Chloé – Je suis Chloé je suis une femme autiste asperger de 22 ans, J’habite pas loin de Bordeaux et je fais des études en lettres, actuellement. Je témoigne pour avertir du danger que toute cette idée actuelle, de remettre en cause ce qu’est réellement la femme, et ce transactivisme qu’on vit aujourd’hui, à quel point ça peut être dangereux pour un adolescent en développement, ou même une jeune adulte en développement. Et à quel point, quand on est perdu, c’est facile de mordre à l’hameçon de ce transactivisme, entre guillemets de “se faire avoir” et de, potentiellement, détruire entièrement son avenir, et sa possibilité d’avoir un enfant, sa possibilité d’être épanouie dans une vie, de sentir bien avec soi-même, parce qu’on a fait une erreur. Et donc oui, je témoigne aujourd’hui pour avertir.
Je ne me considérais pas comme critique du genre à l’époque de ce qui m’est arrivé au lycée, qui a fait qu’aujourd’hui je suis critique du genre. Ce qui a fait qu’aujourd’hui, je le suis, c’est vraiment que je n’ai jamais pu rentrer dans une case, en fait. Du côté des garçons, j’étais une fille, donc je ne pouvais pas… Du côté des filles, j’étais trop masculine. J’étais un peu “garçon manqué” donc je ne pouvais pas non plus, je n’étais pas acceptée pleinement. Mes amis garçons, ben voilà il y avait toujours le : “Oui mais tu es une fille, donc on est plus intéressés par toi parce que… Surtout à l’adolescence, au lycée, le côté sexuel, un peu, de la chose, et de vouloir une relation. Et du côté des filles, j’étais trop “garçon manqué”, je ne rentrais pas dans les cases, je remettais en cause le : “Oui mais pourquoi si je suis une fille, je devrais faire ci ou je devrais faire ça?” Et donc ça ne me plaisait pas. Et après, ce qui a fait que je suis devenue critique du genre aussi, c’est l’éducation que j’ai eue de la part de ma mère, qui a toujours été très féministe, et je ne la remercierai jamais assez à ce niveau-là, parce que ça m’a… Elle m’a toujours appris que si j’aimais quelque chose, c’est pas parce que quelqu’un me disait “Non c’est pas bien que tu aimes ça”, qu’il fallait que je l’abandonne.
Dès petite, j’aimais tout ce qui était rock n’ roll, un peu gothique, tout ça… et mon père n’aimait pas du tout, mais ma mère m’encourageait dans ce truc, même si tout le monde me disait : “Mais oh tu es ridicule, tu es une gothique, et tout.” Mais je ne rentrais pas dans les cases à cause de ça, mais j’en étais très contente parce que au moins je m’assumais, même si c’est ce qui a créé pas mal de harcèlement chez moi, le fait de ne pas rentrer dans les cases. Et une fois arrivée au lycée, prendre un peu plus en maturité, je me considérais vraiment comme féministe, sauf que à cause de mon harcèlement, je me suis énormément renfermée sur moi-même. Je me réfugiais énormément dans les jeux vidéo, les réseaux sociaux. Ma vie sociale, elle se [limitait] vraiment à mon ordinateur et mon téléphone. Et une fois que je suis arrivée, vraiment, au lycée, j’ai rencontré un groupe d’amies qui était un peu comme moi, c’était des filles qui aimaient les jeux vidéos. Donc bah tout de suite, ça a collé, et en fait, avec leur recul, je pense que c’est une des plus grosses erreurs que j’ai pu faire plus jeune, parce que c’est comme ça que j’ai rencontré la fameuse fille qui prétendait se sentir homme. C’est comme ça que je l’ai connue et que tout a dégringolé, en fait. J’ai rencontré ce groupe de filles, qui étaient toutes très “garçons manqués” : jeux vidéo, réseaux sociaux, comme moi. Donc, tout de suite, je me suis dit : “Ouais, trop bien! J’ai trouvé des filles comme moi!”
Dès le début, il y avait des signes avant-coureurs de ce qui allait se passer, mais je ne les voyais pas parce que j’étais aveuglée par ce manque d’interactions sociales que j’avais. J’étais aveuglée par ça, de me dire : “Mais en fait, ça y est! J’ai trouvé mon groupe!”
Mais dès le début, elles remettaient en cause… “Oui mais tu vois bien que tu t’habilles comme un garçon, donc c’est qu’au fond tu n’es pas vraiment une fille.” C’étaient des petites remarques par-ci, par là : “Tu es vraiment masculine, je pense que, au fond, tues non-binaire, et pas une fille réellement… Tu es sûre de ne pas vouloir essayer les cheveux courts?” (parce que j’avais les cheveux longs à l’époque et je les aimais beaucoup).
Cette fille, en fait, avec qui j’étais, et ce groupe d’amies, m’incitaient énormément à enlever tout ce côté féminin qui me restait, au point où ça a fonctionné, à un moment j’étais à la limite de la transition, je me disais : “Ouais j’ai envie qu’on m’appelle par un nom masculin.”
Je me suis coupé les cheveux, tout ça. Bon ça a été vers la fin, mais dès le début en fait, c’était toujours la remise en question de ma personne, de qui j’étais, de comment je m’assumais. Si jamais je leur disais : “Non, je ne suis pas d’accord avec vous, j’ai envie de porter une jupe, j’ai envie de porter ce que je veux, j’ai envie de de garder mes cheveux longs, que je ne me sens pas enfermée dans une cage juste parce que je prends, une jupe ou parce que je me sens fille”, j’avais le droit à la soupe à la grimace pendant au moins une semaine. C’est-à-dire que le seul groupe d’amies que j’avais me rejetait entièrement. Donc c’était très dur, et puis au fond je me disais “Mais est-ce que j’ai vraiment envie d’abandonner ce groupe?” En tant qu’adolescente qui se construit, quand ta seule vie sociale et ta seule vie tout court, en fait se résume au lycée, perdre le seul groupe que tu as au lycée, c’est terrible! Et je pense qu’on a toutes ressenti ça au lycée, d’avoir un groupe et de se faire rejeter par son propre groupe, c’est absolument horrible.
