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Marian, rebelle du genre.

Je m’appelle Marian Lens, je suis sociologue et activiste lesbienne depuis la fin des années 1970.

Marian, rebelle du genre.

Je suis née en 1959 et j’ai maintenant 62 ans.

Je vis à Bruxelles, donc en Belgique et j’avais 19 ans quand j’ai fui, quitté ma famille. Donc j’ai payé moi-même mes études universitaires puisque jeune adulte, j’ai dû partir pour un peu sauver ma peau et depuis ce moment-là, donc, je suis très fort engagée en tant qu’activiste lesbienne.

J’ai fait partie des archives lesbiennes, les deuxièmes archives lesbiennes au monde qui s’appelaient les Lesbiannaires en 1980.

Marian, rebelle du genre.

De 1985 à 2002, j’ai fondé et tenu la librairie lesbienne Artémis, librairie que beaucoup connaissent aussi en France puisque chaque année, j’allais au très grand festival ciné-club qui s’appelait Cineffable et qui est devenu le grand festival international de film lesbien que l’on connaît. Nous avons vécu pendant 18 ans, ce qui est une des plus grandes longévités de librairies féministe.

Dans le monde féministe en moyenne, c’est 3 à 5 ans.

À une époque on nous disait : « Oh là là c’est suicidaire ce n’est qu’une utopie, tu es folle! »

Mais la folie peut amener beaucoup à des voies de créativité … et c’est comme ça qu’on change  le monde, aussi!

Actuellement j’ai relancé une association lesbienne qui s’appelle L-Tours depuis 2012-2014 et là je le fais par une voie, qui a l’air moins politique mais qui ne l’est pas du tout moins, donc de donner par l’histoire « herstory/history », comme on dit en Anglais, l’histoire de lesbiennes, des femmes et du mouvement général, comme on dit actuellement « LGBT » ce qui me permet moi, d’utiliser cet angle là pour parler du général et de notre histoire qui n’est évidemment jamais reproduite ou rarement, ou à titre exceptionnel, ou anecdotique.

C’est un outil très précieux et très politique finalement.

Entre-temps, nous organisons aussi des conférences qui sont enregistrées et mises sur le compte YouTube et nous avons lancé depuis 2019, fin 2019, un site sur lequel nous retranscrivons des articles qui ont été réalisés dans le passé ou actuellement, qui expliquent l’histoire des mouvements lesbiens féministes, tous les débats qui sont vraiment des analyses de fond sur les questions d’identité, les nouveaux masculinismes, dont nous parlerons notamment dans ce podcast-ci.

Je suis issue d’une famille très traditionnelle, très catholique, très « hétéro sociale » et la seule différence qu’il y avait pas entre mon frère direct et moi, à qui je ressemblais très fort physiquement (il y avait à peine une année différence) …

Là, j’ai vu tout de suite le monde de différence qu’il y avait entre les garçons et les filles.

Il y a les garçons et leur monde de possibilités alors que moi, je n’étais qu’une fille… Aucun horizon ne m’était permis en tant que fille.

C’était une famille très très très conventionnelle donc les filles étaient plutôt les esclaves de la famille, c’était nous qui n’arrêtions pas de travailler. Faire la vaisselle,  à manger, s’occuper de tout, accueillir les familles élargies (en Flandre les familles sont avec  énormément d’enfants donc on passait [le temps], plutôt que de jouer, voilà on travaillait).

Ma mère était particulièrement abusive et conservatrice, elle  était misanthrope, antisémite aussi et extrêmement sexiste. Et c’est il n’y a pas si longtemps, il y a quelques mois, que j’ai appris qu’en réalité elle n’avait pas envie de fille, elle n’aimait pas les femmes. Et ça je ne l’avais jamais su.

Si j’avais su, je serais partie encore plus tôt que mes 19 ans je crois… Cela explique énormément de choses sur le fait qu’on n’existe pas en tant que fille et que nous n’avons aucune perspective d’avenir en tant que telle.  Ca expliquait aussi mes colères et ma rébellion. Quand j’étais enfant j’étais très révoltée, très rebelle, à la fois très soumise comme beaucoup de filles… Je restais quand même assez rangée je crois, puisque bon… On me choisissait généralement comme déléguée de classe aussi, comme j’étudiais facilement.

Et en même temps je portais les révoltes.

Marian, rebelle du genre.

Donc tout ça c’est toujours resté, cette notion de devoir changer les choses, que la vie n’était pas juste, qu’il y a beaucoup d’injustices.

En même temps je me rendais compte, par rapport à des copines de classe que, alors que pourtant j’étudiais facilement, quand j’expliquais que je devais lire en cachette, les gens étaient ahuris. Mais c’était ma réalité : en réalité, le seul endroit où on me foutait la paix, c’était les toilettes ! Je connais une autre amie, sociologue,  qui a eu la même situation. On n’avait pas le droit de perdre notre temps, et très souvent, je lisais mes ouvrages scolaires là-bas. Ce qui est hallucinant quand on y pense ! Mais voilà ça montre aussi que, même si on est dans des situations impossibles, on trouve toujours des manières de continuer à rêver de savoir qu’un jour on pourra changer les choses. Et moi c’était ça qui me stimulait.

Par rapport à l’identité, donc j’étais cataloguée fille, oui voilà. Je ne voulais pas être un garçon. J’avais déjà cette notion que ce n’était peut-être pas une évidence, même si je peux mieux l’expliquer évidemment maintenant.

Je ne voulais pas devenir une femme. ça c’est quelque chose qui est venu très tôt donc quand j’étais enfant, jeune adolescente. J’étais constamment humiliée, freinée en tant qu’enfant, mais c’est surtout l’adolescence que ça n’a fait qu’empirer. Quand mes seins, ma poitrine s’est mise à se développer. Et pourtant, franchement, j’étais une maigrelette, ça ne se voyait pas trop. Les blagues graveleuses et vicieuses ont commencé à émerger de plus en plus au sein de la famille et en dehors. Les tentatives d’attouchements, enfin je n’apprends pas grand-chose à beaucoup de femmes… et par réaction de défense, j’ai fait de l’anorexie. À l’époque on appelait ça un anorexie nerveuse. Pour moi c’était tout sauf nerveux :  c’était conscient. Je ne voulais pas de seins. J’avais remarqué que ça faisait diminuer les agressions aussi.  Et j’ai arrêté parce qu’on m’a menacée de me nourrir de force.

 Je crois que ce n’est pas un hasard que ce que j’ai choisi, c’est la sociologie. Parce que je voulais comprendre le monde. Et je crois que ce n’est pas un hasard si le sujet de mon mémoire de master, à la fin des années 79, début des années 80, est devenu un sujet de remise en question de ce qu’on appelle maintenant la théorie du genre, enfin la remise en question des constructions de l’élaboration des catégories homme/femme.

Ca a été d’ailleurs le premier mémoire universitaire qui a été fait sur le sujet, vous imaginez on est en 1980, le titre était « Perspectives d’analyse de l’idéologie la différence dans un système hétéro patriarcal. »

Marian, rebelle du genre.

À l’époque ils n’avaient jamais entendu ça, vous imaginez bien !

Le fait que déjà dans cette université, (c’était l’université libre de Bruxelles, qui était considéré comme laïque, qui l’est, de philosophie) et qui n’était en fait abonnée à aucune revue féministe à l’époque ! Il y avait d’autres universités, très peu qui l’étaient, à des revues scientifiques féministes américaines, mais ce qui n’était pas du tout le cas à Bruxelles. Donc pour eux c’était vraiment déjà hallucinant. Non seulement de venir avec un sujet féministe en soi, mais en plus de remise en question de l’hétérosexualité ! Ca, c’était du jamais vu, du jamais entendu.  Et la construction, puisque je parle de l’idéologie de la différence, la construction des notions dites de sexe à l’époque (actuellement on parle plus de genre, mais bon, c’est du pareil au même), c’est la création des notions, des concepts et des réalités homme/femme.

Et l’idée  aussi à une autre imposition : l’hétérosexualité, donc tout le système hétéro social. Là-dedans, je développais aussi que c’était une oppression, que ce n’était pas juste des discriminations, que  c’était tout un système social, économique et politique qui était basé sur une binarité inventée. D’ailleurs le mot « sexe » vient de secare, qui veut dire séparer, et ça je le développais dans ce qui était en réalité déjà un début de doctorat. Et que la création de genres « homme/femme » à l’époque on disait bien deux sexes, c’était évident, était imposée par un ciment : c’est que le sujet dominé, donc les femmes, devait aimer leur oppresseur par l’hétérosexualité.

La construction sociale autour de l’hétérosexualité imposée comme conditionnement. Et tout ça c’était beaucoup trop…

Donc ce qui s’est passé, c’est qu’évidemment tout le monde était quand même impressionné, puisque le professeur sentait bien l’analyse qui était derrière  (et aussi des assistantes qui étaient des femmes, qui n’osaient pas dire ouvertement qu’elles étaient féministes, mais qui se reconnaissaient en partie dans ce genre d’analyse). Et au lieu d’avoir un jury de trois personnes, trois professeurs, il y a eu là une dizaine, une douzaine de personnes qui se sont déplacées pour venir écouter le « débat du siècle » qui était très houleux, comme vous pouvez l’imaginer.

L’hostilité, à l’époque, était très directe. Donc on avait des insultes énormes aussi de la part des professeurs et c’était très très tendu.

C’était post 68, on est presque 10 ans après. Mais les remises en question fondamentales ne passaient pas bien sûr au niveau de l’université et tout le monde sait aussi que la libération dite sexuelle des années 68, c’était une libération pour les hommes qui avaient alors un accès absolu aux femmes.

Marian, rebelle du genre.

Alors oser dire ça, évidemment, ça ne passait pas du tout. Mais venir avec un système d’analyse qui remettait tout en question, ça c’était du jamais vu et la riposte a été violente. Ils n’ont pas pu arrêter le master, ils n’ont pas pu ne pas me donner mon diplôme mais par contre on m’a bloqué toute possibilité de pouvoir faire de la recherche, du travail de recherche, ou de professorat, dans le milieu académique universitaire alors que tous mes profs du secondaire m’y voyaient… et pour moi, c’était un petit peu mon rêve : changer le monde par là, par les études les plus développées… parce que vraiment, j’y croyais. Je pensais vraiment que ça allait pouvoir être possible.

Et c’est ma révolte qui m’a aidée. Puisque j’étais tellement en colère de m’être rendu compte que mon professeur n’avait même pas lu mon travail, qu’il avait fait lire par son assistante, parce qu’il n’allait quand même pas perdre son temps avec ce genre de sujet…. C’était révoltant, voilà ! Mais bon, c’était la réalité dans les début des années 80. Il ne faut quand même pas oublier que 40 ans plus tard, c’est-à-dire il y a quelques années,  j’ai essayé de revenir avec ce sujet en me disant, quand même, presque un demi-siècle après, ça devrait être possible. Eh bien non. Et surtout pas non plus dans les milieux dits LGBT. Non plus ? Ce sont des sujets qui font toujours peur. Par exemple, à trois autres reprises, j’ai été censurée les dernières années rien que sur la possibilité d’en discuter, avec un titre aussi – me semblait-il- neutre que « Pour une abolition des catégories dites sexe ou de genre, et pourquoi pas ? » Eh bien, trois fois censurée. Donc ça montre, effectivement, que, un demi-siècle après, 40/50 ans après, on n’y est pas encore vraiment, et pour cause. En Belgique les Master de genre ne se sont développés qu’ il y a quelques années, donc finalement, historiquement c’est extrêmement tard. Quand on y pense, on est déjà au début du XXIe siècle. Il y a eu, rien qu’au XXe siècle, plusieurs mouvements féministes : les suffragettes au début du 20e, les deuxième et troisième mouvements féministes à la fin du siècle passé, et on en est au début du 21e, et on en est encore toujours là finalement. De ne pas pouvoir aller à la racine des choses, de faire des analyses radicales, parce que c’est de là  que vient le mot radical, les analyses lesbiennes radicales, les analyses féministes radicales, ça veut simplement dire (et c’est bien sûr tout un programme) « aller à la racine des choses, vouloir comprendre jusqu’au bout ce que cela veut dire ». Eh bien voilà il y a encore énormément de choses,  quelque part, sur ce plan-là, sur la remise en question des civilisations, on n’en est qu’à la Préhistoire.

On est dans une époque très forte dépolitisation, il faut le dire. Donc on redevient un peu minoritaire, quand on vient avec des analyses « qui osent » remettre en question un fonctionnement social et politique, c’est redevenu aussi percutant, quelque part, que dans les années 60, 70, 80 et 90 etc. Sauf que c’est différent à chaque époque. Il y a évidemment les difficultés intrinsèques et les positivités. Pour moi par contre, ce que je vis, c’est qu’on me demande de plus en plus, de pouvoir lire mon Master, pour la première fois, alors que jusqu’à présent, personne ne voulait en entendre parler, vraiment personne, très peu. Et là je sens vraiment un changement réel, donc on ne doit pas sous-estimer c’est simplement ça que je dis. C’est qu’ en réalité je crois qu’on est dans une période politique où nous sommes nettement plus fortes qu’il y a 40 ans et qu’on nous le fait bien sentir, qu’on essaie de tout faire pour faire taire.  Et ça, on ne doit pas le sous-estimer.

Il ne faut pas que nous sous-estimions notre force.

Marian, rebelle du genre.

Moi, je suis de cette génération qui n’a pas arrêté. J’ai cette chance de pouvoir parler de mon histoire, c’est quand même très nouveau, historiquement ! Et je tiens bien à le faire.  Même s’il y a eu pour ma part dès la fin des années 90 début des années 2000 un burnout politique réel, comme beaucoup de ma génération… Eh bien nous sommes là ! Nous sommes beaucoup, de retour ! Certaines sont toujours restées et il y a cette nouvelle génération, de tous âges.  Quand je dis ça, c’est des nouvelles générations de toutes origines culturelles qui se retrouvent maintenant … et veulent parler de ça. Mais n’osent pas, la plupart du temps parce qu’ il y a cette contre-offensive, ce backlash, ces conservatismes qui sont là.

Et des nouveaux masculinismes… Mais il fallait s’y attendre, avec des moyens énormes, et nous sommes dans cette période politique du meilleur et du pire. Sauf que je crois, et ça c’est ma conviction,  c’est qu’il y a un peu plus de meilleur que de pire. Certainement dans nos contrées à nous, si on les compare à d’autres. Franchement ne fût-ce qu’évoquer le fait de revendiquer des choses, en tant que de fille ou femme, qu’est-ce que ça dit ? Ici nous sommes quand même dans une période où nous pouvons nous exprimer, même si nous subissons beaucoup de répression et de violence. Il faut quand même relativiser et savoir que, au contraire, nous avons acquis et atteint beaucoup de choses, et que nous sommes dans une phase historique de grosse lutte de nouveau, très frontale, et il fallait s’y attendre… donc moi… j’en ai tellement vécu, de hauts et de bas, et c’est ça que j’explique aussi dans mes parcours. C’est un parcours en dents de scie mais tant que quand on monte avec la main, tant que la courbe  médiane, la main monte, en dents de scie, ça veut dire qu’il y a une progression.  Et cette progression-là existe, il ne faut pas la sous-estimer. Il faut vraiment croire en nos forces, et il faut continuer.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie du genre est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, et pourquoi pas, pour notre démocratie ?

Pour tout ça en fait, elle est très dangereuse. Pourquoi?

Parce qu’elle passe sous silence l’oppression des femmes par les hommes. En prétendant avoir une approche scientifique ces “académiciens et académiciennes” n’ont cherché qu’à aseptiser complètement la question. Et il y a là, un véritable déni d’oppression.

Ce déni est un mot très fort, parce que l’on en plein négationnisme, parce que ce que l’on constate actuellement c’est qu’il y a beaucoup de d’études académiques qui sont tout à fait référencées et qui pourtant, donc, nient le fait que il s’agit bien d’un d’un système d’oppression, parce que quand il y a un tel niveau de discrimination, avec autant de violence (je parle des viols qui vont jusqu’aux féminicides, qui sont considérés encore toujours comme des faits divers, comme faisant partie d’une sorte de nature), il y a quelque chose qui ne va pas.

Quand on parvient à reconnaître le racisme, le fait de trouver le prétexte de couleur de peau d’origine culturelle pour ancrer des différences très graves qui vont jusqu’à l’esclavagisme… et qu’actuellement le reconnaît… le fait que quand il s’agit de ce qu’on appelle “les femmes” ça passe sous silence… on relativise et on banalise ce taux de violence qui qui est le plus élevé qui existe… Eh bien c’est très grave. Parce qu’on va nier des réalités pour une masse de personnes, et on va nier aussi que des mécanismes… par exemple la gestation pour autrui un qui révèle en fait un niveau de violence énorme qui renaît… De véritables traites contre les femmes et les enfants! Mais de banaliser ça à des choix personnels et individuels, c’est en fait faire du révisionnisme et du négationnisme.

C’est ne pas reconnaître les choses telles qu’elles sont. Et nous en sommes toujours là.

D’ailleurs dans le monde académique, il faudrait un nouveau mai 68 ! Sauf qu’il faut mieux que ça parce que Mai 68, c’était plutôt une libération de la sexualité pour les hommes, mais pas pour les femmes.

