Mais bon, si c’était moi, je vous dirais que je m’appelle Louise, que j’ai 23 ans, que je suis étudiante et que je viens de la région parisienne.
Petite, j’étais « garçon manqué ». Je détestais mon corps et je voulais devenir un garçon.
Louise, rebelle du genre.
J’avais toujours trouvé que j’étais différente des autres enfants, comme en décalage. J’ai été victime de harcèlement scolaire. Puis, vers mes 12 ans, j’ai vraiment appris à aimer mon corps et j’ai aussi rencontré d’autres filles qui me ressemblaient. Puis, j’ai eu 15 ans et j’ai développé des troubles du comportement alimentaire.
Vers la vingtaine, j’ai été victime de violences sexuelles.
Et, très récemment, que j’ai été diagnostiquée TSA. C’est une forme légère d’autisme.
Louise, rebelle du genre.
Au début de mon parcours féministe donc, à la fin du lycée, j’étais plutôt une féministe libérale. Une femme hétéro qui soutenait les droits des transsexuels (on dit transgenres aujourd’hui…) que j’assimilais à ceux des homosexuels et ce, même si je me posais des questions quand je voyais des enfants très jeunes comme Jazz Jennings prendre des hormones.
J’ai commencé à suivre des groupes comme les Femens et à me dire que OUI! On pouvait être un homme et aimer mettre des robes sans vouloir changer de sexe… À la fac, j’ai été traitée de TERF alors que je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! Et progressivement, je suis devenue radfem (féministe radicale).
Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ?Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ?
Cette idéologie est dangereuse pour plusieurs raisons. D’abord, elle invisibilise le mouvement du féminisme et les problématiques strictement féminines. Ensuite, elle force les enfants à entrer dans des cases et à se mutiler physiquement. Elle est aussi dangereuse pour les droits des homos. Je pense à ces femmes lesbiennes qui sont agressées sexuellement et violées, et sur qui on pratique des thérapies de conversion, à qui on explique qu’elles doivent aimer les pénis et que si, en tant que lesbiennes, elles n’aiment pas les pénis, elles ont un problème (d’où mon allusion aux thérapies de conversion)… Elle est aussi dangereuse parce que les TRA (les transactivistes), défendent aussi la prostitution et la pornographie qui sont étroitement liées à tout ça.
Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage (pro, perso, peur pour tes proches, etc.), ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?
Je témoigne de façon anonyme. Je n’ai jamais vraiment subi de menaces mais bon, je suis un master pour devenir enseignante et plusieurs de mes camarades (dont une femme transidentifiée, donc une femme se ressentant « homme ») sont vraiment très proches du transactivisme.
Tout ce petit groupe pourrait d’ailleurs se retourner contre moi.
Le transactivisme est vraiment très présent dans les milieux universitaires et, je vous avoue que cela m’inquiète.
Louise, rebelle du genre.
Ce même groupe a d’ailleurs fait une bibliographie à destination des élèves du collège dans lesquels ils ont mis des BD comme « assignée garçon » ou « appelez-moi, Nathan »… Ce sont des bandes dessinées qui font la promotion du transactivisme.
A la rentrée du master, on a aussi eu une conférence sur les enjeux de l’éducation sexuelle à l’école. Un des étudiants a demandé « Comment fait-on s’ il y a, parmi nous, des élèves trans ou non-binaires? » et notre formateur a expliqué que l’Education Nationale avait l’obligation, entendez bien, l’obligation d’accompagner les enfants et leurs parents dans leur « transition ».
J’ai donc également peur d’avoir des problèmes futurs au niveau professionnel si je m’oppose à la transition d’élèves. D’enfants mineur.es, donc.
Louise, rebelle du genre.
Je crois que si, par exemple, une petite fille venait me dire qu’elle veut changer de sexe et qu’elle se sent « garçon », j’essayerais déjà de ne pas la brusquer, j’essayerais de l’inviter à réfléchir et à prendre son temps. Je lui parlerais, certainement, de mon propre vécu et je lui poserais des questions comme « Qu’est-ce que tu trouves si bien chez les garçons ? ». D’autant plus que la dysphorie, je ne sais pas si vous êtes informés mais… Elle peut être un symptôme de l’autisme. (Enfin, bon…)
Bref, je sais que je peux être traitée de « transphobe » ou de « TERF » rien que pour avoir dit ça.
As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?
Sur les réseaux, une personne trans a fait des sous-entendus sexuels sur moi parce que j’ai critiqué l’idéologie trans.
Une autre m’a attaquée en messages privés et m’a dit :
« tu es hétéro, tu suces des queues, tu n’as pas ta place dans le féminisme » alors que j’ai été victime de viol!
Louise, rebelle du genre.
Je suis membre d’une petite association étudiante et un de nos membres, un homme hétérosexuel, a fait son coming-out en tant que « femme trans non-binaire ».
Il n’a rien changé à son apparence physique, il a de la barbe et s’habille avec des vêtements très masculins (il porte juste des hoodies roses de temps en temps).
Du jour au lendemain, il exigeait de se faire appeler « Présidente » au lieu de « Président » de l’association.
Il utilisait un pseudonyme féminin américain et, en plus, il votait aussi pour le RN (le Rassemblement National). Heureusement, il a fini par démissionner de son poste en accusant les autres membres de « mégenrage ».
Je trouve ça révélateur que selon certains activistes, un homme hétéro…
Excusez-moi, je prends le temps parce que…
Donc, un homme hétéro, puisse se dire « femme », voir « lesbienne », sans ne rien changer à son apparence (et donc potentiellement, puisse accéder aux espaces réservés aux femmes).
Potentiellement, tout nous prendre : nos droits et nos espaces, nos voix et nos réalités.
Nous remercions Louise pour son témoignage.
N’hésitez pas à partager le plus largement possibleet, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe:
Bonjour, je m’appelle Annie-Eve et je vis en Amérique du Nord.
Je vis à Montréal au Québec et cela doit faire 6 ans environ que je suis critique du genre.
J’enseigne la philosophie. J’ai fait un bac, une maîtrise en philosophie.
Puis, après mes études en philosophie, alors que j’enseignais déjà, j’ai suivi des cours à l’université en sociologie du genre.
Outre mes études et mon métier, je me suis impliquée dans le groupe “pour les droits des femmes” du Québec qui est un groupe féministe universaliste au Québec.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Je suis quelqu’un qui met la science en avant, c’est-à-dire j’ai tendance à me présenter comme scientiste. Contrairement à ce que certains pensent, être scientiste ça ne veut pas dire qu’on pense que la science ne se trompe jamais. Ça ne veut pas dire qu’on pense que la science a réponse à tout. Ça veut dire qu’on privilégie la science comme façon d’aller chercher des connaissances les plus précises possibles.