Et donc j’ai préféré me plier un petit peu, parce que la pression psychologique qu’elles mettaient vraiment sur : “Il faut que j’accepte leur idée”… et si j’accepte pas leur idée, je suis une ennemie… c’était vraiment tout ou rien. Et en fait, ça ne se limitait pas seulement au lycée. Déjà, au lycée, elles avaient des badges sur leurs sacs avec le drapeau, elles coloriaient des drapeaux partout, elles avaient “PRIDE”, et tout… Elles voulaient montrer, quoi. Et puis au fur et à mesure, en me rapprochant de ce groupe, j’ai commencé à avoir des sentiments pour cette fille. J’ai commencé à réellement avoir des sentiments pour elle, parce que c’était comme ma meilleure amie… sauf qu’il y avait quelque chose derrière. Donc au début, je me considérais comme lesbienne, mais au final ce n’était pas réellement ça, et honnêtement, aujourd’hui, je reconnais que c’était mon premier amour. Mais j’étais incroyablement manipulée par ce groupe et par cette fille. Et donc on a commencé à sortir ensemble avec cette fille et c’est à partir de là que c’était parti. De jour en jour, ça continuait, mais de plus en plus fort.
Par exemple, elles me lâchaient des : “Si tu sors avec cette fille, et que tu t’habilles comme un garçon, c’est qu’au fond tu es un homme, mais tu ne veux pas l’assumer!” Et intérieurement, je me disais : “Mais non, en fait, je n’ai pas envie.”
Mais quand je voyais la personne que j’aimais me dire : “Moi, avec mon expérience, je pense vraiment que c’est tes parents qui t’empêchent d’être qui tu es réellement…” Donc en fait, en plus d’avoir un impact sur ma vie au lycée, sur mon être en tant que telle, elles commençaient à avoir de l’influence sur la relation que j’avais avec mes parents.
RDG – Est-ce que tu en as parlé avec tes parents à ce moment-là? Est-ce que c’est quelque chose que vous avez abordé?
Chloé – Alors justement, en fait, j’étais tellement manipulée par cette fille qu’elle a réussi à me monter la tête contre mes propres parents. C’est à dire qu’à cette époque elle détestait tellement ma mère – surtout ma mère, elle l’aimait vraiment pas, parce que ma mère lui montrait par A+B que son idée d’être un garçon, en fait, c’était juste un problème psychologique, elle était vraiment en colère que ma mère puisse lui dire ça – elle en avait tellement après ma mère, que c’était toujours : “ma mère c’est la méchante”. Sauf que, vu que j’étais amoureuse, j’étais folle amoureuse de cette fille, je me persuadais que c’était une réalité, que ma mère était l’ennemie.
Au point où je me suis coupée complètement de ma mère. Il y a vraiment eu une rupture dans ma relation avec ma mère, à cause de cette fille, où elle me disait : “Ta mère t’empêche d’être qui tu es réellement. Ta famille, elle ne veut pas t’aider, elle te, elle t’emprisonne, en fait. Ta famille, elle … Ta mère veut que tu rentres dans ces cases et pas que tu sois libre, en fait!” Alors que ma mère, au contraire, elle m’a toujours poussée à accepter la personne que je suis, et à accepter pleinement, à m’assumer, en fait. Elle a toujours été derrière moi, en fait. Jamais une seule fois, ça n’a été péjoratif. Mais cette fille avait un pouvoir de manipulation sur moi, au point où vraiment ça m’a tournée contre ma mère. Au point où je n’avais plus personne. Je m’étais isolée. Cette fille m’avait isolée, et je l’avais fait de moi-même, tellement j’étais manipulée. Je m’étais isolée de tout le monde. Les dernières personnes que j’avais, c’était ce groupe d’amies, et cette fille, qui était donc ma petite amie à l’époque. Et en plus, avec l’âge rebelle, au lycée ça n’aidait pas, quoi. Ça n’aidait vraiment pas, et je me faisais influencer dans ma recherche de qui j’étais, et c’est absolument incroyable. Elle remettait réellement en cause toutes les actions de mes parents, elle me persuadait que ma famille était nocive, toxique, que c’était des vrais bourreaux.
Elle réussissait, c’était ça, le pire. Elle réussissait.
Je ne parlais presque plus à ma mère, à ma famille.
J’avais la boule au ventre en rentrant chez moi, parce que pour moi, mes parents étaient mes ennemis.
J’en arrivais où je pouvais vraiment faire une crise panique en rentrant chez moi juste parce que je me disais : “Je vais voir ma mère!”
Alors que, honnêtement, si je n’avais pas connu cette fille, jamais ça ne serait arrivé. Jamais.
Avant d’avoir connu cette fille, jamais je ne m’étais posé la question de : “Ouais, est-ce que je suis réellement une femme ou pas?” Parce que pour moi, c’était absurde.
Elle a quand même réussi à forger dans mon esprit une vision complètement erronée de ma famille. Son but, c’était aussi, je pense, je l’assume, mais … vraiment ce qu’elle renvoyait, c’était que son but, c’était de m’éloigner de mes amis, et elle avait réussi.
Et je me suis retrouvée seule avec plus aucune personne de confiance, à part elle et mes amies qui s’identifiaient transexuelles pour la plupart, ou non binaires, ou “non, je suis… je suis un garçon, etc.” Enfin, tout ce genre de choses.
Et elles m’avaient complètement relookée aussi. J’ai eu les cheveux courts, à la garçonne. Je ne m’habillais plus qu’avec des jeans, des baskets et des pulls oversized, parce que sinon on voyait trop mes formes, et j’allais me sentir mal qu’on voit mes formes. C’était du noir ou du bleu, et surtout pas quelque chose qu’elles jugeaient “féminin”… Sinon c’était se forcer à [être] une personne qu’on n’est pas.
En fait, c’était limite devenu une secte, au point où on parlait, on mangeait, on respirait, on transpirait LGBT.