Marian, rebelle du genre.

Le mouvement #MeeToo a montré qu’une masse de femme qui n’osaient pas se dire féministes ont enfin osé faire le pas,  il montre à quel point ce taux de violence est redevenu très, très fort. 

Qu’il n’est plus possible d’invisibiliser ce qui se passe. 

Beaucoup de femmes l’ont compris et le disent. Même celles qui n’osaient pas se dire féministes. Sauf que ce n’est pas suffisant.

Parce que nous sommes de nouveau, pour nous, les femmes, dans une situation politique de backlash. Qu’est-ce que ça veut dire?

C’est un contexte actuel, social, politique et économique, c’est un véritable retour en arrière. Et le COVID, malheureusement, va accentuer ça. Il l’a déjà fait.

Ce sont toujours les plus “minorisées”, et on peut mettre franchement au féminin, qui sont les plus touchées. Et actuellement, c’est ce qui est en train de se passer. Si ça va mieux pour une couche, une certaine couche préservée d’hommes et de rares femmes, ce n’est pas le cas de la majorité.

Donc on peut  toujours parler d’un phénomène de minorisation de ce groupe social qui est le plus grand qui existe, celui des femmes… Des enfants qui, à la naissance, ont été catégorisés, estampillés comme telles :  des filles et des futures femmes. Ce n’est pas un choix, c’est quelque chose qui est imposé à un petit être, un petit amas de cellules.

On va créer deux catégories tout à fait arbitraires, comme le racisme, en trouvant prétexte dans la nature pour créer des différences. Et là, en l’occurrence, c’est ça : on écarte les jambes de ce petit corps tout à fait innocent, et on va décider : « Ah, on fait deux boîtes, hop : garçon ou fille ». Et on hiérarchise ces boîtes. Parce qu’elles ne sont pas l’une à côté de l’autre.

Il y a une boîte en dessous et l’autre au-dessus, et la boîte au-dessus, évidemment, est la boîte qui a tous les privilèges.

La boîte du dessous, est la future boîte contenant ces petits êtres qui vont devoir servir la boîte supérieure… Donc, ce n’est pas un choix.  Le choix c’est de refuser de continuer à rester dans ces boîtes.

Marian, rebelle du genre.

Quand on parle de boîte, ça montre bien les limites.

On ne peut pas se déplacer, aller d’une boîte à l’autre, non, non! C’est un système social imposé. On ne fait pas ce qu’on veut.

Et quand on explique ça de manière très imagée, c’est réel!  Il y a des milliards d’êtres humains, mais il n’y a que deux boîtes. C’est d’une violence énorme évidemment.

Et actuellement, en ce début de XXIe siècle on prétend qu’on peut choisir… Mais depuis quand on choisit une oppression? Personne ne le fait! Une oppression, s’il y a  bien quelque chose qui est imposé, c’est une oppression! Les petits êtres appelés filles, qui ne voulaient pas être là, et qui vont devoir servir les êtres supérieurs que sont les hommes, n’ont pas le choix! 

Après on peut choisir de déconstruire, en attendant c’est tout un système de conditionnement très violent… D’ailleurs le mot “éduquer”…  si c’était naturel il ne faudrait pas éduquer! On va éduquer ces futurs êtres, vraiment faire tout pour qu’elles, et ils, restent dans leur boîte respective. Et ça s’appelle l’éducation. Le mot, comme le mot sexe “secare” qui veut dire séparer, éduquer vient de “educare”  qui veut dire “redresser ce qui est tordu”. Donc quand on sait ça, c’est un fameux programme! Et on comprend toute la violence qu’il y a là-dedans. 

On comprend aussi tous les mots qui stéréotypent comme “garçon manqué”… Il faudrait savoir : si on est une fille qu’on appartient “naturellement” à cette boîte-là, eh bien il ne faut pas éduquer : on est “naturellement” cette chose qu’on est censée être. Le fait qu’on doive éduquer et par après, avec des systèmes punitifs extrêmement graves (qui vont jusqu’à aux sanctions économiques,  quand on voit les  salaires ce sont des sanctions économiques, il ne faut pas oublier ça), pour rappeler l’asservissement, pour rappeler les différences qui ont été créées de toutes pièces, et surtout maintenir la catégorie soumise dans une situation économique de soumission. Parce que moins vous avez de moyens, plus c’est difficile de se révolter, d’exiger la même chose… 

Nous en sommes toujours là. Donc quelque part, c’est hallucinant… On est en début de XXIème  siècle et qu’on doive encore toujours essayer de prouver ces réalités violentes-là… de prouver que le faite qu’on tue un être parce qu’elle est une femme, c’est du féminicide et c’est d’ailleurs les féministes qui ont inventé ça, cette notion d’être tué par ce que femme, ça a été créé  en 1976, lors d’une très grande rencontre mondiale, la toute première, qui s’est d’ailleurs passée à Bruxelles. Il y a eu des délégations de 40 pays de femmes qui sont venues avec ça, en disant que non, il n’y a  rien de moins naturel, que c’est construit, c’est une violence. La violence imposée d’hétérosexualité c’est une violence, lors du tribunal des crimes contre les femmes.

Donc quand on pense que ça va faire un demi-siècle que ça été dit … et que c’est toujours pas reconnu au niveau des politiques des pays dits démocratiques européens…  c’est hallucinant.

Par exemple, en Belgique, on reconnaît le fait d’avoir été tué, agressé,  tué en parce que homosexuel c’est un fait aggravant, au niveau du pénal. La Belgique n’a toujours pas reconnu le fait d’être tuée en tant que femme comme un même type de violence. Parce que c’est ça que ça veut dire…

Marian, rebelle du genre.

D’ailleurs, nul part dans le monde. Il y a un seul pays qui commence à le reconnaître et c’est nouveau.  C’est hallucinant et ça montre à quel point on est très en retard à ce niveau-là.  Et donc oser venir et dire que non, le genre c’est une c’est une approche complètement aseptisée, inacceptable d’un phénomène de violence aussi grave. Ça ne va pas,  on ne peut pas l’accepter.

Actuellement oui on constate qu’on est dans un retour des masculinismes et de nouvelles formes, extrêmement agressives : les intégristes trans qui sont minoritaires,  sont en fait très très forts politiquement. Ils font très peur et réussissent à s’imposer dans les milieux académiques  mais aussi politiques. Et ça je connais peu… je ne connais aucun Etat où ce n’est pas le cas. 

Donc ils sont… Les mouvements LGBT sont devenus beaucoup plus réformistes,  voire conservateurs,  et ont des ailes extrêmement conservatrices. Mais on ne voit jamais l’intégrisme, quel qu’il soit, (ici, par exemple, trans) comme étant en fait, finalement, un mouvement extrêmement masculiniste, extrêmement ultraconservateur.

Qu’est-ce que ces mouvements? Eh bien on le sait  : ils sont foncièrement anti femmes, ces pauvres petits êtres qui n’ont pas choisi d’être catégorisées comme ça. Eh bien, il y a cette haine de ces êtres soumis. D’autant plus quand ces êtres se révoltent. C’est le cas des féministes.

Donc,  évidemment, ces mouvements intégristes sont foncièrement antiféministes, profondément sexistes, profondément  lesbophobes aussi. Pourquoi? Parce que ce sont celles qui leur échappent le plus. Il ne faut pas oublier que ce sont celles qui ont refusé d’aimer des hommes, en n’aiment “que” des femmes (entre guillemets le “que”). C’est comme ça que eux le perçoivent et c’est pour ça aussi par exemple que dans certains pays les lesbiennes sont particulièrement torturées, jusqu’au meurtre, assassinées parce que les femmes les plus libérées à leurs yeux. C’est la haine de ces êtres qui sont à leurs yeux nées pour servir et être asservies, et voire pourquoi pas pour qu’ils puissent s’en amuser jusqu’à les torturer et pourquoi pas les tuer, finalement c’est quand même un droit absolu.  

Donc c’est ça qu’il ne faut pas sous-estimer : ce sont des personnes qui sont fondamentalement haineuses. 

Et nous, notre force, c’est que nous pouvons expliquer et développer ça. Et on ne doit pas sous-estimer effectivement ce qu’on va provoquer chez eux. Et c’est ça qui se passe, en fait : on subit un niveau de haine à un degré ultime, complètement décomplexé,  et ça c’est par contre … Ce n’est pas nouveau, la haine, la répression des femmes : il suffit de voir Boko Haram, c’est ce qu’il s’est passé. L’enlèvement, l’esclavagisme, et puis tuer des esclaves… ça n’a aucun sens, si ce n’est de servir comme instrument de peur, pour bien montrer : « écoutez, si vous n’écoutez pas, je vais aller jusque-là »…

Ça fait peur, et ça marche très bien! D’ailleurs la plupart des femmes le savent très bien, c’est à leur risques et périls si elles sortent la nuit, si elles sortent dans des endroits considérés comme des lieux majoritairement pour les hommes, mais eux le savent très bien, nous sommes toujours dans ce monde-là, toujours dans un monde qui ne nous appartient pas. L’espace public est toujours un monde dangereux et privé.

Il ne faut pas oublier qu’une fille, une femme sur trois va subir un très haut taux de violence dans ce qui est considéré comme une sphère protégée qui est la famille. Or, on sait très bien que les premières agressions viennent d’abord de proches.

Marian, rebelle du genre.

C’est ce que les féministes ont toujours analysé et dénoncé. et on en est encore, toujours à devoir reprouver , revenir avec ces analyses et toute cette masse de travail théorique qu’on a fait, qui a été complètement dénigrée et qui disparaît de plus en plus, même dans des  sphères dites “scientifiques” que sont les milieux académiques et universitaires.

Et c’est ça qu’on provoque. On n’en est encore qu’au tout début de la remise en question du patriarcat.

Tu témoignes aujourd’hui sous ta réelle identité, pourquoi? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as déjà été mise en danger ou est-ce que tu as perçu un danger pour toi ou pour ton entourage? Ou est-ce que, au contraire, tu te sais en  sécurité pour parler librement de ce sujet?

Je dois dire que depuis que je suis petite, je ne me suis jamais sentie en sécurité, jamais… Donc pourquoi j’ose? Mais parce qu’en fait, les personnages que je lisais quand j’étais enfant,  c’étaient ces personnes qui osaient… Et j’ai toujours eu cette notion d’urgence, qu’il n’y a pas de temps à perdre. Je choisissais des personnages qui disaient ça, aussi et je trouvais ça tellement vrai.

Ne rien faire, c’est laisser faire.

Marian, rebelle du genre.

Très tôt, j’avais compris ça et j’avais compris aussi qu’on obtenait du résultat à se révolter, à exiger des choses, a demander.  Si c’était structuré, bien pensé, etc.

Mais ce sont des stratégies qu’on développe déjà enfant.

Moi, enfin, je développais déjà des stratégies de défense. J’étais un enfant très renfermée, et ça m’a permis de me protéger, par exemple je n’ai jamais vécu mes attirances enfant, adolescente, parce que je savais que c’était dangereux. Et j’ai bien eu raison, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle je suis partie à 19 ans. Je savais que d’autres personnes avant moi avaient réussi à le faire, à trouver un job, à partir, donc c’est ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais retrouvée à la rue, mais oui j’ai dormi avec un manteau parce que je n’avais pas de quoi me chauffer. J’étais dans une mansarde où il n’y avait même pas de quoi préparer à manger, c’était comme ça…Et c’était pas le 19e siècle, je parle de la fin des années 70, début des années 80, donc ce n’est pas si vieux que ça. 

Et si c’était à refaire, je le referai parce que c’est ce qui m’a sauvée. J’ai connu beaucoup de solidarité.  J’ai connu plus de solidarité que de répression à partir du moment où j’ai pris ma vie en main, c’est-à-dire quand, en tant que jeune adulte, je suis partie.   et je ne suis pas la seule. C’est vrai que ça aidait beaucoup de savoir qu’on n’est pas la seule, même si à l’époque j’étais très isolée et que je pensais être seule au monde. On a toujours l’impression qu’on est seule. C’est vrai que on n’est pas beaucoup, pas très nombreuses, mais avec le temps et avec ce qu’on fait, on découvre d’autres comme nous puisque, théorie au moins, on sait qu’on ne peut pas être la seule, ce n’est pas possible. 

Alors, la répression, oui, je n’ai toujours connu que ça : en tant qu’enfant, on me remettait à ma place. Il y a 1000 façons de le faire. Je voyais bien les libertés que mes frères avaient et que ma sœur et moi, n’avions pas du tout. Moi, j’étais la plus révoltée des deux, donc j’ai pris les premiers coups… et tous les coups! La censure, je connaissais. Mais ça ne m’a pas empêché de fuir, de partir et d’oser, de dire. Il ne faut pas avoir peur de le faire. Parce que, comme disait Audre Lorde : “Your silence will not protect you”, “Votre silence ne vous protégera jamais”. C’est un état de fait. C’est une féministe noire lesbienne qui le dit. Or, elle, avec les sur-discriminations qu’elle a subies, savait vraiment de quoi elle parlait. Alors osons, osons le faire, osons le dire … et nous en sommes toujours là. Nous ne sommes pas seules, au contraire, nous sommes des mouvements très très forts. D’ailleurs, ce podcast, cette série que vous lancez, est extraordinaire parce que ça permet des débats, de les enregistrer, de les faire connaître. Ce sont des outils puissants qui montrent à quel point nous sommes en contrôle avec nos moyens et que nous gérons nos espaces.  Et qu’il faut le faire, c’est la seule manière. Parce que les autres espaces, nous perdons énormément de temps à prouver, à pouvoir prendre un petit peu de place. Même s’il faut être partout, il faut toujours être en  contrôle d’une majorité d’outils aussi. Nous n’avons pas le choix  : nous devons les créer nous-mêmes. Et ce n’est pas terrible, ça nous permet de développer énormément de créativité, de découvrir la solidarité, et d’autres qui,  comme nous, se battent un tas de niveau, donc c’est magnifique.

Ce sont des énergies très très fortes. Et ce n’est pas additionnel, ce sont des énergies en spirale énormes!  

Autant, moi j’ai connu des mouvements de libération féministes et lesbienne … J’ai eu cette chance-là, c’est un miracle! Parce qu’il y en a qui vont vivre de longues décennies sans les connaître, il y a des pays où ce n’est même pas envisageable donc, quel miracle, c’est magnifique !

Pourquoi  sous mon identité?

Le problème ce n’est pas moi, c’est cette société, ce sont ces masculinistes, ce sont ces complices des masculinismes qui sont de vrais problèmes, pas nous!

Donc, c’est cette société qui doit changer et pas nous. Nous, on est très bien comme on est.

Marian, rebelle du genre.

Pourquoi témoigner?

Également parce qu’on est dans une période qui enjolive l’exploitation des femmes et ça, c’est aussi un point que je voulais absolument développer.

Actuellement, par exemple, dans la prostitution, qui est une violence extrême contre les femmes, il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes, la majorité, si ce n’est la totalité, se prostituent parce qu’elles ne trouvent pas d’autre job, ou parce que ça leur a été imposé. Une violence et une violence.

De même, la “femme éternelle” sous son lipstick, si elle n’a pas le choix d’être qui elle est, c’est une violence. Donc une beauté peut cacher des violences bien plus graves. On est un peu là-dedans, dans les milieux queers (pas tout le monde dans ces milieux) qui vont enjoliver quelque chose qui est en fait une violence. Un système de violence, ça on ne peut pas accepter, c’est un retour en arrière. 

Nous sommes aussi dans un retour en force des  binarisme, contrairement à ce que des mouvements trans ou queer prétendent, certaines tendances.

Ce qui m’a beaucoup fait rire, parce que je ne parvenais pas à y croire la première fois que j’en ai entendu parler : il y avait un atelier “pour les nuls” pour apprendre à devenir un homme ou une femme. Il faudrait savoir :  si on est né comme ça, ou soit disant « pas dans le bon corps » , pourquoi il faut apprendre un accoutrement, des attitudes prétendument masculines ou féminines ? Ou ça existe, et c’est naturel, où ça ne l’est pas ! Si ça ne l’est pas, vouloir apprendre ça , mais c’est absurde ! On est dans une période politique hallucinante où des mouvements, qui se disent politiquement corrects, disent  une chose … et son contraire. Donc reprennent un discours patriarcal complètement oppressant, en prétendant faire l’inverse de ce qu’ils prétendent dénoncer ! 

Et c’est ça aussi, ce qui a été imposé à des enfants intersexes, enfin que l’on appelle comme ça. 

Être un enfant intersexe, ça veut dire quoi ? C’est un petit être  qu’on va torturer, c’est-à-dire qu’on va lui faire des opérations mutilantes, pour que cet enfant ressemble à une des deux catégories, garçon ou fille, et y reste. Et à l’adolescence, avec le développement d’un corps qui peut décider de se développer de manière non prévue par cette société normative, le bistouri ne suffira pas. On va commencer à bourrer cet enfant d’hormones, les dossiers médicaux vont souvent disparaître. Ce sont des êtres qui étaient sans aucun problème médical et qui vont se retrouver à l’état adulte ou jeune adulte avec des complications médicales terribles. Cette réalité médicale dans laquelle nous sommes toujours, qui est extrêmement mauvaise pour ces enfants, ne peut pas être bonne pour des enfants qu’on appellerait trans. Parce que reprendre un bistouri, ce qui est une grande violence, pour que ces enfants “trans”, soi-disant correspondent à une catégorie … quoi? La nature se serait-elle trompée ? Mais une nature, ça ne se trompe pas. Ça existe en soi. C’est une société qui se trompe, ou un être humain, mais pas la nature! 