On sait qu’on fait des erreurs quand on fait de la science parce qu’on n’est pas infaillible, mais justement, qu’est-ce qui permet de corriger les erreurs d’un scientifique?
Plus de science!
La science est une entreprise collective par laquelle on va chercher des données.
On compare les résultats.
En fait, moi ma raison à la base d’être contre l’idéologie du genre c’est vraiment qu’elle est anti-scientifique. Par ailleurs, elle nuit aux droits des femmes, aux droits des enfants, aux droits des LGB, et même aux droits des personnes trans elles-mêmes.
Pour moi, on ne peut pas avoir un bon système de justice et une bonne organisation sociale sans commencer par regarder les faits avec l’approche la plus rigoureuse possible.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Selon moi, les problèmes politiques découlent justement du problème de base qui est que ça détourne le sens des mots, ça jette la confusion, ça veut faire de conceptions subjectives des vérités absolues, et ça va à l’encontre de certains faits objectifs.
Il faut que je commence par préciser que, à la base, moi j’étais quelqu’un de sympathique à la cause des minorités sexuelles. Mes parents disaient que j’étais féministe depuis que j’avais appris à parler.
Puis, j’ai toujours été sympathique aux personnes marginales et à la justice sociale. J’ai toujours été sensible aux droits humains et aux droits des minorités.
Contrairement à un préjugé qui est assez répandu chez ceux qui endossent l’idéologie du genre, ceux qui sont critiques de cette idéologie-là, à la base, ils ne sont pas tous conservateurs et encore moins tous des réactionnaires. Au contraire, il y a beaucoup de gens qui sont à gauche, il y a beaucoup de gens qui sont progressistes.
Bon, selon moi “conservateur” et “progressiste” c’est pas des antonymes, parce que être conservateur c’est être prudent face au changement, être progressiste c’est être pour le progrès et changement n’est pas synonyme de progrès. C’est une petite digression mais je la trouve importante.
Donc à priori, moi, j’étais sympathique à la cause des personnes trans.
Comment j’ai commencé à m’intéresser au sujet ?
C’est après avoir fait mon mon bac, ma maîtrise en philosophie, j’avais commencé à l’enseigner au niveau collégial.
En enseignant je continuais aussi de m’instruire, j’ai continué à lire en philosophie des sciences beaucoup; c’est une branche de la philosophie qui m’intéresse particulièrement, la philosophie des sciences.
Puis, quand j’ai suivi des cours de sociologie du genre, quand on est arrivé à parler de la “théorie queer”, je sais que vous ne me voyez pas mais je mets des guillemets autour du mot “théorie” parce que, selon moi, ce n’en est pas une, c’est plutôt une idéologie… Mais il y avait une chose qui me chiquottait dans ce que disait la professeure : c’était l’idée d’arrêter de coller des étiquettes sur les gens.
Alors c’est certainement en raison de ma formation et de mon travail en philosophie qu’en entendant ça, à chaque fois je me disais : « oui mais c’est ça, parler, c’est ça, utiliser un langage : c’est communiquer par concept, donc nécessairement on met des étiquettes sur les objets, y compris sur les humains. Quand on dit qu’une personne est grande; quand on fait la différence entre un enfant et un adulte, entre un homme et une femme, ou toutes sortes d’autres différences qu’on peut faire qui sont utiles. C’est pas nécessairement à des fins discriminatoires qu’on fait la différence, il peut y avoir des bonnes raisons de le faire.
Puis, je me disais « mais si vous voulez arrêter de coller des étiquettes, ben arrêtez de parler, arrêtez d’écrire !»
De toute manière, quand on se dit “queer”, qu’est-ce que c’est d’autre qu’ une étiquette qu’on se donne? J’en avais parlé au professeur à un moment donné, que cet élément-là me laissait perplexe.
Par ailleurs, dans ce cours-là, ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de l’existence de personnes intersexuées. J’en ai entendu parler dans le cadre du cours, et l’enseignant présentait ça comme quoi c’était un peu comme la couleur de peau, que le sexe existait sur un spectre… Je n’ai pas immédiatement identifié pourquoi mais, quelque chose en moi me disait “Non, non, la comparaison est fallacieuse, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas!
Le sexe n’est pas un spectre au même titre que la couleur de peau!”
Puis, plus tard, comme je ne suis pas biologiste, je n’avais pas pensé spontanément mais en lisant des biologistes… J’y ai pensé. Cela va à l’encontre de la théorie de l’évolution.
Parce que l’évolution permet d’expliquer pourquoi la division sexuée s’est établie et qu’elle est restée. Il y a deux sexes, il n’y a pas une “variété” de sexes, il y en a deux. Même si on accordait que le sexe est un spectre, – il ne l’est pas, mais admettons – le problème avec l’argument qui est donné par les idéologues du genre, qui repose sur l’existence des personnes intersexes, c’est que on part de la prémisse que tout le monde n’est pas soit un homme soit une femme, qu’il y a des “corps intermédiaires” qui sont quelque part entre les deux…
Annie-Ève, rebelle du genre.
Même si c’était vrai, je vais reprendre la comparaison avec la couleur de peau : il n’y a pas des noirs et des blancs. Il y a des personnes plus ou moins foncées. Si une personne noire, disons un Togolais, et une personne blanche, admettons une Russe, ont un enfant ensemble, l’enfant va être métis. Il va probablement avoir une couleur de peau qui est entre les deux.
Et puis, il y a des gens qui ne sont ni noirs ni blancs : les Japonais, les Indiens, ils ne sont ni noirs ni blancs, c’est d’autres couleurs. Alors, c’est très bien tout ça mais… Est-ce qu’on pourrait admettre… admettons que…
Bon, je suppose que tout le monde connaît Catherine Deneuve, l’actrice?
Admettons que Catherine Deneuve, dont tout le monde sait bien qu’elle est blanche, partait de tout ça et qu’elle disait: “Ca, ça veut dire que la couleur de peau n’existe pas objectivement. Alors moi, je m’identifie comme noire, et donc je suis noire.”
Mais on dirait, “mais non Catherine Deneuve n’est pas noire” !
Alors, même à supposer que le sexe ne soit pas binaire, en quoi on pourrait passer de ça à la conclusion que chacun peut être une femme, un homme, ou n’importe où entre les deux, selon son identité subjective? Ce n’est pas parce que quelque chose existe sur un spectre que ce n’est pas objectif.
