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Marian, rebelle du genre.

Je m’appelle Marian Lens, je suis sociologue et activiste lesbienne depuis la fin des années 1970.

Marian, rebelle du genre.

Je suis née en 1959 et j’ai maintenant 62 ans.

Je vis à Bruxelles, donc en Belgique et j’avais 19 ans quand j’ai fui, quitté ma famille. Donc j’ai payé moi-même mes études universitaires puisque jeune adulte, j’ai dû partir pour un peu sauver ma peau et depuis ce moment-là, donc, je suis très fort engagée en tant qu’activiste lesbienne.

J’ai fait partie des archives lesbiennes, les deuxièmes archives lesbiennes au monde qui s’appelaient les Lesbiannaires en 1980.

Marian, rebelle du genre.

De 1985 à 2002, j’ai fondé et tenu la librairie lesbienne Artémis, librairie que beaucoup connaissent aussi en France puisque chaque année, j’allais au très grand festival ciné-club qui s’appelait Cineffable et qui est devenu le grand festival international de film lesbien que l’on connaît. Nous avons vécu pendant 18 ans, ce qui est une des plus grandes longévités de librairies féministe.

Dans le monde féministe en moyenne, c’est 3 à 5 ans.

À une époque on nous disait : « Oh là là c’est suicidaire ce n’est qu’une utopie, tu es folle! »

Mais la folie peut amener beaucoup à des voies de créativité … et c’est comme ça qu’on change  le monde, aussi!

Actuellement j’ai relancé une association lesbienne qui s’appelle L-Tours depuis 2012-2014 et là je le fais par une voie, qui a l’air moins politique mais qui ne l’est pas du tout moins, donc de donner par l’histoire « herstory/history », comme on dit en Anglais, l’histoire de lesbiennes, des femmes et du mouvement général, comme on dit actuellement « LGBT » ce qui me permet moi, d’utiliser cet angle là pour parler du général et de notre histoire qui n’est évidemment jamais reproduite ou rarement, ou à titre exceptionnel, ou anecdotique.

C’est un outil très précieux et très politique finalement.

Entre-temps, nous organisons aussi des conférences qui sont enregistrées et mises sur le compte YouTube et nous avons lancé depuis 2019, fin 2019, un site sur lequel nous retranscrivons des articles qui ont été réalisés dans le passé ou actuellement, qui expliquent l’histoire des mouvements lesbiens féministes, tous les débats qui sont vraiment des analyses de fond sur les questions d’identité, les nouveaux masculinismes, dont nous parlerons notamment dans ce podcast-ci.

Je suis issue d’une famille très traditionnelle, très catholique, très « hétéro sociale » et la seule différence qu’il y avait pas entre mon frère direct et moi, à qui je ressemblais très fort physiquement (il y avait à peine une année différence) …

Là, j’ai vu tout de suite le monde de différence qu’il y avait entre les garçons et les filles.

Il y a les garçons et leur monde de possibilités alors que moi, je n’étais qu’une fille… Aucun horizon ne m’était permis en tant que fille.

C’était une famille très très très conventionnelle donc les filles étaient plutôt les esclaves de la famille, c’était nous qui n’arrêtions pas de travailler. Faire la vaisselle,  à manger, s’occuper de tout, accueillir les familles élargies (en Flandre les familles sont avec  énormément d’enfants donc on passait [le temps], plutôt que de jouer, voilà on travaillait).

Ma mère était particulièrement abusive et conservatrice, elle  était misanthrope, antisémite aussi et extrêmement sexiste. Et c’est il n’y a pas si longtemps, il y a quelques mois, que j’ai appris qu’en réalité elle n’avait pas envie de fille, elle n’aimait pas les femmes. Et ça je ne l’avais jamais su.

Si j’avais su, je serais partie encore plus tôt que mes 19 ans je crois… Cela explique énormément de choses sur le fait qu’on n’existe pas en tant que fille et que nous n’avons aucune perspective d’avenir en tant que telle.  Ca expliquait aussi mes colères et ma rébellion. Quand j’étais enfant j’étais très révoltée, très rebelle, à la fois très soumise comme beaucoup de filles… Je restais quand même assez rangée je crois, puisque bon… On me choisissait généralement comme déléguée de classe aussi, comme j’étudiais facilement.

Et en même temps je portais les révoltes.

Marian, rebelle du genre.

Donc tout ça c’est toujours resté, cette notion de devoir changer les choses, que la vie n’était pas juste, qu’il y a beaucoup d’injustices.

En même temps je me rendais compte, par rapport à des copines de classe que, alors que pourtant j’étudiais facilement, quand j’expliquais que je devais lire en cachette, les gens étaient ahuris. Mais c’était ma réalité : en réalité, le seul endroit où on me foutait la paix, c’était les toilettes ! Je connais une autre amie, sociologue,  qui a eu la même situation. On n’avait pas le droit de perdre notre temps, et très souvent, je lisais mes ouvrages scolaires là-bas. Ce qui est hallucinant quand on y pense ! Mais voilà ça montre aussi que, même si on est dans des situations impossibles, on trouve toujours des manières de continuer à rêver de savoir qu’un jour on pourra changer les choses. Et moi c’était ça qui me stimulait.

Par rapport à l’identité, donc j’étais cataloguée fille, oui voilà. Je ne voulais pas être un garçon. J’avais déjà cette notion que ce n’était peut-être pas une évidence, même si je peux mieux l’expliquer évidemment maintenant.

Je ne voulais pas devenir une femme. ça c’est quelque chose qui est venu très tôt donc quand j’étais enfant, jeune adolescente. J’étais constamment humiliée, freinée en tant qu’enfant, mais c’est surtout l’adolescence que ça n’a fait qu’empirer. Quand mes seins, ma poitrine s’est mise à se développer. Et pourtant, franchement, j’étais une maigrelette, ça ne se voyait pas trop. Les blagues graveleuses et vicieuses ont commencé à émerger de plus en plus au sein de la famille et en dehors. Les tentatives d’attouchements, enfin je n’apprends pas grand-chose à beaucoup de femmes… et par réaction de défense, j’ai fait de l’anorexie. À l’époque on appelait ça un anorexie nerveuse. Pour moi c’était tout sauf nerveux :  c’était conscient. Je ne voulais pas de seins. J’avais remarqué que ça faisait diminuer les agressions aussi.  Et j’ai arrêté parce qu’on m’a menacée de me nourrir de force.

 Je crois que ce n’est pas un hasard que ce que j’ai choisi, c’est la sociologie. Parce que je voulais comprendre le monde. Et je crois que ce n’est pas un hasard si le sujet de mon mémoire de master, à la fin des années 79, début des années 80, est devenu un sujet de remise en question de ce qu’on appelle maintenant la théorie du genre, enfin la remise en question des constructions de l’élaboration des catégories homme/femme.

Ca a été d’ailleurs le premier mémoire universitaire qui a été fait sur le sujet, vous imaginez on est en 1980, le titre était « Perspectives d’analyse de l’idéologie la différence dans un système hétéro patriarcal. »

Marian, rebelle du genre.

À l’époque ils n’avaient jamais entendu ça, vous imaginez bien !

Le fait que déjà dans cette université, (c’était l’université libre de Bruxelles, qui était considéré comme laïque, qui l’est, de philosophie) et qui n’était en fait abonnée à aucune revue féministe à l’époque ! Il y avait d’autres universités, très peu qui l’étaient, à des revues scientifiques féministes américaines, mais ce qui n’était pas du tout le cas à Bruxelles. Donc pour eux c’était vraiment déjà hallucinant. Non seulement de venir avec un sujet féministe en soi, mais en plus de remise en question de l’hétérosexualité ! Ca, c’était du jamais vu, du jamais entendu.  Et la construction, puisque je parle de l’idéologie de la différence, la construction des notions dites de sexe à l’époque (actuellement on parle plus de genre, mais bon, c’est du pareil au même), c’est la création des notions, des concepts et des réalités homme/femme.

Et l’idée  aussi à une autre imposition : l’hétérosexualité, donc tout le système hétéro social. Là-dedans, je développais aussi que c’était une oppression, que ce n’était pas juste des discriminations, que  c’était tout un système social, économique et politique qui était basé sur une binarité inventée. D’ailleurs le mot « sexe » vient de secare, qui veut dire séparer, et ça je le développais dans ce qui était en réalité déjà un début de doctorat. Et que la création de genres « homme/femme » à l’époque on disait bien deux sexes, c’était évident, était imposée par un ciment : c’est que le sujet dominé, donc les femmes, devait aimer leur oppresseur par l’hétérosexualité.

La construction sociale autour de l’hétérosexualité imposée comme conditionnement. Et tout ça c’était beaucoup trop…

Donc ce qui s’est passé, c’est qu’évidemment tout le monde était quand même impressionné, puisque le professeur sentait bien l’analyse qui était derrière  (et aussi des assistantes qui étaient des femmes, qui n’osaient pas dire ouvertement qu’elles étaient féministes, mais qui se reconnaissaient en partie dans ce genre d’analyse). Et au lieu d’avoir un jury de trois personnes, trois professeurs, il y a eu là une dizaine, une douzaine de personnes qui se sont déplacées pour venir écouter le « débat du siècle » qui était très houleux, comme vous pouvez l’imaginer.

L’hostilité, à l’époque, était très directe. Donc on avait des insultes énormes aussi de la part des professeurs et c’était très très tendu.

C’était post 68, on est presque 10 ans après. Mais les remises en question fondamentales ne passaient pas bien sûr au niveau de l’université et tout le monde sait aussi que la libération dite sexuelle des années 68, c’était une libération pour les hommes qui avaient alors un accès absolu aux femmes.

Marian, rebelle du genre.

Alors oser dire ça, évidemment, ça ne passait pas du tout. Mais venir avec un système d’analyse qui remettait tout en question, ça c’était du jamais vu et la riposte a été violente. Ils n’ont pas pu arrêter le master, ils n’ont pas pu ne pas me donner mon diplôme mais par contre on m’a bloqué toute possibilité de pouvoir faire de la recherche, du travail de recherche, ou de professorat, dans le milieu académique universitaire alors que tous mes profs du secondaire m’y voyaient… et pour moi, c’était un petit peu mon rêve : changer le monde par là, par les études les plus développées… parce que vraiment, j’y croyais. Je pensais vraiment que ça allait pouvoir être possible.

Et c’est ma révolte qui m’a aidée. Puisque j’étais tellement en colère de m’être rendu compte que mon professeur n’avait même pas lu mon travail, qu’il avait fait lire par son assistante, parce qu’il n’allait quand même pas perdre son temps avec ce genre de sujet…. C’était révoltant, voilà ! Mais bon, c’était la réalité dans les début des années 80. Il ne faut quand même pas oublier que 40 ans plus tard, c’est-à-dire il y a quelques années,  j’ai essayé de revenir avec ce sujet en me disant, quand même, presque un demi-siècle après, ça devrait être possible. Eh bien non. Et surtout pas non plus dans les milieux dits LGBT. Non plus ? Ce sont des sujets qui font toujours peur. Par exemple, à trois autres reprises, j’ai été censurée les dernières années rien que sur la possibilité d’en discuter, avec un titre aussi – me semblait-il- neutre que « Pour une abolition des catégories dites sexe ou de genre, et pourquoi pas ? » Eh bien, trois fois censurée. Donc ça montre, effectivement, que, un demi-siècle après, 40/50 ans après, on n’y est pas encore vraiment, et pour cause. En Belgique les Master de genre ne se sont développés qu’ il y a quelques années, donc finalement, historiquement c’est extrêmement tard. Quand on y pense, on est déjà au début du XXIe siècle. Il y a eu, rien qu’au XXe siècle, plusieurs mouvements féministes : les suffragettes au début du 20e, les deuxième et troisième mouvements féministes à la fin du siècle passé, et on en est au début du 21e, et on en est encore toujours là finalement. De ne pas pouvoir aller à la racine des choses, de faire des analyses radicales, parce que c’est de là  que vient le mot radical, les analyses lesbiennes radicales, les analyses féministes radicales, ça veut simplement dire (et c’est bien sûr tout un programme) « aller à la racine des choses, vouloir comprendre jusqu’au bout ce que cela veut dire ». Eh bien voilà il y a encore énormément de choses,  quelque part, sur ce plan-là, sur la remise en question des civilisations, on n’en est qu’à la Préhistoire.

On est dans une époque très forte dépolitisation, il faut le dire. Donc on redevient un peu minoritaire, quand on vient avec des analyses « qui osent » remettre en question un fonctionnement social et politique, c’est redevenu aussi percutant, quelque part, que dans les années 60, 70, 80 et 90 etc. Sauf que c’est différent à chaque époque. Il y a évidemment les difficultés intrinsèques et les positivités. Pour moi par contre, ce que je vis, c’est qu’on me demande de plus en plus, de pouvoir lire mon Master, pour la première fois, alors que jusqu’à présent, personne ne voulait en entendre parler, vraiment personne, très peu. Et là je sens vraiment un changement réel, donc on ne doit pas sous-estimer c’est simplement ça que je dis. C’est qu’ en réalité je crois qu’on est dans une période politique où nous sommes nettement plus fortes qu’il y a 40 ans et qu’on nous le fait bien sentir, qu’on essaie de tout faire pour faire taire.  Et ça, on ne doit pas le sous-estimer.

Il ne faut pas que nous sous-estimions notre force.

Marian, rebelle du genre.

Moi, je suis de cette génération qui n’a pas arrêté. J’ai cette chance de pouvoir parler de mon histoire, c’est quand même très nouveau, historiquement ! Et je tiens bien à le faire.  Même s’il y a eu pour ma part dès la fin des années 90 début des années 2000 un burnout politique réel, comme beaucoup de ma génération… Eh bien nous sommes là ! Nous sommes beaucoup, de retour ! Certaines sont toujours restées et il y a cette nouvelle génération, de tous âges.  Quand je dis ça, c’est des nouvelles générations de toutes origines culturelles qui se retrouvent maintenant … et veulent parler de ça. Mais n’osent pas, la plupart du temps parce qu’ il y a cette contre-offensive, ce backlash, ces conservatismes qui sont là.

Et des nouveaux masculinismes… Mais il fallait s’y attendre, avec des moyens énormes, et nous sommes dans cette période politique du meilleur et du pire. Sauf que je crois, et ça c’est ma conviction,  c’est qu’il y a un peu plus de meilleur que de pire. Certainement dans nos contrées à nous, si on les compare à d’autres. Franchement ne fût-ce qu’évoquer le fait de revendiquer des choses, en tant que de fille ou femme, qu’est-ce que ça dit ? Ici nous sommes quand même dans une période où nous pouvons nous exprimer, même si nous subissons beaucoup de répression et de violence. Il faut quand même relativiser et savoir que, au contraire, nous avons acquis et atteint beaucoup de choses, et que nous sommes dans une phase historique de grosse lutte de nouveau, très frontale, et il fallait s’y attendre… donc moi… j’en ai tellement vécu, de hauts et de bas, et c’est ça que j’explique aussi dans mes parcours. C’est un parcours en dents de scie mais tant que quand on monte avec la main, tant que la courbe  médiane, la main monte, en dents de scie, ça veut dire qu’il y a une progression.  Et cette progression-là existe, il ne faut pas la sous-estimer. Il faut vraiment croire en nos forces, et il faut continuer.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie du genre est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, et pourquoi pas, pour notre démocratie ?

Pour tout ça en fait, elle est très dangereuse. Pourquoi?

Parce qu’elle passe sous silence l’oppression des femmes par les hommes. En prétendant avoir une approche scientifique ces “académiciens et académiciennes” n’ont cherché qu’à aseptiser complètement la question. Et il y a là, un véritable déni d’oppression.

Ce déni est un mot très fort, parce que l’on en plein négationnisme, parce que ce que l’on constate actuellement c’est qu’il y a beaucoup de d’études académiques qui sont tout à fait référencées et qui pourtant, donc, nient le fait que il s’agit bien d’un d’un système d’oppression, parce que quand il y a un tel niveau de discrimination, avec autant de violence (je parle des viols qui vont jusqu’aux féminicides, qui sont considérés encore toujours comme des faits divers, comme faisant partie d’une sorte de nature), il y a quelque chose qui ne va pas.

Quand on parvient à reconnaître le racisme, le fait de trouver le prétexte de couleur de peau d’origine culturelle pour ancrer des différences très graves qui vont jusqu’à l’esclavagisme… et qu’actuellement le reconnaît… le fait que quand il s’agit de ce qu’on appelle “les femmes” ça passe sous silence… on relativise et on banalise ce taux de violence qui qui est le plus élevé qui existe… Eh bien c’est très grave. Parce qu’on va nier des réalités pour une masse de personnes, et on va nier aussi que des mécanismes… par exemple la gestation pour autrui un qui révèle en fait un niveau de violence énorme qui renaît… De véritables traites contre les femmes et les enfants! Mais de banaliser ça à des choix personnels et individuels, c’est en fait faire du révisionnisme et du négationnisme.

C’est ne pas reconnaître les choses telles qu’elles sont. Et nous en sommes toujours là.

D’ailleurs dans le monde académique, il faudrait un nouveau mai 68 ! Sauf qu’il faut mieux que ça parce que Mai 68, c’était plutôt une libération de la sexualité pour les hommes, mais pas pour les femmes.

Marian, rebelle du genre.

Le mouvement #MeeToo a montré qu’une masse de femme qui n’osaient pas se dire féministes ont enfin osé faire le pas,  il montre à quel point ce taux de violence est redevenu très, très fort. 

Qu’il n’est plus possible d’invisibiliser ce qui se passe. 

Beaucoup de femmes l’ont compris et le disent. Même celles qui n’osaient pas se dire féministes. Sauf que ce n’est pas suffisant.

Parce que nous sommes de nouveau, pour nous, les femmes, dans une situation politique de backlash. Qu’est-ce que ça veut dire?

C’est un contexte actuel, social, politique et économique, c’est un véritable retour en arrière. Et le COVID, malheureusement, va accentuer ça. Il l’a déjà fait.

Ce sont toujours les plus “minorisées”, et on peut mettre franchement au féminin, qui sont les plus touchées. Et actuellement, c’est ce qui est en train de se passer. Si ça va mieux pour une couche, une certaine couche préservée d’hommes et de rares femmes, ce n’est pas le cas de la majorité.

Donc on peut  toujours parler d’un phénomène de minorisation de ce groupe social qui est le plus grand qui existe, celui des femmes… Des enfants qui, à la naissance, ont été catégorisés, estampillés comme telles :  des filles et des futures femmes. Ce n’est pas un choix, c’est quelque chose qui est imposé à un petit être, un petit amas de cellules.

On va créer deux catégories tout à fait arbitraires, comme le racisme, en trouvant prétexte dans la nature pour créer des différences. Et là, en l’occurrence, c’est ça : on écarte les jambes de ce petit corps tout à fait innocent, et on va décider : « Ah, on fait deux boîtes, hop : garçon ou fille ». Et on hiérarchise ces boîtes. Parce qu’elles ne sont pas l’une à côté de l’autre.

Il y a une boîte en dessous et l’autre au-dessus, et la boîte au-dessus, évidemment, est la boîte qui a tous les privilèges.

La boîte du dessous, est la future boîte contenant ces petits êtres qui vont devoir servir la boîte supérieure… Donc, ce n’est pas un choix.  Le choix c’est de refuser de continuer à rester dans ces boîtes.

Marian, rebelle du genre.

Quand on parle de boîte, ça montre bien les limites.

On ne peut pas se déplacer, aller d’une boîte à l’autre, non, non! C’est un système social imposé. On ne fait pas ce qu’on veut.

Et quand on explique ça de manière très imagée, c’est réel!  Il y a des milliards d’êtres humains, mais il n’y a que deux boîtes. C’est d’une violence énorme évidemment.

Et actuellement, en ce début de XXIe siècle on prétend qu’on peut choisir… Mais depuis quand on choisit une oppression? Personne ne le fait! Une oppression, s’il y a  bien quelque chose qui est imposé, c’est une oppression! Les petits êtres appelés filles, qui ne voulaient pas être là, et qui vont devoir servir les êtres supérieurs que sont les hommes, n’ont pas le choix! 

Après on peut choisir de déconstruire, en attendant c’est tout un système de conditionnement très violent… D’ailleurs le mot “éduquer”…  si c’était naturel il ne faudrait pas éduquer! On va éduquer ces futurs êtres, vraiment faire tout pour qu’elles, et ils, restent dans leur boîte respective. Et ça s’appelle l’éducation. Le mot, comme le mot sexe “secare” qui veut dire séparer, éduquer vient de “educare”  qui veut dire “redresser ce qui est tordu”. Donc quand on sait ça, c’est un fameux programme! Et on comprend toute la violence qu’il y a là-dedans. 

On comprend aussi tous les mots qui stéréotypent comme “garçon manqué”… Il faudrait savoir : si on est une fille qu’on appartient “naturellement” à cette boîte-là, eh bien il ne faut pas éduquer : on est “naturellement” cette chose qu’on est censée être. Le fait qu’on doive éduquer et par après, avec des systèmes punitifs extrêmement graves (qui vont jusqu’à aux sanctions économiques,  quand on voit les  salaires ce sont des sanctions économiques, il ne faut pas oublier ça), pour rappeler l’asservissement, pour rappeler les différences qui ont été créées de toutes pièces, et surtout maintenir la catégorie soumise dans une situation économique de soumission. Parce que moins vous avez de moyens, plus c’est difficile de se révolter, d’exiger la même chose… 

Nous en sommes toujours là. Donc quelque part, c’est hallucinant… On est en début de XXIème  siècle et qu’on doive encore toujours essayer de prouver ces réalités violentes-là… de prouver que le faite qu’on tue un être parce qu’elle est une femme, c’est du féminicide et c’est d’ailleurs les féministes qui ont inventé ça, cette notion d’être tué par ce que femme, ça a été créé  en 1976, lors d’une très grande rencontre mondiale, la toute première, qui s’est d’ailleurs passée à Bruxelles. Il y a eu des délégations de 40 pays de femmes qui sont venues avec ça, en disant que non, il n’y a  rien de moins naturel, que c’est construit, c’est une violence. La violence imposée d’hétérosexualité c’est une violence, lors du tribunal des crimes contre les femmes.

Donc quand on pense que ça va faire un demi-siècle que ça été dit … et que c’est toujours pas reconnu au niveau des politiques des pays dits démocratiques européens…  c’est hallucinant.

Par exemple, en Belgique, on reconnaît le fait d’avoir été tué, agressé,  tué en parce que homosexuel c’est un fait aggravant, au niveau du pénal. La Belgique n’a toujours pas reconnu le fait d’être tuée en tant que femme comme un même type de violence. Parce que c’est ça que ça veut dire…

Marian, rebelle du genre.

D’ailleurs, nul part dans le monde. Il y a un seul pays qui commence à le reconnaître et c’est nouveau.  C’est hallucinant et ça montre à quel point on est très en retard à ce niveau-là.  Et donc oser venir et dire que non, le genre c’est une c’est une approche complètement aseptisée, inacceptable d’un phénomène de violence aussi grave. Ça ne va pas,  on ne peut pas l’accepter.

Actuellement oui on constate qu’on est dans un retour des masculinismes et de nouvelles formes, extrêmement agressives : les intégristes trans qui sont minoritaires,  sont en fait très très forts politiquement. Ils font très peur et réussissent à s’imposer dans les milieux académiques  mais aussi politiques. Et ça je connais peu… je ne connais aucun Etat où ce n’est pas le cas. 

Donc ils sont… Les mouvements LGBT sont devenus beaucoup plus réformistes,  voire conservateurs,  et ont des ailes extrêmement conservatrices. Mais on ne voit jamais l’intégrisme, quel qu’il soit, (ici, par exemple, trans) comme étant en fait, finalement, un mouvement extrêmement masculiniste, extrêmement ultraconservateur.

Qu’est-ce que ces mouvements? Eh bien on le sait  : ils sont foncièrement anti femmes, ces pauvres petits êtres qui n’ont pas choisi d’être catégorisées comme ça. Eh bien, il y a cette haine de ces êtres soumis. D’autant plus quand ces êtres se révoltent. C’est le cas des féministes.

Donc,  évidemment, ces mouvements intégristes sont foncièrement antiféministes, profondément sexistes, profondément  lesbophobes aussi. Pourquoi? Parce que ce sont celles qui leur échappent le plus. Il ne faut pas oublier que ce sont celles qui ont refusé d’aimer des hommes, en n’aiment “que” des femmes (entre guillemets le “que”). C’est comme ça que eux le perçoivent et c’est pour ça aussi par exemple que dans certains pays les lesbiennes sont particulièrement torturées, jusqu’au meurtre, assassinées parce que les femmes les plus libérées à leurs yeux. C’est la haine de ces êtres qui sont à leurs yeux nées pour servir et être asservies, et voire pourquoi pas pour qu’ils puissent s’en amuser jusqu’à les torturer et pourquoi pas les tuer, finalement c’est quand même un droit absolu.  

Donc c’est ça qu’il ne faut pas sous-estimer : ce sont des personnes qui sont fondamentalement haineuses. 

Et nous, notre force, c’est que nous pouvons expliquer et développer ça. Et on ne doit pas sous-estimer effectivement ce qu’on va provoquer chez eux. Et c’est ça qui se passe, en fait : on subit un niveau de haine à un degré ultime, complètement décomplexé,  et ça c’est par contre … Ce n’est pas nouveau, la haine, la répression des femmes : il suffit de voir Boko Haram, c’est ce qu’il s’est passé. L’enlèvement, l’esclavagisme, et puis tuer des esclaves… ça n’a aucun sens, si ce n’est de servir comme instrument de peur, pour bien montrer : « écoutez, si vous n’écoutez pas, je vais aller jusque-là »…

Ça fait peur, et ça marche très bien! D’ailleurs la plupart des femmes le savent très bien, c’est à leur risques et périls si elles sortent la nuit, si elles sortent dans des endroits considérés comme des lieux majoritairement pour les hommes, mais eux le savent très bien, nous sommes toujours dans ce monde-là, toujours dans un monde qui ne nous appartient pas. L’espace public est toujours un monde dangereux et privé.

Il ne faut pas oublier qu’une fille, une femme sur trois va subir un très haut taux de violence dans ce qui est considéré comme une sphère protégée qui est la famille. Or, on sait très bien que les premières agressions viennent d’abord de proches.

Marian, rebelle du genre.

C’est ce que les féministes ont toujours analysé et dénoncé. et on en est encore, toujours à devoir reprouver , revenir avec ces analyses et toute cette masse de travail théorique qu’on a fait, qui a été complètement dénigrée et qui disparaît de plus en plus, même dans des  sphères dites “scientifiques” que sont les milieux académiques et universitaires.

Et c’est ça qu’on provoque. On n’en est encore qu’au tout début de la remise en question du patriarcat.

Tu témoignes aujourd’hui sous ta réelle identité, pourquoi? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as déjà été mise en danger ou est-ce que tu as perçu un danger pour toi ou pour ton entourage? Ou est-ce que, au contraire, tu te sais en  sécurité pour parler librement de ce sujet?

