un maillot rose fluo comme ça, tu assumes grave à la piscine, toi tu es courageux !”  Et il me dit : “ ah oui, mais c’est parce que je me suis toujours sentie femme.” Je lui dis : “Ah, OK. Mais c’est marrant, parce que tu m’as dit ça plusieurs fois, est-ce que je peux te poser des questions ?”

Et  lui, il était ouvert, il me dit : “Oui,  oui, mais tu sais…” 

Il m’expliquait qu’il faisait partie de la première association à Genève qui luttait pour les droits des personnes trans identifiées.  Et, justement, qui luttait pour que ces personnes puissent avoir un accès facilité  à des transitions médicales. Et je lui dis : “OK,  mais alors c’est quoi, (parce que je ne connaissais pas grand-chose), c’est quoi ? Parce que transition, ça veut dire que vraiment, on peut changer de sexe et tout ? “ Et il me dit : “ Oui oui, alors c’est un peu compliqué, mais ça se fait de plus en plus, il y a des pays effectivement, comme en Thaïlande où ça se fait depuis des années, ils sont super techniques là-bas…”  et il m’expliquait un peu tout ça… Les difficultés de ce parcours… 

Puis je lui ai demandé : “Mais  quand même, toi tu as un physique de mec, je veux dire que tu as un physique, tu pourrais jouer un troll dans le Seigneur des Anneaux, tu es un géant quoi, tu as une carrure … Pour moi qui suis une femme biologique, quand tu me dis que tu te sens femme, pour moi c’est un peu compliqué à recevoir, parce que je me dis, mais comment est-ce que tu peux te sentir femme dans un corps hyper masculin comme ça ? Et c’est quoi, du coup, pour toi, de te sentir femme ?”  

Et il me disait : “ Tu sais, moi j’ai toujours senti que j’avais une grande sensibilité, et effectivement, moi je sens dans mon corps que je ne suis pas dans le bon corps…” 

Et je lui dis : “Oui, Mais peut-être, tu n’es pas dans le bon corps parce que tu te trouves trop grand, ou trop carré, ou j’en sais  rien… Mais ça ne veut pas  forcément dire que tu n’es pas dans le bon corps sexuel, en fait ! Parce que tu vois, moi, en tant que femme, j’ai des règles, j’ai des hormones, enfin il y a tout un bordel biologique sur lequel, finalement, je n’ai pas prise, et qui fait que j’ai des comportements ou des réactions ou des choses qui, biologiquement font référence à un sexe féminin avec des gonades féminines, des hormones féminines, en fait!” Et du coup, il me dit : “Ah  oui c’est vrai. Mais tu sais, moi j’ai des fois la sensation que j’ai mes règles, comme une vraie femme.” 

J’ai été très surprise, je lui ai dit : “Mais  ok, mais les règles, on a quand même un orifice pour ça. Quand tu me dis je me sens comme si j’avais mes règles, est-ce que vraiment, tu as cette sensation d’avoir une montée d’hormones, de sentir que tu as une poitrine un peu douloureuse, que tu es un peu ronchon? Et puis, est-ce que tu sais ce que ça fait que d’avoir des saignements, par exemple des saignements dans sa culotte, concrètement ? C’est-à-dire la vision de ça, la sensation d’écoulement, c’est quand même un vrai truc féminin, en fait!  Alors certes, il y a des femmes qui, malheureusement, ont des troubles avec leurs règles, et il y en a qui n’en n’ont pas. Cependant, malgré cette particularité mineure de gens qui n’en n’ont pas, un des trucs biologique qui dit qu’on est une femme, c’est aussi parce qu’on a un appareil reproducteur féminin, et que du coup on a des règles, et tout le bordel qui va avec, quoi !” 

Et du coup il me dit : “ Ah oui oui, mais moi, tu sais ben, quand j’ai mes règles, je me mets un tampon.” Moi, j’écarquille les yeux… “Mais je ne comprends pas, mais tu le mets où ? Enfin, je ne comprends pas.”

 Tout d’un coup, je suis sidérée, je me dis : “Mais c’est un gars, il se fout de ma gueule, il se moque de moi”. Et donc, lui, très sérieux, me dit : “Non non non, je mets un tampon, bah tu sais où… Derrière… »

Moi je lui dis : “ écoute, moi je ne veux pas te vexer mais quand même, ça n’a rien à voir! Tu parles à une femme qui se met un tampon dans le vagin une fois par mois, et tu me dis que le mettre dans l’anus, c’est pareil! Ce n’est pas pareil, ça n’a rien à voir. Là, je suis choquée en tant que femme que tu me dises ça.” Et lui me dit : “ Je peux tout à fait comprendre que ça puisse un peu te choquer, mais c’est mon ressenti!”

J’étais là : “Mais alors, du coup, qu’est-ce qu’on fait entre les ressentis…  parce que moi, quand je te vois, je ressens très bien que tu es un homme, que tu as une énergie masculine, et que tu as un corps masculin!” 

Et de là, on en vient à discuter. Ce que j’aime, chez ce monsieur, c’est que justement, même dans les moments où je pouvais être un peu choquée par ce qu’il me disait, il a toujours été ouvert au dialogue. Pascal, c’est un homme que j’aime beaucoup pour ça. Je ne suis pas d’accord avec lui sur plein de choses. Moi je pense que c’est une personne qui a des troubles psychiques et qui, par ailleurs, est un mec adorable et génial.  

Et du coup, on en vient à un autre sujet, où il me dit : “ Pour moi, par exemple ici, je demande à pouvoir me changer dans les vestiaires des femmes, ça fait des années, et ils refusent!” “Et pourquoi tu continues à demander?” Et il me dit : “Je continue à demander parce que j’estime que c’est mon droit, comme je me sens femme.” Je lui dis : “OK,  mais admettons. On est tous les deux dans le même vestiaire, OK? Donc moi je fais 1 mètre 68 environ, septante kg… 70 kg pardon il faut que je parle en Français! Et du coup je dis : “Donc imagine : moi je me change, je sors de ma douche et hop, j’enlève ma serviette, je veux mettre ma culotte… et puis à côté de moi, j’ai ton gabarit qui fait pareil et puis qui a sa bite… hop!  Tu as la grosse bibitte qui est là, qui se promène… Moi je fais quoi? J’ai pas envie de me changer dans un vestiaire féminin avec un mec qui a toutes les apparences de l’homme, les critères masculins dans le terme biologique, où moi en tant qu’animale, mammifère primitive, je vois bien qu’à côté de moi, j’ai un mâle avec des hormones mâles et que, j’ai envie dire… son phallus est prêt à se dresser à n’importe quel moment! En tout cas moi, dans mon monde imaginaire de femme, avec toutes les représentations de violences possibles et d’agressivité possible, desquelles on nous signifie bien d’être attentives, par défense, depuis qu’on est petites… Et donc, moi, en fait, je refuserais de me changer dans un vestiaire avec toi. Même si tu te sens femme.” 

Et donc on a eu un long sujet là-dessus. Il me disait : “Oui, mais moi si je me sens femme,  je ne vais pas t’agresser!” Et moi je dis : “Oui mais le violeur qui veut te violer ne va pas dire je vais te violer, et donc c’est pareil, c’est-à-dire que moi j’entends bien que toi tu souffres de ça et que tu aimerais qu’on te considère comme une femme. Mais entends bien que moi, je souffre aussi d’un homme qui veut que je le considère comme femme, alors que tous les aspects réels, métaphysiques, concrets, font que c’est un homme ! Et en fait c’est une violence que tu m’imposes, à mon intimité !” Et au final après plusieurs discussions qui se sont faites sur plusieurs rencontres, au bord de cette piscine… Et un jour il m’a dit : “ J’entends ce que tu me dis par rapport aux vestiaires. C’est vrai que je ne peux pas imposer aux gens de me considérer comme je me sens.” Et je lui dit “Oui, pour moi ça me paraît logique.” Mais en tout cas, voilà. Je l’ai toujours remercié d’avoir pu discuter avec moi ouvertement de tout ça. 

Bref, ce monsieur, je ne l’ai plus vu depuis quelques années, alors je ne sais pas s’il est toujours vivant ou s’il est décédé, ce Monsieur…  Mais voilà : un monsieur qui était en très grande souffrance, et à qui j’avais dit : “Voilà. Pour moi ce que tu vis… je lui ai parlé de la dysphorie de genre. Est-ce que tu as été diagnostiqué, peut-être dysphorique de genre, ou quelque chose?” Et il me disait : “Oui, oui. Les psys disent que j’ai une dysphorie de genre. Mais ça, c’est ce qu’on dit pour toutes les personnes trans identifiées en général (à part certaines particularités : hermaphrodisme, etc.)”

Je lui disais : “Mais comment, du coup, tu peux m’imposer ta vision, si au fond tu sais que c’est aussi né d’une distorsion mentale en fait? Ça veut dire que tu veux m’imposer ta distorsion mentale, ce qui n’est pas très sympathique en fait… c’est très généreux mais au fond, j’ai pas envie!”

Et donc il me disait : “Oui, c’est pas complètement faux parce que moi je sais pourquoi je me sens femme. Voilà, ma mère a toujours voulu une fille, elle m’a toujours habillé en fille et elle m’a toujours traité comme une fille, en fait! Elle me disait toujours “elle”!”…  Et donc, ce Pascal finalement à 50 et quelques années, il assumait que lui avait finalement une déformation psychique de sa vision de lui-même, et que cela l’a amené à se sentir femme et à désirer vouloir être une femme. Lui il le dit comme “se sentir transidentifié”. OK. Mais pour moi, c’était intéressant d’avoir tout ce processus de pensée de comment il y est arrivé.

Et quelques années plus tard, je rencontre une super nana avec qui je suis super copine on se rencontre  par la poésie slam, et on se voit à plusieurs soirées, une fille  que je croise régulièrement que vraiment j’apprécie énormément, que je trouve très intelligente et avec qui on a des débats assez conséquents.  

Elle fait des études en droit c’est quelqu’un de très calé, qui a un énorme vocabulaire qui a vraiment une une maîtrise de l’observation de bonne qualité et en parlant avec cette fille, voilà on devient super copine et puis au bout de 4, 5 années qu’on est copines, un jour elle m’appelle:  “tu sais malou en fait il faudrait que je te parle j’ai besoin d’un conseil”  et puis elle m’explique que voilà elle a rencontré quelqu’un, une personne trans identifiée et qu’elle a enfin compris que elle-même était trans en fait.  Et elle me dit “donc en fait, moi je pense que c’est une personne trans-identifiée.  

Et donc je vais changer de sexe donc je veux plus tu m’appelles comme ça, faudra m’appeler comme çi, voilà.  Cette personne que t’as connue est morte, voilà.” Moi je tombe des nues, je ne comprend pas…

  » Je comprends pas comment t’es passé de ton truc de femme assumée magnifique rayonnante et tout, à tout d’un coup, paf non en fait! je suis un mec…

Je ne comprends pas ton raisonnement est ce qu’on peut en discuter ?” 

Elle me dit “mais justement je voulais ton conseil parce que j’aimerais faire une transition physique mais je suis un peu en panique et tout”

Puis j’ai beaucoup réfléchi, je me suis énormément documentée… je l’avais déjà fait suite à ma rencontre avec Pascal parce que je trouvais ça très curieux et je suis un peu monomaniaque comme personne. Quand un sujet me plaît ou m’intrigue tout d’un coup pendant des mois je vais lire des trucs, regarder des conférences, être complètement obsédée par ce sujet;  et après hop! monomaniaque: je passe à un autre sujet… Et donc là je reviens sur ce sujet, je vais relire des trucs, et vérifier parce qu’il faut que j’ai une discussion cohérente avec elle et je peux pas y aller que sur mes à prioris.

Donc, je me linke à plein de pages sur des personnes trans-identifiées, je lis plein  d’articles, je lis plein de trucs médicaux… bref. En fait, je reviens vers elle et je dis “Bah écoute concrètement moi je t’aime donc qu’importe qui tu seras, en fait j’aime l’individu que tu es, donc ce qu’il y a entre tes jambes ben quelque part je m’en fous un peu, entre nous. C’est pas ça qui fait qui tu es au fond, voilà.  Donc si ça fait du bien de changer ce que t’as entre les jambes, ma foi, fais-le. Maintenant, de mon point de vue d’amie, j’ai envie de dire: qu’est-ce qui te pousse à ça? 

Est-ce qu’on peut en parler profondément? Et j’ai envie de dire prends le temps de ça, parce que j’aimerais pas dans 10 ou 15 ans que tu regrettes et tu fasses partie des détransitionneurs qui sont à la mode depuis 10 ans maintenant, en Angleterre, aux États-Unis, qui sont complètement tabous dans le monde du transactivisme. 

Parce qu’attention! Quand on détransitionne on est exclu, on est la bête noire, on est la peste du transactivisme.” 

 Et donc je lui explique ça et quelques semaines après elle m’ invite chez elle, enfin « il », du coup j’ai dû dire “il” et donc il m’invite chez lui avec ses deux meilleurs copains. Je vais à l’invitation, effectivement elle s’était coupée les cheveux, elle s’était mis un binder, un truc pour presser la poitrine. Et puis voilà, elle avait changé de prénom… “Je suis en train de voir un psy, j’ai commencé les hormones etc”. 

Mais ça s’est fait en trois mois! En trois mois c’était bon! 

Et  j’étais choquée. J’étais là mais c’est quoi ce délire… et du coup j’ai essayé de parler un peu profondément avec elle et pendant ce repas elle rigole… en gros elle me dit : “Le jour où je vais commencer les hormones, je vais m’amuser,  je vais me promener avec un sac rempli de godes, et du coup dès que les gens vont parler je vais sortir des godes et je vais leur dire “quoi quoi tu veux que je te gode?” Et puis j’étais là :  “Mais je ne comprends pas pourquoi tu dis ça? En fait, c’est quoi ton souci?”. Et puis on parle, et je lui dis : “Mais si c’est lié à ta sexualité?” Et là, elle me dit que ce qu’elle aime, c’est pénétrer son copain.  et je lui dis : “Mais alors, changer de sexe pour te rendre plus appropriée à ta sexualité, ça n’a rien à voir avec le fait d’être trans identifiée!  Soit tu as des pratiques sexuelles que tu assumes, en tant que pratiques sexuelles. Ce n’est pas parce que ton kif, c’est d’avoir des pratiques un peu perturbantes pour d’autres, je ne sais pas, moi, du fisting ou des trucs comme ça…  peut-être que pour toi, c’est inconcevable en tant que femme. Mais alors c’est sur ça que tu dois travailler, finalement, au fond. Parce que ta sexualité t’appartient, tu en fais ce que tu veux. Tu n’es pas obligée de la justifier auprès des gens qui ne sont pas dans ton lit, en fait ! Tant qu’elle ne fait du mal à personne, évidemment.” Et du coup, elle continue avec son histoire de godes, d’avoir une valise plein de godes, et je regarde ses deux amies et je leur fait un peu des gros yeux : “Mais vous, en fait, ça ne vous choque pas ? Ça ne vous dérange pas que notre amie nous dise moi je suis morte, maintenant vous devez faire avec LUI et que ce LUI soit aussi provoquant, et qu’il soit complètement à l’opposé de l’amie qu’on a connue?” Et ils me disent : “ Tu sais, on n’a pas trop envie de la perdre.” J’étais là : “ok. Donc c’est une histoire de peur. Vous avez peur de vous confronter à elle?” Et et du coup, je lui dis :

“Moi je suis désolée, mais en trois semaines, un mois, tu me dis : que je n’ai plus le droit de t’appeler comme ça, qu’il faut que je t’accepte comme tu es, donc tu m’imposes une mort de ton identité, et moi je dois être OK avec ça, sans rien dire. Et donc moi, ma blessure, de me dire cette amie-là, que j’ai connue, elle est morte (parce que tu es d’accord de l’avoir tué pour faire naître quelqu’un d’autre, quelque part c’est ce que tu me dis). Et moi, je n’ai pas le droit de m’en plaindre, et en fait tant pis, il faut que je me démerde avec ça ! Je trouve que c’est un peu égoïste, déjà, et puis c’est un peu violent aussi pour les gens autour ! « 

Bref, la soirée continue, moi je suis un peu tendue, et un moment donné elle me dit : “d’ailleurs, quand je serai un homme, j’irai me changer dans les vestiaires de femmes parce que je serai une féministe active!” Et là je dis : “Je ne comprends rien : tu veux être un homme pour être une féministe active ? Je ne comprends rien.” et elle me dit : “ Oui mais parce que je pourrais très bien aller me changer dans les vestiaires pour femme, vu qu’au fond je suis une femme. Peut-être que je vais garder les deux. Moi, je crois que j’ai envie de garder les deux sexes. En fait, je veux garder mon vagin, je ne suis pas prête à lui dire non, mais je veux aussi un pénis.”  

Et je ne comprenais rien. je lui dis : “Je pense que là, il y a un souci plus profond, Parce qu’en 3 mois tu es passée de “ je suis une femme” à “ je veux devenir un homme” à “ non finalement je veux devenir hermaphrodite”… Donc je suis désolée, il y a un souci, et comment ça se fait que le suivi psy que tu as pu avoir te permette d’être dans ces dissonances cognitives-là ? c’est quand même incroyable!”

Et du coup, sur ce, elle me fait : “ben quoi, ça te pose un problème, l’histoire des vestiaires ?” Et je dis : “tu sais quoi ? J’en ai parlé avec un homme il y a pas mal d’années, justement un homme trans identifié, et je vais te dire ce que je lui ai répondu. Moi personnellement, je n’ai pas envie de me changer dans un vestiaire dit “pour femmes” alors qu’il va y avoir des gens qui vont avoir leur pénis à côté de moi. Ce n’est pas possible pour moi.” 

Et là,  elle me dit que je suis transphobe. 

Clairement, elle me dit : “ah ouais, et bien tu es une transphobe, quoi. C’est tout!” C’est un raccourci tellement incroyable. 

Je lui ai dit : “Donc toi-même, tu fais des raccourcis, tu dis que être un homme, c’est forcément pénétrer l’autre pendant l’acte sexuel, c’est un peu ça ton raccourci, mais par contre, que moi j’ai un raccourci lié au sexe, ça te dérange et ça fait de moi une transphobe. Mais c’est complètement dingue ton histoire!”. Et je suis partie. Je lui ai dit : “Tu sais quoi? Moi, je vais y aller, parce qu’en fait, moi, ça ne m’intéresse pas de rentrer dans ton délire, en fait!” Et donc, je suis partie, et cette personne a essayé de me parler une ou deux fois, comme ça, dans la rue. Et moi j’ai complètement été dans le déni total. Je pars du principe que je la connaissais elle, mais que je ne le connais plus, lui. Donc je n’ai pas de relation avec lui puisque je ne le connais pas. C’est vrai que ça m’a énormément questionnée, surtout qu’après cette personne a fait énormément d’implication, notamment à travers le slam dans des trucs féministes. Et donc moi j’étais là : “mais alors c’est une femme qui fuit la féminité qui se réassigne en masculin, donc qui s’approprie les codes sociaux masculins pour en bénéficier des avantages et qui, quelque part, ne veut pas perdre les avantages de la féminité non plus, et ose se dire féministe. Donc on se dit féministe en détestant tellement la femme en soi qu’on veut l’annihiler. Et là, pour moi c’est la dissonance cognitive pure et dure du transactivisme. Donc ça m’a vraiment blessée… pour moi cette rupture avec cette amie c’était comme… presque comme une rupture de couple. Quelqu’un pour qui j’avais une forme de connivence et aussi un peu d’admiration, parce que c’est quelqu’un qui réussit tout! Vraiment quelqu’un qui a une intelligence remarquable. Et là je me disais mais comment avec cette intelligence remarquable elle ne se rend pas compte de cette ambivalence schizophrène, vraiment? Donc voilà. Ca c’est vraiment ce qui m’a confirmé la dissonance cognitive du transactivisme. 

Et donc du coup, là,  j’ai commencé vraiment à m’affirmer en tout cas comme anti- transactivisme.

– Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie?

Malou :  En fait, je pense que l’idéologie transactiviste promeut finalement une forme de pansement social. Et je pense que le fait d’encourager, par exemple, la transition médicale, c’est-à-dire d’amener encore à devenir d’un sexe opposé à ce qu’il est, je pense que c’est un pansement parce qu’on continue, finalement, à répandre les stéréotypes.

C’est-à-dire que si un homme dit “se sentir femme” parce qu’il a envie, finalement, d’avoir une poitrine, de porter des robes, de se maquiller et de mettre du vernis, de se faire des belles coiffures et de marcher en talons, alors cet homme n’a pas envie d’être femme. Cet homme a envie de s’approprier des stéréotypes féminins.

Et pour moi, c’est là où il y a une confusion terrible dans le transactivisme.

Et donc au lieu de “devenir femme” par une transition médicale, pourquoi est-ce qu’on n’apprend pas, dans la société, à casser les stéréotypes de genre, et à dire à cet homme : “Mais en tant qu’homme, si tu as envie de porter une jupe, de mettre des talons et de mettre du vernis à ongles et de te faire des belles coiffures, tu as le droit! Mais assume-le en tant qu’homme, de préférer des stéréotypes féminins. Et c’est OK en fait!” Et grâce à ça on va déconstruire les stéréotypes de genre. Et grâce à ça peut-être que les personnes transidentifiés ne se sentiront plus transidentifiées parce qu’en fait elles seront bien dans leur corps, en s’appropriant les stéréotypes de leur choix pour leurs comportements et leurs représentations sociales! 

Mais pour moi faire cette confusion je trouve que c’est une violation totale du corps et de la réalité biologique féminine. 

Et donc moi je refuse que (en tout cas je parle plus des hommes parce que comme vous vu j’ai connu une femme qui a voulu transitionner dans l’autre côté) ce qui moi me perturbe le plus, c’est les hommes qui s’instrusent dans dans mes milieux féminins en fait! 

Donc c’est vrai que moi ce qui m’embête, c’est ce côté-là : c’est ce côté où, à un moment donné, à force de cautionner le transactivisme, et bien on rend complètement invisibles toutes les luttes, des décennies et des décennies, pour se faire reconnaître en tant que femmes biologiques, puisque quand on a une définition biologique du terme femme, c’est-à-dire que quand on va à la maternité pour accoucher, c’est bien parce qu’on a un sexe de femme. Quand on va chez le gynécologue pour faire un contrôle, c’est parce qu’on a un vagin, un utérus et des hormones féminines. Ça ne me gêne pas si un homme a envie d’aller chez un gynécologue mais qu’est-ce que va faire le gynécologue avec un homme, concrètement? Une sonde anale, éventuellement! Mais alors du coup c’est plus de la  gynécologie, vous voyez? Donc c’est là où pour moi il y a une intrusion, je pense, masculiniste, du coup, dans le féminin.  Et ça, ça me dérange énormément.

Voilà. Je dirais que c’est la première chose.

L’autre sur le chose, c’est aussi que on parle d’appropriation culturelle, par exemple, en ce moment, c’est un grand thème à la mode, l’appropriation culturelle. Par contre on ne parle pas d’appropriation sexuelle. Ça ne dérange personne. Moi, ça me dérange beaucoup.

Et puis un autre truc qui était quand même intéressant à savoir, c’est qu’en fait quand on prend tout le mouvement transactiviste, il est basé notamment sur des études de Magnus Hirschfeld. Il est basé notamment sur des études de Havelock Ellis, et il est basé notamment sur la fameuse étude de la sexualité humaine d’Alfred Kinsey qui est tout à fait connue. Et donc ce qui est étonnant, c’est que, quand il y a eu ces études d’Alfred Kinsey, qui ont du coup mis à jour les différents potentiels sexuels et qui ont essayé un petit peu de normaliser différentes formes de sexualité, eh bien, on se rappellera notamment dans les années 80 le groupe des Verts allemands le SCHWUP qui est un groupe de travail favorables à des notions sur une sexualité non-violente entre enfants et adultes… et puis en 82 on a Gary Dawsette, pareil, qui prône donc un débat et une volonté de régler l’autorité parentale pour les hommes, le droit à légaliser les rapports pédophiles entre hommes et jeunes amants, le droit de “libérer” les droits sexuels de l’enfant… et ce mec là (donc c’est un militant gay LGBT) et là il a reçu, je crois que c’était en 85, je voudrais pas dire de bêtises pour la date, je ne me rappelle plus, à la fête du “Sydney Mardi Gras” il a été élu, donc organisateur de la gay pride, il est devenu membre d’honneur du “Sidney Mardi Gras”… et donc il y a une confusion aussi de certains mouvements transactivistes à dire : “Non non non non non, on n’est pas du tout en lien avec les pédophiles!” Alors qu’au fond, si! Puisque on voit bien que ce Gary Dawsett qui prône clairement la pédophilie, finalement voilà : il est membre d’honneur d’une de ces assos trans. 

Et donc pour moi il y a un vrai problème avec ça, surtout quand on voit que c’est l’institut Kinsey qui obtient en 2014 le statut de “consultative special” n’est-ce pas… Et donc c’est lui qui va aller travailler avec l’ONU. Et c’est lui qui va rédiger la déclaration des droits sexuels de l’IPPF (International Planned Parenthood Federation), avec mon merveilleux accent! Et donc ce texte il affirme le droit pour toutes et tous de choisir librement ses partenaires sexuels, adultes ET ENFANTS.

Et donc c’est quand même intéressant que depuis qu’il y a ce IPPF, eh bien il y a depuis 2017 environ des changements standards à l’ONU et notamment des discussions pour rabaisser le droit sexuel de l’enfant à 12 ou 14 ans.

Et donc voilà! Moi je fais toute cette corrélation et je trouve ça dramatique qu’à l’heure actuelle du féminisme on mette aussi dans la tête des ados que non, non, il n’y a pas de genre, qu’ils peuvent être ce qu’ils veulent! 

Eh bien non. Il y a une réalité pour moi biologique. Et à nous, adultes, d’aider les enfants à se défaire des stéréotypes de genre, mais en assumant, et en gardant, et en aimant leur propre genre!

RDG – Aujourd’hui tu témoignes sous ta réelle identité. Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu perçois un danger lié à cette montée du transactivisme?

Malou –  Alors moi j’ai l’habitude depuis 10 ans de me faire insulter de terf donc j’assume! Des fois, je poste carrément des trucs en mode “Malou la méchante terf” parce que maintenant ça me fait un peut rigoler par ce que je me suis détachée de ça. Et donc quand je me fais insulter, je donne des devoirs aux gens. Je leur dis : « Écoute, regarde tel et tel livre, telle et telle personne, puis tu me rappelles et on en rediscute!” Comme ça, j’essaie de le prendre un peu à la rigolade. Et puis surtout j’essaye toujours dans les discussions, quand ça s’enflamme et que “Ouais mais t’es une sale terf, t’es une sale transphobe!”, j’essaie toujours de dire : “Attendez attendez!” En fait, j’approfondis une discussion, je sépare l’émotionnel du factuel.

Et à un moment donné, je pense que pour être dans des vrais débats c’est nécessaire de mettre l’émotionnel de côté, et d’être dans du factuel. Et que souvent, ça permet de faire un peu retomber la pression.

Souvent on me dit aussi que mon discours est très violent, voilà. 

Heureusement, à ce jour, je n’ai pas subi de menace réelle, donc heureusement pour moi. Je subis des insultes ou alors souvent quand en discussion sur Internet, tout d’un coup il y en a qui s’emballent, qui commencent à me traiter transphobe et je reviens en leur donnant des critères biologiques, en leur rappelant certaines bases, et j’essaye moi-même de pas être insultante.

Mais voilà en fait : soit on discute, soit on est juste dans un truc où tu m’insultes et dans ce cas-là, j’arrête de te répondre, tout simplement! 

Et après, physiquement, auprès de moi, j’ai eu une ou deux fois dans des spectacles ou des performances, tout d’un coup un groupe qui vient et puis qui fait exprès de  s’asseoir au premier rang à cinq ou six… et puis ils me fixent des yeux sans aucune réaction… Et je sais que ce mouvement vient de cette ancienne copine transactiviste. Et donc elle, une ou deux fois, elle est venue avec des copines à elle, ou elle a fait venir des copines à elle, un peu pour me mettre la pression sur scène, et puis pour foutre un peu une ambiance de merde dans des performances!

Mais j’essaye de ne pas du tout réagir à ça. Je suis dans l’ignorance, dans des cas comme ça. Et puis physiquement, heureusement, je n’ai jamais pris une baffe ou un coup pour ce genre de choses.

Je ne me sens pas en danger face à ça. 

Je pense que plus on assume ses propos moins on est en danger en fait, parce que plus on est clair moins on crée de dissonances, et moins ceux qui sont dissonants eux-mêmes ont envie de se confronter à vous. 

Donc je pense que la clarté éloigne les dissonants en fait.

En sororité ou en adelphité avec Marguerite Stern, je me dois justement d’être identifiable. Parce qu’elle, elle s’identifie. Elle met son nom et donc je pense que pour être en adelphité ou en sororité avec elle et toutes celles qui luttent,  ça vaut le coup je pense d’assumer son identité, de dire : “Je suis Malou et voilà ce que je pense.” Je trouve que c’est important.

RDG – Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Malou – Alors oui il y avait un truc une fois.  C’était au Brésil.

Donc je suis au Brésil en hiver 2010, avec l’ex-mari, avec qui j’étais mariée, et à la télé il y a un reportage sur quelques villes qui ont mis des WC pour personne trans. Et là, moi je suis devant la télé, et je suis abasourdie, c’est incroyable! Et puis je regarde mon ami et je lui dis : “ Mais il y a des WC pour les personnes en chaise roulante au Brésil?” Et lui il éclate de rire et il me dit : “Ah non, pas du tout, les gens… tu es en chaise roulante, laisse tomber! Tu ne peux même pas rouler sur les trottoirs, ce n’est pas possible!” Et je me suis juste dit : “OK, donc ça veut dire que si tu es en chaise roulante tu ne sors quasiment pas de chez toi!” Et puis ça m’a fait bizarre je me suis dit : “ Ca veut dire que les droits liés à la sexualité intime, en fait, ça prime sur les droits de l’individu lambda, femme ou homme, à mobilité réduite!” Et je me suis dit que c’est intéressant de voir où est-ce qu’on met les priorités dans sa vie.

RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Malou – Allez je vous fais un petit slam!

Ah, féminisme. 

Alors même qu’en Égypte antique la femme avait nettement plus de droits, était bien mieux lotie que vous ou que moi en 2022, le féminisme moderne pourtant, parfois, rétrograde.

C’est sans compter, en omettant, les faussaires féministes, totalement absorbées par le patriarcat caché sous la libération sexuelle et la révolution industrielle du travail comme la Simone de Beauvoir, cette petite bourgeoise, 

Luxe du temps à se penser, qui signe, avec quelques pédophiles notoires pour le journal Le Monde le 23 mai 1977, l’appel pour la révision du code pénal à propos des relations mineures-adultes, demandant à rendre moins strictes les relations sexuelles entre lesdits mineurs et adultes.