Or on est là dans un système d’explication idéologique qui essaierait de nous faire croire qu’il y aurait des erreurs dans la nature qu’il faut alors corriger, par des êtres humains, qui sont des êtres pensants et relatifs!

Marian, rebelle du genre.

Voilà, c’est une violence parmi d’autres. Ce qui est hallucinant, c’est que ça marche! C’est que c’est imposé, et banalisé. 

 Ce qui est intéressant, par contre, c’est qu’un tas d’êtres, qui sont passés par là, ont décidé de remettre ça en question, donc des personnes qui ont décidé de transitionner, pensant que leur corps était mauvais, ou  leurs pensées, et ont décidé de faire marche arrière. On parle là de détransition , ou de post-transition.  Et bien c’est tabou, on ne peut pas en parler.  

Donc on pourrait être hétéro puis devenir bi ou lesbienne puis redevenir hétéro. Par contre, non, trans, on serait une chose, puis on est trans… Mais on ne peut pas détransitionner… et pourquoi pas?  Qui a décidé ça?  Donc on est dans des  identités qui seraient soi-disant naturelles puis ne le sont plus, c’est-à-dire qu’on va opérer, mettre un tas d’hormones et de cocktails chimiques extrêmement graves et peu contrôlés médicalement, et là, prétendre que c’est naturel! Mais étonnamment, on est dans ce monde-là.  Qui dit une chose et son contraire.  Et d’ailleurs, je vais rassurer beaucoup de personnes et beaucoup d’activistes, on est déjà en train de faire marche arrière.  Il y a déjà un pays qui en train de largement faire marche arrière grâce une personne qui a détransitionné en Grande-Bretagne : une jeune lesbienne au départ qui a décidé de transitionner pour devenir un garçon, l’a donc décidé adolescente …  Et à 19 ans, a  décidé de faire un procès au système de welfare britannique… qui a perdu le procès. Donc le welfare a décidé de faire marche arrière par rapport à la transition d’enfants et d’adolescents/adolescentes. Et ça c’est très intéressant. Et je peux vous rassurer donc nous on a organisé une conférence à ce niveau-là avec des personnes détransitionneuses qui, elles, ont confirmé qu’elles avaient un public des dizaines de milliers de personnes dans le monde qui ont déjà fait la démarche, dont les premières générations de personnes transitionneuses, qui ont déjà maintenant 40 ans de vécu et remettent ça en question.

Non, ce ne sont pas des cas divers. Ce sont déjà de véritables phénomènes qui sont niés, déniés de pouvoir parler de leur démarche. Et ça, c’est hallucinant. C’est d’une violence extraordinaire.

Donc pourquoi est-ce que je me tairais? Mais il ne faut pas se taire au contraire, parce qu’il y a un tas de pauvres êtres qui, comme nous, se sont rendu compte : “Tiens, il y a un problème social”.  Mais ce n’est pas vous le problème. Vous êtes cet être neutre, magnifique en soi. Peu importe comment vous êtes constitués, moléculairement, morphologiquement. Vous êtes neutres, vous êtes magnifiques. C’est une société qui va décider de l’inverse. Donc le problème ce n’est pas vous : c’est la société de laquelle vous êtes issu malheureusement. C’est cette société, cette civilisation qui est problématique. Et il faut le dire et clamer haut et fort. Voilà. 

Et donc ce podcast, c’est extraordinaire. Il faut oser, il faut le faire!  il faut dire… comme on l’a toujours fait.

Donc voilà pourquoi je parle, pourquoi à visage découvert : parce que je n’ai rien à cacher, au contraire! Je ne vois pas pourquoi moi, je devrais me mettre dans un placard, qui est en fait un ghetto préparé par un système hétéro-patriarcal violent. Il n’en est pas question.

Donc oui, à visage découvert.

Merci Marian. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Ce qui m’avait beaucoup touchée, c’était ce petit être, je ne savais pas si c’était un garçon ou une fille, qui était venu très silencieux/silencieuse. Et ça m’avait vraiment fortement touchée.

En réalité, j’avais déjà entendu cette personne en interview et  au fil du parcours je me suis dit : “Mais je connais, je connais”. Je connaissais visage. Donc je l’ai re-rencontrée et en réalité, c’était une personne, donc une lesbienne, qui avait transitionné vers garçon. Et ça m’avait fort touchée parce que je me reconnaissais dans cette personne, qui cherchait à être neutre, et ne parvenait pas à l’être.

Il y avait tout ça dont je m’étais rappelée depuis l’interview à l’époque (parce qu’à l’époque elle était en transition, je dis “elle” parce qu’elle a décidé de détransitionner et d’être de nouveau “elle” et c’est un choix politique, quand je dis “elle”), et c’était tout son parcours, tout son questionnement, qui m’a beaucoup interpellée.

Je me dis qu’il faut vraiment en parler, absolument. Pour montrer qu’il y a d’autres choix possibles.

Marian, rebelle du genre.

Et c’est vrai que nous avons eu beaucoup de discussions, elle m’a dit : « c’est vrai, si j’avais connu un mouvement politique tel que celui que toi, tu as connu, dans les années 80, 90, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Et ça, ça m’a fait très mal. Parce que je me suis dit : “là c’est quand même grave”. On n’est plus censés être obligés de ne pas pouvoir être qui on est, dans une société qui prétend avoir fondamentalement changé à ce niveau-là. Eh bien ce n’est toujours pas le cas. Et au contraire, avec (malheureusement) le progrès technique et médical et ça c’est une personne intersexe et activiste  qui le disait haut et fort, donc le malheur, c’est que maintenant, ce qui n’était pas possible, l’est. Et on peut, avec des bistouris, des cocktails chimiques extrêmement mutilants et graves pour la santé humaine, malheureusement faire ça!

Moi aussi, je ne suis pas, comme la plupart des êtres humains, 100 % dans une catégorie.

Ce qui m’a sauvée c’est que pour  ma mère, il n’était pas question de dépenser de l’argent pour des frais médicaux.

Ma sœur a pris des coteaux hormonaux dans l’adolescence, moi pas. Je n’avais pas des règles régulières, pendant des mois je n’avais rien, donc  j’étais  un peu intersexe.

Mais à l’époque, heureusement, ça m’a sauvée puisque ce n’était pas très connu, ça m’a vraiment sauvée! Mais il ne faut pas demander : si j’avais été moins typée pour entrer dans la “petite boîte du dessous”, j’aurais subi un tas de violences en plus. Et là, j’en étais très consciente avec le cas de cette personne que j’ai rencontrée, et qui est devenue plus proche. Ca, je voulais le dire. C’est plus qu’une anecdote, c’est vraiment quelque chose qui m’a fait comprendre l’urgence qu’il fallait absolument redire haut et fort ce qui ne va pas dans cette société. Qu’il fallait osé le faire.

D’un autre côté, ce qui m’avait un peu décontenancée lorsque j’ai fait ce panel sur la détransition, c’était quand même l’absence d’esprit critique actuel, que je constate aussi dans mes parcours.

Oui ce qui m’étonne beaucoup, c’est que dans les personnes détransitionneuses certaines s’appellent post-trans et non pas dé-trans, et il y a plus qu’une nuance dans le terme. 

Dé-trans, c’est que vous reconnaissez, qu’il y a un passage, c’est un cheminement. 

Post-trans, ça veut dire que vous êtes passé à autre chose… ou pas!

Entre les deux termes, vous le prenez, soit c’est un cheminement comme un autre, pourquoi pas. Donc vous remettez fondamentalement en question le fait d’être passée par là, il n’y a pas de reconnaissance politique des violences (ou sociologique, peu importe, selon de quel angle vous voulez le prendre), mais ça, ça ne va pas. Ou ça va, ou ça ne va pas. Quand un phénomène est en réalité un mécanisme de violence, il faut avoir l’honnêteté de le dire.  Et il faut aussi, à un moment donné, pouvoir dire « j’ai fait une erreur, un choix. Si c’était à refaire, je ne le referai pas. Il faut avoir le courage de le dire. Moi, il y a des choix que je ne referais plus et je le dis. Et je le développe, il n’y a pas de honte à avoir, c’est simplement un état de fait. Ça permet à d’autres de ne pas devoir repasser par là. 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Oui, je reviens toujours à la même chose : il est absolument impératif, et pour nous, c’est la grosse lutte de ce siècle, il faut que ça réussisse, c’est de faire reconnaître, dans ces termes-là, j’insiste (!), l’oppression des “femmes” par les “hommes”. C’est une créaton structurelle d’une société établie sur un double binarisme qui est  un manichéisme, “homme/femme”… Et oui, l’hétérosexualité, l’hétérosexuation, c’est une contrainte. Il n’y a rien de naturel là-dedans. C’est tout un système social qui est bâti autour de ce double édifice, il faut avoir le courage d’étudier, sous tous les angles, ces mécanismes-là. 

Parce qu’ils sont intrinsèquement liés l’un à l’autre. 

L’un sert à justifier l’autre, et à le renforcer.



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Nous remercions Marian pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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Mercie les femmes!

Louise, rebelle du genre.

Bonjour, ce n’est pas moi qui lis mon témoignage.

Mais bon, si c’était moi, je vous dirais que je m’appelle Louise, que j’ai 23 ans, que je suis étudiante et que je viens de la région parisienne.

Petite, j’étais « garçon manqué ». Je détestais mon corps et je voulais devenir un garçon.

Louise, rebelle du genre.

J’avais toujours trouvé que j’étais différente des autres enfants, comme en décalage. J’ai été victime de harcèlement scolaire. Puis, vers mes 12 ans, j’ai vraiment appris à aimer mon corps et j’ai aussi rencontré d’autres filles qui me ressemblaient. Puis, j’ai eu 15 ans et j’ai développé des troubles du comportement alimentaire.

Vers la vingtaine, j’ai été victime de violences sexuelles.

Et, très récemment, que j’ai été diagnostiquée TSA. C’est une forme légère d’autisme.

Louise, rebelle du genre.

Au début de mon parcours féministe donc, à la fin du lycée, j’étais plutôt une féministe libérale. Une femme hétéro qui soutenait les droits des transsexuels (on dit transgenres aujourd’hui…) que j’assimilais à ceux des homosexuels et ce, même si je me posais des questions quand je voyais des enfants très jeunes comme Jazz Jennings prendre des hormones. 

J’ai commencé à suivre des groupes comme les Femens et à me dire que OUI! On pouvait être un homme et aimer mettre des robes sans vouloir changer de sexe… À la fac, j’ai été traitée de TERF alors que je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! Et progressivement, je suis devenue radfem (féministe radicale).

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ? Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ?

Cette idéologie est dangereuse pour plusieurs raisons. D’abord, elle invisibilise le mouvement du féminisme et les problématiques strictement féminines. Ensuite, elle force les enfants à entrer dans des cases et à se mutiler physiquement. Elle est aussi dangereuse pour les droits des homos. Je pense à ces femmes lesbiennes qui sont agressées sexuellement et violées, et sur qui on pratique des thérapies de conversion, à qui on explique qu’elles doivent aimer les pénis et que si, en tant que lesbiennes, elles n’aiment pas les pénis, elles ont un problème (d’où mon allusion aux thérapies de conversion)… Elle est aussi dangereuse parce que les TRA (les transactivistes), défendent aussi la prostitution et la pornographie qui sont étroitement liées à tout ça.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage (pro, perso, peur pour tes proches, etc.), ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?

Je témoigne de façon anonyme. Je n’ai jamais vraiment subi de menaces mais bon, je suis un master pour devenir enseignante et plusieurs de mes camarades (dont une femme transidentifiée, donc une femme se ressentant « homme ») sont vraiment très proches du transactivisme. 

Tout ce petit groupe pourrait d’ailleurs se retourner contre moi.

Le transactivisme est vraiment très présent dans les milieux universitaires et, je vous avoue que cela m’inquiète.

Louise, rebelle du genre.

Ce même groupe a d’ailleurs fait une bibliographie à destination des élèves du collège dans lesquels ils ont mis des BD comme « assignée garçon » ou « appelez-moi, Nathan »… Ce sont des bandes dessinées qui font la promotion du transactivisme.

A la rentrée du master, on a aussi eu une conférence sur les enjeux de l’éducation sexuelle à l’école. Un des étudiants a demandé « Comment fait-on s’ il y a, parmi nous, des élèves trans ou non-binaires? » et notre formateur a expliqué que l’Education Nationale avait l’obligation, entendez bien, l’obligation d’accompagner les enfants et leurs parents dans leur « transition ». 

J’ai donc également peur d’avoir des problèmes futurs au niveau professionnel si je m’oppose à la transition d’élèves. D’enfants mineur.es, donc.

Louise, rebelle du genre.

Je crois que si, par exemple, une petite fille venait me dire qu’elle veut changer de sexe et qu’elle se sent « garçon », j’essayerais déjà de ne pas la brusquer, j’essayerais de l’inviter à réfléchir et à prendre son temps. Je lui parlerais, certainement, de mon propre vécu et je lui poserais des questions comme « Qu’est-ce que tu trouves si bien chez les garçons ? ». D’autant plus que la dysphorie, je ne sais pas si vous êtes informés mais… Elle peut être un symptôme de l’autisme. (Enfin, bon…)

Bref, je sais que je peux être traitée de « transphobe » ou de « TERF » rien que pour avoir dit ça.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Sur les réseaux, une personne trans a fait des sous-entendus sexuels sur moi parce que j’ai critiqué l’idéologie trans.

Une autre m’a attaquée en messages privés et m’a dit :

« tu es hétéro, tu suces des queues, tu n’as pas ta place dans le féminisme » alors que j’ai été victime de viol!

Louise, rebelle du genre.

Je suis membre d’une petite association étudiante et un de nos membres, un homme hétérosexuel, a fait son coming-out en tant que « femme trans non-binaire ».

Il n’a rien changé à son apparence physique, il a de la barbe et s’habille avec des vêtements très masculins (il porte juste des hoodies roses de temps en temps).

Du jour au lendemain, il exigeait de se faire appeler « Présidente » au lieu de « Président » de l’association. 

Il utilisait un pseudonyme féminin américain et, en plus, il votait aussi pour le RN (le Rassemblement National). Heureusement, il a fini par démissionner de son poste en accusant les autres membres de « mégenrage ».

Je trouve ça révélateur que selon certains activistes, un homme hétéro…

Excusez-moi, je prends le temps parce que…

Donc, un homme hétéro, puisse se dire « femme », voir « lesbienne », sans ne rien changer à son apparence (et donc potentiellement, puisse accéder aux espaces réservés aux femmes).

Potentiellement, tout nous prendre : nos droits et nos espaces, nos voix et nos réalités.

Nous remercions Louise pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Annie-Ève, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Annie-Eve et  je vis en Amérique du Nord. 

Je vis à  Montréal au Québec et cela doit faire 6 ans environ que je suis critique du genre.

J’enseigne la philosophie. J’ai fait un bac, une maîtrise en philosophie.

Puis, après mes études en philosophie, alors que j’enseignais déjà, j’ai suivi des cours à l’université en sociologie du genre.  

Outre mes études et mon métier, je me suis impliquée dans le groupe “pour les droits des femmes” du Québec qui est un groupe féministe universaliste au Québec.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Je suis quelqu’un qui met la science en avant, c’est-à-dire j’ai tendance à me présenter comme scientiste. Contrairement à ce que certains pensent, être scientiste ça ne veut pas dire qu’on pense que la science ne se trompe jamais. Ça ne veut pas dire qu’on pense que la science a  réponse à tout. Ça veut dire qu’on privilégie la science comme façon d’aller chercher des connaissances les plus précises possibles. 

On sait qu’on fait des erreurs quand on fait de la science parce qu’on n’est pas infaillible, mais justement, qu’est-ce qui permet de corriger les erreurs d’un scientifique? 

Plus de  science!

La  science est une entreprise collective par laquelle on va chercher des données. 

On compare les résultats. 

En fait, moi ma raison à la base d’être contre l’idéologie du genre c’est vraiment qu’elle est anti-scientifique. Par ailleurs, elle nuit aux droits des femmes,  aux droits des enfants, aux droits des LGB,  et même aux droits des personnes trans  elles-mêmes. 

Pour moi, on ne peut pas avoir un bon système de justice et une bonne organisation sociale sans commencer par regarder les faits avec l’approche la plus rigoureuse possible. 

Annie-Ève, rebelle du genre.

Selon moi, les problèmes politiques découlent justement du problème de base qui est que ça détourne le sens des mots, ça jette la confusion, ça veut faire  de conceptions subjectives des vérités absolues, et ça va à l’encontre de certains faits objectifs. 

Il faut que je commence par préciser que, à la base, moi j’étais quelqu’un de sympathique à la cause des minorités sexuelles. Mes parents disaient que j’étais féministe depuis que j’avais appris à parler. 