Je dois dire que depuis que je suis petite, je ne me suis jamais sentie en sécurité, jamais… Donc pourquoi j’ose? Mais parce qu’en fait, les personnages que je lisais quand j’étais enfant,  c’étaient ces personnes qui osaient… Et j’ai toujours eu cette notion d’urgence, qu’il n’y a pas de temps à perdre. Je choisissais des personnages qui disaient ça, aussi et je trouvais ça tellement vrai.

Ne rien faire, c’est laisser faire.

Marian, rebelle du genre.

Très tôt, j’avais compris ça et j’avais compris aussi qu’on obtenait du résultat à se révolter, à exiger des choses, a demander.  Si c’était structuré, bien pensé, etc.

Mais ce sont des stratégies qu’on développe déjà enfant.

Moi, enfin, je développais déjà des stratégies de défense. J’étais un enfant très renfermée, et ça m’a permis de me protéger, par exemple je n’ai jamais vécu mes attirances enfant, adolescente, parce que je savais que c’était dangereux. Et j’ai bien eu raison, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle je suis partie à 19 ans. Je savais que d’autres personnes avant moi avaient réussi à le faire, à trouver un job, à partir, donc c’est ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais retrouvée à la rue, mais oui j’ai dormi avec un manteau parce que je n’avais pas de quoi me chauffer. J’étais dans une mansarde où il n’y avait même pas de quoi préparer à manger, c’était comme ça…Et c’était pas le 19e siècle, je parle de la fin des années 70, début des années 80, donc ce n’est pas si vieux que ça. 

Et si c’était à refaire, je le referai parce que c’est ce qui m’a sauvée. J’ai connu beaucoup de solidarité.  J’ai connu plus de solidarité que de répression à partir du moment où j’ai pris ma vie en main, c’est-à-dire quand, en tant que jeune adulte, je suis partie.   et je ne suis pas la seule. C’est vrai que ça aidait beaucoup de savoir qu’on n’est pas la seule, même si à l’époque j’étais très isolée et que je pensais être seule au monde. On a toujours l’impression qu’on est seule. C’est vrai que on n’est pas beaucoup, pas très nombreuses, mais avec le temps et avec ce qu’on fait, on découvre d’autres comme nous puisque, théorie au moins, on sait qu’on ne peut pas être la seule, ce n’est pas possible. 

Alors, la répression, oui, je n’ai toujours connu que ça : en tant qu’enfant, on me remettait à ma place. Il y a 1000 façons de le faire. Je voyais bien les libertés que mes frères avaient et que ma sœur et moi, n’avions pas du tout. Moi, j’étais la plus révoltée des deux, donc j’ai pris les premiers coups… et tous les coups! La censure, je connaissais. Mais ça ne m’a pas empêché de fuir, de partir et d’oser, de dire. Il ne faut pas avoir peur de le faire. Parce que, comme disait Audre Lorde : “Your silence will not protect you”, “Votre silence ne vous protégera jamais”. C’est un état de fait. C’est une féministe noire lesbienne qui le dit. Or, elle, avec les sur-discriminations qu’elle a subies, savait vraiment de quoi elle parlait. Alors osons, osons le faire, osons le dire … et nous en sommes toujours là. Nous ne sommes pas seules, au contraire, nous sommes des mouvements très très forts. D’ailleurs, ce podcast, cette série que vous lancez, est extraordinaire parce que ça permet des débats, de les enregistrer, de les faire connaître. Ce sont des outils puissants qui montrent à quel point nous sommes en contrôle avec nos moyens et que nous gérons nos espaces.  Et qu’il faut le faire, c’est la seule manière. Parce que les autres espaces, nous perdons énormément de temps à prouver, à pouvoir prendre un petit peu de place. Même s’il faut être partout, il faut toujours être en  contrôle d’une majorité d’outils aussi. Nous n’avons pas le choix  : nous devons les créer nous-mêmes. Et ce n’est pas terrible, ça nous permet de développer énormément de créativité, de découvrir la solidarité, et d’autres qui,  comme nous, se battent un tas de niveau, donc c’est magnifique.

Ce sont des énergies très très fortes. Et ce n’est pas additionnel, ce sont des énergies en spirale énormes!  

Autant, moi j’ai connu des mouvements de libération féministes et lesbienne … J’ai eu cette chance-là, c’est un miracle! Parce qu’il y en a qui vont vivre de longues décennies sans les connaître, il y a des pays où ce n’est même pas envisageable donc, quel miracle, c’est magnifique !

Pourquoi  sous mon identité?

Le problème ce n’est pas moi, c’est cette société, ce sont ces masculinistes, ce sont ces complices des masculinismes qui sont de vrais problèmes, pas nous!

Donc, c’est cette société qui doit changer et pas nous. Nous, on est très bien comme on est.

Marian, rebelle du genre.

Pourquoi témoigner?

Également parce qu’on est dans une période qui enjolive l’exploitation des femmes et ça, c’est aussi un point que je voulais absolument développer.

Actuellement, par exemple, dans la prostitution, qui est une violence extrême contre les femmes, il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes, la majorité, si ce n’est la totalité, se prostituent parce qu’elles ne trouvent pas d’autre job, ou parce que ça leur a été imposé. Une violence et une violence.

De même, la “femme éternelle” sous son lipstick, si elle n’a pas le choix d’être qui elle est, c’est une violence. Donc une beauté peut cacher des violences bien plus graves. On est un peu là-dedans, dans les milieux queers (pas tout le monde dans ces milieux) qui vont enjoliver quelque chose qui est en fait une violence. Un système de violence, ça on ne peut pas accepter, c’est un retour en arrière. 

Nous sommes aussi dans un retour en force des  binarisme, contrairement à ce que des mouvements trans ou queer prétendent, certaines tendances.

Ce qui m’a beaucoup fait rire, parce que je ne parvenais pas à y croire la première fois que j’en ai entendu parler : il y avait un atelier “pour les nuls” pour apprendre à devenir un homme ou une femme. Il faudrait savoir :  si on est né comme ça, ou soit disant « pas dans le bon corps » , pourquoi il faut apprendre un accoutrement, des attitudes prétendument masculines ou féminines ? Ou ça existe, et c’est naturel, où ça ne l’est pas ! Si ça ne l’est pas, vouloir apprendre ça , mais c’est absurde ! On est dans une période politique hallucinante où des mouvements, qui se disent politiquement corrects, disent  une chose … et son contraire. Donc reprennent un discours patriarcal complètement oppressant, en prétendant faire l’inverse de ce qu’ils prétendent dénoncer ! 

Et c’est ça aussi, ce qui a été imposé à des enfants intersexes, enfin que l’on appelle comme ça. 

Être un enfant intersexe, ça veut dire quoi ? C’est un petit être  qu’on va torturer, c’est-à-dire qu’on va lui faire des opérations mutilantes, pour que cet enfant ressemble à une des deux catégories, garçon ou fille, et y reste. Et à l’adolescence, avec le développement d’un corps qui peut décider de se développer de manière non prévue par cette société normative, le bistouri ne suffira pas. On va commencer à bourrer cet enfant d’hormones, les dossiers médicaux vont souvent disparaître. Ce sont des êtres qui étaient sans aucun problème médical et qui vont se retrouver à l’état adulte ou jeune adulte avec des complications médicales terribles. Cette réalité médicale dans laquelle nous sommes toujours, qui est extrêmement mauvaise pour ces enfants, ne peut pas être bonne pour des enfants qu’on appellerait trans. Parce que reprendre un bistouri, ce qui est une grande violence, pour que ces enfants “trans”, soi-disant correspondent à une catégorie … quoi? La nature se serait-elle trompée ? Mais une nature, ça ne se trompe pas. Ça existe en soi. C’est une société qui se trompe, ou un être humain, mais pas la nature! 

Or on est là dans un système d’explication idéologique qui essaierait de nous faire croire qu’il y aurait des erreurs dans la nature qu’il faut alors corriger, par des êtres humains, qui sont des êtres pensants et relatifs!

Marian, rebelle du genre.

Voilà, c’est une violence parmi d’autres. Ce qui est hallucinant, c’est que ça marche! C’est que c’est imposé, et banalisé. 

 Ce qui est intéressant, par contre, c’est qu’un tas d’êtres, qui sont passés par là, ont décidé de remettre ça en question, donc des personnes qui ont décidé de transitionner, pensant que leur corps était mauvais, ou  leurs pensées, et ont décidé de faire marche arrière. On parle là de détransition , ou de post-transition.  Et bien c’est tabou, on ne peut pas en parler.  

Donc on pourrait être hétéro puis devenir bi ou lesbienne puis redevenir hétéro. Par contre, non, trans, on serait une chose, puis on est trans… Mais on ne peut pas détransitionner… et pourquoi pas?  Qui a décidé ça?  Donc on est dans des  identités qui seraient soi-disant naturelles puis ne le sont plus, c’est-à-dire qu’on va opérer, mettre un tas d’hormones et de cocktails chimiques extrêmement graves et peu contrôlés médicalement, et là, prétendre que c’est naturel! Mais étonnamment, on est dans ce monde-là.  Qui dit une chose et son contraire.  Et d’ailleurs, je vais rassurer beaucoup de personnes et beaucoup d’activistes, on est déjà en train de faire marche arrière.  Il y a déjà un pays qui en train de largement faire marche arrière grâce une personne qui a détransitionné en Grande-Bretagne : une jeune lesbienne au départ qui a décidé de transitionner pour devenir un garçon, l’a donc décidé adolescente …  Et à 19 ans, a  décidé de faire un procès au système de welfare britannique… qui a perdu le procès. Donc le welfare a décidé de faire marche arrière par rapport à la transition d’enfants et d’adolescents/adolescentes. Et ça c’est très intéressant. Et je peux vous rassurer donc nous on a organisé une conférence à ce niveau-là avec des personnes détransitionneuses qui, elles, ont confirmé qu’elles avaient un public des dizaines de milliers de personnes dans le monde qui ont déjà fait la démarche, dont les premières générations de personnes transitionneuses, qui ont déjà maintenant 40 ans de vécu et remettent ça en question.

Non, ce ne sont pas des cas divers. Ce sont déjà de véritables phénomènes qui sont niés, déniés de pouvoir parler de leur démarche. Et ça, c’est hallucinant. C’est d’une violence extraordinaire.

Donc pourquoi est-ce que je me tairais? Mais il ne faut pas se taire au contraire, parce qu’il y a un tas de pauvres êtres qui, comme nous, se sont rendu compte : “Tiens, il y a un problème social”.  Mais ce n’est pas vous le problème. Vous êtes cet être neutre, magnifique en soi. Peu importe comment vous êtes constitués, moléculairement, morphologiquement. Vous êtes neutres, vous êtes magnifiques. C’est une société qui va décider de l’inverse. Donc le problème ce n’est pas vous : c’est la société de laquelle vous êtes issu malheureusement. C’est cette société, cette civilisation qui est problématique. Et il faut le dire et clamer haut et fort. Voilà. 

Et donc ce podcast, c’est extraordinaire. Il faut oser, il faut le faire!  il faut dire… comme on l’a toujours fait.

Donc voilà pourquoi je parle, pourquoi à visage découvert : parce que je n’ai rien à cacher, au contraire! Je ne vois pas pourquoi moi, je devrais me mettre dans un placard, qui est en fait un ghetto préparé par un système hétéro-patriarcal violent. Il n’en est pas question.

Donc oui, à visage découvert.

Merci Marian. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Ce qui m’avait beaucoup touchée, c’était ce petit être, je ne savais pas si c’était un garçon ou une fille, qui était venu très silencieux/silencieuse. Et ça m’avait vraiment fortement touchée.

En réalité, j’avais déjà entendu cette personne en interview et  au fil du parcours je me suis dit : “Mais je connais, je connais”. Je connaissais visage. Donc je l’ai re-rencontrée et en réalité, c’était une personne, donc une lesbienne, qui avait transitionné vers garçon. Et ça m’avait fort touchée parce que je me reconnaissais dans cette personne, qui cherchait à être neutre, et ne parvenait pas à l’être.

Il y avait tout ça dont je m’étais rappelée depuis l’interview à l’époque (parce qu’à l’époque elle était en transition, je dis “elle” parce qu’elle a décidé de détransitionner et d’être de nouveau “elle” et c’est un choix politique, quand je dis “elle”), et c’était tout son parcours, tout son questionnement, qui m’a beaucoup interpellée.

Je me dis qu’il faut vraiment en parler, absolument. Pour montrer qu’il y a d’autres choix possibles.

Marian, rebelle du genre.

Et c’est vrai que nous avons eu beaucoup de discussions, elle m’a dit : « c’est vrai, si j’avais connu un mouvement politique tel que celui que toi, tu as connu, dans les années 80, 90, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Et ça, ça m’a fait très mal. Parce que je me suis dit : “là c’est quand même grave”. On n’est plus censés être obligés de ne pas pouvoir être qui on est, dans une société qui prétend avoir fondamentalement changé à ce niveau-là. Eh bien ce n’est toujours pas le cas. Et au contraire, avec (malheureusement) le progrès technique et médical et ça c’est une personne intersexe et activiste  qui le disait haut et fort, donc le malheur, c’est que maintenant, ce qui n’était pas possible, l’est. Et on peut, avec des bistouris, des cocktails chimiques extrêmement mutilants et graves pour la santé humaine, malheureusement faire ça!

Moi aussi, je ne suis pas, comme la plupart des êtres humains, 100 % dans une catégorie.

Ce qui m’a sauvée c’est que pour  ma mère, il n’était pas question de dépenser de l’argent pour des frais médicaux.

Ma sœur a pris des coteaux hormonaux dans l’adolescence, moi pas. Je n’avais pas des règles régulières, pendant des mois je n’avais rien, donc  j’étais  un peu intersexe.

Mais à l’époque, heureusement, ça m’a sauvée puisque ce n’était pas très connu, ça m’a vraiment sauvée! Mais il ne faut pas demander : si j’avais été moins typée pour entrer dans la “petite boîte du dessous”, j’aurais subi un tas de violences en plus. Et là, j’en étais très consciente avec le cas de cette personne que j’ai rencontrée, et qui est devenue plus proche. Ca, je voulais le dire. C’est plus qu’une anecdote, c’est vraiment quelque chose qui m’a fait comprendre l’urgence qu’il fallait absolument redire haut et fort ce qui ne va pas dans cette société. Qu’il fallait osé le faire.

D’un autre côté, ce qui m’avait un peu décontenancée lorsque j’ai fait ce panel sur la détransition, c’était quand même l’absence d’esprit critique actuel, que je constate aussi dans mes parcours.

Oui ce qui m’étonne beaucoup, c’est que dans les personnes détransitionneuses certaines s’appellent post-trans et non pas dé-trans, et il y a plus qu’une nuance dans le terme. 

Dé-trans, c’est que vous reconnaissez, qu’il y a un passage, c’est un cheminement. 

Post-trans, ça veut dire que vous êtes passé à autre chose… ou pas!

Entre les deux termes, vous le prenez, soit c’est un cheminement comme un autre, pourquoi pas. Donc vous remettez fondamentalement en question le fait d’être passée par là, il n’y a pas de reconnaissance politique des violences (ou sociologique, peu importe, selon de quel angle vous voulez le prendre), mais ça, ça ne va pas. Ou ça va, ou ça ne va pas. Quand un phénomène est en réalité un mécanisme de violence, il faut avoir l’honnêteté de le dire.  Et il faut aussi, à un moment donné, pouvoir dire « j’ai fait une erreur, un choix. Si c’était à refaire, je ne le referai pas. Il faut avoir le courage de le dire. Moi, il y a des choix que je ne referais plus et je le dis. Et je le développe, il n’y a pas de honte à avoir, c’est simplement un état de fait. Ça permet à d’autres de ne pas devoir repasser par là. 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Oui, je reviens toujours à la même chose : il est absolument impératif, et pour nous, c’est la grosse lutte de ce siècle, il faut que ça réussisse, c’est de faire reconnaître, dans ces termes-là, j’insiste (!), l’oppression des “femmes” par les “hommes”. C’est une créaton structurelle d’une société établie sur un double binarisme qui est  un manichéisme, “homme/femme”… Et oui, l’hétérosexualité, l’hétérosexuation, c’est une contrainte. Il n’y a rien de naturel là-dedans. C’est tout un système social qui est bâti autour de ce double édifice, il faut avoir le courage d’étudier, sous tous les angles, ces mécanismes-là. 

Parce qu’ils sont intrinsèquement liés l’un à l’autre. 

L’un sert à justifier l’autre, et à le renforcer.



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Nous remercions Marian pour son témoignage.

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Mercie les femmes!

Louise, rebelle du genre.

Bonjour, ce n’est pas moi qui lis mon témoignage.

Mais bon, si c’était moi, je vous dirais que je m’appelle Louise, que j’ai 23 ans, que je suis étudiante et que je viens de la région parisienne.

Petite, j’étais « garçon manqué ». Je détestais mon corps et je voulais devenir un garçon.

Louise, rebelle du genre.

J’avais toujours trouvé que j’étais différente des autres enfants, comme en décalage. J’ai été victime de harcèlement scolaire. Puis, vers mes 12 ans, j’ai vraiment appris à aimer mon corps et j’ai aussi rencontré d’autres filles qui me ressemblaient. Puis, j’ai eu 15 ans et j’ai développé des troubles du comportement alimentaire.

Vers la vingtaine, j’ai été victime de violences sexuelles.

Et, très récemment, que j’ai été diagnostiquée TSA. C’est une forme légère d’autisme.

Louise, rebelle du genre.

Au début de mon parcours féministe donc, à la fin du lycée, j’étais plutôt une féministe libérale. Une femme hétéro qui soutenait les droits des transsexuels (on dit transgenres aujourd’hui…) que j’assimilais à ceux des homosexuels et ce, même si je me posais des questions quand je voyais des enfants très jeunes comme Jazz Jennings prendre des hormones. 

J’ai commencé à suivre des groupes comme les Femens et à me dire que OUI! On pouvait être un homme et aimer mettre des robes sans vouloir changer de sexe… À la fac, j’ai été traitée de TERF alors que je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! Et progressivement, je suis devenue radfem (féministe radicale).

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ? Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ?

Cette idéologie est dangereuse pour plusieurs raisons. D’abord, elle invisibilise le mouvement du féminisme et les problématiques strictement féminines. Ensuite, elle force les enfants à entrer dans des cases et à se mutiler physiquement. Elle est aussi dangereuse pour les droits des homos. Je pense à ces femmes lesbiennes qui sont agressées sexuellement et violées, et sur qui on pratique des thérapies de conversion, à qui on explique qu’elles doivent aimer les pénis et que si, en tant que lesbiennes, elles n’aiment pas les pénis, elles ont un problème (d’où mon allusion aux thérapies de conversion)… Elle est aussi dangereuse parce que les TRA (les transactivistes), défendent aussi la prostitution et la pornographie qui sont étroitement liées à tout ça.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage (pro, perso, peur pour tes proches, etc.), ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?

Je témoigne de façon anonyme. Je n’ai jamais vraiment subi de menaces mais bon, je suis un master pour devenir enseignante et plusieurs de mes camarades (dont une femme transidentifiée, donc une femme se ressentant « homme ») sont vraiment très proches du transactivisme. 

Tout ce petit groupe pourrait d’ailleurs se retourner contre moi.

Le transactivisme est vraiment très présent dans les milieux universitaires et, je vous avoue que cela m’inquiète.

Louise, rebelle du genre.

Ce même groupe a d’ailleurs fait une bibliographie à destination des élèves du collège dans lesquels ils ont mis des BD comme « assignée garçon » ou « appelez-moi, Nathan »… Ce sont des bandes dessinées qui font la promotion du transactivisme.

A la rentrée du master, on a aussi eu une conférence sur les enjeux de l’éducation sexuelle à l’école. Un des étudiants a demandé « Comment fait-on s’ il y a, parmi nous, des élèves trans ou non-binaires? » et notre formateur a expliqué que l’Education Nationale avait l’obligation, entendez bien, l’obligation d’accompagner les enfants et leurs parents dans leur « transition ». 

J’ai donc également peur d’avoir des problèmes futurs au niveau professionnel si je m’oppose à la transition d’élèves. D’enfants mineur.es, donc.

Louise, rebelle du genre.

Je crois que si, par exemple, une petite fille venait me dire qu’elle veut changer de sexe et qu’elle se sent « garçon », j’essayerais déjà de ne pas la brusquer, j’essayerais de l’inviter à réfléchir et à prendre son temps. Je lui parlerais, certainement, de mon propre vécu et je lui poserais des questions comme « Qu’est-ce que tu trouves si bien chez les garçons ? ». D’autant plus que la dysphorie, je ne sais pas si vous êtes informés mais… Elle peut être un symptôme de l’autisme. (Enfin, bon…)

Bref, je sais que je peux être traitée de « transphobe » ou de « TERF » rien que pour avoir dit ça.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Sur les réseaux, une personne trans a fait des sous-entendus sexuels sur moi parce que j’ai critiqué l’idéologie trans.

Une autre m’a attaquée en messages privés et m’a dit :

« tu es hétéro, tu suces des queues, tu n’as pas ta place dans le féminisme » alors que j’ai été victime de viol!

Louise, rebelle du genre.

Je suis membre d’une petite association étudiante et un de nos membres, un homme hétérosexuel, a fait son coming-out en tant que « femme trans non-binaire ».

Il n’a rien changé à son apparence physique, il a de la barbe et s’habille avec des vêtements très masculins (il porte juste des hoodies roses de temps en temps).

Du jour au lendemain, il exigeait de se faire appeler « Présidente » au lieu de « Président » de l’association. 

Il utilisait un pseudonyme féminin américain et, en plus, il votait aussi pour le RN (le Rassemblement National). Heureusement, il a fini par démissionner de son poste en accusant les autres membres de « mégenrage ».

Je trouve ça révélateur que selon certains activistes, un homme hétéro…

Excusez-moi, je prends le temps parce que…

Donc, un homme hétéro, puisse se dire « femme », voir « lesbienne », sans ne rien changer à son apparence (et donc potentiellement, puisse accéder aux espaces réservés aux femmes).

Potentiellement, tout nous prendre : nos droits et nos espaces, nos voix et nos réalités.

Nous remercions Louise pour son témoignage.

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Mercie les femmes!

Muriel, rebelle du genre.

Je m’appelle Muriel Petit, je suis enseignante, j’ai 45 ans, je suis féministe radicale, lesbienne, et j’habite à Bruxelles.

Je dirais que je suis féministe depuis toujours mais sans nécessairement me poser beaucoup de questions sur des réalités hors de ma vie.

Muriel, rebelle du genre.

Je suis née dans une famille de Belgique catholique où, même si j’avais assez le droit par rapport à mes parents, de faire les activités, les études, etc. que je voulais, au niveau des stéréotypes sexistes c’était bien ancré. 

Donc c’est ma maman qui s’occupait de tout ce qui était ménage éducation etc, et que mon papa, au final ne faisait pas grand-chose. Je me souviens parce qu’on me l’a raconté, que quand j’étais toute petite, une femme d’un certain âge a admiré quel gentil petit garçon j’étais, à jouer calmement avec des petites voitures… et à me dire quelle méchante vilaine fille j’étais quand elle a appris que j’étais une fille!

J’en parle parce que plus tard je voudrais revenir sur le mot “vilaine”.

Je n’ai jamais très bien compris les normes auxquelles on est obligée en tant que fille de se maquiller, de s’épiler, de… au niveau des vêtements etc. Mais voilà, je m’y suis pliée parce que j’avais pas trop le choix. Je me suis rendu compte petit à petit que j’avais relativement de la chance d’être née en Belgique, à cette époque-ci, où donc, j’ai pas été avortée, parce que j’étais petite fille, je n’ai pas été excisée, etc. Et que j’avais le droit de vote, et des choses ainsi. 

Ma culture féministe s’élargissait un petit peu et puis, j’ai commencé à lire. Je suis tombée sur un forum féministe qui à l’origine, était plutôt matérialiste. Cela m’a ouvert les yeux sur différentes choses.

Mais, ce qui m’a vraiment ouvert les yeux, ça a été que sur ce forum, le transactivisme était de plus en plus présent.

Muriel, rebelle du genre.

Il y avait des sujets dont on ne pouvait plus parler parce que c’était choquant et heurtant…donc voilà. Mais à ce moment-là, je restais très fort dans la bienveillance et l’empathie, notamment parce que je connaissais une femme transidentifié et que je l’avais rencontrée via la maison arc-en-ciel de Bruxelles et à l’époque, j’avais suivi l’atelier qu’elle menait qui s’appelait “trans pour les nuls” qui m’avait un peu perturbée parce que, bah… En sortant de là, je ne savais plus ce qu’était un homme et ce qu’était une femme. Je trouvais ça assez embêtant, mais sans être trop consciente  du souci qu’il y avait là, derrière…

Au point qu’à l’époque, j’ai envisagé d’aider à écrire un livre pour expliquer les transidentités aux enfants…

Muriel, rebelle du genre.

En même temps, à côté de cette bienveillance que que j’avais, cette empathie que j’avais pour ces personnes qui me disaient beaucoup souffrir, il y avait un malaise qui grandissait parce que je percevais des incohérences dans le discours, parce que les questions des transactivistes prenaient toute la place partout, dans toutes les discussions que ce soit sur le forum, ou que ce soit dans les associations… Et par chance en plus du forum, j’ai commencé à lire pas mal de blogs plus radicaux et j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres féministes radicales lors d’un gathering à Paris, et là ça m’a permis d’ouvrir les yeux, tout à fait, sur pourquoi j’étais pas à l’aise et de mettre le doigt sur toutes les incohérences de cette idéologie.

Je pense que le fait d’avoir ouvert les yeux sur mon orientation sexuelle lors de ce gathering-là aussi, a participé au fait que je devienne critique du genre.

Muriel, rebelle du genre.

Suite au gathering, je me suis rendue à la maison arc-en-ciel pour des rencontres entre lesbiennes, et quand j’ai questionné le fait qu’il y ait des hommes transidentifiés (« femmes » trans) dans le groupe, on m’a fait comprendre que si j’avais un problème avec ça, la porte était ouverte, je pouvais partir… que c’était vraiment « vilain et transphobe » de poser la question.

Une lesbienne a réussi à me dire un truc du genre “mais tu sais, telle personne est vachement plus lesbienne que toi parce qu’elle au moins, elle n’a jamais couché avec des hommes, même du temps où elle pensait qu’elle était un homme!”… Donc voilà.

Et ce genre d’épisode-là, ils s’en est produit sur des groupes soi-disant lesbiens, sur Facebook, etc. Ce n’était juste vraiment plus possible d’être dans l’empathie pour ces personnes-là, autant j’ai de l’empathie pour les personnes qui souffrent, autant je pense que, une personne anorexique elle souffre aussi car elle se sent trop grosse… Le médecin ne va jamais lui dire “écoute je vais t’aider à perdre du poids”! Le médecin va essayer de l’aider à mieux voir comment son corps est. Je ne comprends pas comment, quand la personne vient avec « je suis une femme dans un corps d’homme » ou « un homme dans un corps de femme », les médecins entrent dans le jeu et comment tout le monde doit entrer dans le jeu…

Dans ce qui m’a fait devenir critique du genre aussi, il y a le fait que, depuis 8 ou 10 ans, les questions d’identité de genre ne sont pas questionnables en Belgique dans les associations dites « féministes ». Ou plutôt, il y a 8-10 ans, c’était surtout : “On ne va pas se positionner parce que c’est clivant et bla-bla-bla”…  Et il y a 4 ou 5 ans, c’était plus : “On va pas se positionner ». Aujourd’hui, c’est : “Mais arrête d’être transphobe.”