Ou alors parlons aussi de notre fameuse Françoise Dolto, dont les théories sur l’enfance et l’adolescence ont bercé ma douce enfance en petite France. Et pas que la mienne.  Des milliers de parents et de professionnels ont acquiescé à ses écrits.

On sait tous comment son fiston Carlos a cassé sa pipe entre toxico-dépendance, alcoolisme de haut vol, sexe à outrance, bon.

Et bien voilà. Sa tendre maman expliquait très bien que les enfants ont des désirs pour les adultes. Ils piègent les adultes à cause de ça. Ils n’ont que ça à penser, de piéger l’adulte. La petite fille est toujours consentante.  il n’y a pas de viol, elle ne l’a pas ressenti comme un viol, elle a compris que son père l’aimait, et qu’il se consolait avec elle parce que sa femme ne voulait pas faire l’amour avec lui.

Mmm, mais qu’elle fleure bon, cette racine du féminisme, dis-donc!

Et il semblerait que la conscience des hommes sur la question du féminisme en Occident soit renaissante à la révolution sexuelle.

Environ deux décennies après l’étude d’Alfred Kinsey, “le comportement sexuel de l’homme”.  Alfred est donc un professeur de zoologie et il supervise des études sur la jouissance des orgasmes humains du bébé de cinq mois à l’adolescence. 

De fait, des agressions répétées au nom de la science.

Mais, comme dirait Françoise : “Si l’enfant sait la loi interdisant les privautés sensuelles et sexuelles entre adultes et enfants, eh bien, quand un adulte lui demande, s’il accepte : il est complice!” Bon, moi je trouve qu’à 5 mois, ça se discute.

Bref. alors nous… oui, oui, nous, femmes euf f… fa… ah merde parce que là aussi, ça ne va pas! En fait, “Femme” ça ne suffit pas. “Femme”, c’est transphobe.

Alors je vais essayer de vous faire un truc sur quiconque, pour essayer de ne dénigrer personne, vraiment.

Alors c’est parti. OK, je prends la respiration. 

Alors pour les filles, les femmes, les féminines, les masculines, les hyperplasiques des surrénales, les syndromées de Turner, Rokitansky,  les klinefelter, les déficitées en alpha 5, les ovo-testiculaires DSD,  les dysgénistes, les complètes gonadales,  

pour les blanches, les blanches ethnicisées, les blanches qui bronzent en été, les albinos, les noires, les métisses noires, les brunes, les beiges, les dorées, les asiatiques blanches, noires, brunes, beiges, dorées,  celle ayant le vitiligo, 

Les rousses, les blondes, les brunes, les chauves, 

Celles aux cheveux secs, aux cheveux gras, frisés, lisses 

Les grosses, les minces, les grasses, les petites grasses, les maigres, les “entre-deux”, les celluliteuses,

Celles ayant des seins, petits, gros, tombants, tenants, les mastectomiées, 

Les très grandes, les très petites, les tailles à tendances moyennes au vu d’une majorité globale en ce siècle,

Les culs-de-jatte, les mineures, les majeures, les âgées, 

Celles qui portent des lunettes, des lentilles, celles qui n’en portent pas

Les voilées, les chapeautées, les perruquées, les turbanisées, 

Les poilues, les épilées, les binaires, les non-binaires

Les végétariennes, ls omnivores, les vegan

Les SDF, les super-pauvres, les pauvres, les classes moyennes, les riches, les ultra-riches,

Les cancéreuses, les cancer-battantes, les malades, les survivantes,

Les mères, les orphelines

Les prostituées, les anti-prostitution

Les vierges, les soumises, les rebelles, les jouisseuses, 

Les névrosées, les psychotiques,

Celles en situation de handicap physique, celles en situation de handicap mental,

Les troublées psychiques,  les analphabètes, les illettrées,

Les droitières, les gauchères

Toutes celles qui se sentent oppressées

Toutes celles qui veulent soutenir et qui se sentent oppressées

Ah j’allais oublié encore les trans-raciales

Ah merde ça y est voilà. Avec toutes ces spécificités, tout mon temps est passé, je me suis perdue dans mon idée de départ.

Et en plus je me sens complètement morcelée.

Alors à vouloir parler d’unité pour gagner en respect et dignité vis-à-vis des femmes, je me suis perdue, comme dans ma propre garde à vue, à vouloir définir tout ce qui existe pour éviter d’exclure…

Et me voici volée par le vice de vouloir tout nommer.

On ne m’y prendra plus! 

A chacun de faire l’effort de penser ou de questionner.

Ou de s’exprimer soit avec aptitude à se distancer des propos, soit en explicitant chacun des mots et des concepts employés, merci!

Moi je sens qu’on va avoir de sacrées longues soirées de discussion en été mais pour l’heure j’ai besoin de marcher pour respirer en unité. 

Alors je crois qu’on va, comme ceci, s’arrêter.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à la partager le plus largement possible.

S’il vous plaît; signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe 

http://womensdeclaration.com

Rejoignez-nous, n’ayez plus peur, ensemble nous ferons changer les choses.

Si vous souhaitez témoigner contactez-nous par mail.

A bientôt pour un nouveau témoignage de Rebelles du Genre.

Léo, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Léo, j’ai 35 ans, je suis directrice de communication et je réside en Bretagne.

Critique du genre, je pense que je l’ai toujours été puisque je viens d’une famille qui n’est pas religieuse, qui est athée mais très traditionnelle dans laquelle la femme, son rôle, était de servir l’homme et de se taire. De rester vierge jusqu’au mariage.

Je viens d’un milieu où, pour moi, il était normal que la femme se taise. Tout simplement. 

Léo, rebelle du genre.

Petit à petit, en grandissant donc, j’ai développé des problèmes de santé dont une maladie orpheline neurologique et je me souviens qu‘à chaque fois que j’allais voir des médecins différents pour essayer d’en parler, en disant « J’ai mal à la tête », en résumé, les médecins me disaient toujours « Oh mais ce n’est rien ma petite dame, vous allez avoir vos règles, c’est tout, c’est hormonal ! ».

Dès là, quand je sortais des rendez-vous, je me disais au début « Bon OK, il a peut-être raison », et au bout d’un certain nombre de rendez-vous, d’un certain nombre de toubibs rencontrés, je me suis dit :

Si ça avait été un mec qui lui avait parlé de ça, le gars serait tout de suite envoyé aux urgences pour une IRM, un scanner, pour un électroencéphalogramme… pour ne serait-ce qu’une question de sécurité.

Léo, rebelle du genre.

Déjà, je commençais à me dire « Ouh, y’a un petit problème ». En tant que femme, je me dis « Bon, c’est un petit peu bizarre »

Par rapport à cette pathologie, il s’est avéré que c’était dans ma tête sans être dans ma tête, du fait que c’était une réelle pathologie neurologique, je ne l’inventais pas. C’est arrivé vraiment, VRAIMENT, par hasard. Je me suis fait une tendinite, je suis allée voir un médecin et j’ai commencé à avoir « une crise ».

En fait, c’était un jeune médecin qui venait tout juste de commencer, il suivait encore des cours en neurologie. Il m’a regardée, et m’a dit « Mais, ça va vous ? », je réponds « Non, j’ai mal à la tête, mais ne vous inquiétez pas, je vais rentrer  la maison, ça va aller, je vais gérer ». Il me regarde et me dit « Non mais vous avez « juste » mal à la tête ? Parce que vous avez quand même la paupière qui part un peu en cacahuète, là, quand même ». J’ai dit « Oui je sais, ça fait ça à chaque fois, mais on m’a dit que c’était hormonal etc., on me donnait du Doliprane et puis on me renvoyait chez moi ». Là il m’a demandé s’il pouvait rédiger un courrier à un neurologue pour en parler, parce que lui suspectait quelque chose.

Il m’a rassurée en me disant que ce n’était pas non plus quelque chose de mortel mais qu’il avait des petites suspicions et il me demande d’en toucher un mot à un neurologue pour éventuellement m’en reparler.

Je m’en souviendrai toute ma vie, cela faisait 7 ans que je courais après les médecins, en parlant de ça…

Léo, rebelle du genre.

Ma recherche a commencé en région parisienne.

À cette époque-là, je vivais dans les Pyrénées, dans une station de ski (donc c’était assez improbable de tomber sur ce médecin). Je me souviens qu’il a envoyé le courrier un vendredi et le mardi matin, je recevais un appel de la secrétaire du neurologue qui me proposait de venir le rencontrer le soir même. Il y avait une suspicion de ma maladie et il serait bien que je puisse voir le médecin tout de suite.

Je lui ai dit « Mais vous êtes sûre ? Là, ça va, je vais bien » , et elle me dit « Non, non, avec cette maladie on ne rigole pas, on ne laisse pas les gens souffrir comme ça en faisant perdurer ». Donc, j’ai eu de la chance. J’ai vraiment eu de la chance de ce côté-là, mais c’est vraiment par hasard en fait. Parce que si je suivais le parcours médical traditionnel, je tombais quand même sur un univers qui était vachement machiste, faut bien se l’avouer. 

Sachant qu’en plus, je souffre du syndrome des ovaires polykystiques. À chaque fois on me disait « C’est lié ma petite dame ».

Ensuite, ce qui m’a faite évoluer sur des questions autres que « Bon, la société envers les femmes ce n’est pas jojo », quand j’ai commencé à… pardon du terme, mais avoir un gros « What the fuck ?! », c’est quand la question du genre est arrivée sur le tapis.

Je précise que je suis bisexuelle, et que ma première question a été le jour où j’ai entendu parler du mot « pansexuel », où apparemment quand on est pansexuel on peut tomber amoureux d’hommes, de femmes et autres…

Je ne vais pas vous mentir, quand j’ai entendu le mot « autre », tout de suite, je me suis demandée « Quoi, mais d’une chaise en fait ? D’un arbre ? D’une PASTÈQUE ?! ».  Je n’ai pas compris. Et en fait on me disait « Bah non, non, on peut tomber amoureux de personnes non binaires ». Et là, j’ai demandé « Mais c’est quoi, des gens non binaires, en fait ? » et, je vous rassure, c’était il y a moins de cinq ans…

Alors, je ne sais pas si la question date d’il y a plus longtemps, mais en tout cas, il faut croire que je suis un ours parce que, dans ma vie, ça ne m’avait jamais vraiment percutée. 

Du coup, on m’a envoyé la fameuse vidéo du type qui… Enfin, non, puisqu’il n’est  pas un homme… Je ne me rappelle plus de son nom, mais de cette « personne » qui fait tout un flan sur un plateau télé parce que « Ah mais je ne suis pas un homme, et qu’est-ce qui vous fait dire que je suis blanc ? ».

Et on m’a dit « Voilà, c’est ça quelqu’un de non binaire, tu vois ? C’est simple. C’est quelqu’un qui ne se défini ni en tant qu’homme, ni en tant que femme ». Je me suis dit « Mais, ce n’est pas possible ». Biologiquement tu viens quand même au monde avec quelque chose. Tu peux éventuellement être transsexuel et faire tout un protocole médical, chirurgical et thérapeutique pour changer de sexe, ça ne regarde pas, je m’en fous. Mais je suis dit « Du coup, les femmes qui sont des femmes, c’est quoi ? », donc là on m’a dit « Ce sont des Cisgenre », déjà celui-là j’ai eu du mal à l’intégrer. 

Là où ça n’a plus été un blocage mais une fracture complète, c’est quand j’ai commencé à comprendre qu’il y avait, j’ai pas peur de dire le mot, de la violence et les discriminations envers les personnes qui se contentaient d’être cisgenre.

Pour moi, il y a eu une véritable fracture à partir du moment où on disait qu’il pouvait y avoir des hommes qui menstruent, des personnes qui menstruent, des femmes qui menstruent ça par contre je n’ai pas entendu dire, bizarrement.

C’était ou des hommes, ou des personnes qui menstruent.  

Sauf que moi j’ai un SOPK. Je n’ai pas de règles et je me sens femme.

Du coup, je suis quoi pour ces gens-là ?

Léo, rebelle du genre.

Alors, on m’a susurré, on m’a « gazouillé », à l’oreille, sur Twitter, que j’étais peut-être un homme qui s’ignore…

Peut-être que j’étais une personne trans qui s’ignore.

Après tout, je ne m’épile pas les jambes toutes les semaines et je n’ai pas de règles. C’est-à-dire que j’ai pas de problème avec les poils et je n’ai pas de règles, et en plus, je n’ai pas d’horloge biologique ! Je n’ai pas de désir d’enfant, je n’ai jamais eu le besoin d’être enceinte, je n’ai jamais eu de…

Alors si ça se trouve, peut-être que je suis un homme, en fait ?

Bah oui, mais non, moi je suis une femme. 

C’est la première fois qu’on m’a traitée de transphobe.

Je me suis sentie à la fois triste, parce que ce n’est pas vrai. Parce que si une personne qui est née avec une  zigounette décide de se retrouver avec une vulve, parce que finalement, la vie a fait que, c’est son problème, c’est pas le mien.

Je n’ai pas de problème avec les personnes transsexuelles. Je veux dire… je m’en fous. JE M’EN FOUS !

C’est comme les lady-boy de Thaïlande qui ont une paire de seins et un pénis, je m’en branle ! Excusez-moi du terme, mais je suis une femme (et les femmes se branlent aussi d’ailleurs) et je M’EN BRANLE ! Je m’en fous, je ne suis pas transphobe. Donc là, j’étais triste parce que je me dis que c’est pas vrai. Et ensuite j’ai été en colère. Je me suis dit « Mais de quel droit une personne qui ne connait pas mon parcours, qui ne connait pas mon histoire, qui n’a que quelques bribes, a pu se permettre de me coller une étiquette, me mettre dans une case alors qu’elle-même, si je comprends bien, milite pour qu’il n’y ait plus de case pour personne». Et je n’ai pas compris… 

Et là où le Clown world s’est ouvert à moi, c’est quand j’ai découvert le fameux tableau « Parce que « je » n’est pas assez ».  Je vais en parler brièvement parce que je ne veux pas consommer tout votre temps dans ce que j’appelle vraiment des sottises, mais c’est quand même assez rigolo. 

Il faut savoir que, par exemple, on ne dit plus « ILS » au pluriel, pour  ceux, pour ces individus. Non. Maintenant on dit « JIEX ». Et JIEX, en fait, remplace « ILS » pour indiquer le « singulier pluriel binaire ». Le singulier… Pluriel… OK… D’accord. 

Ensuite, il y a le JEL, qui remplace le « ELLE », et qui renseigne sur sa « féminité instantanée ». D’accord. OK… Soit.

Et puis il y a le JIL. Mais lui par contre renseigne sur sa masculinité ponctuelle. Les adjectifs s’accordent comme pour du féminin. Si vous voulez, OK, OK.

Mais, bon, ils font quand même un effort. Le « JE » existe toujours pour le neutre correspondant à l’identité apparente de la personne. Ils ont été sympas, ils nous ont quand même laissé le « JE ». Mais du reste, les pronoms personnels français, et anglais (puisque ce tableau a été décliné dans d’autres langues de toute façon), les pronoms personnels français non plus droit d’exister.

Léo, rebelle du genre.

Et là… on est toujours dans la case du « J’ai pas compris », et je comprends pas et, pardon d’avance, mais je comprendrai jamais. Et j’ai envie d’en faire des blagues, moi j’te le dis.  

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Marguerite Stern. C’est la première chose que j’ai envie de dire.

Léo, rebelle du genre.

J’ai envie de lui rendre hommage, parce que je crois qu’elle est toujours hospitalisée.

Je le rappelle : pour du harcèlement moral, des menaces de viol, des menaces de meurtre, des menaces de violences physiques. Pour des mensonges, pour des calomnies… Marguerite, elle est au bout du rouleau, elle n’en peut plus, elle est en état de souffrance et de détresse émotionnelle… Et le monde n’en a rien à foutre.

Parce que vous comprenez, les hommes qui se sentent femmes souffrent tellement de pas pouvoir mettre un tutu pour devenir un petit rat d’opéra, avec toutes les autres jeunes femmes… C’est… Mon Dieu! Marguerite Stern ce n’est rien à côté de ça!

Vous vous rendez compte? Il y a une femme qui se fait menacer par des hommes parce que pour moi ça reste des hommes…

Je peux très bien dire que je suis une chaise, je peux très bien prétendre au monde entier que je suis une chaise, « Voilà je m’appelle Chaise Ferdinand, coucou c’est moi », vous allez me voir arriver dans la rue, vous verrez une femme.

Donc qu’on ne me fasse pas croire qu’un homme qui se prétend être une femme sans faire la moindre transition, sans faire le moindre « effort » technique médical, j’ai envie de dire, peut être pris au sérieux. De grâce. 

Donc Marguerite Stern, pour les gens qui ne connaissent pas, renseignez-vous sur son combat, sur son parcours.

Marguerite Stern, c’est quand même la première au monde qui a pris des feuilles de papier, qui a pris son pinceau de colle, et qui est allée gueuler sur des murs « ARRÊTEZ DE NOUS TUER ». 

Parce qu’on ne voulait pas nous écouter.
À la radio, à la télé, partout, PARTOUT. Personne ne voulait écouter les femmes.

Léo, rebelle du genre.

Marguerite, elle a pris son petit pinceau de colle, ou plutôt, son gros pinceau de colle, ses petites feuilles de papier et elle est allée le gueuler sur les murs : « ARRÊTER DE NOUS TUER, ON EST LÀ ET ON NE FERMERA PAS NOS GUEULES ».

Alors, je vais reconnaître que j’ai entendu parler de Marguerite, c’était bien évidemment par le collage. Je n’étais pas tout à fait d’accord avec elle parce qu’elle parlait, à mes yeux bien sûr, aussi d’écriture inclusive et elle ajoutait des petits « e » sur certains mots.

Et étant moi, une amoureuse de la langue française, de la langue de Molière traditionnelle, moi ça me défrisait, je me disais « Oh, hey, les filles, y’a quand même plus important que de foutre un « e » à la fin d’un mot, je veux dire, les collages sont peut-être plus importants… »

Bon.

Est-ce que pour autant j’ai envoyé des menaces de mort à Marguerite, est-ce que pour autant je l’ai insultée ? Est-ce que pour autant je l’ai menacée ? Est-ce que pour autant je l’ai harcelée ? Non. Je n’étais juste pas d’accord, juste pas d’accord avec le fait de foutre des « e » un peu partout, mais après tout c’était son droit et j’ai préféré me focaliser sur les collages et sur le reste de ses messages. En me disant « OK je suis pas d’accord avec toutes ses idées, mais y’en a qui sont sacrément utiles, d’intérêt public et je vais pas tout effacer juste parce que j’ai pas d’accord avec un truc. Ce serait complètement con, et en plus ça s’apparenterait à du fascisme »

D’ailleurs, je crois que le mot « facho » est le mot le plus prononcé de 2021.

Je pense que pour 2022 ce sera quelque chose en « phobe » ou en « iste »…

En tout cas, en 2021, c’était le mot facho et je vais rappeler aux gens que le terme fasciste, c’est d’imposer une idée, une pensée unique à une population. Vouloir imposer des idées qui sont menées par le transactivisme à tout le monde et que si ça ne passe pas, s’il y a un mot mal employé, comme pour JK Rowling, on est effacées de la société, gommées, interdites, bannies…

Cela s’appelle du fascisme Messieurs – Dames, enfin, pardon, Messieurs.

Léo, rebelle du genre.

Donc Marguerite, je n’ai peut-être pas été d’accord avec tout ce qu’elle disait, mais enfin à un moment donné, il faut savoir raison garder.

Elle a fait des choses exceptionnelles et savoir que là, c’est ELLE qui est malade à cause de toutes ces conneries, à cause de calomnies, à cause de, pardon, mais de tous ces cons… Et encore je n’ai pas trop envie d’utiliser le mot « con » parce qu’étymologiquement le con ça reste un vagin.

Donc de tous ces CONNARDS, on va dire plutôt, puisque le connard est un abuseur de cons, dans le langage fleuri d’une certaine époque… De savoir que Marguerite est dans cet état de souffrance actuelle, et qu’on s’en FOUT et qu’ils continuent de l’accabler… Pardon, je suis désolée… Mais allez tous vous faire… foutez-lui la paix! 

Marguerite est une femme, Marguerite est légitime, Marguerite est en France et en France il y a un petit truc qui s’appelle la liberté d’expression, le droit la calomnie, le droit au blasphème. Marguerite est légitime, foutez-lui la paix! Et allez-vous faire voir!  

Après, j’ai remarqué que le transactivisme avait aussi des conséquences sur la santé des femmes; puisqu’on ne parle plus de femmes qui souffrent d’endométriose – Coucou Konbini – mais, on parle de personnes qui menstruent. Bravo !

Vous avez trouvé ça tous seuls ? Mais c’est incroyable, il faut prévenir le monde !

Non non, ce sont les femmes qui ont leurs règles, qui menstruent. Ce sont les femmes. Qu’est-ce qu’une femme ? C’est une personne qui est née avec un utérus, et deux ovaires. Une paire de seins et un bassin, un peu plus développé que celui des hommes. Pour moi ça c’est une femme.

L’endométriose ne touche pas les hommes.

La femme qui se dit « trans-homme-machin » et qui souffre malgré tout d’endométriose… Désolée « cocotte », tu te prends pour un bonhomme, mais t’es quand même une femme qui souffre d’endométriose jusqu’à preuve du contraire et ça va te suivre jusqu’à la fin de ta vie parce que MÊME si tu changes de sexe, MÊME si tu fais des traitements hormonaux, t’auras forcément des emmerdes avec ton endométriose. T’auras forcément des problèmes avec ta féminité de naissance. Tu ne peux pas décider comme ça tout ça, il y a des femmes qui disent « Voilà, on est des femmes, et on souffre de… », tu ne peux pas décider pour elles juste parce que toi, qui je te rappelle si tu m’écoutes, est ultra minoritaire… Tu ne peux pas décider pour la majorité des femmes, ça n’est pas possible. Ça ne fonctionne pas, ça s’appelle de la dictature. 

Et toute cette façon de faire, ce processus, de vouloir invisibiliser, de vouloir faire taire, de vouloir dire « Non, nous sommes plus victimes que vous. Nous souffrons plus que vous. Vous n’avez pas le droit de… » arrêtez.

Arrêtez parce que, de une, vous vous rendez ridicules.

Deux, vous ne convainquez personne, ou seulement les gens « comme vous ».

Et de trois :

À quel moment dans votre vie vous avez appris qu’on pouvait être pédagogue en foutant des claques, en menaçant, en harcelant, en brimant ou en effaçant une personne?

À quel moment si vous avez un enfant dans  votre famille, qui vous dit « Non, je n’aime pas les petits pois ».

(Vous avez cuisiné des petits pois, vous y tenez à vos petits pois…)

À quel moment vous allez le tabasser et éventuellement filer sa photo sur des réseaux sociaux pour qu’elle tourne et qu’il en prenne plein la gueule? Juste parce qu’il n’a pas aimé vos petits pois.

Jamais dans votre vie.

Léo, rebelle du genre.

Enfin, je vous le souhaite…

Et encore, je ne peux même pas dire ça parce que moi, dans mon enfance, dans mon adolescence, dans ma vie de jeune femme, j’ai appris que quand on n’était pas d’accord avec moi, il fallait que l’homme dominant de la famille me tabasse… Pourtant, ce n’est pas un réflexe que j’ai quand je ne suis pas d’accord avec quelqu’un.

Je ne vais pas le tabasser, je ne fais pas ça.

Donc, vous avez envie de vous proclamer plus victimes que machin, ou autre?

Honnêtement, je vais vous dire, regardez-vous dans un miroir, et admettez-le :

Vous êtes un problème. Vous êtes toxiques.

Parce qu’à aucun moment, on ne règle une quelconque question sur laquelle on n’est pas d’accord avec des pratiques violentes. Qu’elles soient physiques ou psychologiques. 

Passons.

Je parle du fait que vous avez décidé d’être beaucoup plus victimes que moi.

Il y a des sujets sur lesquels je reviendrai peut-être tout à l’heure, sur lequel j’ai remarqué qu’en tant que femme cis, je devais juste fermer ma gueule parce que « Gneugneugneu, moi j’suis trans et j’ai plus de problèmes »

Attendez… On entend tellement parler de VOUS, vous foutez tellement la merde parce que JK Rowling ou que Marguerite ont dit un truc, entre autres, bien sûr, entre autres… Elles ne sont pas  les seules à se faire gommer de la société par vos bons petits procédés, qu’on ne parle même plus de véritables sujets.

Quand je pense à l’association, pardon, je vais peut-être écorcher le nom parce que je suis tellement en colère que je ne m’en souviens plus exactement, mais « Femmes Assassinées par Compagnons ou Ex »; quand je pense à cette association qui se prend des seaux de merde parce qu’elle a dit qu’en 2022, « tant de femmes ont déjà été assassinées par leurs compagnons ou ex ».

Et que vous êtes venus ramener votre fraise….

Parce que vous êtes TELLEMENT en manque d’attention… Visiblement, vous n’avez pas eu votre poney quand vous aviez six ans et ça vous a traumatisés….

Vous êtes tellement en manque d’attention que vous êtes venus dire « Mais c’est transphobe ! Il y a des trans dans le lot » NON ! L’association a énoncé des faits : dans les femmes qui ont été exécutées cette année par des hommes, il n’y avait pas de personnes transsexuelles.

Donc n’allez pas inventer de la transphobie.

Du coup, on a plus parlé du fait que vous ayez déclenché cette shitstorm, qu’on n’a même pas parlé une seule fois de l’histoire de ces femmes. Vous n’êtes même pas foutus de me donner le prénom de l’une d’entre elles.

Et vous vous dites plus victime « que » … ? 

On va parler d’un autre truc qui me révulse avec votre comportement.

Vous êtes tellement à fond, à parler de « Oui, les enfants peuvent avoir des troubles de l’identité du genre »… J’entends tellement parler de ça maintenant, que je n’entends absolument plus parler de pédopornographie.

Je n’en entends absolument plus parler !

Le documentaire, je crois que c’était en novembre ou en octobre, de Karl Zéro « 1 sur cinq » qui est sorti, et qui a été vu par plusieurs millions de personnes maintenant, qui a été obligé d’être déposé un peu partout sur des plateformes gratuites, tellement c’était un sujet avec lequel Karl Zéro voulait toucher absolument tout le monde… On n’en a parlé presque moins que vos jérémiades pensant que « Oui, mais regardez ce petit garçon, il met un serre-tête en forme d’oreilles de léopard et un tutu, regardez c’est une petite Lili ».  Rien à foutre. On ne sait pas, si ça se trouve dans dix ans le mec va faire une interview en disant « Ma mère était complètement folle ».

Arrêtez de transposer vos délires, arrêtez.

Parlez des vraies victimes.

Avant de me contredire, si ce podcast est partagé sur Twitter, et avant de commenter par m’en foutre plein la gueule (déjà essayez, vous perdrez votre temps parce que je m’en fous)… Mais avant de commenter, essayez de me citer le nom (et sans faire de recherche sur Google, attention, on va jouer un petit peu), citez-moi d’abord le nom d’une des femmes qui a été assassinée, exécutée, cette année.

Une victime. Citez-moi le nom d’une vraie victime.

rrêtez d’invisibiliser les victimes pour VOS causes. Arrêtez. Vous êtes en France. Techniquement si vous écoutez vous êtes en France, ou en Belgique.

Vous avez le droit de vous marier, vous avez le droit de changer de sexe, vous avez le droit de vous habiller comme vous voulez, de baiser avec qui vous voulez. Arrêtez de dire que vous êtes des victimes.

VOUS VOULEZ ÊTRE DES VICTIMES ?

Allez dans un pays extrémiste, faites-vous jeter d’un immeuble JUSTE parce que vous couchez avec une personne du même sexe, LÀ vous serez une victime.

Mais là, pour le moment, vous êtes juste…des pleurnichards. Des geignards. 

C’est tout ce que vous êtes et moi, ça me gonfle.

Ça me fout en rogne, que des gosses, que des petites filles, des petits garçons se fassent violer à tour de bras, que la justice n’ait même plus le temps de s’en s’occuper parce que vous êtes en train de faire la queue, littéralement, dans les commissariats pour porter plainte parce que « Gneugneugneu sur Internet il a dit que j’étais… » … Tais-toi. À ton tour de te taire. Tu sais quoi ?

Je suis une femme, et pour la première fois je vais te le dire, je vais te dire ce qu’on m’a dit toute ma vie… Enfin… Ce qu’on m’a fait comprendre toute ma vie, mais moi je vais te le dire :  FERME-LA!  

Léo, rebelle du genre.

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme, est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, que tu perçois un danger pour toi ou pour ton entourage ?

À titre personnel, non. Je n’ai pas été menacée.

J’ai déjà été insultée, on m’a déjà qualifiée, comme je le disais précédemment, de différents termes en « phobe » ou en « iste ». Mais non. Non. Je ne me suis pas sentie menacée. 

Par contre, j’ai souhaité témoigner de façon anonyme parce que je veux protéger mes collègues de travail.

Parce que dans tout militantisme il y a des extrémistes, et pour moi les transactivistes sont pour la plupart constitués d’extrémistes.

Et, de nos jours, il est très facile, à partir de peu de choses, d’obtenir suffisamment d’éléments sur la vie privée d’une personne.

De par mon travail, j’ai mon identité qui est publique, et je n’ai pas envie que… Alors moi, honnêtement, ils frappent à ma porte pour venir me casser la gueule, il n’y a pas de problème. Il n’y a pas problème, ça se règlera en justice : vous avez tabassé une personne handicapée, non seulement vous êtes des lâches mais encore plus ça va se régler en justice et puis, vous me permettrez de continuer les petits travaux de ma maison.

Il n’y a pas de souci là-dessus. Venez, je vous attends. 

Par contre, je n’ai pas envie qu’il y ait une shitstorm sur l’entreprise pour laquelle je travaille, je n’ai pas envie que mes collègues se prennent une shitstorm, je n’ai pas envie que mes collègues soient victimes d’agressions, de harcèlement, que mon entreprise soit « cancellée », puisque que c’est la meilleure chose, apparemment, la meilleure idée du siècle que vous ayez eue dans vos petites têtes.

J’ai envie de protéger mes collègues. Parce que vos techniques font peur.

Vos petites manies de dictateurs font extrêmement peur. 

On n’est pas d’accord avec vous ? Vous supprimez. 

Vous êtes prêts, au nom de vos idées, à faire perdre leur emploi à des gens, à leur faire perdre leur cadre de vie, leur sécurité et leur santé mentale (Coucou Marguerite, encore une fois).

Vous êtes prêts à aller jusque-là.