Puis, j’ai toujours été sympathique aux personnes marginales et à la justice sociale.  J’ai toujours été sensible aux droits humains et aux droits des minorités.

Contrairement à un préjugé qui est assez répandu chez ceux qui endossent l’idéologie du genre, ceux qui sont critiques de cette idéologie-là, à la base, ils ne sont pas tous conservateurs et encore moins tous des réactionnaires.
Au contraire, il y a beaucoup de gens qui sont à gauche,  il y a beaucoup de gens qui sont progressistes.

Bon, selon moi “conservateur” et “progressiste” c’est pas des antonymes, parce que être conservateur c’est être prudent face au changement, être progressiste c’est être pour le progrès et changement n’est pas synonyme de progrès.  C’est une petite digression mais je la trouve importante.

Donc à priori, moi, j’étais sympathique à la cause des personnes trans. 

Comment j’ai commencé à m’intéresser au sujet ?

C’est après avoir fait mon mon bac, ma maîtrise en philosophie, j’avais commencé à l’enseigner au niveau collégial.

En enseignant je continuais aussi de m’instruire, j’ai continué à lire en philosophie des sciences beaucoup; c’est une branche de la philosophie qui m’intéresse particulièrement, la philosophie des sciences. 

Puis, quand j’ai suivi des cours de sociologie du genre, quand on est arrivé à parler de la “théorie queer”, je sais que vous ne me voyez pas mais je mets des guillemets autour du mot “théorie” parce que, selon moi, ce n’en est pas une, c’est plutôt une idéologie… Mais il y avait une chose qui me chiquottait dans ce que disait la professeure : c’était l’idée d’arrêter de coller des étiquettes sur les gens. 

Alors c’est certainement en raison de ma formation et de mon travail en philosophie qu’en entendant ça, à chaque fois je me disais : « oui mais c’est ça,  parler, c’est ça, utiliser un langage : c’est communiquer par concept, donc nécessairement on met des étiquettes sur les objets, y compris sur les humains. Quand on dit qu’une personne est grande; quand on fait la différence entre un enfant et un adulte, entre un homme et une femme, ou toutes sortes d’autres différences qu’on peut faire qui sont utiles. C’est pas nécessairement à des fins discriminatoires qu’on fait la différence, il peut y avoir des bonnes raisons de le faire. 

Puis, je me disais « mais si vous voulez arrêter de coller des étiquettes, ben arrêtez de parler, arrêtez d’écrire !»

De toute manière, quand on se dit “queer”,  qu’est-ce que c’est d’autre qu’ une étiquette qu’on se donne?  J’en avais parlé au professeur à un moment donné, que cet élément-là me laissait perplexe. 

Par ailleurs, dans ce cours-là, ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de l’existence de personnes intersexuées. J’en ai entendu parler dans le cadre du cours, et l’enseignant présentait ça comme quoi c’était un peu comme la couleur de peau, que le sexe existait sur un spectre…  Je n’ai pas immédiatement identifié pourquoi mais, quelque chose en moi me disait “Non, non, la comparaison est fallacieuse, il y  a quelque chose qui ne fonctionne pas!

Le sexe n’est pas un spectre au même titre que la couleur de peau!”

Puis, plus tard, comme je ne suis pas biologiste, je n’avais pas pensé spontanément mais en lisant des biologistes… J’y ai pensé. Cela va à l’encontre de la théorie de l’évolution.

Parce que l’évolution permet d’expliquer pourquoi la division sexuée s’est établie et qu’elle est restée. Il y a deux sexes, il n’y a pas une “variété” de sexes, il y en a deux.  Même si on accordait que le sexe est un spectre, – il ne l’est pas, mais admettons –  le problème avec l’argument qui est donné par les idéologues du genre, qui repose sur l’existence des personnes intersexes, c’est que on part de la prémisse que tout le monde n’est pas soit un homme soit une femme, qu’il y a des “corps intermédiaires” qui sont quelque part entre les deux…

Annie-Ève, rebelle du genre.

Même si c’était vrai, je vais reprendre la comparaison avec la couleur de peau : il n’y a pas des noirs et des blancs. Il y a des personnes plus ou moins foncées. Si une personne noire, disons un Togolais, et une personne blanche, admettons une Russe, ont un enfant ensemble, l’enfant va être métis. Il va probablement avoir une couleur de peau qui est entre les deux.  

Et puis, il y a des gens qui ne sont ni noirs ni blancs : les Japonais, les Indiens, ils ne sont ni noirs ni blancs, c’est d’autres couleurs. Alors, c’est très bien tout ça mais… Est-ce qu’on pourrait admettre… admettons que…

Bon, je suppose que tout le monde connaît Catherine Deneuve, l’actrice?  

Admettons que Catherine Deneuve, dont tout le monde sait bien qu’elle est blanche, partait de tout ça et qu’elle disait:  “Ca, ça veut dire que la couleur de peau n’existe pas objectivement. Alors moi, je m’identifie comme noire, et donc je suis noire.” 

Mais on dirait,  “mais non Catherine Deneuve n’est pas noire” !

Alors, même à supposer que le sexe ne soit pas binaire, en quoi on pourrait passer de ça à la conclusion que chacun peut être une femme, un homme, ou n’importe où entre les deux, selon son identité subjective? Ce n’est pas parce que quelque chose existe sur un spectre que ce n’est pas objectif.  

Donc ça, c’est les premiers éléments qui ont fait en sorte que je suis devenue, disons… Perplexe par rapport à l’idéologie du genre bien que, je n’appelais pas encore comme ça à l’époque où j’ai suivi mes cours de sociologie du genre.

Ce qui m’a rendue  plus critique ensuite c’est de faire la connaissance de la féministe Diane Guilbault, une féministe québécoise qui est malheureusement décédée aujourd’hui.

Annie-Ève, rebelle du genre.

C’est elle qui m’avait invitée à devenir membre de « pour les droits des femmes du Québec », et quand je m’étais jointe à leur premiere assemblée  annuelle, Diane Guilbault avait fait un exposé sur les raisons pour lesquelles le fait de permettre à n’importe quel homme d’être reconnu comme une femme par simple auto-identification (parce que depuis quelques années au Canada, la loi a changé,  auparavant au Québec, au Canada, pour changer de sexe légalement – évidemment vous et moi savons que l’on ne change pas de sexe réellement- mais pour avoir une reconnaissance de changement de sexe, il  fallait faire une transition complète). 

Mais depuis plusieurs années maintenant, il suffit de déclarer qu’on se sent de l’autre sexe et l’auto-identification suffit.

Diane Guilbault a expliqué en quoi ça posait problème pour les femmes. Je l’ai écoutée et je me suis dit que ce qu’elle disait avait beaucoup de sens.  

Un autre événement, un incident qui aura été marquant pour moi (ça peut paraître insignifiant) c’est tout simplement une publication j’ai vue sur Facebook dans un groupe féministe. 

Une autre membre du groupe a fait une publication pour demander : “je me pose la question (je la paraphrase), c’est censé être un groupe féministe, la plupart des publications que je vois portent sur les personnes trans, alors je voudrais savoir, est-ce que c’est un groupe pour parler des droits des femmes ou un groupe pour parler des droits des trans?”

Ce qui était à mon sens une bonne question. 

Elle s’est faite répondre : “on parle de droits des femmes trans, c’est pertinent dans le groupe, à moins que tu sois en train de dire  que les femmes trans ne sont pas des femmes, ce qui voudrait dire que t’es transphobe”. 

Ca, c’est ce qui a été ce que les anglophones appellent mon “peak trans”.

Ca n’a pas été long en fait, parce que tout de suite, je n’ai pas voulu intervenir, mais je me suis dit “effectivement, les femmes et les personnes trans n’ont pas tous les mêmes problèmes, ne vivent pas toutes les mêmes formes de discriminations”.

C’était  parfaitement légitime que quelqu’un qui considére être dans un groupe féministe se demande si on sort pas du sujet. 

Ca veut absolument pas dire que les droits des personnes trans ne sont pas une cause importante. Simplement ce sont des causes différentes. Puis de voir qu’il suffit de dire que, (bon moi j’utilise plus du tout  l’expression “femme trans”) de simplement dire qu’une personne de sexe mâle n’est pas une femme, ça suffit à se faire traiter de transphobe! 

Moi j’ai vraiment décroché à ce moment-là.

J’ai commencé à écrire des billets de blogs, à lire beaucoup sur le sujet, et je me suis retrouvée dans la mire d’une militante qui défendait l’idéologie du genre et qui, malheureusement pour moi, avait un certain charisme, un certain leadership.

Elle a incité ses contacts, ses connaissances, à me harceler.

C’est là que le harcèlement envers ma personne a commencé.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Et plus je lisais sur le sujet, plus je me faisais attaquer sur les réseaux sociaux, et même à mon travail éventuellement. Non pas par des gens avec qui je travaille, mais par des gens de l’extérieur, qui ont su où que je travaillais.

Avec tout ça  je suis restée critique du genre. 

Je le suis devenue de plus en plus.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits pour les enfants, pour la société ou pour la démocratie?

Alors effectivement, l’idéologie du genre est une menace pour tout ça.

Je réitère qu’à la base, c’est un problème parce que c’est anti-scientifique.

Non seulement ça ne repose pas sur des bases empiriques,  ça vient nier des faits scientifiquement établis, mais en plus, les tenants de l’idéologie du genre veulent empêcher toute critique. Ils veulent empêcher même qu’on pose des questions.

Annie-Ève, rebelle du genre.

On a le droit de poser des questions, à condition que ce soient les questions qu’eux veulent entendre… 

Alors évidemment, dès qu’un groupe veut imposer de la censure, c’est dangereux pour la science et pour la démocratie.

Mais ça va ensemble : on peut pas avoir une bonne organisation sociale, un bon système de justice si on ne regarde pas la réalité, y compris les faits sur l’être humain. 

Alors, déjà qu’on empêche les chercheurs de faire des études rigoureuses sur ce qui cause la dysphorie de genre par exemple, ou sur n’importe quel sujet (en fait), lié aux personnes qui s’identifient comme trans ou comme non-binaire. On empêche les chercheurs qui ne sont pas dans la “bonne ligne idéologique” de faire leurs travaux; on diabolise les personnes qui remettent en question le  narratif principal.

Alors forcément, ça nuit à la démocratie.

Ca nuit aussi bien à la connaissance qu’à la démocratie. Je dirais aussi que la majorité des gens accordent de l’importance au sexe. 

Je vis au Canada qui est un pays bilingue et les documents officiels au Canada doivent être produits par les gouvernements et accessibles dans les deux langues.  

Vous savez, en anglais gender (genre en fr) et sex ce sont des synonymes. On a commencé à utiliser gender donc pour parler de la féminité de la masculinité comme construction sociale après que les théories du genre aient commencé à s’élaborer. 

Mais si je me fie à mes lectures, et aussi à l’étymologie, ces deux termes en anglais sont généralement utilisés comme des synonymes. Vous savez gender est aussi genre en français en fait ça vient de Genesis en grec et de genus en latin qui était carrément utilisé pour désigner les parties génitales. À partir de Genus, il y a plusieurs autres termes clairement liés au sexe qui en sont dérivés, tels que engendrer, générer, génital… Il y a plusieurs mots anglais aussi qui en viennent. 

Les idéologues du genre ont détourné le sens des mots; les idéologues du genre insistent beaucoup sur la distinction entre sexe et genre, mais je remarque que par ailleurs ils jouent beaucoup sur la confusion aussi.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Du fait de vivre au Canada, j’ai lu plusieurs documents officiels qui portaient sur ce qu’on appelle les droits des personnes trans, les droits liés à l’identité de genre ou à l’expression de genre. J’ai remarqué qu’il n’était pas rare que quand il est écrit Gender sur la version anglaise, il est écrit sexe sur la version française…

Dernièrement, au Québec, le gouvernement qui est en place en ce moment a voulu établir que sur les documents officiels, on ait deux mentions, c’est-à-dire la mention “sexe” qui correspond au sexe réel de la personne, constaté à la naissance et qu’on ajouterait, pour ceux qui le souhaitent, la mention de leur identité de genre.

Et devinez qui a protesté? Les idéologues du genre, les transactivistes! 

Et pourtant, ce sont eux qui demandent depuis des années, qui martèlent (!) que les gens ne font pas la différence entre sexe et genre et qu’il est temps que les gens “s’ouvrent l’esprit”, qu’ils “s’éduquent” et qu’ils fassent la différence entre sexe et genre! 

Pour la première fois, à ma connaissance, le gouvernement parle de vraiment faire la différence…  et ils sont les premiers à s’en plaindre… 

Ils veulent entretenir la confusion, et à partir de là, ils veulent empêcher tout le monde de se questionner. 

Je n’ai pas besoin de dire qu’ils empêchent les femmes qui craignent pour leurs droits de (… ils essaient en tout cas!) de nous exprimer.

Pourquoi ça nuit aux droits des femmes?

À la base, comment voulez-vous revendiquer les droits des femmes si vous leur enlevez le mot qui sert à désigner leur groupe?

Parce qu’ils ont vidé le mot “femme”  de son sens. On ne peut plus définir le mot femme comme “femelle de l’espèce humaine”.

Ils n’ont jamais proposé de définition alternative substantielle, et de toute façon, pourquoi on aurait besoin d’une définition alternative ?

Pour la majorité des gens, le sexe est important, c’est pour ça qu’on a des mots pour distinguer les humains selon leur sexe.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Si vous voulez distinguer les humains selon autre chose que leur sexe, c’est faisable. En utilisant d’autres mots.

Mais on ne peut pas admettre que des termes qui servent à faire une distinction qui est importante pour l’immense majorité des gens soient simplement…

Non pas simplement détournés de leur sens! Mais carrément vidés de leur sens!

Parce qu’ils en sont à dire que “Une femme c’est quiconque s’identifie comme une femme!” 

Alors… je pourrais vous dire : “Ah mais moi je suis une fifaerlagne…” et là vous allez me demander: “Qu’est-ce que ça veut dire?” 

“Une fifaerlagne c’est n’importe qui, s’identifiant comme une fifaerlagne” …

Là, vous n’êtes pas plus avancés…  Vous savez très bien que ce n’est pas un mot et que si je ne peux pas vous donner une définition qui ne répète pas le mot lui-même et bien, ce n’est tout simplement pas un mot.

D’un point de vue plus concret, plusieurs féministes, en fait plusieurs personnes, ont développé sur les problèmes que ça peut poser de vouloir remplacer ce qu’ils appellent le genre par le sexe. 

Le genre, ils ont commencé par dire que c’était une construction sociale, la féminité et la masculinité ; mais c’en est venu au point où le genre serait subjectif. Ce serait comment la personne se sent… Alors, quiconque se sent femme est une femme,  quiconque se sent homme est un homme, quiconque se sent ni l’un ni l’autre est non-binaire… 

Il faudrait qu’on organise tout en fonction de ça, plutôt que le sexe… D’ailleurs, ils n’ont jamais expliqué ce qu’était censé vouloir dire “se sentir femme”. 

Ca fait que la seule façon de savoir si quelqu’un est une femme, c’est si la personne le dit!

Mais  le problème, c’est qu’il y a des contextes dans lesquels on tient compte du sexe et même dans lesquels on sépare par sexe pour de bonnes raisons! 

Si on arrête de le faire c’est souvent dans le désintérêt de tout le monde, mais encore plus des femmes! Et ça pose aussi des problèmes particuliers, aussi bien pour les LGB, que pour les personnes trans elles-mêmes. 

Par exemple, dans le sport, ce n’est pas par « genre » qu’on sépare traditionnellement par sexe, c’est pour des raisons objectives très claires, c’est-à-dire que les hommes et les femmes ne sont pas pareils physiquement et que si on mélange les sexes dans le sport ce n’est pas équitable pour les femmes, et ce n’est même pas sécuritaire pour les femmes.

Et pas seulement dans les sports de combat. 

Prenons un sport comme le soccer, le football, ce n’est pas un sport de combat, mais il y a des contacts, il y a un risque de contacts assez important.

Je pourrais multiplier les exemples mais je pense que c’est pas nécessaire.

Je n’en reviens tout simplement pas que l’on en soit à se faire demander la preuve que c’est inéquitable et dangereux pour les femmes qu’on laisse des hommes qui s’identifient comme des femmes participer à leur compétitions sportives! 

Les hommes sont plus forts que les femmes, c’est un fait établi.

De toute façon, peu importe les preuves qu’on apporte, les gens qui persistent à poser la question, ce sont des idéologues, pour qui les faits n’ont aucune importance, parce que tout ce qui compte c’est leur idéologie. 

Les femmes ne peuvent pas avoir d’espaces réservés aux femmes! Et oui ça, ça peut être important par exemple, dans des espaces comme les prisons pour femmes, ou dans les refuges pour les femmes vulnérables, des femmes qui ont été victimes de violences et qui sont traumatisées.

Elles peuvent avoir besoin d’un espace où elles ne côtoient aucun homme, et ce n’est pas parce qu’un homme s’identifie comme une femme, que les femmes traumatisées autour de lui, elles ne voient pas que c’est un homme! 

Annie-Ève, rebelle du genre.