Vraiment, il n’y avait que de ça : et du transactivisme aussi.
A l’époque, je ne vais pas dire que j’étais une transactiviste, parce que je ne le partageais pas sur les réseaux, ou quoi que ce soit, mais vraiment, j’étais persuadée que le transactivisme était une bonne chose.
Alors que, avec le recul, pas du tout!
Et en fait, pas très longtemps après qu’elle ait réussi à m’isoler de tout le monde, ma petite amie m’a annoncé que, en fait, elle était transexuelle, et qu’elle allait faire la transition pour devenir un homme. Qu’elle voulait qu’on la genre au masculin. Qu’on l’appelle par son nouveau prénom. Et moi, je trouvais ça merveilleux : “mais c’est incroyable, c’est dingue. Tu t’assumes, je suis tellement heureuse pour toi!”
Je la soutenais, et pour moi, mon premier amour devenait la personne qu’elle souhaitait être… c’était que du bonheur!
Sauf qu’en fait, ce n’était pas du tout la réalité, c’était vraiment une façade, et vraiment à partir de ce moment-là, c’est devenu de pire en pire.
Au point où on avait des cours d’arts plastiques ensemble, et tous ses projets, c’était sur la dépression, et à quel point être dépressif c’était poétique. Etre triste et se mutiler, c’était poétique. Que la transexualité, c’était de la libération, etc.
Donc je passerai le sujet de la mutilation parce que vraiment, elle avait une obsession avec ça, vraiment.
Elle me faisait du chantage avec ça.
RDG – Tu dis que tu veux le passer, mais c’est quand même un point important, on le gardera si tu veux, ou pas. Mais qu’est-ce que tu entends par cette obsession de la mutilation?
Chloé – Elle se scarifiait.
RDG – Elle te demandait de le faire aussi ?
Chloé – Alors une fois. En fait, à chaque fois qu’on se prenait la tête, elle me faisait du chantage à la mutilation. Elle me faisait du chantage en disant : “Ouais, non mais tu penses ça de moi, et tout… je vais me mutiler.”
Et puis après, elle m’envoyait des photos de tout ça, au point où moi je me disais : “Mais ça devient normal.” Et j’ai commencé à le faire. J’ai commencé à le faire. Parce que, à chaque fois que je faisais vraiment une crise due à mon autisme, à chaque fois que je faisais des crises d’overwhelm, quand j’étais vraiment trop stimulée, au point où mon cerveau n’arrivait plus à fonctionner, la seule solution, ça en venait à être de la scarification, parce que c’était la seule qu’on m’avait appris, étant donné qu’à l’époque, ma mère ne s’y connaissait pas beaucoup en autisme, qu’elle n’avait pas été diagnostiquée, moi non plus. Je n’ai reçu mon diagnostic que très tard, et la seule [solution] qu’on me donnait quand tu te sens vraiment pas bien, c’était de te mutiler. Donc je l’ai fait.
Et elle me disait : “Ouais mais c’est trop beau, tu le fais aussi! Tu te rends compte de la beauté du truc, et tout…”
Et ouais sans donner à du chantage à la mutilation, que c’était une bonne chose…
Avec le recul, aujourd’hui, je me dis : “Mais comment j’ai pu me faire berner comme ça, vraiment? Comment j’ai pu? Mais entre les sentiments que j’avais, et l’âge bête, le fait de trouver enfin un groupe social qui m’accepte, je me disais : “c’est magnifique. et c’est parfois… On vit dans le meilleur des mondes” … Sauf qu’en fait, pas du tout.
Et donc, oui, par rapport à la mutilation : ça en venait à faire du chantage à la mutilation.
RDG – Donc scarifications, ce genre de choses-là?
Chloé – Oui, de réelles scarifications. J’en ai des cicatrices aujourd’hui sur les bras. Je me suis fait tatouer pour couvrir un bras, mais j’ai l’autre qui n’est pas encore tatoué, et j’ai encore énormément de cicatrices.
Pareil pour les cuisses : j’ai des cuisses où j’ai encore des cicatrices, et je sais que ça va me suivre toute ma vie.
Et aujourd’hui, à chaque fois que je regarde ces cicatrices, autant je me dis : “J’ai réussi à passer ce cap, et je suis fière de moi.” Mais en même temps ça me renvoie à cette époque, et ça me rappelle cette personne.
Et il y a vraiment des fois où, quand je ne vais pas être bien, de base, et que je vois ça, et que ça me rappelle cette personne, ça va jusqu’à récemment, parce que j’en ai travaillé avec mon thérapeute, jusqu’à récemment, je pouvais vraiment faire des crises juste parce que je n’allais pas bien, et de voir mes cicatrices… Ca m’a réellement laissé un traumatisme, cette expérience.
Encore aujourd’hui, je peux en faire des cauchemars.
J’en ai refait un il n’y a pas très longtemps, par rapport à ça, où je rêvais que la personne envers qui j’ai des sentiments actuellement me faisait le même coup que cette personne. Et je me suis réveillée en pleurs, vraiment… Enfin, je n’étais pas bien du tout, quoi.
Et je sais que ça risque de me suivre encore très très longtemps.
Mais oui, donc pour revenir à cette histoire, pas très longtemps après cette histoire de transition, elle m’a quittée du jour au lendemain.
Mais quand je dis “du jour au lendemain”, c’est réellement du jour au lendemain : la veille, on était au téléphone (parce qu’on s’endormait avec le téléphone, on s’appelait, on trouvait ça absolument très romantique, etc…) Alors bon voilà c’est des trucs d’adolescents, mais bon, la veille au téléphone, elle me disait qu’elle m’aimait plus que tout au monde, qu’elle voulait passer sa vie avec moi, etc… Et le lendemain, réellement 24 heures plus tard, elle me largue sans m’expliquer, sans aucune explication. Et après lui avoir envoyé des messages en la suppliant de m’expliquer et des heures de discussion, elle a craqué et elle m’a déversé toute sa haine : me reprochant que j’avais jamais été là pour elle, que je ne l’avais jamais soutenue dans sa transition, que j’étais une mauvaise personne, qu’elle me détestait, qu’elle ne pensait pas pouvoir rester en couple avec une fille, maintenant sa transition commencée.