Et vous pensez sincèrement que j’ai envie de donner mon avis? Là, j’ai plutôt l’air en colère sur ce podcast, parce que ça fait longtemps que je ronge mon frein (sans mauvais jeu de mots). Vous pensez sincèrement que je vais vouloir donner mon avis en prenant sciemment le risque de mettre en danger mes collègues ? Qu’elles se retrouve voisine de chambre avec Marguerite ?

Non.

Donc si je témoigne de façon anonyme, ce n’est pas pour me protéger moi, parce que je n’ai pas peur, mais c’est pour protéger d’autres personnes. Parce que je sais que ces extrémistes peuvent aller très très loin. On l’a vu, on le constate et même si les médias n’en parlent pas, Dieu merci il reste des femmes pour ouvrir leur bouche. Heureusement.

Léo, rebelle du genre.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

J’ai déjà fait part sur différents réseaux sociaux de ma stérilité. Comme je disais, je suis atteinte du Syndrome des Ovaires Polykystiques, qui n’est pas forcément une stérilité complète, on peut en venir à bout à force de traitements compliqués : avec des injections d’hormones très régulières, et je ne déconne pas, je parle d’une trentaine d’injections sur deux semaines. Ce qui est quand même… Bon courage honnêtement, les femmes qui font ça : Big up à vous. Parce que vous en voulez.

Énormément.

Donc oui, on m’a déjà fait comprendre de me taire parce que j’étais malgré tout privilégiée  dans ma stérilité de femme « cis ». Et donc, en tant que femme « cis », je peux toujours facilement accéder à des facilités d’adoption, ou alors juste à claquer des doigts et hop ! Un médecin me fait tomber enceinte ! C’est tellement facile !

Léo, rebelle du genre.

Oui c’est sûr, c’est tellement facile comme je viens de le dire, de se prendre une trentaine d’injections en l’espace de deux semaines. Oui ça, c’est très facile.

La prise de poids, la perte de cheveux, les boutons, les bouffées de chaleur, les variations d’appétit, les variations d’humeur, c’est TELLEMENT rigolo ! On va toutes y aller ! 

Dans cette particularité médicale, j’ai la chance d’être née sans horloge biologique. Je n’ai jamais eu de désir d’enfant. Je ne suis pas childfree, à la base.

Je ne suis pas childfree parce que les enfants ça craint. Au contraire, j’ai un amour infini pour les enfants. Si je pouvais arrêter de bosser pour militer tous les jours pour la protection de l’enfance, assurément je le ferais. J’ai un amour infini pour les enfants et je n’en veux pas.

Je n’ai pas voulue tomber enceinte, faire des démarches pour tomber enceinte, tout simplement parce que (certains vont trouver ça un peu extrême), mais j’estime que ce monde est suffisamment en danger actuellement en termes de ressources, en termes de climat. 

Je n’ai pas envie d’avoir sur la conscience de mettre un être humain, un enfant, sur cette terre et que dans 20 ans, 30 ans il crève de soif, qu’il ne puisse pas boire un verre d’eau quand il en a envie ou se doucher quand il en a envie.

On ne sait pas ce qui va arriver à cette planète dans 30 ans et vu comme c’est parti, je ne suis pas très optimiste.

Cela m’a apporté des arguments, puisque quand j’annonçais de but en blanc que j’étais stérile et que je vivais très bien avec, c’était souvent accompagné de la petite appellation « Mais tu es un monstre ». Bah oui, une femme qui ne veut pas d’enfant, une femme qui ne ressent pas le besoin d’être enceinte… Ça n’existe pas. C’est impossible. Elle ne peut pas aimer les enfants, c’est monstrueux. 

Bah non, justement, je ne veux pas tomber enceinte parce que j’aime les enfants et que je ne veux pas mettre un enfant au monde dans un monde où il n’aura pas le droit de se dire « Moi je suis pleinement un garçon, je suis pleinement une petite fille » sans se prendre des seaux de merde.

Pardon, j’utilise beaucoup cette expression mais c’est la seule chose qui me vient en tête quand je vois les réactions que peuvent avoir certains militants, vis-à-vis des personnes qui ont juste envie de vivre leur vie sans être emmerdés et sans emmerder le monde. 

Donc oui, on m’a fait comprendre que de par ma situation de femme « cis », je n’avais pas à parler de ma stérilité parce que, tu comprends, les hommes qui se  définissent comme des femmes, eux, ils n’auront jamais de « facilités » pour tomber enceinte ou pour adopter…

Léo, rebelle du genre.

Pour adopter, j’en doute fort parce que l’adoption est ouverte aussi bien aux hommes, qu’aux femmes, aux couples homoparentaux aussi, si je ne m’abuse. Donc il n’y a pas trop de difficultés au niveau de l’adoption, mais soit.

Il n’y a pas de transphobie dans l’adoption, en résumé. 

Mais par contre sur le terme médical, je devrais me taire parce que j’ai des facilités et, eux, non. Je dis bien eux, je ne dirai pas elles, les concernant. Eux n’ont pas, le droit, ils ne peuvent pas… Bah oui mais, écoute mon gars, t’es pas Tu veux que le monde arrête de tourner ? Qu’on le mette sous une cloche et puis qu’on attende, je ne sais pas, qu’on te cryogénise le temps que tu te réveilles à une autre époque où peut-être, éventuellement… Ce n’est pas possible. Ça n’est pas possible. 

Alors peut-être que, au lieu de déployer une énergie folle à emmerder le monde pour faire valoir que tu ne peux pas, et ce qui ne sera jamais possible parce que ça s’appelle la vie, tout simplement, ça s’appelle la biologie, ça s’appelle la nature, c’est comme ça et puis c’est tout. Pourquoi tu ne garderais pas toute cette énergie pour entamer une thérapie et vivre avec, l’accepter.

Pourquoi être forcément dans la souffrance et dans la victimisation perpétuelle et permanente ? Je ne comprends pas ce schéma. 

Léo, rebelle du genre.

Les transactivistes sont des personnes qui vivent dans des sociétés occidentales qui sont très développées, dans des pays qui sont riches (en général), parce qu’on voit très peu de transactivistes dans les pays du tiers monde…

Parce que leurs priorités ne sont pas les pronoms pour les appeler, je ne sais plus, JIX ou je ne sais quoi, singulier pluriel, etc… 

Non, non. Ces personnes-là, quand elles sont dans le tiers monde, leur première priorité c’est de se soigner, de manger, de se trouver un toit sur la tête.

Arrêtez de vouloir vous faire les victimes plus malheureuses qu’eux, parce que ça ne marche pas. Ça ne passe pas, donc le mieux, LE MIEUX, c’est d’accepter votre condition.

Voilà, c’est pas de bol, « C’est pas de bol, je pourrais pas… », mais au moins ,réalisez que vous êtes quand même malgré tout dans un pays où vous avez le droit de le dire, parce que vous avez le temps et l’énergie pour le faire, parce que votre priorité n’est pas votre survie, parce que vous avez le droit, encore une fois, de vous habiller comme voulez, de vous appeler comme vous voulez, vous avez même le droit de changer de prénom, administrativement et encore une fois vous avez le droit de baiser avec qui vous voulez. 

Donc non, vous n’êtes pas des victimes, encore une fois, et arrêter de dire qu’une femme qui est stérile n’a pas le droit d’ouvrir sa bouche parce qu’elle a « des facilités » par rapport à vous.

On a tous des difficultés.

Et on a tous des facilités en France, en Europe ou aux États-Unis. Peut-être pour des questions raciales, de racisme, oui, effectivement il y des discriminations, ça c’est clair et ça c’est un vrai combat, et ça ce sont de vraies victimes.

Mais vous, arrêtez un peu, s’il vous plaît… Je ne suis pas d’accord. 

Si jamais la personne, ou plutôt les personnes, puisque vous aimez bien en général retweeter, pour que votre petite troupe vienne à plusieurs, sur l’agneau que vous avez ciblé, que vous avez en ligne de mire, vous vous sentez plus forts en général. Tout seul ça ne marche pas, tout seul vous gémissez, vous pleurnichez mais par contre une fois que vous êtes en groupe… Ah là, par contre, vous vous sentez forts.

Il y a un truc que j’ai remarqué avec les transactivistes : dès que je vais sur Twitter et que je vois d’ailleurs un profil qui commence d’abord par un drapeau… Il y en a tellement que je ne pourrais pas vous citer lequel, parce que je suis perdue ;  ou un pronom, je ne pourrais pas vous citer lequel parce que je suis perdue également, j’ai toujours remarqué qu’à chaque fois il y avait une petite allusion à une dépression nerveuse, ou un état dépressif.

C’est quand même « marrant », c’est assez « comique », victimes jusqu’au bout. 

Moi, je veux parler à ce petit groupe de personnes qui est tombé sur moi comme ça, pour me dire que j’avais de la chance…

J’ai DE LA CHANCE quand le peu de fois de ma vie où j’ai eu mes règles, ça a duré presque deux mois de façon hémorragique. À être carencée en fer. Ah oui! J’ai de la chance d’avoir été pliée en deux, avoir une bouillote devant, une bouillote derrière! À ne pas pouvoir bouger, prise de crampes et de vomissements…

AH MAIS QUEL BONHEUR ! Mais quel bonheur !

Incroyable !

Incroyable ? Ben non.

J’ai envie de dire à ces personnes que j’ai moins de chance que vous.

J’ai moins de chance parce que vous, vous êtes équipés de testicules, vous n’avez pas d’ovaires, vous n’avez pas de règles, vous n’avez pas de problème de ce genre-là.

Léo, rebelle du genre.

Donc… Honnêtement… Arrêtez, ça ne marche pas.

Ça ne marche pas.

Pas plus que le fait de mettre dans votre profil « Je suis iel machin X-je-sais-pas-quoi et dépressif ». Ça ne marche pas non plus. En tout cas avec moi ça ne marche pas.  Ça n’a jamais marché de toute façon. Donc, Arrêtez un petit peu d’emmerder les femmes qui sont stériles.

On est stériles. Moi je le vis bien. Mais il y a des femmes qui souffrent de ça. Il y a des femmes qui se font faire, effectivement, ce que vous appelez de la « facilité ».

C’est-à-dire piqûres, sur piqûres, sur piqûres d’hormones qui ont des variations de poids, le regard des gens qui change sur elles, aussi.

Et il y a des femmes qui sont au fond du seau.

Parce qu’après UNE tentative, car attention, dans votre « facilités » messieurs, de dire « Oui, il suffit de faire gneugneugneu, d’aller voir un médecin… » … Quand vous faites UNE tentative, après UNE cure, entre guillemets, d’injections, d’hormones et autres petits arrangements médicaux pour préparer votre corps et le conditionner à la grossesse, vous n’êtes même pas sûrs que ça prenne. Alors imaginez de dire qu’une femme qui est en ce moment du seau, parce qu’elle s’est non seulement bourrée d’espoir en pensant enfin devenir maman, qu’elle a été torturée médicalement pour que son corps puisse être apte à le faire, pour qu’au final ça ne marche pas. Et vous vous dites que vous êtes plus à plaindre qu’elles ? Mais vous êtes d’une indécence crasse, c’est pas possible. Mais, allez vous cacher. 

Vous savez quoi ? J’ai  envie de faire de la culture de la cancel-culture avec vous :

Allez-vous cacher. Parce que vous n’apportez rien à cette société et encore moins aux femmes. Vous êtes dangereux. C’est tout ce que j’ai à vous dire. Vous êtes dangereux. 

Et en ce qui concerne la GPA, vous êtes des barbares.

Le corps des femmes n’est pas une marchandise!

Léo, rebelle du genre.

Vous dites : « Oui mais les femmes qui acceptent la GPA sont consentantes ». Allez proposer la GPA à une femme sans rémunération, vous allez voir. Cherchez-le son consentement. Cherchez-le.

C’est comme une prostituée, vous lui proposez d’avoir une relation non tarifée, en arrivant comme ça avec vos cheveux gras et vos allures dégueulasses, vous allez voir si elle va être consentante.

Arrêtez de rêver. Arrêtez de marchander le corps des femmes. On n’est pas des objets. On n’est pas des poupées Barbie dans lesquels vous pouvez mettre un bébé, le retirer, mettre un bébé, le retirer… Ça n’est pas possible. Je voulais ajouter aussi :

La GPA c’est quand même également neuf mois de grossesse. C’est quand même la séparation entre une mère et un bébé, son bébé, qu’elle a porté et c’est aussi bien plus compliqué que de se tripoter la nouille pendant deux minutes pour éjaculer dans un petit pot.

Léo, rebelle du genre.

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Oui !  Je voudrais revenir sur ma bisexualité et sur le fait que je sois devenue, aux yeux de cette société, un fantôme. 

En tant que bisexuelle on m’a déjà sous-entendu qu’il y avait un petit peu de de phobie de genre, là-dedans, parce qu’entre bisexuelle ça veut dire que je ne peux avoir de l’attirance sexuelle que pour des hommes ou des femmes… Oui mais désolée, non, je ne peux pas avoir une attirance sexuelle pour une chaise. Ça n’est pas possible. Encore moins pour une pastèque. Pour moi… c’est non. Je peux être attirée par un sexe masculin ou un sexe féminin, y’a pas de souci mais il n’y a pas d’entre-deux. Ça n’existe pas.

Donc je suis bisexuelle et j’aimerais bien qu’on arrête de faire de moi une méchante réactionnaire et faire de moi quelque chose de transparent, juste parce que je ne colle pas avec vos délires. C’est complètement grotesque.

Je voulais aussi rajouter aux femmes que je suis bisexuelle, je suis en couple depuis 12 ans avec ce que certains vont appeler un homme déconstruit. Et je voulais dire aux femmes que l’homme déconstruit n’existe pas. L’homme déconstruit c’est un homme normal. L’homme déconstruit c’est un homme qui ne va pas se gaver de porno. Ou même avoir une quelconque attirance pour le porno. Un homme qui a de l’attirance pour le porno, moi je n’appelle pas ça quelque chose de très sain. De très net. 

Alors il y a ce qu’on appelle maintenant de nos jours du « porno éthique », etc.

Mais, excusez-moi, le green washing etc… Ça existe. Alors qu’on ne me fasse pas croire que le porno washing n’existe pas non plus. On va arrêter cinq minutes de faire passer tout le monde pour des héros.

Non. Mesdames, si vous avez un compagnon, même Messieurs, en fait, mais surtout Mesdames : si vous avez un compagnon qui vous impose des rapports sexuels, ou qui vous disent « Allez s’il te plaît, j’ai envie » « Allez, s’il te plaît, on ne l’a pas fait depuis deux jours » « Allez, s’il te plaît ce sera rapide » … Non il n’y a pas de « S’il te plaît ». Ce n’est pas normal. Ce n’est pas un homme, ça. Je n’appelle pas ça un homme.

Combien de fois des gens m’ont déjà dit que mon mec était probablement… Je vais le dire mot pour mot : « PD », voire tordu, parce qu’il n’est pas porté sur toutes ces questions de pornographie et de clichés sexuels qu’on véhicule sur les hommes.

Donc, vraiment, Mesdames, si vous avez un bonhomme dans votre vie qui vous fait faire des choses ou qui vous tient un discours disant « Tous les hommes… ». C’est pas vrai. Ça n’est absolument pas vrai. Et j’ai qu’une chose à vous dire : partez. Même si ce n’est pas du jour au lendemain, mais préparez votre départ. Il y a des tas, et des tas, de moyens en France pour s’en sortir.

J’ai été mariée par convenance, dans ma famille, et au bout de six mois, j’ai réalisé que ce n’était pas une obligation. Je n’avais pas à me faire tabasser. Je n’avais pas à me faire violer.  Je n’avais pas… non.

Non, j’étais France. J’avais juste à prendre mon sac et à repartir de zéro et c’est ce que j’ai fait.

Alors certes, c’est dur et j’ai eu la chance de ne pas avoir d’enfant, parce que c’est plus compliqué dans ces cas-là, mais il existe quand même des personnes et des structures en France qui peuvent vous protéger et vous sauver. Et ne vous sentez pas, NE VOUS SENTEZ PAS, transparentes parce qu’on vous dit « Oui, mais les trans ceci, les trans cela ». Arrêtez.

Ne vous sentez pas coupable, NE CULPABILISEZ PAS. Vous êtes des femmes, ça fait des siècles qu’on en chie et il est temps de dire merde.

Léo, rebelle du genre.

Pour conclure, je voulais absolument passer ce mot aux femmes qui peuvent m’écouter en vous disant que vous êtes beaucoup plus fortes que ce que vous ne le croyez et n’écoutez pas tout ce qu’on vous dit, ne pensez que par vous-mêmes, vous savez ce qui est normal ou ce qui ne l’est pas, pensez-y. 

Et j’ai envie d’avoir une petite note de fin… Comme quoi, vous avez finalement eu toute l’attention dont vous vouliez mes gros bébés, hein ?

J’aurais une petite note de fin pour les transactivistes qui décideront, peut-être, de chercher qui je suis, de voir où est-ce que je suis en Bretagne, comment elle s’appelle pour de vrai, où est-ce qu’elle travaille, qui elle est… Juste pour me menacer.

À ceux qui sont en train de commencer à préparer leurs tweets pour me tomber sur la gueule, je vais vous le dire encore une fois : je n’en ai strictement rien à foutre. Déjà, vos complaintes, vos jérémiades, allez-y avec vos mots en « iste » et en « phobe », je m’en branle ! Parce que si moi je suis transphobe… Mais alors vous, qu’est-ce que vous êtes ? Vous êtes des monstres. Voilà ce que vous êtes. 

Mais, je ne veux pas finir sur vous. Vous ne le méritez pas. Dégagez. Cachez-vous, vous êtes vilains ! 

Je vais finir sur Marguerite Stern. 

Marguerite, on ne se connaît pas personnellement mais… j’ai appris à ne pas être d’accord mais, j’ai surtout appris à être d’accord avec toi et avec ton combat.

Je suis estomaquée que tu sois obligée de te cacher, de te réfugier et d’être soignée juste pour avoir ouvert ta bouche pour dire la vérité.

Et de savoir qu’on est capable de faire ça à une femme juste parce qu’elle ouvre sa bouche pour parler de notre condition de femme… Me dire « Voilà on en est là. ON EN EST LÀ ??! ».

On est obligées d’aller dans des hôpitaux psychiatriques, on est obligées de se cacher, on est obligées de témoigner sous de fausses identités ?

Il y a même des co-participantes à ce podcast qui ont transformé leur voix, qui ont vu leur témoignage LU par une autre intervenante… par sécurité… ON EN EST LÀ ??! EN 2022 ??!

Léo, rebelle du genre.

Non non non, les filles, non non non. Vous savez quoi ? C’est mort. C’EST MORT !

Nous remercions Léo pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Marian, rebelle du genre.

Je m’appelle Marian Lens, je suis sociologue et activiste lesbienne depuis la fin des années 1970.

Marian, rebelle du genre.

Je suis née en 1959 et j’ai maintenant 62 ans.

Je vis à Bruxelles, donc en Belgique et j’avais 19 ans quand j’ai fui, quitté ma famille. Donc j’ai payé moi-même mes études universitaires puisque jeune adulte, j’ai dû partir pour un peu sauver ma peau et depuis ce moment-là, donc, je suis très fort engagée en tant qu’activiste lesbienne.

J’ai fait partie des archives lesbiennes, les deuxièmes archives lesbiennes au monde qui s’appelaient les Lesbiannaires en 1980.

Marian, rebelle du genre.

De 1985 à 2002, j’ai fondé et tenu la librairie lesbienne Artémis, librairie que beaucoup connaissent aussi en France puisque chaque année, j’allais au très grand festival ciné-club qui s’appelait Cineffable et qui est devenu le grand festival international de film lesbien que l’on connaît. Nous avons vécu pendant 18 ans, ce qui est une des plus grandes longévités de librairies féministe.

Dans le monde féministe en moyenne, c’est 3 à 5 ans.

À une époque on nous disait : « Oh là là c’est suicidaire ce n’est qu’une utopie, tu es folle! »

Mais la folie peut amener beaucoup à des voies de créativité … et c’est comme ça qu’on change  le monde, aussi!

Actuellement j’ai relancé une association lesbienne qui s’appelle L-Tours depuis 2012-2014 et là je le fais par une voie, qui a l’air moins politique mais qui ne l’est pas du tout moins, donc de donner par l’histoire « herstory/history », comme on dit en Anglais, l’histoire de lesbiennes, des femmes et du mouvement général, comme on dit actuellement « LGBT » ce qui me permet moi, d’utiliser cet angle là pour parler du général et de notre histoire qui n’est évidemment jamais reproduite ou rarement, ou à titre exceptionnel, ou anecdotique.

C’est un outil très précieux et très politique finalement.

Entre-temps, nous organisons aussi des conférences qui sont enregistrées et mises sur le compte YouTube et nous avons lancé depuis 2019, fin 2019, un site sur lequel nous retranscrivons des articles qui ont été réalisés dans le passé ou actuellement, qui expliquent l’histoire des mouvements lesbiens féministes, tous les débats qui sont vraiment des analyses de fond sur les questions d’identité, les nouveaux masculinismes, dont nous parlerons notamment dans ce podcast-ci.

Je suis issue d’une famille très traditionnelle, très catholique, très « hétéro sociale » et la seule différence qu’il y avait pas entre mon frère direct et moi, à qui je ressemblais très fort physiquement (il y avait à peine une année différence) …

Là, j’ai vu tout de suite le monde de différence qu’il y avait entre les garçons et les filles.

Il y a les garçons et leur monde de possibilités alors que moi, je n’étais qu’une fille… Aucun horizon ne m’était permis en tant que fille.

C’était une famille très très très conventionnelle donc les filles étaient plutôt les esclaves de la famille, c’était nous qui n’arrêtions pas de travailler. Faire la vaisselle,  à manger, s’occuper de tout, accueillir les familles élargies (en Flandre les familles sont avec  énormément d’enfants donc on passait [le temps], plutôt que de jouer, voilà on travaillait).

Ma mère était particulièrement abusive et conservatrice, elle  était misanthrope, antisémite aussi et extrêmement sexiste. Et c’est il n’y a pas si longtemps, il y a quelques mois, que j’ai appris qu’en réalité elle n’avait pas envie de fille, elle n’aimait pas les femmes. Et ça je ne l’avais jamais su.

Si j’avais su, je serais partie encore plus tôt que mes 19 ans je crois… Cela explique énormément de choses sur le fait qu’on n’existe pas en tant que fille et que nous n’avons aucune perspective d’avenir en tant que telle.  Ca expliquait aussi mes colères et ma rébellion. Quand j’étais enfant j’étais très révoltée, très rebelle, à la fois très soumise comme beaucoup de filles… Je restais quand même assez rangée je crois, puisque bon… On me choisissait généralement comme déléguée de classe aussi, comme j’étudiais facilement.

Et en même temps je portais les révoltes.

Marian, rebelle du genre.

Donc tout ça c’est toujours resté, cette notion de devoir changer les choses, que la vie n’était pas juste, qu’il y a beaucoup d’injustices.

En même temps je me rendais compte, par rapport à des copines de classe que, alors que pourtant j’étudiais facilement, quand j’expliquais que je devais lire en cachette, les gens étaient ahuris. Mais c’était ma réalité : en réalité, le seul endroit où on me foutait la paix, c’était les toilettes ! Je connais une autre amie, sociologue,  qui a eu la même situation. On n’avait pas le droit de perdre notre temps, et très souvent, je lisais mes ouvrages scolaires là-bas. Ce qui est hallucinant quand on y pense ! Mais voilà ça montre aussi que, même si on est dans des situations impossibles, on trouve toujours des manières de continuer à rêver de savoir qu’un jour on pourra changer les choses. Et moi c’était ça qui me stimulait.

Par rapport à l’identité, donc j’étais cataloguée fille, oui voilà. Je ne voulais pas être un garçon. J’avais déjà cette notion que ce n’était peut-être pas une évidence, même si je peux mieux l’expliquer évidemment maintenant.

Je ne voulais pas devenir une femme. ça c’est quelque chose qui est venu très tôt donc quand j’étais enfant, jeune adolescente. J’étais constamment humiliée, freinée en tant qu’enfant, mais c’est surtout l’adolescence que ça n’a fait qu’empirer. Quand mes seins, ma poitrine s’est mise à se développer. Et pourtant, franchement, j’étais une maigrelette, ça ne se voyait pas trop. Les blagues graveleuses et vicieuses ont commencé à émerger de plus en plus au sein de la famille et en dehors. Les tentatives d’attouchements, enfin je n’apprends pas grand-chose à beaucoup de femmes… et par réaction de défense, j’ai fait de l’anorexie. À l’époque on appelait ça un anorexie nerveuse. Pour moi c’était tout sauf nerveux :  c’était conscient. Je ne voulais pas de seins. J’avais remarqué que ça faisait diminuer les agressions aussi.  Et j’ai arrêté parce qu’on m’a menacée de me nourrir de force.

 Je crois que ce n’est pas un hasard que ce que j’ai choisi, c’est la sociologie. Parce que je voulais comprendre le monde. Et je crois que ce n’est pas un hasard si le sujet de mon mémoire de master, à la fin des années 79, début des années 80, est devenu un sujet de remise en question de ce qu’on appelle maintenant la théorie du genre, enfin la remise en question des constructions de l’élaboration des catégories homme/femme.

Ca a été d’ailleurs le premier mémoire universitaire qui a été fait sur le sujet, vous imaginez on est en 1980, le titre était « Perspectives d’analyse de l’idéologie la différence dans un système hétéro patriarcal. »

Marian, rebelle du genre.

À l’époque ils n’avaient jamais entendu ça, vous imaginez bien !

Le fait que déjà dans cette université, (c’était l’université libre de Bruxelles, qui était considéré comme laïque, qui l’est, de philosophie) et qui n’était en fait abonnée à aucune revue féministe à l’époque ! Il y avait d’autres universités, très peu qui l’étaient, à des revues scientifiques féministes américaines, mais ce qui n’était pas du tout le cas à Bruxelles. Donc pour eux c’était vraiment déjà hallucinant. Non seulement de venir avec un sujet féministe en soi, mais en plus de remise en question de l’hétérosexualité ! Ca, c’était du jamais vu, du jamais entendu.  Et la construction, puisque je parle de l’idéologie de la différence, la construction des notions dites de sexe à l’époque (actuellement on parle plus de genre, mais bon, c’est du pareil au même), c’est la création des notions, des concepts et des réalités homme/femme.

Et l’idée  aussi à une autre imposition : l’hétérosexualité, donc tout le système hétéro social. Là-dedans, je développais aussi que c’était une oppression, que ce n’était pas juste des discriminations, que  c’était tout un système social, économique et politique qui était basé sur une binarité inventée. D’ailleurs le mot « sexe » vient de secare, qui veut dire séparer, et ça je le développais dans ce qui était en réalité déjà un début de doctorat. Et que la création de genres « homme/femme » à l’époque on disait bien deux sexes, c’était évident, était imposée par un ciment : c’est que le sujet dominé, donc les femmes, devait aimer leur oppresseur par l’hétérosexualité.

La construction sociale autour de l’hétérosexualité imposée comme conditionnement. Et tout ça c’était beaucoup trop…

Donc ce qui s’est passé, c’est qu’évidemment tout le monde était quand même impressionné, puisque le professeur sentait bien l’analyse qui était derrière  (et aussi des assistantes qui étaient des femmes, qui n’osaient pas dire ouvertement qu’elles étaient féministes, mais qui se reconnaissaient en partie dans ce genre d’analyse). Et au lieu d’avoir un jury de trois personnes, trois professeurs, il y a eu là une dizaine, une douzaine de personnes qui se sont déplacées pour venir écouter le « débat du siècle » qui était très houleux, comme vous pouvez l’imaginer.

L’hostilité, à l’époque, était très directe. Donc on avait des insultes énormes aussi de la part des professeurs et c’était très très tendu.

C’était post 68, on est presque 10 ans après. Mais les remises en question fondamentales ne passaient pas bien sûr au niveau de l’université et tout le monde sait aussi que la libération dite sexuelle des années 68, c’était une libération pour les hommes qui avaient alors un accès absolu aux femmes.

Marian, rebelle du genre.

Alors oser dire ça, évidemment, ça ne passait pas du tout. Mais venir avec un système d’analyse qui remettait tout en question, ça c’était du jamais vu et la riposte a été violente. Ils n’ont pas pu arrêter le master, ils n’ont pas pu ne pas me donner mon diplôme mais par contre on m’a bloqué toute possibilité de pouvoir faire de la recherche, du travail de recherche, ou de professorat, dans le milieu académique universitaire alors que tous mes profs du secondaire m’y voyaient… et pour moi, c’était un petit peu mon rêve : changer le monde par là, par les études les plus développées… parce que vraiment, j’y croyais. Je pensais vraiment que ça allait pouvoir être possible.

Et c’est ma révolte qui m’a aidée. Puisque j’étais tellement en colère de m’être rendu compte que mon professeur n’avait même pas lu mon travail, qu’il avait fait lire par son assistante, parce qu’il n’allait quand même pas perdre son temps avec ce genre de sujet…. C’était révoltant, voilà ! Mais bon, c’était la réalité dans les début des années 80. Il ne faut quand même pas oublier que 40 ans plus tard, c’est-à-dire il y a quelques années,  j’ai essayé de revenir avec ce sujet en me disant, quand même, presque un demi-siècle après, ça devrait être possible. Eh bien non. Et surtout pas non plus dans les milieux dits LGBT. Non plus ? Ce sont des sujets qui font toujours peur. Par exemple, à trois autres reprises, j’ai été censurée les dernières années rien que sur la possibilité d’en discuter, avec un titre aussi – me semblait-il- neutre que « Pour une abolition des catégories dites sexe ou de genre, et pourquoi pas ? » Eh bien, trois fois censurée. Donc ça montre, effectivement, que, un demi-siècle après, 40/50 ans après, on n’y est pas encore vraiment, et pour cause. En Belgique les Master de genre ne se sont développés qu’ il y a quelques années, donc finalement, historiquement c’est extrêmement tard. Quand on y pense, on est déjà au début du XXIe siècle. Il y a eu, rien qu’au XXe siècle, plusieurs mouvements féministes : les suffragettes au début du 20e, les deuxième et troisième mouvements féministes à la fin du siècle passé, et on en est au début du 21e, et on en est encore toujours là finalement. De ne pas pouvoir aller à la racine des choses, de faire des analyses radicales, parce que c’est de là  que vient le mot radical, les analyses lesbiennes radicales, les analyses féministes radicales, ça veut simplement dire (et c’est bien sûr tout un programme) « aller à la racine des choses, vouloir comprendre jusqu’au bout ce que cela veut dire ». Eh bien voilà il y a encore énormément de choses,  quelque part, sur ce plan-là, sur la remise en question des civilisations, on n’en est qu’à la Préhistoire.