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante » et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique.

Muriel, rebelle du genre.

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante », et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique… 

Pour moi, c’est ce qui va se passer aussi avec la GPA où il y a une promotion énorme par rapport à elle, et c’est de moins en moins contestable. Si jamais on est contre  la GPA, c’est qu’on est de « méchantes et homophobes » qui ne veulent pas que les pauvres gays deviennent pères… 

Je remarque un recul assez phénoménal concernant les droits des femmes sur toutes ces questions, et c’est pour ça que je suis critique du genre. 

Pour moi, on est vraiment dans la même chose que “Les vêtements neufs de l’empereur” qui est un conte où tout le monde sait que l’empereur est nu mais il n’y a personne qui ose le dire, parce que tout le monde a peur de ce que les autres vont penser de lui  si jamais dit que “Moi, je ne vois rien” et on est, pour moi, exactement dans la même chose avec les transactivistes!

Je pense qu’une majorité de personnes savent très bien qu’un homme ne peut pas devenir une femme, et qu’une femme ne peut pas devenir un homme mais on a peur de le dire parce que nous avons peur de la réaction, nous avons peur d’être traitées de « méchantes », de « transphobes »,  de « vilaines » ou de personnes à abattre…

Muriel, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie?

Je pense que c’est une menace vraiment à tous niveaux.

Je pense que c’est une menace pour les enfants. Il y a un scandale sanitaire qui est en vue. Que ce soit pour tous ces gamins et ces gamines qui vont se retrouver stérilisées alors que c’est pas du tout ça qu’on a leur avait vendu. Il y a tous ces enfants qu’on fait transitionner parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre ou parce que les parents se sont rendus compte qu’il y avait de fortes probabilités qu’ils deviennent ou qu’elles deviennent homosexuelles plus tard et que ce n’est pas supportable… et donc on préfère avoir un enfant trans plutôt qu’un enfant homosexuel. 

Donc je pense que pour les enfants c’est une catastrophe. D’autant plus une catastrophe que c’est une idéologie qui en tout cas en Belgique est entrée dans les écoles. Dans le programme du cours que je donne,  l’identité de genre est entrée dedans. Dans les circulaires il est précisé en début de circulaire : “Nous n’utilisons pas la l’écriture inclusive pour éviter les lourdeurs de langage, mais évidemment ce message s’adresse à tous les hommes, les femmes, et les personnes non-binaires.” Donc l’idéologie trans et queer est complètement arrivée partout et les enfants en Belgique sont censés avoir de l’éducation à la vie relationnelle,  affective et sociale et de plus en plus souvent, quand ces animations-là sont données, elles sont données par des associations qui expliquent aux enfants que peut-être ils ne sont pas dans mon corps etc. 

Donc ça, ça me fait très très peur pour les enfants. 

C’est aussi une menace pour les lesbiennes, puisque c’est devenu excessivement compliqué de faire une association de lesbiennes et de pouvoir légalement réserver l’entrée de l’association uniquement aux femmes.

C’est un gros problème quand une lesbienne exprime qu’elle n’aime pas les pénis, parce que dans son orientation sexuelle, fatalement les parties génitales entrent en jeu, le message est décrit comme « haineux », comme « transphobe » et donc, comme une raison pour pouvoir taper dessus…

Cela s’est vu malheureusement en manif!

Muriel, rebelle du genre.

Mais c’est une menace aussi pour toutes les femmes puisque les discriminations dont on souffre sont fondées sur notre corps, sur notre réalité biologique sur le fait que les femmes sont potentiellement capables de donner la vie, donc d’être enceintes, donc d’avoir besoin d’un congé de maternité… Donc il y a  toute une série de choses et puisque on peut plus faire le lien, si on les écoute, entre ce qui est une femme et sa réalité biologique, ben on peut plus parler des soucis des femmes.  Mais parler des soucis des femmes, c’est aussi les symptômes de maladies qui sont différents selon si on est un homme ou une femme, que ce soit pour l’autisme, que ce soit pour les crises cardiaques, on n’a pas les mêmes symptômes. Résultat : les femmes passent sous le radar, ne sont pas soignées.

Mais c’est vrai aussi dans les sports. Ce n’est pas normal qu’un homme ait concouru aux sports olympiques dans la catégorie de “femme”. 

Ce n’est pas normal que des bourses réservées aux femmes soient prises par des hommes, parce que bah oui ils courent plus vite effectivement! Un adolescent de 17 ans court plus vite qu’une adolescente de 17 ans parce que simplement il y a eu la puberté et ce n’est juste pas possible!

Mais c’est vrai aussi pour des questions de sécurité :

Je ne suis pas d’accord que dans mes toilettes, que dans mes vestiaires, que dans une chambre que je partagerais avec normalement une collègue en classe verte, je puisse me retrouver avec un ou des hommes parce que ils disent “se sentir femme”. 

Muriel, rebelle du genre.

Il y a aussi quelque chose qui m’énerve mais, prodigieusement!

C’est de me  rendre compte que les personnes qui se disent « trans » ne sont pas du tout en train de créer leurs propres espaces. Elles veulent pouvoir avoir l’autorisation d’entrer dans nos espaces, et si jamais on leur dit non, le résultat c’est qu’elles font du lobbying pour que le lieu ferme ou, pour que les subsides soient diminués.  Et quand elles entrent, le résultat, c’est qu’une femme par exemple, ira dans des refuges avec des femmes  qui vivent à la rue et qui disent “mais moi j’ai un souci, j’ai vu un homme”…

Et on nous répond: “C’est toi le souci, c’est toi qui vas dehors…” 

Donc c’est vraiment un gros, GROS problème!

Je pense qu’au-delà de tout ça, ce qui m’énerve peut-être le plus, c’est que pour moi, c’est un problème social, et plutôt sociétal… 

Il est considéré comme tout à fait normal, valide, d’agresser des personnes parce que leur opinion n’est pas la même. Donc aujourd’hui, en Belgique, et ailleurs, des personnes disent défendre l’idée qu’une femme qui a une pancarte dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, qui aurait un message “vilain pas beau méchant” c’est tout à fait normal, légitime, de l’attaquer, de l’agresser, de l’attraper et qu’il faut qu’elle assume. 

Nous sommes dans un processus où, pour le moment, des personnes qui se disent féministes, légitimisent les violences faites aux femmes de la même manière que les hommes qui frappent leurs compagnes légitimisent leur violence en disant “Oui,  mais c’est de sa faute, elle l’a cherché, ou elle n’a pas dit ce qu’il fallait” ou je ne sais quelle autre couillerie… Tout cela pour dire : “mais c’est normal que je la tape”.

Ce qui m’effraie, c’est que d’une part, cela vient de personnes qui se disent féministes, et que pour un certain nombre de personnes de la société, ça  a l’air de passer “crème”…

Muriel, rebelle du genre.

Tout comme quand on fait remarquer : “Oui mais il va y avoir des problèmes si on ne fait plus les statistiques selon le sexe. Donc ça veut dire qu’on ne peut plus voir les discriminations faites aux femmes. Ça veut dire qu’on peut plus voir qu’il y a une grosse différence de salaire.  Ca veut dire que des hommes se retrouvent dans des prisons de femmes… Y compris des personnes qui ne disent féministes, disent : “Mais non, vous imaginez des choses etc.” 

Sauf que c’est en train de se passer sous nos yeux. Oui c’est l’idéologie trans et je tiens quand même à dire que je n’ai rien contre les personnes trans, j’ai envie de dire “les vraies personnes trans”, les personnes qui se sentent mal dans leur corps, tellement mal au point de se mutiler pour essayer d’aller mieux… Mais j’ai un gros problème avec cette idéologie, qui est une idéologie sectaire et terroriste qui fait que on ne peut pas avoir un avis différent. 

Si on a un avis différent on est des blasphémateurs, et on mérite la mort, ou le viol ou au moins des coups… parce que quand même franchement c’est trop violent! 

Donc il y a des personnes qui vont dire “C’est trop trop violent d’avoir dit que c’était un homme, c’est normal que tu te prennes son poing dans la gueule.”

Et sur ça, je suis juste vraiment, vraiment pas d’accord.

Donc cette idéologie est une catastrophe totale.

Qu’est-ce qui t’a amenée à témoigner sous ta réelle identité?  Est-ce que tu peux nous expliquer si tu as déjà eu des pressions ou des menaces? Est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement ?

J’ai vraiment beaucoup hésité sur la manière de témoigner. Est-ce que j’allais utiliser un pseudo tout à fait? Ou juste mon  prénom?

Si j’ai beaucoup hésité c’est parce que je sais les violences dont sont capables les transactivistes… 

Je sais les intimidations, le doxxing et le harcèlement.

Muriel, rebelle du genre.

Le harcèlement, j’en ai vécu pendant une longue partie de ma vie et ce n’est vraiment pas quelque chose que j’ai envie de revivre. 

Et puis il y a une part de moi qui se dit : “Mais merde! Ce que je dis est quelque chose qui respecte les droits humains. Je ne fais de mal à personne. Je donne une opinion qui est construite. J’ai pas de souci à ce que d’autres personnes aient une autre opinion que moi, mais je dois pouvoir avoir le droit de donner mon opinion. 

Et partant de là, même s’il y a une part de moi qui a peur, parce que… parce que j’ai vécu dernièrement leur violence… mais je ne suis pas d’accord pour continuer à “me cacher” ou “me faire discrète”.

Et je pense que plus nous serons nombreuses à donner notre avis, et à le faire de manière visible et sans être dans l’ombre et sans nous cacher,…  Je pense que ça peut aussi permettre à d’autres de le faire. 

Parce que si je regarde autour de moi, il y a  une majorité de personnes qui sans doute ne se rendent absolument pas compte de ce qui se passe, mais qui, quand on leur parle de différentes choses, se disent “oui  effectivement il y a un problème. Il y a un problème qu’on fasse transitionner des enfants. Il y a un problème que des femmes soient agressées lors de manifestations.” 

Donc voilà c’est pour ça que j’ai choisi de témoigner avec mon nom.

Donc je m’appelle Muriel Petit, j’habite à Bruxelles, j’ai 45 ans et vous allez devoir faire avec!

Est-ce que tu aurais une anecdote à nous raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Alors y en a plusieurs.

Il y a le fait que toute une série de mots ne sera plus possible d’être utilisée. 

On va parler de “personnes qui ont leurs règles” ou de “menstruatrices”, de “maisons d’accouchements” pour éviter d’utiliser des mots comme “femme, mère” ou des choses ainsi… Cela me marque parce que les mots sont importants pour écrire la réalité.

Muriel, rebelle du genre.

Une anecdote perso, c’est le jour où une personne d’un groupe m’a vue avec mes mollets poilus…

C’était la première fois que cette personne-là voyait que j’avais décidé de laisser mes poils tranquilles., et la fois d’après, quand j’ai vu le groupe, je suis arrivée en retard à la réunion, et ils ne se sont pas rendu compte que j’étais là et ils étaient en train de parler de : “Ah oui mais c’est chouette pour la diversité, nous allons avoir personne trans! », « Ah oui mais, je suis quand même un peu étonnée je n’attendais pas ça de Muriel…”

Et je suis repartie très discrètement puis, je suis rentrée très bruyamment, et il n’ont évidemment plus jamais reparlé de rien mais, je trouve ça assez… Choquant de dire qu’une femme qui a des poils aux pattes c’est donc que c’est un mec!

Dans les anecdotes il y a aussi le fait que sur un groupe lesbien sur Facebook c’était considéré comme normal que des hommes transidentifiés viennent parce que … ils sont des lesbiennes!  Mais il y avait aussi une femme transidentifiée qui a voulu venir parce qu’elle se dit “bi” et que… voilà ! Et il n’y avait pas de souci, elle pouvait être là aussi… donc leur manque de logique me frappe toujours beaucoup.

Mais il y aurait encore tellement, tellement de choses à dire mais… il paraît qu’on n’a pas le droit de faire 125 épisodes donc je vais laisser là!

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Il y a quelque chose qui me tient vraiment à cœur.

Le 28 novembre, il y a eu une manifestation contre les violences faites aux femmes. Un groupe de femmes a été agressé pendant cette manifestation et je faisais partie de ce petit groupe de femmes. J’ai vécu une horde qui s’abattait sur nous, et je n’ai pas compris de suite  pourquoi.  

On a, évidemment, eu des insultes, de la menace, des bousculades, quelques coups. On a, évidemment, été traitées de “terfs” et puisque “terfs”, nous sommes bonnes à brûler!

Muriel, rebelle du genre.

Une des choses qui m’a marquée c’est qu’un homme dont, j’ignore s’il est transidentifié ou pas, mais vu que sur les réseaux sociaux, on me dit que je suis “méchante” qui, en plus, “mégenre” les gentilles personnes trans qui étaient avec le groupe…Donc, j’imagine que c’était un homme transidentifié… Il a dit à un moment “Oh mais qu’elles sont vilaines!!!” et je me suis retrouvée, comme quand j’avais quatre ans, quand la dame qui, elle, devait avoir plus de 70 ans certainement, et c’était dans les années 80, me trouvait tellement vilaine parce que j’étais une petite fille qui ne jouait pas à la poupée, mais qui jouait aux autos… 

Et là, je me suis retrouvée face à un homme qui avait exactement le même discours réac… Je suis désolée mais, le transactivisme,  pour moi, c’est tout sauf progressiste. 

Ils ont ce même discours simplement parce qu’en tant que femme, je n’avais pas la place que lui considérerait que je devais avoir, à savoir douce, attentionnée, empathique, attentive aux hommes et faisant passer les hommes avant moi!

Donc voilà, je trouve pire que révoltant que, dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, des violences contre les femmes se produisent.

Je trouve révoltant de voir la manière dont le groupe qui nous a agressées essaie de faire passer ça sur les réseaux sociaux.

Muriel, rebelle du genre.

Mais il y a une part de moi qui a confiance.

Parce que nous avons eu la chance d’avoir le réflexe de filmer ce qui se passait, donc des images sont sorties et je me rends compte qu’il y a de plus en plus de personnes qui se disent : “il y a quand même un souci”,  qui se disent que oui, ce n’est pas normal de frapper une femme pour des questions d’idés et d’opinions différentes.

L’agression subie par Muriel et des femmes ce 28/11/21 lors d’une manifestation contre les violences masculines à Bruxelles :

https://twitter.com/guenonist/status/1465765194584539136
https://www.womenarehuman.com/trans-activists-attack-women-at-protest-for-violence-against-women/

Nous remercions Muriel pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!


Lucie, rebelle du genre.

Bonjour.

Je m’appelle Lucie, j’approche de la quarantaine. 

Je suis une femme, je suis lesbienne et j’ai des formes généreuses !

Ce n’est pas moi qui lit mon texte, mais ce sont bien mes mots que vous allez entendre.

Je suis féministe, je suis abolitionniste du genre et de la prostitution qui sont des violences societales patriarcales faites aux femmes. 

Avant de me construire en tant que femme, j’aurai ramé.

Lucie, rebelle du genre.

Petite on m’a appris que les femmes aiment les hommes et doivent se rendre désirables à leurs yeux notamment en mettant des vêtements sexy et du maquillage. 

Et bien sûr que les femmes doivent mettre au monde des enfant.e.s et les élever. 

En gros, ce que la société voudrait que soient les femmes. 

Je ne me suis jamais construite d’après ces stéréotypes sexistes, j’ai toujours trouvé cette image si peu fidèle à ce qu’est une femme et si peu valorisée par rapport à la place accordée aux hommes ; mais je ne suis pas arrivée pour autant à me construire socialement facilement.

À l’adolescence, comme j’aimais tout ce que mes copains aimaient ou non en terme d’activités sportives : j’ai douté être une femme.

Lucie, rebelle du genre.

Une bonne partie de mes ami.e.s étaient homosexuelles au lycée. 

J’étais en questionnement sur mes sentiments : je pensais aimer les hommes mais n’était pas attirée sexuellement par eux… 

Le queer paraissait attrayant, mais ça ne m’a pas aidé pour ainsi dire plus que ça : je me suis même perdue en chemin avec tous ces « genres » possibles. 

Pouvoir te définir comme tu le veux et même pouvoir changer de « genre » ne m’a pas permis de comprendre qui j’étais au fond : moie et par rapport à la société.

Selon mon amie Béatrice, ma construction du genre n’était pas la bonne : j’étais un homme.

Elle pensait que mon mal être de l’époque venait de là.

Et comme j’étais perdue dans mes sentiments, j’ai suivi son conseil : il fallait que j’explore “ma masculinité”.

J’ai porté une cravate et j’ai essayé d’adopter les mêmes comportements que les hommes.

Lucie, rebelle du genre.

Mais là non plus je ne me sentais pas du tout homme, mais j’ai continué à me comporter ainsi car je pensais que je souffrirais moins car je serais moins opprimé dans la sphère publique.

Jusqu’au jour où, un homme m’a dit à quel point il m’admirait pour oser porter cette cravate tous les jours, car cet objet était si oppressant pour un homme : il serrait, tenait chaud et faisait l’objet de concours entre eux, de largeur et surtout de longueur.

À ce moment-là, j’ai compris que j’étais ridicule : porter une cravate et adopter leurs comportements ne faisait pas de moie un homme, pas plus que d’aimer des activités soit disant “typiquement masculines”.

Étant perdue et trouvant les deux choix que mon entourage me “vendait” si peu attrayants, j’ai décidé, pour un temps de « finir vieille fille avec des charentaises », c’était la meilleure option qui se présentait à moie.

Je regrette d’avoir fait ce choix à l’époque, car je suis devenue asociale : j’étais en colère et en voulais pour ainsi dire à la terre entière car je n’avais pas le droit de m’exprimer et d’exister comme je me voyais. 

Aux yeux des un.e.s, je n’étais pas une femme ; aux yeux des autres je n’étais pas un homme, juste « un garçon manqué » : en somme, je n’étais rien. 

Lucie, rebelle du genre.

J’ai fini par tomber en dépression.

Je n’en pouvais plus d’être perdue, malheureuse et d’être devenue une loque.

J’avais décidé de mettre fin à mes jours au travail.

Les paroles d’une collègue ont pesé lourd dans la balance et m’ont empêchée d’aller plus loin. Elle m’a dit : “Pourquoi es-tu si dure avec les gens ? Et pourquoi l’es-tu encore plus avec toi-même ? Je ne sais pas ce qu’on t’a fait, mais tout le monde ne te veut pas du mal, tu sais.”

Je me suis alors demandé pourquoi je ne m’aimais pas et pourquoi je ne pouvais pas être heureuse moie aussi.

Ne pouvant parler de mon mal être à personne de mon entourage, j’ai décidé d’aller voir un psychologue : c’était la thérapie de la dernière chance.

Si cette thérapie ne m’aidait pas, je savais ce qu’il me restait à faire.

C’est bien la première fois dans ma vie ou on laissait m’exprimer vraiment et notamment sur mes sentiments, ma sexualité, le nœud du problème.

De cette thérapie, je suis arrivée à entrevoir que mes sentiments étaient tournés vers les femmes.

À l’inverse, je ne ressentais rien pour les hommes : je m’entendais bien avec eux mais ils ne m’attiraient pas.

Ce n’était pas l’avis de mon thérapeute qui me posait sans cesse la même question : aimez-vous les hommes ou les femmes ?

À chaque fois, je lui répondais “les femmes”.

Un jour, lors de notre séance, il m’a posé à nouveau cette question; je me suis énervée parce qu’il paraissait douter de mes paroles.

Je lui ai demandé pourquoi il ne me croyait pas quand je lui ai parlé de mes sentiments : d’autant plus, que toutes mes tentatives avec des hommes s’étaient conclues par un échec au moment de l’acte sexuel : mon corps refusant leur pénétration, et le contact de leurs corps me dégoûtait.

Il m’a répondu que je ne pouvais pas aimer les femmes : c’était juste parce que je n’avais pas une bonne image de moie.

Lucie, rebelles du genre.

Je n’étais pas d’accord avec lui, et je lui ai dit ouvertement. 

Il m’a alors dit que toute cette souffrance que j’avais connue allait recommencer. 

J’ai pris peur, et me suis mise à pleurer : je ne voulais pas revivre l’enfer par lequel j’étais passé.

Il m’a demandé pourquoi je n’avais pas confiance en lui ? Jusqu’à présent il m’avait aidé à aller mieux. 

Je lui ai dit que j’avais confiance en lui. 

Alors il m’a demandé pourquoi je refusais d’être heureuse. 

Je lui ai dit que je ne refusais pas d’être heureuse, c’est que je voulais trouver enfin ma place et être heureuse.

Alors, il m’a dit qu’il fallait suivre ses conseils, que c’était dur, mais que le bout du tunnel était proche : je serais bientôt une femme heureuse et épanouie dans la vie.

À une autre séance, je lui ai parlé de mes travaux manuels avec un homme de mon association.

Il m’a demandé si je m’entendais bien avec lui, et je lui ai répondu que oui.

Il m’a dit que c’était sans doute le bon, que je devais sortir avec lui.

À force de tous ses commentaires, comme : « vous ne pouvez pas savoir avant de vous lancer, c’est sans doute le bon », je me suis mise avec lui.

À ma séance suivante chez mon thérapeute, je lui ai dit que c’était fait, que j’étais avec lui : il était ravi et moie j’étais en colère.

En colère car je n’éprouvais aucun plaisir avec lui ; c’était même douloureux.

Je simulais pendant l’acte pour écourter nos rapports.

Il m’a dit que c’était normal, les rapports avec plaisir au début étaient un mythe martyre.
Je lui ai répondu que ça faisait plus d’un mois et demi que je simulais.

Il m’a dit qu’il fallait au moins 100 rapports pour être bien sexuellement en couple.

Il m’a dit aussi que c’était parfois normal de simuler, que c’était un acte d’amour : l’homme et la femme n’avaient pas le même plaisir et pas de la même façon… il fallait que je l’accepte.

Lucie, rebelle du genre.

Après un peu plus de quatre mois à simuler au lit, j’ai commencé à avoir un peu de « plaisir » avec lui. 

En réalité, je m’étais dissociée et il m’avait torturé, manipulé pour que je pense être hétérosexuelle… mais ça je ne l’ai compris que plus tard en écrivant tout ce qui m’avait fait comprendre que j’étais lesbienne. 

Je l’avais aussi compris grâce à ce que le féminisme m’avait apporté comme analyse de l’oppression sociale capitaliste et patriarcale. 

J’ai eu pendant 5 ans des rapports sexuels espacés avec cet homme : il n’était pas rare que je pleure en cachette à la fin de nos rapports.

J’ai fini par croire que le problème venait de moie : je ne devais pas aimer le sexe.

Après mon trentième anniversaire j’ai fait un travail sur moie.

Je voulais savoir pourquoi je désirais un enfant, pourquoi je n’arrivais plus à prendre la pilule, et pourquoi je n’arrivais plus à donner de plaisir à mon partenaire quand il me regardait.

Mon corps supportait de moins en moins son sexe en moie.

Et cette vérité qui a toujours été au plus profond de moie a refait surface à ce moment-là : j’ai toujours regardé les femmes et je les trouvais belles.

Au début, je pensais que c’était parce que j’étais complexée par mon corps (comme me l’avait fait croire mon thérapeute), ou que c’était de la curiosité mal placée : mais au bout d’un moment, à force de penser aux femmes tout le temps, j’ai commencé à revenir sur cette “certitude”.

Une semaine, au bout du cinquième jour à ne penser qu’aux femmes toute la journée ; je me suis dit que pour y penser autant et surtout en continu, il fallait que je regarde les faits d’un peu plus près : d’autant plus que lors de mon dernier rapport sexuel, je m’étais fait la réflexion que de faire l’amour avec lui en imaginant que c’était une femme, ce n’était plus possible.

La semaine suivante, je pensais davantage encore aux femmes.

Je me suis dit que je devais vraiment les aimer pour y penser tout le temps.

Je me suis mise à réfléchir à mes dernières réactions vis-à-vis des femmes et des hommes.

Dans la rue, je m’étais déjà surprise à penser que j’avais regardé des femmes quelques secondes, alors que mon téléphone indiquait que ça faisait vingt minutes !

Je ne pouvais qu’en conclure que j’aimais les femmes : j’étais lesbienne 

C’était un grand soulagement pour moie, j’étais heureuse de m’être enfin trouvée.

Je n’étais plus une femme morcelée : j’étais enfin entière.

Lucie, rebelle du genre.

Si je suis critique du genre, c’est parce cette institution m’a entravé dans ma construction sociale. 

Noues les femmes, la société noues enseigne à prendre soin de tout le monde sauf de noues : c’est une énorme charge mentale que la société noues impose. 

Se faire belle pour plaire, n’est pas pour noues aimer noues même : sans parler de combien ça coûte ! 

Dire que notre corps n’est pas une donnée réelle et qui compte est une arnaque intellectuelle. 

Noues ne pouvons pas dissocier notre corps et notre tête ! 

Ce qui affecte l’un, a forcément des répercussions sur l’autre. 

Si jamais ça arrive c’est que noues avons subi des violences.

Pour exister politiquement et être reconnues dans notre société il faut être défini de manière claire.

Il faut aussi arrêter de noues faire croire que pour qu’un autre groupe puisse exister il faut partager nos droits : c’est un mensonge éhonté.

Les femmes peuvent exister dans la sphère politique et être reconnues pour leurs spécificités : notre histoire politique et construction sociale, ça vient du fait que noues sommes opprimées parce que la société veut avoir le contrôle de nos ventres (car nous pouvons porter la vie).

Les personnes trans peuvent exister dans notre société en étant reconnu comme trans et avoir leurs propres espaces, sans entraver nos droits qui sont autant légitimes que les leurs. 

La résilience est une force chez les femmes… Mais elle a aussi un coup non négligeable.

Les violences que j’ai subit font la femme que je suis aujourd’hui oui. 

Mais j’ai perdu en chemin une bonne partie de  la sexualité épanouie que j’aurais pu avoir soit 12 années dans une vie.

Lucie, rebelle du genre.

Après avoir eu honte de parler de mon vécu, je pense qu’il est temps de raconter. 

Comme le dit si bien Audre Lorde, notre silence ne noues protégera pas, c’est un conseil sage et éclairé. 

Que les choses soient claires, bien que ma confiance en la psychiatrie ait été ébranlée par mon vécu, elle n’en reste pas moins utile et indispensable. 

Son talon d’Achille est que les femmes ne soient pas vues comme étant l’égale de l’homme. 

La femme est toujours vue comme étant complémentaire de l’homme.

Si la psychiatrie ne noues considère pas comme une entité à part entière, elle ne pourra pas avoir l’analyse nécessaire pour noues aider : car elle ne prendra pas en compte suffisamment le sexisme.

Lucie, rebelle du genre.