Alors qu’avant, on était en couple, il n’y avait aucun problème.
Et encore moins avec moi… et que je ferais mieux réellement (elle m’a balancé mot pour mot) que je ferais mieux de me jeter sous un train.
Alors que je n’avais plus personne.
Psychologiquement, ce que ça fait une adolescente qui n’a personne autour d’elle, de se dire que la seule personne qui m’aimait réellement et que j’aime, me dit que ma vie ne vaut rien, c’est évidemment… ça a donné, ça a donné lieu à des trucs horribles. Elle m’a balancé réellement toutes les peurs que j’avais : j’avais peur d’être une mauvaise personne, j’avais peur de mal dire les choses, que les gens aimaient traîner avec moi par pitié etc… Toutes ces choses là que je lui avais dit uniquement à elle parce que j’avais confiance en elle, vraiment pour moi c’était ma personne de confiance et elle me les a toutes balancées en me… en me disant que ce que je pensais était vrai : que je valais rien. Que, voilà… Et qu’elle me détestait. Et qu’au lieu de l’embêter avec mes questionnements et mes problèmes, j’étais un poids pour elle, et tout notre groupe d’amies. Et que notre groupe d’amies me détestait, et que je ferais réellement mieux de me jeter sous un train.
Je me suis retrouvée seule en fait, plus personne autour de moi.
Ma mère, on avait une relation qui était brisée, en fait, à l’époque, à cause de cette personne et mes amis donc les seules personnes qui me restaient, elles m’avaient toutes bloquée de partout, elles me parlaient plus, elles m’ignoraient, mon premier amour me détestait… Ouais en effet, après ce qui s’est passé j’en suis venu à faire une tentative de suicide. J’avais plus aucune identité, tout ce que j’avais on me l’avait enlevé et on me l’avait recraché au visage en disant que je valais rien. Mon identité en tant que femme qu’on m’avait enlevée, je l’avais plus. Mon identité en tant que personne, en tant qu’amie, en tant que fille, je ne l’avais plus.
Ma relation avec ma mère je l’avais plus, je n’avais plus rien.
Donc oui j’ai fait une tentative de suicide qui, heureusement, n’a pas réussie et ça n’a été vraiment qu’avec du recul et énormément d’aide de ma mère, que je me suis rendu compte que cette rupture c’était le mieux pour moi et à quel point j’avais été manipulée par ce groupe.
Après avoir passé cette période, plus une seule fois je me suis posé de question sur mon genre, ou ma sexualité, ou mon identité, et je me sens, clairement, plus à l’aise dans mon corps aujourd’hui qu’ à l’époque, avec tout ce qui se passait.
RDG : C’est… En tant que mère, ça me met dans une telle colère.
Chloé : Le texte que j’avais envoyé à ma mère pour qu’elle le transfère à une amie journaliste à “Elle”… Dans le texte je mets beaucoup de détails pour que le témoignage soit complet pour cette personne.
Elle l’a lu et elle m’a dit “Mais je suis désolée de ne pas l’avoir vu, de ne pas avoir été là pour toi à ce moment-là, quand c’est arrivé”.
Et je lui ai dit : “Mais ce n’est pas de ta faute, c’est moi qui te bloquais, qui ne te laissais pas m’aider, qui t’empêchais, en fait, de par cette manipulation complète de ce groupe.
Je l’ai empêchée.
Elle était désolée, elle n’était vraiment pas bien, ma mère, quand elle a lu entièrement le texte.
Elle m’a dit : “Mais que tu aies pu vivre ça, je suis réellement désolée.”
Et je lui ai dit : “Mais tu n’as pas à t’excuser”.
Clairement, tout ce qui s’est passé, ce n’est pas de sa faute, et au contraire, dans tout ce qui s’est passé, s’il y a bien une personne grâce à qui j’ai réussi à tenir, et à garder un minimum d’identité, c’est grâce à ma mère, et à l’éducation qu’elle m’a donnée. Parce que si elle ne m’avait pas éduquée dans le sens de “tu es une femme, accepte pleinement ce truc-là, et aime toi comme tu es”, si elle ne m’avait pas éduquée comme ça, ça se serait passé horriblement pire !
Vraiment ça aurait été une horreur, si elle ne m’avait pas éduquée comme ça.
Donc je ne la remercierai jamais assez de m’avoir donné cette éducation, et de m’avoir accompagnée toute ma vie dans ma féminité, pour m’assumer en tant que telle.
RDG : Mais merci de dire tout ça! Parce que je crois que c’est vraiment très précieux, et que dans les personnes qui nous écoutent, il y a des mères, il y a des parents, il y a aussi des frères et soeurs, il y a aussi des amis qui sont désespérés, en fait, parce qu’ils voient disparaître une personne, ils doivent porter le deuil de la personne qu’ils aiment, alors qu’en fait elle est vivante, mais que, ils peuvent juste espérer qu’elle va revenir. Et ton témoignage dans ce sens-là…
Vraiment, je te dis merci parce que je crois que tu peux donner de l’espoir en fait à beaucoup de personnes, vraiment.
Chloé : c’est gentil.
RDG : Non non, je pense réellement que c’est très important de garder l’espoir et de se dire que c’est pas mort, en fait, et que la relation, on arrive à la garder. On peut la restaurer, on peut la restaurer.
Chloé : Bien sûr ! Mais le pire dans tout ça c’est que ma mère n’a jamais abandonné en fait, elle a gardé cet espoir qu’un jour, ça se brise. Et c’est ce qui s’est passé.
Mais ça a mis du temps avant qu’avec ma mère, on reprenne une relation.
Là, on n’a repris une relation saine, et une réelle relation mère-fille que très récemment. Ça a mis plus de 3 ans pour que moi, psychologiquement, j’arrive à m’en remettre. Et j’arrive à ré-accepter qu’en fait ma mère n’était pas un ennemi.