On est dans une époque très forte dépolitisation, il faut le dire. Donc on redevient un peu minoritaire, quand on vient avec des analyses « qui osent » remettre en question un fonctionnement social et politique, c’est redevenu aussi percutant, quelque part, que dans les années 60, 70, 80 et 90 etc. Sauf que c’est différent à chaque époque. Il y a évidemment les difficultés intrinsèques et les positivités. Pour moi par contre, ce que je vis, c’est qu’on me demande de plus en plus, de pouvoir lire mon Master, pour la première fois, alors que jusqu’à présent, personne ne voulait en entendre parler, vraiment personne, très peu. Et là je sens vraiment un changement réel, donc on ne doit pas sous-estimer c’est simplement ça que je dis. C’est qu’ en réalité je crois qu’on est dans une période politique où nous sommes nettement plus fortes qu’il y a 40 ans et qu’on nous le fait bien sentir, qu’on essaie de tout faire pour faire taire.  Et ça, on ne doit pas le sous-estimer.

Il ne faut pas que nous sous-estimions notre force.

Marian, rebelle du genre.

Moi, je suis de cette génération qui n’a pas arrêté. J’ai cette chance de pouvoir parler de mon histoire, c’est quand même très nouveau, historiquement ! Et je tiens bien à le faire.  Même s’il y a eu pour ma part dès la fin des années 90 début des années 2000 un burnout politique réel, comme beaucoup de ma génération… Eh bien nous sommes là ! Nous sommes beaucoup, de retour ! Certaines sont toujours restées et il y a cette nouvelle génération, de tous âges.  Quand je dis ça, c’est des nouvelles générations de toutes origines culturelles qui se retrouvent maintenant … et veulent parler de ça. Mais n’osent pas, la plupart du temps parce qu’ il y a cette contre-offensive, ce backlash, ces conservatismes qui sont là.

Et des nouveaux masculinismes… Mais il fallait s’y attendre, avec des moyens énormes, et nous sommes dans cette période politique du meilleur et du pire. Sauf que je crois, et ça c’est ma conviction,  c’est qu’il y a un peu plus de meilleur que de pire. Certainement dans nos contrées à nous, si on les compare à d’autres. Franchement ne fût-ce qu’évoquer le fait de revendiquer des choses, en tant que de fille ou femme, qu’est-ce que ça dit ? Ici nous sommes quand même dans une période où nous pouvons nous exprimer, même si nous subissons beaucoup de répression et de violence. Il faut quand même relativiser et savoir que, au contraire, nous avons acquis et atteint beaucoup de choses, et que nous sommes dans une phase historique de grosse lutte de nouveau, très frontale, et il fallait s’y attendre… donc moi… j’en ai tellement vécu, de hauts et de bas, et c’est ça que j’explique aussi dans mes parcours. C’est un parcours en dents de scie mais tant que quand on monte avec la main, tant que la courbe  médiane, la main monte, en dents de scie, ça veut dire qu’il y a une progression.  Et cette progression-là existe, il ne faut pas la sous-estimer. Il faut vraiment croire en nos forces, et il faut continuer.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie du genre est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, et pourquoi pas, pour notre démocratie ?

Pour tout ça en fait, elle est très dangereuse. Pourquoi?

Parce qu’elle passe sous silence l’oppression des femmes par les hommes. En prétendant avoir une approche scientifique ces “académiciens et académiciennes” n’ont cherché qu’à aseptiser complètement la question. Et il y a là, un véritable déni d’oppression.

Ce déni est un mot très fort, parce que l’on en plein négationnisme, parce que ce que l’on constate actuellement c’est qu’il y a beaucoup de d’études académiques qui sont tout à fait référencées et qui pourtant, donc, nient le fait que il s’agit bien d’un d’un système d’oppression, parce que quand il y a un tel niveau de discrimination, avec autant de violence (je parle des viols qui vont jusqu’aux féminicides, qui sont considérés encore toujours comme des faits divers, comme faisant partie d’une sorte de nature), il y a quelque chose qui ne va pas.

Quand on parvient à reconnaître le racisme, le fait de trouver le prétexte de couleur de peau d’origine culturelle pour ancrer des différences très graves qui vont jusqu’à l’esclavagisme… et qu’actuellement le reconnaît… le fait que quand il s’agit de ce qu’on appelle “les femmes” ça passe sous silence… on relativise et on banalise ce taux de violence qui qui est le plus élevé qui existe… Eh bien c’est très grave. Parce qu’on va nier des réalités pour une masse de personnes, et on va nier aussi que des mécanismes… par exemple la gestation pour autrui un qui révèle en fait un niveau de violence énorme qui renaît… De véritables traites contre les femmes et les enfants! Mais de banaliser ça à des choix personnels et individuels, c’est en fait faire du révisionnisme et du négationnisme.

C’est ne pas reconnaître les choses telles qu’elles sont. Et nous en sommes toujours là.

D’ailleurs dans le monde académique, il faudrait un nouveau mai 68 ! Sauf qu’il faut mieux que ça parce que Mai 68, c’était plutôt une libération de la sexualité pour les hommes, mais pas pour les femmes.

Marian, rebelle du genre.

Le mouvement #MeeToo a montré qu’une masse de femme qui n’osaient pas se dire féministes ont enfin osé faire le pas,  il montre à quel point ce taux de violence est redevenu très, très fort. 

Qu’il n’est plus possible d’invisibiliser ce qui se passe. 

Beaucoup de femmes l’ont compris et le disent. Même celles qui n’osaient pas se dire féministes. Sauf que ce n’est pas suffisant.

Parce que nous sommes de nouveau, pour nous, les femmes, dans une situation politique de backlash. Qu’est-ce que ça veut dire?

C’est un contexte actuel, social, politique et économique, c’est un véritable retour en arrière. Et le COVID, malheureusement, va accentuer ça. Il l’a déjà fait.

Ce sont toujours les plus “minorisées”, et on peut mettre franchement au féminin, qui sont les plus touchées. Et actuellement, c’est ce qui est en train de se passer. Si ça va mieux pour une couche, une certaine couche préservée d’hommes et de rares femmes, ce n’est pas le cas de la majorité.

Donc on peut  toujours parler d’un phénomène de minorisation de ce groupe social qui est le plus grand qui existe, celui des femmes… Des enfants qui, à la naissance, ont été catégorisés, estampillés comme telles :  des filles et des futures femmes. Ce n’est pas un choix, c’est quelque chose qui est imposé à un petit être, un petit amas de cellules.

On va créer deux catégories tout à fait arbitraires, comme le racisme, en trouvant prétexte dans la nature pour créer des différences. Et là, en l’occurrence, c’est ça : on écarte les jambes de ce petit corps tout à fait innocent, et on va décider : « Ah, on fait deux boîtes, hop : garçon ou fille ». Et on hiérarchise ces boîtes. Parce qu’elles ne sont pas l’une à côté de l’autre.

Il y a une boîte en dessous et l’autre au-dessus, et la boîte au-dessus, évidemment, est la boîte qui a tous les privilèges.

La boîte du dessous, est la future boîte contenant ces petits êtres qui vont devoir servir la boîte supérieure… Donc, ce n’est pas un choix.  Le choix c’est de refuser de continuer à rester dans ces boîtes.

Marian, rebelle du genre.

Quand on parle de boîte, ça montre bien les limites.

On ne peut pas se déplacer, aller d’une boîte à l’autre, non, non! C’est un système social imposé. On ne fait pas ce qu’on veut.

Et quand on explique ça de manière très imagée, c’est réel!  Il y a des milliards d’êtres humains, mais il n’y a que deux boîtes. C’est d’une violence énorme évidemment.

Et actuellement, en ce début de XXIe siècle on prétend qu’on peut choisir… Mais depuis quand on choisit une oppression? Personne ne le fait! Une oppression, s’il y a  bien quelque chose qui est imposé, c’est une oppression! Les petits êtres appelés filles, qui ne voulaient pas être là, et qui vont devoir servir les êtres supérieurs que sont les hommes, n’ont pas le choix! 

Après on peut choisir de déconstruire, en attendant c’est tout un système de conditionnement très violent… D’ailleurs le mot “éduquer”…  si c’était naturel il ne faudrait pas éduquer! On va éduquer ces futurs êtres, vraiment faire tout pour qu’elles, et ils, restent dans leur boîte respective. Et ça s’appelle l’éducation. Le mot, comme le mot sexe “secare” qui veut dire séparer, éduquer vient de “educare”  qui veut dire “redresser ce qui est tordu”. Donc quand on sait ça, c’est un fameux programme! Et on comprend toute la violence qu’il y a là-dedans. 

On comprend aussi tous les mots qui stéréotypent comme “garçon manqué”… Il faudrait savoir : si on est une fille qu’on appartient “naturellement” à cette boîte-là, eh bien il ne faut pas éduquer : on est “naturellement” cette chose qu’on est censée être. Le fait qu’on doive éduquer et par après, avec des systèmes punitifs extrêmement graves (qui vont jusqu’à aux sanctions économiques,  quand on voit les  salaires ce sont des sanctions économiques, il ne faut pas oublier ça), pour rappeler l’asservissement, pour rappeler les différences qui ont été créées de toutes pièces, et surtout maintenir la catégorie soumise dans une situation économique de soumission. Parce que moins vous avez de moyens, plus c’est difficile de se révolter, d’exiger la même chose… 

Nous en sommes toujours là. Donc quelque part, c’est hallucinant… On est en début de XXIème  siècle et qu’on doive encore toujours essayer de prouver ces réalités violentes-là… de prouver que le faite qu’on tue un être parce qu’elle est une femme, c’est du féminicide et c’est d’ailleurs les féministes qui ont inventé ça, cette notion d’être tué par ce que femme, ça a été créé  en 1976, lors d’une très grande rencontre mondiale, la toute première, qui s’est d’ailleurs passée à Bruxelles. Il y a eu des délégations de 40 pays de femmes qui sont venues avec ça, en disant que non, il n’y a  rien de moins naturel, que c’est construit, c’est une violence. La violence imposée d’hétérosexualité c’est une violence, lors du tribunal des crimes contre les femmes.

Donc quand on pense que ça va faire un demi-siècle que ça été dit … et que c’est toujours pas reconnu au niveau des politiques des pays dits démocratiques européens…  c’est hallucinant.

Par exemple, en Belgique, on reconnaît le fait d’avoir été tué, agressé,  tué en parce que homosexuel c’est un fait aggravant, au niveau du pénal. La Belgique n’a toujours pas reconnu le fait d’être tuée en tant que femme comme un même type de violence. Parce que c’est ça que ça veut dire…

Marian, rebelle du genre.

D’ailleurs, nul part dans le monde. Il y a un seul pays qui commence à le reconnaître et c’est nouveau.  C’est hallucinant et ça montre à quel point on est très en retard à ce niveau-là.  Et donc oser venir et dire que non, le genre c’est une c’est une approche complètement aseptisée, inacceptable d’un phénomène de violence aussi grave. Ça ne va pas,  on ne peut pas l’accepter.

Actuellement oui on constate qu’on est dans un retour des masculinismes et de nouvelles formes, extrêmement agressives : les intégristes trans qui sont minoritaires,  sont en fait très très forts politiquement. Ils font très peur et réussissent à s’imposer dans les milieux académiques  mais aussi politiques. Et ça je connais peu… je ne connais aucun Etat où ce n’est pas le cas. 

Donc ils sont… Les mouvements LGBT sont devenus beaucoup plus réformistes,  voire conservateurs,  et ont des ailes extrêmement conservatrices. Mais on ne voit jamais l’intégrisme, quel qu’il soit, (ici, par exemple, trans) comme étant en fait, finalement, un mouvement extrêmement masculiniste, extrêmement ultraconservateur.

Qu’est-ce que ces mouvements? Eh bien on le sait  : ils sont foncièrement anti femmes, ces pauvres petits êtres qui n’ont pas choisi d’être catégorisées comme ça. Eh bien, il y a cette haine de ces êtres soumis. D’autant plus quand ces êtres se révoltent. C’est le cas des féministes.

Donc,  évidemment, ces mouvements intégristes sont foncièrement antiféministes, profondément sexistes, profondément  lesbophobes aussi. Pourquoi? Parce que ce sont celles qui leur échappent le plus. Il ne faut pas oublier que ce sont celles qui ont refusé d’aimer des hommes, en n’aiment “que” des femmes (entre guillemets le “que”). C’est comme ça que eux le perçoivent et c’est pour ça aussi par exemple que dans certains pays les lesbiennes sont particulièrement torturées, jusqu’au meurtre, assassinées parce que les femmes les plus libérées à leurs yeux. C’est la haine de ces êtres qui sont à leurs yeux nées pour servir et être asservies, et voire pourquoi pas pour qu’ils puissent s’en amuser jusqu’à les torturer et pourquoi pas les tuer, finalement c’est quand même un droit absolu.  

Donc c’est ça qu’il ne faut pas sous-estimer : ce sont des personnes qui sont fondamentalement haineuses. 

Et nous, notre force, c’est que nous pouvons expliquer et développer ça. Et on ne doit pas sous-estimer effectivement ce qu’on va provoquer chez eux. Et c’est ça qui se passe, en fait : on subit un niveau de haine à un degré ultime, complètement décomplexé,  et ça c’est par contre … Ce n’est pas nouveau, la haine, la répression des femmes : il suffit de voir Boko Haram, c’est ce qu’il s’est passé. L’enlèvement, l’esclavagisme, et puis tuer des esclaves… ça n’a aucun sens, si ce n’est de servir comme instrument de peur, pour bien montrer : « écoutez, si vous n’écoutez pas, je vais aller jusque-là »…

Ça fait peur, et ça marche très bien! D’ailleurs la plupart des femmes le savent très bien, c’est à leur risques et périls si elles sortent la nuit, si elles sortent dans des endroits considérés comme des lieux majoritairement pour les hommes, mais eux le savent très bien, nous sommes toujours dans ce monde-là, toujours dans un monde qui ne nous appartient pas. L’espace public est toujours un monde dangereux et privé.

Il ne faut pas oublier qu’une fille, une femme sur trois va subir un très haut taux de violence dans ce qui est considéré comme une sphère protégée qui est la famille. Or, on sait très bien que les premières agressions viennent d’abord de proches.

Marian, rebelle du genre.

C’est ce que les féministes ont toujours analysé et dénoncé. et on en est encore, toujours à devoir reprouver , revenir avec ces analyses et toute cette masse de travail théorique qu’on a fait, qui a été complètement dénigrée et qui disparaît de plus en plus, même dans des  sphères dites “scientifiques” que sont les milieux académiques et universitaires.

Et c’est ça qu’on provoque. On n’en est encore qu’au tout début de la remise en question du patriarcat.

Tu témoignes aujourd’hui sous ta réelle identité, pourquoi? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as déjà été mise en danger ou est-ce que tu as perçu un danger pour toi ou pour ton entourage? Ou est-ce que, au contraire, tu te sais en  sécurité pour parler librement de ce sujet?

Je dois dire que depuis que je suis petite, je ne me suis jamais sentie en sécurité, jamais… Donc pourquoi j’ose? Mais parce qu’en fait, les personnages que je lisais quand j’étais enfant,  c’étaient ces personnes qui osaient… Et j’ai toujours eu cette notion d’urgence, qu’il n’y a pas de temps à perdre. Je choisissais des personnages qui disaient ça, aussi et je trouvais ça tellement vrai.

Ne rien faire, c’est laisser faire.

Marian, rebelle du genre.

Très tôt, j’avais compris ça et j’avais compris aussi qu’on obtenait du résultat à se révolter, à exiger des choses, a demander.  Si c’était structuré, bien pensé, etc.

Mais ce sont des stratégies qu’on développe déjà enfant.

Moi, enfin, je développais déjà des stratégies de défense. J’étais un enfant très renfermée, et ça m’a permis de me protéger, par exemple je n’ai jamais vécu mes attirances enfant, adolescente, parce que je savais que c’était dangereux. Et j’ai bien eu raison, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle je suis partie à 19 ans. Je savais que d’autres personnes avant moi avaient réussi à le faire, à trouver un job, à partir, donc c’est ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais retrouvée à la rue, mais oui j’ai dormi avec un manteau parce que je n’avais pas de quoi me chauffer. J’étais dans une mansarde où il n’y avait même pas de quoi préparer à manger, c’était comme ça…Et c’était pas le 19e siècle, je parle de la fin des années 70, début des années 80, donc ce n’est pas si vieux que ça. 

Et si c’était à refaire, je le referai parce que c’est ce qui m’a sauvée. J’ai connu beaucoup de solidarité.  J’ai connu plus de solidarité que de répression à partir du moment où j’ai pris ma vie en main, c’est-à-dire quand, en tant que jeune adulte, je suis partie.   et je ne suis pas la seule. C’est vrai que ça aidait beaucoup de savoir qu’on n’est pas la seule, même si à l’époque j’étais très isolée et que je pensais être seule au monde. On a toujours l’impression qu’on est seule. C’est vrai que on n’est pas beaucoup, pas très nombreuses, mais avec le temps et avec ce qu’on fait, on découvre d’autres comme nous puisque, théorie au moins, on sait qu’on ne peut pas être la seule, ce n’est pas possible. 

Alors, la répression, oui, je n’ai toujours connu que ça : en tant qu’enfant, on me remettait à ma place. Il y a 1000 façons de le faire. Je voyais bien les libertés que mes frères avaient et que ma sœur et moi, n’avions pas du tout. Moi, j’étais la plus révoltée des deux, donc j’ai pris les premiers coups… et tous les coups! La censure, je connaissais. Mais ça ne m’a pas empêché de fuir, de partir et d’oser, de dire. Il ne faut pas avoir peur de le faire. Parce que, comme disait Audre Lorde : “Your silence will not protect you”, “Votre silence ne vous protégera jamais”. C’est un état de fait. C’est une féministe noire lesbienne qui le dit. Or, elle, avec les sur-discriminations qu’elle a subies, savait vraiment de quoi elle parlait. Alors osons, osons le faire, osons le dire … et nous en sommes toujours là. Nous ne sommes pas seules, au contraire, nous sommes des mouvements très très forts. D’ailleurs, ce podcast, cette série que vous lancez, est extraordinaire parce que ça permet des débats, de les enregistrer, de les faire connaître. Ce sont des outils puissants qui montrent à quel point nous sommes en contrôle avec nos moyens et que nous gérons nos espaces.  Et qu’il faut le faire, c’est la seule manière. Parce que les autres espaces, nous perdons énormément de temps à prouver, à pouvoir prendre un petit peu de place. Même s’il faut être partout, il faut toujours être en  contrôle d’une majorité d’outils aussi. Nous n’avons pas le choix  : nous devons les créer nous-mêmes. Et ce n’est pas terrible, ça nous permet de développer énormément de créativité, de découvrir la solidarité, et d’autres qui,  comme nous, se battent un tas de niveau, donc c’est magnifique.

Ce sont des énergies très très fortes. Et ce n’est pas additionnel, ce sont des énergies en spirale énormes!  

Autant, moi j’ai connu des mouvements de libération féministes et lesbienne … J’ai eu cette chance-là, c’est un miracle! Parce qu’il y en a qui vont vivre de longues décennies sans les connaître, il y a des pays où ce n’est même pas envisageable donc, quel miracle, c’est magnifique !

Pourquoi  sous mon identité?

Le problème ce n’est pas moi, c’est cette société, ce sont ces masculinistes, ce sont ces complices des masculinismes qui sont de vrais problèmes, pas nous!

Donc, c’est cette société qui doit changer et pas nous. Nous, on est très bien comme on est.

Marian, rebelle du genre.

Pourquoi témoigner?

Également parce qu’on est dans une période qui enjolive l’exploitation des femmes et ça, c’est aussi un point que je voulais absolument développer.

Actuellement, par exemple, dans la prostitution, qui est une violence extrême contre les femmes, il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes, la majorité, si ce n’est la totalité, se prostituent parce qu’elles ne trouvent pas d’autre job, ou parce que ça leur a été imposé. Une violence et une violence.

De même, la “femme éternelle” sous son lipstick, si elle n’a pas le choix d’être qui elle est, c’est une violence. Donc une beauté peut cacher des violences bien plus graves. On est un peu là-dedans, dans les milieux queers (pas tout le monde dans ces milieux) qui vont enjoliver quelque chose qui est en fait une violence. Un système de violence, ça on ne peut pas accepter, c’est un retour en arrière. 

Nous sommes aussi dans un retour en force des  binarisme, contrairement à ce que des mouvements trans ou queer prétendent, certaines tendances.

Ce qui m’a beaucoup fait rire, parce que je ne parvenais pas à y croire la première fois que j’en ai entendu parler : il y avait un atelier “pour les nuls” pour apprendre à devenir un homme ou une femme. Il faudrait savoir :  si on est né comme ça, ou soit disant « pas dans le bon corps » , pourquoi il faut apprendre un accoutrement, des attitudes prétendument masculines ou féminines ? Ou ça existe, et c’est naturel, où ça ne l’est pas ! Si ça ne l’est pas, vouloir apprendre ça , mais c’est absurde ! On est dans une période politique hallucinante où des mouvements, qui se disent politiquement corrects, disent  une chose … et son contraire. Donc reprennent un discours patriarcal complètement oppressant, en prétendant faire l’inverse de ce qu’ils prétendent dénoncer ! 

Et c’est ça aussi, ce qui a été imposé à des enfants intersexes, enfin que l’on appelle comme ça. 

Être un enfant intersexe, ça veut dire quoi ? C’est un petit être  qu’on va torturer, c’est-à-dire qu’on va lui faire des opérations mutilantes, pour que cet enfant ressemble à une des deux catégories, garçon ou fille, et y reste. Et à l’adolescence, avec le développement d’un corps qui peut décider de se développer de manière non prévue par cette société normative, le bistouri ne suffira pas. On va commencer à bourrer cet enfant d’hormones, les dossiers médicaux vont souvent disparaître. Ce sont des êtres qui étaient sans aucun problème médical et qui vont se retrouver à l’état adulte ou jeune adulte avec des complications médicales terribles. Cette réalité médicale dans laquelle nous sommes toujours, qui est extrêmement mauvaise pour ces enfants, ne peut pas être bonne pour des enfants qu’on appellerait trans. Parce que reprendre un bistouri, ce qui est une grande violence, pour que ces enfants “trans”, soi-disant correspondent à une catégorie … quoi? La nature se serait-elle trompée ? Mais une nature, ça ne se trompe pas. Ça existe en soi. C’est une société qui se trompe, ou un être humain, mais pas la nature! 

Or on est là dans un système d’explication idéologique qui essaierait de nous faire croire qu’il y aurait des erreurs dans la nature qu’il faut alors corriger, par des êtres humains, qui sont des êtres pensants et relatifs!

Marian, rebelle du genre.

Voilà, c’est une violence parmi d’autres. Ce qui est hallucinant, c’est que ça marche! C’est que c’est imposé, et banalisé. 

 Ce qui est intéressant, par contre, c’est qu’un tas d’êtres, qui sont passés par là, ont décidé de remettre ça en question, donc des personnes qui ont décidé de transitionner, pensant que leur corps était mauvais, ou  leurs pensées, et ont décidé de faire marche arrière. On parle là de détransition , ou de post-transition.  Et bien c’est tabou, on ne peut pas en parler.  

Donc on pourrait être hétéro puis devenir bi ou lesbienne puis redevenir hétéro. Par contre, non, trans, on serait une chose, puis on est trans… Mais on ne peut pas détransitionner… et pourquoi pas?  Qui a décidé ça?  Donc on est dans des  identités qui seraient soi-disant naturelles puis ne le sont plus, c’est-à-dire qu’on va opérer, mettre un tas d’hormones et de cocktails chimiques extrêmement graves et peu contrôlés médicalement, et là, prétendre que c’est naturel! Mais étonnamment, on est dans ce monde-là.  Qui dit une chose et son contraire.  Et d’ailleurs, je vais rassurer beaucoup de personnes et beaucoup d’activistes, on est déjà en train de faire marche arrière.  Il y a déjà un pays qui en train de largement faire marche arrière grâce une personne qui a détransitionné en Grande-Bretagne : une jeune lesbienne au départ qui a décidé de transitionner pour devenir un garçon, l’a donc décidé adolescente …  Et à 19 ans, a  décidé de faire un procès au système de welfare britannique… qui a perdu le procès. Donc le welfare a décidé de faire marche arrière par rapport à la transition d’enfants et d’adolescents/adolescentes. Et ça c’est très intéressant. Et je peux vous rassurer donc nous on a organisé une conférence à ce niveau-là avec des personnes détransitionneuses qui, elles, ont confirmé qu’elles avaient un public des dizaines de milliers de personnes dans le monde qui ont déjà fait la démarche, dont les premières générations de personnes transitionneuses, qui ont déjà maintenant 40 ans de vécu et remettent ça en question.

Non, ce ne sont pas des cas divers. Ce sont déjà de véritables phénomènes qui sont niés, déniés de pouvoir parler de leur démarche. Et ça, c’est hallucinant. C’est d’une violence extraordinaire.

Donc pourquoi est-ce que je me tairais? Mais il ne faut pas se taire au contraire, parce qu’il y a un tas de pauvres êtres qui, comme nous, se sont rendu compte : “Tiens, il y a un problème social”.  Mais ce n’est pas vous le problème. Vous êtes cet être neutre, magnifique en soi. Peu importe comment vous êtes constitués, moléculairement, morphologiquement. Vous êtes neutres, vous êtes magnifiques. C’est une société qui va décider de l’inverse. Donc le problème ce n’est pas vous : c’est la société de laquelle vous êtes issu malheureusement. C’est cette société, cette civilisation qui est problématique. Et il faut le dire et clamer haut et fort. Voilà. 

Et donc ce podcast, c’est extraordinaire. Il faut oser, il faut le faire!  il faut dire… comme on l’a toujours fait.

Donc voilà pourquoi je parle, pourquoi à visage découvert : parce que je n’ai rien à cacher, au contraire! Je ne vois pas pourquoi moi, je devrais me mettre dans un placard, qui est en fait un ghetto préparé par un système hétéro-patriarcal violent. Il n’en est pas question.

Donc oui, à visage découvert.

Merci Marian. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Ce qui m’avait beaucoup touchée, c’était ce petit être, je ne savais pas si c’était un garçon ou une fille, qui était venu très silencieux/silencieuse. Et ça m’avait vraiment fortement touchée.

En réalité, j’avais déjà entendu cette personne en interview et  au fil du parcours je me suis dit : “Mais je connais, je connais”. Je connaissais visage. Donc je l’ai re-rencontrée et en réalité, c’était une personne, donc une lesbienne, qui avait transitionné vers garçon. Et ça m’avait fort touchée parce que je me reconnaissais dans cette personne, qui cherchait à être neutre, et ne parvenait pas à l’être.

Il y avait tout ça dont je m’étais rappelée depuis l’interview à l’époque (parce qu’à l’époque elle était en transition, je dis “elle” parce qu’elle a décidé de détransitionner et d’être de nouveau “elle” et c’est un choix politique, quand je dis “elle”), et c’était tout son parcours, tout son questionnement, qui m’a beaucoup interpellée.

Je me dis qu’il faut vraiment en parler, absolument. Pour montrer qu’il y a d’autres choix possibles.

Marian, rebelle du genre.

Et c’est vrai que nous avons eu beaucoup de discussions, elle m’a dit : « c’est vrai, si j’avais connu un mouvement politique tel que celui que toi, tu as connu, dans les années 80, 90, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Et ça, ça m’a fait très mal. Parce que je me suis dit : “là c’est quand même grave”. On n’est plus censés être obligés de ne pas pouvoir être qui on est, dans une société qui prétend avoir fondamentalement changé à ce niveau-là. Eh bien ce n’est toujours pas le cas. Et au contraire, avec (malheureusement) le progrès technique et médical et ça c’est une personne intersexe et activiste  qui le disait haut et fort, donc le malheur, c’est que maintenant, ce qui n’était pas possible, l’est. Et on peut, avec des bistouris, des cocktails chimiques extrêmement mutilants et graves pour la santé humaine, malheureusement faire ça!

Moi aussi, je ne suis pas, comme la plupart des êtres humains, 100 % dans une catégorie.

Ce qui m’a sauvée c’est que pour  ma mère, il n’était pas question de dépenser de l’argent pour des frais médicaux.

Ma sœur a pris des coteaux hormonaux dans l’adolescence, moi pas. Je n’avais pas des règles régulières, pendant des mois je n’avais rien, donc  j’étais  un peu intersexe.

Mais à l’époque, heureusement, ça m’a sauvée puisque ce n’était pas très connu, ça m’a vraiment sauvée! Mais il ne faut pas demander : si j’avais été moins typée pour entrer dans la “petite boîte du dessous”, j’aurais subi un tas de violences en plus. Et là, j’en étais très consciente avec le cas de cette personne que j’ai rencontrée, et qui est devenue plus proche. Ca, je voulais le dire. C’est plus qu’une anecdote, c’est vraiment quelque chose qui m’a fait comprendre l’urgence qu’il fallait absolument redire haut et fort ce qui ne va pas dans cette société. Qu’il fallait osé le faire.

D’un autre côté, ce qui m’avait un peu décontenancée lorsque j’ai fait ce panel sur la détransition, c’était quand même l’absence d’esprit critique actuel, que je constate aussi dans mes parcours.

Oui ce qui m’étonne beaucoup, c’est que dans les personnes détransitionneuses certaines s’appellent post-trans et non pas dé-trans, et il y a plus qu’une nuance dans le terme. 

Dé-trans, c’est que vous reconnaissez, qu’il y a un passage, c’est un cheminement. 

Post-trans, ça veut dire que vous êtes passé à autre chose… ou pas!

Entre les deux termes, vous le prenez, soit c’est un cheminement comme un autre, pourquoi pas. Donc vous remettez fondamentalement en question le fait d’être passée par là, il n’y a pas de reconnaissance politique des violences (ou sociologique, peu importe, selon de quel angle vous voulez le prendre), mais ça, ça ne va pas. Ou ça va, ou ça ne va pas. Quand un phénomène est en réalité un mécanisme de violence, il faut avoir l’honnêteté de le dire.  Et il faut aussi, à un moment donné, pouvoir dire « j’ai fait une erreur, un choix. Si c’était à refaire, je ne le referai pas. Il faut avoir le courage de le dire. Moi, il y a des choix que je ne referais plus et je le dis. Et je le développe, il n’y a pas de honte à avoir, c’est simplement un état de fait. Ça permet à d’autres de ne pas devoir repasser par là. 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Oui, je reviens toujours à la même chose : il est absolument impératif, et pour nous, c’est la grosse lutte de ce siècle, il faut que ça réussisse, c’est de faire reconnaître, dans ces termes-là, j’insiste (!), l’oppression des “femmes” par les “hommes”. C’est une créaton structurelle d’une société établie sur un double binarisme qui est  un manichéisme, “homme/femme”… Et oui, l’hétérosexualité, l’hétérosexuation, c’est une contrainte. Il n’y a rien de naturel là-dedans. C’est tout un système social qui est bâti autour de ce double édifice, il faut avoir le courage d’étudier, sous tous les angles, ces mécanismes-là. 