Ce serait vraiment bien que l’homosexualité soit dans les faits vraiment reconnue comme une sexualité au même titre que l’hétérosexualité dans la psychiatrie et enseigné. 

J’attends beaucoup de la loi pour lutter contre les thérapies de conversion qu’elles soient d’origine religieuse ou médicale. 

La bienveillance, l’écoute sans jugement et la confiance sont essentielles pour se faire aider par un psychiatre quand on en a besoin, sinon cette personne a toutes les cartes en main pour vous manipuler.

Bien qu’ayant subi ces violences médicales, cette thérapie exploratoire m’aura aidé à comprendre ma sexualité même si elle a durée un certain temps. 

Je pense qu’il est indispensable de les garantir pour aider les personnes qui se cherchent. 

Noues ne partons pas tous et toutes avec le même bagage, ni ne vivons les mêmes entraves, les mêmes violences générées par la société : parfois se donner du temps pour se poser et réfléchir n’est pas une faiblesse et vaut plus que toutes les certitudes. 

Le plus important est de protéger les personnes et surtout les enfant.e.s et adolescent.e.s. 

Laissons leur le temps de se trouver et de comprendre comment devenir adultes.

Nous remercions Lucie pour son témoignage que j’espère avoir lu avec justesse.

 N’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible. S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Pour nous suivre et/ou témoigner : https://linkfly.to/rebellesdugenre

Mercie les femmes!

Graziella, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Graziella, je suis noire, je suis maman, je suis écrivaine, je suis enseignante et je vis en Guyane.

Graziella, rebelle du genre.

Quand j’ai eu 11 ans, ma mère travaillait pour une association qui s’occupait de toxicos et elle avait laissé traîner des documents sur une table, et il y en avait un qui parlait de drogue du viol et, en fait, ça racontait que des hommes avaient pris des produits dans le milieu vétérinaire,  qu’ils  le mettaient dans le verre des femmes en boîte de nuit et que non seulement, elles perdaient conscience et ils les utilisaient, ils les violaient,  mais en plus de ça, ça avait  un effet sur elles, ça ‘pouvait les rendre stériles… C’était un journal officiel, ce n’était pas un truc anodin! C’étaient des  copies comme ça qu’elle distribuait pour avertir sur les drogues du viol dans les boissons.

A partir de là, à l’âge de 11 ans j’ai, on va dire, perdu toutes mes illusions sur les capacités des hommes à nous berner et à nous mentir pour essayer de nous avoir dans leur lit.

Graziella, rebelle du genre.

Honnêtement j’ai eu cette espèce d’impression de glace brisée avec un petit pic à glace “Ding!”: “ah d’accord! OK! Ils sont capables de faire ça!” Et ça a commencé comme ça, cette espèce de prise de conscience que je ne suis pas en sécurité avec un homme, il faut que je fasse attention, il faut que je prenne des précautions, que je vérifie et que je me méfie trois fois de ce qu’il me dit…  et ça a commencé comme ça.

Ensuite, au moment de mon parcours “ado”, j’ai été marquée par des moments de sororité. On était un petit groupe d’amies un petit peu bizarres,  on a grandi dans un quartier chaud et nous avions des copines qui, chez elles, recevaient la police parce que leurs parents avaient de la drogue chez eux… Enfin, c’était un truc un peu dur et avec ce groupe de copines-là : on s’est soutenues entre nous et on s’est protégées comme ça… On l’a fait de façon un peu… anodine. Mais, en fait, quelque part, c’est comme ça que je le vois, nous nous sommes un peu sauvées la vie. Parce que c’était dur, ce n’était pas évident du tout.

C’est après, quand j’ai grandi, que j’ai compris que les filles qui se la pétaient le plus, genre “je suis une femme, je suis une femme”… Les 2/3 étaient  prostituées par leur beau-père ou par leurs parents aussi. Donc, on a vécu dans un quartier chaud, mais on a réussi à avoir une adolescence super joyeuse, super positive parce qu’on s’est protégées! J’ai aussi vécu la sororité quand mes parents se sont séparés et que mon père a commencé à devenir un peu violent. Il ne l’a  pas été tout au long de la vie de mes parents mais quand ils ont commencé à se disputer, ça n’allait plus du tout et à un moment, il a carrément mis ma mère dehors… C’est un groupe de copines (elles  ont débarqués à deux voitures, elles étaient 5-6, je sais pas!)  qui est arrivé. Elles nous ont dit : “C’est bon, vous prenez vos bagages, on part!”, et elles nous ont emmenées.

Donc, on ne s’est pas retrouvées à la rue, on ne s’est pas retrouvées toutes seules parce que voilà, il y a encore ce moment de sororité-là qui nous a aidées!

Donc voilà, j’ai grandi un peu là-dedans en partant de ça, avec cette conscience-là : il fallait me méfier des hommes… Il y avait toujours un gars bizarre. Tu sais, quand t’as douze ans c’est bizarre! C’est à ce moment-là qu’ils veulent te toucher… Je ne sais pas pourquoi!

Graziella, rebelle du genre.

Puis après, j’ai grandi et j’ai fait mes études. En 2018 est arrivée la première année de la manifestation du collectif NousToutes.

Il y avait l’histoire de gamines de 11 ans – 13 ans (même pas) qui ont été violées par des adultes… À chaque fois, dans le procès, il y avait cette espèce d’idée débile du juge qui disait “Tu ne t’es pas débattue, ce n’est pas un viol!”. Et c’est à partir de ces histoires-là, notamment une petite fille (ils ont caché son nom) mais le gars l’a harcelée sexuellement trois jours et ensuite il l’a violée! Et comme elle ne s’est pas défendue, on a dit qu’elle était d’accord et qu’en plus, elle faisait plus vieille… Enfin, tous les trucs débiles qu’ils ont sortis à l’époque! Et comme elle était guadeloupéenne et que je sais que dans ma culture, on nous enseigne la politesse envers les adultes…

On ne dit pas à un adulte “espèce de machin!” On ne dit pas ça!  On dit “bonjour Monsieur” même si on le rejette! Car même si on a compris que c’est un vieux tordu, on ne rejette pas les gens comme ça! Et comme cette petite est guadeloupéenne, ça m’a tellement choquée qu’on traite sa politesse et son respect des adultes comme du consentement! Ça m’a mise en colère et je me suis rapprochée de NousToutes pour organiser la première manifestation!

C’était super bien fait! C’était horizontal! On est en contact!

J’étais la seule dans tous les DOM à organiser un truc, il n’y a que la Guyane (en 2018) qui a organisé une marche NousToutes, c’était épuisant! Je suis passée dans les radios, etc. Des gens ont été vraiment touchés par ce que je disais et m’ont remerciée, mais je leur disais “Mais vous savez, je n’ai rien fait vous savez… Je suis juste en train de parler d’une situation : on a le plus fort taux de grossesses d’adolescentes, on a le plus fort taux de viol sur mineures, on a également des problèmes de prostitution sur mineures en Guyane… Et rien n’est fait! Il n’y a RIEN! » 

Les statistiques elles ont 7 ans, c’est super vieux! Et pourtant j’entends et je connais des policiers qui disent “on a des gamines de 9 ans enceintes” ou “on a des gamines de 11 ans violées”… On a tout ça ici!

Graziella, rebelle du genre.

Donc, j’étais  super motivée! J’ai fait la manif NousToutes et des gens sont venus. Il n’y avait pas grand monde, mais c’était fort comme moment!

Ensuite, je commence à me sentir mal à l’aise parce que les discours de NousToutes (le collectif) commencent à changer. À cette époque, j’étais abonnée à Causette, à Mediapart et à toute la clique. Je ne lisais que ça avant de voir le mot inclusif apparaître! Je n’étais pas forcément contre car à l’époque, j’avais cette idée que les femme trans c’étaient des hommes avant mais qu’elles étaient devenues femmes. Pour moi, leur condition faisait que c’était des femmes, point! Et il fallait qu’on s’entraide par rapport à la violence des hommes! Mais ça me gênait un peu parce que j’avais cette impression bizarre qu’ils (les discours du collectif NousToutes) ne distinguaient  pas les “femmes trans” des femmes parce que dans ma tête c’est “ouais mais nous ne sommes pas tout à fait pareilles non plus… On a des trucs qui ne les concernent pas donc, je veux bien être inclusive mais il faut quand même qu’on se distingue”… Et ils ont envoyé  un questionnaire pour demander : “Alors vous pensez quoi du mot inclusif?”.

J’ai répondu clairement ceci : “je suis pour qu’on soit inclusives mais je ne suis pas pour le nivellement, je ne veux pas qu’on efface les différences”. Pour moi,  je suis désolée mais le féminisme n’est pas un uniforme! Donc, je suis pour mais on a des différences qu’il faut respecter!

Je ne sais pas ce qu’est devenu ce questionnaire. Tout ce que je sais, c’est qu’ensuite dans les pages NousToutes avec lesquelles j’étais en contact, tout est devenu vertical. C’était de Paris vers nous. Il n’y avait plus de contact avec personne et il n’y avait plus de réunion où nous parlions ensemble… Je crois que c’est à l’époque où Caroline De Haas est arrivée. Puis, il y avait aussi cette histoire du STRASS qui avait dit “Et nous, et nous? On est là, on est là!!!”.

Ensuite, je commence à entendre que des “travailleuses du sexe” ont attaqué des abolitionnistes…

Le message suivant est arrivé vers nous : “on va faire en sorte de les séparer pendant la manif, mais c’est tout”.  Il n’y avait pas de condamnation. Il n’y avait pas de condamnation publique et il n’y avait pas de rappel à l’ordre, “Hey! Vous êtes gentilles mais on ne se tape pas dessus!”. Il n’y a jamais eu ça…

Graziella, rebelle du genre.

En 2019, je ne l’ai pas fait parce que je ne me sentais pas bien et que je me sentais mal à l’aise aussi et ça s’est confirmé en 2020 avec ce qui est arrivé à Marguerite Stern. Je ne la connaissais pas, Marguerite Stern… Je savais juste que c’était une FEMEN, et je n’avais pas un super bonne opinion des FEMENS, c’était “des filles seins nus qui criaient », c’était tout ce que je voyais. Mais, et c’est un principe que j’ai depuis que je suis toute petite (et en grandissant aussi), je ne me fais d’opinion sur les choses qu’à partir de moi-même! Personne ne me dit ce que je dois penser! Et quand j’ai découvert l’histoire de Marguerite Stern, c’était à travers un post sur Médiapart qui disait “Pour un féminisme inclusif,  elle est méchante, elle a dit des choses pas gentilles…” 

Je me suis dit “OK qu’est-ce qu’elle a dit?”. Ce qui m’a fait tiquer, c’est qu’ils ont dit “ Oui! Il y a eu quelques petits débordements sur Twitter”. Je me suis dit « Ils ont brûlé sa maison, direct, c’est obligé!”. J’ai donc été  voir ce qu’elle a dit et qu’est-ce que je lis?

 1“Moi je ne veux pas bosser avec des gens qui se basent sur des stéréotypes pour définir ce qu’est une femme. Je ne bosse pas avec des gens avec qui on n’a pas les mêmes objectifs.”

2“Ils veulent afficher : Je, moi,  pronom, je ne sais pas quoi… et nous, on parle de féminicides!”
 

3“De quel droit vous harcelez les lesbiennes par rapport à leur sexualité?”

Là, j’ai commencé à tiquer, je découvre que… ben oui : “les femmes trans sont des femmes”, donc si tu les refuses à cause de leurs parties génitales, ce n’est pas bien. J’ai fait « ha bon? Lesbiennes – zizi… “OK”! »

4“Les collages sont faits pour lutter contre le féminicides, et il y a des gens qui les utilisent pour faire de l’apologie des féminicides.”

Et là, je me suis dit “Ah ouais quand même!” et j’ai découvert le mot “terf”, parce qu’en-dessous, plein de gens l’ont insultée…

Je me suis d’abord dit qu’il était vrai qu’elle était un petit peu dure avec les trans, parce qu’à un moment elle dit “Je suis une femme parce que je suis née avec une vulve”. Mais je me dis en même temps que dans ce qu’elle dit, il y a de quoi débattre et discuter! Qu’on s’engueule un bon coup et qu’on se mette d’accord! J’avais la naïveté de croire que Causette, Libé, Médiapart, etc (c’est-à-dire les médias que je fréquentais) allaient en parler! RIEN. J’ai juste vu sur Charlie hebdo un article très précis et un peu plus détaillé qui parlait de Dora Moutot qui devait présenter des excuses parce qu’elle avait osé dire “plaisir féminin” en parlant de clitoris… Je me suis dit “c’est quoi ce délire?”!

Et c’est là que je tombe sur une phrase d’une personne trans qui dit “Il n’y a aucune raison pour qu’une femme qui aime les femmes refuse de coucher avec une femme trans à cause de son pénis.”

Ce qui m’est arrivé à 11 ans m’est encore arrivé à ce moment-là! Et dans la jolie petite vitrine qui montrait un joli petit truc… Il y a eu un pic à glace qui est arrivé. Ca a fait “Bing … schraahh”.

J’ai dit “ah putain : chasseurs de foufounes!”.

Graziella, rebelle du genre.

C’est la seule chose qui m’est venue en tête, je me suis dit : “C’est un discours que j’ai déjà entendu! J’ai grandi avec des gars comme ça! Des gars qui sortent n’importe quel discours pour essayer de rentrer dans notre lit! Il y en a qui le font gentiment, il y en a qui… bon ben voilà ce sont des escrocs, mais des escrocs “gentils”… Ça là… Mais c’est quoi ce discours? C’est n’importe quoi!
 

Je retourne vers le journal, je n’arrête pas d’écrire sur Mediapart, j’essaye d’envoyer des messages avec cette référence-là et je regarde le journal : il ont changé la citation! Donc c’est « Aggressively trans” et la phrase est devenue : “Untel ne comprend pas pourquoi les femmes lesbiennes refusent de coucher avec les femmes trans… à cause de leur pénis?” Citation : “à partir du moment où on se sent femme…” J’ai dit : “Pourquoi ? Ton pénis se transforme en clitoris, c’est ça?! Non mais c’était mort! C’était MORT!!! Tout le discours compassionnel derrière c’était FINI! Il n’y avait plus rien derrière… C’était fini à cause de ça! Non mais vraiment, si un jour je croise « machin aggressively truc-là », je lui dis merci de m’avoir ouvert les yeux! C’est grâce à lui!

À partir de là, j’ai commencé à changer de point de vue, j’ai commencé à m’énerver sur Mediapart et à écrire des trucs! C’est comme ça que j’ai commencé à remarquer que, non seulement ils n’en parlaient pas, mais en plus de ça, ils coupaient mes messages!  Je les ai piégés.

J’ai fait exprès d’écrire un message en deux parties : j’ai parlé misogynie de droite parce que c’était à propos de Darmanin qui est toujours ministre, et j’ai parlé de misogynie de gauche. J’ai dit “Ouais à droite on a ça et ça comme problèmes!  Mais à gauche, on a les lesbiennes qu’on traite de transphobes! Les femmes qu’on menace de mort, etc!

Ils ont coupé le message et je leur ai dit « Ça y est! Je vous tiens les gars! Donc c’est ça que vous faites?! Vous faites de la censure?!” Et à partir de là, ils m’ont fliquée…

Graziella, rebelle du genre.

“Non ce n’est pas de la censure, il y a un problème informatique.”

Et ils me prennent pour une conne en plus! Après, je me suis rapprochée de gars qui s’énervaient contre Mediapart pour la même raison, c’est-à-dire, qui commençaient à voir leurs messages bizarrement coupés, et nous nous sommes réunis (je ne sais plus comment) sur un outil de messagerie pour y discuter et ils se sont mêlés de la conversation :

“Moi j’étais à NousToutes mais depuis que Caroline De Haas est arrivée, c’est plus du tout la même ambiance! Il s’est passé ça, ça, ça…” Et hop! Ils arrivent “Ouais mais en même temps…” Et je ne me démonte pas “Wow! Mais ils nous surveillent en fait!” Là, j’ai commencé à me sentir un peu mal déjà.

Ensuite, je me suis engueulée avec une de leurs journalistes. Elle se plaignait de Mazarine Pingeot qui disait “les nouvelles féministes m’ennuient”. Cette journaliste de Médiapart disait “Moi je suis inclusive, je défends toutes les femmes, les voilées, les excisées”… bon la totale quoi! J’ai donc répondu “OK d’accord! Vous pensez quoi des femmes qui se sont fait tabasser dans la rue? Vous pensez quoi des lesbiennes qu’on veut forcer à avoir des rapports sexuels dont elles ne veulent pas? Vous pensez quoi des menaces de meurtre sur les femmes?”. Elle n’a jamais répondu à la question et a louvoyé…

“Oui mais machin…”, j’enchaine “Non non non! Concentrez-vous! Il y a eu ça, ça et ça. Vous en pensez quoi?” la personne ne répond pas et se dirige vers le côté de la plaque “Mais vous savez que…”. Donc, j’insiste :

“Ce n’est pas possible! Soit vous savez, vous êtes au courant et vous cautionnez! Soit vous êtes dans un déni complet!”

 Je lui repose donc la question une troisième fois et là, elle me répond qu’elle est trans et je la confronte :

“C’est ça l’astuce! Tu me sors ton identité de genre pour finir le débat!”

Graziella, rebelle du genre.

“Écoute-moi bien : Roman Polanski il a vécu la Shoah, tu crois que ça lui donne des excuses pour avoir violé des gens? Non! Il y a une jeune fille qui a participé à des actes de barbarie sur Ilan Halimi, elle a été violée enfant! Tu crois que c’est une excuse pour ce qu’elle a fait subir au gars? Non! Donc votre identité, que vous me sortez comme un truc pour me faire taire, ça ne marche pas! D’accord?! J’ai posé cette question-là, vous ne répondez pas donc je considère que vous êtes…”

Le lendemain, je ne pouvais plus rien écrire du tout!

J’ai essayé de publier, mais ils ont bloqué mon compte! J’ai supprimé mon abonnement et je leur ai dit “Merci pour l’entre-soi, débrouillez-vous!”, et c’est comme ça que j’ai commencé à découvrir tout un tas de choses que je ne savais pas sur tous les trucs horribles qui arrivent dans le porno et dans la prostitution… Jusque-là, je n’avais pas ouvert les yeux! Ce qui se passait au niveau du transactivisme sur des femmes, par exemple au Québec ou en Écosse… Et je me dis “Mais ils n’en parlent JAMAIS”!

C’est comme ça que :

1. Cet espèce de cautionnement de rééducation de la sexualité des gens passe!
 

2. L’ont subi le silence complet et lâche de tous les médias de gauche! C’est comme ça que je me suis tournée vers… Ben, que je suis devenue rebelle du genre en fait!  Et que je n’ai AUCUNE PITIÉ pour ces gens! Ce qu’ils cautionnent est INACCEPTABLE! C’est horrible! C’est HORRIBLE! Et leur mauvaise foi et leur incapacité à débattre est la preuve que de toute façon, ils ont tort! Mais en plus de ça, ils sont dangereux!

Ça me frustre énormément ce manque d’accès aux médias qui ne nous donnent pas la parole! De voir sur Arte ou sur France Inter (c’est surtout ça!) qu’ils n’arrêtent pas de parler des “terfs” avec un seul et unique point de vue! Celui que nous sommes les méchantes de l’histoire!

C’est un deuil que j’ai dû faire… J’ai dû me dire “OK! Je fais partie des méchantes et je vais assumer de faire partie des méchantes! Parce que, de toutes les façons, ce qu’ils font est horrible!

Graziella, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, leurs droits, pour la société, pour les enfants ou pour la démocratie ?

Alors, je vais rentrer dans un domaine qui relève en apparence de la théorie du complot. Mais sauf qu’en ce moment, la théorie du complot, c’est une astuce très pratique pour éviter de se poser des questions!

À force de faire des recherches, derrière des articles, je suis tombée sur le document des Principes de Yogyakarta Je l’ai lu pour aller parler à mon député à l’époque, mais il a été élu président de la région donc il n’est plus député.

Je l’ai lu comme on lit un pensum parce que c’est assez indigeste… Et ce que j’ai découvert c’est que tout ce qu’ils font est fait pour nous réduire au silence. Le vocabulaire qu’on trouve est assez dégradant, les aberrations qu’ils essayent de faire entrer dans les lois, tout est écrit dedans! Et la base de la base de l’arnaque, c’est la définition de l’identité de genre!

Donc, si je résume la définition, elle commence comme ça : l’identité de genre doit être comprise comme faisant référence à (là ça ressemble un peu à du Judith Butler) un sentiment profond, personnel et intime de son genre, qui peut correspondre (ou pas) à son sexe assigné à la naissance, ainsi que la conscience personnelle de son corps (chirurgie, hormones, etc) mais aussi, que l’on peut exprimer avec les mots, les vêtements, et les comportements maniérés.

Alors, c’est brouillon et complexe et pour ceux qui nous écoutent ou nous lisent et si vous n’avez pas compris, c’est normal! C’est fait pour!

Graziella, rebelle du genre.

En gros, c’est le sentiment d’avoir un genre qu’on peut exprimer avec la modification de son corps, ou avec des mots ou les vêtements et comportements maniérés. Sauf que… C’est quoi le genre? C’est quoi cette histoire de sexe assigné? Et surtout, l’identité de genre ne définit pas les trans! L’identité de genre définit toute l’humanité! En disant à toute l’humanité, que nous avons un sentiment personnel intime et profond de soi… Et que soit ce sentiment correspond au sexe assigné, soit ce sentiment ne correspond pas. Donc là, techniquement, les trans ont disparu! Parce que pour passer de l’un à l’autre, il suffit d’utiliser des mots. Là, techniquement, je peux aller au Canada (puisque c’est validé au Canada, en Ecosse ou en Californie comme à New-York…), je rentre dans un bar, je tape sur le comptoir et je dis “Tavernier, je suis un homme! Appelez-moi Monsieur! Mon pronom préféré est “il”! Et dans la loi canadienne, le premier qui soupire, qui lève les yeux au ciel, qui ricane ou qui pouffe ou qui me dit “Mais non!”, je peux le poursuivre en justice pour soupçon d’allusions aux méchants Reich…

Voilà comment une idée floue, une idée qui veut dire tout et son contraire est punie du délit de blasphème dans un pays! Et c’est ça qu’ils veulent instaurer en France! Ils ont déjà réussi à l’instaurer en Espagne! Se tromper de pronom c’est pire que de mettre une main aux fesses! Cette idée floue est basée sur un mensonge!

Graziella, rebelle du genre.

1. Le sexe assigné à la naissance déjà… C’est faux! Ce n’est pas à la naissance du bébé qu’on constate le sexe… On peut le voir avec l’échographie! Donc, dans la tête de ces gens, nous sommes au Moyen Âge!

2. Les gens qui font la PMA, la GPA ou une FIV : on peut vérifier le sexe du bébé avec un marqueur sur les spermatozoïdes. Donc, on regarde les embryons où il y a le marqueur trois jours après la conception! Donc… Ce ne sont même pas les parties génitales qu’on regarde. Le terme est déjà basé sur un mensonge scientifique!

3. Les mots, les vêtements ou les comportements maniérés sont uniquement des stéréotypes!

Ce qui est resté dans la loi française ET qui existe déjà dans la loi français ET qui existe dans la définition d’identité de genre, c’est l’autodétermination!

Cela veut dire : celui qui dit, est!

Nous avons donc un mot flou, basé sur un mensonge scientifique qui ne protège même pas les trans (puisque cela ne correspond à aucune catégorie sociale précise, cela correspond à 7,4 milliards d’individus)… Dans la loi française, c’est déjà là, et l’autodétermination doit être comprise comme celui qui dit, est! La loi française explique qu’être en homme ou une femme n’est pas lié à un corps. Donc, les modifications du corps ne comptent pas quand on passe devant un juge, ce n’est pas non plus lié à un style vestimentaire… Le style vestimentaire ne compte pas devant le juge, ce qui compte et qui est écrit dans la loi française, c’est l’autodétermination! Et c’est déjà là… Nous n’en sommes pas comme au Canada ou on va punir les gens parce qu’ils se trompent de pronom, ou qu’ils se basent sur ce qu’ils voient, mais c’est déjà là!

Ils ont tellement facilité les choses que, techniquement, on peut changer de « sexe » en plus ou moins 2 semaines.

Graziella, rebelle du genre.

On va la mairie changer son prénom en 2 semaines, ensuite, on va chez le juge en s’habillant comme on veut en disant “Monsieur le juge, je suis une femme parce que je le sens!”. Le juge demande où sont les transformations? Et la personne n’a qu’à répondre “Monsieur le juge, vous n’avez pas le droit de me dire non pour des transformations du corps”. Le juge peut tenter d’objectiver “Mais Monsieur, vous êtes en costard cravate! » mais il provoquera l’indignation “Vous n’avez pas le droit de me dire non pour le costard cravate! Je suis une femme parce que je le sens! Vous n’avez pas le droit de dire non!”

On en est là!

Donc, ça permet à n’importe qui de devenir une femme ou un homme! Mais ce n’est pas ça le pire! Le pire est que dans les Principes de Jogjakarta, à un moment, il y a le principe numéro 31 qui exige que les états suppriment la référence au sexe sur tous les documents administratifs comme la carte d’identité (par exemple) mais je pense qu’à la sécu, ils vont y passer bientôt… Et surtout, les actes de naissance!

Cela voudra dire que dès la naissance, on supprimera la notion qu’il y a des filles et des garçons. Ce qui fait qu’il n’y aura plus de statistiques sur le sexe, vu qu’il n’existera plus et qu’il n’y aura plus de statistiques des violences hommes – femmes, vu que cela n’existera plus… Etc.

Graziella, rebelle du genre.

C’est là que moi, je trouve que les trans se font avoir!

Car il y a des trans qui sont dans une transformation on va dire “binaire” et pour qui la reconnaissance homme-femme est importante! Sauf qu’eux ne vont même pas pouvoir le faire non plus!

Je suis tombée sur une lettre d’une trans en détresse qui disait que dans son entreprise hyper progressiste, ils ont carrément déclaré à tous les employés vous n’avez plus le droit de vous genrer sur le lieu travail! Ni dans les conversations, ni dans le courrier, ni homme, ni femme, ni père, ni mère, ni sœur, ni frère, ni nièce, ni neveu, ni grand-père, ni grand-mère, rien! C’est pour mieux refléter la large diversité de genre… Et cette personne trans disait “Mais pour moi, le mot femme est important! Moi, je suis mariée, ma compagne est aussi une femme trans, pour moi l’appeler “épouse”, c’est important!”

Elle s’est faite engueuler par sa direction, et elle explique que ce ne sont même pas des trans mais des cis… Et c’est ça l’objectif! Ils utilisent les trans pour faire avancer cet objectif qui est de détruire la possibilité de dire qu’il y a des hommes et des femmes sur la base biologique!