Donc ça, c’est les premiers éléments qui ont fait en sorte que je suis devenue, disons… Perplexe par rapport à l’idéologie du genre bien que, je n’appelais pas encore comme ça à l’époque où j’ai suivi mes cours de sociologie du genre.
Ce qui m’a rendue plus critique ensuite c’est de faire la connaissance de la féministe Diane Guilbault, une féministe québécoise qui est malheureusement décédée aujourd’hui.
Annie-Ève, rebelle du genre.
C’est elle qui m’avait invitée à devenir membre de « pour les droits des femmes du Québec », et quand je m’étais jointe à leur premiere assemblée annuelle, Diane Guilbault avait fait un exposé sur les raisons pour lesquelles le fait de permettre à n’importe quel homme d’être reconnu comme une femme par simple auto-identification (parce que depuis quelques années au Canada, la loi a changé, auparavant au Québec, au Canada, pour changer de sexe légalement – évidemment vous et moi savons que l’on ne change pas de sexe réellement- mais pour avoir une reconnaissance de changement de sexe, il fallait faire une transition complète).
Mais depuis plusieurs années maintenant, il suffit de déclarer qu’on se sent de l’autre sexe et l’auto-identification suffit.
Diane Guilbault a expliqué en quoi ça posait problème pour les femmes. Je l’ai écoutée et je me suis dit que ce qu’elle disait avait beaucoup de sens.
Un autre événement, un incident qui aura été marquant pour moi (ça peut paraître insignifiant) c’est tout simplement une publication j’ai vue sur Facebook dans un groupe féministe.
Une autre membre du groupe a fait une publication pour demander : “je me pose la question (je la paraphrase), c’est censé être un groupe féministe, la plupart des publications que je vois portent sur les personnes trans, alors je voudrais savoir, est-ce que c’est un groupe pour parler des droits des femmes ou un groupe pour parler des droits des trans?”
Ce qui était à mon sens une bonne question.
Elle s’est faite répondre : “on parle de droits des femmes trans, c’est pertinent dans le groupe, à moins que tu sois en train de dire que les femmes trans ne sont pas des femmes, ce qui voudrait dire que t’es transphobe”.
Ca, c’est ce qui a été ce que les anglophones appellent mon “peak trans”.
Ca n’a pas été long en fait, parce que tout de suite, je n’ai pas voulu intervenir, mais je me suis dit “effectivement, les femmes et les personnes trans n’ont pas tous les mêmes problèmes, ne vivent pas toutes les mêmes formes de discriminations”.
C’était parfaitement légitime que quelqu’un qui considére être dans un groupe féministe se demande si on sort pas du sujet.
Ca veut absolument pas dire que les droits des personnes trans ne sont pas une cause importante. Simplement ce sont des causes différentes. Puis de voir qu’il suffit de dire que, (bon moi j’utilise plus du tout l’expression “femme trans”) de simplement dire qu’une personne de sexe mâle n’est pas une femme, ça suffit à se faire traiter de transphobe!
Moi j’ai vraiment décroché à ce moment-là.
J’ai commencé à écrire des billets de blogs, à lire beaucoup sur le sujet, et je me suis retrouvée dans la mire d’une militante qui défendait l’idéologie du genre et qui, malheureusement pour moi, avait un certain charisme, un certain leadership.
Elle a incité ses contacts, ses connaissances, à me harceler.
C’est là que le harcèlement envers ma personne a commencé.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Et plus je lisais sur le sujet, plus je me faisais attaquer sur les réseaux sociaux, et même à mon travail éventuellement. Non pas par des gens avec qui je travaille, mais par des gens de l’extérieur, qui ont su où que je travaillais.
Avec tout ça je suis restée critique du genre.
Je le suis devenue de plus en plus.
Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits pour les enfants, pour la société ou pour la démocratie?
Alors effectivement, l’idéologie du genre est une menace pour tout ça.
Je réitère qu’à la base, c’est un problème parce que c’est anti-scientifique.
Non seulement ça ne repose pas sur des bases empiriques, ça vient nier des faits scientifiquement établis, mais en plus, les tenants de l’idéologie du genre veulent empêcher toute critique. Ils veulent empêcher même qu’on pose des questions.
Annie-Ève, rebelle du genre.
On a le droit de poser des questions, à condition que ce soient les questions qu’eux veulent entendre…
Alors évidemment, dès qu’un groupe veut imposer de la censure, c’est dangereux pour la science et pour la démocratie.
Mais ça va ensemble : on peut pas avoir une bonne organisation sociale, un bon système de justice si on ne regarde pas la réalité, y compris les faits sur l’être humain.
Alors, déjà qu’on empêche les chercheurs de faire des études rigoureuses sur ce qui cause la dysphorie de genre par exemple, ou sur n’importe quel sujet (en fait), lié aux personnes qui s’identifient comme trans ou comme non-binaire. On empêche les chercheurs qui ne sont pas dans la “bonne ligne idéologique” de faire leurs travaux; on diabolise les personnes qui remettent en question le narratif principal.
Alors forcément, ça nuit à la démocratie.
Ca nuit aussi bien à la connaissance qu’à la démocratie. Je dirais aussi que la majorité des gens accordent de l’importance au sexe.
Je vis au Canada qui est un pays bilingue et les documents officiels au Canada doivent être produits par les gouvernements et accessibles dans les deux langues.
Vous savez, en anglais gender (genre en fr) et sex ce sont des synonymes. On a commencé à utiliser gender donc pour parler de la féminité de la masculinité comme construction sociale après que les théories du genre aient commencé à s’élaborer.
Mais si je me fie à mes lectures, et aussi à l’étymologie, ces deux termes en anglais sont généralement utilisés comme des synonymes. Vous savez gender est aussi genre en français en fait ça vient de Genesis en grec et de genus en latin qui était carrément utilisé pour désigner les parties génitales. À partir de Genus, il y a plusieurs autres termes clairement liés au sexe qui en sont dérivés, tels que engendrer, générer, génital… Il y a plusieurs mots anglais aussi qui en viennent.