Parce qu’ils sont intrinsèquement liés l’un à l’autre. 

L’un sert à justifier l’autre, et à le renforcer.



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Nous remercions Marian pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Louise, rebelle du genre.

Bonjour, ce n’est pas moi qui lis mon témoignage.

Mais bon, si c’était moi, je vous dirais que je m’appelle Louise, que j’ai 23 ans, que je suis étudiante et que je viens de la région parisienne.

Petite, j’étais « garçon manqué ». Je détestais mon corps et je voulais devenir un garçon.

Louise, rebelle du genre.

J’avais toujours trouvé que j’étais différente des autres enfants, comme en décalage. J’ai été victime de harcèlement scolaire. Puis, vers mes 12 ans, j’ai vraiment appris à aimer mon corps et j’ai aussi rencontré d’autres filles qui me ressemblaient. Puis, j’ai eu 15 ans et j’ai développé des troubles du comportement alimentaire.

Vers la vingtaine, j’ai été victime de violences sexuelles.

Et, très récemment, que j’ai été diagnostiquée TSA. C’est une forme légère d’autisme.

Louise, rebelle du genre.

Au début de mon parcours féministe donc, à la fin du lycée, j’étais plutôt une féministe libérale. Une femme hétéro qui soutenait les droits des transsexuels (on dit transgenres aujourd’hui…) que j’assimilais à ceux des homosexuels et ce, même si je me posais des questions quand je voyais des enfants très jeunes comme Jazz Jennings prendre des hormones. 

J’ai commencé à suivre des groupes comme les Femens et à me dire que OUI! On pouvait être un homme et aimer mettre des robes sans vouloir changer de sexe… À la fac, j’ai été traitée de TERF alors que je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! Et progressivement, je suis devenue radfem (féministe radicale).

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ? Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ?

Cette idéologie est dangereuse pour plusieurs raisons. D’abord, elle invisibilise le mouvement du féminisme et les problématiques strictement féminines. Ensuite, elle force les enfants à entrer dans des cases et à se mutiler physiquement. Elle est aussi dangereuse pour les droits des homos. Je pense à ces femmes lesbiennes qui sont agressées sexuellement et violées, et sur qui on pratique des thérapies de conversion, à qui on explique qu’elles doivent aimer les pénis et que si, en tant que lesbiennes, elles n’aiment pas les pénis, elles ont un problème (d’où mon allusion aux thérapies de conversion)… Elle est aussi dangereuse parce que les TRA (les transactivistes), défendent aussi la prostitution et la pornographie qui sont étroitement liées à tout ça.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage (pro, perso, peur pour tes proches, etc.), ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?

Je témoigne de façon anonyme. Je n’ai jamais vraiment subi de menaces mais bon, je suis un master pour devenir enseignante et plusieurs de mes camarades (dont une femme transidentifiée, donc une femme se ressentant « homme ») sont vraiment très proches du transactivisme. 

Tout ce petit groupe pourrait d’ailleurs se retourner contre moi.

Le transactivisme est vraiment très présent dans les milieux universitaires et, je vous avoue que cela m’inquiète.

Louise, rebelle du genre.

Ce même groupe a d’ailleurs fait une bibliographie à destination des élèves du collège dans lesquels ils ont mis des BD comme « assignée garçon » ou « appelez-moi, Nathan »… Ce sont des bandes dessinées qui font la promotion du transactivisme.

A la rentrée du master, on a aussi eu une conférence sur les enjeux de l’éducation sexuelle à l’école. Un des étudiants a demandé « Comment fait-on s’ il y a, parmi nous, des élèves trans ou non-binaires? » et notre formateur a expliqué que l’Education Nationale avait l’obligation, entendez bien, l’obligation d’accompagner les enfants et leurs parents dans leur « transition ». 

J’ai donc également peur d’avoir des problèmes futurs au niveau professionnel si je m’oppose à la transition d’élèves. D’enfants mineur.es, donc.

Louise, rebelle du genre.

Je crois que si, par exemple, une petite fille venait me dire qu’elle veut changer de sexe et qu’elle se sent « garçon », j’essayerais déjà de ne pas la brusquer, j’essayerais de l’inviter à réfléchir et à prendre son temps. Je lui parlerais, certainement, de mon propre vécu et je lui poserais des questions comme « Qu’est-ce que tu trouves si bien chez les garçons ? ». D’autant plus que la dysphorie, je ne sais pas si vous êtes informés mais… Elle peut être un symptôme de l’autisme. (Enfin, bon…)

Bref, je sais que je peux être traitée de « transphobe » ou de « TERF » rien que pour avoir dit ça.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Sur les réseaux, une personne trans a fait des sous-entendus sexuels sur moi parce que j’ai critiqué l’idéologie trans.

Une autre m’a attaquée en messages privés et m’a dit :

« tu es hétéro, tu suces des queues, tu n’as pas ta place dans le féminisme » alors que j’ai été victime de viol!

Louise, rebelle du genre.

Je suis membre d’une petite association étudiante et un de nos membres, un homme hétérosexuel, a fait son coming-out en tant que « femme trans non-binaire ».

Il n’a rien changé à son apparence physique, il a de la barbe et s’habille avec des vêtements très masculins (il porte juste des hoodies roses de temps en temps).

Du jour au lendemain, il exigeait de se faire appeler « Présidente » au lieu de « Président » de l’association. 

Il utilisait un pseudonyme féminin américain et, en plus, il votait aussi pour le RN (le Rassemblement National). Heureusement, il a fini par démissionner de son poste en accusant les autres membres de « mégenrage ».

Je trouve ça révélateur que selon certains activistes, un homme hétéro…

Excusez-moi, je prends le temps parce que…

Donc, un homme hétéro, puisse se dire « femme », voir « lesbienne », sans ne rien changer à son apparence (et donc potentiellement, puisse accéder aux espaces réservés aux femmes).

Potentiellement, tout nous prendre : nos droits et nos espaces, nos voix et nos réalités.

Nous remercions Louise pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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Mercie les femmes!

Maria, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Maria, j’ai 26 ans, je viens de Belgique. Je suis féministe radicale et médecin.

Maria, rebelle du genre.

Maria, ce n’est pas mon vrai prénom, j’ai choisi ce prénom en hommage à Marie Curie qui s’appelait en réalité : Maria Skłodowska.

Je suis aussi la personne derrière le compte Instagram Le Cahier des Invisibles donc, si vous voulez me contacter, vous pouvez me joindre par message privé.

J’ai le sentiment d’avoir toujours été critique du genre ou… Abolitionniste du genre.

Depuis que je suis enfant, ça m’a toujours paru absurde que le rose soit pour les filles, le bleu pour les garçons ou que les filles ne jouent pas au foot et les garçons ne jouent pas aux poupées.

J’ai toujours pensé que, finalement, chacun a une personnalité qui correspond ou ne correspond pas aux stéréotypes de SEXE et, qu’on serait quand même tous beaucoup plus libres si nous ne devrions pas correspondre à ces stéréotypes.

Maria, rebelle du genre.

Ensuite, j’ai entendu parler des personnes transgenres et mon premier réflexe a été de me dire que ces personnes étaient des victimes collatérales du sexisme et que c’étaient des personnes qui ne se retrouvaient pas dans les stéréotypes collés à leur sexe et que, peut-être, pensaient-ils être plus libres en changeant de sexe (même si, ce n’est pas possible de changer de sexe). En tout cas, si elles se faisaient passer pour le sexe opposé pour être plus à l’aise, pour ne pas être perçus comme des hommes non virils ou des femmes perçues comme insufisamment féminines.

Donc, au départ, je me disais “C’est triste”. C’est tout ce que j’en pensais.

Je me disais que ces personnes devaient certainement adhérer au sexisme vu qu’une femme c’est “comme ça” et qu’un homme c’est “comme ça”…

Ensuite, j’ai été introduite au milieu LGBT car, moi-même, je suis lesbienne. J’ai donc rencontré d’autres personnes homosexuelles ou bisexuelles puis, des personnes transgenres aussi.

Au départ, j’avais énormément de mal à accepter que ça puisse être “progressiste” d’encourager quelqu’un à changer son corps, son physique, pour correspondre à ce que la société attend de lui ou d’elle. Mais tout le monde avait l’air de trouver ça normal de détester son corps et de vouloir le changer du tout au tout… Donc, j’ai fini par accepter cette idée. Notamment, car j’ai écouté des personnes transgenres et que je me disais que si ça pouvait les aider à se sentir mieux, si elles sont… Comment dire?

Je pensais que les personnes transgenres étaient profondément sexistes et “traditionnelles” au niveau des rôles, mais en pratique, je me suis rendue compte que beaucoup de gens transgenres sont, peut-être un peu, entre les deux rôles de sexe. Et je me suis dit que finalement, ce n’était pas exactement ce que je m’imaginais, que ce n’étaient pas que des personnes qui pensent que les hommes doivent être virils, ou que les femmes doivent être féminines, peut-être qu’ils ne sont pas aussi traditionalistes que je ne l’imaginais.

Et donc, je me suis un peu ouverte à cette idée que… Oui, peut-être… La notion de transidentité est acceptable.

Puis, aussi, il est vrai que j’ai entendu parler des “TERFS”, de ces personnes qui n’acceptent pas les personnes transgenres et qui sont féministes. Des personnes qui n’acceptent pas l’idée que l’identité de genre existe, etc. Moi-même, j’avais du mal avec ce concept d’identité de genre mais j’ai bien compris que les méchantes de l’histoire c’étaient les “TERFS”, et qu’il ne fallait surtout pas que je sois comme elles!

Progressivement et insidieusement, j’ai remarqué que j’adhérais de plus en plus à ces idées… aux idées des transactivistes…

Maria, rebelle du genre.

Au même moment, je faisais mes études de médecine et, ce qui nous était appris, était que le traitement pour la dysphorie de genre donc : la dysphorie de genre c’est quand une personne ressent un mal être vis à vis de son sexe et aspire à être du sexe opposé.

Et bien, on nous disait que le traitement était d’aller dans le sens de la personne qui est demandeuse/désireuse de changer de sexe et de, du coup, lui donner des traitements féminisans pour les hommes ou, masculinisans pour les femmes. Comme c’était le traitement et qu’il était (apparemment) soutenu par des études qui montraient que c’était la meilleure façon d’améliorer l’état de santé mentale de ces personnes, je me suis dit que non seulement, c’est un groupe extrêmement minoritaire donc je ne voyais pas très bien comment il pourrait menacer le reste de la société rien que par leur existence. Ensuite, visiblement, que ces personnes sont en meilleure santé quand elles suivent un traitement de transition et, enfin, après tout, j’avais toujours cette idée qu’elles étaient plus “victimes” que “menaces” par rapport au patriarcat donc, je ne m’en inquiétais pas plus que ça.

Pendant toute la durée où j’ai été transactiviste (car j’ai moi-même été un petit peu transactiviste), je me posais énormément de questions et à chaque fois que j’avais une idée entre guillemets “TERF”, je me disais qu’il fallait que je déconstruise ma transphobie, je pensais que j’avais tort et j’avais honte.

Je n’osais en parler à personne autour de moi et j’allais en cachette sur Redit, sur les forums de féministes radicales et je lisais ce qu’elles disaient et je me disais que j’étais complètement en accord mais, en public, j’étais une “bonne” féministe. C’est-à-dire que je disais “Les femmes trans sont des femmes” alors qu’en cachette…

Pendant 2 ans, j’ai été en pleine dissonance cognitive, je disais le contraire de ce que je pensais MAIS, je pensais faire le bien.

C’est pour ça que j’ai fait ça.

Maria, rebelle du genre.

Puis, ça a été progressif, événement après événement…

J’ai entendu qu’un refuge à Vancouver a perdu le financement de la ville parce qu’il n’accueillait pas les femmes transgenres… Alors que c’était un refuge pour femmes qui s’occupait, entre autre, de femmes qui ont été victimes de prostitution et de viols!

Là, je me suis dit que ça allait tout de même très loin!

Je pensais que les personnes transgenres étaient des personnes qui voulaient simplement vivre leur vie de leur côté sans nécessairement avoir d’influence sur les droits des femmes et là, je me suis rendue compte que les droits des femmes étaient menacés.

C’est ça qui m’a fait peak trans, comme on dit. C’est ça qui m’a mené au point de non-retour.

Je me suis dit que ce n’était plus possible, que je ne pouvais plus soutenir ça et non seulement je ne pouvais plus soutenir ça mais, je ne pouvais plus me taire non plus.

Je me suis  donc révélée “TERF” publiquement.

Maria, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits pour les enfants, pour la société ou pour la démocratie?

Je pense que cette idéologie est une menace pour les femmes car, tout d’abord, elle repose exclusivement sur le sexisme donc, elle repose sur l’idée qu’il y aurait des hommes avec un cerveau de femme et des femmes avec un cerveau d’homme et que, ce cerveau de femme aime le rose, les paillettes, les jupes,…  Et un cerveau d’homme, c’est un cerveau qui aime les armes, les voitures et la bière.

C’est profondément sexiste.

Si nous acceptons le concept de la transidentité dans la loi, comme c’est déjà le cas dans beaucoup de pays, et bien on ancre définitivement l’infériorité des femmes dans la loi et aux yeux de l’État et… je trouve ça… extrêmement inquiétant.

Vous pouvez regarder par vous-même les critères diagnostiques de la dysphorie de genre dans ce qu’on appelle le DSM-5, qui est le manuel qui répertorie toutes les maladies mentales, et si on regarde dans la section dysphorie de genre,  les critères diagnostiques pour la dysphorie de genre chez l’enfant, la majorité repose exclusivement sur des stéréotypes sexistes!

Maria, rebelle du genre.

Par exemple : avoir des amis du sexe opposé ou préférer jouer avec les jouets traditionnellement associés au sexe opposé.

Pour les garçons, préférer rester assis  et faire de la peinture et, pour les filles, préférer jouer dans les arbres…

Il y a aussi le fait de préférer les vêtements traditionnellement associés au sexe opposé et, enfin, le fait de jouer le rôle d’un  enfant du sexe opposé dans les jeux d’enfants, les jeux de rôles…

Tous ces critères-là, ce sont des critères diagnostiques pour la dysphorie de genre.

Ce qui veut dire qu’un enfant, petit garçon ou petite fille, s’il ne correspond pas exactement aux stéréotypes sexistes est considéré comme malade, comme ayant une pathologie mentale et qui se soigne comment?

Par la transition médicale.

Maria, rebelle du genre.

C’est-à-dire, pour des enfants, la stérilisation définitive.

Donc là oui, effectivement! Je pense que c’est une grande menace pour les femmes car c’est une façon de dire que, nous les femmes, ne sommes  que ces stéréotypes qui existent dans la tête des hommes.

Mais aussi pour les enfants qui ne correspondent pas exactement à  ce qu’on attend d’eux et qui sont donc envoyés vers des traitements médicaux irréversibles alors qu’ils sont tout-à-fait normaux.

Parmi les enfants qui font des parcours de transition, on a remarqué qu’il y avait une disproportion d’enfants qui sont soit homosexuels soit bisexuels ou aussi, autistes.

C’est aussi non négligeable.

Dans le cas des enfants homosexuels ou bisexuels, il est assez facile de supposer que c’est parce qu’ils ne sont probablement pas très à l’aise avec leur sexualité et qu’il serait plus simple pour eux d’être du sexe opposé, pour  pouvoir tomber amoureux de quelqu’un du même sexe qu’eux…

C’est, au final, une forme moderne de thérapie de conversion.

Maria, rebelle du genre.

Pour ce qui est des enfants autistes, nous n’avons pas exactement déterminé la cause de cette corrélation entre autisme et dysphorie de genre, mais elle a déjà été observée dans différents pays occidentaux qui font des études à ce sujet.

Je pense notamment aux Etats-Unis et à la Grande Bretagne où plusieurs hypothèses ont été émises.

Mais ce qui me semble certain et qui est, pour moi, assez évident,  c’est que ces enfants autistes ne sont pas correctement pris en charge quand on les précipite vers la stérilisation, vers des traitements hormonaux à vie, vers différentes opérations nécessitant souvent des réinterventions parce qu’il y a des complications.

Je pense que le mépris qu’on a pour les personnes autistes dans notre société fait qu’on ferme les yeux sur ce phénomène qui devrait inquiéter tout le monde!

C’est un problème de santé publique, ce n’est pas normal que les enfants autistes et, particulièrement, les filles autistes, soient sujettes à des traitements expérimentaux et dangereux et qui ne visent pas à réellement améliorer leur état de santé!

Je pense que l’idéologie transactiviste est aussi dangereuse pour les droits humains, notamment pour la liberté d’expression.

Il y a de plus en plus de pressions faites aux législateurs pour pénaliser la non-reconnaissance de l’identité de genre de quelqu’un ce qui pourrait, par exemple, pouvoir dire qu’on ne peut pas  appeler un homme “Monsieur” ou une femme “Madame” sous peine d’être accusé d’actes transphobes.

Vous ne pourrez pas dire simplement qu’un homme n’est pas une femme et qu’une femme n’est pas un homme.

Il me semble que là, nous pouvons nous inquiéter pour nos droits qui ont été durement acquis comme, la liberté d’expression.

Car l’idée qu’un homme est une femme ou qu’une femme est un homme, c’est une croyance et non une réalité.

Si on peut nous contraindre à dire des choses auxquelles on ne croit pas, à adhérer à une croyance à laquelle on ne croit pas, alors, peut-être qu’il y a d’autres domaines où on pourrait nous empêcher de nous exprimer, d’autres choses sur lesquelles nous pourrions être censuré.es?

Cela va au-delà du féminisme.

C’est vraiment une question humaine!

Enfin, je dirais que l’idéologie transactiviste est une menace pour la médecine en tant que profession et pour la recherche scientifique.

Maria, rebelle du genre.

Récemment, par exemple, en France, on a passé une loi qui interdit les thérapies de conversion pour les homosexuels, mais aussi pour les personnes transgenres. Ce qui veut dire qu’un médecin pourrait être poursuivi pour avoir tenté de modifier l’identité de genre d’une personne.

Alors, je ne suis pas juriste, je ne sais pas exactement quelle conséquence cela pourrait avoir sur les soignants,  mais je me pose la question :

Si je suis médecin et que j’ai un homme qui me demande des oestrogènes pour entamer une transition vers un simulacre de sexe féminin, est-ce que je serais contrainte de lui fournir ce traitement sous peine d’être accusée de transphobie ou de thérapie de conversion? D’avoir tenté de changer l’identité de genre de cet homme et d’en avoir fait un homme alors qu’il prétend être une femme? Ou vais-je être libre de lui refuser ce traitement?

Et si je ne suis pas libre de lui refuser ce traitement, est-ce que cela pourra s’appliquer à d’autres domaines de la médecine? Car, il n’est pas rare que des patients demandent des traitements qu’ils pensent nécessaires pour eux, mais qui ne le sont pas nécessairement ou qui peuvent carrément être dangereux pour eux et qu’en tant que médecin et prescripteur, nous avons la liberté de ne pas prescrire certains traitements quand nous estimons qu’ils ne sont pas indiqués.

Aura t-on encore cette liberté dans les années qui viennent concernant la transidentité et les traitements de transition? Je n’en suis pas certaine.

Et, bien sûr, pour la recherche scientifique,  c’est aussi un énorme problème.

Il est devenu de plus en plus compliqué de faire des études pour savoir si, oui ou non, la transition médicale est bénéfique pour le traitement de la dysphorie de genre.

Aujourd’hui, le consensus est que le traitement de la dysphorie de genre c’est la transition médicale, mais peu d’études montrent réellement 2 groupes avec un groupe qui serait un groupe “contrôle” (où les gens atteint de dysphorie n’auraient pas de traitement de transition), et un autre groupe où les gens atteint de dysphorie de genre seraient traités par la transition afin de comparer (enfin) lequel des 2 groupes présente des symptômes dépressifs, anxieux et autre.

Vu qu’aujourd’hui on nous dit qu’on ne peut pas laisser une personne demandeuse d’hormones ou de chirurgies sans traitement, il devient très compliqué de comparer ces 2 groupes : le groupe qui ne reçoit pas de traitement et celui qui en reçoit.

À cause de cela, nous n’avons pas une idée très claire des bienfaits réels de la transition médicale, et il y a de véritables pressions exercées par des personnes transactivistes ou des organisations transactivistes contre les chercheurs qui essaient d’évaluer les bienfaits des transitions de façon objective.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme?

Alors, j’ai décidé de témoigner de façon anonyme pour me sentir tout à fait libre de dire tout ce que j’avais envie de dire. Puis, je ne vais pas vous cacher que je suis de nature timide et qu’il est plus facile pour moi de témoigner de façon anonyme mais, il est vrai que ce n’est pas l’unique raison.

J’ai vu, et tout le monde a vu, comment les femmes qui parlent sans se cacher de ces questions-là…

Nous pouvons citer Marguerite Stern, Dora Moutot ou JK Rowling en Grande Bretagne. Ces femmes sont harcelées et blacklistées…

Évidemment, je ne souhaite absolument pas être traitée de la sorte.

Maria, rebelle du genre.

Ce n’est peut-être pas très courageux, mais au moins, je fais quand même entendre ma voix à ma façon.

As-tu quelque chose à ajouter?

La dernière chose que j’aimerais ajouter, c’est quelque chose que j’aurai pu dire plus tôt mais qui, finalement, mérite peut-être aussi qu’on en parle à part.

Il s’agit de l’autogynéphilie.

L’autogynéphilie, c’est une paraphilie.

Maria, rebelle du genre.

Une paraphilie, c’est une forme de sexualité ou plutôt, une expression de la sexualité qui est atypique et pathologique et qui souvent va nuire soit à la personne qui a cette paraphilie ou à autrui.

Comme paraphilie connue, il y a le masochisme sexuel qui va nuire directement à la personne qui pratique cette forme de sexualité mais aussi, le sadisme ou l’exhibitionnisme qui vont plutôt nuire à autrui et donc,  l’autogynéphilie est une paraphilie également.

On va décrire comme autogynéphile les hommes qui atteignent la gratification sexuelle en s’imaginant être des femmes.

C’est une paraphilie régulièrement fréquente dans la population, on estime qu’elle pourrait même atteindre 3% des hommes et la plupart du temps, les hommes atteint de cette paraphilie vont pratiquer cette forme de sexualité en s’habillant dans des vêtements traditionnellement féminins et ce, en portant parfois des perruques et en faisant des jeux de rôles avec des partenaires où ils s’imaginent être des femmes.

Pour une minorité des hommes qui ont cette paraphilie, celle-ci peut devenir plus envahissante et plus difficile à contrôler.

Certains de ces hommes vont arriver à développer une dysphorie de genre et un rejet de leur corps masculin tellement ils sont attirés par l’idée de “devenir” des femmes.

Ils vont commencer à réellement fantasmer d’avoir une poitrine, une vulve et un vagin…

Et certains arriveront au point de prendre des traitements hormonaux et à subir des interventions chirurgicales pour correspondre à leur idéal féminin qui leur permettrait d’atteindre la pleine gratification sexuelle.

Je parle de l’autogynéphilie parce qu’un grand nombre d’hommes qui se déclarent femmes, qui disent être des femmes, sont des hommes autogynéphiles!

Maria, rebelle du genre.

Différentes études ont pu montrer le lien entre l’autogynéphilie, dysphorie de genre et transsexualisme depuis déjà plus d’un siècle, et c’est quelque chose qui reste assez tabou dans les milieux LGBT.

Je pense que toutes les femmes devraient savoir à qui elles ont affaire quand on parle d’hommes transidentifiés donc, d’hommes qui disent être des femmes.

Je pense que beaucoup de femmes, à tort, pensent que la plupart de ces hommes qui disent être des femmes (qui veulent être des femmes), sont des hommes qui sont homosexuels et qui correspondent (un petit peu) aux clichés qu’on a des hommes homosexuels : des hommes qui seraient non-virils ou trop maniérés.

Et, je pense que beaucoup de femmes (parce qu’elles ont cette image-là en tête des hommes transidentifiés), les perçoivent comme, finalement, inoffensifs pour les femmes.

Ils seraient des hommes homosexuels donc, typiquement, des hommes qui ne vont pas être sexuellement violents envers les femmes.

Et pourtant, la réalité, c’est que la majorité des hommes transidentifiés sont attirés par les femmes.

La plupart d’entre eux sont soit hétérosexuels, soit bisexuels et ils sont des hommes autogynéphiles qui prennent du plaisir à imiter les femmes, à imiter sexuellement les femmes, et qui ont souvent au image assez négative et dégradante des femmes.

Ils vont nous voir comme étant inférieures.

Donc, eux-mêmes, ils vont vouloir correspondre à cette image dégradante et objectivante des femmes.

Il n’est pas rare de voir sur les forums transgenres où il y a plein d’hommes transidentifiés, vous pouvez aller voir par vous-mêmes, qu’ils aiment porter des tenues très sexualisées, qu’ils aiment s’imaginer être dominés sexuellement par des hommes et qu’ils pensent qu’être une femme, c’est ça.

Qu’être une femme c’est être un objet.

Je vais parler vulgairement, mais vraiment : être un trou pour les hommes!

Je pense que lorsqu’on réalise et qu’on connaît l’existence de l’autogynéphilie, on ne peut plus soutenir le transactivisme.

 Je pense que, pour beaucoup de femmes, c’est certainement un point de non-retour.

Maria, rebelle du genre.

Je pense que toutes les femmes, que l’on soit féministe ou pas, conservatrice ou libérale ou qu’importe…

Je pense que, pour nous, c’est une telle atteinte à notre dignité et notre existence de voir des hommes qui prennent du plaisir à jouer les femmes et à faire les “soumises” (comme ils disent)

Je pense que ça peut toutes nous heurter et que ça devrait toutes nous heurter et nous réveiller!

Je vous souhaite à toutes… Un très bon Peak Trans! 

Suivez Maria sur Le Cahier des Invisibles :

https://www.instagram.com/lecahierdesinvisibles/

Nous remercions Maria pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Morgane, rebelle du genre.

Je m’appelle Morgane, j’ai 28 ans, je vis en région parisienne et je suis en reconversion professionnelle après avoir travaillé 13 ans dans le domaine de la coiffure.

Je me suis toujours sentie concernée par les droits des femmes, et j’ai toujours été choquée par ce que vivent les femmes à travers le monde partout.

Le point de départ de mon militantisme a été l’évènement #MeToo; qui m’a vraiment fait prendre conscience de l’ampleur des violences sexuelles.

Morgane, rebelle du genre.

En participant à la manifestation, j’ai senti que j’avais besoin de faire partie de tout ça, j’avais besoin de faire quelque chose, d’expliquer les choses ou de partager des informations.

Je voulais contribuer à faire bouger les choses donc, j’ai participé à cette manifestation avec mon conjoint et ma pancarte, et quand je suis allée à cette manifestation.

Il y avait essentiellement des femmes, bien sûr, et tout de même, pas mal d’hommes. Ils se sentaient (quand même) concernés et puis, une des choses que j’ai aperçue, mais qui ne m’avait pas interpellée plus que ça, c’était l’espace “non-mixité”… Ce qu’ils appellent maintenant, de la non-mixité choisie, c’est-à-dire, de la non-mixité pour femmes, personnes trans et non-binaires.
À l’époque, je n’étais pas du tout dans le milieu. Je n’avais jamais entendu parler de non-binaires ou de trans, j’entendais plutôt parler, à l’époque, plus de transsexuels que de transgenres. D’ailleurs, et comme je n’y connaissais rien, je me suis dit : “Pourquoi pas? Les personnes qui sont suffisamment traumatisées des hommes, je comprends qu’elles aient besoin de s’isoler; qu’elles soient non-binaires ou qu’elles soient femmes, pour moi, ce n’était pas un souci, je ne voyais pas d’inconvénient à ça.

Et puis, aussi, la question de la transsexualité, c’est quelque chose dont je ne parlais pas ou, du moins, qui ne me concernait pas. Je ne connaissais pas donc, pour moi, ce n’était pas un sujet (en fait).

Je ne m’en occupais pas puisque, “ça ne me regardait pas”.

Évidemment, j’avais déjà été choquée de réactions, par exemple, celle d’une ancienne collègue dans un salon de coiffure où j’ai travaillé. Elle avait eu des propos que nous pourrions, à ce moment-là, qualifier de transphobes! Puisqu’elle a eu des propos extrêmement intolérants envers cette personne, c’était “il me dégoûte”, voilà des propos comme cela.

Je lui ai répondu que c’était très intolérant de dire ça et surtout, que cette personne ne lui a rien fait et que, très souvent, ce sont des personnes qui sont mal dans leur peau, essentiellement. Qu’il n’y a pas à se sentir dégoutée ou à les rejeter comme ça, sans raison.

Enfin, je veux dire qu’on avait absolument aucune raison de le faire, d’autant plus qu’on était un salon de coiffure… Nous sommes censées nous occuper des clients quelles que soient leurs origines, leur style vestimentaire ou leur religion.

On a pas de regard à avoir là-dessus.

J’ai trouvé que c’était une réaction assez violente, ça m’avait choquée, je n’ai jamais eu de haine, je n’ai jamais eu de mépris envers ce type de personnes.

Donc du coup, au niveau de mon militantisme, au départ, pour moi, c’était essentiellement axé sur les femmes, parce que, le féminisme, c’est un combat axé sur les droits des femmes! Donc, pour moi, le sujet de la transidentité ou de la transsexualité, n’entre pas en ligne de compte, ça ne fait pas partie de ce combat (de toute façon).

Les premières militantes que j’ai suivies dans le parcours féministe, finalement, étaient essentiellement des feministes dites “radicales”, ce qui m’a permis de ne pas tomber dans le discours de la théorie du genre, pro voile ou pro prostitution.

Morgane, rebelle du genre.

Mais plutôt dans l’inverse, donc j’ai très rapidement été dans l’abolitionnisme du genre, dans l’abolitionnnisme de la prostitution qui, pour moi, est un des sujets qui me remue les tripes le plus fort parce que je n’arrive pas à comprendre comment on peut considérer la prostitution comme quelque chose de parfaitement normal! Surtout quand on connaît les chiffres! Le simple fait de savoir que semble de savoir que 98 % des clients, il me semble, sont des hommes et que 85 % des personnes qui pratiquent la prostitution sont des femmes… Juste ces chiffres-là devraient interpeller en fait!

Enfin, je veux dire qu’on est dans une société patriarcale, misogyne et ces chiffres n’interpellent pas les personnes qui défendent la prostitution… 

Finalement, la question que je me pose est :

À qui ça bénéficie vraiment? Si ce n’est pas aux hommes ?

Morgane, rebelle du genre.

J’étais vraiment dans le féminisme radical dès le départ.

Donc, je n’ai pas eu à baigner dans ce vocabulaire très récent tel que “transgenre”, “cisgenre”, “non-binaire”, “agenre” et tous les autres types de genres qui existent… Puisqu’il y en a bien plus que ça! Je ne sais même pas combien il y en a, d’ailleurs. 