J’ai cru comprendre dernièrement dans une conversation qu’en Belgique, ils commencent déjà à effacer la référence du sexe sur les pièces d’identité… C’est dangereux car si on disparaît, on ne peut pas nous protéger et là, on va encore plus loin dans la théorie du complot, attention on s’accroche :  je pense qu’en faisant disparaître la catégorie homme – femme, ça va mieux valider le business d’ilmplantation d’utérus dans des corps d’hommes, ce qui a déjà commencé! Il y a une trans qui a déclaré fièrement qu’elle s’éteint inscrite sur une liste d’attente au Brésil. Il y a 3 opérations et il faut compter 50 000 € par opération, “Je vais pouvoir vivre une grossesse et valider mon existence!”. Enfin, le truc habituel…

Jusqu’à maintenant ça n’a pas marché sinon, on aurait déjà eu la publicité partout. Mais ils préparent déjà le terrain! Je vois déjà 2-3 artistes ultra queers comme Lil Nas X qui a fait la promo de son album en mode “je suis enceinte, je vais accoucher”. Il y a eu un défilé de mode avec des hommes (des hommes!) « enceintes »… Donc, il y a cette idée ultra misogyne qui est “On n’a pas besoin de vous, bientôt on va pouvoir tomber enceint!”.

Les gens qui sont derrière, puisqu’en fait au fur et à mesure on découvre des gens qui financent, qui financent des études, des gens qui qui s’enrichissent sur les cliniques d’enfants trans, tout ça… Ce sont des gens qui (il me semble en grande partie) ne croient pas en la mort, puisqu’ils visent le transhumanisme. Mais ces gens qui ne croient pas en la mort, ils n’ont aucun respect pour la vie! Ni pour la santé des enfants, ni pour les femmes, ni pour personne…

Graziella, rebelle du genre.

Moi, je considère que la notion d’identité de genre doit être supprimée de tous les textes de loi, et que les personnes trans doivent être protégées pour ce qu’elles sont : des hommes ou des femmes qui vivent avec des codes culturels de femme ou d’homme! Il y a un certain nombre de personnes trans que je suis sur les réseaux sociaux, et c’est comme ça qu’ils se définissent.

Je pense à un acteur porno trans (c’est-à-dire une femme à l’origine) qui est Buck Angel et il dit que non, qu’il est une femme, qu’il a grandi femme et qu’il ne sera jamais un homme à 100 %. Qu’il a sa biologie de femme mais que par contre, il utilise la chirurgie et les médicaments pour se donner une apparence d’homme!

Ou comme Blaire White qui dit qu’elle n’est pas une femme à 100 %, qu’elle n’a pas les mêmes problèmes de santé, que quand elle voudra des enfants elle ne passera pas par les mêmes étapes… À un moment, elle dit dans sa vidéo (je les appelle “elles” quand ils respectent la personne. J’ai peut-être tort, mais je respecte leur pronom), et elle dit “Alors comme ça, tous les animaux de cette planète ont des mâles et des femelles sauf les humains? N’importe quoi!”.

Elle ajoute même à un moment “Arrêtez de dire qu’on a nos règles alors qu’on n’a pas d’utérus! On n’est pas crédible les gars, ça suffit!”.

Et ces gens sont conspués, menacés de meurtre comme les femmes qui continuent à se battre pour les droits des femmes fondés sur le sexe, et qui ont renoncé au mot “transgenre”, ce sont des trans qui se disent transsexuel.les, et  je pense que la catégorie transsexuelle devrait être correctement définie pour que cette catégorie de personnes soit socialement protégée. L’identité de genre ne les protège pas, et derrière l’identité de genre, il y a un projet très misogyne et très déshumanisant. Il est terrifiant ce projet, et ce qu’il sont en train déjà de faire est terrifiant.

Graziella, rebelle du genre.

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu as déjà subi des pressions ou des menaces? Est-ce que, par exemple, dans ton entourage ou sur les réseaux, tu as senti des tentatives d’intimidation ou du harcèlement? Est-ce que tu te sens totalement en sécurité pour pouvoir parler aujourd’hui? 

Je ne me sens pas totallement en sécurité.

En Guyane, le sujet est inexistant, déjà le féminisme quand j’ai essayé de faire la manif, ça a été dur! Il y a beaucoup de gens qui disent “c’est génial” et qui ne viennent pas ou alors, les gens sont méfiants. Il y a tellement d’histoires sordides… Tellement, que les gens n’ont pas envie de les aborder ou alors, les gens ont vécu des choses tellement que quand ils se lâchent… Wow!

Donc, sur ce sujet principalement, les gens sont à 10 000 km de comprendre ce qu’il se passe. Je suis tout de même satisfaite de me rendre compte que dans ma famille proche, il commence à y avoir une prise de conscience à cause des émissions où on voit des enfants ou des gars habillés en femme débarquer et dire “Je suis une femme! Je n’ai rien changé à mon corps, mais je suis une femme!”. Et les membres de ma famille, vu qu’on a eu la même éducation et le même vécu, ils en sont arrivés à la même constatation “Mais c’est de l’arnaque cette histoire!”. Surtout qu’en Guyane, dans les DOM on a le carnaval, et les hommes s’habillent en femmes pour déconner et ils ont des cartons où il y a écrit “Je suis lesbienne”… et donc, ce genre de discours, ça ne peut pas marcher!

Je le vois tout le temps, chaque année je le vois! Donc, des gars en robe avec de jolis petits trucs ras du cul… Enfin, ils sont en mode dégueulasses les gars! C’est-à-dire qu’ils ont des poils partout! D’ailleurs, c’est le but : se déguiser pour se moquer de l’autre et malheureusement, quand je vois certains transactivistes en mode “femme”, je me dis “Venez chez moi, on va bien rigoler, ça ne va pas marcher votre truc!”.

Je ne suis pas menacée parce que je vois que ça ne prend pas bien ici (ça ne peut pas bien prendre ici) mais, en même temps, je ne suis pas rassurée parce que sur le plan académique, comme c’est déjà rentré à l’école, c’est déjà dans les textes, et moi étant enseignante, je ne me sens pas totalement libre.

J’aimerais bien créer une association, mais je ne sais pas à qui je peux faire confiance, car je sais qu’il y a 2-3 personnes LGBT “nanana” qui font des collages un peu partout avec leurs termes bizarres… Je ne suis pas hyper rassurée bien que je n’aie aucune raison de cacher (en fait).

C’est très difficile de vivre dans un monde où on n’accepte pas qui on est. Où on n’accepte pas comment on pense. Où on n’accepte pas comment on croit. Où on n’accepte pas comment on aime mais, c’est encore plus dur de le cacher! C’est insupportable!

Graziella, rebelle du genre.

À un moment je sentais que j’avais, je ne sais pas, une boule à l’estomac. J’avais l’impression que j’allais développer un ulcère… Et là je me suis dit “Non, c’est bon! Je me lâche, j’en ai marre! Je dis ce que je pense! Ce n’est pas possible votre truc! C’est ridicule! Cela n’a aucun sens! Je ne peux faire semblant et être “gentille”, de toute façon, vous, vous n’êtes pas gentils avec nous donc bon!”

Je ne suis pas rassurée, j’ai peur des conséquences, je n’ai pas envie qu’on me saque (parce qu’on peut me saquer, je travaille pour l’état) mais, en même temps… tant pis!

Je n’agis pas sur la peur! La peur de la peur et encore de la peur, chez moi, ça crée de la résistance! Tu veux me faire peur sur quoi? À un moment, ça suffit!

J’en suis au stade où quand il y a eu la fin de la ségrégation aux États-Unis, ils ont envoyé les élèves noir.es dans les lycées, et les élèves noir.es arrivaient tous les matins et se faisaient cracher dessus… On leur envoyait des œufs, on leur envoyait des pierres, on les insultait et ils venaient quand même à l’école tous les jours! Moi, j’en suis à ce stade-là! C’est-à-dire que si je dois aller en manif (bien que je n’aie pas envie de mourir, mais je pense qu’ils vont passer à l’acte à un moment, bien que je ne sache pas comment) mais, si j’en arrive à me prendre des trucs dans la tête et à me faire taper, je m’en fiche!

Je m’en fiche car pour moi, c’est juste la preuve que derrière ce qu’ils disent : il n’y a rien. Et si jamais ils veulent me tuer? Sincèrement, ce n’est pas forcément une bonne idée (je ne pense pas que je vais le faire mais…), je rapporte un bidon d’essence et une allumette et je leur dirai “Voilà! Brûle-moi pétasse! Rends-moi immortelle! Vas-y! Puisque c’est ça que vous voulez : nous tuer car nous parlons!”. J’en suis là! J’en suis à ce stade-là! Il n’y a pas de raison de se cacher! Enfin, ce n’est pas facile pour tout le monde mais, ici, je le sais! Si j’essaie de leur expliquer ce qu’il se passe, ils vont rire en me disant “Mais tu racontes n’importe quoi!”. Mais en même temps, la violence dont ces gens peuvent faire preuve, elle peut être partout.

Je n’ai pas de raison de me cacher et ça va me faire du mal si je me cache!

Graziella, rebelle du genre.

Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme? 

Alors concernant la transidentité, j’en ai 3.

Trois personnes qui, mais ce n’est pas au même niveau, ni à une époque où c’était à la mode, ni à une époque où il y avait les réseaux sociaux, ni la télé, ni internet… Nous étions dans des situations de dysphorie de genre, enfin, ce qu’on appelait la “dysphorie de genre”.

Une amie, un ami, et un membre de ma famille.

Mon amie, fille, m’expliquait que de l’âge de 5 ans à l’âge de 12 ans, elle pensait être un garçon. Elle ne m’a pas dit : je voulais devenir un garçon. Elle était persuadée d’en être un! De l’âge de 5 ans à 12 ans, elle ne jouait qu’avec les garçons, elle s’habillait « en garçon », etc. Puis, ça s’est arrêté à 12 ans car, à 12 ans, elle s’est rendue compte que les garçons la regardaient un peu différemment (pas au niveau des yeux vu que ses seins étaient en train de pousser)… Elle m’a dit avoir pris des bandes de tissus pour les enrouler autour de sa poitrine pour l’écraser, le problème est que ça lui faisait mal et que ça l’empêchait de respirer et qu’à un moment, elle avait la mort dans l’âme et était tellement triste de constater qu’elle avait un corps de fille…

Puis, elle a arrêté parce que ça lui faisait trop mal. Elle a enlevé les bandeaux et là, elle a commencé à accepter qu’elle était une fille. D’ailleurs, quand je l’ai rencontrée elle était ultra féminine! Je crois que sa mère s’est vengée après… Quand elle a compris que sa fille avait arrêté, elle ne sortait pas sans brushing! C’était la totale!

il y a eu elle, puis un autre très efféminé, un pote gay avec qui on trainait au lycée.

On parlait des garçons, on se racontait des commérages et des trucs comme ça. Il était tellement à l’aise en tenue « de fille » que les garçons l’appelaient avec un prénom féminin (la version féminine de son prénom) et il ne comprenait pas pourquoi il adorait avoir des vêtements “de fille”? Par exemple, au carnaval, quand il s’habillait « en fille », techniquement les gens voyaient une fille. Alors que d’habitude, les garçons qui s’habillaient « en fille » au carnaval, on voit que ce sont des gars mais lui non… Les gens le prenaient pour une femme! Et il me disait “J’adore être comme ça mais je ne comprends pas pourquoi!”

Puis un jour, il m’a raconté qu’il avait interrogé son père et que son père lui a dit que quand il était petit, il était déçu car il voulait qu’il soit fille et quand il était tout petit, jusqu’à ce qu’il rentre à l’école maternelles, son père ne l’habillait qu’en fille, il le coiffait en fille, et il était ravi que les gens se trompent.

Grazielle, rebelle du genre.

Quand j’écoute ces histoires, parce que bon… Cela leur est passé à tous les 2, ils ont fait leur vie! Et que je vois des histoires qui traînent sur des enfants avec des parents qui te disent “mon enfant est une fille parce qu’elle joue avec Barbies, ou “elle” aime les robes car elle est tellement bien en robe! Elle est tellement féminine, il fallait faire quelque chose!” Et après, qu’on leur donne des médicaments qui rendent stérile ou qu’on les mutile avec des opérations… Qu’on les prive de leur liberté ou alors « c’est un ancien garçon parce que, tu comprends, il a arraché son ruban dans les cheveux à l’âge de 18 mois » et que je repense à ces amis-là… Je me dis : mon Dieu ! C’est la même chose! Ce sont des parents qui fantasment sur leurs gosses! Et des parents qui sont déçus du sexe de leur bébé, il y en a!

Comme Jk Rowling qui expliquait que son père l’a élevé en garçon et qu’elle n’avait pas le droit d’être féminine! Donc, des parents qui ont cet espèce de fantasme-là, ont toujours été là mais maintenant : il y a toute une industrie derrière pour pousser à mutiler des enfants!

Connaître ces témoignages et voir ce qu’on raconte aujourd’hui avec, en option, si jamais tu poses cette question à l’enfant « Qu’est-ce qui fait que tu penses que tu es une fille? »

Dans le cas de mon ami, c’est son père qui voulait qu’il en soit une. Dans le cas de l’autre amie, elle était plus à l’aise comme cela à cette époque-là, c’est tout!
Moi, ces 2 anecdotes en tête, je ne peux pas voir les enfants trans autrement que comme des enfants qu’on manipule, c’est tout! Après, cela ne veut pas dire que ce sont forcément toujours les parents, par exemple, mon amie, ça venait d’elle simplement.

Mais, qu’il y ait tout un engrenage horrible derrière, qui les laisse mutiler… On connaît tous une tantine ou une grand-mère, qui en avait marre d’avoir des garçons… D’ailleurs, mon Dieu! “Les garçons et Guillaume à table”, ça parle exactement de ça! Le film parle de ça! J’ai vu le film, j’ai vu mon ami! C’est ça! C’est la même chose!

C’est cette espèce de frustration que tu as en tant que parent, cette frustration que tu peux projeter sur ton gosse qui aujourd’hui est validé par tout un tas d’émissions de TV, les réseaux sociaux, et Big Pharma qui t’attend au tournant avec un bistouri et des médicaments! C’est horrible!

Graziella, rebelle du genre.

As-tu quelque chose à ajouter?

Alors, j’ai trouvé un poème que j’ai trouvé sympa. Quand je me sens un peu triste par rapport à tout ça, quand je pense à toutes les gamines qui ne connaissent pas leur corps… Ici en Guyane c’est… affligeant. Elles tombent enceintes avant de comprendre comment ça fonctionne… J’ai donc trouvé ce petit poème que j’ai trouvé un peu triste mais à la fois encourageant afin d’éviter de se centrer que sur du négatif. Je vis en Amazonie, ici, il y a la forêt tout autour partout on va, il y a des animaux et des plantes et une nature extraordinaire! Donc, quand j’entends la phrase “la nature commet des erreurs que le chirurgien peut réparer”, ça n’a aucun sens! Et quand j’ai lu ce petit texte, ça m’a un petit peu fait du bien, et c’est quelque chose que j’aimerais qu’il se passe de plus en plus dans le féminisme et donc, je voulais lire ce petit poème.et j’espère qu’il y aura des jeunes filles pour l’entendre!

La poème s’appelle Prière Femaliste

Petite sœur, tu es parfaite et tu n’as besoin ni d’être belle, ni d’être féminine pour ça,
Tu as le droit d’aimer qui tu veux, comme tu veux.
Le droit de n’aimer personne aussi sans que quiconque ne te méprise,ne t’insulte, ne te menace ou ne te fasse de mal pour ça,
Tu as le droit d’être égoïste, tu as le droit d’être fragile, tu as le droit de penser à ton confort et à ton corps d’abord sans que personne ne cherche à te faire culpabiliser pour ça.
Tu as le droit de dire non, tu as le droit de dire non, tu as le droit de dire non,
À qui tu veux, pour la raison que tu veux, de la manière que tu veux, au moment où tu le veux, sans que personne ne te fasse le moindre reproche, ne t’insulte ou ne cherche à te faire brûler pour ça.
Nos corps sont comme notre mère la Terre. Nos corps sont des cadeaux,
Elles sont planètes uniques, irremplaçables et magnifiques.
Et j’aimerais tant qu’ensemble, on apprenne à l’apprécier et à le célébrer pour ça,
Petite sœur, tu es parfaite et tu n’as besoin ni d’être belle, ni d’être féminine pour ça.

Autrice inconnue.

Merci d’avoir écouté notre parole et merci à Graziella pour son précieux témoignage ! N’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Audrey – RadCaen, rebelle du genre.

Bonjour, je me fais appeler Audrey qui est mon nom de plume. J’ai 22 ans, j’habite près de Caen en Normandie et j’écris le blog RadCaen depuis mai 2020.

Cela fait donc un an et demi maintenant.

Je suis bisexuelle et je n’ai jamais eu de relation romantique ou sexuelle avec un homme, j’ai décidé de rester exclusive aux femmes.

RadCaen, rebelle du genre.

J’ai commencé à entendre parler de féminisme et d’homosexualité quand j’étais au lycée, donc à peu près en 2016.

C’est l’époque où je m’ennuyais beaucoup pendant mes stages et je passais beaucoup de temps sur Internet à lire TumblR, Buzzfeed et Pinterest, c’est ce qui a été mon introduction au féminisme et à la justice sociale. J’ai appris des bases importantes comme le consentement  et la culture du viol qui sont vraiment les bases du féminisme en fait. 

J’ai entendu parler de l’affaire du violeur Brock  Turner et sur le coup ça m’a énormément révoltée.  

Dans le même temps, j’ai également appris qu’il existait des personnes trans ou cisgenres ou non-binaires, et qu’elles vivaient des discriminations au même titre que les homosexuel.les et sur le coup, j’ai tout de suite adhéré cela m’a paru très (très) naturel.

RadCaen, rebelle du genre.

Après le  lycée, j’ai été plongée dans l’univers scientifique avec mes études et j’ai commencé à vivre avec ma copine, elle et moi avons pas mal parlé du genre.

Je me sentais bisexuelle depuis le lycée. J’ai aussi eu une phase assexuelle, mais qui était normale puisqu’au final, je n’avais pas envie de m’intéresser aux homme et j’étais très jeune mais, je ne m’occupais pas spécialement de mon genre. Ma compagne se sentait pansexuelle, elle questionnait beaucoup plus son identité. On a cru qu’elle était quelque chose comme genderfluid,  mais on a jamais dépassé le stade de juste y penser. Ce n’était pas une réflexion très poussée, c’est aussi à ce moment-là que je me suis intéressée à la transgression des normes de genre. Moi, j’aimais bien me travestir lors d’événements costumés! D’ailleurs, j’aime  toujours le faire! J’ai hésité à m’acheter un binder pour cacher mes seins.

Mais c’était vraiment plus pour me déguiser que parce que j’étais mal à l’aise avec ma poitrine.

À ce moment-là, je n’étais plus vraiment dysphorique comme j’avais pu l’être à la période du collège.

RadCaen, rebelle du genre.

En parallèle, l’algorithme de Pinterest me proposait une pensée différente, c’était la pensée radfem.

Il y avait énormément  de captures d’écran de TumblR qui traînaient sur Pinterest et c’est comme ça que j’ai découvert la pensée féministe radicale et les radfems disaient des choses que je trouvais complètement inimaginables, mais elles apportaient une réflexion qui était vraiment poussée jusqu’au bout.

Elles apportaient des sources tangibles. Leur discours résonnait avec ce que j’avais appris des bases du féminisme.

Au début, j’étais hyper choquée de les voir écrire que les “femmes trans”  sont des hommes … mais j’ai lu leurs sources et elles ont complètement renversé ma vision! Puisque j’ai découvert que les “femmes trans” avaient un taux de criminalité semblable aux hommes. J’ai découvert que la transition ça ne rendait pas forcément heureux. J’ai appris que le genre, en tant qu’identité, n’était même pas prouvé  scientifiquement et qu’il existe des “femmes trans” juste perverses et narcissiques  qui profitent des femmes. 

En 2019, il y un homme qui m’a fait avoir mon “peak trans”.

Il s’appelait Taylor Parker, c’était un canadien trans identifié qui avait posté des photos de lui nu (avec son pénis en érection) dans le refuge d’urgence réservé aux  femmes dans lequel il était logé!

Et le mec, il a pris ces photos-là et il les a postées sur Twitter!

RadCaen, rebelle du genre.

Il a même commenté : “J’adore me lever le matin avec ma bosse dans le refuge pour femmes” et il a pris un selfie devant le miroir avec sa bite visible… J’étais extrêmement choquée! C’est à partir de là que je suis retournée sur TumblR mais cette fois, du côté Radfem! Et j’ai commencé à lire, je n’ai fait que ça en fait :  au début j’ai lu, relu, j’ai continué à lire et c’était une révélation complète, parce que les Radfems pouvaient expliquer pourquoi les femmes étaient opprimées. Ce n’était pas un sentiment flou, c’était à cause du sexe! Elles avaient un compas moral qui était stable et efficace. Elles critiquaient la pornographie que je n’avais jamais consommée et du coup, je n’avais pas réalisé à quel point c’était toxique.

En fait, elles ont très rapidement et complètement changé ma vision du monde!

On va dire que j’étais déjà “un peu” critique du genre avant ça. Critique  dans le sens “trans”  puisque pour moi, être trans, c’était dire “ce n’est pas  parce que je suis né.e comme ça que je dois respecter les normes qu’on m’a assigné.e et du coup, je critiquais les normes et je voulais un droit à la liberté de genre social et culturel!

Je croyais qu’il y avait une identité interne liée au sexe. Par exemple, j’étais absolument persuadée que les “femmes trans” étaient, en gros, des personnes avec un corps mâle mais qui avaient un vrai lien avec les femmes, qui étaient solidaires, qui étaient sorores et qui étaient des gens qui avaient des comportements criminels comparables statistiquement aux femmes… Ce genre de choses.

Puis, j’ai arrêté  d’y croire parce qu’on m’a prouvé que tout cela était faux.

Et je suis devenue critique du genre à 100%, et critique du mouvement trans par la même occasion. Du coup, c’est le transactivisme qui m’a introduite à la question du genre et à la question de la critique du genre, ce qui est assez ironique.

RadCaen, rebelle du genre.

Pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie transactiviste est une menace pour les femmes ou pour leurs droits, pour les enfants, pour la société?

Je pense que c’est une menace pour plein de choses! C’est une menace pour les personnes trans, ironiquement parlant. Si on parle de l’idéologie du genre comme l’identité, alors c’est une menace parce que c’est une idéologie religieuse qui se fait passer pour un mouvement de droit social. C’est dangereux parce que ça renforce des stéréotypes qui sont hostiles, surtout pour les femmes, pour les gays et les lesbiennes! C’est dangereux parce que ça empêche de régler le problème à grande échelle aussi parce qu’on apprend qu’il suffit  de se changer soi individuellement, et pas la société. Pour moi, c’est très problématique puisque c’est la société qui fait tout ça. On apprend aussi que la société est problématique, mais c’est juste parce qu’elle oblige les gens à rentrer dans un rôle, et non pas parce que les rôles existent et sont toxiques… Ça a été mon début, mais c’est très insuffisant.

Pour les enfants, c’est dangereux à cause de la médicalisation. Les bloqueurs de puberté c’est hyper dangereux! J’ai fait un article sur le sujet et je vous invite à aller le lire, je me fais un petit coup de pub. Les hormones sont très dangereuses aussi, c’est très peu étudié. Dans certains pays, je ne sais plus lesquels mais je sais qu’ils envoient dans le monde et les chirurgies sont autorisées sur des mineurs!  Au Canada, une loi fait que les parents ne sont pas courant si leur enfant est considéré trans à l’école.

Les psys des cliniques de genre alertent sur les dangers de médicaliser des enfants qui sont majoritairement gays et autistes, surtout les filles!

Sauf que ces psy-là; ils se font virer ou démissionnent parce que personne ne les écoute… il y a vraiment un gros problème!

RadCaen, rebelle du genre

C’est aussi dangereux parce que ça renforce l’idée que les enfants peuvent consentir très jeunes à des traitements médicaux. Cela stérilise des enfants, et cela ne prend pas du tout en compte le fait qu’ils n’auront aucune vie sexuelle plus tard et qu’ils ne peuvent pas s’en rendre compte… Ca trompe aussi les parents qui ne savent pas dans quoi ils s’engagent, et à qui on dit globalement : soit tu laisses ton enfant transitionner, soit il va se suicider… Voilà, ça c’est pour le danger des enfants. C’est aussi une menace légale pour nos droits. Puisque nous ne pouvons plus refuser de mâles dans nos espaces. C’est une menace pour les gays qui sont victimes de viol par déception, et qui eux-aussi ont leurs espaces envahis, et qui sont poussés à transitionner. Cela se passe en Iran, mais aussi dans d’autres pays. Les gays on leur laisse le choix de transitionner ou d’être exécutés, concrètement…

On ne peut plus s’exprimer sur ce sujet sans perdre une vie sociale en France! Je sais qu’en Angleterre, il y a des femmes qui ont perdu leur travail, même si c’est contesté (on va dire), c’est arrivé! Beaucoup de femmes vivent un harcèlement constant et très violent! Il y a énormément de choses à dire sur pourquoi cette  idéologie est une menace! Il y a juste beaucoup trop de choses qui ne vont pas dedans! 

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme? As-tu déjà subi des pressions ou des menaces? Et est-ce que tu as l’impression d’un danger dans ton entourage ou au contraire, te sens-tu en sécurité pour en parler?

e témoigne de façon anonyme sous un nom de plume.  Je n’ai pas envie que mon entourage soit raccroché à mes idées. J’ai 2000 personnes qui me suivent sur Instagram et dès que j’ai créé mon compte, je ne voulais pas révéler mon identité. Je ne  voulais pas poster des photos de moi, ni parler de ma vie privée au-delà du fait que j’ai une copine et que j’habite pas très loin de Caen.

Dora Moutot et Marguerite Stern ont vraiment été la preuve que j’ai eu raison, malheureusement. Puisque très de temps après que j’ai lancé mon compte, elles ont commencé à vivre un harcèlement constant qui a toujours lieu. Moi je ne vis pas de harcèlement, mais j’ai des messages haineux assez couramment. D’ailleurs j’archive tout!

Une des raisons pour lesquelles je n’ai pas envie de témoigner sous mon identité réelle, c’est aussi parce que je suis jeune, j’ai 22 ans. J’ai envie de faire des études et je n’ai pas envie de me disputer avec famille, ou avec belle-famille, ou avec potentiel environnement professionnel, et donc je n’en parle pas autour de moi, ou en tout cas j’évite aussi parce que je lis énormément pour écrire mon blog, et c’est des connaissances qui ne sont pas officialisées (on va dire). Puisque je n’ai pas fait des études de médecine (pour exemple), pour parler des bloqueurs de puberté. Mais je suis renseignée toute seule et du coup, mon entourage ne comprend pas d’où viennent mes connaissances et je n’ai pas envie d’avoir à me justifier sur ce sujet-là. Et du coup, de devoir de fil en aiguille devoir finir par expliquer que je tiens un des blogs les plus qualifiés de “terf” de France…

Donc on ne peut pas vraiment dire que je me sente en sécurité… J’ai vu assez d’exemples de femmes qui ont subi des conséquences très importantes dans leur vie, pour avoir compris que c’est un sujet grave et qui ne faut pas du tout le prendre à la légère. Je sais que ce n’est pas forcément connu en France, on a les deux exemples de Dora Moutot et Marguerite Stern, mais en Grande-Bretagne, des femmes qui ont perdu leur emploi et se sont retrouvées en garde à vue pour avoir mégenrer personne trans, ça existe. Bref, j’ai eu assez d’exemples de femmes qui ont subi des conséquences importantes pour avoir compris que c’est un sujet qui est très grave!