Alors, qu’on dise, “Oui mais les sentiments des personnes trans….”

Oui mais, les sentiments de ces femmes-là, pourquoi ce serait moins important?!

Si des personnes trans ont été victimes de violences, qu’elles ont besoin de soins, qu’elles ont besoin d’un refuge avec des personnes compétentes pour les aider…. aucun problème!

Mais il faut que certains refuges soient réservés aux femmes ! 

Traiter les femmes qui ont fui des proxénètes, des maris violents ou que sais-je encore, dire que c’est elles qui oppriment les personnes trans?

Je vous en prie!

C’est vraiment traiter les personnes les plus vulnérables d’oppresseures!

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, reçu des menaces? Est-ce que tu perçois  un danger dans ton entourage, personnel ou professionnel? Est-ce que tu as peur pour tes proches ou, au contraire, est-ce que tu es parfaitement libre et à l’aise pour parler de ce sujet ?

Oui, j’ai été victime d’intimidations.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Comparativement à d’autres personnes, je ne suis certainement pas la plus à plaindre.

L’une de mes meilleures amies a perdu son emploi d’ailleurs, c’est assez ironique, elle a perdu son emploi dans un refuge pour femmes, parce qu’elle persistait à dire que les femmes existaient objectivement.

Mais oui, moi aussi on a essayé de me faire perdre mon emploi, heureusement sans succès dans mon cas.

En fait à plusieurs reprises, on a essayé de me nuire au travail, avec une intention exprimée d’arriver à me faire suspendre, ou même renvoyer. 

Une des choses qui a été faite, a été d’écrire à mes supérieurs immédiats pour se plaindre de ce que j’exprime sur les réseaux sociaux, sur mon blog… Mais comme, justement, je fais ça en dehors de mon travail, je n’implique jamais l’institution pour laquelle je travaille dans mes prises de position sur des sujets socio-politiques, et mes positions n’engagent personne d’autre que moi.  

À cet égard, je suis une citoyenne comme les autres qui prend position et mes positions n’engagent personne d’autre que moi.

Contrairement à ce que prétendent mes détracteurs, il n’y a pas de haine dans mes propos. Certains ont voulu m’attribuer des propos qui ne sont pas les miens, mais étant donné que justement, mon blog mes supérieurs pouvaient très bien aller le consulter alors ils ne peuvent pas amener de preuves que j’ai dit des choses que justement je n’ai jamais dites.

Annie-Ève, rebelle du genre.

Ca été fait à cinq ou six reprises, que des personnes qui ne me connaissent pas du tout et qui n’ont aucune idée de comment ça se passe à mon travail, écrivent à des supérieurs, à mon travail… 

Une chose qui…  en fait, soit, ils ne l’ont pas fait, c’était un projet qu’ils avaient,  Je l’ai su grâce à une personne qui était dans un groupe secret de militants, qui m’a avertie avec des captures d’écran, qu’ils étaient un groupe à avoir collecté des captures d’écran pour essayer de s’en servir contre moi. Ils venaient examiner mes pages sur Facebook, ils prenaient des captures d’écran, ils les sortaient souvent de leur contexte. Leur projet était de contacter l’association étudiante pour laquelle je travaille.

Finalement, apparemment, ils ne l’ont pas fait, à moins qu’ils l’aient fait, et qu’il n’y ait pas eu de suite… Parce qu’à mon travail, il n’y a pas de problème. Ce sont vraiment des gens extérieurs à mon travail  qui ont un problème avec moi.

Par contre, je sais qu’ils ont envoyé un document de captures d’écrans à la direction des ressources humaines. Ça n’a débouché sur rien, parce que justement, de leur point de vue, les captures d’écran étaient choquantes… Mais du point de vue de Monsieur et Madame tout le monde, ce que j’écrivais était parfaitement raisonnable. J’ai le droit de prendre position sur des sujets sociaux et des sujets politiques, comme tout le monde.

Il y a même une personne qui est allée jusqu’à appeler la coordonnatrice de mon département, en prétendant être la mère d’un élève, pour me dénoncer pour deux choses : elle disait que j’intimidais son fils et plusieurs autres élèves. Et elle disait aussi que je faisais de la prostitution sur Internet…

Alors là, on tombe dans le mensonge et la calomnie complète.

La coordonnatrice ne l’a pas crue une seconde, elle dit à la dame “il faudrait que vous me donniez le nom de votre fils pour que je valide auprès de lui, et pour qu’il me dise ce qu’il s’est passé exactement”. La dame n’a pas voulu.

Elle n’a même pas voulu dire auquel de mes cours auquel son fils est inscrit….

Elle a dit “Mais je ne peux pas prendre une plainte anonyme comme ça, je ne sais même pas de qui ça vient, n’importe qui pourrait nous appeler pour raconter n’importe quoi sur un de nos enseignants!…” ce qui, probablement, était ce qui était en train d’arriver à ce moment-là!

Mes détracteurs me dépeignent comme une harceleuse une intimidatrice épouvantable.

Mais, déjà, mes élèves, ce sont des adultes. Ils  donnent une image de moi comme quoi je m’en prends à des  plus faibles que moi… 

Intimider les garçons de ma classe… habituellement, ils sont plus forts que moi, ce sont des adultes! J’enseigne à des adultes! 

La manière dont ils décrivent le scénario (qu’ils se sont inventé) ne colle tellement pas à la réalité qu’ils n’ont pas été pris au sérieux à mon travail.

Mais ils ont quand même essayer de me faire perdre mon emploi.

Je suis de ceux qu’on a essayé de “canceller”, comme on dit!

Pourquoi j’en parle à visage découvert ? 

Déjà, ça ne servirait à rien à ce stade-ci d’essayer de me cacher, parce qu’on peut facilement trouver mes positions sur ce sujet-là, et ça fait déjà un moment qu’ il y a des gens qui en parlent.

Des fois, je croise des gens sur les réseaux sociaux, je ne les connais pas du tout, mais eux connaissent mon nom. Ils disent “Ah, Annie-Ève Collin, la terf!”

“T’es qui, toi? Je ne te connais pas, qu’est-ce que tu veux?” 

Ce qui est drôle, c’est que parfois, le sujet du fil de discussion n’a rien à voir avec le genre. Il y a vraiment des gens obsédés par ça… Ils voient quelque part:  oh la terf !

Je pense que c’est important de parler de J. K. Rowling… Elle nous a fait un gros cadeau. J’imagine que ceux qui m’écoutent n’ont pas besoin que je leur dise exactement ce qui est arrivé.

Annie-Ève, rebelle du genre.

J. K. Rowling est une femme qui a la chance d’être tellement riche qu’il est impossible de lui faire perdre son gagne-pain. Elle est célèbre, elle est imbannissable. Vous savez, quand on parle de la cancel culture (en Français on a traduit ça par “culture du bannissement”) c’est impossible de faire disparaître JK Rowling. Mais il y en a plein des femmes comme elle à qui on fait la même chose.  

Pourquoi ça a été un cadeau pour nous qu’elle se décide à parler?

C’est que justement que c’est impossible de lui enlever sa visibilité. 

Alors ça a fait en sorte que beaucoup de gens qui n’étaient pas au courant de la situation se sont rendu compte. Elle a dit que “les personnes qui ont des menstruations” sont des “femmes”. Pour la majorité des gens, ils entendent ça et ils pensent:  “évidemment” alors de savoir qu’on peut devenir victime de campagnes de haine pour avoir dit ça! Les gens réagissent!

Elle a donné une certaine visibilité au problème. 

Mais je pense que c’est important que d’autres personnes, des femmes, des hommes se décident à parler, parce qu’en fait, je serais bien étonnée que ceux qui endossent l’idéologie du genre soient majoritaires! 

Mais ils sont vocaux, ils parlent fort! 

Il faut que d’autres voix se fassent entendre. C’est comme ça que l’on va permettre de réitérer les droits des femmes qui sont une catégorie d’humains caractérisée par un sexe et non par un genre.

Et aussi ceux des LGB, parce que être lesbienne, ça veut dire être attirée par les personnes de même sexe que soi. Si le concept de sexe devient tabou, si on l’efface, comment est-ce que les lesbiennes peuvent parler de ce qui les concerne spécifiquement?

Et la même chose pour les gays, les hommes homosexuels. Ce qui les caractérise, c’est d’être attirés par des personnes de même sexe qu’eux-mêmes. 

Annie-Ève, rebelle du genre.

Il n’y a pas de mal à ce que quelqu’un qui revendique un genre revendique ses droits. 

Seulement, ça ne doit pas se faire au prix que d’autres groupes puissent aussi mettre en avant ce qui les caractérise. C’est pour ça que, à la rigueur, ajouter le concept de genre, qui est important pour vous, revendiquez-le! Mais vous n’avez pas à enlever aux autres la possibilité de parler du sexe : c’est important pour eux.

J’ai fait le choix de continuer d’en parler ouvertement, et j’encourage d’autres à faire pareil.

Malgré que… je sais qu’on opère des représailles, malheureusement.

Je ne mentirai pas à celles et ceux qui m’écoutent.

Oui, il y a un risque de représailles, mais plus on va être nombreux à prendre la parole moins ils vont pas  pouvoir nous empêcher de parler!


Le blog d’Annie-Ève :

http://justesix.com/author/annieeve/


La chaîne YouTube d’Annie-Ève :

https://www.youtube.com/channel/UC92d3fG_IEkjMd61RpALj1Q



Nous remercions Annie-Ève pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Muriel, rebelle du genre.

Je m’appelle Muriel Petit, je suis enseignante, j’ai 45 ans, je suis féministe radicale, lesbienne, et j’habite à Bruxelles.

Je dirais que je suis féministe depuis toujours mais sans nécessairement me poser beaucoup de questions sur des réalités hors de ma vie.

Muriel, rebelle du genre.

Je suis née dans une famille de Belgique catholique où, même si j’avais assez le droit par rapport à mes parents, de faire les activités, les études, etc. que je voulais, au niveau des stéréotypes sexistes c’était bien ancré. 

Donc c’est ma maman qui s’occupait de tout ce qui était ménage éducation etc, et que mon papa, au final ne faisait pas grand-chose. Je me souviens parce qu’on me l’a raconté, que quand j’étais toute petite, une femme d’un certain âge a admiré quel gentil petit garçon j’étais, à jouer calmement avec des petites voitures… et à me dire quelle méchante vilaine fille j’étais quand elle a appris que j’étais une fille!

J’en parle parce que plus tard je voudrais revenir sur le mot “vilaine”.

Je n’ai jamais très bien compris les normes auxquelles on est obligée en tant que fille de se maquiller, de s’épiler, de… au niveau des vêtements etc. Mais voilà, je m’y suis pliée parce que j’avais pas trop le choix. Je me suis rendu compte petit à petit que j’avais relativement de la chance d’être née en Belgique, à cette époque-ci, où donc, j’ai pas été avortée, parce que j’étais petite fille, je n’ai pas été excisée, etc. Et que j’avais le droit de vote, et des choses ainsi. 

Ma culture féministe s’élargissait un petit peu et puis, j’ai commencé à lire. Je suis tombée sur un forum féministe qui à l’origine, était plutôt matérialiste. Cela m’a ouvert les yeux sur différentes choses.

Mais, ce qui m’a vraiment ouvert les yeux, ça a été que sur ce forum, le transactivisme était de plus en plus présent.

Muriel, rebelle du genre.

Il y avait des sujets dont on ne pouvait plus parler parce que c’était choquant et heurtant…donc voilà. Mais à ce moment-là, je restais très fort dans la bienveillance et l’empathie, notamment parce que je connaissais une femme transidentifié et que je l’avais rencontrée via la maison arc-en-ciel de Bruxelles et à l’époque, j’avais suivi l’atelier qu’elle menait qui s’appelait “trans pour les nuls” qui m’avait un peu perturbée parce que, bah… En sortant de là, je ne savais plus ce qu’était un homme et ce qu’était une femme. Je trouvais ça assez embêtant, mais sans être trop consciente  du souci qu’il y avait là, derrière…

Au point qu’à l’époque, j’ai envisagé d’aider à écrire un livre pour expliquer les transidentités aux enfants…

Muriel, rebelle du genre.

En même temps, à côté de cette bienveillance que que j’avais, cette empathie que j’avais pour ces personnes qui me disaient beaucoup souffrir, il y avait un malaise qui grandissait parce que je percevais des incohérences dans le discours, parce que les questions des transactivistes prenaient toute la place partout, dans toutes les discussions que ce soit sur le forum, ou que ce soit dans les associations… Et par chance en plus du forum, j’ai commencé à lire pas mal de blogs plus radicaux et j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres féministes radicales lors d’un gathering à Paris, et là ça m’a permis d’ouvrir les yeux, tout à fait, sur pourquoi j’étais pas à l’aise et de mettre le doigt sur toutes les incohérences de cette idéologie.

Je pense que le fait d’avoir ouvert les yeux sur mon orientation sexuelle lors de ce gathering-là aussi, a participé au fait que je devienne critique du genre.

Muriel, rebelle du genre.

Suite au gathering, je me suis rendue à la maison arc-en-ciel pour des rencontres entre lesbiennes, et quand j’ai questionné le fait qu’il y ait des hommes transidentifiés (« femmes » trans) dans le groupe, on m’a fait comprendre que si j’avais un problème avec ça, la porte était ouverte, je pouvais partir… que c’était vraiment « vilain et transphobe » de poser la question.

Une lesbienne a réussi à me dire un truc du genre “mais tu sais, telle personne est vachement plus lesbienne que toi parce qu’elle au moins, elle n’a jamais couché avec des hommes, même du temps où elle pensait qu’elle était un homme!”… Donc voilà.

Et ce genre d’épisode-là, ils s’en est produit sur des groupes soi-disant lesbiens, sur Facebook, etc. Ce n’était juste vraiment plus possible d’être dans l’empathie pour ces personnes-là, autant j’ai de l’empathie pour les personnes qui souffrent, autant je pense que, une personne anorexique elle souffre aussi car elle se sent trop grosse… Le médecin ne va jamais lui dire “écoute je vais t’aider à perdre du poids”! Le médecin va essayer de l’aider à mieux voir comment son corps est. Je ne comprends pas comment, quand la personne vient avec « je suis une femme dans un corps d’homme » ou « un homme dans un corps de femme », les médecins entrent dans le jeu et comment tout le monde doit entrer dans le jeu…

Dans ce qui m’a fait devenir critique du genre aussi, il y a le fait que, depuis 8 ou 10 ans, les questions d’identité de genre ne sont pas questionnables en Belgique dans les associations dites « féministes ». Ou plutôt, il y a 8-10 ans, c’était surtout : “On ne va pas se positionner parce que c’est clivant et bla-bla-bla”…  Et il y a 4 ou 5 ans, c’était plus : “On va pas se positionner ». Aujourd’hui, c’est : “Mais arrête d’être transphobe.”

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante » et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique.

Muriel, rebelle du genre.

C’est quelque chose qui se produit aussi pour toutes les questions concernant la prostitution. Depuis 4 ou 5 ans, si on est abolitionniste, on est une « méchante », et je vois ce qui arrive pour le moment en Belgique… 

Pour moi, c’est ce qui va se passer aussi avec la GPA où il y a une promotion énorme par rapport à elle, et c’est de moins en moins contestable. Si jamais on est contre  la GPA, c’est qu’on est de « méchantes et homophobes » qui ne veulent pas que les pauvres gays deviennent pères… 

Je remarque un recul assez phénoménal concernant les droits des femmes sur toutes ces questions, et c’est pour ça que je suis critique du genre. 

Pour moi, on est vraiment dans la même chose que “Les vêtements neufs de l’empereur” qui est un conte où tout le monde sait que l’empereur est nu mais il n’y a personne qui ose le dire, parce que tout le monde a peur de ce que les autres vont penser de lui  si jamais dit que “Moi, je ne vois rien” et on est, pour moi, exactement dans la même chose avec les transactivistes!

Je pense qu’une majorité de personnes savent très bien qu’un homme ne peut pas devenir une femme, et qu’une femme ne peut pas devenir un homme mais on a peur de le dire parce que nous avons peur de la réaction, nous avons peur d’être traitées de « méchantes », de « transphobes »,  de « vilaines » ou de personnes à abattre…

Muriel, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie?

Je pense que c’est une menace vraiment à tous niveaux.

Je pense que c’est une menace pour les enfants. Il y a un scandale sanitaire qui est en vue. Que ce soit pour tous ces gamins et ces gamines qui vont se retrouver stérilisées alors que c’est pas du tout ça qu’on a leur avait vendu. Il y a tous ces enfants qu’on fait transitionner parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre ou parce que les parents se sont rendus compte qu’il y avait de fortes probabilités qu’ils deviennent ou qu’elles deviennent homosexuelles plus tard et que ce n’est pas supportable… et donc on préfère avoir un enfant trans plutôt qu’un enfant homosexuel. 