Les idéologues du genre ont détourné le sens des mots; les idéologues du genre insistent beaucoup sur la distinction entre sexe et genre, mais je remarque que par ailleurs ils jouent beaucoup sur la confusion aussi.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Du fait de vivre au Canada, j’ai lu plusieurs documents officiels qui portaient sur ce qu’on appelle les droits des personnes trans, les droits liés à l’identité de genre ou à l’expression de genre. J’ai remarqué qu’il n’était pas rare que quand il est écrit Gender sur la version anglaise, il est écrit sexe sur la version française…
Dernièrement, au Québec, le gouvernement qui est en place en ce moment a voulu établir que sur les documents officiels, on ait deux mentions, c’est-à-dire la mention “sexe” qui correspond au sexe réel de la personne, constaté à la naissance et qu’on ajouterait, pour ceux qui le souhaitent, la mention de leur identité de genre.
Et devinez qui a protesté? Les idéologues du genre, les transactivistes!
Et pourtant, ce sont eux qui demandent depuis des années, qui martèlent (!) que les gens ne font pas la différence entre sexe et genre et qu’il est temps que les gens “s’ouvrent l’esprit”, qu’ils “s’éduquent” et qu’ils fassent la différence entre sexe et genre!
Pour la première fois, à ma connaissance, le gouvernement parle de vraiment faire la différence… et ils sont les premiers à s’en plaindre…
Ils veulent entretenir la confusion, et à partir de là, ils veulent empêcher tout le monde de se questionner.
Je n’ai pas besoin de dire qu’ils empêchent les femmes qui craignent pour leurs droits de (… ils essaient en tout cas!) de nous exprimer.
Pourquoi ça nuit aux droits des femmes?
À la base, comment voulez-vous revendiquer les droits des femmes si vous leur enlevez le mot qui sert à désigner leur groupe?
Parce qu’ils ont vidé le mot “femme” de son sens. On ne peut plus définir le mot femme comme “femelle de l’espèce humaine”.
Ils n’ont jamais proposé de définition alternative substantielle, et de toute façon, pourquoi on aurait besoin d’une définition alternative ?
Pour la majorité des gens, le sexe est important, c’est pour ça qu’on a des mots pour distinguer les humains selon leur sexe.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Si vous voulez distinguer les humains selon autre chose que leur sexe, c’est faisable. En utilisant d’autres mots.
Mais on ne peut pas admettre que des termes qui servent à faire une distinction qui est importante pour l’immense majorité des gens soient simplement…
Non pas simplement détournés de leur sens! Mais carrément vidés de leur sens!
Parce qu’ils en sont à dire que “Une femme c’est quiconque s’identifie comme une femme!”
Alors… je pourrais vous dire : “Ah mais moi je suis une fifaerlagne…” et là vous allez me demander: “Qu’est-ce que ça veut dire?”
“Une fifaerlagne c’est n’importe qui, s’identifiant comme une fifaerlagne” …
Là, vous n’êtes pas plus avancés… Vous savez très bien que ce n’est pas un mot et que si je ne peux pas vous donner une définition qui ne répète pas le mot lui-même et bien, ce n’est tout simplement pas un mot.
D’un point de vue plus concret, plusieurs féministes, en fait plusieurs personnes, ont développé sur les problèmes que ça peut poser de vouloir remplacer ce qu’ils appellent le genre par le sexe.
Le genre, ils ont commencé par dire que c’était une construction sociale, la féminité et la masculinité ; mais c’en est venu au point où le genre serait subjectif. Ce serait comment la personne se sent… Alors, quiconque se sent femme est une femme, quiconque se sent homme est un homme, quiconque se sent ni l’un ni l’autre est non-binaire…
Il faudrait qu’on organise tout en fonction de ça, plutôt que le sexe… D’ailleurs, ils n’ont jamais expliqué ce qu’était censé vouloir dire “se sentir femme”.
Ca fait que la seule façon de savoir si quelqu’un est une femme, c’est si la personne le dit!
Mais le problème, c’est qu’il y a des contextes dans lesquels on tient compte du sexe et même dans lesquels on sépare par sexe pour de bonnes raisons!
Si on arrête de le faire c’est souvent dans le désintérêt de tout le monde, mais encore plus des femmes! Et ça pose aussi des problèmes particuliers, aussi bien pour les LGB, que pour les personnes trans elles-mêmes.
Par exemple, dans le sport, ce n’est pas par « genre » qu’on sépare traditionnellement par sexe, c’est pour des raisons objectives très claires, c’est-à-dire que les hommes et les femmes ne sont pas pareils physiquement et que si on mélange les sexes dans le sport ce n’est pas équitable pour les femmes, et ce n’est même pas sécuritaire pour les femmes.
Et pas seulement dans les sports de combat.
Prenons un sport comme le soccer, le football, ce n’est pas un sport de combat, mais il y a des contacts, il y a un risque de contacts assez important.
Je pourrais multiplier les exemples mais je pense que c’est pas nécessaire.
Je n’en reviens tout simplement pas que l’on en soit à se faire demander la preuve que c’est inéquitable et dangereux pour les femmes qu’on laisse des hommes qui s’identifient comme des femmes participer à leur compétitions sportives!
Les hommes sont plus forts que les femmes, c’est un fait établi.
De toute façon, peu importe les preuves qu’on apporte, les gens qui persistent à poser la question, ce sont des idéologues, pour qui les faits n’ont aucune importance, parce que tout ce qui compte c’est leur idéologie.
Les femmes ne peuvent pas avoir d’espaces réservés aux femmes! Et oui ça, ça peut être important par exemple, dans des espaces comme les prisons pour femmes, ou dans les refuges pour les femmes vulnérables, des femmes qui ont été victimes de violences et qui sont traumatisées.
Elles peuvent avoir besoin d’un espace où elles ne côtoient aucun homme, et ce n’est pas parce qu’un homme s’identifie comme une femme, que les femmes traumatisées autour de lui, elles ne voient pas que c’est un homme!
Annie-Ève, rebelle du genre.
Alors, qu’on dise, “Oui mais les sentiments des personnes trans….”
Oui mais, les sentiments de ces femmes-là, pourquoi ce serait moins important?!
Si des personnes trans ont été victimes de violences, qu’elles ont besoin de soins, qu’elles ont besoin d’un refuge avec des personnes compétentes pour les aider…. aucun problème!
Mais il faut que certains refuges soient réservés aux femmes !
Traiter les femmes qui ont fui des proxénètes, des maris violents ou que sais-je encore, dire que c’est elles qui oppriment les personnes trans?
Je vous en prie!
C’est vraiment traiter les personnes les plus vulnérables d’oppresseures!
Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité?Est-ce que tu as déjà subi des pressions, reçu des menaces? Est-ce que tu perçois un danger dans ton entourage, personnel ou professionnel? Est-ce que tu as peur pour tes proches ou, au contraire, est-ce que tu es parfaitement libre et à l’aise pour parler de ce sujet ?