Ce qui m’a amenée, à un moment donné, à aller sur un réseau social qui n’est pas très connu et qui s’appelle “Amino”?

Amino, c’est un réseau social sur lequel on peut créer sa petite communauté, ce sont des personnes qui sont généralement très jeunes, il y doit y avoir des personnes qui ont quoi? 13 ans, je dirais. Donc, une communauté relativement jeune, et forcément, la première chose que je vais faire, c’est d’aller dans une communauté féministe.

En tant que “nouvellement” féministe (on va dire) et radicale, quand je suis allée sur cette communauté féministe, je me suis bien rendue compte qu’il y a quand même des sujets où… Ce n’est pas évident. Que ce soit la prostitution, le voile ou la transidentité…

Ce sont des sujets où tout le monde n’a pas la même évolution du tout et, surtout, ne peut pas évoluer sur le sujet puisque certains discours, comme le discours radical, sont complètement censurés.

Des personnes n’ont juste pas accès à ce discours.

Et pour pouvoir réfléchir, il faut avoir accès à ce discours. Le problème est que personne ne diffuse ce discours (malheureusement).

Alors, je me suis mise dans l’idée de partager ces informations.

De partager des informations, par exemple, sur la prostitution.

De partager des informations sur le conditionnement des hommes et des femmes dans la société dans laquelle on est.

D’essayer, le plus possible, de diffuser un discours plus radical sur cette communauté.

La première fois que je me suis vraiment retrouvée confrontée à, disons, un conflit ayant pour sujet la transidentité, c’est lorsque j’ai voulu faire un blog expliquant le fonctionnement de l’appareil reproducteur et des parties génitales féminines.

Morgane, rebelle du genre.

J’ai fait ce blog où il y avait des explications que j’étais allée chercher à droite et à gauche. Des explications  sur comment fonctionne le cycle menstruel, comment fonctionne la vulve ou comment elle  est composée, et aussi, à quoi ça ressemble… Parce que, l’air de rien, sur une communauté aussi jeune, je me dis qu’il a  de nombreuses jeunes filles qui ne connaissent pas du tout leur corps. Et donc, il m’a semblé essentiel, sur ce blog, de parler de parties génitales féminines des filles et des femmes.

Je me suis retrouvée, sous les commentaires, agressée (dans la façon de s’exprimer), par une jeune fille transidentifiée (qui se considère donc, homme, mais qui est une fille).

Et donc, cette fille m’a vraiment agressée.
 

Tout de suite, c’était : “Ce blog me dysporise. Les images, mon Dieu (!) ça me dysphorise! Je fais un malaise, c’est horrible! Je ne me sens pas bien en voyant les images… Et puis, ton blog, il est trop cis-centré! Il n’y a pas que les femmes qui ont leurs règles, tu ne penses pas aux non-binaires,… !”
Enfin, voilà.

Il y a eu deux personnes comme ça qui m’ont agressé, mais vraiment AGRESSÉE! C’est-à-dire que, moi, à partir du moment où tu viens me parler de manière agressive pour me dire ce que je DOIS écrire, sur un blog qui concerne, pardon, mais… On va dire, quand même, 52% de la population mondiale! Les femmes nous sommes tout de même 52%! … Nous ne sommes pas une minorité!

Le fait qu’on vienne m’agresser comme ça et ce, de manière gratuite, ça m’a tout de suite… Comment dire?

J’ai tout de suite mis une barrière, en fait!

Tu m’agresses, je  ne vais certainement pas aller dans ton sens! Je ne suis pas un paillasson!

Donc, je lui ai répondu, cordialement mais, je lui ai fait comprendre que, d’abord, elle n’avait pas à m’agresser de cette façon-là, que je ne suis pas d’accord avec ce qu’elle me dit et que, dans ce cas-là… Je n’ai absolument aucune obligation d’abonder dans son sens!

Je ne vais pas écrire quelque chose que je ne pense pas, juste parce qu’il ne faudrait pas que je la contrarie.

D’autant plus que j’avais très envie de lui répondre, je ne l’ai pas fait, mais, j’avais très envie : « Si la simple vue d’une vulve, de quelque chose que tu as, te dysphorise et  te provoque  un malaise vagal ou te donne envie de vomir ou de tomber dans les pommes, dans ce cas-là, ce n’est pas moi le souci!

Là, c’est que tu as un problème avec ton corps, et ce n’est pas un reproche que je te fais, c’est juste une réalité, tu as un problème avec ton corps que moi, je ne peux pas résoudre, et moi, je ne vais pas me censurer parce que tu rejettes ton corps !” 

Morgane, rebelle du genre.

C’est lunaire, autrement! Parce que, moi, j’ai la phobie des prises de sang, est-ce que je vais faire un scandale devant tout le monde à chaque fois que je vois une prise de sang à la télé? Non.

Et pourtant, moi, ça me met très mal de voir ça!
 
Voilà. Donc, elle est venue m’agresser en message privé, notamment en me disant des choses complètement aberrantes, notamment que, les femmes, de toute façon, elles avaient beaucoup plus de droits que les trans,  et qu’elles ne vivaient pas les mêmes violences que les trans! Et que nous, on est privilégiées!

C’est à partir de là que je lui ai fait très bien comprendre que j’étais ce qu’ils appellent, une horrible “terf”!

Je lui ai fait comprendre que son jargon ne fonctionnait pas sur moi, et que ce n’était pas la peine qu’elle vienne m’agresser.

D’autant plus que si elle ne m’avait pas agressée de cette façon-là, peut-être que j’aurais consenti à modifier (en y ajoutant des mentions).

C’est ce que l’on attend, par exemple, du planning familial :

Plutôt que d’effacer les femmes en mettant « personnes menstruées », qu’ils mettent «femmes » et, éventuellement, les « hommes trans » s’ils le souhaitent, ou les « personnes non binaires ».

Mais… Effacer un mot qui est là pour définir une partie de la population?

Morgane, rebelle du genre.

Voilà, ça a été le premier moment où je me suis retrouvée accusée de transphobie et où je n’ai pas voulu céder.

À la suite de cette agression et de cette accusation de transphobie, quelque temps après, j’ai décidé (avec également d’autres raisons), de quitter cette communauté-là.

Et j’ai souhaité, avec deux autres personnes qui sont radfem aussi, de créer une communauté qui soit vraiment une communauté radicale.
 

C’est-à-dire que, quand on arrive dessus, sur la première page est écrit : féministes radicales avec une description de ce qu’est une femme. Une description claire et précise. 


Femme = être humaine de sexe féminin. 

La première chose qui était sur notre page (c’était vraiment bien spécifié) était : “Ce n’est pas la peine de nous faire un discours pro genre, ce n’est pas la peine de nous faire un discours pro prostitution parce que, ce discours, ne sera pas accepté dans cette communauté”.
 

Pas par désir de censure mais, parce que, c’est un discours qu’on voit partout et qu’il n’était pas question de laisser n’importe qui venir dire qu’être une femme est un ressenti! Hors de question de laisser quelqu’un nous dire que la prostitution, c’est merveilleux! Ou que c’est un métier comme un autre… Surtout que, j’avais fait un blog avec une quantité astronomique de témoignages d’anciennes prostituées! Pour moi, c’était indécent de venir faire ça! Il y a plein d’autres endroits pour le faire! J’estimais que je voulais protéger ma communauté et, je voulais que ce soit à mon image, essentiellement!

Finalement, cette communauté, je l’ai un peu abandonnée… Car, cela ne prenait pas, et parce que je pense que le féminisme dit « radical », malheureusement, c’est dur. Il oblige à se réveiller.

Une fois qu’on a “un peu” ouvert les yeux sur la réalité de la société, c’est très difficile d’en sortir. Dans le sens où, j’ai du recul parce qu’au bout d’un moment, ce n’était plus possible.

J’arrivais un stade où j’étais en colère tout le temps, parce que j’ai un regard sur  la société que les autres n’ont pas, donc fatalement, je vais voir de la misogynie là où les gens vont juste dire «C’est marrant!».

 Non, ce n’est pas drôle! C’est misogyne.

Tu ne le vois pas, mais moi, je le vois.

Morgane, rebelle du genre.

Je me doute bien qu’il est difficile d’amener des personnes jeunes dans le féminisme radical, j’ai donc essayé de faire au mieux, mais malheureusement, j’ai échoué…

Peut-être que je retenterai un jour.

Ensuite, j’ai continué ma progression dans le féminisme via Facebook ou Instagram (et ces communautés-là).

Je me suis rapidemment aperçue qu’on ne pouvait jamais mentionner le mot femme sans mentionner rien d’autre ou, du moins, sans mentionner « non binaire, transgenre, agenre… »… Ou toutes les identités de genre possibles et inimaginables.

On ne peut jamais utiliser le terme femme si on veut parler d’êtres humaines de sexe féminin et donc, des femmes… Comme dirait JK Rowling.

Pourtant, le terme existait.

Aujourd’hui, nous sommes obligées de parler de « femmes cis »!

C’est, d’ailleurs, un truc qu’on m’avait reproché sur Amino!

J’osais ne pas parler de “femme cis”.

Je leur ai dit mon impossibilité d’utiliser le terme « femme cis »… Donc, on est obligées de parler partout et de tout sauf, de ce qui concerne les femmes? Les femmes! Pfff…

Et puis, nous avons dû lire un peu partout que « les femmes trans sont des femmes », c’est répété sans arrêt…

En fait, c’est une phrase qui, aujourd’hui, m’horripile! Parce que ça ne veut RIEN dire!

Ça ne veut rien dire parce que si tu n’es pas capable de définir le mot “femme” de manière non circulaire, ça n’a pas de sens!

Morgane, rebelle du genre.

Tu ne peux pas définir un mot avec le mot dans la même phrase :


« Les chats sont des trucs qui ressemblent à des chats. » 
Super comme définition! C’est vraiment clair, du coup!

On sait vachement ce que c’est qu’un chat du coup!

C’est souvent l’exemple que je donne quand je demande une définition à quelqu’un : “Définis-moi ce qu’est un chat sans donner le mot chat dedans.”

Si je te demande une définition claire et précise, tu vas me répondre 2 points « le chat est un petit félin originaire d’Afrique avec, peut-être, le nom latin (si ça te fait plaisir) mais, j’ai besoin d’une définition claire.

Donc, si tu me dis : «Une femme, c’est une personne qui se sent femme», je ne sais toujours pas ce que c’est qu’une femme. Je ne comprends pas mieux ce que tu veux me dire.

Donc voilà, sur toutes les plateformes, sur tous les comptes Facebook féministes, progressivement, je suis tombée sur ce langage un peu partout…

Ce langage de la théorie du genre et donc, tous ces termes de “l’identité de genre” tels que : femme cis, femme trans ou, même, personnes menstruées…

De plus, les termes anglo-saxons que je vais traduire, comme par exemple, pour parler de vulve, on va parler de  «trou de devant » (ce qui est vachement valorisant pour nous).

Voilà, il y a eu beaucoup de choses comme ça.

Puis, il n’y a pas que le discours protrans qui est un peu partout, il y a aussi le discours qui est pro-prostitution… Je me suis trouvée bloquée par une page Facebook qui s’appelle “Feminazgul” (qui est une page que je suivais vraiment beaucoup au début de mon  militantisme) du coup, je n’ai plus pu la suivre longtemps vu qu’elles m’ont bloqué pour la simple raison que, sous une publication qu’elles avait fait et qui parlait de la prostitution…

(Je ne sais plus exactement ce que ça disait , mais c’était pro prostitution, ça parlait des abolitionnistes avec tout le mépris qui va bien avec…)

J’ai osé dire :  «D’accord, vous êtes pour la prostitution, c’est un métier comme un autre pour vous, mais moi, j’ai juste une question, qu’est-ce qu’on fait pour les femmes qui n’ont pas le choix et qui sont extrêmement majoritaires ? »

Et j’ai mis les chiffres. 

Des chiffres officiels comme les 85 % de femmes subissant la traite.

Morgane, rebelle du genre.

Des chiffres que je n’avais pas sortis de mon chapeau, mais que je connaissais.

Et je leur ai dit : «D’accord, il y a des personnes, des femmes qui choisissent,  – et encore, le choix, ici, est complètement discutable dans une société dans laquelle on est complètement conditionnées – , ok pour celles qui choisissent, mais pour celles qui ne choisissent pas et qui sont majoritaires,  est-ce que ça ne serait pas elles qu’on devrait aider en priorité? Parce qu’on est dans une société qui devrait privilégier la protection pour la majorité des individus, non? Enfin… L’individu, c’est une chose, mais si une chose porte préjudice à la majorité, bah… C’est la majorité qui prime! C’est logique. » 


J’ai juste mis ça en restant vraiment diplomate. Je n’ai pas créé de conflit.

Je ne suis pas arrivée en les agressant, et elles se sont contentées de m’envoyer bouler comme une malpropre en me traitant “d’abolo”, et en me disant de lire un article qu’elles m’avaient envoyé, un article fait par une prostituée qui le faisait « par choix » et qui disait ouvertement qu’elle détestait les “abolos” et les “féministes pro-prostitution” parce qu’elles parlaient à leur place.

Honnêtement, l’article était, comment dire? …

Plus là pour donner l’impression que la personne est en colère envers les personnes qui défendent la prostitution comme un “métier comme un autre”, que contre les abolitionnistes. Donc, je n’ai pas bien compris où elle voulait en venir mais, en fait, il n’y avait pas d’arguments.

Elle n’a même pas essayé de discuter.

C’était vraiment : «Je te mets ça, tu lis, et je te bloque». Du coup, ça n’a pas fait avancer mon opinion sur le sujet, je suis toujours abolitionniste, et donc, ça n’a pas marché visiblement.

Donc il y a eu cet épisode là où je me suis retrouvée bloquée. 
Finalement, je me suis retrouvée à fuir beaucoup de pages féministes puisque, soit elles prônaient l’identité de genre, soit elles prônaient la prostitution, soit elles prônaient le voile, soit elles prônaient l’utilisation de termes extrêmement méprisants envers les féministes radicales tels que «terf » (évidemment).

Mais, il y a aussi «swerf » pour les abolitionnistes. Le terme « abolo »  qui est très souvent (bien sûr), utilisé de manière méprisante, (ce qui me fait doucement rire quand on sait qu’une bonne partie (en tout cas) des féministes abolitionnistes sont d’anciennes prostituées donc, qui connaissent le milieu… Mais bon, elles sont concernées, mais ce ne sont pas les bonnes concernées… Elles n’intéressent pas).

Au final, j’ai fini par devoir fuir tous ces comptes. Je ne m’y retrouvais pas.

Je ne me retrouvais pas dans ces comptes-là, je ne me retrouvais pas dans leur féminisme et puis, ce qu’elles véhiculent, ça ne me convient pas, je ne peux pas adhérer à leurs pages. 

Morgane, rebelle du genre.

Ce qui a vraiment commencé à me faire me questionner et à rejeter complètement l’idéologie du genre?

C’est un ami qui est venu me parler lorsque j’ai partagé une publication qui parlait des  violences du mouvement transactiviste.


Donc, un homme est venu me faire une explication de féminisme… On aime  toujours!

Il est venu me dire en privé mais, je caricature un peu :  «Ce n’est pas très gentil ce que tu partages, c’est un peu limite… ».


J’ai commencé à lui donner des arguments, des choses un peu plus concrètes, des choses qui sont réelles et puis, progressivement, de fil en aiguille, il se rendait compte que « Oui, tu n’as pas tort, mais tu comprends, le ressenti de la personne, je ne peux pas le remettre en question, je ne peux pas lui dire non, si à la personne ça lui fait du bien, si ce n’est pas pour lui faire de la peine… »

J’ai eu envie de lui dire :  « Donc, tu n’adhères pas du tout à leurs discours, mais par principe d’être “gentil”, et de ne pas contrarier une personne en face, tu vas abonder dans son sens? »

J’ai bien senti qu’il pataugeait un peu à ce moment-là.

Puis, je lui ai aussi posé la question (qui est pour moi une question piège) :  «Est-ce que tu t’es déjà senti homme, toi ?  Est-ce que tu t’es senti, concrètement, homme ? Qu’est-ce que ça serait, pour toi, de se sentir homme?»

Et il m’a répondu très clairement :  « Je ne me suis jamais senti homme. »

Et bien moi non plus, je ne me suis jamais sentie femme. Je sais que je suis une femme, parce que mon corps est comme il est. Tout mon corps me fait savoir que je suis une femme. Le seul fait qui fait que je me sente femme, ça va être les moments de mon cycle, là où j’ai mal au ventre. Là, je le sens dans mes tripes! 

C’est juste des choses qui s’imposent à moi, que je ne peux même pas décrire!

Morgane, rebelle du genre.

Finalement, quand je lui ai dit ça, il m’a répondu : « Bah ouais mais tu ne t’es pas posé la question si t’étais agenre?» …


Non, je ne suis pas “agenre”. Je ne me “sens” pas. Je suis! Point!

Je n’ai pas besoin de me sentir agenre.

Je me suis dit, (quand il me dit ça, j’ai déjà 26/27 ans) : “Mais va dire ça à un adolescent qui est complètement perdu, qui est mal dans sa peau et qui a besoin de s’identifier! Un ado qui a besoin de trouver son identité!

Parce que, quand on est adolescent, on se cherche!
Moi, adolescente, j’étais gothique, je me cherchais et j’étais perdue.

Je n’étais pas bien dans ma peau non plus, comme une immense majorité des adolescents, pour ne pas dire tous… Quand j’étais au collège, beaucoup d’adolescents se cherchaient dans leur sexualité, c’était plus ça, il y avait beaucoup de filles qui disaient “je suis bi” que de garçons qui disaient “je suis bi, je suis homo” et qui ne savaient pas encore trop se positionner sur ces sujets, qui étaient un peu “perdus”, ce qui est normal. 

Mais je me dis qu’aujourd’hui, fatalement, si tu as un gamin qui vient te poser la question et qui te dit : “Je n’aime pas jouer avec tel ou tel jouet, ou je n’aime pas telle ou telle activité de garçon, c’est peut-être parce que je suis une fille?” Cela va être compliqué…

Les adolescents sont influençables.

Ils sont en train de se construire.

Nous atteignons l’âge adulte à partir de 25 ans (à peu près).

Donc, comment peut-on considérer, qu’effectivement, des adolescents ont un regard critique sur eux qui soit fiable?

Parce qu’ils vont évoluer dans leur tête jusqu’à, à peu près, cet âge-là? Et ils évoluent encore après…

Donc, quand il m’a dit ça, il m’a demandé si je n’étais pas “agenre”, j’étais… Sidérée, en fait.

Je te dis : “Je ne me sens rien du tout. Je n’ai pas besoin d’un terme pour définir ce que je suis, je suis une femme, je ne me sens pas femme. J’en suis une. POINT.”

Mais, il avait quand même eu besoin de me demander si je ne me sentais pas “agenre”.

Je me suis dit : “En fait, tu me pousses un petit peu vers le truc qui t’arrange, finalement. Il faut que j’aille dans le sens qui t’arrange! Parce que, sinon, ça va trop remettre en question ce que tu me dis.”

Tout cela font partie des choses qui m’ont fortement agacée, et puis, que je trouvais complètement, encore une fois, aberrantes!

Sur la communauté Amino sur laquelle j’étais avant, moi, je n’y étais plus, mais j’avais mes amies qui étaient encore dessus et elles m’ont partagé des choses. Notamment des gamins qui étaient sur la communauté LGBT…

Des adolescentes sont allées sur cette communauté en disant qu’elles n’aimaient pas telle ou telle activité de fille et que, peut-être, cela faisait d’elles des “non-binaires” ou des “garçons”.Les personnes leur ont répondu que ça devait être ça… “D’accord”.

Mais, on n’est pas dans le stéréotype du tout, là? 

Donc, une fille qui n’aime pas faire telles ou telles activités considérées comme des activités de “filles”, le premier truc que vous lui dites ce n’est pas : “Non, tu es ce que tu es avec tes préférences, avec ta personnalité, avec les activités que tu aimes”. NON.

Morgane, rebelle du genre.

La première chose que vous lui dites c’est que, peut-être, effectivement, elle n’est pas dans le bon genre! Et qu’il faudrait, peut-être, à un moment donné, dans sa vie, prendre des hormones?  C’est complètement stéréotypé pour moi!

Si ça, ce n’est pas des stéréotypes, je ne vois pas ce que c’est!

Ce qui est “drôle” c’est que ce sont des gens qui souvent vont vous dire : “Tu devrais te renseigner, instruis-toi!”.

Désolée, mais là, je ne vois que des stéréotypes! Je ne vois rien d’autre!

Je n’ai pas besoin de m’instruire pour savoir que dire que telle ou telle activité c’est une activité de “filles” ou de “garçons”, c’est stéréotypé!

Il n’y a même pas besoin d’être radicale, théoriquement, pour savoir ça!

Donc il y a eu ça puis, le fait qu’avec une amie, on s’est retrouvées à lire les 12000 définitions de genres différents qui existent…
 Avant, il y avait effectivement les personnes “transgenres”, les “non-binaires” ou éventuellement “agenres, et puis là, je me suis retrouvée face à des “xénogenres”, des “fregugender”, mélangés (bien sûr) dans une grosse soupe avec toutes les orientations sexuelles et romantiques possibles…

Je ne savais pas qu’on était obligé de spécifier qu’on est “romantiquement” attiré par certaines personnes, et attiré “sexuellement” par d’autres.

Non, pour moi, nous sommes attiré.es par certaines personnes selon notre orientation sexuelle, et puis après, le reste… C’est si on est attiré par sa personnalité, ou pas!

Pour moi, c’est encore une fois, créer des cases et des cases et des cases…

Les gamins ne peuvent pas s’y retrouver, c’est impossible!

Morgane, rebelle du genre.

Nous, on ne s’y retrouve déjà pas alors que nous sommes adultes, que nous avons un regard plus critique et que nous sommes censé.es être en capacité de réfléchir, et nous avons déjà du mal à s’y retrouver…

Donc des adolescents, je ne vois pas comment ils pourraient s’y retrouver.

Parmi les choses aussi qui m’ont vraiment outrée et interpellée, ce sont toutes ces femmes, notamment Marguerite Stern, qui se sont retrouvées complètement dépossédées de leur travail.

Morgane, rebelle du genre.

Marguerite Stern, pour le coup, s’est carrément vue nier son rôle plus que majeur, puisque c’est la créatrice des collages qui s’est retrouvée dépossédée et quasiment pas citée dans un livre que je ne vais même pas nommer. Il ne mérite pas d’être cité, ce livre. Donc, Marguerite Stern qui a été dépossédée de sa création, et aussi les espaces féministes qui, comme l’Amazone, ont littéralement volé!

Elles ont été chassées de ce lieu qui était un lieu de partage, de militantisme, de protection, et qui ont été transformés, excusez-moi du terme mais… Ont été transformés, littéralement, en baisodrome.

Des noms de femmes juste à côté desquels des hommes et des transactivistes, ont tagué des pénis avec écrit “c’est la vie”. Moi, ça m’a rendue complètement “folle” cet évènement, je ne comprends même pas qu’on ose faire ça… Si ce n’est quand on est misogyne.

Car c’est, encore une fois, utiliser la sexualité et tout ce qui est en rapport au sexe comme quelque chose de profondément humiliant pour les femmes puis, qu’ils ont marqué leur terrictoire en y baisant, voilà.

Puis, il y a eu aussi, pareil, des choses qui m’ont choquées comme des vidéos qui visent à nous dire que les femmes trans donc, les hommes transidentifiés, sont des femmes comme les autres, et que leur corps est un corps de femme comme les autres… Donc, que les hommes transidentifiés qui se font faire des vaginoplastie, ils ont un sexe identique aux nôtres…

Il est artificiel MAIS, c’est un sexe parfaitement identique aux nôtres qui sont des sexes naturels… Alors ça, c’est pareil, je ne comprends même pas qu’on puisse dire ça : c’est soit de mauvaise foi, soit c’est carrément méconnaître le fonctionnement de nos corps.

Le corps des femmes a un fonctionnement merveilleux donc, ça, ça m’a choqué et puis, il y a aussi eu le coup des préférences génitales aussi…

Morgane, rebelle du genre.

Dire aux lesbiennes qu’elles doivent accepter les pénis dans leur lit.

Alors que, bon, c’est quand même un des plus gros combats que les femmes ont mené et, notamment, les lesbiennes. Puisque, se refuser aux hommes dans une société misogyne et patriarcale, c’est un petit peu le level + 1000 en matière de combat féministe.

Puis, le tout dernier événement qui s’est passé donc, très récemment, c’est d’avoir accusé le collectif qui s’occupe du comptage des féminicides dans le cadre des violences conjugales donc, nous sommes bien d’accord que les violences conjugales sont des violences spécifiques du patriarcat? De transphobie.

Morgane, rebelle du genre.

Et donc, d’accuser ce collectif (féminicides par compagnon ou ex) de transphobie… Parce qu’il ne compterait pas les hommes transidentifiés (“femme” trans) dans les féminicides c’est…

Et donc là, “on” ne va même plus partager ce décompte, alors qu’en plus, elles ont été accusées de ne pas compter les hommes transidentifiés (“femmes trans”) alors que, ce n’est pas vrai!

Il n’y a juste AUCUN homme transidentifié qui est mort dans le cadre de violences conjugales. Il n’y a pas de personne trans morte dans ce cadre-là donc, en fait, c’est quoi la solution? Allons-nous devoir inventer des chiffres qui n’existent pas?

Est-ce que tu pourrais nous dire, s’il te plaît, pourquoi tu penses que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et/ou pour notre démocratie? 

Alors, pour nos droits, parce que les objectifs des femmes (des féministes) et des personnes trans ne sont tout simplement pas les mêmes, ce n’est pas le même combat donc, nous n’avons pas les mêmes objectifs, tout simplement.

Parce que nos conditionnements et nos expériences ne sont pas les mêmes, parce que les femmes ont des besoins sexospécifiques, parce que les femmes vivent des violences sexospécifiques qu’il est primordial d’identifier comme telles pour les combattre.

Si on ne peut plus dire que les violences que vivent les femmes sont basées sur le sexe, déjà, j’ai envie de dire que le terme sexisme n’a plus d’intérêt.

Morgane, rebelle du genre.

Puisque le sexisme est basé sur le sexe et que, c’est une réalité concrète. C’est-à-dire que des petites-filles sont avortées avant même de venir au monde… Ce n’est pas sur la base de leur ressenti mais, sur la base de leur sexe.

Quand des femmes sont excisées c’est, tout simplement, sur la base de leur sexe, leurs ressentis,on s’en fiche à ce moment-là.


Pour les enfants, parce que l’on constate quand même qu’il y a de plus en plus de gamins qui sont complètement perdus, c’est ce que je disais tout à l’heure : c’est qu’avec les 12 000 identités de genre possibles et inimaginables, comment les gamins sont sans censés se construire?

Ils ont accès à une idéologie qui les embrouille complètement.

Ils ne peuvent plus savoir ce qu’ils et qui ils sont.

Si on ne peut plus dire à un petit garçon qu’il est un petit garçon parce que c’est transphobe, ce n’est pas possible, à un moment donné, il faut bien que la personne sache ce qu’elle est. C’est important.

Ne serait-ce que pour la santé, les différences entre les hommes et les femmes sont plus que concrètes.

La quantité astronomique de petits garçons ou de petites filles persuadé.es d’être non-binaires parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes sociétaux… C’est une vraie catastrophe.

Ensuite, en ce qui concerne la société, nous sommes des êtres sexués et on ne peut pas effacer une réalité qui divise l’humanité en deux.

Comme je le disais, nous les femmes, nous sommes 52 % de la population!

Nous, les femmes, nous ne sommes pas une minorité, nous sommes une… Majorité opprimée!

Morgane, rebelle du genre.

Les femmes, en fait, dans la société, et partout dans le monde, c’est quelque chose de bien concret.

Partout sur la planète, quasiment, les femmes vivent des oppressions systémiques!

Dans toutes les sociétés, même les sociétés les plus, entre guillemets, féministes possible, même chez les Mosos (une société matriarcale), il y a des violences et des oppressions systémiques!

On subit la misogynie, les femmes ont quasiment toutes la peur de rentrer tard le soir. Quand on est dans la rue, on a peur… Et nous n’avons pas  juste peur de nous faire frapper, on a peur d’être victime d’une agression sexuelle! Cela, c’est une peur que les hommes n’ont pas!

On peut avoir peur aussi chez nous puisque, on sait très bien, surtout quand on est féministe, que le lieu dans lequel on risque le plus de subir des violences de type sexuelles, et autre d’ailleurs, c’est chez nous.

On peut subir des violences dans nos vies professionnelles, on peut très bien être harcelée par le patron et subir le harcèlement sexuel.

Combien d’hommes ont vécu des choses similaires?

Je suis persuadée que 100 % des femmes ont vécu des violences sexuelles sans même être capables d’identifier ces violences.

Parce que nous sommes conditionnées à les accepter, de par la culture du viol.

Morgane, rebelle du genre.

Je pense qu’effectivement, on en a toutes vécu…

Quand on discute toutes, entre femmes, on s’aperçoit bien que, finalement, on a toutes vécu des agressions, qu’on considère presque comme des “petites anecdotes » dans notre vie mais qui sont, finalement, dans le cadre légal, des violences sexuelles!

Donc, nous ne sommes pas une minorité et j’estime que nous devons avoir notre mot à dire sur les violences sexo-spécifiques.

Ensuite, pour la démocratie, je pense qu’on voit très bien que là, nous sommes dans une censure permanente et dans un négationnisme. Puisqu’on arrive à un stade où même des figures féminines historiques sont “transformées” en hommes.

Les femmes qui ont œuvré pour nos droits, qui se sont par le passé travesties pour pouvoir accéder à ce à quoi elles avaient besoin d’accéder pour se battre pour leurs droits, ou pour leur vie professionnelle.

Et ces femmes, aujourd’hui, ne sont plus des femmes : ce sont des hommes, finalement. Des “hommes trans” donc, des femmes transidentifiées…

Il y a un terrorisme intellectuel actuellement qui n’aurait rien à envier à certains propagandistes nazis.

Morgane, rebelle du genre.

Enfin…“Terfs au bûcher”, “Swerfs au bûcher” existe aussi… “Une terf, une balle”…  Ils veulent faire passer les féministes radicales pour, littéralement, des sorcières!

C’est de la propagande, et cela empêche tout le monde de réfléchir sur ce sujet.

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu as déjà subi des pressions ou des menaces? Perçois-tu un danger dans ton entourage ou est-ce que tu te sens libre de parler de ce sujet? 

J’ai voulu m’exprimer car, depuis un an, j’ai dû m’éloigner du militantisme pour des raisons qui sont que je ne pouvais pas m’y consacrer, j’avais des choses importantes dans ma vie que je devais gérer en priorité.