Donc je pense que pour les enfants c’est une catastrophe. D’autant plus une catastrophe que c’est une idéologie qui en tout cas en Belgique est entrée dans les écoles. Dans le programme du cours que je donne,  l’identité de genre est entrée dedans. Dans les circulaires il est précisé en début de circulaire : “Nous n’utilisons pas la l’écriture inclusive pour éviter les lourdeurs de langage, mais évidemment ce message s’adresse à tous les hommes, les femmes, et les personnes non-binaires.” Donc l’idéologie trans et queer est complètement arrivée partout et les enfants en Belgique sont censés avoir de l’éducation à la vie relationnelle,  affective et sociale et de plus en plus souvent, quand ces animations-là sont données, elles sont données par des associations qui expliquent aux enfants que peut-être ils ne sont pas dans mon corps etc. 

Donc ça, ça me fait très très peur pour les enfants. 

C’est aussi une menace pour les lesbiennes, puisque c’est devenu excessivement compliqué de faire une association de lesbiennes et de pouvoir légalement réserver l’entrée de l’association uniquement aux femmes.

C’est un gros problème quand une lesbienne exprime qu’elle n’aime pas les pénis, parce que dans son orientation sexuelle, fatalement les parties génitales entrent en jeu, le message est décrit comme « haineux », comme « transphobe » et donc, comme une raison pour pouvoir taper dessus…

Cela s’est vu malheureusement en manif!

Muriel, rebelle du genre.

Mais c’est une menace aussi pour toutes les femmes puisque les discriminations dont on souffre sont fondées sur notre corps, sur notre réalité biologique sur le fait que les femmes sont potentiellement capables de donner la vie, donc d’être enceintes, donc d’avoir besoin d’un congé de maternité… Donc il y a  toute une série de choses et puisque on peut plus faire le lien, si on les écoute, entre ce qui est une femme et sa réalité biologique, ben on peut plus parler des soucis des femmes.  Mais parler des soucis des femmes, c’est aussi les symptômes de maladies qui sont différents selon si on est un homme ou une femme, que ce soit pour l’autisme, que ce soit pour les crises cardiaques, on n’a pas les mêmes symptômes. Résultat : les femmes passent sous le radar, ne sont pas soignées.

Mais c’est vrai aussi dans les sports. Ce n’est pas normal qu’un homme ait concouru aux sports olympiques dans la catégorie de “femme”. 

Ce n’est pas normal que des bourses réservées aux femmes soient prises par des hommes, parce que bah oui ils courent plus vite effectivement! Un adolescent de 17 ans court plus vite qu’une adolescente de 17 ans parce que simplement il y a eu la puberté et ce n’est juste pas possible!

Mais c’est vrai aussi pour des questions de sécurité :

Je ne suis pas d’accord que dans mes toilettes, que dans mes vestiaires, que dans une chambre que je partagerais avec normalement une collègue en classe verte, je puisse me retrouver avec un ou des hommes parce que ils disent “se sentir femme”. 

Muriel, rebelle du genre.

Il y a aussi quelque chose qui m’énerve mais, prodigieusement!

C’est de me  rendre compte que les personnes qui se disent « trans » ne sont pas du tout en train de créer leurs propres espaces. Elles veulent pouvoir avoir l’autorisation d’entrer dans nos espaces, et si jamais on leur dit non, le résultat c’est qu’elles font du lobbying pour que le lieu ferme ou, pour que les subsides soient diminués.  Et quand elles entrent, le résultat, c’est qu’une femme par exemple, ira dans des refuges avec des femmes  qui vivent à la rue et qui disent “mais moi j’ai un souci, j’ai vu un homme”…

Et on nous répond: “C’est toi le souci, c’est toi qui vas dehors…” 

Donc c’est vraiment un gros, GROS problème!

Je pense qu’au-delà de tout ça, ce qui m’énerve peut-être le plus, c’est que pour moi, c’est un problème social, et plutôt sociétal… 

Il est considéré comme tout à fait normal, valide, d’agresser des personnes parce que leur opinion n’est pas la même. Donc aujourd’hui, en Belgique, et ailleurs, des personnes disent défendre l’idée qu’une femme qui a une pancarte dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, qui aurait un message “vilain pas beau méchant” c’est tout à fait normal, légitime, de l’attaquer, de l’agresser, de l’attraper et qu’il faut qu’elle assume. 

Nous sommes dans un processus où, pour le moment, des personnes qui se disent féministes, légitimisent les violences faites aux femmes de la même manière que les hommes qui frappent leurs compagnes légitimisent leur violence en disant “Oui,  mais c’est de sa faute, elle l’a cherché, ou elle n’a pas dit ce qu’il fallait” ou je ne sais quelle autre couillerie… Tout cela pour dire : “mais c’est normal que je la tape”.

Ce qui m’effraie, c’est que d’une part, cela vient de personnes qui se disent féministes, et que pour un certain nombre de personnes de la société, ça  a l’air de passer “crème”…

Muriel, rebelle du genre.

Tout comme quand on fait remarquer : “Oui mais il va y avoir des problèmes si on ne fait plus les statistiques selon le sexe. Donc ça veut dire qu’on ne peut plus voir les discriminations faites aux femmes. Ça veut dire qu’on peut plus voir qu’il y a une grosse différence de salaire.  Ca veut dire que des hommes se retrouvent dans des prisons de femmes… Y compris des personnes qui ne disent féministes, disent : “Mais non, vous imaginez des choses etc.” 

Sauf que c’est en train de se passer sous nos yeux. Oui c’est l’idéologie trans et je tiens quand même à dire que je n’ai rien contre les personnes trans, j’ai envie de dire “les vraies personnes trans”, les personnes qui se sentent mal dans leur corps, tellement mal au point de se mutiler pour essayer d’aller mieux… Mais j’ai un gros problème avec cette idéologie, qui est une idéologie sectaire et terroriste qui fait que on ne peut pas avoir un avis différent. 

Si on a un avis différent on est des blasphémateurs, et on mérite la mort, ou le viol ou au moins des coups… parce que quand même franchement c’est trop violent! 

Donc il y a des personnes qui vont dire “C’est trop trop violent d’avoir dit que c’était un homme, c’est normal que tu te prennes son poing dans la gueule.”

Et sur ça, je suis juste vraiment, vraiment pas d’accord.

Donc cette idéologie est une catastrophe totale.

Qu’est-ce qui t’a amenée à témoigner sous ta réelle identité?  Est-ce que tu peux nous expliquer si tu as déjà eu des pressions ou des menaces? Est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement ?

J’ai vraiment beaucoup hésité sur la manière de témoigner. Est-ce que j’allais utiliser un pseudo tout à fait? Ou juste mon  prénom?

Si j’ai beaucoup hésité c’est parce que je sais les violences dont sont capables les transactivistes… 

Je sais les intimidations, le doxxing et le harcèlement.

Muriel, rebelle du genre.

Le harcèlement, j’en ai vécu pendant une longue partie de ma vie et ce n’est vraiment pas quelque chose que j’ai envie de revivre. 

Et puis il y a une part de moi qui se dit : “Mais merde! Ce que je dis est quelque chose qui respecte les droits humains. Je ne fais de mal à personne. Je donne une opinion qui est construite. J’ai pas de souci à ce que d’autres personnes aient une autre opinion que moi, mais je dois pouvoir avoir le droit de donner mon opinion. 

Et partant de là, même s’il y a une part de moi qui a peur, parce que… parce que j’ai vécu dernièrement leur violence… mais je ne suis pas d’accord pour continuer à “me cacher” ou “me faire discrète”.

Et je pense que plus nous serons nombreuses à donner notre avis, et à le faire de manière visible et sans être dans l’ombre et sans nous cacher,…  Je pense que ça peut aussi permettre à d’autres de le faire. 

Parce que si je regarde autour de moi, il y a  une majorité de personnes qui sans doute ne se rendent absolument pas compte de ce qui se passe, mais qui, quand on leur parle de différentes choses, se disent “oui  effectivement il y a un problème. Il y a un problème qu’on fasse transitionner des enfants. Il y a un problème que des femmes soient agressées lors de manifestations.” 

Donc voilà c’est pour ça que j’ai choisi de témoigner avec mon nom.

Donc je m’appelle Muriel Petit, j’habite à Bruxelles, j’ai 45 ans et vous allez devoir faire avec!

Est-ce que tu aurais une anecdote à nous raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Alors y en a plusieurs.

Il y a le fait que toute une série de mots ne sera plus possible d’être utilisée. 

On va parler de “personnes qui ont leurs règles” ou de “menstruatrices”, de “maisons d’accouchements” pour éviter d’utiliser des mots comme “femme, mère” ou des choses ainsi… Cela me marque parce que les mots sont importants pour écrire la réalité.

Muriel, rebelle du genre.

Une anecdote perso, c’est le jour où une personne d’un groupe m’a vue avec mes mollets poilus…

C’était la première fois que cette personne-là voyait que j’avais décidé de laisser mes poils tranquilles., et la fois d’après, quand j’ai vu le groupe, je suis arrivée en retard à la réunion, et ils ne se sont pas rendu compte que j’étais là et ils étaient en train de parler de : “Ah oui mais c’est chouette pour la diversité, nous allons avoir personne trans! », « Ah oui mais, je suis quand même un peu étonnée je n’attendais pas ça de Muriel…”

Et je suis repartie très discrètement puis, je suis rentrée très bruyamment, et il n’ont évidemment plus jamais reparlé de rien mais, je trouve ça assez… Choquant de dire qu’une femme qui a des poils aux pattes c’est donc que c’est un mec!

Dans les anecdotes il y a aussi le fait que sur un groupe lesbien sur Facebook c’était considéré comme normal que des hommes transidentifiés viennent parce que … ils sont des lesbiennes!  Mais il y avait aussi une femme transidentifiée qui a voulu venir parce qu’elle se dit “bi” et que… voilà ! Et il n’y avait pas de souci, elle pouvait être là aussi… donc leur manque de logique me frappe toujours beaucoup.

Mais il y aurait encore tellement, tellement de choses à dire mais… il paraît qu’on n’a pas le droit de faire 125 épisodes donc je vais laisser là!

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Il y a quelque chose qui me tient vraiment à cœur.

Le 28 novembre, il y a eu une manifestation contre les violences faites aux femmes. Un groupe de femmes a été agressé pendant cette manifestation et je faisais partie de ce petit groupe de femmes. J’ai vécu une horde qui s’abattait sur nous, et je n’ai pas compris de suite  pourquoi.  

On a, évidemment, eu des insultes, de la menace, des bousculades, quelques coups. On a, évidemment, été traitées de “terfs” et puisque “terfs”, nous sommes bonnes à brûler!

Muriel, rebelle du genre.

Une des choses qui m’a marquée c’est qu’un homme dont, j’ignore s’il est transidentifié ou pas, mais vu que sur les réseaux sociaux, on me dit que je suis “méchante” qui, en plus, “mégenre” les gentilles personnes trans qui étaient avec le groupe…Donc, j’imagine que c’était un homme transidentifié… Il a dit à un moment “Oh mais qu’elles sont vilaines!!!” et je me suis retrouvée, comme quand j’avais quatre ans, quand la dame qui, elle, devait avoir plus de 70 ans certainement, et c’était dans les années 80, me trouvait tellement vilaine parce que j’étais une petite fille qui ne jouait pas à la poupée, mais qui jouait aux autos… 

Et là, je me suis retrouvée face à un homme qui avait exactement le même discours réac… Je suis désolée mais, le transactivisme,  pour moi, c’est tout sauf progressiste. 

Ils ont ce même discours simplement parce qu’en tant que femme, je n’avais pas la place que lui considérerait que je devais avoir, à savoir douce, attentionnée, empathique, attentive aux hommes et faisant passer les hommes avant moi!

Donc voilà, je trouve pire que révoltant que, dans une manifestation contre les violences faites aux femmes, des violences contre les femmes se produisent.

Je trouve révoltant de voir la manière dont le groupe qui nous a agressées essaie de faire passer ça sur les réseaux sociaux.

Muriel, rebelle du genre.

Mais il y a une part de moi qui a confiance.

Parce que nous avons eu la chance d’avoir le réflexe de filmer ce qui se passait, donc des images sont sorties et je me rends compte qu’il y a de plus en plus de personnes qui se disent : “il y a quand même un souci”,  qui se disent que oui, ce n’est pas normal de frapper une femme pour des questions d’idés et d’opinions différentes.

L’agression subie par Muriel et des femmes ce 28/11/21 lors d’une manifestation contre les violences masculines à Bruxelles :

https://twitter.com/guenonist/status/1465765194584539136
https://www.womenarehuman.com/trans-activists-attack-women-at-protest-for-violence-against-women/

Nous remercions Muriel pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!


Jeanne, rebelle du genre.

Bonjour je m’appelle Jeanne, c’est mon deuxième prénom. 

Je suis française, j’ai 30 ans. J’habite dans une petite ville du sud-ouest de la France et je suis doctorante en sociologie.

C’est très récent que je m’exprime ouvertement sur cette question-là.

J’ai toujours eu des idées féministes assez ancrées depuis l’adolescence en fait et quand j’avais 18-20 ans en particulier, je lisais énormément de textes féministes notamment des féministes radicales, parce que c’était ce qui me  parlait le  plus, mais à l’époque j’avais pas de personne ouvertement trans dans mon entourage et c’était pas du tout un sujet sur lequel je m’interrogeais.

Jeanne, rebelle du genre.

Je savais que ça existait, point.

Et pendant mes études je suis allée passer un an dans une université du Canada anglophone et là j’en ai profité pour suivre des cours auxquels j’avais pas eu accès en France donc, c’était des cours de sociologie des rapports hommes/femmes d’anthropologie du genre et des cours de women studies. C’était il y a 10 ans donc ça s’appelait encore women’s studies à l’époque. Il faut savoir que ces départements, dans les universités anglo-saxonnes, ont tous été renommés gender studies ou women and gender studies depuis…

Et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à être exposée à cette idéologie autour du genre.

Jeanne, rebelle du genre

Un de mes enseignants, par exemple, c’était un soi-disant “homme trans”, c’est-à-dire une femme trans identifiée qui s’est présentée comme “homme trans” dès la première séance du cours et dans un autre cours, j’ai eu au moins une séance organisée par l’enseignante où elle a fait intervenir un autre “homme trans”, en fait une autre femme trans identifiée qui nous a raconté en détail son parcours de transition, sa vie, etc.

Et moi à l’époque j’étais exposée à tout ça, j’écoutais et je voyais pas du tout ça comme une idéologie. C’est-à-dire, qu’on nous présentait  tout ça comme un fait objectif : “Il y a des personnes trans. Leur vécu est comme ça,  comme ci comme ça… Et moi j’acceptais ça en fait. Mais au fond de moi j’étais mal à l’aise, je percevais bien que ces soi-disant “hommes” nous parlaient de leur transidentité comme de quelque chose de profond, d’immuable et d’inné… alors que dans les faits, il ne faisaient que nous parler de non-conformité aux normes de genre en fait, de non-conformité aux normes féminines. Et ils parlaient aussi d’un rapport difficile à leurs corps de femmes mais rien, en fait, n’était une sorte “d’essence trans” innée. Il y a eu ce cours où une personne trans identifiée nous parlait et une fille de la classe a fini par oser poser des questions, elle lui a notamment demandé “En quoi ce que vous nous décrivez-là, c’est différent de l’expérience d’un tomboy,  d’un garçon manqué? »  Et la personne trans a eu l’air  interloquée avant de répondre “ Je détestais mon corps”.

Elle lui a dit “Mais en fait en quoi ce que vous nous décrivez-là, c’est différent de l’expérience d’un tomboy,  d’un garçon manqué?  Et la personne trans a eu l’air  interloquée elle a répondu “ Je détestais mon corps”.

Jeanne, rebelle du genre.

Voilà, moi j’y voyais pas quelque chose d’inné, une sorte d’essence féminine ou masculine, là-dedans! 

Et ce qu’il faut dire aussi c’est que moi, je me retrouvais énormément dans ce que nous ont raconté ces femmes trans identifiées et dans ce que je pouvais lire aussi des témoignages de personnes trans dans les médias, puisque moi-même, quand j’étais petite, pendant plusieurs années, je rêvais tous les jours de devenir un garçon. Je pensais que dans ma tête en quelque sorte j’étais un garçon plutôt qu’une fille. Je détestais le rôle de fille qu’on voulait me faire jouer.

Et je voyais aussi ma mère être maltraitée par mon père, et je pense que ça ça aussi ça a joué un grand rôle là-dedans, parce que ça m’a enlevé très tôt, cette envie de devenir une femme.

Jeanne, rebelle du genre.

J’avais une apparence physique de garçons, les gens me prenaient très régulièrement pour un garçon. Moi secrètement j’en étais ravie… sauf que voilà c’est passé à l’adolescence. Je pense que bah tout simplement j’ai mûri en fait et que j’ai fini par accepter que j’étais une fille, que oui, il y avait des gros gros inconvénients à être une fille dans cette société mais que j’avais pas trop le choix parce que mon corps était comme ça et c’est tout.

Et donc en fait moi quand j’étais petite je correspondais tout à fait à la description typique de l’enfant trans. Sauf que je ne me suis jamais identifiée comme ça et qu’aujourd’hui je suis une femme et je suis contente d’être une femme enfin bref…

Du coup quand des personnes trans parlaient de transidentité comme de quelque chose d’inné,  qui dure toute la vie etc. ça me paraissait un peu suspect et surtout je voyais bien qu’il y avait quelque chose dans ce qu’ils disaient qui était complètement à l’opposé du féminisme en fait. Parce qu’ils ramenaient toujours les mots homme et femme à des stéréotypes sexistes! Voilà. Mais à l’époque j’avais pas de regard vraiment critique là-dessus. Je m’arrêtais à ça, à ce “Tiens c’est bizarre quand même, c’est un peu sexiste ce qu’ils racontent”. 