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme?

ai deux anecdotes.

La première, c’est que j’ai eu une énorme crise existentielle quand j’ai commencé à comprendre qu’est-ce que racontaient les trans n’avait aucun sens… J’ai vraiment eu l’impression d’être une personne horrible.

J’en ai beaucoup parlé à ma copine, elle m’a écoutée pendant des heures à m’énerver toute seule… J’étais fâchée que personne ne réponde à mes questions sur Twitter! C’était vraiment terrible, en fait!

J’ai passé plusieurs jours à me dire “ça ne fait aucun sens mais, je n’ai envie d’être transphobe! Puis, je ne comprends rien et c’est frustrant!” et ça m’a vraiment retourné le cerveau…

RadCaen, rebelle du genre.

Finalement, quand la dissonance cognitive s’est calmée, je me suis sentie vraiment mieux. Même maintenant, des fois j’ai toujours un petit peu des doutes parce qu’on est entourées par un discours contraire (entre guillemets). Mais je sais que ce que je vis, ce que je vois, et ce que j’entends, ça fait sens à travers le prisme Radfem. D’ailleurs, dès que je me questionne trop sur la question trans, je reréalise que ça ne fait vraiment aucun sens!

La deuxième anecdote, c’est que j’ai été rejetée du Planning Familial car une des employées du Planning m’a parlé sur Insta sans que je sache qu’elle vienne du Planning… Elle était choquée que je sois abolitionniste. Si je me souviens bien, elle a très précisément dit qu’elle était choquée que je considère que les femmes sont des victimes parce que cela signifiait qu’elles n’avaient pas choix, et que ça retirait leur choix de considérer qu’elles étaient juste là à subir. 

J’ai donc été appelée, on a fait une petite réunion où j’étais seule face à trois employées du Planning… On a critiqué ça, on m’a reproché mes positions sur l’activisme trans du coup, je n’ai jamais participé à des actions du Planning alors que je voulais apprendre et voir comment se passaient les sessions de formation, ou d’actions dans des collèges. On m’a aussi reproché d’avoir parlé de transsexualité, alors que je ne suis pas une personne concernée.

Sauf que le Planning, ils ont sorti un manuel qui parle d’intersexualité alors que les auteurs et autrices qui ont écrit ce livret ne sont pas concernés directement… Alors c’est vrai, ils ont fait appel au collectif intersexes et alliés pour l’écrire, mais je trouve ça “un peu” gonflé de leur part de m’avoir reproché ça, en sachant que quand je leur ai parlé d’intersexualité, j’ai écrit un petit livret qui est toujours disponible sur mon blog, et dont les sources viennent de personnes intersexes ET spécifiquement de femmes intersexes.

RadCaen, rebelle du genre.

Donc au final, je ne suis pas mécontente d’avoir été virée car ça en dit long… Mais, ce fut un petit peu difficile à vivre sur le coup.

As-tu quelque chose à ajouter?

Oui, j’en ai marre qu’on me dise que je hais les trans!

Personnellement, la transidentité c’est quelque chose qui m’a introduite au féminisme et à la critique du genre, même si c’est assez paradoxal. On est aussi pas mal dans le féminisme radical à est désistées, détransitionnées, dysphoriques, voir toujours transitionnées. Ce n’est pas mon cas mais, j’en connais.

RadCaen, rebelle du genre.

J’apprécie certains hommes transidentifiés, ou des trans qui sont critiques du genre et qui, du coup, ont  une vision unique de ce qu’est la transition et de ce qu’est leur vie et l’homosexualité (souvent). J’ai une réelle compassion pour tous les bisexuels, les hommes qui ne se conforment pas et qui sont victimes de violences car ils sont efféminés. J’ai aussi de la compassion pour ceux qui meurent tués par des hommes dans la prostitution, ils représentent l’écrasante majorité des personnes trans qui meurent chaque année… J’aimerais vraiment que toute cette violence cesse!

J’en ai également marre qu’on m’accuse de tuer des personnes trans parce que je dis qu’ils sont des hommes (justement). Mais je ne tolère qu’on envahisse nos espaces, je ne tolère pas qu’on soit insultées, qu’on se fasse menacées ou qu’on nous frappe!

Hier, j’ai appris que des féministes à Bruxelles ont été agressées parce qu’elles sont abolitionnistes… Le collectif de Résistance Lesbienne a été agressé parce qu’elles ne veulent pas de pénis dans leur sexualité…  Elles ont été agressées par un homme d’ailleurs! Il y a même des lesbiennes qui ont été tuées par des hommes transidentifiés! 

Dana Rivers (qui est un homme transidentifié connu) a tué un couple de lesbiennes et leur fils adoptif. Tout ça parce qu’elles étaient lesbiennes! Et tout ça parce que nous, radfems, on reconnaît le sexe.

RadCaen, rebelle du genre.

Les lesbiennes sont les premières victimes, et les femmes comme moi aussi qui ne veulent pas d’hommes dans leur vie sexuelle… Car moi, je suis bie, et j’ai décidé que je n’aurai jamais d’hommes dans ma sexualité et ça en énerve beaucoup! Et les femmes hétéros qui ne veulent pas d’hommes dans leur sexualité, elles aussi se font cracher dessus! Voilà.

Ce sont toujours  les lesbiennes qui trinquent en premier et je ne tolérerai pas ça! Je ne tolérerai pas que mes sœurs qui ne veulent par d’hommes dans leur vie privée se fassent harceler, se fassent tuer ou se fassent frapper!

Voilà, c’est ce que j’avais à ajouter : il y en a marre de toute cette violence alors qu’on nous traite de nazis en face! Alors que ce n’est pas nous qui tuons des personnes trans!

Merci d’avoir écouté notre parole, merci à RadCaen (Audrey) pour son précieux témoignage et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

Je crois qu’il n’y a rien qui rende plus féministe que le hommes en fait! C’est mon avis (ahah), rien ne m’a plus rendue plus critique des trans que d’écouter les femmes trans parler (je crois).

RadCaen, rebelle du genre.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Le blog de RadCaen ainsi que son article sur les bloqueurs de puberté :

L’Instagram de RadCaen :

https://www.instagram.com/radcaen/

Pour nous suivre et/ou témoigner : https://linkfly.to/rebellesdugenre

Mercie les femmes!

Anissia, rebelle du genre.

Je m’appelle Anissia Docaigne-Makhroff, j’ai 29 ans, je suis juriste de formation et de profession et je suis également féministe radicale et activiste notamment à l’Amazone Paris depuis un an ½.

Je suis française, j’habite la région parisienne et je suis à moitié d’origine russe.

Je me considère féministe depuis très longtemps, depuis l’enfance en réalité. J’ai très tôt commencé à me poser des questions sur les inégalités entre les filles et les garçons quand j’étais enfant. Après, je me suis posée des questions en arrivant à l’âge adulte  sur les inégalités entre les femmes et les hommes et sur les questions des violences sexuelles.

Anissia, rebelle du genre.

Je me suis considérée féministe assez tôt et une de mes grandes convictions féministes était l’abolition de la prostitution que j’ai toujours considérée comme une très grande violence faite aux filles ou aux femmes. Quand j’étais gamine, je ne comprenais pas pourquoi on insultait les femmes et les filles de “putes” et les garçons de “fils de pute” alors que pour moi, la honte est sur les clients. Je ne comprenais pas pourquoi on ne pouvait pas considérer que ces hommes qui sont réduits à aller solliciter des faveurs sexuelles de femmes précaires n’étaient pas insultés? Pourquoi ça, ce n’était pas une insulte commune qu’on employait dans la société?


Je n’ai jamais compris pourquoi la honte pesait sur les femmes. Et quand au début de ma vingtaine (j’ai 29 ans) j’ai commencé à me poser des questions sur le féminisme – je me considérais comme féministe mais  je n’avais pas du tout conscience qu’il y avait énormément de théories féministes qui existaient depuis longtemps au-delà des combats qui avaient été menés et gagnés par les femmes, dont le droit de vote puis ensuite, le MLF avec le droit au divorce, etc.  Je n’avais pas conscience de tout un tas d’écrits et le jour où je suis tombée dessus sur Internet pour la première fois, c’était un extrait de « Femmes de droite » d’Andréa Dworkin. Je suis tombée sur ces choses-là et j’ai voulu m’intéresser de plus près au féminisme. J’ai découvert qu’il y avait plusieurs féminismes et j’ai alors été… très stupéfaite ! Je n’avais pas du tout conscience de ça. J’ai appris qu’il y avait un féminisme radical, un féminisme plutôt libéral et un féminisme matérialiste, etc. Quand j’ai vu qu’il existait un féminisme libéral qui prônait la prostitution comme une liberté…  J’ai été totalement stupéfaite au point que je n’y croyais pas.  C’est-à-dire que je me disais : c’est impossible! Il y a un truc qui cloche! Il manque forcément quelque chose, soit ces femmes ne sont pas du tout féministes ou alors elles ne sont pas vraiment pour la liberté de la prostitution. C’est juste pour dire ce que nous disent les radicales, le problème ce n’est pas les femmes. Le problème c’est les hommes et elles ne veulent surtout pas faire peser le tort aux femmes.

Là, j’ai compris quand même assez rapidement que non, ce mouvement prétendument féministe (et  plutôt libéral que féministe), ne défendait pas du tout les femmes contre les violences sexuelles et la précarité.

Anissia, rebelle du genre.

Je me suis méfiée donc assez rapidement du féminisme libéral qui par ailleurs défendait à l’époque ce qu’on appelait  le “féminisme queer”, ce n’était pas tout à fait le féminisme libéral comme maintenant. Tout n’était pas aussi mélangé et je me suis méfiée de tout ce que prônait le féminisme libéral , y compris cette idée qu’être une femmes puisse être un sentiment.

Je me souviens donc à ce moment où je suis entrée sur tout un tas de groupes, c’était sur Facebook que ça se passait, et j’ai découvert tout un tas de choses.

Il y avait un groupe qui s’appelait, je ne sais pas si c’était « les copines » ou quelque chose du genre (c’était un groupe évidemment libéral)… Et j’avais voulu apporter ma première contribution. J’ai parlé d’allaitement, de contrainte à l’allaitement, de pression sur l’allaitement et j’ai évidemment parlé de mères et de femmes. On m’a très « gentiment » recadrée en m’expliquant que ce que je disais était plutôt juste mais que j’avais oublié de mentionner les pères et les hommes allaitant en me demandant de modifier la manière dont je m’étais exprimée et j’ai été absolument ébahie qu’on me demande de faire ça. Je ne pouvais pas admettre que l’allaitement puisse être un sujet d’hommes ou de femmes qui pensent être des hommes. Donc, j’ai juste refusé et j’ai quitté assez rapidement ce groupe.

Par la suite pareil, on m’a reproché de citer le travail d’«Osez Le Féminisme!» sur des questions relatives à la prostitution, et j’avais lu une personne dire qu’Osez Le Féminisme était criminelle, ou tueuse, ou je ne sais pas quoi… Parce qu’Osez Le Féminisme est contre la prostitution, pour son abolition et pour la pénalisation des clients de la prostitution. Ca devait être au moment où la loi pour l’abolition de la prostitution en France est passée.

Anissia, rebelle du genre.

Finalement, la raison pour laquelle je suis restée plus radicale que libérale? C’est vraiment sur le sujet de la prostitution où je n’ai jamais douté.

Mais sur la question de ce que c’était qu’être une femme et des personnes trans, et les personnes transgenre… Ce n’est pas tant l’identité de genre, j’ai toujours su qu’être une femme ou être un homme dépendait du sexe. Je n’ai pas vraiment douté là-dessus. Simplement, j’étais parfaitement favorable à l’idée d’écouter d’autres personnes et d’autres femmes exprimer d’autres choses sur la question. Je n’étais pas réfractaire d’en discuter avec des hommes transidentifiés qui se disent « femmes trans » et d’ailleurs, j’ai discuté avec des hommes transidentifiés parce que je voulais comprendre et à ce moment-là, je ne les voyais pas du tout comme une menace. Je me disais “quand même, ils ont du culot” et je comprenais bien qu’ils essayaient de dire qu’ils étaient tout comme nous alors qu’ils ne peuvent pas être « tout comme nous » mais je ne voyais aucune difficulté à ce que ces personnes intègrent nos groupes de discussions et nos combats sur des sujets communs.

Notamment, dans les années 2016/2017, on commençait beaucoup à parler de harcèlement de rue, et évidemment que les personnes transidentifiées subissent le harcèlement de rue. Donc sur ces sujets là, je n’avais aucune difficulté à discuter avec des hommes transidentifiés qu’à l’époque, j’appelais femmes trans.

Puis, par la suite, je me suis quand même rendue compte qu’il y avait un loup.

Anissia, rebelle du genre.

Je n’avais jamais quitté le milieu féministe radical virtuellement et j’ai commencé à voir que dans le monde anglo-saxon, il se passait des choses pas nettes. Notamment des hommes en prison pour femmes et la question du sport qui sont des questions qui sont venues au fur et à mesure. Puis surtout, j’ai commencé à voir tout un tas de fétichistes. J’ai compris que ces hommes qui se disaient femmes n’avaient aucune idée de ce que c’est qu’être une femme. Eux, ils ne voulaient pas juste rejoindre les femmes ou les féministes, ils voulaient IMPOSER leur vision de la femme, qui était  extrêmement stéréotypée et sexiste et misogyne à NOUS, les féministes et les femmes.

Et ils ont commencé à nous silencier en nous expliquant comment nous devions parler.

Anissia, rebelle du genre.

C’est ce que je racontais, au moment où on m’a expliqué que je ne pouvais pas parler de femmes et de mères allaitantes, mais qu’il fallait aussi que j’inclue les hommes et les éventuels pères. Je me suis rendue compte que c’était comme ça partout.


Puis, sur les groupes radicaux, des lesbiennes nous alertaient. Elles nous disaient « je ne peux plus aller, moi, lesbienne, en province, je n’ai plus aucun espace lesbien dans lequel je peux me rendre. J’ai été exclue de ces espaces parce que j’ai expliqué à un homme transidentifié que moi, je suis lesbienne et que je ne peux pas envisager d’avoir un rapport sexuel avec une personne à pénis, quand bien même elles se sent femme. »

Et elles ont été de plus en plus nombreuses, ces femmes lesbiennes en France, à nous alerter, à nous dire « attention ça vient chez nous ! » Je pense qu’on a fauté à ce moment-là parce qu’on les croyait, mais on ne se rendait pas compte de la menace. On se disait « c’est marginal » même si on voyait tout ce qui se passait dans le monde anglo-saxon. Et moi, je me disais « c’est IMPOSSIBLE que ça arrive chez nous », je ne pensais pas que ça puisse arriver chez nous…

Anissia, rebelle du genre.

Et en fait, c’est arrivé chez nous.

Et nous avons vu des grandes associations (comme le Planning Familial) commencé à changer leur vocabulaire pour l’adapter afin de le rendre plus “inclusif”… Ce terme d’inclusivité qui, finalement, est le bon prétexte pour effacer les femmes.

Car au nom de l’inclusivité on n’entend plus jamais le mot “femme” ou le mot “fille” qui sont devenus des gros mots ou alors, il faut les compléter par “et-toutes-les-autres-minorités-de-genre”.

Un événement particulier pour moi : j’étais entrée dans l’activisme féministe en 2016 et à l’époque (donc ça fait 5 ans maintenant) on était mélangées féministes radicales et  féministes libérales, on  arrivait à travailler ensemble, on s’organisait.

Anissia, rebelle du genre.

La première action que j’ai menée avec des femmes en collective, c’était contre les féminicides en 2016 et on arrivait à se mettre d’accord ensemble. On se disait : il y a des sujets sur lesquels on peut travailler ensemble. Et je suis restée dans cette collective qui s’appelait insomnia, on faisait différentes actions. Nos premières actions étaient les féminicides. Il y en avait eu précédemment, avant que j’arrive je veux dire. Puis, nous avons travaillé sur le tabou des règles, on a parlé d’IVG, on a fait une action contre les violences obstétricales et gynécologiques,… Donc en fait, c’étaient des sujets qui concernent vraiment les femmes et le corps des femmes.

Et au fur et à mesure (ce n’était même pas en vrai, c’était virtuellement), sur les groupes de discussions, des questions ont commencé à se poser. Des questions du genre : et si jamais il y a des femmes trans qui veulent nous rejoindre, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on fait? Et on était beaucoup à dire : “écoutez, pour l’instant, il n’y a pas de femme trans qui veut nous rejoindre. Donc pourquoi est-ce qu’on se pose une question dont on sait qu’elle est clivante et de toute façon, on parle toujours du corps des femmes, du corps femelle (donc), on ne va pas commencer à se disperser sur d’autres choses.

Finalement, nous étions une quinzaine ou une vingtaine et nous avons été deux à nous exprimer clairement contre l’inclusion des femmes trans dans notre collectif, une personne s’est abstenue et tout le reste a voté pour alors même qu’il n’y avait aucun femme trans qui voulait nous rejoindre…

Alors je me suis dit, c’est plus possible on ne peut plus rien faire et j’ai pris mes distances avec ce collectif.

Anissia, rebelle du genre.

Après, sans même prendre mes distances, on a pris des distances avec moi parce que j’ai exprimé ces positions. 

Mais c’était sans regrets, parce qu’à partir de ce moment-là, ce collectif n’a plus jamais rien fait de fort et d’intéressant, plus rien pour les femmes… C’était des stickers dans le métro sur des trucs vraiment anecdotiques.

Donc, après que ce collectif Insomnia est parti un peu dans tous les sens, je n’avais plus de collectif dans lequel militer, et j’ai rejoint Femen pour plusieurs actions contre les féminicides. C’était très bien, c’était très forte! Et j’ai vu cette annonce de Marguerite Stern sur les réseaux sociaux, je la suivais depuis longtemps, je l’avais suivie chez Femen puis je l’avais suivie dans ses premiers collages à Marseille, des collages féministes. Puis, ensuite, des collages qui dénonçaient les féminicides et elle est arrivée à Paris. Je l’avais d’ailleurs rencontrée avec Femen à un rassemblement avec les familles de victimes de féminicides, et quelques semaines après elle disait  sur les réseaux sociaux “Je voudrais réunir des femmes pour coller massivement dans Paris pour dénoncer les féminicides”. Je l’ai rejointe sur Facebook et je lui ai dit “je veux y être”, mais finalement, je n’avais pas pu me rendre disponible à la première soirée.

Ça a commencé comme ça plusieurs jours et je me disais car, j’avais beaucoup de travail à ce moment-là : “je vais le faire, mais plus tard… plus tard.”

Un soir, je croise une ancienne activiste d’Insomnia qui était radicale comme moi. On reparle, on se dit “c’est quand même dommage ce truc d’insomnia où il ne se passe plus rien parce que la grande question c’est les femmes trans. On n’a rien à dire, on n’a même pas de femme trans avec nous!”. Elle m’informe “est-ce que tu as vu ce qui se passe dans les groupes de collages, ça y est! Ce qui s’est passé à Insomnia atteint les groupes de collages.”Et, je me dis “Purée, c’est pas possible”…

Je me dis je ne veux pas rejoindre les collages, que je ne veux pas à nouveau subir ce truc où on nous divise et où on nous oblige à prendre position sur un truc hyper important pour, finalement, nous imposer la présence d’hommes qui n’ont rien à foutre là-dedans! Parce qu’en fait, on dénonce des féminicides, ça ne les concerne pas les féminicides par compagnon ou ex.

Ca ne les concerne pas!

Quelques semaines plus tard, Marguerite Stern sur les réseaux sociaux fait un énorme “thread” . Elle s’exprime sur sa crainte de la colonisation des transactivistes dans les milieux féministes et, notamment, dans le mouvement qu’elle a créé et qu’elle a lancé! Qui est  le mouvement des collages contre les féminicides et surtout, elle exprime combien ça s’est retourné contre elle.

Anissia, rebelle du genre.

Elle disait “J’ai lancé un mouvement fédérateur dans lequel je ne voulais pas qu’il y ait de questions clivantes qui soient abordées justement, pour qu’on se concentre sur les violences commises par les hommes sur les femmes et, notamment, les féminicides. Finalement, il y a une bande de transactivistes qui se sont emparés de ce mode d’action pour parler des questions qui les  concernent eux et pour même insulter les femmes.”

Il y avait deux collages. Un collage disait “des sisters pas des cis-terfs” et un autre disait “les terfs au bûcher”. Les “terfs” évidemment, c’était nous. C’était les féministes radicales qui pensent que les hommes ne sont pas des femmes, et qu’être une femme c’est bien plus qu’un sentiment! Qu’être une femme n’est pas du tout subjective. Qu’être une femme, c’est quelque chose de réel, de très concret et de très palpable! Ce n’est pas quelque chose qui se passe dans la tête, c’est quelque chose qui se vit dans le corps! Toutes les questions féministes sont en rapport avec le corps des femmes! Toutes les expériences que nous vivons et qu’on dénonce,  ou parfois qu’on célèbre d’ailleurs également, sont toujours des expériences qui sont liées au corps des femmes!

Donc Marguerite fait donc ce coming out “terf” sur instagram, Facebook et Twitter et je lui écris. Je lui dis “écoute Marguerite, tu n’es pas seule, je suis avec toi, et je te soutiens”. Et elle me dit “Eh bien si tu me soutiens vraiment, exprime toi, toi aussi.” Et ça a été une grande révélation pour moi! Je me suis dit “Ouai! Je vais le dire.” cela faisait plusieurs mois que j’avais peur de mettre des likes sous des commentaires sur les réseaux sociaux, que je n’en parlais pas autour de moi de toutes ces histoires ou très peu (j’en avais parlé un peu à ma sœur jumelle).

Ce jour-là, j’ai dit “Non! Je vais en parler.”

Et ça a été un des premiers tournants de ma vie de féministe.

Anissia, rebelle du genre.

Quelques mois plus tard, Marguerite Stern a lancé l’Amazone à Paris. Elle a ouvert un grand squat qui devait être un grand lieu de rassemblement de femmes et de féministes dans lequel on pouvait préparer des collages pour ensuite inonder Paris de collages. C’était un lieu ouvert aux femmes uniquement, mais pas forcément aux féministes radicales uniquement (dans un premier temps). Je suis allée rencontrer Marguerite et d’autres femmes, d’autres féministes. Des femmes que j’avais déjà vues précédemment soit chez Femen, soit chez Insomnia et j’ai fait mes premiers collages. Et ça a été une grande expérience d’aller coller dans la rue entre femmes!

Et puis au bout de quelques jours ou quelques semaines, à l’Amazone, on a décidé collectivemente qu’on allait assumer qu’on était radicales. Qu’on allait assumer qu’on n’acceptait pas, comme définition de femme, autre chose que : une femme est une être humaine adulte de sexe femelle. Que c’était la seule définition valable. Et que les autres définitions, si d’autres personnes voulaient en avoir pour elles, pourquoi pas, mais que ça ne serait pas les nôtres et qu’on n’accepterait pas d’autres personnes chez nous que des femmes. C’est-à-dire des êtres humaines adultes femelles.

Anissia, rebelle du genre.

Marguerite, ça faisait déjà un moment qu’elle subissait beaucoup de harcèlement et ça s’est amplifié. Et puis, du coup, à l’Amazone, forcément, nous aussi on en a subi les frais! Et ça ne s’est pas arrêté depuis! Ça fait un an et demi…

Et donc, sur les réseaux sociaux, j’ai décidé d’en parler et puis il y a a peu près un an, j’ai voulu vraiment m’exprimer pour me moquer de tout ça en fait… Pour avoir un espace où entre radfem, on pourrait en rire! J’ai donc fait un compte de mèmes qui s’appelle @comptesse_mèmesintégristes dans lequel j’ai commencé à faire des blagues et ensuite, à m’exprimer. Et donc, nous savions que nous étions nombreuses, nous les radfems. Les féministes radicales qui sont traitées de “terfs” et qui sont silenciées et censurées de partout,  – et quand je dis partout, c’est PARTOUT (!) – …

C’est le Planning Familial, le PLANNING FAMILIAL (!), qui censure une femme comme moi, qui bloque une femme comme moi qui peut, peut-être, avoir besoin de contraception,  de conseils contraceptifs ou  peut-être d’une IVG… ce genre de choses.

Anissia, rebelle du genre.

Et en fait, je suis censurée et bloquée par le planning familial à cause de mes convictions politiques. J’ai subi les frais de plein de trucs… Plein d’organisations prétendument féministes nous silencient et nous empêchent de nous exprimer au nom de la sacro-sainte “inclusivité”… Et nous excluent d’un certain nombre d’accès à des mouvements féministes. C’est ce gros, GROS, paradoxe qui est le plus surprenant à chaque fois et qui me fait vriller!  À chaque fois, c’est ce paradoxe-là, ce truc “Au nom de l’inclusivité toi, tu dégages!”, “Au nom de l’inclusivité, tu fermes ta gueule”, “au nom de l’inclusivité, on va t’insulter, on va te menacer,  et on va te menacer… Attention, c’est les mêmes méthodes que les masculinistes : on va te menacer, on va dire que t’es une sale terf,  que t’es une féminazie, que t’es de la vermine,  que t’es pas vraiment une femme et que t’es pas vraiment humaine et donc vraiment du coup toutes les violences qu’on te fait sont parfaitement acceptables puisque t’es pas humaine!

Ce sont des choses qu’on m’a dites, nous serions jalouses parce qu’on est pas aussi belles que les hommes transidentifiés et leurs paillettes… Ca, c’est un truc où ils croient qu’ils nous atteignent alors  que bon, ben…

Moi, je prône la grimace! 

Donc, quand on me dit que je suis moche, ça me fait rire!

Je prône la liberté plus que la beauté! 

Anissia, rebelle du genre.

Depuis que j’ai ouvert les yeux sur sur la réalité du mouvement transactiviste et ça fait plusieurs années… Je ne peux plus les fermer. Une fois les yeux ouverts, tu vois des choses ahurissantes en permanence!

J’ai eu plein de ce qu’on appelle des “peak trans”. C’est-à-dire, des moments où tu vrilles quand tu entends ou tu vois quelque chose ou un comportement. Un des trucs qui m’a le plus marqué et où je me suis dit  “OK! En fait là, ce n’est pas des blagues… Ce sont des trucs pas possibles! » Comme ce type qui témoignait sur Internet, donc un mec trans identifié et  autogynéphile… Les autogynéphiles, ce sont des  hommes qui sont excités sexuellement à l’idée de se voir en femmes sauf que, pour eux, être une femme, c’est  être pénétrée et soumise. C’est être pornifiée en fait! C’est ça, pour eux, être une femme…

Ces hommes-là sont excités à l’idée d’être soumis et pornifiés. Du coup, ils se revendiquent “femme trans” et donc, il y avait un type qui expliquait qu’il allait dans les toilettes repêché dans les toilettes publiques bet leurs poubelles, les serviettes hygiéniques usagées afin de se les foutre dans le caleçon et de se donner l’impression, quand il rentrait chez lui, qu’il avait eu ses règles… Du coup, ça l’excitait et il allait se branler…

Quand j’ai vu ça, j’étais dans un état… C’est assez hallucinant!