Oui, j’ai été victime d’intimidations.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Comparativement à d’autres personnes, je ne suis certainement pas la plus à plaindre.
L’une de mes meilleures amies a perdu son emploi d’ailleurs, c’est assez ironique, elle a perdu son emploi dans un refuge pour femmes, parce qu’elle persistait à dire que les femmes existaient objectivement.
Mais oui, moi aussi on a essayé de me faire perdre mon emploi, heureusement sans succès dans mon cas.
En fait à plusieurs reprises, on a essayé de me nuire au travail, avec une intention exprimée d’arriver à me faire suspendre, ou même renvoyer.
Une des choses qui a été faite, a été d’écrire à mes supérieurs immédiats pour se plaindre de ce que j’exprime sur les réseaux sociaux, sur mon blog… Mais comme, justement, je fais ça en dehors de mon travail, je n’implique jamais l’institution pour laquelle je travaille dans mes prises de position sur des sujets socio-politiques, et mes positions n’engagent personne d’autre que moi.
À cet égard, je suis une citoyenne comme les autres qui prend position et mes positions n’engagent personne d’autre que moi.
Contrairement à ce que prétendent mes détracteurs, il n’y a pas de haine dans mes propos. Certains ont voulu m’attribuer des propos qui ne sont pas les miens, mais étant donné que justement, mon blog mes supérieurs pouvaient très bien aller le consulter alors ils ne peuvent pas amener de preuves que j’ai dit des choses que justement je n’ai jamais dites.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Ca été fait à cinq ou six reprises, que des personnes qui ne me connaissent pas du tout et qui n’ont aucune idée de comment ça se passe à mon travail, écrivent à des supérieurs, à mon travail…
Une chose qui… en fait, soit, ils ne l’ont pas fait, c’était un projet qu’ils avaient, Je l’ai su grâce à une personne qui était dans un groupe secret de militants, qui m’a avertie avec des captures d’écran, qu’ils étaient un groupe à avoir collecté des captures d’écran pour essayer de s’en servir contre moi. Ils venaient examiner mes pages sur Facebook, ils prenaient des captures d’écran, ils les sortaient souvent de leur contexte. Leur projet était de contacter l’association étudiante pour laquelle je travaille.
Finalement, apparemment, ils ne l’ont pas fait, à moins qu’ils l’aient fait, et qu’il n’y ait pas eu de suite… Parce qu’à mon travail, il n’y a pas de problème. Ce sont vraiment des gens extérieurs à mon travail qui ont un problème avec moi.
Par contre, je sais qu’ils ont envoyé un document de captures d’écrans à la direction des ressources humaines. Ça n’a débouché sur rien, parce que justement, de leur point de vue, les captures d’écran étaient choquantes… Mais du point de vue de Monsieur et Madame tout le monde, ce que j’écrivais était parfaitement raisonnable. J’ai le droit de prendre position sur des sujets sociaux et des sujets politiques, comme tout le monde.
Il y a même une personne qui est allée jusqu’à appeler la coordonnatrice de mon département, en prétendant être la mère d’un élève, pour me dénoncer pour deux choses : elle disait que j’intimidais son fils et plusieurs autres élèves. Et elle disait aussi que je faisais de la prostitution sur Internet…
Alors là, on tombe dans le mensonge et la calomnie complète.
La coordonnatrice ne l’a pas crue une seconde, elle dit à la dame “il faudrait que vous me donniez le nom de votre fils pour que je valide auprès de lui, et pour qu’il me dise ce qu’il s’est passé exactement”. La dame n’a pas voulu.
Elle n’a même pas voulu dire auquel de mes cours auquel son fils est inscrit….
Elle a dit “Mais je ne peux pas prendre une plainte anonyme comme ça, je ne sais même pas de qui ça vient, n’importe qui pourrait nous appeler pour raconter n’importe quoi sur un de nos enseignants!…” ce qui, probablement, était ce qui était en train d’arriver à ce moment-là!
Mes détracteurs me dépeignent comme une harceleuse une intimidatrice épouvantable.
Mais, déjà, mes élèves, ce sont des adultes. Ils donnent une image de moi comme quoi je m’en prends à des plus faibles que moi…
Intimider les garçons de ma classe… habituellement, ils sont plus forts que moi, ce sont des adultes! J’enseigne à des adultes!
La manière dont ils décrivent le scénario (qu’ils se sont inventé) ne colle tellement pas à la réalité qu’ils n’ont pas été pris au sérieux à mon travail.
Mais ils ont quand même essayer de me faire perdre mon emploi.
Je suis de ceux qu’on a essayé de “canceller”, comme on dit!
Pourquoi j’en parle à visage découvert ?
Déjà, ça ne servirait à rien à ce stade-ci d’essayer de me cacher, parce qu’on peut facilement trouver mes positions sur ce sujet-là, et ça fait déjà un moment qu’ il y a des gens qui en parlent.
Des fois, je croise des gens sur les réseaux sociaux, je ne les connais pas du tout, mais eux connaissent mon nom. Ils disent “Ah, Annie-Ève Collin, la terf!”
“T’es qui, toi? Je ne te connais pas, qu’est-ce que tu veux?”
Ce qui est drôle, c’est que parfois, le sujet du fil de discussion n’a rien à voir avec le genre. Il y a vraiment des gens obsédés par ça… Ils voient quelque part: oh la terf !
Je pense que c’est important de parler de J. K. Rowling… Elle nous a fait un gros cadeau. J’imagine que ceux qui m’écoutent n’ont pas besoin que je leur dise exactement ce qui est arrivé.
Annie-Ève, rebelle du genre.
J. K. Rowling est une femme qui a la chance d’être tellement riche qu’il est impossible de lui faire perdre son gagne-pain. Elle est célèbre, elle est imbannissable. Vous savez, quand on parle de la cancel culture (en Français on a traduit ça par “culture du bannissement”) c’est impossible de faire disparaître JK Rowling. Mais il y en a plein des femmes comme elle à qui on fait la même chose.
Pourquoi ça a été un cadeau pour nous qu’elle se décide à parler?
C’est que justement que c’est impossible de lui enlever sa visibilité.
Alors ça a fait en sorte que beaucoup de gens qui n’étaient pas au courant de la situation se sont rendu compte. Elle a dit que “les personnes qui ont des menstruations” sont des “femmes”. Pour la majorité des gens, ils entendent ça et ils pensent: “évidemment” alors de savoir qu’on peut devenir victime de campagnes de haine pour avoir dit ça! Les gens réagissent!