Mais  j’allais pas plus loin en fait. 

Je crois même que je m’empêchais d’y réfléchir parce que j’avais très peur au fond de moi de passer dans le camp des méchants en fait… De passer dans le camp des réacs et transphobes, un peu au même titre que les racistes, les sexistes, etc. Et c’est quelque chose qui me faisait peur, et comme je n’y réfléchissais pas plus que ça, je ne voyais pas tous les problèmes concrets que cette idéologie pouvait poser pour les femmes.

Jeanne, rebelle du genre.

Mais ça a changé, tout ça, il y a un peu plus d’un an. 

Je n’étais pas du tout militante mais je suivais quand même un petit peu ce qui se passait dans le mouvement féministe en France. 

Les collages sur les féminicides,  lancés par Marguerite Stern par exemple et j’avais entendu parler du fait que Marguerite Stern sur retrouvait ostracisée dans le milieu féministe, harcelée etc. parce que c’était une “terf”. Et moi j’ai eu envie de comprendre tout ça, et pour ça je me suis notamment inscrite sur Twitter en fait où j’ai suivi plein de comptes féministes et c’est là que j’ai pris conscience des débats si on peut appeler ça des débats au sein du féminisme sur la question de l’identité de genre. Et j’ai été choquée la violence des activistes trans et de certaines féministes à l’égard des prétendues “terfs”.  J’ai été frappée aussi honnêtement de la bêtise et de la naïveté un peu niaise des arguments des féministes qui se disaient “inclusives”. J’ai commencé à lire vraiment beaucoup sur cette question de la trans identité et de l’identité de genre. Des bouquins de journalistes, de chercheuses féministes anglo-saxonnes principalement.

Et là c’était vraiment génial parce que plus je lisais, plus j’apprenais, plus je regardais des documentaires aussi, plus je me rendais compte que mon malaise vis-à-vis de ce sujet était logique. Il était justifié en fait depuis le début et ça m’a vraiment appris à avoir beaucoup plus confiance en mes jugements.

Il y a quelques mois, je ne sais pas, 3-4 mois, il y a eu vraiment la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour moi c’est que une de mes amis de longue date qui est journaliste a fait une vidéo pour un média très connu qui reprenait complètement la propagande trans sous couvert d’objectivité. 

Et ça m’a vraiment posé problème parce que pour moi, outre que ça véhiculait une idéologie misogyne anti féministe, c’était du mauvais journalisme en fait, c’était de la mésinformation totale.  Et je pense que si j’avais vu cette vidéo il y a  un ou deux ans, peut-être que j’aurais cru ce qu’elle disait, en fait. Parce que je n’avais pas les connaissances pour la juger critiquement.

Jeanne, rebelle du genre.

Et donc cette amie,  j’ai voulu en parler avec elle, elle a pas voulu donc on évite un petit peu   le sujet depuis sauf qu’à ce moment-là en fait je me suis rendu compte qu’autour de moi PERSONNE n’avait envie d’en parler… Toutes mes amies qui ont toutes des idées féministes, soit  elles n’y connaissaient rien et elles ne s’y intéressaient pas vraiment, elles  voulaient pas en parler, ou bien elles évitaient le sujet parce que ça les mettait mal à l’aise comme moi ça avait pu me  mettre mal à l’aise quelques années avant.

Et c’est là en fait que j’ai fini par me créer un autre compte Twitter anonyme et j’ai commencé à twitter sur cette question, essayant de trouver des gens qui pensent comme moi et de me sentir moins seule avec mes idées.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les droits des femmes et pour la société?

Je pense qu’il y aurait énormément énormément de choses à dire et les femmes que vous avez déjà interrogées elles ont déjà dit beaucoup de choses très importantes elles en ont déjà parlé assez bien et du coup, ce que j’aimerais c’est insister sur un point en particulier qui n’a pas encore été abordé dans le podcast, je crois, et qui pose vraiment problème, en tant que femme, en tant que féministe mais aussi en tant que sociologue : c’est l’importance des données statistiques basées sur le sexe.

En fait, je pense que les féministes et les femmes en général ont besoin que des statistiques soient régulièrement recueillies concernant les inégalités et les discriminations et les violences fondées sur le sexe. C’est-à-dire que, si on veut que les gens en général et que les décideurs politiques en particulier, aient une vraie conscience de l’ampleur de ces problèmes et que des politiques publiques à la hauteur de ces problèmes soient mises en oeuvre, il nous  faut des données objectives et les plus précises possibles sur ce qu’on vit en tant que femme  : sur les violences des hommes, sur leur évolution dans le temps, etc.

Jeanne, rebelle du genre.

Et en fait, il n’y a qu’à regarder ce qui se passe avec #MeToo et avec #MeTooInceste, par exemple :  on a beau  avoir des chiffres fiables qui montrent que les violences sexuelles sont extrêmement répandues dans tous les milieux, que ce sont des violences sexistes qui touchent de manière prédominante les filles et les femmes… 

 on a avoir tous ces chiffres, on nous reproche quand même de mentir, d’exagérer ou alors, on dit que les choses ont évolué, qu’elles se sont améliorées, alors même que les chiffres disent l’inverse.

Donc voilà. Vous imaginez que si en fait on n’avait même pas de statistiques fiables pour appuyer nos propos, nos revendications n’auraient carrément aucun poids en fait. 

Et sur ce sujet des statistiques, je voudrais souligner plusieurs choses :

Jeanne, rebelle du genre.

Alors d’abord le fait que la variable “sexe”, elle est importante et elle est pertinente dans l’analyse de quasiment tous les phénomènes sociaux. C’est-à-dire que dans n’importe quel domaine en général vous allez trouver des différences significatives entre les hommes et les femmes. Et ça, ça va du niveau de rémunération aux pratiques de loisirs, aux opinions politiques, à la propension à commettre des violences… tout en fait! 

Et sur certains sujets en particulier comme les violences ou les inégalités c’est carrément absurde de pas prendre en compte le sexe parce que si on est aveugle à cette dimension du sexe, on ne peut même pas se faire une vision réaliste de la situation. Et du coup en tant que sociologue quand on voit ces différences qui ont été mesurées objectivement entre les hommes et femmes, on cherche à comprendre ce qui les explique, ce qui les cause : pourquoi le sexe est aussi puissant pour déterminer toutes ses facettes de nos vies? Et en faisant des recherches plus poussées, plus qualitatives on se rend compte que ça s’explique par des processus de socialisation très différents pour les filles et les garçons, les femmes et les hommes, c’est-à-dire qu’on nous inculque pas les mêmes normes, les  même règles et qu’on finit par intérioriser ces règles jusqu’à ce qu’elles fassent même partie de notre personnalité. Or ce qui fait qu’on va être socialisés  comme fille ou garçon, c’est une seule chose : c’est notre sexe. C’est le fait d’être né fille ou garçon, voilà. C’est juste ça qui va déterminer qu’ensuite, toute notre enfance, et ça va se poursuivre à l’âge adulte,  on va être socialisés comme fille ou garçon.

Du coup, en fait,  les hommes qui pensent être des femmes, ils ont quand même été socialisés comme des hommes,  sachant que, évidemment, il n’y a pas une forme de socialisation masculine ces hommes ils n’ont pas été socialisés de la même manière qu’un garçon qui se sent bien dans son rôle de sexe. Ils ont souvent subi des tas de  violences parce qu’ils n’étaient pas des garçons “comme il faut”, au même titre que les garçons homosexuels par exemple. Mais ça, ce n’est pas une socialisation fille! Ils ont quand même eu une socialisation masculine. Et même si leur famille les a autorisés très tôt à s’habiller de la même façon que les filles, à jouer à des jeux de filles   etc., c’est pas que ça la socialisation de genre en fait!   Ils ont  bénéficié quand même dans une certaine mesure du privilège masculin. Ils ont quand même, pour le dire grossièrement, intégré l’idée que,  ils ont droit de prendre plus de place, de couper la parole, d’imposer leur présence,  d’imposer leurs désirs aux autres et notamment aux femmes … parce que tout ça c’est le genre de choses qu’on intègre de manière très subtile au quotidien en observant le comportement des gens par rapport à nous, quand on est enfant notamment. Et ça c’est uniquement parce que les gens, autour de nous, nous perçoivent comme fille ou garçon.

Du coup, forcément, les hommes qui s’identifient comme des femmes vont avoir des comportements typiques d’hommes. On sait que, par exemple, les hommes transidentifiés ont la même propension à commettre des infractions violentes que les autres hommes, voir une propension légèrement supérieure selon les études, et ça, ça peut s’expliquer par plusieurs choses.

Jeanne, rebelle du genre.

Je pense que, effectivement, le fait d’être marginalisée et précaire, le fait d’avoir  des problèmes psy  aussi, ça peut jouer un rôle, mais la socialisation masculine joue clairement un rôle là-dedans aussi. Et il y a notamment une étude scientifiquement solide  qui  a été menée en Suède sur plusieurs centaines d’hommes transidentifiés qui montre ça. C’est-à-dire que, c’est une étude d’il y a 10 ans qui a montré que les hommes transidentifiés étaient six fois plus nombreux que les femmes à commettre un crime ou un délit, et 18 fois plus nombreux que les femmes à commettre un crime ou un délit violent.

Donc ce n’est pas des femmes déjà, mais  ce n’est pas des femmes comme les autres en fait!

Et en plus, cette étude ne prenait en compte que des hommes qui avaient déjà subi une opération de “changement de sexe” comme on dit, c’est-à dire en fait des hommes qui étaient transidentifiés  depuis des années, qui avaient été prêts à subir tout un parcours médical, chirurgical, social, difficile pour obtenir ce qu’ils voulaient. Ce n’étaient pas simplement des hommes violents qui se faisaient passer pour des personnes trans histoire d’avoir accès plus facilement à des victimes.

Donc  voilà !

Le fait qu’on se dirige de plus en plus vers ça, ça risque d’entraîner des gros problèmes dans la fiabilité et la précision des données statistiques.

Ca, c’est un risque qui est réel, je ne  suis pas parano quand je le souligne…

En Angleterre la semaine dernière par exemple, il y a une étude qui a été lancée par le “domestic abuse comissioner”  (c’est un organisme public) et ils ontlancé une étude destinée aux victimes de violences conjugales, et cette étude ne demandait pas le sexe de la personne interrogée! Elle ne demandait que l’identité de genre…  

En voyant ça je me dis “mais  vaut une étude sur les violences conjugales qui ne prend pas en compte le sexe des victimes?” Sachant qu’en plus les masculinistes passent leur temps à nous dire “Mais les hommes aussi sont victimes de violences conjugales”… et heureusement on peut leur répondre avec des chiffres solides que la grande majorité des victimes sont des  femmes, la grande majorité des auteurs sont des hommes. Si on ne mesure plus cet écart hommes/femmes, en fait on fait disparaître la violence sexiste, on se retrouve à analyser les violences conjugales comme simplement des relations conflictuelles violentes entre les individus, sans voir le tableau plus large de la domination masculine. Et du coup bah bon courage pour y mettre fin en fait!

Et les activistes trans, à ça, ils répondent que il y a  très peu de personnes trans dans la société et que du coup le fait de prendre en compte l’identité de genre plutôt que le sexe dans les statistiques, ça changera quasiment rien!  

Mais en fait, ce n’est pas tout à fait vrai…

Jeanne, rebelle du genre.

Je vais prendre un exemple, celui des viols et des agressions sexuelles. 

Il y a une toute petite minorité, entre 2 et 4 % des auteurs, qui sont des femmes. Le fait que des violeurs hommes transidentifiés, même peu nombreux, soient enregistrés comme femmes. Cela peut du coup augmenter de manière drastique les chiffres sur les violences sexuelles commises par les femmes.

C’est ce qui s’est passé au Royaume-Uni ces dernières années…

Ce qu’il faut savoir c’est que là-bas, le crime de viol, légalement, il requiert un pénis. C’est une pénétration avec un pénis en fait, c’est comme ça qu’il est défini légalement. Donc en théorie, seuls des hommes peuvent être accusés de viol au Royaume-Uni. Il y a des cas très rares où des femmes sont accusées parce que elles ont participé au viol aux côtés d’un homme donc, elles sont condamnées comme complices. Mais ces cas se comptent sur les doigts d’une main chaque année. Et pourtant, ce qu’on observe c’est que entre 2012 et 2018 il y a environ 430 viols qui ont été enregistrés comme ayant été commis par une femme. Donc c’est une augmentation brutale, énorme et, pourquoi? Parce qu’en fait de nombreux services de police à travers le pays ont pris l’habitude d’enregistrer l’identité de genre déclarée par les violeurs plutôt que leur sexe! 

Du coup, si on regarde ça rapidement, on pourrait conclure à une augmentation de la violence chez les femmes! Heureusement la définition légale du viol, qui en soit est très critiquable, prouve que ce n’est pas ça qu’il se passe au Royaume-Uni! 

Mais qu’est-ce qu’il en serait en France si la police et les tribunaux se mettaient à enregistrer massivement les violeurs transidentifiés comme des femmes sachant qu’en France une femme peut tout à fait être accusée de viol (on peut violer avec ses mains, avec un objet, voilà) donc en fait, on ne saurait pas comment interpréter ces données.

On pourrait penser que c’est une augmentation de la violence sexuelle commise par les femmes!

Jeanne, rebelle du genre.

Voilà c’est juste un exemple. Il y a bien d’autres domaines où les statistiques basées sur le sexe sont tellement contrastées qu’un petit nombre d’individus enregistrés dans la mauvaise catégorie peut fausser complètement les résultats, et en plus si le changement d’État civil devient de plus en plus facile la proportion de personne enregistrées dans le mauvais sexe va augmenter. Ça va influencer d’autant plus les statistiques. Du coup comment est-ce qu’on pourra mesurer ne serait-ce que, je sais pas, la réalité des écarts de salaires  entre les hommes et femmes? 

Ca va devenir impossible donc il faut vraiment vraiment continuer à recueillir des données sur le sexe.
Cela n’empêche pas de poser aussi des questions sur l’identité de genre. Au contraire je pense que c’est un  phénomène social qui mérite d’être étudié, ça peut nous apprendre plein de choses.

Parce que ça nous permettra aussi d’avoir une idée beaucoup plus précise des violences et des discriminations subies par les personnes trans elles-mêmes, et c’est important, mais il ne  faut pas confondre sexe et genre, et il ne faut pas faire disparaître le sexe au profit d’une autre catégorie qui serait l’identité de genre, qui en plus relève d’une croyance, et pas du tout d’une réalité objective.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme?

Bon, moi, je ne crains pas du tout pour ma sécurité, d’ailleurs, j’ai hésité à témoigner sous mon vrai prénom. Mais ce qui m’a décidée à être anonyme, c’est que je n’ai pas envie que des collègues, ou des étudiants, des étudiantes – parce que j’ai eu quand même plusieurs centaines d’étudiants au total ces dernières années – me reconnaissent et que ça puisse potentiellement me nuire professionnellement, sachant que les cas de femmes qui perdent leur emploi à cause de leurs opinions sur ces sujets existent. Je n’ai pas envie de prendre ce risque en fait.

Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

écemment j’ai déménagé dans une petite ville et, du coup, j’ai rejoint la seule association féministe de la ville,  c’est une association qui est universaliste et non mixte. Et dans ma ville elle est très très majoritairement formée de femmes qui ont l’âge d’être à la retraite. Beaucoup sont militantes depuis plusieurs décennies. Du coup je ne m’attendais pas, (j’ai peut-être été un peu naïve) je ne m’attendais vraiment pas à ce que l’idéologie de l’identité de genre soit très présente parmi elles, j’ai été assez surprise…

Jeanne, rebelle du genre.

L’anecdote en question, c’est qu’il y a quelques semaines, l’association a organisé une conférence-débat autour de l’universalisme et l’intersectionnalité. Et la discussion a surtout porté sur les questions liées au racisme et à la religion, mais à un moment donné j’ai voulu tester le terrain en quelque sorte. J’ai évoqué la question de la transidentité. J’ai dit quelque chose comme : “ Oui mais dans beaucoup de groupes féministes aujourd’hui, ce n’est pas tant ces questions qui se posent au sujet de l’intersectionnalité et l’inclusion, c’est plus tout ce qui concerne la trans identité.

La plupart des femmes qui étaient présentes ont été très surprises que j’amène ce sujet en fait parce que pour elles cette cette question trans c’était plutôt un impensé. Par contre quand j’ai commencé à donner mon avis, notamment sur le fait que les “femmes trans” ne sont pas des femmes, ce sont des hommes trans identifiés, et qu’affirmer le contraire, comme le font beaucoup de féministes au nom de l’inclusivité, ça nuit aux intérêts et aux droits des femmes…

Là, presque tout le monde s’est insurgé.