Quelque temps plus tard, j’ai vu un type qui expliquait qu’il avait pris des hormones pour allaiter – parce qu’en fait, effectivement, c’est possible de stimuler l’allaitement en prenant des hormones – et qu’il en avait pris et que du coup il avait pu allaiter son bébé… C’est-à-dire, l’enfant de son épouse dont il était le géniteur et que donc… Il avait allaité au sein son bébé et que cela l’avait excité… Que ça lui avait donné une érection et qu’après ça, il est allé se branler! 

Anissia, rebelle du genre.

Quand quand tu lis des témoignages pareils … Des témoignages d’hommes qui assument parfaitement ce genre de propos (c’est eux qui l’écrivent, ce n’est pas nous qui l’inventons!) ce n’est pas acceptable!

J’aurais pu entendre que le mouvement transactiviste, ce n’était pas ça. C’est-à-dire que si j’avais vu des personnes, des féministes libérales, dénoncer ce genre de propos, dénoncer ces comportements, alors on aurait pu s’entendre… Mais ça n’est jamais le cas! Lorsque nous, féministes radicales, dénonçons ce genre de propos on nous dit qu’on en profite et que la priorité c’est de ne pas “mégenrer” ces types-là. Ces mecs-là sont des fétichistes dégueulasses, et la priorité de de nos interlocutrices et nos interlocuteurs c’est de faire attention à bien parler d’eux quand ils ne sont pas là!

Mais, c’est incroyable le sens des priorités du transactivisme!

Et donc, c’est vraiment à ce moment-là où tu te dis, “en fait, on est à l’opposé des intérêts féministes. On est  face à des gens qui veulent faire taire les femme, qui veulent faire taire les  féministes, et qui en plus colonisent effectivement nos espaces.”

Anissia, rebelle du genre.

Parce qu’ils veulent nous voler notre lutte!

C’est ça qu’ils font : ils se réapproprient toutes nos luttes!

Les féminicides, c’était “à la mode”, ils s’en sont emparés pour ensuite parler de leurs trucs et nous dire “les terfs au bûcher”! Car, les collages contre les féminicides, à la base, c’était des collages contre les féminicides et en quelques semaines (en quelques mois) on voit des collages qui prônent les féminicides!

Parce que “les terfs au bûcher”, ce sont des menaces de mort à l’égard des femmes! Donc ce sont des menaces de féminicides!

C’est incroyable que ces  personnes aient pu envisager de coller ça dans les rues de Paris en prétextant, en plus, que ce soit quelque chose de féministe!

Et cela on l’observe, on l’observe et on l’observe…

Et quand on le dénonce, on est censurées, censurées et censurées!

Anissia, rebelle du genre

A l’Amazone,  Marguerite a ouvert  ce gigantesque hangar qu’on a déblayé et aménagé.

On voulait faire un espace qu’on avait appelé  “Amazone terre des femmes”.

On voulait vraiment que ce soit un espace qui puisse accueillir un tas de femmes pour des activités culturelles, mais aussi pour des réunions féministes! Pour permettre à des femmes de se réunir et de s’entendre.

Cet espace nous a été volé par des hommes et notamment, par des hommes transidentifiés et des femmes transidentifiées (donc des femmes qui se disent hommes).

Ils ont changé la serrure, ils ont arraché des collages contre les féminicides au mur, ils ont dessiné des bites sur les murs à côté de collages “féminicides”… Et à côté des bites, ils ont écrit : « c’est la vie! ».

Ils ont organisé des espèces de partouzes dans ce lieu lorsque nous n’étions plus là et que nous l’avions quitté… Avec des godemichets, des talons aiguilles, des rails de coke et des mecs torses nus!

Des mecs qui assument parfaitement qu’ils sont des mecs. Des mecs torses nus qui dansaient en se moquant de nous « les sales terfs »; que c’était de l’inclusivité, que c’était la force LGBTIQ+ je sais pas quoi…

C’était en Août 2020, et ça m’a profondément marquée.

je l’ai vécu très personnellement parce que moi j’avais investie l’Amazone…

Anissia, rebelle du genre.

J’avais participé à aménager ce lieu, à le déblayer et à en faire un espace de vie qu’on avait dû quitter pour d’autres raisons. J’ai vraiment vécu ce moment comme une invasion coloniale masculine du sexe mâle contre un projet féministe qui voulait juste rendre femmage aux  femme assassinées… Qui voulait juste permettre à des femmes de se réunir entre elles pour proposer des échanges culturels, pour aller mieux, pour avancer ensemble… Et y’a des mecs qui se sont dit “on va en faire autre chose” et qui ont dessiné des bites à la place.

C’est ça qu’ils font les transactivistes! Et moi j’ai vécu très personnellement et quand aujourd’hui, on me dit que je ne comprends pas bien le truc et que je suis haineuse…

Qu’on me demande pourquoi je déteste les femmes trans et pourquoi je ne veux pas les inclure?… 

Déjà, je n’ai pas à inclure qui que ce soit dans ma vie!

Si je ne veux pas  inclure ma voisine, et bien je n’inclus pas ma voisine dans ma vie!

Et si je ne veux pas inclure de bite dans ma vie, j’ai le droit et surtout, je ne vais pas inclure de bites dans ma lutte pour les femmes!

Surtout quand ces personnes-là ont montré autant de violence contre moi ou contre mon groupe d’activistes qui est “les Amazones”, et que personne au sein du mouvement transactiviste et personne au sein du mouvement libéral n’a jamais dénoncé ces comportements!  Personne ne nous a  jamais soutenues face à ce qu’on a vécu!

Ca a été l’omerta totale et absolue; il y a quelques femmes radicales mais on était une poignée à ce moment-là à se lever et à dénoncer ce qu’il s’est passé alors que c’était monstrueusement dégueulasse! Et eux, ils se vantaient. Ils se vantaient de ce qu’ils faisaient.

Anissia, rebelle du genre.

Et donc là, très clairement, il n’y a plus de retour possible. La scission était totalement entamée à partir de ce moment-là.

Quand tu vis un truc comme ça et qu’il n’y a aucun soutien, aucune personne qui émet la moindre réserve sur ce qui a été commis, aucune féministe libérale qui se désolidarise,  aucun transactiviste qui dit “pas en mon nom” vraiment, rien de tout ça! Parce que de toute façon, le problème, c’est qu’on est des “sales terfs” et du coup, on mérite toutes les menaces du monde! Tout est acceptable parce qu’on est des “sales terfs”, donc là, il n’y a vraiment pas de retour possible. Tant qu’à faire, puisque pas de retour possible, autant aller au bout des choses  : à l’Amazone on a décidé qu’on allait parler des sujets radicaux. Donc qu’on allait dénoncer, entre autres, la prostitution et la pornographie dont on ne parle pas du tout assez aujourd’hui. Alors que la pornographie, je pense qu’on peut dire que c’est le mal du siècle. C’est le mal de la décennie, c’est  un des combats les plus importants aujourd’hui au monde et au sein du féminisme! Et ce que c’est très très très très très très difficile de dénoncer la pornographie aujourd’hui! Dès qu’on émet la moindre critique, même sans être totalement abolitionniste, on te dit “attention, attention, il ne faut  pas stigmatiser!

Il ne faut pas tout mélanger! “NotAllPorn”… C’est vraiment leur truc, ça… le “#Not-All-Porn”!

Avec l’Amazone, on s’est rapprochées d’un autre collectif qui est le CAPP (le Collectif Abolition Porno Prostitution) mené, notamment, par des survivantes de la prostitution et de la pornographie qui nous ont invitées le 7 mars dernier.

Donc, le dimanche 7 mars 2021, veille du 8 mars et à l’occasion du 8 mars, nous avons mené une action ensemble sur la statue de la République à Paris. Nous voulions dénoncer la prostitution et la pornographie. C’était une action organisée par le Capp et l’Amazone a répondu présentes.

Anissia, rebelle du genre.

Donc, le dimanche 7 mars 2021, veille du 8 mars et à l’occasion du 8 mars, nous avons mené une action ensemble sur la statue de la République à Paris. Nous voulions dénoncer la prostitution et la pornographie.

C’était une action organisée par le Capp et l’Amazone a répondu présentes. J’ai fait partie des activistes qui étaient perchées sur la statue de la République. Nous avions de gros ballons et surtout, des grandes banderoles qui dénonçaient Jacky et Michel et Dorcel. Ce sont deux sociétés aujourd’hui mises en examen pour proxénétisme aggravé, pour viol et pour trafic d’êtres humains. Donc on ne parle pas de crimes mineurs… On parle de crimes très graves!

En fait, “trafic d’êtres humains”, ce n’est pas qualifié comme crime contre l’humanité mais ça devrait l’être!

Nos banderoles dénonçaient également les violences subies par Valérie Bacot qui a été prostituée de force par son mari incestueur durant des années.

On dénonçait le manque de moyens pour les parcours de sortie de la prostitution ce qui est, bizarrement, aussi une revendication des pro-prostitution qui disent souvent qu’on ne met pas assez de moyens en oeuvre, et nous demandions plus de moyens… C’était des choses qui étaient revendiquées sur nos banderoles.

Au début, ça s’est plutôt bien passé. Il n’y avait pas trop de monde et les personnes qui passaient par là nous encourageaient. Sauf qu’assez rapidement, il y a eu des collectifs libéraux, notamment les CFP, c’est-à-dire les “Collages Féminicides Paris”, qui étaient donc le mouvement lancé par Marguerite Stern, qui est arrivé et qui a commencé à nous invectiver, à nous faire des doigts, à nous insulter, à nous chanter joyeusement “une terf, une balle, justice sociale” et puis, il y a un autre groupe qui est arrivé, qui était… Je ne sais plus comment ils se font appeler, mais c’était quelque chose comme  “antifas contre l’islamophobie” qui s’en est pris aux Amazones et aux membres du CAPP qui étaient au sol, devant la statue de la république. Une demi-douzaine de femmes empêchaient quiconque de monter sur la statue, car ils voulaient nous déloger.

Ce groupe, soi-disant et prétendument antifasciste, a arraché nos banderoles.

Ils ont arraché la banderole qui dénonçait des violences, cette même banderole qui soutenait Valérie Bacot…

Anissia, rebelle du genre.

Je crois que c’est un sujet qui fait relativement l’unanimité, mais bon là ce n’était pas bien donc, arrachées par des collectifs prétendument féministes…

Puis, ils en sont venus aux mains et ce collectif “antifas contre l’islamophobie” a commencé à frapper les femmes musulmanes du groupe de l’Amazone… C’était donc quand même assez “cocasse” de les voir s’en prendre à toutes les femmes maghrébines de l’Amazone et du CAPP, sans doute n’étaient-elles pas assez antifascistes?  Je ne sais pas bien.

Puis, il y a eu cet énorme groupe qui nous insultait avec une haine dans leurs yeux… Nous étions en hauteur et donc, on voyait très bien! J’ai ce souvenir qui me marque encore aujourd’hui, mais très profondément…

Le souvenir d’une  jeune femme qui avait un panneau qui disait “victime, je te crois” et qui nous regardait, et qui nous insultait, alors qu’on était là-haut avec  des survivantes de la prostitution…

Et moi, j’avais une survivante de la prostitution dans mes bras qui tremblait et qui a fait une crise de panique face à la violence qui revenait contre elle.

J’ai eu très peur. 

Anissia, rebelle du genre.

Nous avions cette centaine de personnes, je ne sais plus combien… Mais des dizaines et des dizaines de personnes; femmes, filles, garçons, hommes tous jeunes, qui nous insultaient et nous faisaient des doigts, qui nous menaçaient, qui nous traitaient de fachos et  qui nous traitaient de « terfs » …

Nous n’étions pas du tout en train de parler de sexe, nous ne parlions pas du tout de femmes transgenre… Nous n’étions pas du tout en train de parler de tout ça! On était en train de dénoncer la violence du système prostitutionnel et du porn et ils ont quand même trouvé le moyen de nous traiter de « terfs ».

Ils nous ont jeté des œufs à la figure et ils ont eu Marguerite au sol. Nous, ils n’ont pas eu nos visages… J’ai rattrapé à deux reprises un œuf (parce que je suis handballeuse), donc j’ai rattrapé les œufs et je les ai relancés dans la foule… Ça ne leur a pas plus… Mais on a fait l’objet de violences extrêmement fortes ce jour-là.

On a vécu dans chair ce qu’on vivait jusque là sur les réseaux sociaux, ce qui est déjà très fort, parce que le cyberharcèlement, ça rigole pas.

Là, on l’a vécu de très près.

Ils scandaient au sol “une terf une balle, justice sociale” et puis, ils ont tagué sur la statue de la République alors qu’on était dessus : “sauve un trans, butte une terf”…

Anissia, rebelle du genre.

Donc, encore une fois des menaces très fortes contre les femmes féministes. Et ça, c’était le 7 mars dernier.

Depuis, de la même façon, il y a eu très peu de collectifs qui ont dénoncé ce qu’on a subi parce que, finalement, le problème… C’est qu’on pense que les femmes trans ne sont pas des femmes. Le problème, c’est qu’on pense que les femmes n’ont pas de pénis. Le problème, c’est qu’on pense que les lesbiennes n’aiment pas les pénis… Et penser et dire ça aujourd’hui, ça justifie toutes sortes de violences qu’on peut subir. Tout est justifié!

Si on prend l’exemple de JK Rowling, qui est une grande source d’inspiration et qui est cette écrivaine… est-ce que j’ai vraiment besoin de dire qui elle est? Qui a pris position contre le mouvement transactiviste, quand elle a pris position elle a dit : mais avant on avait un mot pour parler des personnes menstruées? C’était “femmes” ce mot! Quand elle a fait ça, une semaine après je crois, son ex a fait la Une d’un journal britannique pour dire que, finalement, c’est une sale “terf”. Son ex condamné pour violences conjugales à son égard! À partir du moment où elle était une sale “terf”, elle n’était plus du tout victime de violences conjugales! Le problème c’était elle car c’était une femme très dure…  C’était ça, le problème!
 
Et ces schémas sont des schémas absolument antiféministes! Ce sont des schémas masculinistes, ce sont des schémas sectaires, ce sont des schémas fascistes qui nous poussent nous, les femmes, à nous silencier, à nous taire et à nous censurer!

Et donc, je suis hyper contente d’être tombée sur votre podcast, les Rebelles du Genre! Parce que c’est ça qu’on est! On est vraiment ça! On est des Rebelles du Genre!

On ne se laisse pas faire et on montre aux autres qu’on n’est pas seules, qu’elles ne sont pas seules!

Que nous sommes ensemble, et qu’ensemble, on peut résister! 

Anissia, rebelle du genre.

Je veux vous remercier et je veux encourager toutes les femmes, même celles qui ne sont pas d’accord avec nous car, ce n’est pas grave de ne pas être d’accord. Le problème, c’est qu’on ne soit pas capables de discuter.

Le problème c’est qu’on ne puisse même pas douter, en fait!

Aujourd’hui, dans le pseudo-féminisme qu’on voit partout (le mainstream),  et dans le transactivisme, et dans la propagande queer, et dans la communauté LGBT (qui doit exister parce qu’elle a beaucoup de sens!) c’est qu’on ne peut même pas émettre des doutes…

Dès qu’on émet un doute, on est mis de côté! Et en particulier quand on est une femme!

je vous encourage toutes à douter, à vous poser des questions et à venir discuter sur mes réseaux sociaux et dans la vraie vie!

Maintenant, je prends beaucoup plus de plaisir à parler avec des femmes qui ne sont pas d’accord avec moi parce que je suis trop contente de voir qu’on peut à nouveau discuter et d’être parfois capables de se dire :

“bon, ben on n’est pas d’accord sur le fond, mais on ne va quand même pas se souhaiter la mort les unes les autres!”

Anissia, rebelle du genre.

On peut trouver des terrains d’entente, et on n’est pas obligées d’être d’accord avec toutes les personnes qui nous entourent pour vivre ensemble. C’est possible de voir les choses autrement et de quand même se parler! Et ça, c’est essentiel dans la lutte féministe! 

Donc vraiment, j’encourage toutes les femmes qui nous écoutent à douter et surtout, à s’autoriser à douter! À s’autoriser à émettre des avis différents car c’est hyper important!

C’est mon grand mantra depuis quelques semaines : il faut apprendre à déplaire. Il faut faire l’expérience de déplaire. Parce que c’est le seul moyen d’être libre. Et la liberté  c’est ce qui nous est le plus cher.

C’est le plus important pour les êtres humains et c’est le plus important pour les femmes! 

Anissia, rebelle du genre.

L’agression relatée par Anissia et subie par L’Amazone et Capp :

https://www.facebook.com/collectifabolitionpornprostitution/videos/1110350772769602/


Merci d’avoir écouté notre parole, merci à Anissia pour son précieux témoignage et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Le compte de Comptesse :

https://www.instagram.com/comptesse_integriste2.0/

Et à suivez l’Amazone :

https://www.instagram.com/l_amazone_paris/

Ainsi que Capp :

https://www.instagram.com/capp_radfem/

Osez le féminisme !

https://www.instagram.com/osez_le_feminisme/

Et les Femens :

https://www.instagram.com/femen_france/

Pour nous suivre et/ou témoigner :https://linkfly.to/rebellesdugenre

Mercie les femmes!


Monique, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Monique, j’ai 35 ans,  je suis blanche et de classe moyenne.

Je suis redevenue lesbienne il y a quelques années, et c’est la plus belle décision de ma vie.

Monique, rebelle du genre.

J’ai pu rencontrer des lesbiennes activistes internationales, notamment Sheila Jeffreys qui travaille depuis longtemps sur la misogynie du mouvement trans.

J’ai commencé par essayé de comprendre l’enjeu avec le prisme féministe et lesbiennes spécifiquement, et j’ai très vite été choquée par le fait que je n’arrivais pas à comprendre le vocabulaire : mon cerveau bugait complètement par rapport à des mots employés et j’ai compris progressivement que c’était une stratégie d’agresseur. C’est une technique sidérante qui empêche de penser la cause des femmes et qui invisibilise complètement les violences sexistes, qui empêchent de dire  les violences misogynes. En plus  j’étais de plus en plus engagée dans des groupes politiques, dans des groupes militants de lesbiennes, et je voyais un effacement du mot lesbienne au profit du mot queer. Il n’existait plus que le mot « queer » alors que le mot lesbienne n’existait plus du tout. Je remarque cela particulièrement dans des groupes “jeunes” qui ne se réfèrent plus aux lesbiennes, mais qui utilisent uniquement le mot queer qui parfois, dérive en “gouine” ou en “dyke”… Moi, ça me pose problème parce que ce sont quand même des insultes.

J’entends qu’on puisse se réapproprier des mots, mais le mot lesbienne est vraiment un mot qui est spécifique pour nous décrire et qui n’est plus du tout employé.

En lien avec ces dérives de vocabulaire, il y a quand même des actes d’’agressions et une intrusion des espaces réservés aux femmes (donc, des espaces non-mixtes) en utilisant, du coup, le label de « femme trans » qui doivent être inclus dans nos luttes et/ou de “lesbiennes” trans qui sont hommes, et qui doivent être inclus dans des lieux qui sont réservés aux femmes…

Monique, rebelle du genre.

J’ai pu observer que ça changeait complètement l’ambiance dans notre groupe dès qu’une femme trans est présente. 

J’ai vécu une expérience assez pénible dans un groupe d’auto-défense féministe en “non-mixité” mais, en présence d’hommes qui s’identifient comme femmes.

Au cours de ce stage d’auto-défense, on apprend des techniques pour se protéger des agresseurs. Une « femme trans » était présente et prenait toute la place et au moment de d’échanger nos techniques et de commencer à s’entraîner, je me suis retrouvée en face d’elle. Elle faisait quasiment deux fois ma taille, elle avait vraiment une grande carrure. Je dis “elle” mais en fait, c’est un homme… et je me suis donc retrouvée à voir comment il tapait dans le matelas que je tenais, et au moment où moi j’ai dû répondre et commencer à pratiquer mon autodéfense, je me suis retrouvée en sidération.

En fait,  je me suis rendue compte plus tard que j’avais eu une réactivation de mon stress post-traumatique car je me suis dit : « mais c’est cet homme-là que je peux avoir en face de moi dans la rue! Et en plus, il sait comment je vais me défendre. Donc il a une longueur d’avance sur moi ».

J’étais très mal après ce stage. Au début, je ne comprenais pas pourquoi, mais j’ai compris ensuite que c’est parce que mon instinct ne faisait pas la différence entre femmes trans et hommes en fait!

 Il avait bien compris qu’il pouvait être mon agresseur.

Maintenant, je sais pourquoi je veux des espaces non-mixtes.

J’observe que je m’y sens bien plus en sécurité. J’observe aussi que les femmes sont dans de meilleures conditions pour vraiment être elles-mêmes, s’écouter et avoir la place qu’elles méritent.

Monique, rebelle du genre.

C’est quelque chose qui va faire le lien avec la notion d’emprise car, dans des groupes qui sont effectivement, en non-mixité avec des femmes lesbiennes, quelques-unes qui se définissent queers et qui sont sous l’emprise de ce dogme, pensent à inclure des femmes trans… Alors qu’aucune femme trans n’est présente, elles vont se soucier, et cela va être leur priorité avant tous les autres activismes (!), de la lutte pour l’accessibilité des femmes trans aux milieux non-mixtes de lesbiennes. Pour moi, c’est une preuve de l’attachement traumatique et de l’emprise que ce mouvement génère. C’est-à-dire qu’une lesbienne, avant même de lutter pour elle-même, va lutter pour des femmes trans qui sont donc des hommes!

J’ai envie de partager une expérience pas évidente en ce moment, je suis en lien avec une adolescente qui est sous emprise et donc qui veut se mutiler.

Je me rends compte qu’elle est complètement sidérée dans ses propos, qu’elle n’a plus aucune racine avec son instinct… Et j’ai fait un parallèle avec les femmes victimes de violences conjugales : une femme victime de violences conjugales, si on lui dit “quitte-le”, elle va juste couper le contact avec la féministe qui essaie de la tirer de l’emprise. Et je me rends donc compte que la seule chose que je peux faire, c’est de rester présente, l’aider à rester centrée sur elle-même, valider et encourager toutes les dynamiques de son instinct de prendre soin d’elle-même. Mais je ne peux pas lui asséner des contre-arguments qui pour l’instant sont empêchés par le transactivisme.

Donc en fait, je me rends compte que parfois, quand l’emprise est déjà là, le soutien féministe c’est d’être là pour l’écouter et rester présente jusqu’au moment où elle sera en mesure d’entendre de nouveaux propos.

Mais pour l’instant, sous emprise, elle n’aura pas accès aux propos féministes.

Et si la mastectomie s’est déjà produite, c’est horrible mais on ne pourra pas l’éviter. Ce mouvement est très violent et très efficace donc parfois, on ne peut pas éviter les mutilations.

Mais on peut toujours rester présentes même après pour, notamment, soutenir au moment de la détransition et puis,  de recréer un réseau de femmes bienveillantes autour d’elle.

Peux-tu nous dire pourquoi tu considères que cette idéologie constitue une menace pour les droits des femmes et en particulier pour les droits des lesbiennes?

Dans la communauté LGBT, on sait que les budgets vont à 97 % vers des hommes.

C’est-à-dire que dans « L-G-B-T », il y a les lesbiennes et tout le reste, quand même, ce sont des hommes … et 3 % des fonds LGBT vont uniquement aux lesbiennes.

Monique, rebelle du genre.

C’est La Ligue, le fonds de dotation lesbien, qui a sorti le chiffre : seulement 3 % des fonds vont aux lesbiennes. Et donc si, dans cette catégorie lesbienne, on inclut les personnes trans, il n’y aura même plus 3% qui iront aux lesbiennes. Parce qu’en fait, ça sera encore une fois des fonds qui iront aux hommes.

Ce mouvement est un mouvement qui est extrêmement misogyne, c’est un mouvement masculiniste, et son  but principal est de faire effraction dans des espaces que les femmes ont créés pour se protéger des violences masculines. Donc déjà, dans les pratiques, c’est une intrusion et c’est forcément avec des pensées d’agresseurs.

J’observe qu’il n’y a pas de dialogue possible : il y a un raisonnement circulaire qui est asséné sans arrêt et on ne peut pas faire appel à des réflexions intelligentes et construire un dialogue ensemble.

Ce n’est pas un courant de pensée, c’est une secte. Le but n’est vraiment pas de réfléchir sur comment on peut éradiquer les violences de genre, ça, les féministes le font depuis depuis toujours… C’est vraiment d’empêcher les filles et les femmes de nommer leurs agresseurs.

Et j’observe que ça détricote tout le travail que des féministes ont fait. Toutes les avancées féministes en lien avec les droits des femmes sont actuellement détruites! Il y a plus de 50 ans d’avancées qui vont partir en fumée avec les nouvelles lois.

J’observe que le mouvement transactiviste est très en lien avec le lobby prostitueur contre lequel, en tant que féministe, je lutte depuis longtemps et ce n’est pas anodin pour moi de les retrouver dans l’attaque de la loi abolitionniste de 2016, de retrouver toujours les mêmes agresseurs à la fois des lesbiennes et des femmes et en lien avec notre intégrité physique.

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions ou des menaces? Est-ce que tu as déjà perçu un danger pour toi ou ton entourage? Ou te sens-tu parfaitement en sécurité pour parler librement aujourd’hui?

Je me sens menacée dès que j’ose affirmer mes points de vue, je sens que ça peut nuire à ma sécurité et aussi, de manière générale, à mes relations.

C’est très anxiogène de devoir filtrer sans arrêt des choses qui sont tellement légitimes, prendre soin de la sécurité des femmes ne devrait pas être honteux et là pour l’instant je je n’ose pas en parler tout le temps dans ma vie.

Je me sens en danger également quand je milite dans la rue notamment, de me dire que des personnes qui savent déjà que je suis critique du transactivisme peuvent me reconnaître et me porter atteinte physiquement… Voilà.

En même temps, même si je sens un réel danger et notamment je réfléchis souvent à anonymiser mes prises de parole quand je peux mais…

Pour autant, depuis un moment, résonne sans arrêt en moi la phrase d’Audre Lorde « votre silence ne vous protégera pas ».

Depuis que j’ai compris que, de toute façon, les violences sont présentes, je refuse qu’elles me fassent taire.

Monique, rebelle du genre.

C’est beaucoup plus facile d’affirmer mes positions quand nous sommes en nombre. Notamment dans des rassemblements féministes internationaux, c’est vraiment très vivifiant et ça donne vraiment du courage quand on se retrouve à plus de 1000 femmes qui affirment notre critique du genre, et qui affirment nos positions politiques féministes parce que les intimidations fonctionnent beaucoup au niveau individuel et quand on se rassemble et qu’on se soutient les unes les autres, on peut déjà mettre en évidence leurs stratégies de violences et puis aussi, on peut se soutenir quand l’une de nous est attaquée et ciblée. Et en nous ça nous donne la sécurité sociale de nous dire que si moi aussi  je suis attaquée, j’aurai moi-aussi un réseau de soutien qui s’activera. 