Et malheureusement, j’ai dû faire une croix sur certaines choses, ne serait-ce que pour l’aspect psychologique car, c’est épuisant (en fait) d’être dans ce milieu…

C’est épuisant au quotidien donc, j’avais besoin de me consacrer à autre chose. Puis, j’estimais ne pas avoir les épaules pour affronter tout ça, je n’avais pas la force.

Mais, par exemple, témoigner pour moi, c’est une petite chose que je peux faire qui ne me demande pas un effort surhumain.

Je m’exprime et je témoigne sur ce que je pense, et ce que j’ai pu vivre.

Je me dis que cela peut être une des choses que je peux faire actuellement, permette de faire bouger un peu les lignes, en sachant que j’ai la chance (comparativement à certaines femmes), de ne pas avoir un entourage malveillant et d’être entourée de gens avec lesquels je peux discuter sereinement, sans risquer d’être agressée, sans être rejetée comme une malpropre.

Oui! En effet, c’est une grande chance!

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme? 


L’anecdote qui me vient immédiatement n’est pas en lien direct avec le transactivisme mais plutôt, avec le climat actuel qui règne dans le féminisme.

C’était au moment de participer à la marche de 2019 donc, juste avant le premier confinement.

J’avais décidé d’y aller avec une pancarte abolitionniste de la prostitution, et j’avais repris, justement, la phrase de Françoise Héritier, qui consiste à dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont droit de les acheter.

Pour moi, c’était important ce jour-là, pour une fois je manifestais, de montrer que vraiment… Non!

Il y a un truc sur lequel j’estime que nous devons vraiment nous battre aussi, c’est le sujet de la prostitution. C’est une vraie violence et pour moi, c’est une des pires violence patriarcale qui existe.

Morgane, rebelle du genre.

Je voulais donc vraiment avoir ce discours ce jour-là.

Puisque, justement, c’est un discours tellement minoritaire que, pour moi, c’est important de montrer qu’on existe et qu’on est là!

J’étais tout de même sécurisée, parce que j’étais avec le cortège d’Osez le Féminisme, qui est donc abolitionniste et, nous avons été rejointes par les femmes du collectif CAPP, donc le Collectif Abolition Porno Prostitution, elles avaient préparé une très (très) grosse action abolitionniste qui consistait à afficher une gigantesque banderole abolitionniste du porno et de la prostitution, sur la statue de la Place de la République, juste avant l’arrivée du cortège.

Donc là, avec la banderole qui est effectivement énorme, il y avait les photos de (je crois) 200 femmes qui sont mortes dans le milieu de la pornographie, mortes suicidées tellement les traumas sont énormes…

J’étais donc juste à côté d’elles, ce qui n’était pas prévu au départ mais, étant juste à côté de ces femmes, je me suis dit que j’allais les aider à porter leur banderole durant la marche.

J’étais contente. Enfin, “contente”, c’est terrible de finir par dire quelque chose d’aussi glauque, mais… J’étais contente de pouvoir faire quelque chose et de contribuer.

Là, je les aidais, je faisais quelque chose d’utile.

Je me sentais vraiment utile, et j’étais heureuse de pouvoir (au moins) les soutenir.

Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie véritablement en danger dans une foule.

Morgane, rebelle du genre.

J’ai surveillé, pendant toute la marche, si les autres groupes (les autres collectifs qui étaient derrière nous et étaient pro-prostitution) se rapprochaient.

J’ai dit et ce, plusieurs fois : “Vraiment, il faut avancer, il ne sont pas loin!”

Mais, vraiment, parce que j’avais conscience que s’ils se mettaient à notre niveau, on risquait VRAIMENT de se faire arracher nos banderoles, et de… De se faire agresser en fait! Enfin, d’être agressées!

Car on ne se fait pas agresser, on EST agressées car nous sommes victimes.

Je me suis dite que ce n’était pas possible! Je ne peux pas accepter qu’en manifestations féministes, on se sente en danger comme si on était le soir tard dans la rue avec des groupes d’hommes qui pourraient nous agresser!

Cette marche s’est donc malheureusement terminée par l’agression des militantes de CAPP.

(Collectif Abolition Porno Prosititution)

Morgane, rebelle du genre.

Quatre femmes ont fini leur soirée soit au commissariat, soit aux urgences ou peut-être même les deux, je ne sais plus.

(Après vérification, nous confirmons les urgences : 2 femmes ont fini tabassées et traumatisées avec un nombre affolant de jours d’ITT : 21 jours pour l’une, 29 jours pour l’autre… Les blessures étaient multiples. Et bien plus que 4 femmes, dont les victimes de coups, étaient au commissariat après avoir été refoulées de 2 autres, pour déposer plainte.

Les mots derrière les blessures : traumatisme facial et lombaire, ecchymoses, œdèmes à la joue, cervicalgie et raideur de la nuque, des douleurs vives au coccys, des migraines à ne pas savoir dormir, la mâchoire qui craque encore car les articulations ont été fragilisées, de l’amnésie traumatique,…)


Du coup, je n’ai pas pu aller sur la Place de la République me rapprocher du cortège puisque j’avais une pancarte abolitionniste et que je savais que les femmes avec qui j’étais (de CAPP) avaient été agressées vraiment violemment.

Je me suis donc contentée de déposer ma pancarte loin de tout le monde et, loin de cette foule, tout en me disant que, peut-être que des gens la prendraient en photo et puis se diraient : “Ah ben, quand même! Finalement, elles ne sont pas toutes complètement à côté de la plaque ces féministes, elles ont conscience que la prostitution n’est pas un métier!”

Bien que je ne parle pas ici de transactivisme, je pense que c’est une des anecdotes les plus marquantes que j’aie.

Puis, nous savons très bien que ces sujets sont liés les uns aux autres.

As-tu quelque chose à ajouter?

Il faut qu’on essaie de toutes se dire que nous sommes nombreuses finalement, à penser pareil, mais à ne pas se l’autoriser.

C’est-à-dire qu’on le pense mais, c’est un sujet qu’il ne faut surtout pas aborder ou, du moins, si on l’aborde, il faut prendre 12000 pincettes et on marche constamment sur des œufs.

Il faut qu’on arrive à parler et à se dire que… NON! Nous ne sommes pas le souci!

NON! Ce n’est pas moi qui suis malveillante ou intolérante! Ce sont les autres qui sont intolérants!

Moi, je ne vais pas insulter des gens en privé ou leur dire que ce qu’ils pensent est horrible et qu’ils méritent le bûcher!

Je ne vais jamais me permettre ce genre de choses.

Je me permets juste de penser par moi-même et je me rends compte que, finalement, nous sommes plus nombreuses qu’on ne le pense.

Morgane, rebelle du genre.

Nous remercions Morgane pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

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Annie-Ève, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Annie-Eve et  je vis en Amérique du Nord. 

Je vis à  Montréal au Québec et cela doit faire 6 ans environ que je suis critique du genre.

J’enseigne la philosophie. J’ai fait un bac, une maîtrise en philosophie.

Puis, après mes études en philosophie, alors que j’enseignais déjà, j’ai suivi des cours à l’université en sociologie du genre.  

Outre mes études et mon métier, je me suis impliquée dans le groupe “pour les droits des femmes” du Québec qui est un groupe féministe universaliste au Québec.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Je suis quelqu’un qui met la science en avant, c’est-à-dire j’ai tendance à me présenter comme scientiste. Contrairement à ce que certains pensent, être scientiste ça ne veut pas dire qu’on pense que la science ne se trompe jamais. Ça ne veut pas dire qu’on pense que la science a  réponse à tout. Ça veut dire qu’on privilégie la science comme façon d’aller chercher des connaissances les plus précises possibles. 

On sait qu’on fait des erreurs quand on fait de la science parce qu’on n’est pas infaillible, mais justement, qu’est-ce qui permet de corriger les erreurs d’un scientifique? 

Plus de  science!

La  science est une entreprise collective par laquelle on va chercher des données. 

On compare les résultats. 

En fait, moi ma raison à la base d’être contre l’idéologie du genre c’est vraiment qu’elle est anti-scientifique. Par ailleurs, elle nuit aux droits des femmes,  aux droits des enfants, aux droits des LGB,  et même aux droits des personnes trans  elles-mêmes. 

Pour moi, on ne peut pas avoir un bon système de justice et une bonne organisation sociale sans commencer par regarder les faits avec l’approche la plus rigoureuse possible. 

Annie-Ève, rebelle du genre.

Selon moi, les problèmes politiques découlent justement du problème de base qui est que ça détourne le sens des mots, ça jette la confusion, ça veut faire  de conceptions subjectives des vérités absolues, et ça va à l’encontre de certains faits objectifs. 

Il faut que je commence par préciser que, à la base, moi j’étais quelqu’un de sympathique à la cause des minorités sexuelles. Mes parents disaient que j’étais féministe depuis que j’avais appris à parler. 

Puis, j’ai toujours été sympathique aux personnes marginales et à la justice sociale.  J’ai toujours été sensible aux droits humains et aux droits des minorités.

Contrairement à un préjugé qui est assez répandu chez ceux qui endossent l’idéologie du genre, ceux qui sont critiques de cette idéologie-là, à la base, ils ne sont pas tous conservateurs et encore moins tous des réactionnaires.
Au contraire, il y a beaucoup de gens qui sont à gauche,  il y a beaucoup de gens qui sont progressistes.

Bon, selon moi “conservateur” et “progressiste” c’est pas des antonymes, parce que être conservateur c’est être prudent face au changement, être progressiste c’est être pour le progrès et changement n’est pas synonyme de progrès.  C’est une petite digression mais je la trouve importante.

Donc à priori, moi, j’étais sympathique à la cause des personnes trans. 

Comment j’ai commencé à m’intéresser au sujet ?

C’est après avoir fait mon mon bac, ma maîtrise en philosophie, j’avais commencé à l’enseigner au niveau collégial.

En enseignant je continuais aussi de m’instruire, j’ai continué à lire en philosophie des sciences beaucoup; c’est une branche de la philosophie qui m’intéresse particulièrement, la philosophie des sciences. 

Puis, quand j’ai suivi des cours de sociologie du genre, quand on est arrivé à parler de la “théorie queer”, je sais que vous ne me voyez pas mais je mets des guillemets autour du mot “théorie” parce que, selon moi, ce n’en est pas une, c’est plutôt une idéologie… Mais il y avait une chose qui me chiquottait dans ce que disait la professeure : c’était l’idée d’arrêter de coller des étiquettes sur les gens. 

Alors c’est certainement en raison de ma formation et de mon travail en philosophie qu’en entendant ça, à chaque fois je me disais : « oui mais c’est ça,  parler, c’est ça, utiliser un langage : c’est communiquer par concept, donc nécessairement on met des étiquettes sur les objets, y compris sur les humains. Quand on dit qu’une personne est grande; quand on fait la différence entre un enfant et un adulte, entre un homme et une femme, ou toutes sortes d’autres différences qu’on peut faire qui sont utiles. C’est pas nécessairement à des fins discriminatoires qu’on fait la différence, il peut y avoir des bonnes raisons de le faire. 

Puis, je me disais « mais si vous voulez arrêter de coller des étiquettes, ben arrêtez de parler, arrêtez d’écrire !»

De toute manière, quand on se dit “queer”,  qu’est-ce que c’est d’autre qu’ une étiquette qu’on se donne?  J’en avais parlé au professeur à un moment donné, que cet élément-là me laissait perplexe. 

Par ailleurs, dans ce cours-là, ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de l’existence de personnes intersexuées. J’en ai entendu parler dans le cadre du cours, et l’enseignant présentait ça comme quoi c’était un peu comme la couleur de peau, que le sexe existait sur un spectre…  Je n’ai pas immédiatement identifié pourquoi mais, quelque chose en moi me disait “Non, non, la comparaison est fallacieuse, il y  a quelque chose qui ne fonctionne pas!

Le sexe n’est pas un spectre au même titre que la couleur de peau!”

Puis, plus tard, comme je ne suis pas biologiste, je n’avais pas pensé spontanément mais en lisant des biologistes… J’y ai pensé. Cela va à l’encontre de la théorie de l’évolution.

Parce que l’évolution permet d’expliquer pourquoi la division sexuée s’est établie et qu’elle est restée. Il y a deux sexes, il n’y a pas une “variété” de sexes, il y en a deux.  Même si on accordait que le sexe est un spectre, – il ne l’est pas, mais admettons –  le problème avec l’argument qui est donné par les idéologues du genre, qui repose sur l’existence des personnes intersexes, c’est que on part de la prémisse que tout le monde n’est pas soit un homme soit une femme, qu’il y a des “corps intermédiaires” qui sont quelque part entre les deux…

Annie-Ève, rebelle du genre.

Même si c’était vrai, je vais reprendre la comparaison avec la couleur de peau : il n’y a pas des noirs et des blancs. Il y a des personnes plus ou moins foncées. Si une personne noire, disons un Togolais, et une personne blanche, admettons une Russe, ont un enfant ensemble, l’enfant va être métis. Il va probablement avoir une couleur de peau qui est entre les deux.  

Et puis, il y a des gens qui ne sont ni noirs ni blancs : les Japonais, les Indiens, ils ne sont ni noirs ni blancs, c’est d’autres couleurs. Alors, c’est très bien tout ça mais… Est-ce qu’on pourrait admettre… admettons que…

Bon, je suppose que tout le monde connaît Catherine Deneuve, l’actrice?  

Admettons que Catherine Deneuve, dont tout le monde sait bien qu’elle est blanche, partait de tout ça et qu’elle disait:  “Ca, ça veut dire que la couleur de peau n’existe pas objectivement. Alors moi, je m’identifie comme noire, et donc je suis noire.” 

Mais on dirait,  “mais non Catherine Deneuve n’est pas noire” !

Alors, même à supposer que le sexe ne soit pas binaire, en quoi on pourrait passer de ça à la conclusion que chacun peut être une femme, un homme, ou n’importe où entre les deux, selon son identité subjective? Ce n’est pas parce que quelque chose existe sur un spectre que ce n’est pas objectif.  

Donc ça, c’est les premiers éléments qui ont fait en sorte que je suis devenue, disons… Perplexe par rapport à l’idéologie du genre bien que, je n’appelais pas encore comme ça à l’époque où j’ai suivi mes cours de sociologie du genre.

Ce qui m’a rendue  plus critique ensuite c’est de faire la connaissance de la féministe Diane Guilbault, une féministe québécoise qui est malheureusement décédée aujourd’hui.

Annie-Ève, rebelle du genre.

C’est elle qui m’avait invitée à devenir membre de « pour les droits des femmes du Québec », et quand je m’étais jointe à leur premiere assemblée  annuelle, Diane Guilbault avait fait un exposé sur les raisons pour lesquelles le fait de permettre à n’importe quel homme d’être reconnu comme une femme par simple auto-identification (parce que depuis quelques années au Canada, la loi a changé,  auparavant au Québec, au Canada, pour changer de sexe légalement – évidemment vous et moi savons que l’on ne change pas de sexe réellement- mais pour avoir une reconnaissance de changement de sexe, il  fallait faire une transition complète). 

Mais depuis plusieurs années maintenant, il suffit de déclarer qu’on se sent de l’autre sexe et l’auto-identification suffit.

Diane Guilbault a expliqué en quoi ça posait problème pour les femmes. Je l’ai écoutée et je me suis dit que ce qu’elle disait avait beaucoup de sens.  

Un autre événement, un incident qui aura été marquant pour moi (ça peut paraître insignifiant) c’est tout simplement une publication j’ai vue sur Facebook dans un groupe féministe. 

Une autre membre du groupe a fait une publication pour demander : “je me pose la question (je la paraphrase), c’est censé être un groupe féministe, la plupart des publications que je vois portent sur les personnes trans, alors je voudrais savoir, est-ce que c’est un groupe pour parler des droits des femmes ou un groupe pour parler des droits des trans?”

Ce qui était à mon sens une bonne question. 

Elle s’est faite répondre : “on parle de droits des femmes trans, c’est pertinent dans le groupe, à moins que tu sois en train de dire  que les femmes trans ne sont pas des femmes, ce qui voudrait dire que t’es transphobe”. 

Ca, c’est ce qui a été ce que les anglophones appellent mon “peak trans”.

Ca n’a pas été long en fait, parce que tout de suite, je n’ai pas voulu intervenir, mais je me suis dit “effectivement, les femmes et les personnes trans n’ont pas tous les mêmes problèmes, ne vivent pas toutes les mêmes formes de discriminations”.

C’était  parfaitement légitime que quelqu’un qui considére être dans un groupe féministe se demande si on sort pas du sujet. 

Ca veut absolument pas dire que les droits des personnes trans ne sont pas une cause importante. Simplement ce sont des causes différentes. Puis de voir qu’il suffit de dire que, (bon moi j’utilise plus du tout  l’expression “femme trans”) de simplement dire qu’une personne de sexe mâle n’est pas une femme, ça suffit à se faire traiter de transphobe! 

Moi j’ai vraiment décroché à ce moment-là.

J’ai commencé à écrire des billets de blogs, à lire beaucoup sur le sujet, et je me suis retrouvée dans la mire d’une militante qui défendait l’idéologie du genre et qui, malheureusement pour moi, avait un certain charisme, un certain leadership.

Elle a incité ses contacts, ses connaissances, à me harceler.

C’est là que le harcèlement envers ma personne a commencé.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Et plus je lisais sur le sujet, plus je me faisais attaquer sur les réseaux sociaux, et même à mon travail éventuellement. Non pas par des gens avec qui je travaille, mais par des gens de l’extérieur, qui ont su où que je travaillais.

Avec tout ça  je suis restée critique du genre. 

Je le suis devenue de plus en plus.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits pour les enfants, pour la société ou pour la démocratie?

Alors effectivement, l’idéologie du genre est une menace pour tout ça.

Je réitère qu’à la base, c’est un problème parce que c’est anti-scientifique.

Non seulement ça ne repose pas sur des bases empiriques,  ça vient nier des faits scientifiquement établis, mais en plus, les tenants de l’idéologie du genre veulent empêcher toute critique. Ils veulent empêcher même qu’on pose des questions.

Annie-Ève, rebelle du genre.

On a le droit de poser des questions, à condition que ce soient les questions qu’eux veulent entendre… 

Alors évidemment, dès qu’un groupe veut imposer de la censure, c’est dangereux pour la science et pour la démocratie.

Mais ça va ensemble : on peut pas avoir une bonne organisation sociale, un bon système de justice si on ne regarde pas la réalité, y compris les faits sur l’être humain. 

Alors, déjà qu’on empêche les chercheurs de faire des études rigoureuses sur ce qui cause la dysphorie de genre par exemple, ou sur n’importe quel sujet (en fait), lié aux personnes qui s’identifient comme trans ou comme non-binaire. On empêche les chercheurs qui ne sont pas dans la “bonne ligne idéologique” de faire leurs travaux; on diabolise les personnes qui remettent en question le  narratif principal.

Alors forcément, ça nuit à la démocratie.

Ca nuit aussi bien à la connaissance qu’à la démocratie. Je dirais aussi que la majorité des gens accordent de l’importance au sexe. 

Je vis au Canada qui est un pays bilingue et les documents officiels au Canada doivent être produits par les gouvernements et accessibles dans les deux langues.  

Vous savez, en anglais gender (genre en fr) et sex ce sont des synonymes. On a commencé à utiliser gender donc pour parler de la féminité de la masculinité comme construction sociale après que les théories du genre aient commencé à s’élaborer. 

Mais si je me fie à mes lectures, et aussi à l’étymologie, ces deux termes en anglais sont généralement utilisés comme des synonymes. Vous savez gender est aussi genre en français en fait ça vient de Genesis en grec et de genus en latin qui était carrément utilisé pour désigner les parties génitales. À partir de Genus, il y a plusieurs autres termes clairement liés au sexe qui en sont dérivés, tels que engendrer, générer, génital… Il y a plusieurs mots anglais aussi qui en viennent. 

Les idéologues du genre ont détourné le sens des mots; les idéologues du genre insistent beaucoup sur la distinction entre sexe et genre, mais je remarque que par ailleurs ils jouent beaucoup sur la confusion aussi.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Du fait de vivre au Canada, j’ai lu plusieurs documents officiels qui portaient sur ce qu’on appelle les droits des personnes trans, les droits liés à l’identité de genre ou à l’expression de genre. J’ai remarqué qu’il n’était pas rare que quand il est écrit Gender sur la version anglaise, il est écrit sexe sur la version française…

Dernièrement, au Québec, le gouvernement qui est en place en ce moment a voulu établir que sur les documents officiels, on ait deux mentions, c’est-à-dire la mention “sexe” qui correspond au sexe réel de la personne, constaté à la naissance et qu’on ajouterait, pour ceux qui le souhaitent, la mention de leur identité de genre.

Et devinez qui a protesté? Les idéologues du genre, les transactivistes! 

Et pourtant, ce sont eux qui demandent depuis des années, qui martèlent (!) que les gens ne font pas la différence entre sexe et genre et qu’il est temps que les gens “s’ouvrent l’esprit”, qu’ils “s’éduquent” et qu’ils fassent la différence entre sexe et genre! 

Pour la première fois, à ma connaissance, le gouvernement parle de vraiment faire la différence…  et ils sont les premiers à s’en plaindre… 

Ils veulent entretenir la confusion, et à partir de là, ils veulent empêcher tout le monde de se questionner. 

Je n’ai pas besoin de dire qu’ils empêchent les femmes qui craignent pour leurs droits de (… ils essaient en tout cas!) de nous exprimer.

Pourquoi ça nuit aux droits des femmes?

À la base, comment voulez-vous revendiquer les droits des femmes si vous leur enlevez le mot qui sert à désigner leur groupe?

Parce qu’ils ont vidé le mot “femme”  de son sens. On ne peut plus définir le mot femme comme “femelle de l’espèce humaine”.

Ils n’ont jamais proposé de définition alternative substantielle, et de toute façon, pourquoi on aurait besoin d’une définition alternative ?

Pour la majorité des gens, le sexe est important, c’est pour ça qu’on a des mots pour distinguer les humains selon leur sexe.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Si vous voulez distinguer les humains selon autre chose que leur sexe, c’est faisable. En utilisant d’autres mots.

Mais on ne peut pas admettre que des termes qui servent à faire une distinction qui est importante pour l’immense majorité des gens soient simplement…

Non pas simplement détournés de leur sens! Mais carrément vidés de leur sens!

Parce qu’ils en sont à dire que “Une femme c’est quiconque s’identifie comme une femme!” 

Alors… je pourrais vous dire : “Ah mais moi je suis une fifaerlagne…” et là vous allez me demander: “Qu’est-ce que ça veut dire?” 

“Une fifaerlagne c’est n’importe qui, s’identifiant comme une fifaerlagne” …

Là, vous n’êtes pas plus avancés…  Vous savez très bien que ce n’est pas un mot et que si je ne peux pas vous donner une définition qui ne répète pas le mot lui-même et bien, ce n’est tout simplement pas un mot.

D’un point de vue plus concret, plusieurs féministes, en fait plusieurs personnes, ont développé sur les problèmes que ça peut poser de vouloir remplacer ce qu’ils appellent le genre par le sexe. 

Le genre, ils ont commencé par dire que c’était une construction sociale, la féminité et la masculinité ; mais c’en est venu au point où le genre serait subjectif. Ce serait comment la personne se sent… Alors, quiconque se sent femme est une femme,  quiconque se sent homme est un homme, quiconque se sent ni l’un ni l’autre est non-binaire… 

Il faudrait qu’on organise tout en fonction de ça, plutôt que le sexe… D’ailleurs, ils n’ont jamais expliqué ce qu’était censé vouloir dire “se sentir femme”. 

Ca fait que la seule façon de savoir si quelqu’un est une femme, c’est si la personne le dit!

Mais  le problème, c’est qu’il y a des contextes dans lesquels on tient compte du sexe et même dans lesquels on sépare par sexe pour de bonnes raisons! 

Si on arrête de le faire c’est souvent dans le désintérêt de tout le monde, mais encore plus des femmes! Et ça pose aussi des problèmes particuliers, aussi bien pour les LGB, que pour les personnes trans elles-mêmes. 

Par exemple, dans le sport, ce n’est pas par « genre » qu’on sépare traditionnellement par sexe, c’est pour des raisons objectives très claires, c’est-à-dire que les hommes et les femmes ne sont pas pareils physiquement et que si on mélange les sexes dans le sport ce n’est pas équitable pour les femmes, et ce n’est même pas sécuritaire pour les femmes.

Et pas seulement dans les sports de combat. 

Prenons un sport comme le soccer, le football, ce n’est pas un sport de combat, mais il y a des contacts, il y a un risque de contacts assez important.

Je pourrais multiplier les exemples mais je pense que c’est pas nécessaire.

Je n’en reviens tout simplement pas que l’on en soit à se faire demander la preuve que c’est inéquitable et dangereux pour les femmes qu’on laisse des hommes qui s’identifient comme des femmes participer à leur compétitions sportives! 

Les hommes sont plus forts que les femmes, c’est un fait établi.

De toute façon, peu importe les preuves qu’on apporte, les gens qui persistent à poser la question, ce sont des idéologues, pour qui les faits n’ont aucune importance, parce que tout ce qui compte c’est leur idéologie. 

Les femmes ne peuvent pas avoir d’espaces réservés aux femmes! Et oui ça, ça peut être important par exemple, dans des espaces comme les prisons pour femmes, ou dans les refuges pour les femmes vulnérables, des femmes qui ont été victimes de violences et qui sont traumatisées.

Elles peuvent avoir besoin d’un espace où elles ne côtoient aucun homme, et ce n’est pas parce qu’un homme s’identifie comme une femme, que les femmes traumatisées autour de lui, elles ne voient pas que c’est un homme! 

Annie-Ève, rebelle du genre.

Alors, qu’on dise, “Oui mais les sentiments des personnes trans….”

Oui mais, les sentiments de ces femmes-là, pourquoi ce serait moins important?!

Si des personnes trans ont été victimes de violences, qu’elles ont besoin de soins, qu’elles ont besoin d’un refuge avec des personnes compétentes pour les aider…. aucun problème!

Mais il faut que certains refuges soient réservés aux femmes ! 

Traiter les femmes qui ont fui des proxénètes, des maris violents ou que sais-je encore, dire que c’est elles qui oppriment les personnes trans?

Je vous en prie!

C’est vraiment traiter les personnes les plus vulnérables d’oppresseures!

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, reçu des menaces? Est-ce que tu perçois  un danger dans ton entourage, personnel ou professionnel? Est-ce que tu as peur pour tes proches ou, au contraire, est-ce que tu es parfaitement libre et à l’aise pour parler de ce sujet ?

Oui, j’ai été victime d’intimidations.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Comparativement à d’autres personnes, je ne suis certainement pas la plus à plaindre.

L’une de mes meilleures amies a perdu son emploi d’ailleurs, c’est assez ironique, elle a perdu son emploi dans un refuge pour femmes, parce qu’elle persistait à dire que les femmes existaient objectivement.

Mais oui, moi aussi on a essayé de me faire perdre mon emploi, heureusement sans succès dans mon cas.

En fait à plusieurs reprises, on a essayé de me nuire au travail, avec une intention exprimée d’arriver à me faire suspendre, ou même renvoyer. 

Une des choses qui a été faite, a été d’écrire à mes supérieurs immédiats pour se plaindre de ce que j’exprime sur les réseaux sociaux, sur mon blog… Mais comme, justement, je fais ça en dehors de mon travail, je n’implique jamais l’institution pour laquelle je travaille dans mes prises de position sur des sujets socio-politiques, et mes positions n’engagent personne d’autre que moi.  

À cet égard, je suis une citoyenne comme les autres qui prend position et mes positions n’engagent personne d’autre que moi.

Contrairement à ce que prétendent mes détracteurs, il n’y a pas de haine dans mes propos. Certains ont voulu m’attribuer des propos qui ne sont pas les miens, mais étant donné que justement, mon blog mes supérieurs pouvaient très bien aller le consulter alors ils ne peuvent pas amener de preuves que j’ai dit des choses que justement je n’ai jamais dites.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Ca été fait à cinq ou six reprises, que des personnes qui ne me connaissent pas du tout et qui n’ont aucune idée de comment ça se passe à mon travail, écrivent à des supérieurs, à mon travail… 

Une chose qui…  en fait, soit, ils ne l’ont pas fait, c’était un projet qu’ils avaient,  Je l’ai su grâce à une personne qui était dans un groupe secret de militants, qui m’a avertie avec des captures d’écran, qu’ils étaient un groupe à avoir collecté des captures d’écran pour essayer de s’en servir contre moi. Ils venaient examiner mes pages sur Facebook, ils prenaient des captures d’écran, ils les sortaient souvent de leur contexte. Leur projet était de contacter l’association étudiante pour laquelle je travaille.

Finalement, apparemment, ils ne l’ont pas fait, à moins qu’ils l’aient fait, et qu’il n’y ait pas eu de suite… Parce qu’à mon travail, il n’y a pas de problème. Ce sont vraiment des gens extérieurs à mon travail  qui ont un problème avec moi.

Par contre, je sais qu’ils ont envoyé un document de captures d’écrans à la direction des ressources humaines. Ça n’a débouché sur rien, parce que justement, de leur point de vue, les captures d’écran étaient choquantes… Mais du point de vue de Monsieur et Madame tout le monde, ce que j’écrivais était parfaitement raisonnable. J’ai le droit de prendre position sur des sujets sociaux et des sujets politiques, comme tout le monde.

Il y a même une personne qui est allée jusqu’à appeler la coordonnatrice de mon département, en prétendant être la mère d’un élève, pour me dénoncer pour deux choses : elle disait que j’intimidais son fils et plusieurs autres élèves. Et elle disait aussi que je faisais de la prostitution sur Internet…

Alors là, on tombe dans le mensonge et la calomnie complète.

La coordonnatrice ne l’a pas crue une seconde, elle dit à la dame “il faudrait que vous me donniez le nom de votre fils pour que je valide auprès de lui, et pour qu’il me dise ce qu’il s’est passé exactement”. La dame n’a pas voulu.

Elle n’a même pas voulu dire auquel de mes cours auquel son fils est inscrit….

Elle a dit “Mais je ne peux pas prendre une plainte anonyme comme ça, je ne sais même pas de qui ça vient, n’importe qui pourrait nous appeler pour raconter n’importe quoi sur un de nos enseignants!…” ce qui, probablement, était ce qui était en train d’arriver à ce moment-là!

Mes détracteurs me dépeignent comme une harceleuse une intimidatrice épouvantable.

Mais, déjà, mes élèves, ce sont des adultes. Ils  donnent une image de moi comme quoi je m’en prends à des  plus faibles que moi… 

Intimider les garçons de ma classe… habituellement, ils sont plus forts que moi, ce sont des adultes! J’enseigne à des adultes! 

La manière dont ils décrivent le scénario (qu’ils se sont inventé) ne colle tellement pas à la réalité qu’ils n’ont pas été pris au sérieux à mon travail.