Moi, ça m’a fait une image de ma mère qui est absolument horrible, mais heureusement, je me suis réveillée. Parce que ma mère n’a pas lâché prise. Et elle est revenue vers moi plus tard, en me disant : “Mais est-ce que tu souhaites qu’on se voit?”
Et heureusement! Parce que, vraiment heureusement, qu’elle n’a jamais lâché prise, parce que c’est elle qui m’a… qui m’a soutenue.
De loin, avec le recul, je m’en rends compte.
Mais à l’époque, je ne voulais pas le voir.
Mais au fond, je savais que ma mère serait toujours là.
Et c’est ce qui s’est passé, elle a toujours été là.
Et aujourd’hui, on a une relation qui est pour moi une délivrance, un peu. Réellement, pour moi, d’avoir cette relation aujourd’hui avec ma mère, c’est une délivrance. Parce que je peux m’assumer pleinement, elle est toujours avec moi, même si je dis quelque chose de mal elle va me le dire, elle va me dire : “Donc oui, je pense que ton avis, il n’est pas dingue.”
Et quand on a un désaccord, on en parle, on en discute et on communique.
Et vraiment c’est ce qui a manqué à ce moment-là : c’était de la communication.
C’est réellement ce qui a fait que tout ça s’est passé de cette manière, et on l’a appris avec ma mère. Et aujourd’hui, dès qu’il y a un problème, on communique.
Et ça s’arrange tout de suite, dès qu’on communique, parce qu’en plus de notre autisme à chacune, dès qu’il y a un désaccord, c’est très souvent parce qu’on n’arrive pas à se comprendre l’une et l’autre, parce qu’on va interpréter différemment, et on va renvoyer différemment. Et aujourd’hui, quand il y a un problème, moi je lui dis “Moi, je ressens les choses comme ça et ce que j’essaie de te faire comprendre c’est ça.” Et ma mère va me dire : “Moi je les comprends comme ça, et ce que je veux te faire comprendre c’est ça.” Et à partir de là, c’est bon. Et oui, je pense vraiment que la relation mère-fille, père-fille, père-fils, mère-fils, toutes les relations proches en tout cas, la communication c’est extrêmement important parce que c’est ce qui a manqué à ce moment-là.
RDG : Clairement, c’était ce qui t’a sauvé et c’est aussi pour ça je pense, qu’elle s’est autant acharnée pour détruire cette relation, en fait.
Chloé : Ah bien sûr ! Bien sûr ! Parce que ma mère réellement, à cette époque là, elle m’a expliqué le pourquoi du comment, cette idée de transidentité, c’était nocif, c’était mauvais, et elle y arrivait au début, elle arrivait à me faire comprendre.
Sauf qu’en fait, cette fille avait une emprise telle sur moi que je me disais “mais non en fait, ma mère a complètement faux et c’est une ennemie, elle veut m’enfermer et tout” et elle s’est acharnée, cette fille, pour détruire cette communication qu’on avait. Et elle a réussi. Et c’est à partir du moment où il n’y avait plus aucune communication entre ma mère et moi réelle, sans qu’on se prenne la tête ou sans que j’interprète dans le sens de tuer la méchante, jusqu’à ça psychologiquement, je tenais encore. Mais c’est à partir du moment où cette fille a coupé toute communication entre ma mère et moi que ça a dégringolé.
RDG – A quel moment tu dis finalement ben oui tout ça c’est en fait… c’est du vent?
Chloé – Alors le moment où je me suis dit que… tout ce transactivisme, et tout, c’était vraiment nocif, ce n’est que très récemment. Parce que j’en parlais énormément avec ma mère, et depuis ce qui s’est passé au lycée, je me disais “mais ce n’est pas normal.” Mais je ne m’y étais jamais réellement attardée et donc, je me suis vraiment posé la question d’être, entre guillemets, une “rebelle de genre” quand j’ai repris contact avec ma mère, et qu’on a parlé, énormément, de cette période. Parce que c’est la période où ça a brisé quelque chose entre ma mère et moi. On en a énormément parlé, et elle m’a envoyé des articles à lire, et… mais sans me forcer, comme quoi… ok : l’homosexualité, là il n’ y a pas de souci, mais le problème c’est de remettre en cause ce qu’est une femme ou ce qui peut être un homme, et à quel point c’est problématiques au niveau des droits de la femme, et au niveau de tous les combats que nos ancêtres ont fait pour qu’aujourd’hui on puisse être des femmes pleinement, en fait! Et à quel point ça rend invisible notre combat en tant que féministe, et en tant que femme tout court.
Donc j’ai commencé réellement être rebelle du genre il n’y a vraiment pas très longtemps… Enfin, être “critique du genre”.
Et ce qui m’a amenée réellement à l’être, c’est tout ce qui s’est passé au lycée, et parce que je veux pouvoir comprendre réellement comment ça a pu arriver, et pouvoir prévenir, pouvoir arrêter ce… idéalement évidemment, pouvoir arrêter ce transactivisme qui se fait de partout. Parce que c’est dangereux, c’est réellement dangereux pour un adolescent qui est en pleine construction ou pour un enfant qui est en train de se construire, de s’accepter soi-même. C’est dangereux.
En prenant mon exemple, si tu as très peu de contacts sociaux avec l’extérieur, si tu t’enfermes dans les jeux vidéos, Internet, etc., tu es une victime facile, en fait, de ce mouvement. Et que derrière toute cette façade de “espace safe pour toute personne”… ben non ça ne l’est pas. C’est réellement un piège, en fait, parce que dès que tu te fais avoir, il faut te battre. C’est la croix et la bannière pour t’en sortir, pour réussir à t’en défaire complètement. Et psychologiquement, ça a un impact en fait. Ça a réellement un impact. Ça te laisse des traumatismes qui peuvent durer à vie, que ce soit psychologiques ou physiques. Ca te laisse un réel traumatisme. La vérité c’est… soit tu es de leur côté, soit tu es un ennemi. Il y a pas d’entre-deux.
RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie?
Chloé – C’est une réelle menace, ne serait-ce que pour les femmes, parce que ça rend invisible notre combat, complètement! Ils sont en train d’effacer ce qu’est une femme. On est en train de faire de la femme un sentiment. De faire de la femme des clichés complets. Pour eux, tu peux t’identifier comme femme à partir du moment où tu “agis comme une femme”… Sauf que être une femme, ce n’est pas ça!
Etre une femme, c’est avoir un vagin, avoir certains chromosomes.
Etre une femme, n’est pas un sentiment.
C’est une vérité scientifique, d’être une femme.
Pour moi, c’est une réelle menace, parce que c’est en train d’effacer le féminisme et c’est en train de diaboliser, en fait, le féminisme. Parce que quand on dit : “Non. Etre une femme, ce n’est pas un sentiment.” On nous traite de TERF, on nous insulte, on nous menace! De plus en plus, on menace les féministes qui osent dire que : “Non.” On les menace de mort.
On les menace de violences sexuelles, aussi.
Donc clairement, ouais c’est vraiment parce qu’on est en train de rendre invisible le combat de la femme, et la femme tout court.
Ensuite cette idéologie, c’est une menace pour les enfants, également. Parce que les enfants c’est les plus faibles, c’est les proies les plus faciles. Parce que on les noie sous toutes ces nouvelles informations de : “Oui, en fait, si tu veux mettre une jupe, c’est que tu es une femme, c’est que tu n’es pas un garçon. Et que, à contrario, si tu veux mettre un pantalon et que tu n’aimes pas les jupes, c’est que tu n’es pas une femme, c’est que tu es un garçon.”
Ce que ça fait un enfant, psychologiquement, de se dire : “En fait, si j’ai un pénis ou si j’ai un vagin, ça ne change rien.”
C’est terrible pour le développement d’un enfant.
D’autant plus sur Netflix, surtout ce qui se passe au niveau des séries…
Netflix, qui est accessible pour les enfants si les parents ne font pas très attention, s’ils ne mettent pas le contrôle parental : ils ont accès à toutes les séries possibles sur Netflix, dont les séries qui se veulent “sex progressive” qui sont dangereuses. Ces séries, réellement, elles sont dangereuses! Il y a quand même des séries qui veulent enlever le tabou de la puberté pour les enfants, pour que ça soit plus simple pour eux, d’assumer la sexualité, dès très jeune…
Dans cette série, on met des enfants de 12-13 ans, on les met comme exemple, et on leur fait vivre des situations “à sortir par les yeux” , il n’y a pas un seul personnage dans cette série qui, à un moment, ne remet pas en question sa sexualité ou son genre! Ce n’est que de ça!
Dans cette série, à un moment on te montre un garçon qui a transitionné pour devenir entre guillemets “une femme”, donc une fille car il a 13 ans, je le rappelle. Et donc on le voit arriver dans un camp de vacances, alors qu’il a encore un pénis, dans le dortoir des filles. Il va dormir dans le dortoir des filles parce qu’il s’identifie comme femme. Et il arrive là-bas, et les filles qui sont “féminines” réellement, qui mettent du maquillage, qui s’habillent avec des jupes, qui assument leur “féminité”, etc., qui sont des clichés, clairement… qui sont des clichés de ce qu’est une fille à l’époque du collège, qui vont voir, donc, ce garçon dit “transexuel”, et qui vont l’habiller et qui vont lui dire : “Oui mais comment tu présentes cette fille? Est-ce que tu lui mets du maquillage? Est-ce que tu l’habilles en Prada? Est-ce que tu l’habilles avec du Gucci, etc.?” Ils s’en servent comme d’une poupée.
Donc déjà, ça diabolise un petit peu, je trouve, ce qu’est une fille.
Pour elles, quelqu’un de trans, c’est un jouet.
On porte ces filles-là en méchantes, de prendre ce garçon trans, de l’habiller, de lui mettre du maquillage, et tout, parce qu’il est trans, et parce qu’elles veulent entre guillemets “l’aider à être plus une fille”…
RDG – Oui évidemment du maquillage… paf, paf… fille!
Chloé – Bah oui c’est ça, pour l’aider à être plus une fille : il faut lui mettre du maquillage, lui mettre une robe, le mettre sur un podium, sur un défilé… tout ça! Et à contrario, il y a la fille, donc le personnage principal, à côté, qui va le voir, qui s’excuse en disant que : “Oui c’est… c’est vraiment (comme ils disent dans la série) c’est des “bitches”, donc c’est des connasses littéralement, que c’est des connasses de dire ça et que oui si elle se sent mal, enfin si ce garçon se sent mal il peut venir la voir….
Les seules filles qui entre guillemets “assument” leur féminité, on en fait les méchantes et en plus de ça, on cultive la caricature de : être une fille c’est mettre du maquillage et s’habiller avec de la haute couture! Je trouve ça quand même assez incroyable… de mettre ça dans une série pour enfants en plein développement!
RDG – Et de façon plus générale je pense que tu avais développé un peu une réflexion sur justement les séries Netflix, de façon globale tout à l’heure tu m’en parlais?
Chloé – Ah oui oui! Toutes ces séries Netflix accessibles aux enfants qui se veulent “sex progressive” où dedans il y a pas un seul personnage pleinement hétéro. Où, à chaque fois le personnage hétéro va remettre en question sa sexualité ou son genre et que de remettre ça en question ça va “le libérer”! Ça me sort par les yeux.
En quoi être une personne hétéro et assumer son genre pleinement est un problème?
RDG – C’est général sur Netflix? Il y a beaucoup de séries comme ça?
Chloé – Ah bah il y en a de plus en plus je vois de moins en moins de séries ou on parle pas de LGBT, de transexualité, ou le mot “cisgenre” n’est pas prononcé, il y en a de moins en moins, des séries comme ça.
RDG – Donc en fait on a une normalisation du discours transactiviste par les séries, complètement.