Est-ce que tu as une anecdote à raconter concernant la transidentité ou le transactivisme?

Récemment, j’étais présente un rassemblement international et nous étions très nombreuses pour une vigile féministe pour rendre un hommage à nos sœurs tuées et féminicidées. Donc, on avait plus de 800 noms de femmes à qui on a envoyé nos pensées, et à côté il y avait une dizaine de transactivistes qui taguaient des pénis sur le sol et qui disaient “ les femmes trans sont des femmes”…

Je trouvais ça ridicule de voir leur activisme qui, pour eux, c’est plus important de lutter pour que le drapeau des suffragettes, qui sont des féministes qui ont permis le droit des femmes à voter, soit supprimé parce qu’il est jugé transphobe. Alors que nous sommes en train de lutter pour la survie de nos sœurs.

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Une chose est très importante pour moi en ce moment, c’est que je refuse de leur laisser la place.

Je refuse qu’ils nous séparent.

Les transactivistes font des ravages actuellement dans la communauté lesbienne, il y a de nombreuses associations historiques qui avaient plus de 40 ans d’activisme et de techniques politiques et il n’y a pas de relève! Donc ces associations et mouvements meurent. Le transactivisme nous sépare. Il attaque les liens entre nous, y compris intergénérationnels et moi, je refuse de leur laisser la place et de les laisser nous diviser.

Merci d’avoir écouté notre parole, merci à Marie pour son précieux témoignage et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

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Mercie les femmes!

Marie, rebelle du genre.

Je m’appelle Marie, j’ai 44 ans, je suis lesbienne et féministe matérialiste.

Je suis formatrice en lutte contre les violences sexo-spécifiques et contre la pédocriminalité et j’ai aussi beaucoup travaillé sur l’étude de la culture pro-pédophile des années 70.

Marie, rebelle du genre.

Est-ce que tu peux décrire le parcours qui t’a amené à devenir critique du genre et, en particulier, l’as-tu toujours été ou s’est-il produit un ou des évènements qui t’ont amenés à avoir une posture critique vis-à-vis de cette idéologie?

En ce qui concerne mon parcours au sujet du mouvement transactiviste, j’ai découvert le féminisme dans les années 2000. J’avais une vingtaine d’années et avant ça, je n’avais jamais pensé au genre en terme de construction sociale. Pour moi, le féminisme c’était quelque chose de très bien pour les femmes qui ont vécu des choses difficiles mais je ne me sentais pas du tout concernée.

Quand j’ai suivi les cours de sociologie des rapports sociaux de sexe, ça m’a vraiment permis de comprendre que ce genre que je pensais naturel, je ne faisais pas la différence entre sexe et genre, était réellement une construction sociale. 

Marie, rebelle du genre.

À Toulouse, j’ai  participé à mes premières réunions non-mixtes, c’est là que j’ai pris conscience que j’avais un commun avec toutes les femmes qui étaient présentes et que j’avais un  commun avec toutes les femmes.  C’est là que ma conscience politique qui jusque-là était une conscience simplement anticapitaliste est devenue une conscience féministe et là, j’ai envisagé les violences que j’avais subies comme des violences réellement sexo-spécifiques.

Une copine m’a passé l’Ennemi Principal de Christine Delphy et c’est un moment vraiment très important pour moi, j’ai compris cette notion de classe sociale de sexe qui me parlait vraiment étant donné que moi je suis issue de la lutte anticapitaliste, et que les classes sociales je comprends très bien ce que c’est : une classe  dominante qui extorque la force de travail de la classe dominée. Et en fait, toute l’appropriation de mon corps par la classe des hommes, l’appropriation de mon temps, de mon espace et de mon temps de travail était liée à mon appartenance à la classe sociale des femmes.

Quand j’étais à Toulouse,  je fréquentais aussi beaucoup de queers mais c’était dans les années 2000, les queers qui s’appelaient aussi trans-pédés-gouines. C’étaient deux luttes différentes mais on était potes, parce qu’il y avait une certaine solidarité. Alors, il y avait les “tapettes radicales” qui étaient des gens très drôles, très subversifs et il y avait plein d’amis. Comme des hétéros, des homos et des lesbiennes avec un certain respect les uns des autres et un désir de changer le monde.

Dans ce mouvement, il y avait des hommes qu’on genrait au féminin, mais ils savaient très bien qu’ils n’étaient pas des femmes. Ils avaient tout à fait conscience de ne pas du tout vivre la même situation que nous, les femmes et ce genrage au féminin était plus un pied de nez aux stéréotypes qu’une revendication d’ailleurs, ils se revendiquaient « pédés ».

Cela a aussi joué sur la lenteur de ma compréhension sur ce qui allait se passer plus tard.

Marie, rebelle du genre.

Quelques années après, un nouveau terme est apparu, c’est le terme de « mixité choisie ». Moi, à l’époque, je ne voyais pas vraiment la différence avec la non-mixité. Je ne faisais pas attention.

C’est un ami hétéro, qui est assez ami du mouvement féministe qui, le premier, m’a interrogée sur la présence des femmes trans dans les réunions de femmes.

Là, je lui ai dit : « Oh mais, ça doit être rare! Puis, ce n’est pas très grave… »

Et surtout, je me disais que ce n’était pas gentil de s’interroger comme ça. Ce qui est intéressant, c’est que la première personne autour de moi qui s’est interrogée est un homme, ce n’est pas une femme et ce n’est pas anodin. Parce que nous les femmes, on est tellement dressées à être gentilles qu’on a une espèce de gentillesse qui nous bloque totalement notre esprit critique. Et en plus, je ne flairais pas du tout le danger. Pour moi, les trans que j’avais connu étaient des gens gentils et rigolos qui ne venaient pas dans les réunions non-mixtes car de toute façon, ils n’en exprimaient pas le besoin et puis, ils se disaient PD donc je ne voyais pas le danger.

La première fois que je me suis interrogée, j’étais chez des ami.es qui vivaient en collocation et dans cette collocation, il avait un homme hétérosexuel qui m’a annoncé sa transition.

Là, il m’a invitée à une boum de transition et sa boum, elle était réservée à tout le monde sauf les mecs “cis” hétéros.

Du coup, je n’ai pas compris, parce que pour moi, une semaine avant, c’était un homme hétérosexuel. Et là, il se distinguait des autres hommes hétérosexuels…

Marie, rebelle du genre.

Moi qui n’a jamais aimé les “bonnes bandes”, moi qui n’ai jamais aimé faire partie des « cools » et en plus je n’étais pas du tout concernée, car je ne voyais pas à quelle catégorie on était censé appartenir ensemble, je ne suis pas allée à la boum. Mais malgré tout, je l’ai quand même genré au féminin car cela semblait lui faire plaisir et puis qu’à moi, ça ne me coûtait rien.

Puis, ce qui me gênait aussi c’est que la non-mixité à la base, donc la non-mixité femmes, c’est vraiment un outil politique et que là, de détourner un outil politique pour faire une boum de “cools”, je n’aimais pas trop. Mais voilà, je ne sentais toujours pas le danger arriver… Sauf que cet homme-là, quelques années plus tard (c’est-à-dire l’année dernière), je l’ai recroisé et il a passé un week-end entier à me harceler parce qu’il avait entendu parler du fait que j’étais étiquetée comme “TERF”, et il m’a totalement terrorisée pendant tout le week-end.

Il y a cinq ans à peu près, en septembre 2016, je suis en Bretagne. J’avais donc 39 ans, et j’ai commencé à faire ce que j’avais prévu de faire depuis mon adolescence, c’est-à-dire : écrire les violences et les mécanismes des violences sexuelles que j’avais subies à l’adolescence. Cela m’a permis d’effacer tous les traumatismes et de découvrir ma gnouinitude et là, de découvrir ma sexualité, de découvrir mon désir pour les femmes, de me dire que je ne coucherai plus jamais avec un homme… Et mes crises d’angoisse nocturnes qui dataient de mon adolescence ont disparu. Je me sentais vraiment mieux.

Quelques mois après, je croise un homme transidentifié et là, comme d’habitude, je ne me méfie pas. Parce que je l’assimile à mes potes queers de l’époque de Toulouse et je le genre au féminin parce que c’est comme ça qu’il se présente et que je ne me pose pas de question.

Et il vient en Bretagne, sauf qu’arrivé en Bretagne, il commence à me mettre très mal à l’aise. Puisqu’il parle sans arrêt de sa “néo-chatte” à toutes les femmes présentes…. Je trouve cela complètement déplacé.

Il drague, mais en utilisant la culpabilité. Il parle d’un squat « trans-pédés-gouines » de Toulouse qui serait, selon lui transphobe car les lesbiennes refusent de coucher avec lui et il me met vraiment mal à l’aise.

Marie, rebelle du genre.

Et là, je me dis que bon, c’est juste une mauvaise personne, c’est quelqu’un de malsain mais je n’imagine pas du tout que c’est à un mouvement général et mondial. Entre-temps, je lis la brochure de Julia Serrano le privilège cis sexuel donc, qui explique que les femmes “cis” donc, les femmes “cis”, c’est nous, ce sont les femmes, on est privilégiées et qu’on a de la chance on est nées dans le bon corps et il se fait passer pour une victime.

Après, j’entends parler du concept du « plafond de coton », qui explique que les lesbiennes qui refusent de coucher avec des hommes transidentifiés sont transphobes et là je me dis que c’est vraiment un problème mondial. Je commence à parler de ce que je découvre avec mon entourage. Mais le problème est que j’ai du mal à m’expliquer car j’utilise le langage des transactivistes. C’est-à-dire que je dis « femmes trans », donc les gens ils ne comprennent pas. Alors je dis : il faut dire une femme si la femme se sent femme parce qu’il faut gentille et il faut respecter le genre de la personne! Et donc du coup, tout en critiquant une mouvance, j’embrouille les gens et je fais de la propagande transactiviste sans même m’en rendre compte et, comme j’ai complètement intégré le langage, et que leur langage est complètement différent du langage commun, cela me coupe du reste des gens.

Mais maintenant, ça y est! Je parle d’hommes et de femmes dont certain.es sont transidentifié.es et je me rends compte que c’est beaucoup plus clair pour tout le monde. Évidemment, c’est plus près de la réalité en fait.

Pour autant, je voudrais préciser que je distingue vraiment les personnes. Alors, c’est très rare mais je distingue les personnes trans – c’est-à-dire qu’ils ne sont pas conformes aux stéréotypes et qui sont transsexuels ou autres et les trans de la vieille école aux transactivistes – qui en fait, n’ont rien à voir.

Ce n’est pas une haine contre les trans, c’est une remise en question d’une idéologie qui est dangereuse. Ce n’est pas contre des personnes. C’est une idéologie anti-femmes.

Marie, rebelle du genre.

Là où j’ai commencé à déchanter vraiment, c’est quand j’ai parlé de cette idéologie aux copines du Planning Familial en Bretagne. Où donc, je pensais être entourée de féministes. Je leur faisais part de mes questionnements et à partir de là, j’ai reçu un déferlement de haine en cascade, des menaces, c’était très (très) violent!

J’ai compris que le Planning Familial, qui au départ est un mouvement féministe, était noyauté par cette idéologie transactiviste.

Pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie est une menace et dans ce cas, pour qui?

Pour moi, le transactivisme c’est une menace politique à différents niveaux.

Pour les femmes, puisqu’on réinvente totalement le concept de femme. Une femme jusqu’ici désigne une personne née avec une vulve dans un monde patriarcal et là, ce qu’ils nous disent c’est que non en fait, une femme c’est « toute personne qui se sent femme ». Ce qui fait que nous n’avons plus de mots pour désigner les femmes et donc, plus de mots pour penser l’oppression des femmes et l’appropriation des femmes par les hommes…

Le patriarcat, c’est un rapport social de domination des femmes par les hommes et les masculinistes vont utiliser la notion de “nature féminine” pour justifier cette domination.

Et “l’essence féminine magique” en fait c’est à la base c’est un concept de masculinistes réactionnaires et là, ils reprennent ce concept en l’appelant identité de genre et ils nous disent qu’il y a bien une essence féminine magique, il y a bien une “identité de genre” de femmes, ce que nous en tant que féministes on réfute depuis des années et ce qu’ils font aussi c’est de nous faire croire que nous tous, nous toutes, je ne sais pas… Les femmes, les trans et tout le monde on a un ennemi commun qui serait le mec “cis” hétéro, mais c’est une grosse arnaque!

Parce qu’en fait il disent : notre ennemi commun c’est le mec “cis” hétéro, sauf qu’ils n’appellent pas à violer et à tuer des mecs “cis” hétéros! Ils appellent à tuer des “TERFS”.

C’est-à-dire, des femmes qu’ils désignent comme “TERFS”!

Marie, rebelle du genre.

Quand ils disent, “ bute une TERF”, leurs vraies ennemies ce sont les féministes et lesbiennes, et ils utilisent le mec “cis” hétéro comme quelqu’un qui va cacher le reste de toute la violence masculine. Car quand on voit qu’il y a des gays qui revendiquent le droit à la GPA, quand on voit qu’il y a des hommes hétérosexuels qui se disent “lesbiennes” qui revendiquent le droit d’accéder aux corps des lesbiennes, on voit bien que c’est une appropriation des femmes par les hommes.

Puis surtout, le féminisme c’est un projet politique, ce n’est pas un projet haineux.

Monique Wittig, j’aime quand elle dit qu’elle est pour la disparition des hommes en tant que classe et pas en tant qu’individus. Parce qu’effectivement, le couple hétérosexuel, globalement, c’est toujours plus bénéfique aux hommes qu’aux femmes. Pour autant, des hommes s’engagent dans la lutte contre les violences faites aux femmes mais ces hommes peuvent êtres autant des hommes hétéros, que des trans, que des gays… Ça n’a rien à voir.

En plaçant le mec “cis” hétéro comme un ennemi commun, ils font disparaître la classe sociale des hommes.

C’est un danger aussi pour les enfants, puisqu’ils expliquent à des enfants qu’ils sont nés dans le mauvais corps. C’est perturbant et complètement faux!

Il y a une explosion de transitions chez les jeunes filles et moi, je vois un parallèle avec les arguments que j’ai beaucoup étudiés, les arguments de pédocriminels des années 70 qui disaient qu’un enfant est capable de consentir quel que soit son âge, qui disaient que l’enfance n’existait pas, qui disaient qu’il fallait couper les enfants de leurs parents parce que les parents sont forcément contre la liberté des enfants. Et je retrouve dans ces argumentaires toute l’idéologie des transactivistes sur la capacité des enfants en bonne santé à consentir un traitement lourd et sur le fait que tout parent qui veut essayer de protéger son enfant, ces parents qu’on va dénigrer comme étant des parents liberticides et aussi sur le fait de nier la réalité :

L’enfance n’existe pas, disaient les pédocriminels,

Les femmes n’existent pas disent les transactivistes.

Un autre danger pour les enfants, c’est qu’on diabolise auprès des jeunes filles le féminisme matérialiste. Ce qui fait qu’on leur dit : n’allez surtout pas voir là-bas, ce sont des méchantes! Ce qui fait qu’on coupe les filles de la culture qui est la nôtre, la culture des femmes.

Marie, rebelle du genre.

C’est un danger aussi pour les homosexuels, puisqu’on redéfinit l’homosexualité. Un homosexuel n’est plus une personne attirée par une personne du même sexe mais du même genre.

En fait, une lesbienne c’est quand même une personne qui est née avec une vulve dans un monde patriarcal et qui de ce fait, est socialement et sexuellement destinée aux hommes. Ce qui n’est pas du tout le cas pour les hommes qui se prétendent lesbiennes. Les lesbiennes, nous avons dû remettre en question notre dressage et pour certaines c’est long, et je suis très bien placée pour le savoir.

C’est aussi un danger pour les transsexuel.les. Parce qu’ils parlent au nom des trans sans définir ce que c’est d’être trans. Ils réfutent le terme de transsexuel qui pourtant existe. Les personnes transsexuelles ont des besoins spécifiques, notamment d’avoir une hormonothérapie suite à des opérations. Et il y a des transsexuel.les qui se rebellent en disant : on n’est pas du tout d’accord avec ce mouvement transactiviste violent envers les femmes et qui nie notre existence de transsexuel.les.

C’est un danger aussi parce que c’est au-delà du féminisme, c’est la victoire du libéralisme. Ils n’ont pas de projet de société.

Je rêve d’une société égalitaire sans classe, sans capitalisme ni patriarcat, sans prostitution et avec de la solidarité et du respect entre les gens. Eux ne pensent pas à une société égalitaire, ils veulent une société où chaque groupuscule et/ou chaque communauté va tirer la couverture à soi au détriment des autres, et ils nient complètement les rapports inégalitaires et structurels de la société. Eux, ne pensent qu’en termes d’émancipation individuelle. C’est totalement libéral!

Ils disent aussi que si tu es opprimée en tant que femme, il ne faut pas chercher à changer le monde! Il faut que tu te changes toi-même et que tu deviennes un homme!

Ils disent aussi, parce qu’ils sont également pro-prostitution, qu’elle est un choix et non, une contrainte économique liée à la pauvreté des femmes dans le monde.

Qu’est-ce qui t’a amené à décider de témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu subis, ou est-ce que tu as subi des menaces, des violences ou du harcèlement?

Quand j’ai voulu parler de ce qu’il se passait au sein du Planning Familial car, je pensais être entourée de féministes, ça m’a valu des mois de harcèlement moral.

J’ai reçu une première lettre d’intimidation dans laquelle je suis traitée de “TERF”, tout en sachant qu’en me traitant de “TERF”, ça pouvait engendrer des violences. Je suis traité de “TERF” parce que je refuse le pénis.

Mon refus du pénis a tout de même été discuté en réunion quand je n’étais pas là…

Marie, rebelle du genre.

Le fait que je ne me considère pas comme privilégiée d’être née avec une vulve et le fait que je ne milite pas pour les traitements hormonaux sur les enfants qu’on appelle trans.

On m’a aussi intimidée pour que je me taise au sujet des violences que j’avais subies, au motif que la personne violente faisait partie du milieu et ça, ça m’a fait super peur en fait.

Le milieu? C’est quoi ce milieu? C’est une mafia ou quoi? On m’a dit “maintenant tu vas te taire, cette personne fait partie du milieu!”. J’ai donc informé le planning de ces tentatives d’intimidation, en expliquant bien que je n’ai de haine contre personne, et les seules réponses que j’ai eues c’est de dire : « Marie se sent en danger, mais ses propos dérangent ».

Je n’ai jamais su ce qui pouvait déranger dans mes propos, et on a nié le fait que j’étais réellement en danger. Cela a eu un impact sur ma santé, pendant des mois j’ai eu très (très) peur. J’avais des crises d’angoisses. J’avais des retours de mes angoisses liées aux violences que j’avais subies dans l’adolescence, puisque de nouveaux on m’imposait des rapports. Enfin, on tentait de m’imposer des rapports hétérosexuels, et j’étais en panique totale parce que jusqu’ici, ce qui m’avait protégée, c’était le mouvement féministe. Je me sentais totalement impuissante et là, depuis quelque temps j’arrive à retrouver un sommeil à peu près satisfaisant.

Alors oui, je suis en danger mais je me dis que me cacher ne va pas changer grand-chose à ma situation. Cela ne va pas améliorer ma situation. Et oui! Je veux témoigner et dénoncer ouvertement. Parce que j’en ai marre de me plier à leurs diktats qui me disent maintenant, tu vas te taire!

Puis, depuis que je parle publiquement, depuis qu’avec des copines on s’organise, je me sens moins impuissante et ça fait que je commence à aller mieux.

Marie, rebelle du genre ou la parole qui libère.

Donc non, je ne vais plus me taire! Même si je sais que je suis en danger!

Merci Marie! Est-ce que tu as quelque chose à ajouter à ton témoignage?

Oui! Ce que je veux ajouter c’est ce dont j’ai envie. C’est que nous les femmes, ensemble, nous retrouvions du pouvoir politique, du pouvoir collectif et qu’ensemble, les femmes, nous nous sentions plus fortes contre le patriarcat.

Merci d’avoir écouté notre parole, merci à Marie pour son précieux témoignage et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour apporter votre témoignage, en remplissant ce formulaire et en nous laissant un moyen de rentrer en contact avec vous : https://linkfly.to/rebellesdugenre

Mercie les femmes!

Mathilde, rebelle du genre.

« Comment je suis devenue critique du genre » Des femmes qui ont des ovaires!

Ce n’est pas moi qui lis mon témoignage. Parce que des gens que j’aime se mettraient à me haïr s’ils m’entendaient dire ces mots.

Mathilde, féministe et rebelle du genre.

Peux-tu te présenter rapidement s’il-te-plaît?

Je m’appelle Mathilde, je suis une femme homosexuelle, j’ai la quarantaine et je vis dans le nord. Ce n’est pas moi qui lis mon témoignage. Parce que des gens que j’aime se mettraient à me haïr s’ils m’entendaient dire ces mots.

Peux-tu décrire le parcours qui t’a amenée à devenir critique du genre ?

J’ai été abolitionniste du genre sexiste dès que je l’ai perçu étant gamine, mais je n’avais pas vu l’idéologie transgenre prendre le dessus. 


Il y a 10 ans, je croisais régulièrement des hommes se disant femmes sur gayvox, un site de rencontre entre personnes homosexuelles. Je ne voyais pas ce que ces hommes hétéros faisaient là, mais ils ne me gênaient pas.

J’ai sympathisé avec l’un d’entre eux, un mec très sympa. Je faisais comme s’il était une femme par courtoisie, sans réfléchir à ce que ça pouvait impliquer. 

Ce n’est qu’il y a un an environ que j’ai vu que j’avais eu tort.

Mathilde, militante féministe et rebelle du genre.

J’ai cherché des groupes féministes sur facebook et j’ai été vite étonnée de voir que le mot genre était partout, et que les gens ne parlaient pas de l’abolir. J’ai aussi vu que dans les règles de groupe et dans les sujets abordés il y avait une grande place pour des hommes, ceux disant être des femmes.

J’ai cru à un malentendu sur le vocabulaire. Je crois que ça a été ma première intervention sur un groupe transféministe, dire que je tenais à ce qu’on conserve la définition du mot femme. J’ai expliqué longuement que sinon ça m’obligeait à choisir un genre vu qu’en français le neutre n’existe pas, et puis que le mot genre comme on l’utilisait avant était très utile pour lutter contre le sexisme en distinguant le culturel du naturel.

Mon pavé a été supprimé aussitôt, sans un mot.

J’ai donc été silenciée pour des propos féministes dans ce qui se présentait comme un des plus gros groupes féministes. C’est là que j’ai compris qu’il y avait un gros problème et que le féminisme avait besoin de sang neuf.

Mathilde, militante féministe et rebelle du genre.

Alors j’ai cherché à comprendre et j’ai découvert la guerre « anti-terfs » et le principe des collages féministes créés par Marguerite Stern détourné pour insulter les féministes, comme  « les terfs au bûcher ».

J’ai commencé à chercher la discussion avec les tenants de cette idéologie pour parler des définitions et je me suis rendu compte qu’ils ne voulaient pas répondre. Ils disent « une femme est une personne qui s’identifie à une femme ». Ca ne définit rien et le premier mot femme dans cette phrase ne peut pas avoir le même sens que le second, donc la phrase se contredit elle-même.

J’ai cherché des lieux où on avait le droit de parler de vrai féminisme, et après quelques déconvenues j’ai trouvé les féministes radicales et leurs alliés.

Peu à peu j’ai découvert un tas d’anecdotes liées à la négation de ce que sont les femmes :

Un violeur enfermé en prison pour femmes, un concours de beauté pour femmes gagné par un homme, des hommes battant des records sportifs dans la catégorie femmes, un exhibitionniste montrant sa demi-molle à des gamines dans un spa censé être réservé aux femmes, un homme recevant un prix pour les femmes d’affaires, des gens décrivant l’homosexualité comme une « préférence génitale transphobe », des hommes infiltrant les refuges pour femmes battues, des hétéros en tête des gayprides, des hommes en tête des marches féministes, etc.

Mathilde, militante féministe et rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes et leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société et pour la démocratie ?

C’est une menace pour tout et tout le monde sauf les pervers à qui ça profite, les hommes qui veulent dominer les femmes. Parce que le langage est ce avec quoi on pense, or l’invisibilisation des femmes dans le langage n’a jamais été aussi gigantesque malgré une langue française déjà extrêmement marquée par la misogynie auparavant. Parce que le féminisme est diabolisé, parce que l’homosexualité est niée, et parce que quoi qu’ils en disent, le genre sexiste est la base même de l’idéologie transgenre.

Il y a un ‘immense trou béant dans leur idéologie : ils n’ont aucune définition alternative à proposer pour le mot femme, alors que c’est le point central de leur croisade. J’ai été voir dans des groupes de trans, là non plus ils ne donnent jamais de définition. S’ils donnaient une définition tout s’écroulerait, parce qu’ils admettraient soit que les trans veulent être considérés comme étant du sexe opposé mais ne peuvent pas être du sexe opposé, soit que c’est l’ensemble des stéréotypes sexistes qui dirige leur idéologie.

Tout ce que je demande, c’est qu’on ne vole pas le mot qui nous définit et les espaces réservés aux femmes qui compensent un peu le patriarcat dans lequel nous vivons.

Mathilde, militante féministe et rebelle du genre.

Chaque fois que j’essaye de faire comprendre mon point de vue aux transactivistes, je suis traitée de « terf » et de « transphobe ». Un homme se disant femme m’a dit « je vomis sur ton visage ». Un autre m’a dit « une terf, un oeuf », en référence à des jets d’oeufs envoyés par des transactivistes sur des féministes.

Ce qui me choque ce n’est pas la violence de ces hommes envers des femmes : elle n’a rien d’exceptionnel.

Ce qui est terrible, c’est que la majorité des femmes l’approuve. Nous sommes devenues l’ennemi à abattre, c’est no limit!

Au lieu de nous battre contre une vieille culture misogyne, nous sommes obligées de nous battre d’abord contre la nouvelle chasse aux sorcières, contre ces hommes qui détruisent le féminisme de l’intérieur.

Nous remercions Mathilde qui nous a confié son témoignage important et qui m’a permis de le lire. 

Pour signer la Déclaration des Droits des Femmes fondés sur le sexe biologique : https://www.womensdeclaration.com/fr/

N’hésitez pas à prendre contact avec noues pour apporter votre témoignage en remplissant ce formulaire et en noues laissant un moyen de rentrer en contact avec voues : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfJsDG_54NnwJ5RIQbMb0vnKUiH7_7OVNm8JoHazk-Rko_QOw/viewform?fbclid=IwAR0CFev44EzmiToaW41wC2U2sCeroatSwVBUVHHQQT7K046M0nsJDOFd4M4

Mercie les femmes!

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