Mais ils ont quand même essayer de me faire perdre mon emploi.

Je suis de ceux qu’on a essayé de “canceller”, comme on dit!

Pourquoi j’en parle à visage découvert ? 

Déjà, ça ne servirait à rien à ce stade-ci d’essayer de me cacher, parce qu’on peut facilement trouver mes positions sur ce sujet-là, et ça fait déjà un moment qu’ il y a des gens qui en parlent.

Des fois, je croise des gens sur les réseaux sociaux, je ne les connais pas du tout, mais eux connaissent mon nom. Ils disent “Ah, Annie-Ève Collin, la terf!”

“T’es qui, toi? Je ne te connais pas, qu’est-ce que tu veux?” 

Ce qui est drôle, c’est que parfois, le sujet du fil de discussion n’a rien à voir avec le genre. Il y a vraiment des gens obsédés par ça… Ils voient quelque part:  oh la terf !

Je pense que c’est important de parler de J. K. Rowling… Elle nous a fait un gros cadeau. J’imagine que ceux qui m’écoutent n’ont pas besoin que je leur dise exactement ce qui est arrivé.

Annie-Ève, rebelle du genre.

J. K. Rowling est une femme qui a la chance d’être tellement riche qu’il est impossible de lui faire perdre son gagne-pain. Elle est célèbre, elle est imbannissable. Vous savez, quand on parle de la cancel culture (en Français on a traduit ça par “culture du bannissement”) c’est impossible de faire disparaître JK Rowling. Mais il y en a plein des femmes comme elle à qui on fait la même chose.  

Pourquoi ça a été un cadeau pour nous qu’elle se décide à parler?

C’est que justement que c’est impossible de lui enlever sa visibilité. 

Alors ça a fait en sorte que beaucoup de gens qui n’étaient pas au courant de la situation se sont rendu compte. Elle a dit que “les personnes qui ont des menstruations” sont des “femmes”. Pour la majorité des gens, ils entendent ça et ils pensent:  “évidemment” alors de savoir qu’on peut devenir victime de campagnes de haine pour avoir dit ça! Les gens réagissent!

Elle a donné une certaine visibilité au problème. 

Mais je pense que c’est important que d’autres personnes, des femmes, des hommes se décident à parler, parce qu’en fait, je serais bien étonnée que ceux qui endossent l’idéologie du genre soient majoritaires! 

Mais ils sont vocaux, ils parlent fort! 

Il faut que d’autres voix se fassent entendre. C’est comme ça que l’on va permettre de réitérer les droits des femmes qui sont une catégorie d’humains caractérisée par un sexe et non par un genre.

Et aussi ceux des LGB, parce que être lesbienne, ça veut dire être attirée par les personnes de même sexe que soi. Si le concept de sexe devient tabou, si on l’efface, comment est-ce que les lesbiennes peuvent parler de ce qui les concerne spécifiquement?

Et la même chose pour les gays, les hommes homosexuels. Ce qui les caractérise, c’est d’être attirés par des personnes de même sexe qu’eux-mêmes. 

Annie-Ève, rebelle du genre.

Il n’y a pas de mal à ce que quelqu’un qui revendique un genre revendique ses droits. 

Seulement, ça ne doit pas se faire au prix que d’autres groupes puissent aussi mettre en avant ce qui les caractérise. C’est pour ça que, à la rigueur, ajouter le concept de genre, qui est important pour vous, revendiquez-le! Mais vous n’avez pas à enlever aux autres la possibilité de parler du sexe : c’est important pour eux.

J’ai fait le choix de continuer d’en parler ouvertement, et j’encourage d’autres à faire pareil.

Malgré que… je sais qu’on opère des représailles, malheureusement.

Je ne mentirai pas à celles et ceux qui m’écoutent.

Oui, il y a un risque de représailles, mais plus on va être nombreux à prendre la parole moins ils vont pas  pouvoir nous empêcher de parler!


Le blog d’Annie-Ève :

http://justesix.com/author/annieeve/


La chaîne YouTube d’Annie-Ève :

https://www.youtube.com/channel/UC92d3fG_IEkjMd61RpALj1Q



Nous remercions Annie-Ève pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Françoise, rebelle du genre.

ATTENTION CE TÉMOIGNAGE CONTIENT DES DESCRIPTIONS EXPLICITES DE VIOLENCES SEXUELLES, NE L’ÉCOUTEZ, NE LE LISEZ, QUE SI VOUS ÊTES EN ÉTAT DE LE FAIRE. 

Je m’appelle Françoise, j’ai 29 ans et je suis parisienne.

J’ai toujours été critique du genre, j’ai toujours perçu leurs discours comme quelque chose qui me mettait très mal à l’aise.

Après, je peux comprendre le ras de bol à être rattaché à des stéréotypes de genre mais pour avoir été confrontée par la suite à des hommes qui se griment en femme et se disent femmes, j’ai compris qu’ils ne faisaient que de renforcer ces stéréoptypes. 

J’étais déjà très critique et je croyais que si j’étais confrontée à ce genre de personne, je serais capable d’ignorer et de juste partir…

Alors qu’en tant que femme déjà critique de cette théorie du genre, j’ai quand même fini par être victime, pour vouloir être trop gentille, tolérante et bienveillante.

Françoise, rebelle du genre.

(je parle des hommes surtout qui se travestissent en femme et se disent être des femmes). 

J’avais un ami que je connaissais depuis 5 ans, j’étais souvent invitée chez lui pour les soirées.

L’ambiance était cool, pas forcément libertine mais “BDSM soft” et ouverte d’esprit… mais chacun respectait les limites de chacun et les jeux se faisaient à part du salon, où tout le monde prenait l’apéritif.

Mon ami a toujours eu le penchant pour le travestissement, il disait souvent qu’ il aimait cela mais que les autres, nous en sommes, refusaient de le voir comme ça… Alors que c’était faux, on tolérait tout à fait. Mais au fond, il voulait que l’on dise de lui que c’est une femme. Il avait l’intention d’être désiré par des hommes hétérosexuels comme des femmes peuvent l’être. 

Du jour au lendemain, il a fini par se travestir tout le temps quand je le voyais, il me demandait sans arrêt de lui dire qu’il était une belle femme, qu’”elle” était sexy, qu’”elle” était belle.

C’était mon ami. Je voulais le soutenir, je ne voyais pas la violence que je m’infligeais.  

Et puis il s’est mis à inviter des hommes habillés en robe qui se disent être des femmes.

La violence sexuelle n’était pas envers les femmes, mais plutôt les hommes hétérosexuels. 

J’ai vu ces hommes travestis forcer les hommes hétéros à les embrasser, les forcer à avoir des jeux sexuels avec eux. Si je remettais ça en question, je passais pour la femme rabat-joie, intolérante…

Françoise, rebelle du genre.

J’ai commencé à déserter les soirées car il y régnait (de plus en plus) un climat d’insécurité où l’on ne pouvait plus rien dire, où l’attention devait être tournée vers ces hommes travestis,  les confirmer dans le fait qu’”elles” étaient des femmes… Et si par erreur on disait “lui”, la personne pouvait répondre avec caprice et violence. 

Je ne venais plus mais mon ami tenait quand même à continuer à me rabaisser, à me faire du mal mais à distance maintenant, dans sa totale confiance d’être une “femme”.

Il a décidé de se lancer dans une carrière porno.

Sans que je n’ai rien demandé, il m’envoyait des videos porno de lui habillé en “femme” (robes, portes jaretelles, perruques,…) où il exhibait son pénis et son anus et suçait des god pénis. 

Françoise, rebelle du genre.

Au début, je tolérais. Je ne regardais pas les vidéos, mais je lui disais « oui oui quelle femme sexy et excitante tu fais »… 

Après, je lui ai demandé (gentiment) d’arrêter d’envoyer les vidéos, mais les rares fois où je venais aux soirées, il me prenait vite à part et me disait « j’ai des choses trop mignonnes à te montrer”,  il me mettait face à moi encore une énième vidéo de lui habillé en bas et perruque tout en me disant « regarde mes bas comme ils sont jolis »… La vidéo le montrait en train d’exhiber son pénis et son anus! 

J’ignorais et  je rejoignais les autres, mais il y a eu une fois de trop où j’ai encore une fois regardé mais cette fois il a fait “poper” une photo porno très gore de lui avec de la selle et du sang.

Je me suis sentie très mal.

Je suis allée manger et il est revenu, habillé en femme.  Puis, il a levé sa robe et a exhibé son pénis pour, soit-disant, montrer un truc sur sa peau…  

Je suis partie pour rentrer chez moi. J’ai vomi toutes mes tripes et j’ai envoyé un message à lui (et à sa femme) pour leur dire que, en tant que femme, j’en avais marre de me rabaisser à ça. 

Par chance, je ne vis pas de harcèlement. Il se victimise et il dit que c’est moi qui lui ai permis de devenir comme il est, sa femme vit un véritable enfer mais en même temps elle est complice… Elle pousse les autres femmes à tolérer et à se rabaisser à ça, peut-être pour partager sa peine.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ? Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ?

Pour la société avant tout, en plus, elle-même les légitime dans leur névrose, la violence est psychologique et peut aller jusqu’à la violence physique.

De ce que moi j’en ai vécu, les travestis se griment de tout les stéréotypes et veulent se faire confirmer que c’est cela être une femme supérieure… Cela ne fait que renforcer les stéréotypes, ça ne fait que renforcer l’idée qu’une femme qui ne correspond pas à ces stéréotypes, est une femme inférieure et elle doit se censurer et se rabaisser à les mettre sur un piedestal… Parce qu’on veut être gentilles et tolérantes.  

Oui! Je pense que c’est dangereux parce-qu’on ne veut pas remettre cela en question! On ne peut pas en parler! Et d’autres femmes sont victimes mais aussi complices de ce sexisme!

Françoise, rebelle du genre.

Ce que je veux ajouter, c’est que la violence est faite aux hommes hétéros, mais j’ai vu la violence de femmes travesties qui ne veulent pas transitionner et qui poussent d’autres hommes à transitionner. Dont cet homme dont je parle, il a 50 ans et il a fait la rencontre d’un homme de 30 ans qui est tombé amoureux de lui et qui n’avait aucune intention de transitionner, mais qui s’est retrouvé à transitionner quand même. Mon ami de 50 ans n’a plus de relation intime avec sa femme, il ne peut en avoir qu’avec des hommes travestis et lui même en travesti, ce jeune garçon lui permet d’aller plus loin… Pendant sa transition, il n’allait pas bien tout le temps déprimé, j’avais des doutes : est-ce que c’était vraiment les hormones?

J’en ai parlé à mon ami qui me disait que tout allait bien, que c’était les hormones, il me disait même que son métier qui était trop « masculin » selon lui le rendait dépressif et qu’il devait démissionner et avoir un métier plus « féminin ».

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage, ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?

En ce moment, je pense que nous ne sommes jamais en sécurité pour en parler librement.

Françoise, rebelle du genre.

Je ne vis pas de pression ni de menace, le seul truc est qu’en coupant les ponts avec lui, j’ai dû le faire avec tous les autres, car il raconte que c’est moi la méchante et qu’il est la victime.

J’ai dû faire ce choix.

Nous remercions Françoise pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Muriel, rebelle du genre.

Je m’appelle Muriel Petit, je suis enseignante, j’ai 45 ans, je suis féministe radicale, lesbienne, et j’habite à Bruxelles.

Je dirais que je suis féministe depuis toujours mais sans nécessairement me poser beaucoup de questions sur des réalités hors de ma vie.

Muriel, rebelle du genre.

Je suis née dans une famille de Belgique catholique où, même si j’avais assez le droit par rapport à mes parents, de faire les activités, les études, etc. que je voulais, au niveau des stéréotypes sexistes c’était bien ancré. 

Donc c’est ma maman qui s’occupait de tout ce qui était ménage éducation etc, et que mon papa, au final ne faisait pas grand-chose. Je me souviens parce qu’on me l’a raconté, que quand j’étais toute petite, une femme d’un certain âge a admiré quel gentil petit garçon j’étais, à jouer calmement avec des petites voitures… et à me dire quelle méchante vilaine fille j’étais quand elle a appris que j’étais une fille!

J’en parle parce que plus tard je voudrais revenir sur le mot “vilaine”.

Je n’ai jamais très bien compris les normes auxquelles on est obligée en tant que fille de se maquiller, de s’épiler, de… au niveau des vêtements etc. Mais voilà, je m’y suis pliée parce que j’avais pas trop le choix. Je me suis rendu compte petit à petit que j’avais relativement de la chance d’être née en Belgique, à cette époque-ci, où donc, j’ai pas été avortée, parce que j’étais petite fille, je n’ai pas été excisée, etc. Et que j’avais le droit de vote, et des choses ainsi. 

Ma culture féministe s’élargissait un petit peu et puis, j’ai commencé à lire. Je suis tombée sur un forum féministe qui à l’origine, était plutôt matérialiste. Cela m’a ouvert les yeux sur différentes choses.

Mais, ce qui m’a vraiment ouvert les yeux, ça a été que sur ce forum, le transactivisme était de plus en plus présent.

Muriel, rebelle du genre.

Il y avait des sujets dont on ne pouvait plus parler parce que c’était choquant et heurtant…donc voilà. Mais à ce moment-là, je restais très fort dans la bienveillance et l’empathie, notamment parce que je connaissais une femme transidentifié et que je l’avais rencontrée via la maison arc-en-ciel de Bruxelles et à l’époque, j’avais suivi l’atelier qu’elle menait qui s’appelait “trans pour les nuls” qui m’avait un peu perturbée parce que, bah… En sortant de là, je ne savais plus ce qu’était un homme et ce qu’était une femme. Je trouvais ça assez embêtant, mais sans être trop consciente  du souci qu’il y avait là, derrière…

Au point qu’à l’époque, j’ai envisagé d’aider à écrire un livre pour expliquer les transidentités aux enfants…

Muriel, rebelle du genre.

En même temps, à côté de cette bienveillance que que j’avais, cette empathie que j’avais pour ces personnes qui me disaient beaucoup souffrir, il y avait un malaise qui grandissait parce que je percevais des incohérences dans le discours, parce que les questions des transactivistes prenaient toute la place partout, dans toutes les discussions que ce soit sur le forum, ou que ce soit dans les associations… Et par chance en plus du forum, j’ai commencé à lire pas mal de blogs plus radicaux et j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres féministes radicales lors d’un gathering à Paris, et là ça m’a permis d’ouvrir les yeux, tout à fait, sur pourquoi j’étais pas à l’aise et de mettre le doigt sur toutes les incohérences de cette idéologie.

Je pense que le fait d’avoir ouvert les yeux sur mon orientation sexuelle lors de ce gathering-là aussi, a participé au fait que je devienne critique du genre.

Muriel, rebelle du genre.

Suite au gathering, je me suis rendue à la maison arc-en-ciel pour des rencontres entre lesbiennes, et quand j’ai questionné le fait qu’il y ait des hommes transidentifiés (« femmes » trans) dans le groupe, on m’a fait comprendre que si j’avais un problème avec ça, la porte était ouverte, je pouvais partir… que c’était vraiment « vilain et transphobe » de poser la question.

Une lesbienne a réussi à me dire un truc du genre “mais tu sais, telle personne est vachement plus lesbienne que toi parce qu’elle au moins, elle n’a jamais couché avec des hommes, même du temps où elle pensait qu’elle était un homme!”… Donc voilà.

Et ce genre d’épisode-là, ils s’en est produit sur des groupes soi-disant lesbiens, sur Facebook, etc. Ce n’était juste vraiment plus possible d’être dans l’empathie pour ces personnes-là, autant j’ai de l’empathie pour les personnes qui souffrent, autant je pense que, une personne anorexique elle souffre aussi car elle se sent trop grosse… Le médecin ne va jamais lui dire “écoute je vais t’aider à perdre du poids”! Le médecin va essayer de l’aider à mieux voir comment son corps est. Je ne comprends pas comment, quand la personne vient avec « je suis une femme dans un corps d’homme » ou « un homme dans un corps de femme », les médecins entrent dans le jeu et comment tout le monde doit entrer dans le jeu…

Dans ce qui m’a fait devenir critique du genre aussi, il y a le fait que, depuis 8 ou 10 ans, les questions d’identité de genre ne sont pas questionnables en Belgique dans les associations dites « féministes ». Ou plutôt, il y a 8-10 ans, c’était surtout : “On ne va pas se positionner parce que c’est clivant et bla-bla-bla”…  Et il y a 4 ou 5 ans, c’était plus : “On va pas se positionner ». Aujourd’hui, c’est : “Mais arrête d’être transphobe.”

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante » et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique.

Muriel, rebelle du genre.

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante », et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique… 

Pour moi, c’est ce qui va se passer aussi avec la GPA où il y a une promotion énorme par rapport à elle, et c’est de moins en moins contestable. Si jamais on est contre  la GPA, c’est qu’on est de « méchantes et homophobes » qui ne veulent pas que les pauvres gays deviennent pères… 

Je remarque un recul assez phénoménal concernant les droits des femmes sur toutes ces questions, et c’est pour ça que je suis critique du genre. 

Pour moi, on est vraiment dans la même chose que “Les vêtements neufs de l’empereur” qui est un conte où tout le monde sait que l’empereur est nu mais il n’y a personne qui ose le dire, parce que tout le monde a peur de ce que les autres vont penser de lui  si jamais dit que “Moi, je ne vois rien” et on est, pour moi, exactement dans la même chose avec les transactivistes!

Je pense qu’une majorité de personnes savent très bien qu’un homme ne peut pas devenir une femme, et qu’une femme ne peut pas devenir un homme mais on a peur de le dire parce que nous avons peur de la réaction, nous avons peur d’être traitées de « méchantes », de « transphobes »,  de « vilaines » ou de personnes à abattre…

Muriel, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie?

Je pense que c’est une menace vraiment à tous niveaux.

Je pense que c’est une menace pour les enfants. Il y a un scandale sanitaire qui est en vue. Que ce soit pour tous ces gamins et ces gamines qui vont se retrouver stérilisées alors que c’est pas du tout ça qu’on a leur avait vendu. Il y a tous ces enfants qu’on fait transitionner parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre ou parce que les parents se sont rendus compte qu’il y avait de fortes probabilités qu’ils deviennent ou qu’elles deviennent homosexuelles plus tard et que ce n’est pas supportable… et donc on préfère avoir un enfant trans plutôt qu’un enfant homosexuel. 

Donc je pense que pour les enfants c’est une catastrophe. D’autant plus une catastrophe que c’est une idéologie qui en tout cas en Belgique est entrée dans les écoles. Dans le programme du cours que je donne,  l’identité de genre est entrée dedans. Dans les circulaires il est précisé en début de circulaire : “Nous n’utilisons pas la l’écriture inclusive pour éviter les lourdeurs de langage, mais évidemment ce message s’adresse à tous les hommes, les femmes, et les personnes non-binaires.” Donc l’idéologie trans et queer est complètement arrivée partout et les enfants en Belgique sont censés avoir de l’éducation à la vie relationnelle,  affective et sociale et de plus en plus souvent, quand ces animations-là sont données, elles sont données par des associations qui expliquent aux enfants que peut-être ils ne sont pas dans mon corps etc. 

Donc ça, ça me fait très très peur pour les enfants. 

C’est aussi une menace pour les lesbiennes, puisque c’est devenu excessivement compliqué de faire une association de lesbiennes et de pouvoir légalement réserver l’entrée de l’association uniquement aux femmes.

C’est un gros problème quand une lesbienne exprime qu’elle n’aime pas les pénis, parce que dans son orientation sexuelle, fatalement les parties génitales entrent en jeu, le message est décrit comme « haineux », comme « transphobe » et donc, comme une raison pour pouvoir taper dessus…

Cela s’est vu malheureusement en manif!

Muriel, rebelle du genre.

Mais c’est une menace aussi pour toutes les femmes puisque les discriminations dont on souffre sont fondées sur notre corps, sur notre réalité biologique sur le fait que les femmes sont potentiellement capables de donner la vie, donc d’être enceintes, donc d’avoir besoin d’un congé de maternité… Donc il y a  toute une série de choses et puisque on peut plus faire le lien, si on les écoute, entre ce qui est une femme et sa réalité biologique, ben on peut plus parler des soucis des femmes.  Mais parler des soucis des femmes, c’est aussi les symptômes de maladies qui sont différents selon si on est un homme ou une femme, que ce soit pour l’autisme, que ce soit pour les crises cardiaques, on n’a pas les mêmes symptômes. Résultat : les femmes passent sous le radar, ne sont pas soignées.

Mais c’est vrai aussi dans les sports. Ce n’est pas normal qu’un homme ait concouru aux sports olympiques dans la catégorie de “femme”. 

Ce n’est pas normal que des bourses réservées aux femmes soient prises par des hommes, parce que bah oui ils courent plus vite effectivement! Un adolescent de 17 ans court plus vite qu’une adolescente de 17 ans parce que simplement il y a eu la puberté et ce n’est juste pas possible!

Mais c’est vrai aussi pour des questions de sécurité :

Je ne suis pas d’accord que dans mes toilettes, que dans mes vestiaires, que dans une chambre que je partagerais avec normalement une collègue en classe verte, je puisse me retrouver avec un ou des hommes parce que ils disent “se sentir femme”. 

Muriel, rebelle du genre.

Il y a aussi quelque chose qui m’énerve mais, prodigieusement!

C’est de me  rendre compte que les personnes qui se disent « trans » ne sont pas du tout en train de créer leurs propres espaces. Elles veulent pouvoir avoir l’autorisation d’entrer dans nos espaces, et si jamais on leur dit non, le résultat c’est qu’elles font du lobbying pour que le lieu ferme ou, pour que les subsides soient diminués.  Et quand elles entrent, le résultat, c’est qu’une femme par exemple, ira dans des refuges avec des femmes  qui vivent à la rue et qui disent “mais moi j’ai un souci, j’ai vu un homme”…

Et on nous répond: “C’est toi le souci, c’est toi qui vas dehors…” 

Donc c’est vraiment un gros, GROS problème!

Je pense qu’au-delà de tout ça, ce qui m’énerve peut-être le plus, c’est que pour moi, c’est un problème social, et plutôt sociétal… 

Il est considéré comme tout à fait normal, valide, d’agresser des personnes parce que leur opinion n’est pas la même. Donc aujourd’hui, en Belgique, et ailleurs, des personnes disent défendre l’idée qu’une femme qui a une pancarte dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, qui aurait un message “vilain pas beau méchant” c’est tout à fait normal, légitime, de l’attaquer, de l’agresser, de l’attraper et qu’il faut qu’elle assume. 

Nous sommes dans un processus où, pour le moment, des personnes qui se disent féministes, légitimisent les violences faites aux femmes de la même manière que les hommes qui frappent leurs compagnes légitimisent leur violence en disant “Oui,  mais c’est de sa faute, elle l’a cherché, ou elle n’a pas dit ce qu’il fallait” ou je ne sais quelle autre couillerie… Tout cela pour dire : “mais c’est normal que je la tape”.

Ce qui m’effraie, c’est que d’une part, cela vient de personnes qui se disent féministes, et que pour un certain nombre de personnes de la société, ça  a l’air de passer “crème”…

Muriel, rebelle du genre.

Tout comme quand on fait remarquer : “Oui mais il va y avoir des problèmes si on ne fait plus les statistiques selon le sexe. Donc ça veut dire qu’on ne peut plus voir les discriminations faites aux femmes. Ça veut dire qu’on peut plus voir qu’il y a une grosse différence de salaire.  Ca veut dire que des hommes se retrouvent dans des prisons de femmes… Y compris des personnes qui ne disent féministes, disent : “Mais non, vous imaginez des choses etc.” 

Sauf que c’est en train de se passer sous nos yeux. Oui c’est l’idéologie trans et je tiens quand même à dire que je n’ai rien contre les personnes trans, j’ai envie de dire “les vraies personnes trans”, les personnes qui se sentent mal dans leur corps, tellement mal au point de se mutiler pour essayer d’aller mieux… Mais j’ai un gros problème avec cette idéologie, qui est une idéologie sectaire et terroriste qui fait que on ne peut pas avoir un avis différent. 

Si on a un avis différent on est des blasphémateurs, et on mérite la mort, ou le viol ou au moins des coups… parce que quand même franchement c’est trop violent! 

Donc il y a des personnes qui vont dire “C’est trop trop violent d’avoir dit que c’était un homme, c’est normal que tu te prennes son poing dans la gueule.”

Et sur ça, je suis juste vraiment, vraiment pas d’accord.

Donc cette idéologie est une catastrophe totale.

Qu’est-ce qui t’a amenée à témoigner sous ta réelle identité?  Est-ce que tu peux nous expliquer si tu as déjà eu des pressions ou des menaces? Est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement ?

J’ai vraiment beaucoup hésité sur la manière de témoigner. Est-ce que j’allais utiliser un pseudo tout à fait? Ou juste mon  prénom?

Si j’ai beaucoup hésité c’est parce que je sais les violences dont sont capables les transactivistes… 

Je sais les intimidations, le doxxing et le harcèlement.

Muriel, rebelle du genre.

Le harcèlement, j’en ai vécu pendant une longue partie de ma vie et ce n’est vraiment pas quelque chose que j’ai envie de revivre. 

Et puis il y a une part de moi qui se dit : “Mais merde! Ce que je dis est quelque chose qui respecte les droits humains. Je ne fais de mal à personne. Je donne une opinion qui est construite. J’ai pas de souci à ce que d’autres personnes aient une autre opinion que moi, mais je dois pouvoir avoir le droit de donner mon opinion. 

Et partant de là, même s’il y a une part de moi qui a peur, parce que… parce que j’ai vécu dernièrement leur violence… mais je ne suis pas d’accord pour continuer à “me cacher” ou “me faire discrète”.

Et je pense que plus nous serons nombreuses à donner notre avis, et à le faire de manière visible et sans être dans l’ombre et sans nous cacher,…  Je pense que ça peut aussi permettre à d’autres de le faire. 

Parce que si je regarde autour de moi, il y a  une majorité de personnes qui sans doute ne se rendent absolument pas compte de ce qui se passe, mais qui, quand on leur parle de différentes choses, se disent “oui  effectivement il y a un problème. Il y a un problème qu’on fasse transitionner des enfants. Il y a un problème que des femmes soient agressées lors de manifestations.” 

Donc voilà c’est pour ça que j’ai choisi de témoigner avec mon nom.

Donc je m’appelle Muriel Petit, j’habite à Bruxelles, j’ai 45 ans et vous allez devoir faire avec!

Est-ce que tu aurais une anecdote à nous raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Alors y en a plusieurs.

Il y a le fait que toute une série de mots ne sera plus possible d’être utilisée. 

On va parler de “personnes qui ont leurs règles” ou de “menstruatrices”, de “maisons d’accouchements” pour éviter d’utiliser des mots comme “femme, mère” ou des choses ainsi… Cela me marque parce que les mots sont importants pour écrire la réalité.

Muriel, rebelle du genre.

Une anecdote perso, c’est le jour où une personne d’un groupe m’a vue avec mes mollets poilus…

C’était la première fois que cette personne-là voyait que j’avais décidé de laisser mes poils tranquilles., et la fois d’après, quand j’ai vu le groupe, je suis arrivée en retard à la réunion, et ils ne se sont pas rendu compte que j’étais là et ils étaient en train de parler de : “Ah oui mais c’est chouette pour la diversité, nous allons avoir personne trans! », « Ah oui mais, je suis quand même un peu étonnée je n’attendais pas ça de Muriel…”

Et je suis repartie très discrètement puis, je suis rentrée très bruyamment, et il n’ont évidemment plus jamais reparlé de rien mais, je trouve ça assez… Choquant de dire qu’une femme qui a des poils aux pattes c’est donc que c’est un mec!

Dans les anecdotes il y a aussi le fait que sur un groupe lesbien sur Facebook c’était considéré comme normal que des hommes transidentifiés viennent parce que … ils sont des lesbiennes!  Mais il y avait aussi une femme transidentifiée qui a voulu venir parce qu’elle se dit “bi” et que… voilà ! Et il n’y avait pas de souci, elle pouvait être là aussi… donc leur manque de logique me frappe toujours beaucoup.

Mais il y aurait encore tellement, tellement de choses à dire mais… il paraît qu’on n’a pas le droit de faire 125 épisodes donc je vais laisser là!

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Il y a quelque chose qui me tient vraiment à cœur.

Le 28 novembre, il y a eu une manifestation contre les violences faites aux femmes. Un groupe de femmes a été agressé pendant cette manifestation et je faisais partie de ce petit groupe de femmes. J’ai vécu une horde qui s’abattait sur nous, et je n’ai pas compris de suite  pourquoi.  

On a, évidemment, eu des insultes, de la menace, des bousculades, quelques coups. On a, évidemment, été traitées de “terfs” et puisque “terfs”, nous sommes bonnes à brûler!

Muriel, rebelle du genre.

Une des choses qui m’a marquée c’est qu’un homme dont, j’ignore s’il est transidentifié ou pas, mais vu que sur les réseaux sociaux, on me dit que je suis “méchante” qui, en plus, “mégenre” les gentilles personnes trans qui étaient avec le groupe…Donc, j’imagine que c’était un homme transidentifié… Il a dit à un moment “Oh mais qu’elles sont vilaines!!!” et je me suis retrouvée, comme quand j’avais quatre ans, quand la dame qui, elle, devait avoir plus de 70 ans certainement, et c’était dans les années 80, me trouvait tellement vilaine parce que j’étais une petite fille qui ne jouait pas à la poupée, mais qui jouait aux autos… 

Et là, je me suis retrouvée face à un homme qui avait exactement le même discours réac… Je suis désolée mais, le transactivisme,  pour moi, c’est tout sauf progressiste. 

Ils ont ce même discours simplement parce qu’en tant que femme, je n’avais pas la place que lui considérerait que je devais avoir, à savoir douce, attentionnée, empathique, attentive aux hommes et faisant passer les hommes avant moi!

Donc voilà, je trouve pire que révoltant que, dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, des violences contre les femmes se produisent.

Je trouve révoltant de voir la manière dont le groupe qui nous a agressées essaie de faire passer ça sur les réseaux sociaux.

Muriel, rebelle du genre.

Mais il y a une part de moi qui a confiance.

Parce que nous avons eu la chance d’avoir le réflexe de filmer ce qui se passait, donc des images sont sorties et je me rends compte qu’il y a de plus en plus de personnes qui se disent : “il y a quand même un souci”,  qui se disent que oui, ce n’est pas normal de frapper une femme pour des questions d’idés et d’opinions différentes.

L’agression subie par Muriel et des femmes ce 28/11/21 lors d’une manifestation contre les violences masculines à Bruxelles :

https://twitter.com/guenonist/status/1465765194584539136
https://www.womenarehuman.com/trans-activists-attack-women-at-protest-for-violence-against-women/

Nous remercions Muriel pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!


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