Chloé – Ah mais ça, complètement! C’est son train de devenir une normalité, en fait!
Sur Netflix, ils sont limite en train de dire que le fait d’être hétéro, ou pour eux, d’être “cis”, c’est une mauvaise chose. Et qu’en fait, être transgenre, ou être non-binaire, ou être homosexuel, et de remettre sans cesse son genre ou sa sexualité en question, c’est une bonne chose, c’est un bon développement pour une personne.
RDG – Et notamment pour les enfants. Enfin, ça fleure bon la pédocriminalité, tout ça! Je veux dire…
Chloé – Ah oui complètement!
RDG – Je veux dire… Normaliser la sexualité chez des enfants, enfin pour moi ceux qui font ça régulièrement, c’est quand même les pédocriminels, non?
Chloé – Ah mais complètement! Surtout que comme dans la série dont je parlais tout à l’heure… Le fait d’enlever ce tabou sur la puberté, de montrer des pénis à tout va, et des vagins tout va dans la série… Et montrer ça ensuite à des enfants… Bon, c’est un peu moyen quoi ça. Ouais ça fleure la pédocriminalité, ouais.
RDG – D’accord. Alors qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité, puisque c’est le cas aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu sens qu’il pourrait y avoir un danger dans ton entourage ou pour toi-même, par rapport à cette question? Ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement?
Chloé – Alors clairement, je n’ai pas peur de témoigner sous ma réelle identité, ça ne me pose aucun problème. Et ce qui m’a décidée à témoigner sous ma réelle identité, c’est déjà pour montrer qu’il ne faut pas se laisser faire. Haha. Que, même si on reçoit des pressions, il ne faut pas en démordre. Parce que c’est comme ça que ce dogme va gagner un petit peu. Et c’est en nous faisant peur et en nous faisant reculer, et au contraire il faut pas reculer face à ça parce que sinon ça va les laisser gagner, et ça va les laisser s’étendre de plus en plus et devenir de plus en plus dangereux.
Et donc, non j’ai pas peur de témoigner sous ma réalité, alors que oui, j’ai reçu des pressions ou des leçons de morale de la part de transactivistes, ou “d’alliés (entre guillemets) LGBTQje-ne-sais-quoi+”. Et pourtant, ça n’a pas changé mon point de vue une seule fois. Pas une seule fois, je ne laisserai mon point de vue être changé par ce genre de personne. Et ça m’a réellement montré à quel point tout ce lobby, cette idéologie est immature.
Parce qu’à chaque débat, il n’y a jamais un seul argument, un réel fait, un réel argument. C’est toujours du chantage affectif, du chantage au suicide. Du : “Oui mais regarde-toi, tu es la méchante, et tout!”
Mais je m’en fiche! Clairement, c’est ton idée, d’accord. Mais ce n’est pas parce que c’est ton idée que je dois l’accepter et me dire que c’est la bonne idée.
Et ça n’est pas parce que TU penses que c’est la bonne idée que ça l’est, clairement.
Je pense réellement que ça ne devrait pas atteindre autant de personnes, au vu des idées qu’ils propagent. Clairement, les idées de que tous les transactivistes propagent, le fait que ça atteigne autant de jeunes personnes, c’est pas bon!
Et il faut continuer à se battre pour empêcher ça.
Parce que ça va devenir de pire en pire.
Peut-être que là, actuellement, je suis un cas parmi tant d’autres.
Mais au vu de ce qui m’est arrivé, je n’ai pas envie que ça devienne une normalité.
Et malheureusement, c’est ce qui est en train de devenir.
Parce qu’aujourd’hui, on est en train de voir de plus en plus de femmes qui sont en train de détransitionner, parce qu’elles ont vécu ce genre de choses, et qu’elles ne se sont pas arrêtées juste avant.
Parce que moi, clairement, je me suis arrêtée juste avant.
Juste avant d’entamer réellement cette envie de transition. Je me suis arrêtée juste avant. Et je n’ai pas envie qu’il y ait de plus en plus de femmes qui souffrent de ça, et que malheureusement, ce soit trop tard, leur identité de femmes, elle leur soit enlevée, physiquement, je veux dire.
RDG – Oui leur corps en fait : que leur corps soit altéré, qu’elles soient mutilées définitivement.
Chloé – C’est ça : que leur corps ait été mutilé. Je n’ai pas envie que ça devienne une normalité. Parce que… c’est horrible. C’est horrible.
Pour moi qui, à l’époque… je me disais : “Non, je ne veux pas d’enfants.”
Alors qu’aujourd’hui, j’aimerais avoir un enfant plus tard, une fois que, voilà, j’aurai la situation, etc. Je veux avoir un enfant.
Mais à l’époque, au vu de l’immaturité que j’avais, je n’en voulais pas, d’enfant. Si j’avais fait cette transition pleinement, aujourd’hui j’en souffrirais, parce que je ne pourrais jamais avoir d’enfant.
RDG – Et ton ex copine, là… Du coup, elle a fait une transition complète?
Chloé – Elle a fait une transition complète, de ce que je sais. Parce que j’ai coupé tout contact avec ces personnes.
RDG – Donc elle s’est fait stéril… elle s’est faite castrer.
Chloé – Aux dernières nouvelles, elle était sous bloqueur hormonaux, elle prenait de la testostérone, et elle s’est fait retirer ses seins.
De me dire que cette personne m’influençait à me dire que, oui c’était possible que je puisse le faire également.
Et que, pour moi, ça s’en était devenu une possibilité à un moment de me dire que, dans une autre temporalité, je l’aurais fait… ça me détruit.
Parce que je me dis… mais si ma mère n’avait pas été aussi présente, dans quelle situation je serais aujourd’hui?
Si ma mère avait laissé tomber, dans quelle situation je serais aujourd’hui?
Et c’est pour ça que je ne remercierai jamais assez ma mère de ne pas avoir lâché prise, et de toujours avoir été là pour moi.
RDG – Merveilleux. En tant que mère je… je connais le désespoir de certaines mères vraiment, autour de moi et ce matin encore j’ai parlé avec une amie très chère et c’est sa petite fille qui a 19 ans qui a transitionné. Donc elle a déjà pris la testostérone, elle a… sa voix a mué, et donc là, il est question de … la suite, en fait : la mastectomie, etc. Et cette femme qui traverse ça… c’est terrifiant.
Chloé – Pour moi qui veux un enfant, je n’ai pas envie que mon enfant grandisse dans une société où il y a cette idée-là que c’est normal de se mutiler le corps, en tant que femme, pour devenir un homme. Et qu’être une femme, en fait, c’est un sentiment.
Mais ça me détruirait, en tant que mère, de voir mon enfant tomber dans ce piège.
RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?
Chloé – Une fois, en fait, je m’étais habillée avec une robe et des collants et comme je m’habille aujourd’hui parce qu’à l’époque je commençais déjà à avoir mon style en fait! Et elle me l’a enlevé complètement. Que j’étais venue en robe avec des talons et j’avais ma robe, collants, talons, sac à main et tout… Et que ça n’avait pas plu à mon groupe d’amies qui se disaient transactivistes, ça leur a permis de faire beaucoup de remarques sur mon hétérosexualité, ma féminité. Je leur ai dit : “Mais j’aime m’habiller comme ça, laissez-moi m’habiller comme ça enfin!” Et elles n’étaient pas d’accord, et je leur ai tenu tête… Et vraiment, elles m’ont fait la tête pendant un bon moment… Elles m’ont vraiment ignorée parce qu’elles me disaient : “Non, tu es non-binaire, tu n’es pas une fille, tu n’es pas une fille, tu n’es pas une fille!”
Alors que moi je leur disais : “Mais bien sûr que si! Enfin moi, je m’identifie comme une fille. Je ne m’identifie pas comme comme ce que vous me dites!” Elles osaient dire que je n’étais pas de leur vie, et que je voulais m’habiller comme je le souhaitais… elles m’ont fait la tête pendant presque une semaine. Elles m’ont ignorée et rejetée, juste parce que je leur avais tenu tête, jusqu’au moment où il a fallu que j’aille m’excuser de moi-même. Et c’est à partir de là qu’elles ont accepté de me pardonner, et de passer l’éponge.
Et de même, au tout début de ma relation amoureuse avec cette fille, pour moi c’était… voilà c’était compliqué, parce que je me disais “Oui bon voilà je suis amoureuse d’une fille, voilà…” ça me surprenait un petit peu… Elles remettaient ce truc-là en question en disant que : “Oui, tu te rends compte, si tu t’acceptais pleinement, tu ne réagirais pas comme ça, etc…”
Alors que j’étais en train de me développer et qu’elles appuyaient sur tous les questionnements que je pouvais avoir en tant que personne qui se développe, en fait.
Par rapport aux marques, en fait, vraiment aujourd’hui cette idéologie elle impacte même les marques au point où en juin donc, pendant le “Pride Month” donc le mois de la Pride, toutes les marques mettent leur logo en drapeau LGBT et se veulent “alliées”.
Sauf qu’en fait, c’est évidemment juste pour se faire bien voir des parties LGBT des transactivistes etc. Et le fait que même des marques prennent ce genre de parti ça me semble quand même assez absurde. De vouloir se justifier comme allié pour vendre… Parce que comme ce qu’on voit sur Twitter si tu n’es pas un allié tu te fais “ficher” il y a quand même des threads sur Twitter de personnes qui disent “Voici les marques et les personnes qui sont contre le transactivisme et les LGBT, ou qui ne soutiennent pas…” Parce que même ne pas soutenir, c’est être un ennemi, bien sûr!
Et c’est des threads absolument absurdes! Statuant qu’il faut boycotter cette marque parce qu’elle n’est pas dans le “Pride Month”, elle ne fait pas partie donc en fait ce lobby-là prend même en otage les marques de vêtements!
Même les marques de vêtements qui sont censées être un minimum neutres, sont forcées de prendre un parti, autrement elles se font boycotter.
Je trouve ça quand même absurde.
RDG – Dernière question : est-ce que tu as quelque chose à ajouter?
Chloé – Ce que j’aurais à ajouter à la fin, c’est ce que j’ai essayé de faire passer également durant ce témoignage c’est que face à une personne qui se fait piéger un peu par ce lobby, en tant que personne aimante, tout ce qu’on peut faire malheureusement quand notre enfant, notre ami, notre petit enfant, notre compagnon ne va pas nous laisser avoir de la place ou avoir un avis, faut pas laisser tomber!
Parce que comme je l’ai déjà dit aujourd’hui si réellement, j’arrive à m’accepter pleinement, c’est c’est un bon 80, 90% grâce à ma mère!
Et heureusement qu’elle n’a jamais abandonné, qu’elle n’a jamais baissé les bras, qu’elle n’a jamais accepté mon avis un peu absurde que j’avais à cette époque, parce que je me faisais manipuler et ce que je peux dire c’est qu’il ne faut pas laisser tomber, il ne faut pas abandonner la personne qu’on aime, même si ça fait mal de voir mourir, en fait, psychologiquement, la personne qu’on connaissait avant.
Il faut continuer à se battre pour pas que ce genre de choses s’applique à d’autres personnes réellement, surtout pas!
Que le suicide, la tentative de suicide devienne la dernière réponse et la libération d’une emprise, il ne faut surtout pas que ça devienne une normalité.
Parce que malheureusement c’est ce qui était la solution et la réponse pour beaucoup de personnes qui sont fait avoir par cette idéologie.
Et (je voudrais dire) à toutes les personnes qui voient les personnes qu’elles aiment se faire avoir par ce lobby de ne pas laisser tomber, de continuer à se battre, et de continuer à montrer qu’on est là, qu’on les aime tout en leur disant que il ne faut pas qu’ils s’abandonnent juste pour rentrer dans des cases, ou pour se faire bien voir par ses amis, que c’est pas parce que tu as un avis différent de ton ami que tu es un ennemi.
S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com