Elle a donné une certaine visibilité au problème.
Mais je pense que c’est important que d’autres personnes, des femmes, des hommes se décident à parler, parce qu’en fait, je serais bien étonnée que ceux qui endossent l’idéologie du genre soient majoritaires!
Mais ils sont vocaux, ils parlent fort!
Il faut que d’autres voix se fassent entendre. C’est comme ça que l’on va permettre de réitérer les droits des femmes qui sont une catégorie d’humains caractérisée par un sexe et non par un genre.
Et aussi ceux des LGB, parce que être lesbienne, ça veut dire être attirée par les personnes de même sexe que soi. Si le concept de sexe devient tabou, si on l’efface, comment est-ce que les lesbiennes peuvent parler de ce qui les concerne spécifiquement?
Et la même chose pour les gays, les hommes homosexuels. Ce qui les caractérise, c’est d’être attirés par des personnes de même sexe qu’eux-mêmes.
Annie-Ève, rebelle du genre.
Il n’y a pas de mal à ce que quelqu’un qui revendique un genre revendique ses droits.
Seulement, ça ne doit pas se faire au prix que d’autres groupes puissent aussi mettre en avant ce qui les caractérise. C’est pour ça que, à la rigueur, ajouter le concept de genre, qui est important pour vous, revendiquez-le! Mais vous n’avez pas à enlever aux autres la possibilité de parler du sexe : c’est important pour eux.
J’ai fait le choix de continuer d’en parler ouvertement, et j’encourage d’autres à faire pareil.
Malgré que… je sais qu’on opère des représailles, malheureusement.
Je ne mentirai pas à celles et ceux qui m’écoutent.
Oui, il y a un risque de représailles, mais plus on va être nombreux à prendre la parole moins ils vont pas pouvoir nous empêcher de parler!
Bonjour, je me fais appeler Audrey qui est mon nom de plume. J’ai 22 ans, j’habite près de Caen en Normandie et j’écris le blog RadCaen depuis mai 2020.
Cela fait donc un an et demi maintenant.
Je suis bisexuelle et je n’ai jamais eu de relation romantique ou sexuelle avec un homme, j’ai décidé de rester exclusive aux femmes.
RadCaen, rebelle du genre.
J’ai commencé à entendre parler de féminisme et d’homosexualité quand j’étais au lycée, donc à peu près en 2016.
C’est l’époque où je m’ennuyais beaucoup pendant mes stages et je passais beaucoup de temps sur Internet à lire TumblR, Buzzfeed et Pinterest, c’est ce qui a été mon introduction au féminisme et à la justice sociale. J’ai appris des bases importantes comme le consentement et la culture du viol qui sont vraiment les bases du féminisme en fait.
J’ai entendu parler de l’affaire du violeur Brock Turner et sur le coup ça m’a énormément révoltée.
Dans le même temps, j’ai également appris qu’il existait des personnes trans ou cisgenres ou non-binaires, et qu’elles vivaient des discriminations au même titre que les homosexuel.les et sur le coup, j’ai tout de suite adhéré cela m’a paru très (très) naturel.
RadCaen, rebelle du genre.
Après le lycée, j’ai été plongée dans l’univers scientifique avec mes études et j’ai commencé à vivre avec ma copine, elle et moi avons pas mal parlé du genre.
Je me sentais bisexuelle depuis le lycée. J’ai aussi eu une phase assexuelle, mais qui était normale puisqu’au final, je n’avais pas envie de m’intéresser aux homme et j’étais très jeune mais, je ne m’occupais pas spécialement de mon genre. Ma compagne se sentait pansexuelle, elle questionnait beaucoup plus son identité. On a cru qu’elle était quelque chose comme genderfluid, mais on a jamais dépassé le stade de juste y penser. Ce n’était pas une réflexion très poussée, c’est aussi à ce moment-là que je me suis intéressée à la transgression des normes de genre. Moi, j’aimais bien me travestir lors d’événements costumés! D’ailleurs, j’aime toujours le faire! J’ai hésité à m’acheter un binder pour cacher mes seins.
Mais c’était vraiment plus pour me déguiser que parce que j’étais mal à l’aise avec ma poitrine.
À ce moment-là, je n’étais plus vraiment dysphorique comme j’avais pu l’être à la période du collège.
RadCaen, rebelle du genre.
En parallèle, l’algorithme de Pinterest me proposait une pensée différente, c’était la pensée radfem.
Il y avait énormément de captures d’écran de TumblR qui traînaient sur Pinterest et c’est comme ça que j’ai découvert la pensée féministe radicale et les radfems disaient des choses que je trouvais complètement inimaginables, mais elles apportaient une réflexion qui était vraiment poussée jusqu’au bout.
Elles apportaient des sources tangibles. Leur discours résonnait avec ce que j’avais appris des bases du féminisme.
Au début, j’étais hyper choquée de les voir écrire que les “femmes trans” sont des hommes … mais j’ai lu leurs sources et elles ont complètement renversé ma vision! Puisque j’ai découvert que les “femmes trans” avaient un taux de criminalité semblable aux hommes. J’ai découvert que la transition ça ne rendait pas forcément heureux. J’ai appris que le genre, en tant qu’identité, n’était même pas prouvé scientifiquement et qu’il existe des “femmes trans” juste perverses et narcissiques qui profitent des femmes.
En 2019, il y un homme qui m’a fait avoir mon “peak trans”.
Il s’appelait Taylor Parker, c’était un canadien trans identifié qui avait posté des photos de lui nu (avec son pénis en érection) dans le refuge d’urgence réservé aux femmes dans lequel il était logé!
Et le mec, il a pris ces photos-là et il les a postées sur Twitter!
RadCaen, rebelle du genre.
Il a même commenté : “J’adore me lever le matin avec ma bosse dans le refuge pour femmes” et il a pris un selfie devant le miroir avec sa bite visible… J’étais extrêmement choquée! C’est à partir de là que je suis retournée sur TumblR mais cette fois, du côté Radfem! Et j’ai commencé à lire, je n’ai fait que ça en fait : au début j’ai lu, relu, j’ai continué à lire et c’était une révélation complète, parce que les Radfems pouvaient expliquer pourquoi les femmes étaient opprimées. Ce n’était pas un sentiment flou, c’était à cause du sexe! Elles avaient un compas moral qui était stable et efficace. Elles critiquaient la pornographie que je n’avais jamais consommée et du coup, je n’avais pas réalisé à quel point c’était toxique.