Je me suis retrouvée toute seule à défendre cette idée-là au milieu d’une bonne trentaine de femmes et que beaucoup d’entre elles étaient choquées de mes idées.

Jeanne, rebelle du genre.

La seule autre femme jeune de l’assemblée, elle a parlé des “terfs” comme pour me dire “Attention! Si tu continues à dire ça ça veut dire que t’es une terf quand même!” 

Elle me disait ça plutôt avec bienveillance en fait je pense qu’elle pensait que j’y connais rien, que j’avais pas du tout un point de vue informé sur cette question et elle voulait m’éduquer! Et il y a eu d’autres femmes dans le groupe qui ont eu cette même posture à ce moment-là, d’éducation envers moi, et  j’ai eu l’impression que tout ce qu’elles avaient  à me dire c’était : “Attention ma petite! Tu dis quelque chose d’interdit!”

Il y a une femme, une seule qui a appuyé un de mes arguments, mais on lui a coupé la parole en gros… Il y a une des adhérentes qui a demandé : “Mais du coup on fait quoi? Oui les femmes trans, est-ce qu’elles ont le droit d’adhérer à l’association? (qui est non mixte, je le rappelle). Et il y a une autre femme dans une position d’autorité qui a répondu tout de suite, sans hésiter : “Oui”, et il n’y a pas eu de  débat…

Et tout ça c’est super intéressant parce que j’ai compris que même si ces femmes elles n’avaient jamais réfléchi précisément à la question, elles avaient quand même absorbé cette idéologie et surtout elles avaient absorbé l’interdit de la remettre en question. 

Ça montre bien le danger qu’il y a dans le milieu féministe à ne pas réfléchir sérieusement à cette question alors même que l’idéologie trans est profondément sexiste, elle  est illogique, elle  est rétrograde, et que  si on ne réagit pas, en fait, on laisse faire des choses qui vont directement à l’encontre de nos intérêts en tant que femmes.

Et pourtant, en fait, même dans une toute petite ville, dans une tout petite asso comme ça, le danger est réel. Il est pas très loin en fait, il existe parce que ce que j’ai constaté, c’est que dès qu’il y a une rencontre, un débat organisé par l’association, systématiquement il y a des militants d’une autre association de la ville qui est une association LGBTQIA+ , comme ils se présentent, qui viennent.

Jeanne, rebelle du genre.

Ils ont droit parce que certaines rencontres de l’asso sont ouvertes à tous, elles ne sont pas toutes non mixtes, ils ont le droit de venir. Mais en fait ils viennent et ils ont tendance à ramener les débats autour des questions LGBT et trans en particulier. Et y compris, des fois, à monopoliser un petit peu le temps de parole, après les interventions, pour faire leur propagande, en fait (faire leur propagande “pro trans”). Et j’ai constaté que pas grand monde dans l’assemblée ne leur répond, n’ose intervenir.

Les femmes restent majoritairement silencieuses, elles attendent qu’ils aient fini de parler. Elles acquiescent un petit peu mollement et c’est tout.

Jeanne, rebelle du genre.

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Non, à part que je suis très contente que vous ayez décidé de lancer ce podcast parce que je crois qu’il y a vraiment besoin en France d’entendre les voix des femmes qui ont ces opinions-là. Que l’on est toujours marginalisées, diabolisées etc. Et ça fait vraiment du bien d’entendre d’autres femmes qui ont ouvert les yeux sur ces questions, voilà.

Nous remercions Jeanne pour son témoignage.

 N’hésitez pas à partager le plus largement possible et s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/


Mercie les femmes!

Suivez Jeanne! https://twitter.com/poulimiotte

Lucie, rebelle du genre.

Bonjour.

Je m’appelle Lucie, j’approche de la quarantaine. 

Je suis une femme, je suis lesbienne et j’ai des formes généreuses !

Ce n’est pas moi qui lit mon texte, mais ce sont bien mes mots que vous allez entendre.

Je suis féministe, je suis abolitionniste du genre et de la prostitution qui sont des violences societales patriarcales faites aux femmes. 

Avant de me construire en tant que femme, j’aurai ramé.

Lucie, rebelle du genre.

Petite on m’a appris que les femmes aiment les hommes et doivent se rendre désirables à leurs yeux notamment en mettant des vêtements sexy et du maquillage. 

Et bien sûr que les femmes doivent mettre au monde des enfant.e.s et les élever. 

En gros, ce que la société voudrait que soient les femmes. 

Je ne me suis jamais construite d’après ces stéréotypes sexistes, j’ai toujours trouvé cette image si peu fidèle à ce qu’est une femme et si peu valorisée par rapport à la place accordée aux hommes ; mais je ne suis pas arrivée pour autant à me construire socialement facilement.

À l’adolescence, comme j’aimais tout ce que mes copains aimaient ou non en terme d’activités sportives : j’ai douté être une femme.

Lucie, rebelle du genre.

Une bonne partie de mes ami.e.s étaient homosexuelles au lycée. 

J’étais en questionnement sur mes sentiments : je pensais aimer les hommes mais n’était pas attirée sexuellement par eux… 

Le queer paraissait attrayant, mais ça ne m’a pas aidé pour ainsi dire plus que ça : je me suis même perdue en chemin avec tous ces « genres » possibles. 

Pouvoir te définir comme tu le veux et même pouvoir changer de « genre » ne m’a pas permis de comprendre qui j’étais au fond : moie et par rapport à la société.

Selon mon amie Béatrice, ma construction du genre n’était pas la bonne : j’étais un homme.

Elle pensait que mon mal être de l’époque venait de là.

Et comme j’étais perdue dans mes sentiments, j’ai suivi son conseil : il fallait que j’explore “ma masculinité”.

J’ai porté une cravate et j’ai essayé d’adopter les mêmes comportements que les hommes.

Lucie, rebelle du genre.

Mais là non plus je ne me sentais pas du tout homme, mais j’ai continué à me comporter ainsi car je pensais que je souffrirais moins car je serais moins opprimé dans la sphère publique.

Jusqu’au jour où, un homme m’a dit à quel point il m’admirait pour oser porter cette cravate tous les jours, car cet objet était si oppressant pour un homme : il serrait, tenait chaud et faisait l’objet de concours entre eux, de largeur et surtout de longueur.

À ce moment-là, j’ai compris que j’étais ridicule : porter une cravate et adopter leurs comportements ne faisait pas de moie un homme, pas plus que d’aimer des activités soit disant “typiquement masculines”.

Étant perdue et trouvant les deux choix que mon entourage me “vendait” si peu attrayants, j’ai décidé, pour un temps de « finir vieille fille avec des charentaises », c’était la meilleure option qui se présentait à moie.

Je regrette d’avoir fait ce choix à l’époque, car je suis devenue asociale : j’étais en colère et en voulais pour ainsi dire à la terre entière car je n’avais pas le droit de m’exprimer et d’exister comme je me voyais. 

Aux yeux des un.e.s, je n’étais pas une femme ; aux yeux des autres je n’étais pas un homme, juste « un garçon manqué » : en somme, je n’étais rien. 

Lucie, rebelle du genre.

J’ai fini par tomber en dépression.

Je n’en pouvais plus d’être perdue, malheureuse et d’être devenue une loque.

J’avais décidé de mettre fin à mes jours au travail.

Les paroles d’une collègue ont pesé lourd dans la balance et m’ont empêchée d’aller plus loin. Elle m’a dit : “Pourquoi es-tu si dure avec les gens ? Et pourquoi l’es-tu encore plus avec toi-même ? Je ne sais pas ce qu’on t’a fait, mais tout le monde ne te veut pas du mal, tu sais.”

Je me suis alors demandé pourquoi je ne m’aimais pas et pourquoi je ne pouvais pas être heureuse moie aussi.

Ne pouvant parler de mon mal être à personne de mon entourage, j’ai décidé d’aller voir un psychologue : c’était la thérapie de la dernière chance.

Si cette thérapie ne m’aidait pas, je savais ce qu’il me restait à faire.

C’est bien la première fois dans ma vie ou on laissait m’exprimer vraiment et notamment sur mes sentiments, ma sexualité, le nœud du problème.

De cette thérapie, je suis arrivée à entrevoir que mes sentiments étaient tournés vers les femmes.

À l’inverse, je ne ressentais rien pour les hommes : je m’entendais bien avec eux mais ils ne m’attiraient pas.

Ce n’était pas l’avis de mon thérapeute qui me posait sans cesse la même question : aimez-vous les hommes ou les femmes ?

À chaque fois, je lui répondais “les femmes”.

Un jour, lors de notre séance, il m’a posé à nouveau cette question; je me suis énervée parce qu’il paraissait douter de mes paroles.

Je lui ai demandé pourquoi il ne me croyait pas quand je lui ai parlé de mes sentiments : d’autant plus, que toutes mes tentatives avec des hommes s’étaient conclues par un échec au moment de l’acte sexuel : mon corps refusant leur pénétration, et le contact de leurs corps me dégoûtait.

Il m’a répondu que je ne pouvais pas aimer les femmes : c’était juste parce que je n’avais pas une bonne image de moie.

Lucie, rebelles du genre.

Je n’étais pas d’accord avec lui, et je lui ai dit ouvertement. 

Il m’a alors dit que toute cette souffrance que j’avais connue allait recommencer. 

J’ai pris peur, et me suis mise à pleurer : je ne voulais pas revivre l’enfer par lequel j’étais passé.

Il m’a demandé pourquoi je n’avais pas confiance en lui ? Jusqu’à présent il m’avait aidé à aller mieux. 

Je lui ai dit que j’avais confiance en lui. 

Alors il m’a demandé pourquoi je refusais d’être heureuse. 

Je lui ai dit que je ne refusais pas d’être heureuse, c’est que je voulais trouver enfin ma place et être heureuse.

Alors, il m’a dit qu’il fallait suivre ses conseils, que c’était dur, mais que le bout du tunnel était proche : je serais bientôt une femme heureuse et épanouie dans la vie.

À une autre séance, je lui ai parlé de mes travaux manuels avec un homme de mon association.

Il m’a demandé si je m’entendais bien avec lui, et je lui ai répondu que oui.

Il m’a dit que c’était sans doute le bon, que je devais sortir avec lui.

À force de tous ses commentaires, comme : « vous ne pouvez pas savoir avant de vous lancer, c’est sans doute le bon », je me suis mise avec lui.

À ma séance suivante chez mon thérapeute, je lui ai dit que c’était fait, que j’étais avec lui : il était ravi et moie j’étais en colère.

En colère car je n’éprouvais aucun plaisir avec lui ; c’était même douloureux.

Je simulais pendant l’acte pour écourter nos rapports.

Il m’a dit que c’était normal, les rapports avec plaisir au début étaient un mythe martyre.
Je lui ai répondu que ça faisait plus d’un mois et demi que je simulais.

Il m’a dit qu’il fallait au moins 100 rapports pour être bien sexuellement en couple.

Il m’a dit aussi que c’était parfois normal de simuler, que c’était un acte d’amour : l’homme et la femme n’avaient pas le même plaisir et pas de la même façon… il fallait que je l’accepte.

Lucie, rebelle du genre.

Après un peu plus de quatre mois à simuler au lit, j’ai commencé à avoir un peu de « plaisir » avec lui. 

En réalité, je m’étais dissociée et il m’avait torturé, manipulé pour que je pense être hétérosexuelle… mais ça je ne l’ai compris que plus tard en écrivant tout ce qui m’avait fait comprendre que j’étais lesbienne. 

Je l’avais aussi compris grâce à ce que le féminisme m’avait apporté comme analyse de l’oppression sociale capitaliste et patriarcale. 

J’ai eu pendant 5 ans des rapports sexuels espacés avec cet homme : il n’était pas rare que je pleure en cachette à la fin de nos rapports.

J’ai fini par croire que le problème venait de moie : je ne devais pas aimer le sexe.

Après mon trentième anniversaire j’ai fait un travail sur moie.

Je voulais savoir pourquoi je désirais un enfant, pourquoi je n’arrivais plus à prendre la pilule, et pourquoi je n’arrivais plus à donner de plaisir à mon partenaire quand il me regardait.

Mon corps supportait de moins en moins son sexe en moie.

Et cette vérité qui a toujours été au plus profond de moie a refait surface à ce moment-là : j’ai toujours regardé les femmes et je les trouvais belles.

Au début, je pensais que c’était parce que j’étais complexée par mon corps (comme me l’avait fait croire mon thérapeute), ou que c’était de la curiosité mal placée : mais au bout d’un moment, à force de penser aux femmes tout le temps, j’ai commencé à revenir sur cette “certitude”.

Une semaine, au bout du cinquième jour à ne penser qu’aux femmes toute la journée ; je me suis dit que pour y penser autant et surtout en continu, il fallait que je regarde les faits d’un peu plus près : d’autant plus que lors de mon dernier rapport sexuel, je m’étais fait la réflexion que de faire l’amour avec lui en imaginant que c’était une femme, ce n’était plus possible.

La semaine suivante, je pensais davantage encore aux femmes.

Je me suis dit que je devais vraiment les aimer pour y penser tout le temps.

Je me suis mise à réfléchir à mes dernières réactions vis-à-vis des femmes et des hommes.

Dans la rue, je m’étais déjà surprise à penser que j’avais regardé des femmes quelques secondes, alors que mon téléphone indiquait que ça faisait vingt minutes !

Je ne pouvais qu’en conclure que j’aimais les femmes : j’étais lesbienne 

C’était un grand soulagement pour moie, j’étais heureuse de m’être enfin trouvée.

Je n’étais plus une femme morcelée : j’étais enfin entière.

Lucie, rebelle du genre.

Si je suis critique du genre, c’est parce cette institution m’a entravé dans ma construction sociale. 

Noues les femmes, la société noues enseigne à prendre soin de tout le monde sauf de noues : c’est une énorme charge mentale que la société noues impose. 

Se faire belle pour plaire, n’est pas pour noues aimer noues même : sans parler de combien ça coûte ! 

Dire que notre corps n’est pas une donnée réelle et qui compte est une arnaque intellectuelle. 

Noues ne pouvons pas dissocier notre corps et notre tête ! 

Ce qui affecte l’un, a forcément des répercussions sur l’autre. 

Si jamais ça arrive c’est que noues avons subi des violences.

Pour exister politiquement et être reconnues dans notre société il faut être défini de manière claire.

Il faut aussi arrêter de noues faire croire que pour qu’un autre groupe puisse exister il faut partager nos droits : c’est un mensonge éhonté.

Les femmes peuvent exister dans la sphère politique et être reconnues pour leurs spécificités : notre histoire politique et construction sociale, ça vient du fait que noues sommes opprimées parce que la société veut avoir le contrôle de nos ventres (car nous pouvons porter la vie).

Les personnes trans peuvent exister dans notre société en étant reconnu comme trans et avoir leurs propres espaces, sans entraver nos droits qui sont autant légitimes que les leurs. 

La résilience est une force chez les femmes… Mais elle a aussi un coup non négligeable.

Les violences que j’ai subit font la femme que je suis aujourd’hui oui. 

Mais j’ai perdu en chemin une bonne partie de  la sexualité épanouie que j’aurais pu avoir soit 12 années dans une vie.

Lucie, rebelle du genre.

Après avoir eu honte de parler de mon vécu, je pense qu’il est temps de raconter. 

Comme le dit si bien Audre Lorde, notre silence ne noues protégera pas, c’est un conseil sage et éclairé. 

Que les choses soient claires, bien que ma confiance en la psychiatrie ait été ébranlée par mon vécu, elle n’en reste pas moins utile et indispensable. 

Son talon d’Achille est que les femmes ne soient pas vues comme étant l’égale de l’homme. 

La femme est toujours vue comme étant complémentaire de l’homme.

Si la psychiatrie ne noues considère pas comme une entité à part entière, elle ne pourra pas avoir l’analyse nécessaire pour noues aider : car elle ne prendra pas en compte suffisamment le sexisme.

Lucie, rebelle du genre.

Ce serait vraiment bien que l’homosexualité soit dans les faits vraiment reconnue comme une sexualité au même titre que l’hétérosexualité dans la psychiatrie et enseigné. 

J’attends beaucoup de la loi pour lutter contre les thérapies de conversion qu’elles soient d’origine religieuse ou médicale. 

La bienveillance, l’écoute sans jugement et la confiance sont essentielles pour se faire aider par un psychiatre quand on en a besoin, sinon cette personne a toutes les cartes en main pour vous manipuler.

Bien qu’ayant subi ces violences médicales, cette thérapie exploratoire m’aura aidé à comprendre ma sexualité même si elle a durée un certain temps. 

Je pense qu’il est indispensable de les garantir pour aider les personnes qui se cherchent. 

Noues ne partons pas tous et toutes avec le même bagage, ni ne vivons les mêmes entraves, les mêmes violences générées par la société : parfois se donner du temps pour se poser et réfléchir n’est pas une faiblesse et vaut plus que toutes les certitudes. 

Le plus important est de protéger les personnes et surtout les enfant.e.s et adolescent.e.s. 

Laissons leur le temps de se trouver et de comprendre comment devenir adultes.

Nous remercions Lucie pour son témoignage que j’espère avoir lu avec justesse.

 N’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible. S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Pour nous suivre et/ou témoigner : https://linkfly.to/rebellesdugenre

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