En fait, elles ont très rapidement et complètement changé ma vision du monde!
On va dire que j’étais déjà “un peu” critique du genre avant ça. Critique dans le sens “trans” puisque pour moi, être trans, c’était dire “ce n’est pas parce que je suis né.e comme ça que je dois respecter les normes qu’on m’a assigné.e et du coup, je critiquais les normes et je voulais un droit à la liberté de genre social et culturel!
Je croyais qu’il y avait une identité interne liée au sexe. Par exemple, j’étais absolument persuadée que les “femmes trans” étaient, en gros, des personnes avec un corps mâle mais qui avaient un vrai lien avec les femmes, qui étaient solidaires, qui étaient sorores et qui étaient des gens qui avaient des comportements criminels comparables statistiquement aux femmes… Ce genre de choses.
Puis, j’ai arrêté d’y croire parce qu’on m’a prouvé que tout cela était faux.
Et je suis devenue critique du genre à 100%, et critique du mouvement trans par la même occasion. Du coup, c’est le transactivisme qui m’a introduite à la question du genre et à la question de la critique du genre, ce qui est assez ironique.
RadCaen, rebelle du genre.
Pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie transactiviste est une menace pour les femmes ou pour leurs droits, pour les enfants, pour la société?
Je pense que c’est une menace pour plein de choses! C’est une menace pour les personnes trans, ironiquement parlant. Si on parle de l’idéologie du genre comme l’identité, alors c’est une menace parce que c’est une idéologie religieuse qui se fait passer pour un mouvement de droit social. C’est dangereux parce que ça renforce des stéréotypes qui sont hostiles, surtout pour les femmes, pour les gays et les lesbiennes! C’est dangereux parce que ça empêche de régler le problème à grande échelle aussi parce qu’on apprend qu’il suffit de se changer soi individuellement, et pas la société. Pour moi, c’est très problématique puisque c’est la société qui fait tout ça. On apprend aussi que la société est problématique, mais c’est juste parce qu’elle oblige les gens à rentrer dans un rôle, et non pas parce que les rôles existent et sont toxiques… Ça a été mon début, mais c’est très insuffisant.
Pour les enfants, c’est dangereux à cause de la médicalisation. Les bloqueurs de puberté c’est hyper dangereux! J’ai fait un article sur le sujet et je vous invite à aller le lire, je me fais un petit coup de pub. Les hormones sont très dangereuses aussi, c’est très peu étudié. Dans certains pays, je ne sais plus lesquels mais je sais qu’ils envoient dans le monde et les chirurgies sont autorisées sur des mineurs! Au Canada, une loi fait que les parents ne sont pas courant si leur enfant est considéré trans à l’école.
Les psys des cliniques de genre alertent sur les dangers de médicaliser des enfants qui sont majoritairement gays et autistes, surtout les filles!
Sauf que ces psy-là; ils se font virer ou démissionnent parce que personne ne les écoute… il y a vraiment un gros problème!
RadCaen, rebelle du genre
C’est aussi dangereux parce que ça renforce l’idée que les enfants peuvent consentir très jeunes à des traitements médicaux. Cela stérilise des enfants, et cela ne prend pas du tout en compte le fait qu’ils n’auront aucune vie sexuelle plus tard et qu’ils ne peuvent pas s’en rendre compte… Ca trompe aussi les parents qui ne savent pas dans quoi ils s’engagent, et à qui on dit globalement : soit tu laisses ton enfant transitionner, soit il va se suicider… Voilà, ça c’est pour le danger des enfants. C’est aussi une menace légale pour nos droits. Puisque nous ne pouvons plus refuser de mâles dans nos espaces. C’est une menace pour les gays qui sont victimes de viol par déception, et qui eux-aussi ont leurs espaces envahis, et qui sont poussés à transitionner. Cela se passe en Iran, mais aussi dans d’autres pays. Les gays on leur laisse le choix de transitionner ou d’être exécutés, concrètement…
On ne peut plus s’exprimer sur ce sujet sans perdre une vie sociale en France! Je sais qu’en Angleterre, il y a des femmes qui ont perdu leur travail, même si c’est contesté (on va dire), c’est arrivé! Beaucoup de femmes vivent un harcèlement constant et très violent! Il y a énormément de choses à dire sur pourquoi cette idéologie est une menace! Il y a juste beaucoup trop de choses qui ne vont pas dedans!
Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme? As-tu déjà subi des pressions ou des menaces? Et est-ce que tu as l’impression d’un danger dans ton entourage ou au contraire, te sens-tu en sécurité pour en parler?
e témoigne de façon anonyme sous un nom de plume. Je n’ai pas envie que mon entourage soit raccroché à mes idées. J’ai 2000 personnes qui me suivent sur Instagram et dès que j’ai créé mon compte, je ne voulais pas révéler mon identité. Je ne voulais pas poster des photos de moi, ni parler de ma vie privée au-delà du fait que j’ai une copine et que j’habite pas très loin de Caen.
Dora Moutot et Marguerite Stern ont vraiment été la preuve que j’ai eu raison, malheureusement. Puisque très de temps après que j’ai lancé mon compte, elles ont commencé à vivre un harcèlement constant qui a toujours lieu. Moi je ne vis pas de harcèlement, mais j’ai des messages haineux assez couramment. D’ailleurs j’archive tout!
Une des raisons pour lesquelles je n’ai pas envie de témoigner sous mon identité réelle, c’est aussi parce que je suis jeune, j’ai 22 ans. J’ai envie de faire des études et je n’ai pas envie de me disputer avec famille, ou avec belle-famille, ou avec potentiel environnement professionnel, et donc je n’en parle pas autour de moi, ou en tout cas j’évite aussi parce que je lis énormément pour écrire mon blog, et c’est des connaissances qui ne sont pas officialisées (on va dire). Puisque je n’ai pas fait des études de médecine (pour exemple), pour parler des bloqueurs de puberté. Mais je suis renseignée toute seule et du coup, mon entourage ne comprend pas d’où viennent mes connaissances et je n’ai pas envie d’avoir à me justifier sur ce sujet-là. Et du coup, de devoir de fil en aiguille devoir finir par expliquer que je tiens un des blogs les plus qualifiés de “terf” de France…
Donc on ne peut pas vraiment dire que je me sente en sécurité… J’ai vu assez d’exemples de femmes qui ont subi des conséquences très importantes dans leur vie, pour avoir compris que c’est un sujet grave et qui ne faut pas du tout le prendre à la légère. Je sais que ce n’est pas forcément connu en France, on a les deux exemples de Dora Moutot et Marguerite Stern, mais en Grande-Bretagne, des femmes qui ont perdu leur emploi et se sont retrouvées en garde à vue pour avoir mégenrer personne trans, ça existe. Bref, j’ai eu assez d’exemples de femmes qui ont subi des conséquences importantes pour avoir compris que c’est un sujet qui est très grave!
As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme?
ai deux anecdotes.
La première, c’est que j’ai eu une énorme crise existentielle quand j’ai commencé à comprendre qu’est-ce que racontaient les trans n’avait aucun sens… J’ai vraiment eu l’impression d’être une personne horrible.
J’en ai beaucoup parlé à ma copine, elle m’a écoutée pendant des heures à m’énerver toute seule… J’étais fâchée que personne ne réponde à mes questions sur Twitter! C’était vraiment terrible, en fait!
J’ai passé plusieurs jours à me dire “ça ne fait aucun sens mais, je n’ai envie d’être transphobe! Puis, je ne comprends rien et c’est frustrant!” et ça m’a vraiment retourné le cerveau…
RadCaen, rebelle du genre.
Finalement, quand la dissonance cognitive s’est calmée, je me suis sentie vraiment mieux. Même maintenant, des fois j’ai toujours un petit peu des doutes parce qu’on est entourées par un discours contraire (entre guillemets). Mais je sais que ce que je vis, ce que je vois, et ce que j’entends, ça fait sens à travers le prisme Radfem. D’ailleurs, dès que je me questionne trop sur la question trans, je reréalise que ça ne fait vraiment aucun sens!
La deuxième anecdote, c’est que j’ai été rejetée du Planning Familial car une des employées du Planning m’a parlé sur Insta sans que je sache qu’elle vienne du Planning… Elle était choquée que je sois abolitionniste. Si je me souviens bien, elle a très précisément dit qu’elle était choquée que je considère que les femmes sont des victimes parce que cela signifiait qu’elles n’avaient pas choix, et que ça retirait leur choix de considérer qu’elles étaient juste là à subir.
J’ai donc été appelée, on a fait une petite réunion où j’étais seule face à trois employées du Planning… On a critiqué ça, on m’a reproché mes positions sur l’activisme trans du coup, je n’ai jamais participé à des actions du Planning alors que je voulais apprendre et voir comment se passaient les sessions de formation, ou d’actions dans des collèges. On m’a aussi reproché d’avoir parlé de transsexualité, alors que je ne suis pas une personne concernée.
Sauf que le Planning, ils ont sorti un manuel qui parle d’intersexualité alors que les auteurs et autrices qui ont écrit ce livret ne sont pas concernés directement… Alors c’est vrai, ils ont fait appel au collectif intersexes et alliés pour l’écrire, mais je trouve ça “un peu” gonflé de leur part de m’avoir reproché ça, en sachant que quand je leur ai parlé d’intersexualité, j’ai écrit un petit livret qui est toujours disponible sur mon blog, et dont les sources viennent de personnes intersexes ET spécifiquement de femmes intersexes.
RadCaen, rebelle du genre.
Donc au final, je ne suis pas mécontente d’avoir été virée car ça en dit long… Mais, ce fut un petit peu difficile à vivre sur le coup.
As-tu quelque chose à ajouter?
Oui, j’en ai marre qu’on me dise que je hais les trans!
Personnellement, la transidentité c’est quelque chose qui m’a introduite au féminisme et à la critique du genre, même si c’est assez paradoxal. On est aussi pas mal dans le féminisme radical à est désistées, détransitionnées, dysphoriques, voir toujours transitionnées. Ce n’est pas mon cas mais, j’en connais.
RadCaen, rebelle du genre.
J’apprécie certains hommes transidentifiés, ou des trans qui sont critiques du genre et qui, du coup, ont une vision unique de ce qu’est la transition et de ce qu’est leur vie et l’homosexualité (souvent). J’ai une réelle compassion pour tous les bisexuels, les hommes qui ne se conforment pas et qui sont victimes de violences car ils sont efféminés. J’ai aussi de la compassion pour ceux qui meurent tués par des hommes dans la prostitution, ils représentent l’écrasante majorité des personnes trans qui meurent chaque année… J’aimerais vraiment que toute cette violence cesse!
J’en ai également marre qu’on m’accuse de tuer des personnes trans parce que je dis qu’ils sont des hommes (justement). Mais je ne tolère qu’on envahisse nos espaces, je ne tolère pas qu’on soit insultées, qu’on se fasse menacées ou qu’on nous frappe!
Hier, j’ai appris que des féministes à Bruxelles ont été agressées parce qu’elles sont abolitionnistes… Le collectif de Résistance Lesbienne a été agressé parce qu’elles ne veulent pas de pénis dans leur sexualité… Elles ont été agressées par un homme d’ailleurs! Il y a même des lesbiennes qui ont été tuées par des hommes transidentifiés!
Dana Rivers (qui est un homme transidentifié connu) a tué un couple de lesbiennes et leur fils adoptif. Tout ça parce qu’elles étaient lesbiennes! Et tout ça parce que nous, radfems, on reconnaît le sexe.
RadCaen, rebelle du genre.
Les lesbiennes sont les premières victimes, et les femmes comme moi aussi qui ne veulent pas d’hommes dans leur vie sexuelle… Car moi, je suis bie, et j’ai décidé que je n’aurai jamais d’hommes dans ma sexualité et ça en énerve beaucoup! Et les femmes hétéros qui ne veulent pas d’hommes dans leur sexualité, elles aussi se font cracher dessus! Voilà.
Ce sont toujours les lesbiennes qui trinquent en premier et je ne tolérerai pas ça! Je ne tolérerai pas que mes sœurs qui ne veulent par d’hommes dans leur vie privée se fassent harceler, se fassent tuer ou se fassent frapper!
Voilà, c’est ce que j’avais à ajouter : il y en a marre de toute cette violence alors qu’on nous traite de nazis en face! Alors que ce n’est pas nous qui tuons des personnes trans!
Merci d’avoir écouté notre parole, merci à RadCaen (Audrey) pour son précieux témoignage et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.
Je crois qu’il n’y a rien qui rende plus féministe que le hommes en fait! C’est mon avis (ahah), rien ne m’a plus rendue plus critique des trans que d’écouter les femmes trans parler (je crois).
RadCaen, rebelle du genre.
S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe: