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Rebelles du genre – Épisode 48 – Chloé

Chloé – Je suis Chloé je suis une femme autiste asperger de 22 ans, J’habite pas loin de Bordeaux et je fais des études en lettres, actuellement.  Je témoigne pour avertir du danger que toute cette idée actuelle, de remettre en cause ce qu’est réellement la femme, et ce transactivisme qu’on vit aujourd’hui, à quel point ça peut être dangereux pour un adolescent en développement, ou même une jeune adulte en développement. Et à quel point, quand on est perdu, c’est facile de mordre à l’hameçon de ce transactivisme, entre guillemets de “se faire avoir” et de, potentiellement, détruire entièrement son avenir, et sa possibilité d’avoir un enfant, sa possibilité d’être épanouie dans une vie, de sentir bien avec soi-même, parce qu’on a fait une erreur. Et donc oui, je témoigne aujourd’hui pour avertir. 

Je ne me considérais pas comme critique du genre à l’époque de ce qui m’est arrivé au lycée, qui a fait qu’aujourd’hui je suis critique du genre. Ce qui a fait qu’aujourd’hui, je le suis, c’est vraiment que je n’ai jamais pu rentrer dans une case, en fait. Du côté des garçons, j’étais une fille, donc je ne pouvais pas… Du côté des filles, j’étais trop masculine. J’étais un peu “garçon manqué” donc je ne pouvais pas non plus, je n’étais pas acceptée pleinement. Mes amis garçons, ben voilà il y avait toujours le : “Oui mais tu es une fille, donc on est plus intéressés par toi parce que… Surtout à l’adolescence, au lycée, le côté sexuel, un peu, de la chose, et de vouloir une relation. Et du côté des filles, j’étais trop “garçon manqué”, je ne rentrais pas dans les cases, je remettais en cause le : “Oui mais pourquoi si je suis une fille, je devrais faire ci ou je devrais faire ça?” Et donc ça ne me plaisait pas. Et après, ce qui a fait que je suis devenue critique du genre aussi, c’est l’éducation que j’ai eue de la part de ma mère, qui a toujours été très féministe, et je ne la remercierai jamais assez à ce niveau-là, parce que ça m’a… Elle m’a toujours appris que si j’aimais quelque chose, c’est pas parce que quelqu’un me disait “Non c’est pas bien que tu aimes ça”, qu’il fallait que je l’abandonne.  

Dès petite, j’aimais tout ce qui était rock n’ roll, un peu gothique, tout ça… et mon père n’aimait pas du tout, mais ma mère m’encourageait dans ce truc, même si tout le monde me disait : “Mais oh tu es ridicule, tu es une gothique, et tout.” Mais je ne rentrais pas dans les cases à cause de ça, mais j’en étais très contente parce que au moins je m’assumais, même si c’est ce qui a créé pas mal de harcèlement chez moi, le fait de ne pas rentrer dans les cases. Et une fois arrivée au lycée, prendre un peu plus en maturité, je me considérais vraiment comme féministe, sauf que à cause de mon harcèlement, je me suis énormément renfermée sur moi-même. Je me réfugiais énormément dans les jeux vidéo, les réseaux sociaux. Ma vie sociale, elle se [limitait] vraiment à mon ordinateur et mon téléphone. Et une fois que je suis arrivée, vraiment, au lycée, j’ai rencontré un groupe d’amies qui était un peu comme moi, c’était des filles qui aimaient les jeux vidéos. Donc bah tout de suite, ça a collé, et en fait, avec leur recul, je pense que c’est une des plus grosses erreurs que j’ai pu faire plus jeune, parce que c’est comme ça que j’ai rencontré la fameuse fille qui prétendait se sentir homme. C’est comme ça que je l’ai connue et que tout a dégringolé, en fait. J’ai rencontré ce groupe de filles, qui étaient toutes très “garçons manqués” : jeux vidéo, réseaux sociaux, comme moi. Donc, tout de suite, je me suis dit : “Ouais, trop bien! J’ai trouvé des filles comme moi!” 

Dès le début, il y avait des signes avant-coureurs de ce qui allait se passer, mais je ne les voyais pas parce que j’étais aveuglée par ce manque d’interactions sociales que j’avais. J’étais aveuglée par ça, de me dire : “Mais en fait, ça y est! J’ai trouvé mon groupe!”

Mais dès le début, elles remettaient en cause…  “Oui mais tu vois bien que tu t’habilles comme un garçon, donc c’est qu’au fond tu n’es pas vraiment une fille.” C’étaient des petites remarques par-ci, par là : “Tu es vraiment masculine, je pense que, au fond, tues non-binaire, et pas une fille réellement… Tu es sûre de ne pas vouloir essayer les cheveux courts?” (parce que j’avais les cheveux longs à l’époque et je les aimais beaucoup).

Cette fille, en fait, avec qui j’étais, et ce groupe d’amies, m’incitaient énormément à enlever tout ce côté féminin qui me restait, au point où ça a fonctionné, à un moment j’étais à la limite de la transition, je me disais : “Ouais j’ai envie qu’on m’appelle par un nom masculin.” 

Je me suis coupé les cheveux, tout ça. Bon ça a été vers la fin, mais dès le début en fait, c’était toujours la remise en question de ma personne, de qui j’étais, de comment je m’assumais. Si jamais je leur disais : “Non, je ne suis pas d’accord avec vous, j’ai envie de porter une jupe, j’ai envie de porter ce que je veux, j’ai envie de de garder mes cheveux longs, que je ne me sens pas enfermée dans une cage juste parce que je prends, une jupe ou parce que je me sens fille”, j’avais le droit à la soupe à la grimace pendant au moins une semaine. C’est-à-dire que le seul groupe d’amies que j’avais me rejetait entièrement. Donc c’était très dur, et puis au fond je me disais “Mais est-ce que j’ai vraiment envie d’abandonner ce groupe?” En tant qu’adolescente qui se construit, quand ta seule vie sociale et ta seule vie tout court, en fait se résume au lycée, perdre le seul groupe que tu as au lycée, c’est terrible! Et je pense qu’on a toutes ressenti ça au lycée, d’avoir un groupe et de se faire rejeter par son propre groupe, c’est absolument horrible. 

Et donc j’ai préféré me plier un petit peu, parce que la pression psychologique qu’elles mettaient vraiment sur : “Il faut que j’accepte leur idée”… et si j’accepte pas leur idée, je suis une ennemie… c’était vraiment tout ou rien. Et en fait, ça ne se limitait pas seulement au lycée. Déjà, au lycée, elles avaient des badges sur leurs sacs avec le drapeau, elles coloriaient des drapeaux partout, elles avaient “PRIDE”, et tout… Elles voulaient montrer, quoi. Et puis au fur et à mesure, en me rapprochant de ce groupe, j’ai commencé à avoir des sentiments pour cette fille. J’ai commencé à réellement avoir des sentiments pour elle, parce que c’était comme ma meilleure amie… sauf qu’il y avait quelque chose derrière. Donc au début, je me considérais comme lesbienne, mais au final ce n’était pas réellement ça, et honnêtement, aujourd’hui, je reconnais que c’était mon premier amour. Mais j’étais incroyablement manipulée par ce groupe et par cette fille. Et donc on a commencé à sortir ensemble avec cette fille et c’est à partir de là que c’était parti. De  jour en jour, ça continuait, mais de plus en plus fort. 

Par exemple, elles me lâchaient des : “Si tu sors avec cette fille, et que tu t’habilles comme un garçon, c’est qu’au fond tu es un homme, mais tu ne veux pas l’assumer!” Et intérieurement, je me disais : “Mais non, en fait, je n’ai pas envie.” 

Mais quand je voyais la personne que j’aimais me dire : “Moi, avec mon expérience, je pense vraiment que c’est tes parents qui t’empêchent d’être qui tu es réellement…” Donc en fait, en plus d’avoir un impact sur ma vie au lycée, sur mon être en tant que telle, elles commençaient à avoir de l’influence sur la relation que j’avais avec mes parents.

RDG – Est-ce que tu en as parlé avec tes parents à ce moment-là? Est-ce que c’est quelque chose que vous avez abordé?

Chloé – Alors justement, en fait, j’étais tellement manipulée par cette fille qu’elle a réussi à me monter la tête contre mes propres parents. C’est à dire qu’à cette époque elle détestait tellement ma mère – surtout ma mère, elle l’aimait vraiment pas, parce que ma mère lui montrait par A+B que son idée d’être un garçon, en fait, c’était juste un problème psychologique, elle était vraiment en colère que ma mère puisse lui dire ça – elle en avait tellement après ma mère, que c’était toujours : “ma mère c’est la méchante”. Sauf que, vu que j’étais amoureuse, j’étais folle amoureuse de cette fille, je me persuadais que c’était une réalité, que ma mère était l’ennemie. 

Au point où je me suis coupée complètement de ma mère. Il y a vraiment eu une rupture dans ma relation avec ma mère, à cause de cette fille, où elle me disait : “Ta mère t’empêche d’être qui tu es réellement. Ta famille, elle ne veut pas t’aider, elle te, elle t’emprisonne, en fait. Ta famille, elle … Ta mère veut que tu rentres dans ces cases et pas que tu sois libre, en fait!” Alors que ma mère, au contraire, elle m’a toujours poussée à accepter la personne que je suis, et à accepter pleinement, à m’assumer, en fait. Elle a  toujours été derrière moi, en fait. Jamais une seule fois, ça n’a été péjoratif. Mais cette fille avait un pouvoir de manipulation sur moi, au point où vraiment ça m’a tournée contre ma mère. Au point où je n’avais plus personne. Je m’étais isolée. Cette fille m’avait isolée, et je l’avais fait de moi-même, tellement j’étais manipulée. Je m’étais isolée de tout le monde. Les dernières personnes que j’avais, c’était ce groupe d’amies, et cette fille, qui était donc ma petite amie à l’époque. Et en plus, avec l’âge rebelle, au lycée ça n’aidait pas, quoi. Ça n’aidait vraiment pas, et je me faisais influencer dans ma recherche de qui j’étais, et c’est absolument incroyable. Elle remettait réellement en cause toutes les actions de mes parents, elle me persuadait que ma famille était nocive, toxique, que c’était des vrais bourreaux.

Elle réussissait, c’était ça, le pire. Elle réussissait.

Je ne parlais presque plus à ma mère, à ma famille.

J’avais la boule au ventre en rentrant chez moi, parce que pour moi, mes parents étaient mes ennemis. 

J’en arrivais où je pouvais vraiment faire une crise panique en rentrant chez moi juste parce que je me disais : “Je vais voir ma mère!”

Alors que, honnêtement, si je n’avais pas connu cette fille, jamais ça ne serait arrivé. Jamais.

Avant d’avoir connu cette fille, jamais je ne m’étais posé la question de : “Ouais, est-ce que je suis réellement une femme ou pas?” Parce que pour moi, c’était absurde. 

Elle a quand même réussi à forger dans mon esprit une vision complètement erronée de ma famille. Son but, c’était aussi, je pense, je l’assume, mais … vraiment ce qu’elle renvoyait, c’était que son but, c’était de m’éloigner de mes amis, et elle avait réussi. 

Et je me suis retrouvée seule avec plus aucune personne de confiance, à part elle et mes amies qui s’identifiaient transexuelles pour la plupart, ou non binaires, ou “non, je suis… je suis un garçon, etc.” Enfin, tout ce genre de choses. 

Et elles m’avaient complètement relookée aussi. J’ai eu les cheveux courts, à la garçonne. Je ne m’habillais plus qu’avec des jeans, des baskets et des pulls oversized, parce que sinon on voyait trop mes formes, et j’allais me sentir mal qu’on voit mes formes. C’était du noir ou du bleu, et surtout pas quelque chose qu’elles jugeaient “féminin”… Sinon c’était se forcer à [être] une personne qu’on n’est pas.

En fait, c’était limite devenu une secte, au point où on parlait, on mangeait, on respirait, on transpirait LGBT.

Vraiment, il n’y avait que de ça : et du transactivisme aussi. 

A l’époque, je ne vais pas dire que j’étais une transactiviste, parce que je ne le partageais pas sur les réseaux, ou quoi que ce soit, mais vraiment, j’étais persuadée que le transactivisme était une bonne chose.

Alors que, avec le recul, pas du tout!

Et en fait, pas très longtemps après qu’elle ait réussi à m’isoler de tout le monde, ma petite amie m’a annoncé que, en fait, elle était transexuelle, et qu’elle allait faire la transition pour devenir un homme. Qu’elle voulait qu’on la genre au masculin. Qu’on l’appelle par son nouveau prénom. Et moi, je trouvais ça merveilleux : “mais c’est incroyable, c’est dingue. Tu t’assumes, je suis tellement heureuse pour toi!”

Je la soutenais, et pour moi, mon premier amour devenait la personne qu’elle souhaitait être… c’était que du bonheur!

Sauf qu’en fait, ce n’était pas du tout la réalité, c’était vraiment une façade, et vraiment à partir de ce moment-là, c’est devenu de pire en pire. 

Au point où on avait des cours d’arts plastiques ensemble, et tous ses projets, c’était sur la dépression, et à quel point être dépressif c’était poétique. Etre triste et se mutiler, c’était poétique. Que la transexualité, c’était de la libération, etc.

Donc je passerai le sujet de la mutilation parce que vraiment, elle avait une obsession avec ça, vraiment. 

Elle me faisait du chantage avec ça.

RDG – Tu dis que tu veux le passer, mais c’est quand même un point important, on le gardera si tu veux, ou pas. Mais qu’est-ce que tu entends par cette obsession de la mutilation? 

Chloé – Elle se scarifiait.

RDG – Elle te demandait de le faire aussi ?

Chloé – Alors une fois. En fait, à chaque fois qu’on se prenait la tête, elle me faisait du chantage à la mutilation. Elle me faisait du chantage en disant : “Ouais, non mais tu penses ça de moi, et tout… je vais me mutiler.” 

Et puis après, elle m’envoyait des photos de tout ça, au point où moi je me disais : “Mais ça devient normal.” Et j’ai commencé à le faire. J’ai commencé à le faire. Parce que, à chaque fois que je faisais vraiment une crise due à mon autisme, à chaque fois que je faisais des crises d’overwhelm, quand j’étais vraiment trop stimulée, au point où mon cerveau n’arrivait plus à fonctionner, la seule solution, ça en venait à être de la scarification, parce que c’était la seule qu’on m’avait appris, étant donné qu’à l’époque, ma mère ne s’y connaissait pas beaucoup en autisme, qu’elle n’avait pas été diagnostiquée, moi non plus. Je n’ai reçu mon diagnostic que très tard, et la seule [solution] qu’on me donnait quand tu te sens vraiment pas bien, c’était de te mutiler. Donc je l’ai fait.

Et elle me disait : “Ouais mais c’est trop beau, tu le fais aussi! Tu te rends compte de la beauté du truc, et tout…”

Et ouais sans donner à du chantage à la mutilation, que c’était une bonne chose…

Avec le recul, aujourd’hui, je me dis : “Mais comment j’ai pu me faire berner comme ça, vraiment? Comment j’ai pu? Mais entre les sentiments que j’avais,  et l’âge bête, le fait de trouver enfin un groupe social qui m’accepte, je me disais : “c’est magnifique. et c’est parfois… On vit dans le meilleur des mondes” … Sauf qu’en fait, pas du tout.

 Et donc, oui, par rapport à la mutilation : ça en venait à faire du chantage à la mutilation. 

RDG – Donc scarifications, ce genre de choses-là?

Chloé – Oui, de réelles scarifications. J’en ai des cicatrices aujourd’hui sur les bras. Je me suis fait tatouer pour couvrir un bras, mais j’ai l’autre qui n’est pas encore tatoué, et j’ai encore énormément de cicatrices.

Pareil pour les cuisses : j’ai des cuisses où j’ai encore des cicatrices, et je sais que ça va me suivre toute ma vie.

Et aujourd’hui, à chaque fois que je regarde ces cicatrices, autant je me dis : “J’ai réussi à passer ce cap, et je suis fière de moi.” Mais en même temps ça me renvoie à cette époque, et ça me rappelle cette personne.

Et il y a vraiment des fois où, quand je ne vais pas être bien, de base, et que je vois ça, et que ça me rappelle cette personne, ça va jusqu’à récemment, parce que j’en ai travaillé avec mon thérapeute, jusqu’à récemment, je pouvais vraiment faire des crises juste parce que je n’allais pas bien, et de voir mes cicatrices… Ca m’a réellement laissé un traumatisme, cette expérience. 

Encore aujourd’hui, je peux en faire des cauchemars. 

J’en ai refait un il n’y a pas très longtemps, par rapport à ça, où je rêvais que la personne envers qui j’ai des sentiments actuellement me faisait le même coup que cette personne. Et je me suis réveillée en pleurs, vraiment… Enfin, je n’étais pas bien du tout, quoi. 

Et je sais que ça risque de me suivre encore très très longtemps. 

Mais oui, donc pour revenir à cette histoire, pas très longtemps après cette histoire de transition, elle m’a quittée du jour au lendemain. 

Mais quand je dis “du jour au lendemain”, c’est réellement du jour au lendemain : la veille, on était au téléphone (parce qu’on s’endormait avec le téléphone, on s’appelait, on trouvait ça absolument très romantique, etc…) Alors bon voilà c’est des trucs d’adolescents, mais bon, la veille au téléphone, elle me disait qu’elle m’aimait plus que tout au monde, qu’elle voulait passer sa vie avec moi, etc… Et le lendemain, réellement 24 heures plus tard, elle me largue sans m’expliquer, sans aucune explication. Et après lui avoir envoyé des messages en la suppliant de m’expliquer et des heures de discussion, elle a craqué et elle m’a déversé toute sa haine : me reprochant que j’avais jamais été là pour elle, que je ne l’avais jamais soutenue dans sa transition, que j’étais une mauvaise personne, qu’elle me détestait, qu’elle ne pensait pas pouvoir rester en couple avec une fille, maintenant sa transition commencée. 

Alors qu’avant, on était en couple, il n’y avait aucun problème. 

Et encore moins avec moi… et que je ferais mieux réellement (elle m’a balancé mot pour mot) que je ferais mieux de me jeter sous un train. 

Alors que je n’avais plus personne. 

Psychologiquement, ce que ça fait une adolescente qui n’a personne autour d’elle, de se dire que la seule personne qui m’aimait réellement et que j’aime, me dit que ma vie ne vaut rien, c’est évidemment… ça a donné, ça a donné lieu à des trucs horribles. Elle m’a balancé réellement toutes les peurs que j’avais :  j’avais peur d’être une mauvaise personne, j’avais peur de mal dire les choses, que les gens aimaient traîner avec moi par pitié etc… Toutes ces choses là que je lui avais dit uniquement à elle parce que j’avais confiance en elle, vraiment pour moi c’était ma personne de confiance et elle me les a toutes balancées en me… en me disant que ce que je pensais était vrai : que je valais rien. Que, voilà… Et qu’elle me détestait. Et qu’au lieu de l’embêter avec mes questionnements et mes problèmes, j’étais un poids pour elle, et tout notre groupe d’amies. Et que notre groupe d’amies me détestait, et que je ferais réellement mieux de me jeter sous un train. 

Je me suis retrouvée seule en fait, plus personne autour de moi. 

Ma mère, on avait une relation qui était brisée, en fait, à l’époque, à cause de cette personne et mes amis donc les seules personnes qui me restaient, elles m’avaient toutes bloquée de partout, elles me parlaient plus, elles m’ignoraient, mon premier amour me détestait… Ouais en effet, après ce qui s’est passé j’en suis venu à faire une tentative de suicide.  J’avais plus aucune identité, tout ce que j’avais on me l’avait enlevé et on me l’avait recraché au visage en disant que je valais rien. Mon identité en tant que femme qu’on m’avait enlevée, je l’avais plus. Mon identité en tant que personne, en tant qu’amie, en tant que fille, je ne l’avais plus. 

Ma relation avec ma mère je l’avais plus, je n’avais plus rien. 

Donc oui j’ai fait une tentative de suicide qui, heureusement, n’a pas réussie et ça n’a été vraiment qu’avec du recul et énormément d’aide de ma mère, que je me suis rendu compte que cette rupture c’était le mieux pour moi et à quel point j’avais été manipulée par ce groupe. 

Après avoir passé cette période, plus une seule fois je me suis posé de question sur mon genre, ou ma sexualité, ou mon identité, et je me sens, clairement, plus à l’aise dans mon corps aujourd’hui qu’ à l’époque, avec tout ce qui se passait. 

RDG : C’est… En tant que mère, ça me met dans une telle colère.

Chloé : Le texte que j’avais envoyé à ma mère pour qu’elle le transfère à une amie journaliste à “Elle”… Dans le texte je mets beaucoup de détails pour que le témoignage soit complet pour cette personne. 

Elle l’a lu et elle m’a dit “Mais je suis désolée de ne pas l’avoir vu, de ne pas avoir été là pour toi à ce moment-là, quand c’est arrivé”. 

Et je lui ai dit : “Mais ce n’est pas de ta faute, c’est moi qui te bloquais, qui ne te laissais pas m’aider, qui t’empêchais, en fait, de par cette manipulation complète de ce groupe. 

Je l’ai empêchée. 

Elle était désolée, elle n’était vraiment pas bien, ma mère, quand elle a lu entièrement le texte.

Elle m’a dit : “Mais que tu aies pu vivre ça, je suis réellement désolée.” 

Et je lui ai dit : “Mais tu n’as pas à t’excuser”. 

Clairement, tout ce qui s’est passé, ce n’est pas de sa faute, et au contraire, dans tout ce qui s’est passé, s’il y a bien une personne grâce à qui j’ai réussi à tenir, et à garder un minimum d’identité, c’est grâce à ma mère, et à l’éducation qu’elle m’a donnée. Parce que si elle ne m’avait pas éduquée dans le sens de “tu es une femme, accepte pleinement ce truc-là, et aime toi comme tu es”, si elle ne m’avait pas éduquée comme ça, ça se serait passé horriblement pire ! 

Vraiment ça aurait été une horreur, si elle ne m’avait pas éduquée comme ça.

Donc je ne la remercierai jamais assez de m’avoir donné cette éducation, et de m’avoir accompagnée toute ma vie dans ma féminité, pour m’assumer en tant que telle. 

RDG : Mais merci de dire tout ça! Parce que je crois que c’est vraiment très précieux, et que dans les personnes qui nous écoutent, il y a des mères, il y a des parents, il y a aussi des frères et soeurs, il y a aussi des amis qui sont désespérés, en fait, parce qu’ils voient disparaître une personne, ils doivent porter le deuil de la personne qu’ils aiment, alors qu’en fait elle est vivante, mais que, ils peuvent juste espérer qu’elle va revenir. Et ton témoignage dans ce sens-là… 

Vraiment, je te dis merci parce que je crois que tu peux donner de l’espoir en fait à beaucoup de personnes, vraiment.

Chloé : c’est gentil. 

RDG : Non non, je pense réellement que c’est très important de garder l’espoir et de se dire que c’est pas mort, en fait, et que la relation, on arrive à la garder. On peut la restaurer, on peut la restaurer.

Chloé : Bien sûr ! Mais le pire dans tout ça c’est que ma mère n’a jamais abandonné en fait, elle a gardé cet espoir qu’un jour, ça se brise. Et c’est ce qui s’est passé.

Mais ça a mis du temps avant qu’avec ma mère, on reprenne une relation. 

Là, on n’a repris une relation saine, et une réelle relation mère-fille que très récemment. Ça a mis plus de 3 ans pour que moi, psychologiquement, j’arrive à m’en remettre. Et j’arrive à ré-accepter qu’en fait ma mère n’était pas un ennemi. 

Moi, ça m’a fait une image de ma mère qui est absolument horrible, mais heureusement, je me suis réveillée. Parce que ma mère n’a pas lâché prise. Et elle est revenue vers moi plus tard, en me disant : “Mais est-ce que tu souhaites qu’on se voit?” 

Et heureusement! Parce que, vraiment heureusement, qu’elle n’a jamais lâché prise, parce que c’est elle qui m’a… qui m’a soutenue.

De loin, avec le recul, je m’en rends compte. 

Mais à l’époque, je ne voulais pas le voir. 

Mais au fond, je savais que ma mère serait toujours là.

Et c’est ce qui s’est passé, elle a toujours été là. 

Et aujourd’hui, on a une relation qui est pour moi une délivrance, un peu. Réellement, pour moi, d’avoir cette relation aujourd’hui avec ma mère, c’est une délivrance. Parce que je peux m’assumer pleinement, elle est toujours avec moi, même si je dis quelque chose de mal elle va me le dire, elle va me dire : “Donc oui, je pense que ton avis, il n’est pas dingue.” 

Et quand on a un désaccord, on en parle, on en discute et on communique. 

Et vraiment c’est ce qui a manqué à ce moment-là : c’était de la communication. 

C’est réellement ce qui a fait que tout ça s’est passé de cette manière, et on l’a appris avec ma mère. Et aujourd’hui, dès qu’il y a un problème, on communique. 

Et ça s’arrange tout de suite, dès qu’on communique, parce qu’en plus de notre autisme à chacune, dès qu’il y a un désaccord, c’est très souvent parce qu’on n’arrive pas à se comprendre l’une et l’autre, parce qu’on va interpréter différemment, et on va renvoyer différemment. Et aujourd’hui, quand il y a un problème, moi je lui dis  “Moi, je ressens les choses comme ça et ce que j’essaie de te faire comprendre c’est ça.” Et ma mère va me dire : “Moi je les comprends comme ça, et ce que je veux te faire comprendre c’est ça.” Et à partir de là, c’est bon. Et oui, je pense vraiment que la relation mère-fille, père-fille, père-fils, mère-fils, toutes les relations proches en tout cas, la communication c’est extrêmement important parce que c’est ce qui a manqué à ce moment-là.

RDG :  Clairement, c’était ce qui t’a sauvé et c’est aussi pour ça je pense, qu’elle s’est autant acharnée pour détruire cette relation, en fait. 

Chloé : Ah bien sûr ! Bien sûr ! Parce que ma mère réellement, à cette époque là, elle m’a expliqué le pourquoi du comment, cette idée de transidentité, c’était nocif, c’était mauvais, et elle y arrivait au début, elle arrivait à me faire comprendre. 

Sauf qu’en fait, cette fille avait une emprise telle sur moi que je me disais “mais non en fait, ma mère a complètement faux et c’est une ennemie, elle veut m’enfermer et tout” et elle s’est acharnée, cette fille, pour détruire cette communication qu’on avait. Et elle a réussi. Et c’est à partir du moment où il n’y avait plus aucune communication entre ma mère et moi réelle, sans qu’on se prenne la tête ou sans que j’interprète dans le sens de tuer la méchante, jusqu’à ça psychologiquement, je tenais encore. Mais c’est à partir du moment où cette fille a coupé toute communication entre ma mère et moi que ça a dégringolé.

RDG – A quel moment tu dis finalement ben oui tout ça c’est en fait… c’est du vent?

Chloé – Alors le moment où je me suis dit que… tout ce transactivisme, et tout, c’était vraiment nocif, ce n’est que très récemment. Parce que j’en parlais énormément avec ma mère, et depuis ce qui s’est passé au lycée, je me disais “mais ce n’est pas normal.” Mais je ne m’y étais jamais réellement attardée et donc, je me suis vraiment posé la question d’être, entre guillemets, une  “rebelle de genre” quand j’ai repris contact avec ma mère, et qu’on a parlé, énormément, de cette période. Parce que c’est la période où ça a brisé quelque chose entre ma mère et moi. On en a énormément parlé, et elle m’a envoyé des articles à lire, et… mais sans me forcer, comme quoi… ok : l’homosexualité, là il n’ y a pas de souci, mais le problème c’est de remettre en cause ce qu’est une femme ou ce qui peut être un homme, et à quel point c’est problématiques au niveau des droits de la femme, et au niveau de tous les combats que nos ancêtres ont fait pour qu’aujourd’hui on puisse être des femmes pleinement, en fait! Et à quel point ça rend invisible notre combat en tant que féministe, et en tant que femme tout court. 

Donc j’ai commencé réellement être rebelle du genre il n’y a vraiment pas très longtemps… Enfin, être “critique du genre”. 

Et ce qui m’a amenée réellement à l’être, c’est tout ce qui s’est passé au lycée, et parce que je veux pouvoir comprendre réellement comment ça a pu arriver, et pouvoir prévenir, pouvoir arrêter ce… idéalement évidemment, pouvoir arrêter ce transactivisme qui se fait de partout. Parce que c’est dangereux, c’est réellement dangereux pour un adolescent qui est en pleine construction ou pour un enfant qui est en train de se construire, de s’accepter soi-même. C’est dangereux.

En prenant mon exemple, si tu as très peu de contacts sociaux avec l’extérieur, si tu t’enfermes dans les jeux vidéos, Internet, etc.,  tu es une victime facile, en fait, de ce mouvement. Et que derrière toute cette façade de “espace safe pour toute personne”… ben non ça ne l’est pas. C’est réellement un piège, en fait, parce que dès que tu te fais avoir, il faut te battre. C’est la croix et la bannière pour t’en sortir, pour réussir à t’en défaire complètement. Et psychologiquement, ça a un impact en fait. Ça a réellement un impact. Ça te laisse des traumatismes qui peuvent durer à vie, que ce soit psychologiques ou physiques.  Ca te laisse un réel traumatisme. La vérité c’est… soit tu es de leur côté, soit tu es un ennemi. Il y a pas d’entre-deux.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie?

Chloé – C’est une réelle menace, ne serait-ce que pour les femmes, parce que ça rend invisible notre combat, complètement! Ils sont en train d’effacer ce qu’est une femme. On est en train de faire de la femme un sentiment. De faire de la femme des clichés complets. Pour eux, tu peux t’identifier comme femme à partir du moment où tu “agis comme une femme”… Sauf que être une femme, ce n’est pas ça! 

Etre une femme, c’est avoir un vagin, avoir certains chromosomes.

Etre une femme, n’est pas un sentiment.

C’est une vérité scientifique, d’être une femme.

Pour moi, c’est une réelle menace, parce que c’est en train d’effacer le féminisme et c’est en train de diaboliser, en fait, le féminisme. Parce que quand on dit : “Non. Etre une femme, ce n’est pas un sentiment.” On nous traite de TERF, on nous insulte, on nous menace! De plus en plus, on menace les féministes qui osent dire que : “Non.” On les menace de mort.

On les menace de violences sexuelles, aussi.

Donc clairement, ouais c’est vraiment parce qu’on est en train de rendre invisible le combat de la femme, et la femme tout court.

Ensuite cette idéologie, c’est une menace pour les enfants, également. Parce que les enfants c’est les plus faibles, c’est les proies les plus faciles. Parce que on les noie sous toutes ces nouvelles informations de : “Oui, en fait, si tu veux mettre une jupe, c’est que tu es une femme, c’est que tu n’es pas un garçon. Et que, à contrario, si tu veux mettre un pantalon et que tu n’aimes pas les jupes, c’est que tu n’es pas une femme, c’est que tu es un garçon.” 

Ce que ça fait un enfant, psychologiquement, de se dire : “En fait, si j’ai un pénis ou si j’ai un vagin, ça ne change rien.” 

C’est terrible pour le développement d’un enfant.

D’autant plus sur Netflix, surtout ce qui se passe au niveau des séries… 

Netflix, qui est accessible pour les enfants si les parents ne font pas très attention, s’ils ne mettent pas le contrôle parental : ils ont accès à toutes les séries possibles sur Netflix, dont les séries qui se veulent “sex progressive” qui sont dangereuses. Ces séries, réellement, elles sont dangereuses! Il y a quand même des séries qui veulent enlever le tabou de la puberté pour les enfants, pour que ça soit plus simple pour eux, d’assumer la sexualité, dès très jeune… 

Dans cette série, on met des enfants de 12-13 ans, on les met comme exemple, et on leur fait vivre des situations “à sortir par les yeux” , il n’y a pas un seul personnage dans cette série qui, à un moment, ne remet pas en question sa sexualité ou son genre! Ce n’est que de ça!

Dans cette série, à un moment on te montre un garçon qui a transitionné pour devenir entre guillemets “une femme”, donc une fille car il a 13 ans, je le rappelle. Et donc on le voit arriver dans un camp de vacances, alors qu’il a encore un pénis, dans le dortoir des filles. Il va dormir dans le dortoir des filles parce qu’il s’identifie comme femme. Et il arrive là-bas, et les filles qui sont “féminines” réellement, qui mettent du maquillage, qui s’habillent avec des jupes, qui assument leur “féminité”, etc., qui sont des clichés, clairement… qui sont des clichés de ce qu’est une fille à l’époque du collège, qui vont voir, donc, ce garçon dit “transexuel”, et qui vont l’habiller et qui vont lui dire : “Oui mais comment tu présentes cette fille? Est-ce que tu lui mets du maquillage? Est-ce que tu l’habilles en Prada? Est-ce que tu l’habilles avec du Gucci, etc.?” Ils s’en servent comme d’une poupée.

Donc déjà, ça diabolise un petit peu, je trouve, ce qu’est une fille. 

Pour elles, quelqu’un de trans, c’est un jouet. 

On porte ces filles-là en méchantes, de prendre ce garçon trans, de l’habiller, de lui mettre du maquillage, et tout, parce qu’il est trans, et parce qu’elles veulent entre guillemets “l’aider à être plus une fille”…

RDG –  Oui évidemment du maquillage… paf, paf…  fille!

Chloé –  Bah oui c’est ça, pour l’aider à être plus une fille : il faut lui mettre du maquillage, lui mettre une robe, le mettre sur un podium, sur un défilé… tout ça! Et à contrario, il y a la fille, donc le personnage principal, à côté, qui va le voir, qui s’excuse en disant que : “Oui c’est… c’est vraiment (comme ils disent dans la série) c’est des “bitches”, donc c’est des connasses littéralement, que c’est des connasses de dire ça et que oui si elle se sent mal, enfin si ce garçon se sent mal il peut venir la voir…. 

Les seules filles qui entre guillemets “assument” leur féminité, on en fait les méchantes et en plus de ça, on cultive la caricature de : être une fille c’est mettre du maquillage et s’habiller avec de la haute couture! Je trouve ça quand même assez incroyable… de mettre ça dans une série pour enfants en plein développement! 

RDG – Et de façon plus générale je pense que tu avais développé un peu une réflexion sur justement les séries Netflix, de façon globale tout à l’heure tu m’en parlais?

Chloé –  Ah oui oui! Toutes ces séries Netflix accessibles aux enfants qui se veulent “sex progressive” où dedans il y a pas un seul personnage pleinement hétéro. Où, à chaque fois le personnage hétéro va remettre en question sa sexualité ou son genre et que de remettre ça en question ça va “le libérer”! Ça me sort par les yeux. 

En quoi être une personne hétéro et assumer son genre pleinement est un problème?

RDG – C’est général sur Netflix? Il y a beaucoup de séries comme ça?

Chloé – Ah bah il y en a de plus en plus je vois de moins en moins de séries ou on parle pas de LGBT, de transexualité, ou le mot “cisgenre” n’est pas prononcé, il y en a de moins en moins, des séries comme ça. 

RDG – Donc en fait on a une normalisation du discours transactiviste par les séries, complètement. 

Chloé – Ah mais ça, complètement! C’est son train de devenir une normalité, en fait!

Sur Netflix, ils sont limite en train de dire que le fait d’être hétéro, ou pour eux, d’être “cis”, c’est une mauvaise chose. Et qu’en fait, être transgenre, ou être non-binaire, ou être homosexuel, et de remettre sans cesse son genre ou sa sexualité en question, c’est une bonne chose, c’est un bon développement pour une personne.

RDG – Et notamment pour les enfants. Enfin, ça fleure bon la pédocriminalité, tout ça! Je veux dire…

Chloé – Ah oui complètement!

RDG – Je veux dire… Normaliser la sexualité chez des enfants, enfin pour moi ceux qui font ça régulièrement, c’est quand même les pédocriminels, non?

Chloé – Ah mais complètement! Surtout que comme dans la série dont je parlais tout à l’heure… Le fait d’enlever ce tabou sur la puberté, de montrer des pénis à tout va, et des vagins tout va dans la série… Et montrer ça ensuite à des enfants… Bon, c’est un peu moyen quoi ça. Ouais ça fleure la pédocriminalité, ouais.

RDG – D’accord. Alors qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité, puisque c’est le cas aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu sens qu’il pourrait y avoir un danger dans ton entourage ou pour toi-même, par rapport à cette question? Ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement?

Chloé – Alors clairement, je n’ai pas peur de témoigner sous ma réelle identité, ça ne me pose aucun problème. Et ce qui m’a décidée à témoigner sous ma réelle identité, c’est déjà pour montrer qu’il ne faut pas se laisser faire. Haha. Que, même si on reçoit des pressions, il ne faut pas en démordre. Parce que c’est comme ça que ce dogme va gagner un petit peu. Et c’est en nous faisant peur et en nous faisant reculer, et au contraire il faut pas reculer face à ça parce que sinon ça va les laisser gagner, et ça va les laisser s’étendre de plus en plus et devenir de plus en plus dangereux. 

Et donc, non j’ai pas peur de témoigner sous ma réalité, alors que oui, j’ai reçu des pressions ou des leçons de morale de la part de transactivistes, ou “d’alliés (entre guillemets) LGBTQje-ne-sais-quoi+”. Et pourtant, ça n’a pas changé mon point de vue une seule fois. Pas une seule fois, je ne laisserai mon point de vue être changé par ce genre de personne. Et ça m’a réellement montré à quel point tout ce lobby, cette idéologie est immature. 

Parce qu’à chaque débat, il n’y a jamais un seul argument, un réel fait, un réel argument. C’est toujours du chantage affectif, du chantage au suicide. Du : “Oui mais regarde-toi, tu es la méchante, et tout!” 

Mais je m’en fiche! Clairement, c’est ton idée, d’accord. Mais ce n’est pas parce que c’est ton idée que je dois l’accepter et me dire que c’est la bonne idée. 

Et ça n’est pas parce que TU penses que c’est la bonne idée que ça l’est, clairement. 

Je pense réellement que ça ne devrait pas atteindre autant de personnes, au vu des idées qu’ils propagent. Clairement, les idées de que tous les transactivistes propagent, le fait que ça atteigne autant de jeunes personnes, c’est pas bon! 

Et il faut continuer à se battre pour empêcher ça. 

Parce que ça va devenir de pire en pire. 

Peut-être que là, actuellement, je suis un cas parmi tant d’autres. 

Mais au vu de ce qui m’est arrivé, je n’ai pas envie que ça devienne une normalité. 

Et malheureusement, c’est ce qui est en train de devenir. 

Parce qu’aujourd’hui, on est en train de voir de plus en plus de femmes qui sont en train de détransitionner, parce qu’elles ont vécu ce genre de choses, et qu’elles ne se sont pas arrêtées juste avant. 

Parce que moi, clairement, je me suis arrêtée juste avant. 

Juste avant d’entamer réellement cette envie de transition. Je me suis arrêtée juste avant. Et je n’ai pas envie qu’il y ait de plus en plus de femmes qui souffrent de ça, et que malheureusement, ce soit trop tard, leur identité de femmes, elle leur soit enlevée, physiquement, je veux dire. 

RDG – Oui leur corps en fait : que leur corps soit altéré, qu’elles soient mutilées définitivement.

Chloé – C’est ça : que leur corps ait été mutilé. Je n’ai pas envie que ça devienne une normalité. Parce que… c’est horrible. C’est horrible. 

Pour moi qui, à l’époque… je me disais : “Non, je ne veux pas d’enfants.” 

Alors qu’aujourd’hui, j’aimerais avoir un enfant plus tard, une fois que, voilà, j’aurai la situation, etc. Je veux avoir un enfant. 

Mais à l’époque, au vu de l’immaturité que j’avais, je n’en voulais pas, d’enfant. Si j’avais fait cette transition pleinement, aujourd’hui j’en souffrirais, parce que je ne pourrais jamais avoir d’enfant.

RDG – Et ton ex copine, là… Du coup, elle a fait une transition complète? 

Chloé – Elle a fait une transition complète, de ce que je sais. Parce que j’ai coupé tout contact avec ces personnes.

RDG – Donc elle s’est fait stéril… elle s’est faite castrer.

Chloé – Aux dernières nouvelles, elle était sous bloqueur hormonaux, elle prenait de la testostérone, et elle s’est fait retirer ses seins. 

De me dire que cette personne m’influençait à me dire que, oui c’était possible que je puisse le faire également. 

Et que, pour moi, ça s’en était devenu une possibilité à un moment de me dire que, dans une autre temporalité, je l’aurais fait… ça me détruit.

Parce que je me dis… mais si ma mère n’avait pas été aussi présente, dans quelle situation je serais aujourd’hui?

Si ma mère avait laissé tomber, dans quelle situation je serais aujourd’hui? 

Et c’est pour ça que je ne remercierai jamais assez ma mère de ne pas avoir lâché prise, et de toujours avoir été là pour moi. 

RDG – Merveilleux. En tant que mère je… je connais le désespoir de certaines mères vraiment, autour de moi et ce matin encore j’ai parlé avec une amie très chère et c’est sa petite fille qui a 19 ans qui a transitionné. Donc elle a déjà pris la testostérone, elle a… sa voix a mué, et donc là, il est question de … la suite, en fait : la mastectomie, etc. Et cette femme qui traverse ça… c’est terrifiant.

Chloé – Pour moi qui veux un enfant, je n’ai pas envie que mon enfant grandisse dans une société où il y a cette idée-là que c’est normal de se mutiler le corps, en tant que femme, pour devenir un homme. Et qu’être une femme, en fait, c’est un sentiment.

Mais ça me détruirait, en tant que mère, de voir mon enfant tomber dans ce piège.

RDG –  As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Chloé – Une fois, en fait, je m’étais habillée avec une robe et des collants et comme je m’habille aujourd’hui parce qu’à l’époque je commençais déjà à avoir mon style en fait! Et elle me l’a enlevé complètement. Que j’étais venue en robe avec des talons et j’avais ma robe, collants, talons, sac à main et tout… Et que ça n’avait pas plu à mon groupe d’amies qui se disaient transactivistes, ça leur a permis de faire beaucoup de remarques sur mon hétérosexualité, ma féminité. Je leur ai dit : “Mais j’aime m’habiller comme ça, laissez-moi m’habiller comme ça enfin!” Et elles n’étaient pas d’accord, et je leur ai tenu tête… Et vraiment, elles m’ont fait la tête pendant un bon moment… Elles m’ont vraiment ignorée parce qu’elles me disaient : “Non, tu es non-binaire, tu n’es pas une fille, tu n’es pas une fille, tu n’es pas une fille!” 

Alors que moi je leur disais : “Mais bien sûr que si! Enfin moi, je m’identifie comme une fille. Je ne m’identifie pas comme comme ce que vous me dites!” Elles osaient dire que je n’étais pas de leur vie, et que je voulais m’habiller comme je le souhaitais… elles m’ont fait la tête pendant presque une semaine. Elles m’ont ignorée et rejetée, juste parce que je leur avais tenu tête, jusqu’au moment où il a fallu que j’aille m’excuser de moi-même. Et c’est à partir de là qu’elles ont accepté de me pardonner, et de passer l’éponge. 

Et de même, au tout début de ma relation amoureuse avec cette fille, pour moi c’était… voilà c’était compliqué, parce que je me disais “Oui bon voilà je suis amoureuse d’une fille, voilà…” ça me surprenait un petit peu… Elles remettaient ce truc-là en question en disant que : “Oui, tu te rends compte, si tu t’acceptais pleinement, tu ne réagirais pas comme ça, etc…” 

Alors que j’étais en train de me développer et qu’elles appuyaient sur tous les questionnements que je pouvais avoir en tant que personne qui se développe, en fait.

Par rapport aux marques, en fait, vraiment aujourd’hui cette idéologie elle impacte même les marques au point où en juin donc, pendant le “Pride Month” donc le mois de la Pride, toutes les marques mettent leur logo en drapeau LGBT et se veulent “alliées”. 

Sauf qu’en fait, c’est évidemment juste pour se faire bien voir des parties LGBT des transactivistes etc. Et le fait que même des marques prennent ce genre de parti ça me semble quand même assez absurde. De vouloir se justifier comme allié pour vendre… Parce que comme ce qu’on voit sur Twitter si tu n’es pas un allié tu te fais “ficher” il y a quand même des threads sur Twitter de personnes qui disent “Voici les marques et les personnes qui sont contre le transactivisme et les LGBT, ou qui ne soutiennent pas…” Parce que même ne pas soutenir, c’est être un ennemi, bien sûr! 

Et c’est des threads absolument absurdes! Statuant qu’il faut boycotter cette marque parce qu’elle n’est pas dans le “Pride Month”, elle ne fait pas partie donc en fait ce lobby-là prend même en otage les marques de vêtements! 

Même les marques de vêtements qui sont censées être un minimum neutres, sont forcées de prendre un parti, autrement elles se font boycotter.

Je trouve ça quand même absurde. 

RDG – Dernière question : est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Chloé – Ce que j’aurais à ajouter à la fin, c’est ce que j’ai essayé de faire passer également durant ce témoignage c’est que face à une personne qui se fait piéger un peu par ce lobby, en tant que personne aimante, tout ce qu’on peut faire malheureusement quand notre enfant, notre ami, notre petit enfant, notre compagnon ne va pas nous laisser avoir de la place ou avoir un avis, faut pas laisser tomber! 

Parce que comme je l’ai déjà dit aujourd’hui si réellement, j’arrive à m’accepter pleinement, c’est c’est un bon 80, 90% grâce à ma mère! 

Et heureusement qu’elle n’a jamais abandonné, qu’elle n’a jamais baissé les bras, qu’elle n’a jamais accepté mon avis un peu absurde que j’avais à cette époque, parce que je me faisais manipuler et ce que je peux dire c’est qu’il ne faut pas laisser tomber, il ne faut pas abandonner la personne qu’on aime, même si ça fait mal de voir mourir, en fait, psychologiquement, la personne qu’on connaissait avant.

Il faut continuer à se battre pour pas que ce genre de choses s’applique à d’autres personnes réellement, surtout pas! 

Que le suicide, la tentative de suicide devienne la dernière réponse et la libération d’une emprise, il ne faut surtout pas que ça devienne une normalité. 

Parce que malheureusement c’est ce qui était la solution et la réponse pour beaucoup de personnes qui sont fait avoir par cette idéologie.

Et (je voudrais dire) à toutes les personnes qui voient les personnes qu’elles aiment se faire avoir par ce lobby de ne pas laisser tomber, de continuer à se battre, et de continuer à montrer qu’on est là, qu’on les aime tout en leur disant que il ne faut pas qu’ils s’abandonnent juste pour rentrer dans des cases, ou pour se faire bien voir par ses amis, que c’est pas parce que tu as un avis différent de ton ami que tu es un ennemi. 

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 33 – Romy

Romy –  Bonjour, je m’appelle Romy, j’ai 23 ans, je travaille dans l’Education Nationale, je suis psychologue de l’Education Nationale.

Alors, je vais commencer par, un petit peu, parler de mon enfance et de mon adolescence, parce que c’est important pour comprendre mon parcours. Donc, déjà, moi j’avais une enfance tout à fait heureuse, jusqu’à mes 12 ans environ.  C’était tranquille, je ne manquais de rien.

Puis, à 12 ans, il s’est passé beaucoup de choses. Déjà, ma mère a quitté notre père, à mes frères et à moi,  et donc là, j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la personne qui était notre père,  et à me rendre compte de ce que ma mère avait vécu.

Ensuite, quelques temps après, on m’a diagnostiqué une scoliose. Donc j’avais un gros problème de dos, qui nécessitait le port d’un corset.   Mon corset, je devais le porter jour et nuit pendant un an et demi, jusqu’à ce que ma croissance s’arrête. Ce n’est pas une longue période, en fait, parce qu’il y a des personnes qui portent le corset pendant une dizaine d’années, il faut le savoir, et qui vont même jusqu’à se faire opérer. Moi ce n’était pas le cas, mais ça a suffi pour me traumatiser, puisque c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

Déjà, avant, j’avais un rapport un peu particulier à mon corps, puisque je ne me trouvais pas très belle. On me le disait, en plus de ça. En plus, j’avais droit à beaucoup de remarques sur la taille de ma poitrine, et j’avais un rapport très compliqué à mes règles aussi, que je ne supportais pas. Mais là, le corset, ça a tout amplifié. Je vous parle de ça parce que ça a été vraiment une expérience qui a été traumatisante pour moi. Encore une fois, ça n’a duré qu’un an et demi, mais c’était suffisant pour que je m’en remette seulement vers mes 18–19 ans. 

En fait, mon corset, je ne voulais absolument pas que ça se sache. 

Je ne voulais absolument pas qu’on soit au courant, que ce soit au collège, ou même ailleurs, que j’avais des problèmes de dos.

Parce que le corset, c’est quand même une expérience un peu… tout le monde n’a pas un corset. C’est très singulier, comme expérience, pour celles qui ne connaissent pas, c’est… il y en a de différentes sortes, le mien allait de mes hanches jusqu’à mes épaules. C’était du plastique dur et je devais le porter, comme je l’ai dit, jour et nuit. Je ne pouvais le retirer que deux heures par jour pour manger et me doucher. Donc au collège, je ne pouvais même pas le retirer pour manger, puisque je n’avais même pas d’accès à un lieu où j’aurais pu le retirer tranquillement.  Et en fait, comme je ne voulais pas que ça se sache, j’ai demandé à ce qu’on m’aide à le cacher. Donc dans ma famille, on m’a offert des vêtements larges. Donc c’était des polaires, des marinières, on m’achetait aussi des écharpes,  pour cacher la barre que ça me faisait au niveau des épaules. Du coup, moi, on m’a vraiment appris à cacher mon corps, plutôt qu’à l’accepter.

En fin de compte, en plus de ça, c’était un petit peu stupide puisque tout le monde a fini par savoir que j’avais un corset au collège. Tout le monde voyait bien qu’en EPS, je ne pouvais pas faire les roulades, où je ne pouvais pas ramasser le volant de badminton…

Mais voilà, moi je persistais à nier mes problèmes, je persistais à vouloir contourner les problèmes en les cachant, plutôt qu’en les acceptant. Et dans ma famille, comme je l’ai dit, on m’a vraiment écoutée par bienveillance, et on est allé dans mon sens.  Il n’y a que ma mère qui a essayé un petit peu de m’aider à accepter, mais ça a été vain. Et puis du coup, moi j’ai vraiment commencé à culpabiliser, à avoir honte de moi. En plus, le corps médical n’était pas du tout bienveillant avec moi, au contraire. Ils m’ont bien fait culpabiliser alors que je n’avais que 13 ans, quand j’ai commencé à porter mon corset.

j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin.

Tout ça c’est que j’avais vraiment un rapport à mon corps très particulier, quand j’étais ado. Parallèlement à tous ces complexes, j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin. Moi, je ne maquillais pas, je n’avais aucun centre d’intérêt qu’on peut qualifier de féminin. Et à l’inverse, moi j’aimais beaucoup le football, je ne faisais pas du tout attention à mon apparence, j’avais un rapport très négligé, même, à mon apparence. Je n’étais pas du tout soigneuse, je n’étais pas délicate, j’étais un peu brute dans mes gestes.

 Et honnêtement, moi, en fait, le fait qu’on me dise que j’étais un garçon manqué, ça ne me déplaisait pas du tout. Je n’étais pas du tout complexé par le fait qu’on me dise que je n’étais pas une vraie fille. Parce qu’en fait, ça me plaisait bien de ne pas être vu comme une « vraie fille » entre guillemets. Moi, dans mon entourage, il y a vraiment une espèce de misogynie intériorisée. Donc tout ce qui est « masculin » est très valorisé par rapport à tout ce qui est « féminin » entre guillemets. Et dans notre famille, dans mon entourage, il vaut mieux être un « garçon manqué » entre guillemets qu’être une « vraie fille », encore une fois entre guillemets.

 Donc tout ça fait que j’avais vraiment un rapport très particulier à mon corps, j’avais honte d’être fille, et j’avais aussi très peur de devenir une femme. Je n’arrivais pas du tout à me projeter en tant que femme, et d’ailleurs moi, je ne me considère comme femme que depuis l’année dernière, quoi. Ça fait un an que je dis que je suis une femme, alors que j’ai quand même 23 ans.

 Et avec le recul, j’ai compris que si  être une femme, ça me faisait si peur, quand j’étais ado et jusqu’à la vingtaine, c’est parce que je trouve qu’on associe beaucoup la vie d’adulte à la vie de couple, comme si le couple était essentiel à une vie d’adulte accompli. Or moi, avec ce que j’ai vu dans ma famille, avec ce que je sais aussi du mariage de mes parents, forcément, le couple ça ne m’attire pas du tout.

Par contre, je suis hétéra, donc voilà. Je suis très très réticente quand même à avoir des relations avec des hommes, parce que j’ai vraiment intériorisé le fait qu’un jour ou l’autre, si je suis en couple, je vais devenir l’esclave du gars.  Et ça ne me plaît pas. Et puis en plus de ça, il y a vraiment une espèce de misogynie sociétale qui fait que, voilà, devenir une femme, ça ne me plaisait pas. Et en fait, c’est vraiment à partir de mes 18 ans que tout a commencé à changer pour moi, que j’ai commencé à vraiment faire un travail sur moi pour m’accepter, parce qu’à 18 ans, j’ai  complètement changé de vie. Je suis parti vivre dans une autre région, j’ai changé de groupe de pairs, j’ai changé de milieu intellectuel, et ça a été vraiment libérateur, parce que ça m’a permis de repartir de zéro. En plus, c’est à ce moment-là, quand j’avais 18 ans, qu’il y a eu le mouvement MeToo.  Et donc j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la féminisme, surtout suite à la fameuse tribune sur la « liberté d’importuner » de Catherine Deneuve, que j’avais trouvé absolument immonde… haha… voilà.

Avant MeToo, pour moi, le féminisme c’était juste le mouvement des femmes suffragistes,  donc j’en avais vraiment une connaissance très limitée. Et là, MeToo,  ça m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux.

Au fur et à mesure, j’ai commencé à lire pas mal de roman sur la condition des femmes, à regarder des reportages, à me renseigner sur la pensée féministe. Mais en fait, à ce moment, comme j’étais vraiment débutante, je n’avais accès qu’aux ressources les plus diffusées, les plus connues. 

Donc c’était les ressources des « féministes libérales ». Je ne suis pas sûr qu’on puisse les appeler féministes. 

Mais du coup, je me considérais pas vraiment comme féministe, parce que je n’étais pas du tout d’accord avec certaines choses qui étaient promues par les « féministes libérales ».

Je n’étais pas du tout d’accord  avec leur complaisance vis-à-vis des religions, ou même sur leurs positions par rapport à la prostitution. Mais d’un autre côté, je me disais : « oui, mais est-ce que c’est moi qui pense mal ? » Je me sentais un peu coupable de ne pas penser comme d’autres « féministes  libérales ».

Du coup, j’essayais de me raccrocher à d’autres idées, donc le transactivisme.

J’étais très compatissante, au début, envers les personnes transgenres. Je me disais : « après tout, pourquoi pas, si un mec se sent femme, bon pourquoi pas ? »

Parce qu’en plus comme les transactivistes nous parlent tout le temps de suicide,  « si je ne transitionne pas, je vais me suicider » c’est ça leur discours… et bien forcément, ça fait de la peine.

Puis il y a eu le lynchage de J. K. Rowling. Alors là, moi, ça m’a sidérée.  J’ai trouvé ça absolument délirant que J. K. Rowling soit détruite, juste parce qu’elle a osé dire que les règles étaient un truc de femme. Donc j’ai commencé à approfondir encore plus ma réflexion sur la féminisme. 

Et il y a un an environ, alors là, ça a été… il y a quelque chose qui a tout changé, c’est que j’ai découvert la féminisme radicale !  j’ai découvert ça, parce qu’en fait sur YouTube,  je suivais beaucoup le compte littéraire d’Antastésia, qui a d’ailleurs  témoigné aussi. Et donc je me suis inscrite sur Instagram pour pouvoir la suivre, elle. Et de fil en aiguille, j’ai découvert une partie des figures de la féminisme radicale en France : la collective CAPP, par exemple (abolition porno prostitution), Marguerite Stern, Dora Moutot,  Anissia aussi, qui a elle aussi  témoigné. 

Et pour moi, ça a tout changé. 

Parce que ça m’a permis de comprendre que ce que je pensais, ce n’était pas mal.

Qu’il n’y avait pas que le « féminisme libéral ».

Et ça m’a vraiment permis de me réconcilier avec le fait d’être une femme libre, qui se suffit à elle-même.

Donc voilà, moi, c’est vraiment grâce à la féminisme radicale  que je me sens normale.  Et pour moi, c’est important d’en parler dans ce  podcast, parce que je suis convaincue que la féminisme radicale, elle est salvatrice  pour les filles, pour les femmes. Et je tiens vraiment à en parler, parce que le « féminisme libéral » prend beaucoup trop d’ampleur, et invisibilise  beaucoup trop la féminisme radicale, qui est la vraie féminisme.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie ?

Pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse, parce qu’elle détruit  des enfantes,  des enfants et des ados.

Moi je pense que le rapport très compliqué que j’avais à mon corps (moi je me demandais souvent pourquoi j’étais une fille et par un mec), je pense que j’aurais pu faire partie des victimes, en fait ! Après, je ne suis pas sûr que j’aurais fait une transition médicale, parce que j’ai un rapport très particulier au médical, aux médecins et tout, je n’aime pas ça. Par contre, je pense que j’aurais très bien pu, peut-être, me déclarer non binaire, donc genderfluid,  ou je ne sais pas quoi, si j’étais tombée là-dessus au collège.  Et je sais que beaucoup de jeunes filles, surtout au collège, car l’adolescence c’est quand même une période compliquée, où on se construit, où on se cherche, il y a beaucoup de filles qui détestent être des filles à cause de ce qu’elles vivent, et malheureusement, à cause de la diffusion des idées transe activistes, et bien il y en a beaucoup qui tombe dans le panneau et qui transitionnent, plutôt que de régler leurs vrais problèmes. Pour moi, la transition, c’est juste un moyen de contourner ces problèmes.

C’est un pansement qui recouvre les plaies, mais qui ne les recoud pas.

Donc moi, ça me désole et ça me rend vraiment triste pour toutes celles, et pour tous aussi, parce qu’il y a des garçons aussi qui tombent dans le panneau, parce qu’on ne règle pas leurs problèmes,  en les accompagnant dans leur transition. Pour moi, je pense d’ailleurs que le corps médical a une grande part de responsabilité dans tout ça. Et ça me fait beaucoup de peine.

Après, je sais aussi que, pour certaines personnes qui ont une dysphorie de genre très importante et persistante, la transition peut être nécessaire, je ne le nie pas. Mais déjà, je pense que ce sont des cas beaucoup plus isolés que ce qu’on peut nous faire croire. Et quand bien même un homme transitionne, il ne sera jamais une vraie femme, il n’aura pas du tout le même vécu que nous, le même corps, la même éducation, les mêmes traumatismes. Et c’est pareil pour une femme qui transitionnelles, d’ailleurs. Elle aura toujours ses traumatismes de femmes, et elle ne les aura certainement pas réglés en se faisant passer pour un homme.  Donc pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse parce qu’elle détruit les vies, plutôt que les réparer, contrairement à ce  qu’on veut nous faire croire.

En plus, elle est fondamentalement misogyne et homophobe.

Après, je vais être très concise là-dessus, puisque ça a déjà été très bien développé par d’autres, mais en gros, voilà : c’est une idéologie hyper misogyne parce qu’elle renforce les stéréotypes de genre. Donc ça y est, si un garçon aime les paillettes et le rose, ça fait de lui une fille… et bien non, pas du tout ! On s’en fout. Enfin, les paillettes et le rose, ce n’est ni réservé aux filles, ni aux garçons. On s’en fout complètement. Le genre, en fait, je trouve que c’est une accumulation de stéréotypes, mais c’est juste mauvais, enfin… je ne comprends vraiment pas pourquoi est-ce qu’on persiste à penser que juste parce qu’une fille aime le foot, ça ne fait pas d’elle une vraie fille, ou que sais-je ? Et je trouve ça complètement absurde.

Et c’est en plus hyper homophobe, parce que les trans activistes ni l’existence de l’homosexualité.

Il n’y a qu’à voir comment les lesbiennes sont insultées, agressées, par ces personnes, lors des manifestations par exemple. Et d’ailleurs, il y a beaucoup de personnes transgenre qui sont homosexuels ou bisexuels, et je trouve que c’est quand même très  révélateur de l’homophobie intériorisée de cette idéologie. Voilà. 

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, ou est-ce que tu perçois un danger par rapport à cette idéologie, ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler tout à fait librement ? 

Romy –  Alors, moi je n’ai jamais subi de pressions ni de menaces, parce que je suis discrète. Je me suis déjà exprimé dans le cadre privé, dans la famille un petit peu, pas beaucoup. Mais c’est vraiment la première fois que je m’exprime publiquement. Par contre, j’ai décidé de témoigner anonymement, parce que, comme je l’ai dit, je suis psychologue de l’éducation nationale, et je tiens à respecter mon devoir de neutralité, parce que mon métier est très important pour moi, j’avais énormément ce que je fais, et je ne veux pas que mes prises de position, mes convictions, se retourne contre moi. En plus de ça, dans l’éducation nationale, je trouve qu’on a quand même une liberté de parole qui est plutôt restreinte. Surtout sur notre lieu de travail. En plus, comme ce que je pense ça ne va pas du tout dans le sens de la pensée dominante, j’ai un peu peur qu’effectivement, ça se retourne contre moi. Après, pour l’instant, ça va, j’arrive à garder le cap de mes convictions parce que je n’ai jamais eu d’élèves concernés pour l’instant par cette problématique. Et on  ne m’a jamais demandé d’organiser quoi que ce soit sur la transidentité ou je ne sais quoi. Par contre, le jour où ça arrivera, je ne sais pas trop comment je vais gérer ça, on verra bien ! 

RDG –  Est-ce que tu as une anecdote à raconter  sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le trans activisme ?

Romy –  Alors oui, j’ai une  anecdote qui est liée à ma formation de psychologue de l’éducation nationale.  Comme je l’ai dit, je n’ai jamais eu à gérer le cas d’un ou une élève transe, mais dans le cadre de ma formation, on a déjà évoqué le sujet. Donc c’était l’année dernière, j’étais très choquée par les propos d’un de mes formateurs, qui pourtant est très compétent et très intelligent, donc ça m’a d’autant plus choquée, venant de lui.  En fait, au moment d’évoquer la question des toilettes pour les élèves trans, il a dit qu’après tout, dans les familles, les toilettes étaient neutres.  Donc il ne voyait pas où était le problème qu’un garçon qui se sente fille puisse aller dans les toilettes des filles. Et après, au moment de la question des vestiaires, il nous a demandé, il nous a dit :

Et si on demandait aux filles : « Est-ce que vous êtes d’accord pour que cet élève trans aille dans vos vestiaires ?»  si les filles répondaient oui, donc dans ce cas il n’y a pas de problème, l’élève trans peut aller dans le vestiaire des filles .

Donc moi, j’étais vraiment abasourdie  d’entendre ça. En plus, en regardant autour de moi, j’avais l’impression d’être la seule à être choqué par ses propos. Et il y avait même des collègues qui allaient vraiment dans le sens de ce que ce formateur disait. Donc moi, je me suis sentie très seule, et très choquée, parce que moi, ça ne m’aurait  pas du tout plu, ado, d’avoir un mec dans les vestiaires, et dans les toilettes, même.

Et en plus de ça, les violences sexuelles dans les établissements, c’est une réalité. Ça commence à l’école primaire, d’ailleurs. Moi, j’ai déjà entendu des histoires à l’école primaire, des enfants qui se font des « olives »  à l’école primaire. Et pour vous donner des chiffres, d’après la DEPP,  (en gros, la DEPP c’est l’organisme qui produit les statistiques de l’éducation nationale)  en 2017–2018, on a eu 2,3 % de lycéennes qui ont subi une violence sexuelle grave dans leur lycée, et c’était le cas de  0,8 % de garçons. Donc en fait, sur un lycée de 500 filles, ça nous en fait  entre 10 et 12 filles, victimes de violences sexuelles graves.

https://www.education.gouv.fr/media/13628/download

RDG –  Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est, tu as parlé «  d’olive » ?

Romy –  Les olives, en fait, c’est les garçons qui font ça : c’est de mettre le doigt dans l’anus de leurs camarades.

RDG –  On est d’accord que c’est des viols : techniquement, juridiquement, c’est des viols.

Romy –  Techniquement, ce sont des viols, oui.

 RDG –  c’est complètement banalisé, au point d’avoir même un petit nom rigolo, pour en parler.

Romy –  Totalement, ce sont des viols. Il y a même des garçons qui menacent de viol les filles, par leurs postures : ils les « chopent »  et leur disent : « Et là, maintenant, tu fais quoi ? »  Pour moi, c’est une menace de viol, surtout quand ça se passe dans les toilettes. Moi j’ai déjà… enfin,

c’est déjà arrivé là où je travaille, un garçon qui a chopé une fille,  il l’a traînée dans les toilettes, il l’a enfermée, et il lui a dit : «  et là, maintenant, tu vas faire quoi ? » Enfin, pour moi, c’était vraiment une menace de viol. Ça n’a pas été traité de cette façon.

Pour revenir sur les chiffres de la DEPP,  sur un lycée avec 500 filles, ça nous fait quand même entre 10 et 12 filles victimes tous les ans d’une violence sexuelle grave, au sein du lycée.  Et en plus de ça, on n’est même pas au courant de tout. C’est très banalisé, parce que normalement, entre 10 et 12 filles, ça nous fait quand même beaucoup d’agresseurs, beaucoup de violeurs dans les établissements, et si c’était vraiment traité comme ça devrait l’être, je pense qu’on en parlerait beaucoup plus. Sauf que ce n’est pas le cas, malheureusement.

Donc moi, je trouve ça vraiment aberrant qu’on puisse s’imaginer autoriser des garçons à fréquenter les espaces exclusivement réservés aux filles, pour moi on fait entrer le loup dans la bergerie, et ce n’est juste pas acceptable. Après, je ne dis pas que tous les garçons sont des agresseurs sexuels, sauf que ce sont tous des agresseurs sexuels  potentiels, puisqu’on les éduque à nous agresser. 

Et de toute façon, dans l’esprit des filles, un garçon dans les espaces réservés aux filles, et bien c’est une menace. Et moi je trouve ça aberrant qu’on néglige ce que pensent et ressentent les filles, surtout par rapport aux garçons.

Et puis, même s’il y a des filles qui disent « oui d’accord, je veux bien que Machin aille dans nos toilettes », qui nous dit qu’elles le pensent vraiment, en fait ? Moi je pense qu’il y en a beaucoup qui disent oui juste parce qu’elles ne veulent pas passer pour la méchante.  Mais dans les faits, je ne pense vraiment pas qu’elles soient à l’aise avec l’idée de partager des espaces exclusivement féminins avec des mecs. Pour moi, ce n’est pas concevable.

Et pour revenir sur l’argument des toilettes neutres, pour moi ça ne tient absolument pas debout, parce que déjà, le collège ou le lycée, ce n’est pas la maison ! Et puis de toute façon, même dans le cadre familial, je pense qu’il y a beaucoup de filles qui ne sont pas du tout à l’aise à l’idée de fréquenter des espaces intimes, même avec les hommes de leur famille. Les violences intra familiales, ça existe, et je pense que c’est beaucoup plus courant que ce que l’on veut croire aussi !

Donc voilà, moi ça me désole qu’on en vienne petit à petit à imaginer des mesures qui puissent mettre en péril  la sécurité émotionnelle et même physique des filles. Les établissements scolaires doivent être des lieux d’éducation, sauf que là, je ne vois vraiment pas comment ce serait possible d’apprendre sereinement, alors qu’on ne se sent en sécurité nulle part.

Et aussi, j’ai une autre anecdote. Alors là, c’est très récent : 

très récemment, je parlais avec une collègue de l’égalité–garçons, et cette collègue a remis en question le concept d’égalité filles–garçons, parce que pour elle, ça ne prenait pas en compte les personnes qui ne se sentiraient ni fille, ni garçon.

Donc pour elle, l’égalité filles–garçons, ça n’a pas lieu d’être. Or, pourquoi on est oppressées ? On est   oppressées à cause de notre sexe !  Donc voilà. Après, je pense que toutes ces personnes pensent ça parce qu’elles sont trop bienveillantes, et voilà !  Le discours trans activiste se pose tellement en victime que malheureusement, ça bride l’esprit critique de certaines personnes.

 RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Romy – Alors déjà, moi je voudrais, pour commencer, adresser un petit mot aux mecs. C’est mon côté « éducation nationale ».  Je veux éduquer tout le monde haha.

Déjà, je voudrais dire aux mecs qu’il n’y a pas de honte à avoir des sentiments, à ne pas être virils. Parce qu’au contraire, la virilité c’est à la base, c’est au fondement de la misogynie.  C’est au fondement de beaucoup de maux de la société,  parce que ça renforce l’impression de pouvoir des hommes, et leur besoin de contrôler les femmes et de les asservir. On parle souvent de déconstruire les stéréotypes de genre, mais moi je pense que c’est important surtout de lutter contre la virilité. Je ne vais pas développer là-dessus, puisque Lucile Peytavin,  qui a écrit « le  coût de la virilité »,  en parle très bien aussi, et je vous renvoie vers ses travaux.

Mais sinon, pour finir je vais quand même m’adresser aux filles. Pour leur dire qu’il n’y a pas de mal à être une fille, ce n’est pas une honte. Je sais que ce n’est pas facile tous les jours, mais déjà on n’est pas seules.

Et donc je veux dire aux filles : « soyez fières, et ne bridez pas votre esprit critique ».

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basées sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 31 – Danielle

Bonjour je m’appelle Danielle, j’ai 19 ans j’habite en belgique et je suis étudiante en médecine. Je suis bisexuelle, féministe critique du genre et je me suis considérée comme un “homme trans” pendant presque trois ans.

En fait, dès la préadolescence j’ai commencé à détester être une fille. 

Pour plusieurs raisons mais principalement parce que j’ai compris très jeune que l’homme, enfin plutôt le mâle, est censé être “l’être humain” par défaut et que nous, les filles, les femmes on est “les autres” en fait, on a quelque chose en plus qui nous rend étranges. 

C’est quelque chose qui déjà se reflète dans la langue française, avec le masculin qui est assimilé au neutre. Dans l’enseignement, où on fait à peine à l’effort de nous parler de femmes autrices ou de femmes qui ont marqué l’histoire par exemple, il y avait surtout l’attitude des adultes vis-à-vis du fait que j’ai toujours eu des intérêts scientifiques, j’ai toujours eu des ambitions, envie de faire des grandes choses : d’abord astronome, puis après ingénieure, puis maintenant médecin. 

On me rabâchait un peu ce féminisme libéral à deux balles du style « girl power », «girl boss », « c’est génial que tu sois une fille qui fasse quelque chose.. », comme si c’était impératif de préciser que j’étais une fille qui faisait quelque chose d’autre que d’être dans la cuisine. 

Et ça m’agaçait beaucoup, parce que moi, avant tout, j’avais une personnalité j’avais des envies, des ambitions, j’avais envie qu’on me reconnaisse avant tout pour mes capacités, pour ma personnalité, pour ce qui me rend unique et pas seulement pour mon sexe.

Parce qu’on est quand même plusieurs milliards de femmes sur cette terre et que ce n’est pas ça qui me rend unique. Déjà, à cause de ça j’ai un peu assimilé le féminisme à ça, donc j’ai commencé à avoir une certaine aversion pour le féminisme justement parce que : « Bah ok je suis une fille, je suis née comme ça et alors ? Ça n’a pas grande importance », et puis surtout, la plupart de mes amis ont toujours été des hommes, en majorité.

En plus au lycée en première et en terminale j’étais la seule fille de ma classe, ça m’a vraiment montré qu’on est dans un monde d’hommes et moi je ne me sentais pas vraiment de faire un combat féministe. Je voulais faire ce que j’aimais et je voulais pouvoir intégrer le monde des hommes pour pouvoir faire ce que je veux. 

En plus de ça je suis neuro atypique, j’ai été diagnostiquée avec un trouble du spectre autistique à 12 ans, j’ai de l’anxiété sociale assez sévère, j’ai énormément de difficultés au niveau social et j’ai subi du harcèlement scolaire parce que j’étais pas féminine et aussi parce que, à partir d’un moment au collège, on a appris que j’avais une attirance pour les filles.

Et, évidemment, il fallait que tout le monde le sache et qu’on m’embête pour ça. Et en plus du harcèlement scolaire j’ai subi à quelques reprises du harcèlement sexuel. Et la première fois, je me souviens, j’avais à peine 10-11 ans. 

Ça a créé un double traumatisme, avec le harcèlement sexuel et la solitude du harcèlement scolaire qui faisaient que je me sentais vraiment isolée et je me sentais seule, incomprise et j’avais vraiment besoin de quelque chose à quoi me raccrocher, besoin de m’intégrer à quelque chose et idéalement je rêvais d’être un homme. Je n’étais pas trans évidemment, je rêvais d’être un homme ou moins d’être traitée comme un homme, c’est-à-dire qu’on me laisse faire ce que je veux, sans me rappeler que je suis une fille et que c’est quand même exceptionnel qu’une fille soit capable de faire certaines choses. 

Il y a aussi une chose que j’aimerais préciser c’est que j’ai eu un trouble du comportement alimentaire qui a commencé quand j’avais 14 ans, c’est venu avec beaucoup de complexes par rapport à mon corps et à mon poids. À 15 ans j’étais encore en plein trouble du comportement alimentaire,

c’est à ce moment-là que je suis tombée dans la transidentité.

En plus de ça je venais d’entrer en seconde après une troisième où j’avais été plus ou moins déscolarisée, mes parents avaient divorcé, ils ont déménagé à 100 km l’un de l’autre donc je faisais face énormément de changements. Ça m’a poussée à avoir un peu des crises existentielles sur le sens de ma vie, sur mon identité, spécifiquement ce que les transactivistes appellent l’identité de genre. 

Je me souviens à l’époque je traînais beaucoup sur Twitter et je regardais un peu tous les pseudo-débats politiques où il y avait les Wokes et les gents d’extrême droite qui se chamaillaient, il y avait une « femme trans », un homme transidentifié, que j’aimais bien parce qu’il avait des positions plutôt raisonnables, que ce soit sur la question trans ou autre. 

J’ai sympathisé avec lui, j’ai décidé d’aller lui parler en privé, de lui parler un peu de mes doutes par rapport à mon genre, de ce que j’en pensais, de savoir ce que lui il en pensait. 

C’est là que j’ai rejoint le serveur Discord qui a un peu tout fait basculer.

C’était à la base un simple du Discord d’entraide, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de vocation purement politique ou activiste ou militante, le but c’était d’avoir un espace pour les personnes trans. 

Au début il y avait les personnes non trans, qu’on appelle aussi personne « cis », qui étaient autorisées pour venir parler de ce genre de sujet. Il y avait une ambiance très conviviale, il n’y avait pas de pureté militante transactiviste. C’étaient juste des gens qui avaient cette différence,  qui étaient trans, qui parlaient de dysphorie, qui demandaient de l’aide pour l’annoncer à leur famille etc… 

A partir de là, j’ai sympathisé avec les gens là-bas, je me sentais bien ; bon je leur avais dit au départ que je ne savais pas du tout de quel genre j’étais, que je me questionnais beaucoup… et j’ai été accueillie vraiment à bras ouverts, sans pour autant qu’ils me forcent explicitement à me dire trans. 

Il y avait quand même des gens qui disaient…  de ce que je racontais… qui pointaient vers le fait que je ne serai pas une femme « cis », comme on dit. C’est avec ça que j’ai vraiment commencé à me… déjà à exacerber des complexes que j’avais déjà, par rapport à mon poids notamment, à mes hanches surtout, ça c’est quelque chose qui m’a toujours dérangée sur mon corps. Et en plus de ça pour me conforter dans l’idée que je n’étais pas une fille, j’ai commencé à avoir un complexe à propos des mes épaules. Par exemple, je voulais avoir des épaules plus larges, sur ma taille, j’avais envie d’être plus grande comme un homme, je voulais avoir plus de musculature, pour être musclée comme un homme on va dire, je voulais avoir un torse plat évidemment. J’ai commencé à détester ma poitrine au point où j’avais des rêves où je m’imaginais carrément les arracher où les couper avec un couteau, quelque chose d’assez violent, une aversion assez violente, je rêvais vraiment de faire cette fameuse mammectomie, ou « top surgery » comme on dit en anglais, pour me débarrasser de ça ; dans l’optique de camoufler d’autres problèmes que j’avais déjà, je ne me rendais pas du tout compte à l’époque que j’avais un trouble du comportement alimentaire, du coup je me disais que le malaise que je ressentais ce n’était pas lié à la base à la dysmorphophobie mais bien à la dysphorie de genre, au fait que je suis dans le mauvais corps, un homme dans le corps d’une femme. 

Vraiment c’était un moyen pour mettre au sous le tapis plein de trucs : par exemple mes difficultés sociales, je me disais que c’était pas lié à l’autisme, c’était pas lié à l’anxiété ou quoi, c’est juste que j’ai de la dysphorie sociale, j’arrive pas à aller vers les gens justement parce qu’on me voit comme une fille et aussi parce que je n’aime pas ma voix féminine et c’est ça qui me rend timide, qui me rend anxieuse et pas spécialement mon autisme ou le traumatisme lié au harcèlement. 

Pareil pour le traumatisme lié au harcèlement sexuel, ça me créait une certaine dissociation, du coup la dissociation je l’associais à la dysphorie de genre et donc à une dissociation à mon corps de femme en tant que corps de femme plutôt que dissociation de l’image du corps de la femme qui est constamment sexualisé et visé par les prédateurs. 

Vraiment l’étiquette “trans” et “dysphorie”, c’était l’étiquette parfaite pour expliquer toute la souffrance que je ressentais sans vraiment réfléchir, sans vraiment me poser des questions qui ne sont pas vraiment confortables, sans vraiment faire l’effort de guérir en quelque sorte. Juste je disais « bah en fait je suis trans, je suis un homme dans un corps de femme. Pour régler ça il suffit que je fasse une mammectomie, que je change mon prénom, que tout le monde me dise que je suis un homme et que je prenne de la testostérone jusqu’à la fin de ma vie ». Et donc sur ce serveur trans qui, à la base encore une fois, c’était plus un serveur d’entraide qu’autre chose, et ça a été fondé par une bande d’amies, des femmes transidentifiées, qui étaient amies avant qui se sont réunies autour ça et qui ont décidé de créer la communauté ; à un moment je me suis mise en couple, amoureuse de la co-fondatrice du serveur. Et j’étais en couple avec elle pendant deux ans et je ne vais pas aller dans les détails par rapport à la relation mais elle m’a vraiment beaucoup encouragée là-dedans, c’est-à-dire qu’elle me disait souvent que j’avais plus de dysphorie qu’elle, et que c’était  vraiment évident que j’étais un homme trans, et que limite j’étais encore plus trans qu’elle et que j’avais encore plus besoin qu’elle de prendre des hormones, de transitionner etc. 

Il y a quelque chose que je tiens à préciser c’est que dans les milieux que je fréquentais, autant avec mon ex-copine qu’avec les gens du serveur en question, ils avaient une approche, qu’on appelle dans le jargon transactiviste, « transmédicaliste », qui s’oppose au dogme transactiviste qui dit que tout le monde est valide, n’importe qui peut se dire trans, même si on ne fait absolument aucun effort pour avoir un passing, pour transitionner, on a même pas besoin d’avoir de la dysphorie en soi, il suffit juste de le dire… Un homme qui dit qu’il est une femme il est une femme, une femme qui dit qu’elle est un homme elle est un homme, une femme qui dit qu’elle est non-binaire ou je sais pas euh… agenre, ça veut dire qu’elle est le genre qu’elle dit et puis il y a aucune question à avoir ; alors que les transmédicalistes, ils admettaient c’étaient les femmes et que les hommes trans c’étaient des hommes, quand même pour être considéré comme trans il faut faire un effort pour transitionner, pour être perçu du sexe opposé et surtout ressentir de la dysphorie. 

En gros si on a de la dysphorie on est forcément trans et si on est trans on a forcément de la dysphorie. J’ai pas vraiment fréquenté de personnes non-binaires, j’ai jamais cru à la non-binarité parce que moi j’étais un vrai homme trans, qui avait de la vraie dysphorie, qui ai ressenti une vraie souffrance alors que les non-binaires, la plupart des militants connus qui ont un peu cette apparence très stéréotypée, qui ne font clairement aucun effort pour avoir l’air du sexe opposé. Je me sentais insultée par ces gens-là, je me disais que ça ne représentait pas vraiment ce que je vivais moi en tant que « vrai » homme trans. C’était aussi la posture de mon ex copine, même s’il était un peu plus ouvert par rapport à ça, c’est-à-dire qu’il était d’accord avec moi sur le fait qu’on ne peut pas être trans sans avoir de dysphorie et sans transitionner, mais elle était quand même tolérante vis-à-vis des non-binaires, des personnes qui ne transitionnent pas, en disant « oui bon ils sont peut-être pas vraiment trans mais il faut quand même les entretenir juste pour ne pas être méchant en fait ».

D’ailleurs j’étais assez fan pour les contenus trans que je regardais. Je regardais énormément de choses. Je ne me souviens même pas de tous les noms parce que j’allais voir même des petites chaînes vraiment pas connues du tout.  

Mais la plus connue c’était celle de Blair White, qui est un homme transidentifié plutôt ouvertement conservateur, et qui a cette posture “transmédicaliste” et j’étais d’accord avec lui sur ce qu’il disait, sur la critique qu’il faisait du transactivisme “mainstream” sur le fait qu’on donne des hormones à des mineurs… Même si moi, en même temps, j’avais 15-16 ans, et j’avais envie de prendre de la testostérone. Et donc en fait ce qu’il disait était vrai pour les autres, mais pas pour moi. J’avais un peu cette dissonance cognitive. Et il critiquait aussi le fait qu’il y ait des hommes transidentifiés dans le sport, etc. 

Donc c’était un peu, pour moi, la figure de la personne trans raisonnable, de la personne trans normale on va dire, qui était comme moi, qui avait envie de vivre sa vie comme quelqu’un du sexe opposé et qui était décrédibilisé par la plupart des transactivistes les plus populaires.

Aussi une autre personne que j’appréciais beaucoup, qui est beaucoup moins connue, qui s’appelle “Rose of Dawn”, qui est un homme transidentifié aussi, et qui faisait le même type de contenu à critiquer le transactivisme mainstream. Je parle de cette personne-là parce que j’étais amie avec plusieurs personnes qui la suivaient. C’étaient autant des personnes transidentifiées que des personnes qui n’étaient pas trans, mais qui avaient un soutien pour les personnes trans, tout en étant critique du discours classique. Et ces personnes-là étaient presque toutes ouvertement de droite conservatrice et on pourrait se dire qu’elles n’ont pas cette mentalité des transactivistes qui disent que “oui sous prétexte que je mets une robe en tant qu’homme, secrètement une femme…” mais en fait si : ils avaient exactement la même mentalité. Et  il y avait, je me souviens, un homme transidentifié qui était vraiment à fond dans cette idée qu’on est avec une sorte de “cerveau genré” …genre l’idée qu’on a un cerveau de femme ou un cerveau d’homme, et que les trans sont nés avec un cerveau du sexe opposé, et qui disait que lui il est sûr d’être trans, parce que depuis est tout petit, il aime bien jouer avec des poupées, il a toujours senti qu’il avait entre guillemets “un instinct maternel” pour moi, que quand je reviens là-dessus c’est quand même, assez assez choquant quoi. C’est à dire que c’est un peu, c’est exactement la même chose que le discours  transactiviste classique, mais tourné un peu plus du côté conservateur, en disant que c’est le discours des trans plus raisonnables, et des trans qui veulent juste vivre leur vie normalement. Alors qu’en fait, comme je l’ai dit, c’est exactement le même type de mentalité sexiste. C’est juste emballé différemment, on va dire. Donc effectivement je ressentais une dysphorie extrêmement intense. D’une part parce que  ça camouflait des problèmes que j’avais, sauf qu’évidemment ça ne réglait pas ce problème-là, juste de leur donner un nom différent. 

Mes parents étaient au courant. Je leur ai dit. Alors mon père était totalement indifférent. Il n’a pas fait de remarques négatives au départ, il m’a dit qu’il était content que j’aie trouvé qui j’étais vraiment. Mais après ça, il a jamais fait aucun effort pour me genrer au féminin… au masculin, pardon! Quant à ma mère, elle était un peu notre par rapport à ça. D’un côté, elle faisait un vrai effort pour utiliser mon prénom masculin, pour me genrer au masculin, même pour s’intéresser un peu à tout ce jargon qui est quand même assez complexe, qui est utilisé par la communauté trans. Donc il y avait un peu ce soutien de ce côté là. Mais elle m’a quand même dit (j’avais 15 ans quand je lui avais dit ça) elle m’a dit… Au départ elle m’a dit “non tu attends d’être en terminale”. Après, une fois arrivée en terminale elle m’a  dit “non tu attends d’avoir 18 ans”. Et honnêtement, je suis assez contente qu’elle m’ait dit ça, maintenant que je suis critique du genre. Parce que si elle n’avait pas dit ça, j’aurais très probablement commencé à prendre les hormones en fait.

Et à côté de ça, il y avait ma dysphorie, amplifiée par le fait que mon ex-copine, elle, elle faisait une transition. On s’est mises en couple pile au moment où elle a commencé la testostérone. Et du coup j’ai vu vraiment toute l’évolution, tout l’effet qu’a eus la testostérone sur elle, y compris les effets secondaires. Mais je me disais que les effets secondaires, c’est pas très, c’est pas si grave, parce que je souffre tellement de mon corps, que je peux supporter les effets secondaires à la testostérone, si ça veut dire que ça me permet d’être moi-même, en fait.

RDG –  Est ce que tu peux dire quels effets secondaires, par exemple?

Danielle – Du coup, mon ex avait un syndrome des ovaires polykystiques. Donc elle avait déjà les douleurs à cause de ça. Du coup ça amplifiait les douleurs qu’elle avait. Elle s’est mise à avoir des contractions à l’utérus de manière un peu aléatoire. Elle a eu des gros problèmes de peau, d’acné surtout. Elle avait aussi de l’eczéma qui a empiré avec la testostérone.. Et après, pour ce qui est de la chirurgie, la mammectomie… Du coup j’étais avec elle, juste après son opération. Je me souviens, on était dans le sud et il faisait presque 40 degrés, et juste après l’opération donc, elle était obligée de porter un gilet compresseur, le temps que les cicatrices se consolident. Et donc pendant tout ce temps-là, elle pouvait à peine se laver, elle… j’étais obligée de lui laver les cheveux moi même. Elle devait aller se refaire les bandages tous les jours. Elle avait mal. Ce n’était pas quelque chose de très joyeux.

Mais en même temps, nous deux, on avait cette vision que “oui c’est un peu chiant, c’est un peu douloureux, mais ça en vaut largement la peine. Parce que ça fait tellement du bien d’être enfin un homme, d’avoir un torse… d’avoir un torse d’homme”. C’est à dire qu’on voyait clairement l’aspect négatif mais on minimisait ça parce que justement, à côté, on maximisait en quelque sorte la souffrance liée à la dysphorie, au fait de ne pas pouvoir… d’avoir un corps femelle. Aussi, comme je l’avais dit précédemment, j’avais une mentalité au départ assez anti féministe, et ça a été encore amplifié quand je me suis dit trans parce que je n’avais vraiment pas envie qu’on me rappelle qu’à la base, j’étais une fille, que j’étais de sexe féminin. Et c’est aussi pour ça, par exemple, que je n’aimais pas du tout le langage inclusif du style “les personnes ayant un utérus,les personnes ayant leurs règles” qui  cherchait à inclure les hommes trans et les non-binaires, comme si c était différent des femmes, dans les sujets liés à la gynécologie, aux protections hygiéniques. Pas parce que c’est évidemment absurde et misogyne, mais parce que ça me rappelait, moi, que j’avais une anatomie féminine. Sauf que moi, ça me mettait mal à l’aise. C’était dysphorisant  pour moi, et du coup je me disais “c’est un problème de femmes, sauf que moi je suis un homme, et je n’ai pas envie qu’on parle d’un problème que j’ai comme si c’était un problème de femme, et j’ai pas envie qu’on me rappelle que j’ai ces parties de mon corps dont j’ai envie de me débarrasser”.  Et par contre, mon ex, elle était plutôt féministe. Elle avait même certaines oppositions, qu’on pourrait qualifier de se rapprochant du féminisme radical. Par exemple elle était, elle avait une position abolitionniste sur la prostitution et sur le porno, et c’est avec elle que j’ai changé mon avis là-dessus, et sur certains autres aspects. Et elle m’a aussi poussée un peu à regarder un peu mon passé en tant que fille, avant que sois transidentifiée, et je me suis rendu compte un peu de tout la violence patriarcale qu’il y avait, du sexisme que je subissais sans même m’en rendre compte. Ca m’a pas empêché d’être trans, et ça l’a pas empêchée d’avoir une influence assez néfaste sur moi, mais c’était là un peu le début d’une prise de conscience, où je me suis dit “quand même, j’ai beau être un homme dans un corps de femme, j’ai quand même un corps de femme, et j’ai été longtemps perçue comme femme. Et quand on est perçue comme femme, et quand on est de sexe féminin, on est vraiment extrêmement malmenée par le patriarcat.”

Donc il y avait déjà cette première prise de conscience, et aussi par rapport à la communauté trans, j’ai commencé à être agacée par certains types de militants entre guillemets “femme trans” donc d’hommes transidentifiés qui ne faisaient aucun effort de transition, et qui même étaient encore dans le placard, où personne à part quelques gens sur internet, n’aétaient au courant qu’ils étaient trans, et qui se considéraient comme femmes, et qui parlaient quand même de problématiques féministes. Et je me disais évidemment, à la limite j’aurais pu écouter quelqu’un qui a fait une transition complète, mais déjà ça, ça me paraissent un peu ridicule, qu’on donne la parole à ces gens-là qui n’ont aucune expérience en tant que femme. Et aussi de certaines féministes libérales qui ont tendance à dire “oui alors, le féminisme c’est pour les femmes, et pas pour les hommes”… sauf qu’en fait leur définition des femmes, et bien ça inclut les femmes qui ne sont pas transidentifiées ET les hommes transidentifiés. Mais du coup ça exclut les hommes, y compris les fameux hommes trans… Et j’ai même vu, comme par hasard, des hommes transidentifiés dire que les hommes trans d’une part, étaient aussi misogynes que les hommes cis… qu’il y avait presque aucune différence entre les deux, et surtout qu’ils ne faisaient pas assez d’efforts pour protéger leurs “soeurs trans” on va dire… 

En gros, on reprochait aux transactivistes du coup, qui étaient des femmes transidentifiées, de ne pas en faire assez pour les hommes transidentifiés.

Et ça aussi, ça me titillait, parce que ben nous, encore une fois, les “hommes trans”, on restait des gens qui avaient une expérience de femmes. Et donc il n’y a aucune raison pour soient exclues du féminisme comme ça, encore moins par des gens qui n’ont aucune expérience en tant que femme. Et après, j’ai fini par…  par quitter, déjà, le serveur Discord dont je parlais, parce que l’ambiance est devenue de plus en plus… de plus en plus militante. On a quitté ce côté entraide, ce côté juste entre amis, pour passer à quelque chose de beaucoup plus militant.

Déjà il y avait très peu de personnes non-binaires, très peu de personnes qui traînaient aussi sur les réseaux sociaux, sur twitter pour faire du militantisme.

C’étaient vraiment des personnes lambda. Mais après, il y a eu beaucoup plus de gens militants, de gens non-binaires, des personnes qui utilisaient des néo-pronoms. Par exemple j’ai vu quelqu’un qui utilisait le prenons “ol” et donc, l’administration du serveur n’était pas très fan de ces gens-là. Mais encore une fois, ils se disaient  “bon, on a quand même cette problématique trans en commun, donc il faut être gentils avec elles, donc on ne va pas trop les embêter.” D’ailleurs le serveur a énormément grandi. Le nombre de membres a été multiplié par dix et c’est carrément devenu une association. La nouvelle ambiance, les nouvelles personnes, ne me plaisaient pas, donc je suis partie. Et en plus de ça, j’ai fini par me séparer de mon ex-copine. 

C’était une première étape pour m’éloigner des milieux trans et du transactivisme.

Et après ça, je me disais toujours trans, mais avec cette mentalité que moi j’étais un vrai trans, et que j’avais de la dysphorie, et que le seul moyen de guérir la dysphorie c’était de transitionner. Mais du coup je ne parlais presque plus à des personnes trans. J’avais juste deux-trois amis qui étaient aussi partis du serveur. On parlait un peu de tout et de rien, mais ça s’arrêtait là. 

Donc j’allais presque avoir 18 ans, et je commençais un peu à planifier ma transition. je commençais à chercher des endocrinologues, des psychiatres, pour faire une attestation, vraiment planifier ma transition que j’entamerais pile à 18 ans.

Mais au fur et à mesure, après, quand j’ai eu 18 ans, je suis entrée à la fac. J’ai déménagé, (je vis seule), et en plus à la fac j’avais énormément de travail.

Le fait de gérer à la fois la transition, la charge de travail, le fait de vivre seule dans un appartement, d’avoir à faire son linge, d’avoir à tout nettoyer, à se faire à manger… ça a un peu détourné mon attention.

Et je me focalisais uniquement sur ce qui était vraiment important, sur “travailler, manger et ranger de temps en temps” plutôt que sur le fait de trouver un endocrinologue.  Ca m’a permis un peu d’oublier le malaise que j’avais avec mon corps, parce que j’étais tellement focalisée sur autre chose que je n’avais plus le temps de me prendre la tête sur mon corps, sur toutes ces histoires de genre, etc. 

Et après ce qui m’a fait vraiment sortir définitivement, c’est un ami à moi, un homme qui a été transidentifié dans le passé, quelqu’un de très, très critique par rapport à la transidentité, mais qui au départ ne me l’avait pas dit complètement, qui acceptait quand même de me voir comme un homme, pour pas me blesser. Mais au final, j’ai eu pas mal de discussions avec lui. Moi j’avais un peu cette mentalité, encore une fois de : “je suis pas comme les autres trans, je suis pas comme ces personnes trans-là”.

C’est pas quelque chose qu’il m’a dit à moi, directement, mais qu’il avait dit à quelqu’un d’autre, et qu’il m’a retranscrit. C’est que, en fait, finalement le meilleur moyen de ne pas être comme les autres trans, c’est juste d’arrêter d’être trans. Ca plus … il m’a raconté un peu son expérience avec d’autres hommes trans identifiés qui avaient vraiment des comportements assez choquants. Et ça a fait écho avec des hommes transidentifiés que moi même, j’ai connus et qui avaient ce genre de comportement. Et je me suis vraiment rendu compte que, vraiment tout ça, c’était une arnaque et je vais jusqu’au bout : tout ça n’a aucun sens. Et au final, j’ai fini par me dire, par me poser. Je me souviens de ce jour où j’ai eu cette réflexion dans mon lit, en me disant, au final : « Je suis une femme. J’ai le corps que j’ai. J’ai le sexe que j’ai. J’ai beau  en souffrir des fois, à cause du patriarcat, à cause de la dysmorphophobie,  des troubles alimentaires, du regard des autres, mais au final je reste une femme. Je reste Danielle,  et je n’ai pas besoin de prendre des hormones, de faire de la chirurgie, de faire ces mutilations à mon corps pour être moi-même. »

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie ?

Déjà, d’un point de vue purement féministe, parce que c’est un vrai sabotage de tous les progrès qui ont  été faits jusque-là.

Il y a peu de gens qui s’en rendent compte, mais on a, quand même, nous les femmes, été opprimées par les hommes pendant des siècles, voire des millénaires. Et il a fallu énormément de travail, déjà de la part, assez tôt, de proto-féministes, et après, de vrais mouvements féministes pour, déjà, avoir un minimum de droits, et aussi pour déconstruire tous les stéréotypes de genre qui sont utilisés contre les femmes. C’est quand même un travail qui a pris énormément de temps, énormément d’efforts. Tous ces combats pour que, par exemple, les femmes puissent se dire qu’en fait, ce n’est pas grave si elles n’ont pas envie de s’épiler les jambes, pour qu’après il y ait des hommes qui se disent qu’ils ont de « l’euphorie de genre » et que ce sont des femmes, parce qu’ils se sont épilés et qu’ils adorent avoir les jambes nues. Déjà, c’est révoltant de voir qu’il y a tout ce travail de femmes avant nous, de féministes, qui est jeté à la poubelle. Juste parce qu’il y a quelques hommes qui aiment bien s’épiler, mettre des robes. Aussi, d’un autre côté, par rapport aux femmes transidentifiées, que l’on trouve ça  progressiste, et je pense principalement aux femmes qui se disent non binaires, qu’il y a des femmes qui, au lieu de faire face à la misogynie et de s’engager vraiment dans le féminisme, osent affirmer que ce sont  des femmes libres, même si elles ne correspondent pas aux standards de la féminité, qui se disent : « vu que je ne correspond pas aux standards de la féminité, je ne suis pas vraiment une femme ». On considère ça comme quelque chose d’extrêmement progressiste, voire même de très féministe,  et ça n’a vraiment aucun sens. Et c’est une insulte à tout ce travail qui a été fait par les féministes jusque-là.

 Aussi, autre chose que j’ai remarquée, par rapport au vocabulaire utilisé par les trans activistes, c’est que ils se sont approprié,  je dirais même voler, pas mal de choses  d’autres luttes.

Par exemple, le féminisme, la lutte LGB,  la lutte intersexe.

Je pense à des termes comme le «cis-plaining » qui vient évidemment du « mansplaining ».

J’ai vu le « cis gaze » aussi qui signifie  “un regard de cis sur les personnes trans qui serait erroné ou fétichisant”.

La « pride trans »…  là aussi ça vient des LGB,  ils n’ont rien inventé.

Pour le LGB,  ils reprennent le slogan «born this way –  je suis né comme ça ».

Et aussi beaucoup le terme de « thérapie de conversion », comme si le fait de rappeler la réalité biologique à quelqu’un qui se sent mal dans son corps, serait équivalent à du sexisme et à de l’homophobie, et a de l’intégrisme religieux qui viserait à changer l’orientation sexuelle des gens.

Le pire, à mon avis, c’est par rapport aux intersexes. Il faut savoir qu’on dit souvent l’acronyme « LGBTI », ou « LGBTQI »  mais, à ce que je sache, la plupart des intersexes n’ont aucune envie d’avoir quoi que ce soit avec ça. Et ils sont utilisés comme arguments par les trans activistes d’une part pour dire que, le sexe biologique, c’est une construction sociale, et ce n’est pas vraiment binaire. Et d’autre part pour justifier l’existence de la non minorité. Sauf qu’évidemment, ça n’a aucun sens parce que les personnes intersexes  rentre quand même dans une catégorie de sexe mâle, ou femelle, c’est juste qu’ils ont  un trouble du développement. Et ça cause aussi… Les transactivistes parlent beaucoup des intersexes  mais ils n’en savent absolument rien. On peut leur demander s’ils peuvent donner un exemple de syndrome intersection, ils ne pourront probablement pas répondre. Donc il y a vraiment cette appropriation des problèmes qui touchent les femmes, qui touchent les LGB,  les intersexes,  et même les neuro atypiques juste pour leurs intérêts à eux. C’est vraiment  une idéologie extrêmement égocentrique.

Après, par rapport à ce dont je parlais sur la position transmédicaliste,  on pourrait se dire que c’est un peu plus raisonnable, que c’est moins extrémiste et que finalement, ce sont juste des personnes trans qui ont envie de vivre leur vie comme n’importe qui d’autre. 

Mais c’est tout aussi dangereux parce qu’encore une fois, c’est souvent lié à des idées plus conservatrices. Attention, ce n’est pas toujours le cas, il y a aussi des transmédicalistes  qui sont de gauche, mais qui ont cette fameuse idée du cerveau du sexe opposé. 

Quand on y réfléchit plus de 30 secondes,  on se rend vite compte que ça n’a aucun sens parce que, quand bien même on aurait un cerveau du sexe opposé, comment le cerveau peut-il savoir qu’il n’est pas dans le bon sexe, puisqu’il ne sait pas ce que c’est que d’être du sexe opposé ?

Et il y a aussi, dans ces études, des personnes qui ne sont pas du tout transidentifiées, ou qui ne sont pas du tout dysphoriques,  qui ont quand même un cerveau qui se rapproche de celui du sexe opposé. Du coup, est-ce que ces personnes seraient secrètement trans ?  On ne sait pas.

Et aussi, les transmédicalistes  ont tendance à mettre beaucoup en avant leur apparence, c’est-à-dire : « Oui, moi je ressemble à une femme, ou je ressemble à un homme, et j’ai fait énormément d’efforts pour ressembler à ça, du coup on DOIT me traiter, au moins un peu, comme le sexe opposé ».

Et à cela, j’ai envie de dire : « Et on en fait quoi, des personnes non transidentifiées, qui ont une apparence  androgyne ? Est-ce que eux, on devrait les traiter comme du sexe opposé, juste en se basant sur ce critère visuel ou esthétique ? »

 Donc au final, comme je l’ai déjà dit, c’est juste la même chose, emballé de la même façon, juste un petit peu moins extrémiste, un peu plus digeste on va dire.

Après, ça m’amène à mon prochain point, qui est qu’ils présentent la transition comme l’unique façon de traiter la dysphorie de genre, et particulièrement les transmédicalistes, d’ailleurs. 

Et pour moi, en plus d’un problème féministe, c’est un vrai problème de santé publique. 

Parce que d’un point de vue santé physique, vis-à-vis des traitements hormonaux de substitution que prennent les personnes trans, ce que j’ai remarqué c’est que, vraiment, la plupart des gens s’imaginent que les hormones sexuelles, ça sert juste à faire joli, en fait.  Que ça sert pour les caractéristiques sexuelles secondaires  et pour la reproduction. Ça s’arrête là. 

Sauf que ce n’est pas vrai. Les œstrogènes, la progestérone, la testostérone, ont des effets sur énormément de systèmes dans le corps, que ce soient les muscles, les os, le système cardio-vasculaire, la thyroïde, même l’humeur.  

Donc ça veut dire que si on féminise avec ses hormones sexuelles, on risque de toucher ces autres systèmes dans le corps. Et pour ça, par exemple, que les pilules contraceptives peuvent causer des thromboses, ou des problèmes cardio-vasculaires, justement. Parce qu’il y a tout un rôle physiologique aux hormones, qui est totalement ignoré par le trans activisme, qui a tendance à dire que les traitements hormonaux sont totalement anodins. 

J’ai vu beaucoup de personnes critiques du genre dire qu’on n’a pas d’études à long terme sur les effets du traitement hormonal, spécifiquement pour les femmes trans identifiées, à base de testostérone. C’est vrai. 

Par contre ce n’est pas quelque chose de totalement inconnu, puisqu’on connaît d’une part, les effets des taux de testostérone  élevés chez les femmes, dans le cas des syndromes des ovaires polykystiques, et aussi, dans une moindre mesure, pour les femmes qui prennent de la testostérone pour se doper, pour la musculation. Et on sait que ça a, à terme, des effets assez désastreux. Je ne vais pas tout citer, il y a par exemple des effets cardio-vasculaires, et ça peut aussi causer de gros problèmes au niveau du métabolisme, voire même empirer un diabète déjà existant, ou causer un diabète.  

Après, pour les bloqueurs de puberté, évidemment il y a déjà  la question de médicaliser les enfants, mais surtout c’est présenté comme quelque chose de totalement réversible et anodin, alors que ça ne l’est clairement pas. Il y a énormément de personnes  qui ont utilisé des bloqueurs de puberté, alors même qu’elles en avaient besoin physiologiquement, qui ont eu des effets secondaires après, plus tard dans leur vie. Après, au-delà de la santé physique, il y a la santé mentale. Ce que j’avais dit dans mon parcours, c’est que j’utilisais le terme de dysphorie, et la trans identité, pour mettre sous le tapis tout un tas d’autres problèmes. Et c’est vrai pour énormément d’autres personnes qui se disent trans.  Vraiment, leur dysphorie, en général, ça vient déjà de sexisme et d’homophobie intériorisée, mais il y a aussi : autisme, troubles de l’attention, dépression, troubles du comportement alimentaire, traumatismes, dysmorphophobie,  et même certains troubles psychotiques, comme la schizophrénie dans certains cas.

Et donc, au lieu d’aller explorer les véritables raisons qui mènent au mal-être chez ces personnes, on va leur dire : « en fait vous êtes trans,  ce que vous avez ça s’appelle de la dysphorie, et le seul moyen de s’en sortir, c’est de faire une transition médicale.» 

Évidemment, c’est dangereux, d’abord à cause des effets de la transition médicale, d’un point de vue purement physiologique. Mais aussi d’un point de vue psychologique,  parce qu’après, à force de vouloir mettre sous le tapis tous ces problèmes, ça va finir par ressortir, et devenir encore plus dérangeant. 

Par rapport aux statistiques de suicide chez les personnes trans,  je ne vais pas du tout nier que  ses statistiques sont élevées, mais à mon avis je pense que ce n’est pas tant à cause de la dysphorie en elle-même, mais justement parce que, à cause de cette étiquette de dysphorie, de la transidentité, ces personnes ignorent d’autres problèmes de santé mentale, jusqu’à ce que ça soit trop tard.

RDG –  J’avais une question à te poser. Tu me dis si tu veux y répondre ou pas, parce qu’elle n’est pas préparée. Moi, ce qui m’intéresse, c’est la question suivante : vu que tu as évolué dans la communauté transactiviste, et transidentitaire,  qu’est-ce qui a fait que tu es allé vers les RadFems à un moment donné,  parce que je sais qu’on a une très, très mauvaise réputation. Est-ce que tu as eu peur de nous ? Qu’est-ce qui a fait que tu as osé venir vers nous pour faire ce témoignage ?

Danielle –  Déjà, c’était plus ou moins grâce à mon ex copine, qui comme je l’avais dit, partageait certaines idées avec les RadFems,  et c’était d’ailleurs quelque chose de totalement assumé.

Aussi, les RadFems ont beau avoir mauvaise réputation, je ne connais  aucun autre mouvement, aucun groupe de personnes, qui parle de problématiques qui m’ont touchée.  Il y a très peu de personnes, autres que des conservateurs (qui détestent les personnes trans juste parce qu’elles sont différentes), qui parlent de la transidentité.

Aussi, je n’ai vu aussi personne d’autre dénoncer, (ça n’a rien à voir), tous les problèmes liés à ce que les féministes libérales appellent le « travail du sexe » : la prostitution, la pornographie, etc.

 Et aussi, de manière générale, vraiment, lire pour de vrai la théorie RadFem, au lieu de se fier à cette image que ce sont juste des hystériques qui détestent les hommes, et rien d’autre, ça a été vachement libérateur. 

C’est ça qui m’a vraiment permis de me dire : « ce n’est pas si horrible d’être une femme, et ce qui rend ça désagréable, c’est juste le patriarcat, c’est juste les hommes. Et ce n’est pas de ma faute. Ce n’est jamais la faute des femmes. »  Surtout, le plus important, ça m’a appris à ne pas me laisser faire. A apprendre à me détacher de toutes ces idées qui m’enfermaient dans une vision de moi, en tant que femme, encore une fois, en tant que “autre chose qu’un homme, et rien de plus que ça”.

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner aujourd’hui ? Et pourquoi le fais-tu de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ? Est-ce que tu as senti des dangers dans ton entourage personnel ou professionnel, pour toi tes proches ? Ou est-ce que tu te sais en sécurité pour parler librement ?

Danielle –  Déjà, si je suis anonyme, c’est parce que je ne suis pas quelqu’un qui a vraiment une activité militante publiquement. Ce podcast, c’est un peu le premier vrai acte militant que je fais. Sinon, à part ça, sur les réseaux sociaux, je ne fais pas grand-chose à part poster des photos de mon chat. 

D’autre part, je n’ai pas vraiment reçu de menace en soi, mais j’ai déjà vu des gens, dans les communautés trans, parler de moi. Déjà même quand j’étais trans, on me traitait déjà de TERF,  c’est incroyable ! Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelqu’un, qui me connaissait avant, en tant que trans, qui écoute ce podcast, mais bon. Il y a une petite chance que ça arrive et que, si je dis mon prénom, on sache qui je suis.

Et là encore, à partir de là, il n’y a pas de certitude que ça ait des conséquences pour moi, mais je sais qu’il y a énormément de personnes qui ont été harcelées.  

Dans le cas de JK Rowling  par exemple, ils sont allés jusqu’à prendre des photos devant sa maison, des menaces de viol et de mort sans finir.

Ils pourraient contacter l’université.  Il y a une petite chance que ça arrive. Mais s’ils se décident à faire quelque chose contre moi, ça va vraiment être assez mauvais pour moi.

Après, quand même, je me sens plus en sécurité qu’avant, maintenant que j’ai un peu plus confiance en moi, en termes de mes positions critiques du genre,  mais je préfère prendre mes précautions au maximum parce que je sais que certains transactivistes sont capables, vraiment, de pourrir la vie.

RDG –  As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Danielle –  Bon déjà, ce qui m’a marquée, c’est certain comportement de la part d’hommes transidentifiés qui sont totalement pardonnés, puisque ce sont des… ben des hommes transidentifiés ! S’ils ne se disaient pas trans, il n’y aurait pas ça, je pense. 

Je me souviens, quand j’étais arrivée sur le serveur, j’avais 15 ans. J’étais en vocal avec des personnes… donc des hommes de 30 ans… qui parlaient librement de sexualité et de BDSM, comme s’il n’y avait aucun souci,  il y a quelqu’un de mineur, mais bon on n’y fait pas attention !

Il y a quelqu’un, un membre de confiance dans ce fameux serveur,  qui était un peu considéré comme « la doyenne du serveur », donc quelqu’un de respecté, qui a été pris en train de faire des « cams »  avec des mineurs, plus qui ferait partie d’un cercle pédopornographique !

Et enfin, il y aurait aussi de personnes du serveur, un homme et une femme, tous les deux transidentifiés,  qui ont été agressés pendant une soirée par d’autres hommes transidentifiés,  et là aussi,… ça a quand même été condamné par pas mal de personnes trans que je connaissais, et heureusement, mais… quand même, il y avait un peu cette réticence à parler du comportement de ces personnes, juste sous prétexte que c’était des « femmes trans » !

Et en plus de ça, sur le serveur où j’étais, il y avait certaines personnes qui faisaient carrément du trafic d’ordonnance :

c’est-à-dire qu’elles allaient souvent voir des endocrinologues qui n’avaient jamais vu de personnes trans de leur vie, et qui ne savaient pas ce que c’était qu’un traitement hormonal de substitution pour les  personnes trans.  Mais du coup, ils considéraient que la dose qui leur était prescrite n’était pas la bonne, et donc ils s’amusaient à utiliser Photoshop pour modifier leurs ordonnances. Et aussi, d’autres personnes faisaient des ordonnances en double, alors que c’est totalement interdit, pour se faire un stock de testostérone, parce qu’il y a souvent des ruptures de stocks pour l’Androtardyl,  le produit à base de testostérone qui est utilisée pour les femmes transidentifiées en France.

Et là aussi, c’est pardonné. C’est illégal, mais c’est pardonné. Encore une fois, juste parce que c’est pour les trans, et puis voilà.

RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter par rapport à ça, ou un autre point que tu voudrais aborder?

Danielle –  Déjà, je tiens quand même à remercier les Rebelles du Genre,  parce que c’est très rare, dans les milieux francophones, qu’on parle de ce genre de problématique, et qu’on donne la parole à des gens comme moi. 

Je ne me serais jamais imaginée en train de parler sur ce podcast, parce que je me disais que personne n’irait écouter. 

Et aussi, vraiment, s’il y a une jeune fille qui a à peu près mon âge, qui m’écoute et qui a vécu quelque chose de similaire, qui ressent de la dysphorie, j’ai vraiment envie de dire qu’il ne faut pas avoir peur de s’éloigner de ces milieux, et même s’éloigner des réseaux sociaux, si vraiment ça a un gros impact sur la santé mentale. Et il ne faut pas avoir peur, surtout, d’être une femme, d’oser être une femme, oser exister, de dire non aux violences patriarcales, de dire non aux hommes, qu’ils soient trans identifiés ou pas.

Et aussi, ne pas avoir peur d’être sorore,  de parler des femmes. Parce qu’au final, on a beau parler des problèmes trans, mais ce qui compte  le plus, en tant que féministe,  c’est de parler des femmes.

Donc vraiment, il ne faut pas avoir honte, il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas se dire que ça nous rend hystériques de vouloir la paix, de ne pas vouloir qu’on soit embêtées par les hommes,  de se réunir entre femmes et de se battre… de se battre pour nous.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basées sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

À bientôt pour un nouveau témoignage de Rebelles du genre.

Rebelles du genre – Épisode 28 – Kate

« Je voulais exprimer mes opinions parce que je ne voulais pas mentir.

Mais au Royaume-Uni, si on exprime qu’on est critique du genre, ça peut être vraiment dangereux : pour le travail, pour sa sécurité, pour sa vie.

On est obligés de se conformer à cette idéologie.

Kate – Je m’appelle Kate, j’ai 22 ans, j’habite actuellement à Bordeaux pour faire mon année étrangère mais je viens du Royaume Uni.

Je suis étudiante.

Il y a quelque chose, au fil des années… quand j’ai entendu pour la première fois l’idée d’être transgenre, je pensais que c’était juste : j’avais de la  sympathie pour eux et je pensais que c’était réel, que c’était possible d’être une femme dans le corps d’un homme par exemple. Je pensais que c’était quelque chose qui avait commencé dans l’enfance …et que ce n’était pas quelque chose qui était poussé sur les enfants par les parents.

Maintenant je pense que ça, c’est la vérité.

Eh oui j’ai trouvé le concept d’être transgenre quand j’avais envion 13 ans. J’ai regardé des vidéos et des documentaires créés dans les États Unis, de Jazz Jennings, un garçon qui a été considéré comme fille par ses parents parce qu’il aimait des choses typiquements féminines, comme des jupes, la couleur rose… et ils ont dit : 

« Oui notre fils, c’est maintenant une fille, et ça va être comme ça pendant toute sa vie. C’est ça !»

Et là j’ai trouvé ça et je pensais que c’était normal.

Alors je continuais ma vie, comme d’habitude…

Après quelques années, j’ai commencé à penser d’une autre manière. Je me suis rendu compte qu’ il est devenu une idéologie et j’ai commencé à voir des drapeaux rainbow partout.

J’ai remarqué un jour dans mon école, j’avais environ 16 ans, j’ai entendu une voix mâle dans les toilettes. Je me suis sentie immédiatement inconfortable. Je pensais que c’était pas possible, « il n’y a pas un homme dans les toilettes ! ».

J’étais gênée, quoi.

Je suis sortie des toilettes, je me suis lavé les mains, et j’ai vu à côté de moi… c’était, ben c’était un homme mais dans une jupe ! Il avait des cheveux longs. Il a souri à moi et il a dit « bonjour » comme si c’était normal.

Et j’étais un peu choquée !

Voilà c’est ce jour-là que je me suis rendu compte qu’en fait nos espaces « femelles/female » n’étaient plus « femelles/female ».

Et les toilettes de l’école, pour moi, étaient le seul endroit où on pouvait échapper aux hommes, aux garçons.  C’était des espaces où on pouvait être seule et seulement avec ses amies.

Pendant les années scolaires, on est généralement très inconfortable, comme fille. Nos corps changent, c’est la période de la puberté et je me souviens que j’étais vraiment, vraiment pas contente de mon corps.

Alors, voir un homme, un garçon dans les toilettes ! Il y avait quelque chose qui ne me semblait pas correct avec ça. Et voilà.

Après ça, j’ai commencé à regarder des vidéos sur YouTube de Kelly Jay, qui est  une rebelle du genre qui fait des vidéos en direct, des live sur YouTube presque chaque jour.  Elle était contre, absolument contre l’idée de transgenre.

Elle exprimait que c’était absolument impossible de changer de genre. Et je pensais à l’époque que c’était un peu extrême. Parce que je n’avais jamais entendu quelqu’un dire que c’était impossible. Je pensais que c’était possible, parce que c’était une « condition médicale ». Mais elle disait : « non, c’est juste une autre manière pour les hommes de pénétrer nos espaces. Et c’est une autre forme de sexisme ». Et en fait, je me suis rendu compte que j’étais d’accord avec elle.

J’ai regardé aussi des vidéos de Meghan Murphy  qui a dit une phrase qui est restée en moi, c’est : « Man did not create woman », « l’homme n’a pas créé la femme ».

À l’université, l’idéologie était plus présente.

J’ai tenté de suggérer à mes amis que « Les trans gens, ça peut être possible, je suis ouverte à n’importe quoi, vraiment je suis jeune, je ne sais pas ce qui est absolument vrai ou absolument faux, et donc je suis ouverte, si je peux être convaincue, si c’est possible d’être une femme dans le corps d’un homme. Si quelqu’un peut me dire que c’est possible, peut-être que je vais y repenser. Mais pour l’instant,… »

Je voulais exprimer à mes amis les opinions parce que je ne voulais pas mentir. Je sentais que c’était un mensonge de dire que c’est vrai d’être transgenre.  Il y avait des gens autour de moi qui utilisaient le pronom « elle » pour un homme qui était à côté de moi. Et ce n’était pas correct pour moi. Alors j’ai dit des choses comme : « ah… mais… ahah…  il a une barbe… mais il ne ressemble pas une femme… ahah. »  c’était comme une blague. J’ai essayé de plaisanter un peu, quoi.

 Mais ils ont dit : « non non non non, le pronom, c’est elle. C’est comme ça, tu n’as pas le choix. »

À cette époque, j’ai remarqué que c’était partout. Je n’avais pas raison dans cette culture.

Pendant cette période, il y a eu quelques  événements qui m’ont confirmé que ce n’était pas logique, cette idéologie.  

J’étais dans une boîte de nuit et une femme était à côté de la porte. Je pense qu’elle était là pour vérifier le bien-être des femmes, je crois, dans les toilettes.  Mais elle n’a pas remarqué qu’il y avait un homme qui utilisait les toilettes pour les femmes. J’étais dans les toilettes, l’homme était là, et il a pointé  ma poitrine, et  il y a dit « Oh… j’aime, j’aime… Tes vêtements, j’aime … ton T-shirt… »

J’ai été immédiatement inconfortable, bien sûr. Et j’ai dit : « oh, c’est les toilettes pour les femmes, ici ». Et il a dit : « oh, je suis trans ! »  C’est tout. Il n’a pas dit : «désolé ». Il était fier d’être « trans ».

J’ai raconté cette histoire à mon ex, et pendant notre rupture, il a dit : « tu es transphobe  parce que tu te sentais inconfortable qu’un homme dise qu’il aime ton T-shirt dans les toilettes. Et tu n’as pas dit merci, tu as dit que c’était des toilettes pour les femmes. Tu es une terf ! Il a dit : « tu es hétérosexuelle,  tu ne comprends pas les souffrances de la communauté LGBT. »  Et voilà.

Après ça, j’ai pris une pause. Ça suffisait pour moi, pour ma santé mentale, c’était mieux de me distancer de ça.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Kate –  Je pense que c’est assez logique que les femmes disposent de leurs propres espaces, juste pour elles. Parce que si on n’a pas ça, notre sécurité est inexistante. Comme je l’ai dit, les toilettes sont les seuls endroits où les femmes et les filles peuvent s’échapper des hommes. Et je crois que c’est sacré. Et tout au long de l’histoire, les femmes ont également lutté pour avoir le droit d’avoir leurs propres catégories de sports, et maintenant ça ne sert plus à rien parce qu’il y a des mâles dans les compétitions. On a même plus à, maintenant. C’est vraiment inutile d’avoir des catégories de sports qui sont mélangés comme ça. Et nos réussites, nos succès, ne sont pas les nôtres.

Et c’est une insulte de dire que si on ressemble à une image stéréotypée d’une femme, on est une femme. Ça perpétue des stéréotypes sexistes.

Avant cette période  de la croissance de cette idéologie, je pensais qu’on était arrivé à un point où, sur le plan du sexisme, c’était beaucoup mieux. Il y avait moins de stéréotypes, tout le monde pouvait porter n’importe quoi comme vêtement.  Mais maintenant, je vois plus de stéréotypes dans les vêtements des femmes. Et aussi, c’est à cause de gens comme les « dragsters », ça pousse l’idée que les femmes, c’est juste un personnage,  et ce ne sont pas des humains.

J’ai remarqué la même chose à l’université où  j’étudie maintenant, mais au Royaume-Uni il n’existe pas de toilettes juste pour les femmes, et je ne sais pas si c’est une loi, mais on n’est pas obligés d’avoir des espaces juste pour les femmes. Je n’ai pas vu des espaces comme cela.

J’ai l’impression qu’en Écosse il y a des mouvements où on doit utiliser les pronoms corrects dans les espaces de travail, à l’université.

Dans les entreprises  en particulier, au  Royaume-Uni, souvent on est obligés, ou on est un peu forcés, de mettre ses pronoms à la fin des e-mails, chose que je n’ai pas remarquée ici.

J’ai juste l’impression que c’est plus présent au Royaume-Uni, qu’on a des mouvements dans les universités très très agressifs. Il y avait une femme qui a été harcelée. Elle s’appelle Kathleen  Stock. Elle a été harcelée par ses étudiants parce qu’elle a exprimé ses idées sur le sexe, et le fait que le sexe n’est pas le genre. Qu’on ne peut pas changer le sexe. Elle a quitté son travail à cause des agressions de ses étudiants. Il y a aussi des gens qui ont été renvoyés de leur travail parce qu’ils ont exprimé qu’ils étaient critiques du genre. Alors que ce n’est pas acceptable d’être critique du genre  Royaume uni,  vraiment pas. C’est un risque pour le travail, et pour toutes les choses, vraiment. On n’est pas en sécurité si on exprime que les femmes sont des femelles.

RDG –  Donc là, tu témoignes de façon anonyme, est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, as-tu ressenti un danger ou est-ce que tu te sentirais en sécurité pour parler librement à ce sujet ?

Kate –  j’utilise un pseudonyme, parce que même si ce n’est pas probable que mes amis écoutent ce podcast, je ne veux pas le risquer, parce qu’au Royaume-Uni, si on exprime qu’on est critique du genre, ça peut être vraiment dangereux pour le travail, pour sa sécurité, pour sa vie. On est obligés de se conformer à cette idéologie.

Dans beaucoup d’entreprises, il y a une politique de « tolérance » : on doit finir les e-mails avec ses pronoms, c’est vraiment obligatoire dans beaucoup d’entreprises. Par exemple cette femme qui s’appelle Kathleen Stock, professeur de philosophie, a été harcelée par ses étudiants pour avoir exprimé ses avis. Elle a quitté son travail à cause de ça.

RDG –  As-tu quelque chose à ajouter ?

Je pense que le concept d’être

« non binaire »  c’est régressif.

Parce que c’est que les femmes peuvent porter n’importe quoi et avoir une apparence pas typiquement féminine. C’est absolument fou, pour moi, en fait. Je sens que c’est triste de dire qu’on n’a pas un pronom qui est fidèle à la vérité. Être non binaire, c’est donner une identité, comment dire, c’est vraiment complexe…  Si on est… si on s’appelle « elle », si on dit « she » on doit se conformer à tous les stéréotypes pour dire qu’on est non binaire.  Ça veut dire « je suis mieux que les autres  femmes qui se conforment aux stéréotypes ».  ça veut dire que si on est lesbienne, par exemple, on n’est pas vraiment une femme. Si on aime les hommes, il y a aussi des stéréotypes qui vont avec ça.  Et ça restreint les femmes, et ça n’est pas nécessaire ! C’est vraiment inutile de s’appeler non binaire. On doit être juste soi-même ! C’est le but du féminisme,  être soi-même sans les restrictions du genre. Ça arrête la cause. Le mouvement de créer une autre catégorie ça prend la parole, ça prend l’espace, et ça ne sert à rien, vraiment.

RDG –  C’est vrai que ce point de vue sur la non binarité, on ne l’a encore jamais développé, mais c’est vrai : dire qu’on est non binaire, c’est une façon de se rendre un peu intéressante, c’est ultra nombriliste,  comme si on pouvait être à 100 %, cocher toutes les cases du genre ! Ou alors ça voudrait dire que toutes les femmes qui ne disent pas qu’elles sont non binaires c’est vraiment… elles adorent être opprimées, quoi ! C’est complètement fou quand tu y penses. C’est hallucinant.

Kate –  C’est vraiment complexe. C’est pour ça que je ne peux pas penser à ce mot, parce que c’est une idée nouvelle, et c’est juste fou.

RDG –  Oui, mais en réalité, quand une femme annonce qu’elle est binaire, c’est… si tu es non binaire, ça veut dire que, logiquement, tu ne te conformes à rien.  Mais regarde, comment s’appelle-t-elle, l’actrice… Ellen Page, non-binaire … derrière : double mastectomie, la testostérone, etc. Donc en fait elle n’est pas du tout non binaire.

–   Non, elle est devenue « homme trans » !

–   Oui, mais elle a fait un coming out non binaire !

–   De toute façon, oui. Il y a beaucoup de FtoM  qui sont non binaires, au début.

–   Oui mais ça, c’est juste une façon de se rendre intéressante, quoi ! C’est juste un truc : « Je suis non binaire, les meufs…  Mais je me fais quand même couper les seins ! »

–   Mais il y a une telle haine, une telle culture de la haine,  contre les femmes dites « cisgenre » qu’en fait, si toi  tu ne dis pas, par exemple, que tu es queer…  bien en gros, tu es une « sale cisgenre »… il y a aussi ça, dans le milieu. Je pense que c’est pour ça qu’il y a beaucoup de femmes qui font des coming out dans le milieu queer.

–   C’est ce qu’elle  a expliqué, Esther, d’ailleurs, dans le témoignage. C’est vraiment ça, qu’elle raconte. C’est qu’enfin, tu deviens… tu rentres dans un groupe d’opprimés, et donc tu deviens un peu intéressante.

–   C’est ça, et puis surtout, on arrête de te dire que tu n’es qu’une sale merde, en fait.  Parce qu’il y a tellement d’insultes contre les femmes dites « cis », c’est ouf.

–   Oui,  c’est misogyne.

–   Oui, voilà, c’est très misogyne. Il y en a, c’est vraiment pour échapper à la misogynie.

Kate –  J’espère que ça va être utile et que j’ai donné une perspective un peu différente. Est-ce que vous sentez que c’est plus commun d’être une rebelle du genre en France ?  parce que je ne connais personne en Angleterre !

RDG –  Et bien en fait, on n’est pas très nombreuses, non plus. Et surtout, on est très isolées. Ce qu’on fait avec ce podcast, c’est justement qu’on fait prendre conscience aux femmes qu’en réalité, on est nombreuses. On a beau être isolées, on existe, on est nombreuses.  

Je trouve qu’on a eu un énorme cadeau qui nous a été fait, mais vraiment énorme : c’est Marguerite Stern qui a créé les collages, et ensuite, en mettant les pieds dans le plat sur la question du genre, et en créant l’Amazone, qui est officiellement critique du genre (c’est marqué dans le manifeste, c’est dit : on est critique du genre). Et donc là, je dirais (je suis colleuse, au fait, tu as compris)…  tu sais ce que c’est, les colleuses ? L’Amazone ?

Kate – Non ?

RDG –  C’est les collages, dans les rues. Les collages contre les féminicides, etc.  Ce sont des femmes qui collent la nuit dans les rues des messages féministes sur les murs.

Kate –  C’est pas vraiment lié, mais j’ai vu aujourd’hui, est-ce que vous avez vu, c’était un spectacle près de la tour Eiffel aujourd’hui avec des femmes qui ont peint le drapeau ukrainien sur leur poitrine, mais sans vêtements.

RDG –  Les Femen ? À moins que ce ne soit l’Amazone ? C’est l’Amazone ou les Femen ? Attends je vais regarder, ne bouge pas… C’est les Femen ! Cool

Kate –   Est-ce que vous pensez que ça, c’est féministe ?

RDG –  Alors oui, tout à fait. C’est complètement féministe. 

Alors pourquoi ces femmes manifestent-elles seins nus ? C’est pour dire : en fait, nos seins  ne sont sexualisés que parce que vous les regardez avec vos yeux dégueulasses. Mais nos sens, c’est juste notre corps, et on fait ce qu’on veut avec. Le message des Femen, c’est clairement ça. Donc le  regard qu’on porte sur les seins des femmes,  qui sont toujours soient trop gros, soit trop petit, soit machin, doivent être caché, doivent être pour allaiter, doivent être pour le sexe… non ! En fait, nos seins, c’est notre corps. Et il nous appartient. Donc c’est une façon de montrer notamment les inégalités de traitement entre les femmes et les hommes, puisque les hommes peuvent se promener torse nu, et pas les femmes. Or, c’est seulement dans la tête des hommes, cette histoire de sexualité avec les seins.  Donc voilà. Et toi, tu penses quoi ? Tu avais déjà réfléchi à ça ?

Kate –  Oui, et je ne sais pas. Parce que les seins sont trop utilisés, juste en général, dans l’art, partout. Et c’est… parfois c’est pas trop utile. Et je ne sais pas si c’est vraiment utile dans ce contexte, avec l’Ukraine, parce que Poutine, il va rigoler, en fait !

RDG –  Un truc que tu ignores peut-être, c’est que l’histoire des FEMEN, c’est un mouvement féministe qui est mondial maintenant, mais les deux premières FEMEN elles sont ukrainiennes. Elles ont démarré en Ukraine. Et les premières actions des FEMEN ont eu lieu contre Poutine, et contre l’Église orthodoxe. Et ensuite elles sont venues en France, comme réfugiées politiques, et elles ont eu l’asile politique. C’est des ukrainiennes au départ. Le mouvement a démarré en Ukraine.  Et notamment anti Poutine. Donc c’est une histoire longue. Et elles ont eu le statut de réfugié politique. En France, elles sont réfugiées politiques. Voilà.

Et moi, je me suis posé ces questions, celles que tu te poses aussi, je suis allée lire leur site. Le site des FEMEN. Leur histoire, le manifeste. Et notamment : pourquoi les seins ?  Et je trouve que c’est vraiment… moi en tout cas, elles m’ont vraiment convaincue. C’est vrai que j’avais un peu cette approche, un peu ambivalente, par rapport au fait de manifester de cette façon-là,  et elles ont raison de, comment dire, de mettre le doigt là où ça fait mal. C’est-à-dire que nos corps de femme, on n’a pas à les cacher, quoi. On vit avec. Et je ne sais pas, pour toi, mais moi, regarde : tu vois, je porte un soutien-gorge.  Je vais retirer mon soutien-gorge, ce soir. Là, tu vois la marque là ? Ça, c’est la marque que toutes les femmes ont sur leur corps aujourd’hui. Tu vois ?

–   Pas moi (haha), parce que moi je n’en porte plus !

Ce que je veux dire, c’est que cette nécessité de maîtriser notre corps, de cacher notre corps, etc.… nous entrave littéralement.  Un soutien-gorge, c’est une entrave, littéralement. (Bravo, Camille ! Ou plutôt brava)

En tous les cas, moi j’admire vraiment beaucoup. Et après, je pense aussi que les FEMEN ont une place dans l’histoire du féminisme, parce qu’elles sont au bout du bout. Et l’Amazone, aujourd’hui, c’est leur petite sœur, et j’en fais partie.  Elles vont plus loin que ne vont les mouvements mainstream,  et c’est grâce à ces féministes qui sont, qui vont jusqu’au bout de leurs idées, que l’ensemble du bateau avance. Elles nous montrent la direction, en fait. Elles ont leur place !

Ça ne veut pas dire que toutes les femmes doivent manifester de cette façon-là. Mais si elles, elles le font, ça nous permet effectivement de poser la question de l’hypersexualisation, du fait que « pourquoi  les hommes pourraient se promener torse nu dans la rue et pas les femmes ? », « pourquoi est-ce qu’on oblige les femmes et les filles à avoir telle ou telle forme de vêtements, tout le temps ? », «  Pourquoi est-ce que nos corps, notre façon de nous vêtir, sont tellement normés, alors que passent les garçons ? », Etc.

Ce sont des questions vraiment intéressantes et qui sont au cœur de la pensée féministe. Voilà.

Kate –  Je vais chercher. C’est quoi le nom de ce groupe ?

RDG – FEMEN. F E M E N

Kate – Femen.  OK. Je vais chercher un peu plus.

RDG –  C’est pour ça que c’est très symbolique qu’elles aient manifesté aujourd’hui, justement par rapport à l’Ukraine. Parce que leurs fondatrices sont ukrainiennes.

Oui c’est ça. Et en plus, derrière, il y a toute l’histoire du mouvement,  qui est cohérente avec cette action d’aujourd’hui.

Parce que ce sont et des féministes, et des anti régimes autoritaires, et bien sûr contre la guerre.

Donc il y a tout qui est dedans.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 27 – Laurine

« J’ai 16 ans.

Je suis féministe, je suis bisexuelle.

Ça va être difficile de trouver un espace pour moi. »

Laurine, rebelle du genre

Laurine – Je m’appelle Laurine, j’ai 16 ans, je suis bisexuelle, je fais de la danse depuis mes quatre ans et du théâtre depuis quatre ans. Je fais partie d’un comité « Jeunesse et Avenir » et de lutte contre le harcèlement. En fait, c’est un engagement citoyen dans la ville pour les jeunes des alentours, donc de province. La lutte contre le harcèlement, parce que dans ce comité, nous avons tous et toutes été harcelés auparavant, donc c’est quelque chose qui nous touche beaucoup.

Sinon, je suis féministe depuis que j’ai appris ce mot, et féministe radicale depuis un an et demi environ.

Je suis lycéenne. 

Moi, je suis critique du genre depuis… depuis toujours, à peu près ! 

Parce que quand j’étais petite, je me souviens, à cinq ans, j’étais déjà vent debout contre, par exemple, les magazines pour Noël : les filles, garçons, les deux catégories. 

Je savais déjà que c’était sexiste, quand je voyais par exemple, la petite dînette du côté des filles. Je me souviens avoir dit –je me souviens, oui, je me souviens, en plus ! – avoir dit à ma mère, comme quoi c’était du «racisme anti fille». Je ne connaissais pas le mot sexisme, mais j’avais déjà compris confusément que mettre la dînette du côté des filles, c’était du sexisme ! Et de façon générale, je n’ai jamais eu de problème à l’idée qu’un garçon, un homme, puisse porter une jupe. Vraiment, ça me paraissait bizarre, ces codes vestimentaires.

 Donc voilà. Et puis j’ai toujours de façon générale eu des idées féministes, même si je ne sais pas vraiment d’où ça vient, parce qu’on ne peut pas dire que j’ai vraiment un entourage très féministe, mais des fois j’avais quand même… disons que je me faisais un peu rattraper par le côté rétrograde…. 

Par exemple, j’avais déjà compris qu’être traitée de fille, de fillette, c’était quelque chose de mauvais, mais je ne savais pas pourquoi, et finalement j’en étais venue à la conclusion que c’était peut-être parce que c’était… finalement, oui : plus insultant !

Ensuite, il faut savoir que j’ai toujours… Enfin, à l’époque, j’étais assez masculine. Je n’étais pas du type « garçon manqué » non plus. Mais voilà, j’étais quand même plus masculine que la moyenne de la classe.

Ensuite, vers mes 11 ans, quand j’ai commencé à fréquenter les réseaux sociaux, j’ai enfin découvert le féminisme à proprement parler, et c’est là où j’ai commencé à naviguer, en fait, sur Wikipédia pour l’histoire du féminisme, etc.

J’ai suivi sur les réseaux sociaux des comptes un peu « phares », on va dire ça comme ça, du type « Osez le Féminisme », NousToutes, Madmoizelle… (Mon Dieu !) ou encore  des figures telles que Dora Moutot, ou encore Marguerite Stern, parce que j’avais entendu leurs prénoms, bizarrement. Je dis bizarrement, parce que je sais que ce n’est pas un truc très courant pour une jeune féministe de 16 ans, mais j’ai lu des ouvrages féministes.  J’avais lu, par exemple, « beauté fatale », de Mona Chollet,  je crois. J’aime beaucoup le format livre, en fait.

Et voilà : de façon générale, je me suis un peu éduquée. 

Sur la culture du viol, sur l’importance du consentement, sur les violences systémiques, sur la notion de féminicide… sur le sexisme ordinaire aussi, finalement.

C’est là où j’ai commencé à être assez révoltée à l’idée de… enfin… face aux choses que je voyais autour de moi en permanence.

Il faut dire que, en effet, mes parents ne sont pas sexistes, mais ils véhiculent aussi parfois un peu des stéréotypes au désavantage des femmes. Et c’est vrai que dans mes classes, les garçons ont toujours été, pour le coup, incroyablement misogynes, si bien même que je me demande comment ils ont été éduqués. Je suis très mal tombée, à chaque fois : c’est se moquer des filles, c’est  généraliser sur toutes les filles, mais aussi le Not All Men, cracher sur le féminisme,  nier la réalité des inégalités salariales. C’est vraiment presque, oui, violenter les filles sous couvert d’humour, c’est faire des blagues sur le porno et puis la prostitution, comme je vais y revenir après.

Et puis aussi j’ai une meilleure amie – c’est toujours ma meilleure amie d’ailleurs, à l’heure actuelle – qui a fréquenté un garçon pendant deux ans, qui l’a violentée  physiquement, et qu’il a obligée à faire des choses qu’elle ne voulait pas faire. Ça s’appelle des viols. Vraiment, elle en a énormément souffert, et finalement, je pense que ça l’a vraiment traumatisée. Et moi ça m’a vraiment fait ouvrir les yeux sur le fait que finalement, les violences conjugales, elles étaient assez proches de nous en fait. Bref.

Du coup, il y a eu comme une séparation  entre moi, qui étais assez au courant, on va dire, malheureusement, de toutes les inégalités qu’il y avait encore, – parce que tout est fait pour masquer les inégalités femmes/hommes, évidemment – et puis donc, vraiment, au bout d’un moment, j’ai commencé à me sentir mal à l’aise, dans mon quotidien, et je me suis pas mal réfugiée sur les réseaux sociaux…

Mais c’était également à cette époque-là que j’ai appris la dichotomie entre les libfem, les radfem, tout ça… Ça m’a fait un choc, parce qu’en fait je pensais que le féminisme était quand même un mouvement dans lequel il n’y avait pas de dispute. 

Vraiment, je pensais que : « Toutes ensemble ! »…

Je me suis rendu compte, du coup, que c’était comme s’il y avait deux camps qui se tapaient sur la gueule, et surtout un, d’ailleurs, j’ai tout de suite remarqué ça. Un des premiers trucs qui m’a choquée, je me suis dit : “mais pourquoi les féministes libérales sont si agressives envers les radicales ? Je ne comprends pas ? Pourquoi les radicales ne prennent pas aussi les armes, finalement, en quelque sorte, contre les libérales ?” J’avais un mode de pensée assez guerrier, mine de rien, c’était il y a deux–trois ans, j’étais encore un peu jeune, c’est pour ça que je pensais comme ça.

Mais c’est vrai que c’est quand même important de se rendre compte qu’il y a vraiment… je ne sais pas si c’est que les féministes libérales manquent de maturité, mais je ne comprends pas quel est l’intérêt de taper, comme ça, sur les féministes radicales, qui ne sont pas d’accord avec les féministes libérales sur, par exemple, la religion, et donc le voile, le porno, la prostitution, le transactivisme, le genre…Et vraiment, je n’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps, je savais d’ores et déjà que les religions étaient misogynes, de façon générale, que le voile l’était aussi, que la prostitution était totalement une institution anti-femmes, idem pour la pornographie. Je n’avais vraiment pas besoin de réfléchir très longtemps à ces notions-là !

Il suffit d’entendre les fameux garçons de ma classe, se vanter de leur visionnage pornographique de la veille, toujours dans des termes très hard, si bien même que, finalement, au lycée on en arrive à parler de la sexualité sous des termes du type : «Oh je parie que tu lui as défoncé la chatte », « Oh j’ai envie de lui limer le cul… ».  

Et puis pareil, des fois on sort des phrases, ça fait vraiment peur ! Des fois, j’entends des garçons parler de leur sexualité avec leur petite copine, en des termes du type : «J’ai envie de la détruire »… tout ça, c’est tellement violent, c’est tellement horrible… et c’est un vocabulaire totalement pompé de la pornographie, je le sais parfaitement.

Quant à la prostitution, il faut savoir qu’il y a une partie de ma ville ou c’est très réputé pour avoir beaucoup de prostituées, et pareil, ils se vantent qu’ils y sont déjà allés…  alors je ne sais pas si c’est vrai, mais à partir du moment tu rigoles dessus, c’est que tu ne vois pas le problème là-dedans, et que tu es d’accord avec cette situation-là. Donc ce n’est pas normal ! 

Mais pour le transactivisme et le genre, j’ai peut-être été un peu plus résistante, à me rendre compte du problème, même si j’ai quand même fait mon « peak trans » assez rapidement, à partir du moment j’ai compris que, avec le transactivisme, quiconque se déclare femme peut concourir dans les sports de femmes, aller dans les vestiaires pour femmes, etc.

C’est une problématique assez évidente, je pense.

Donc voilà. Après, il faut savoir qu’à l’époque, je faisais des RP, donc « Role play » :  tu prends un personnage, tu le joues virtuellement, dans des grands groupes spécifiques,  si bien même que tu arrives à créer des univers entiers,  ce qui te prend, comme c’était mon cas, toute la journée. À chaque temps libre, j’étais dessus, et je fréquentais donc beaucoup de personnes qui faisaient des RP. C’est vrai qu’il y en avait beaucoup qui se disaient « agenre, genderfluid, femme trans, homme trans »… Il y a tout eu !  A l’époque, je ne me posais pas plus de questions que ça j’avais l’impression que ça ne concernait pas, donc j’étais vraiment à 200 lieues de toutes ces notions, mais on m’a quand même, je m’en souviens maintenant, appelée « cis »  un jour, d’un ton méchant, comme si c’était vraiment une mauvaise chose. 

Et je me souviens, à un moment donné, on m’avait dit de me faire « éduquer sur ce sujet-là ».  Mais moi, je nageais à 346 000 km de ces sujets-là, justement, et je n’avais pas envie de me faire « éduquer »… je ne sais pas pourquoi haha !  Je n’avais pas envie de me découvrir « agenre »  ou je ne sais trop quoi, parce que c’est vraiment ça le discours qu’ils tenaient, comme quoi, finalement, tout le monde était genderfluid.  Et ce n’est pas faux : en effet, le genre est fluide chez les gens, parce que le genre, vu que c’est la construction sociale qui entoure les sexes, personne ne peut totalement être du côté du stéréotype femme, ou totalement du côté du stéréotype homme. Mais la façon dont ils le disaient, c’était  comme si c’était quelque chose de naturel, inné : on naît genderfluid, on naît non-binaire… bref.

Donc voilà, j’ai « peak trans »  à ce moment-là, et ça m’a fait un peu mal.

Et c’est à cette époque là aussi que j’ai commencé à me détourner de ces fameux RP, d’ailleurs. Voilà, ça ne m’a pas fait grand mal, j’imagine. Et puis je n’ai plus jamais reparlé à personne de ces RP-là, je sais qu’ils sont sur Discord,  ils doivent être encore manipulés par certains vieux de 35 ans qui leur disent de se faire écraser la poitrine, comme on l’a vu dans certains épisodes de Rebelles du genre… 

Voilà. C’est à partir de là que j’ai commencé à faire mon plein de comptes RadFem,  parce que je savais que c’était là où j’étais le mieux, en fait !

Et c’est comme ça que je suis  devenue féministe radicale, abolitionniste du genre, et, ne l’oublions pas, critique du mouvement transactiviste. 

Parce que oui, on n’est pas juste, je pense, quand on est féministe radicale, abolitionniste ou critique du genre, non non non ! On est aussi très très critique du transactivisme à proprement parler.

Et ça, il ne faut pas l’oublier, parce qu’ il y a énormément de dites «critiques du genre»  qui finalement ne critiquent pas vraiment le genre, mais qui sont juste critiques du mouvement trans.

Par exemple,  les statistiques : plutôt que de compter les «femmes trans» comme des « femmes tout court »,  peut-être devrait-on les appeler « hommes transidentifiés» du coup?  Par exemple des trucs comme ça, que même les gens pas forcément critiques du genre disent. Non : il y a un problème. Voilà.

Mais c’est vrai que c’est beaucoup plus facile de critiquer juste le transactivisme, et surtout ses dérives, plutôt que  le genre à proprement parler, parce que le genre, ça imprègne quand même nos sociétés. On est éduqués pour être genrés. Et ça, c’est un problème.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Je trouve que tout cela est dangereux pour, un peu toute la société, en fait !

À part peut-être, les hommes, et encore…

Je pense qu’on peut faire une critique du transsexualisme en trois/quatre grands points:

·  Le problème du langage

·  Le problème des espaces

·  Le problème de l’idéologie en soi,

·  Et puis aussi le problème du côté culte, violence, etc.

Déjà, pour commencer, le problème du langage à proprement parler.

C’est par exemple, changer la définition du mot femme. C’est vraiment quelque chose qui paraît tout con, mais pour moi, c’est vraiment un gros, gros problème. Parce que c’est suite à ça qu’arrivent des tas de problématiques. En définissant le mot femme non pas comme juste une sexuation, mais comme une identité de genre, limite à dire que finalement être femme c’est être féminine, évidemment ça amène des tas de problèmes. Et puis ça relève d’un essentialisme quand même très profond.

Je remarque également que la définition d’homme est beaucoup moins remise en question. Et puis pareil, on a beaucoup de mal à dire femme. Donc : « femme cis »…  il faudrait utiliser d’autres mots.  Mais par contre, « femme trans »,  là, ça passe !

Pareil, les grosses problématiques au niveau du langage, c’est évidemment quelque chose que j’avais déjà lu pas mal sur les réseaux sociaux, et aussi dans certaines grandes organisations.

Par exemple, le Planning Familial parlait des femmes, en l’occurrence, en « personnes menstruées» ou « personnes à clitoris », etc.  

Non seulement ça ramène les gens brutalement à leur corps, mais c’est surtout que ce n’est pas très logique, finalement.

Parce qu’on n’en arrive à dire des trucs du type : « les personnes à clitoris sont opprimées par les personnes à pénis ! »

Alors finalement, ça reviendrait à dire, et je suis d’accord, que les femmes trans identifiées, (donc les hommes trans), sont opprimées par les hommes trans identifiés, (donc les femmes trans)… Vu que les hommes trans identifiés ont un pénis, et que les femmes transidentifiées ont un clitoris.

Mais ce n’est pas ce qu’ils disent :  ils disent que les femmes trans,  vu qu’elles sont des femmes, elles sont opprimées par les hommes, y compris les hommes trans !

Finalement, ils se contredisent eux-mêmes.

Mais c’est assez flippant finalement. On se dit : « Mais comment ces gens-là éduquent leurs enfants, en fait ? »

Si petite fille naît, on lui dit : « alors tu te considères comme fille ou comme garçon, ou comme genderfluid ?…  quelle est ton identité de genre ? »

Non, enfin ils ne connaissent pas la notion d’identité de genre, et moi non plus !

C’est indéfinissable. Et du coup, finalement on va dire ces gamins-là que finalement, le genre femme c’est être féminin-féminine, le genre  homme, c’est être masculin. Et donc forcément que les petites filles vont se dire du genre femme, parce qu’elles ont été conditionnées à être dans le genre femme. Et puis là, il y a ces parents qui vont dire : «Oh, ma fille est cis, elle se considère totalement dans le genre femme, elle est cis, c’est naturel. »

Mais non ! Elle a été conditionnée pour ça. Pour que le transactivisme marche, il faudrait détruire la socialisation différenciée totalement, ainsi que la biologie.

Mais non, ils ne militent même pas réellement contre la socialisation différentielle. C’était peut-être le cas avant, je n’en sais strictement rien, mais actuellement, quand tu regardes les comptes des transactivistes, ce n’est pas ce qu’ils font.

Et puis, changer les définitions, le problème du langage, je continue là-dessus, évidemment, grosse problématique : les définitions des orientations sexuelles.

Alors, j’ai dit dans l’introduction que j’étais bisexuelle, parce que je considère que c’est quand même assez important pour ce qui va suivre. Alors, regardons sur un compte qui n’est même pas transactiviste. C’était un compte de conseils pour écrire. Parce qu’il faut savoir que j’écris (sur WhatPad) Donc un petit compte de conseils. Et puis c’est la journée de la visibilité des personnes bisexuelles. Ce compte-là, (c’est une femme) avait fait un petit post, un petit post exprès. Et elle avait défini la bisexualité comme « une personne étant attirée par deux genres ».

Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est totalement faux ! Je suis attirée par les filles et les garçons, peu importe leur genre, parce que je m’en fiche ! Et puis, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il faut faire les trisexuels, quadrisexuels, parce qu’il y a énormément de genres, après tout pourquoi est-ce qu’on visibiliserait  seulement les bisexuels qui seraient attirés par deux genres, c’est vachement injuste !

Et puis ça veut dire quoi ? Ça veut dire, admettons si je suis attirée par une fille genderfluid… OK donc je suis attirée par un genre, d’accord. Du coup, je me considère comment ? Parce qu’il n’y a pas d’orientation sexuelle qui est juste envers les personnes genderfluid, en fait. Ça n’existe pas.  Ce n’est pas possible. Donc en fait avec leurs définitions, on en arrive à ne plus savoir se définir soi-même. Mais bien évidemment, les conséquences sur les lesbiennes, on les connaît, mais ça me choque toujours autant. Et puis les rhétoriques « plafond de coton » pareil, ça me choque toujours autant, la culture du viol à 100%, on dit aux lesbiennes depuis la nuit des temps qu’elles ont besoin d’un bon phallus pour les faire redevenir hétéro. Et là, on leur dit un peu pareil, finalement.

Le deuxième grand point, comme je l’ai dit dans l’introduction, problème du transactivisme, est le problème des espaces, de la colonisation des espaces, devrais-je dire.

Dans tout cela, toute leur idéologie, c’est finalement la chose peut-être la plus logique, dans leur idéologie. Parce que forcément, si est femme toutes personne qui «se sent» femme, c’est logique que les espaces pour femmes soient ouverts à toute personne qui se considère comme telle. C’est la seule chose logique dans leur idéologie.

Mais bon, c’est hyper problématique. On sait qu’il y a une socialisation différenciée qui entre en compte et qui conditionne, clairement, les hommes, les mâles, à être violents, malheureusement. C’est la vérité. Et on va les laisser entrer, comme ça, dans, je ne sais pas, des vestiaires pour femmes ? Vraiment ?  On sait qu’il y a eu des femmes, des femmes « biologiques », qui ont été agressées sexuellement en prison par des femmes dites « trans »… c’est quand même problématique ! Et les transactivistes n’en parlent pas. Ils nient. Ou ils disent que ce n’était pas vraiment une « femme trans », tout ça… mais non, en fait ! Si, si, « elle » l’était !  « Elle » l’était, mais vu qu’elle a fait quelque chose de mal, soudainement, ce n’est plus une trans, parce que les trans ne peuvent être que gentilles, apparemment. Enfin non, je suis désolée, ils peuvent être très cruels, également, ça paraît logique !

L’exemple qui me fait lever le plus les sourcils, c’est l’exemple du sport. Parce que quand même, quand même ! Quiconque a un minimum de logique devine que c’est un problème. On sait que, justement, les hommes, de façon générale, ont une force physique plus forte que les femmes, et puis également des poumons plus gros, etc. et que finalement, en ce qui concerne par exemple  les poumons plus gros, les hormones, ça crée de la concurrence déloyale.

Et puis ça craint ! Ça craint énormément…  Quand on voit le nageur, qui a gagné, je ne me souviens plus de son nom… Il est hyper baraqué et les filles, autour, elles sont toutes petites comparées à lui… on dirait presque qu’il a fait exprès de  concourir dans les sports féminins pour gagner.

Comment est-ce qu’on peut dire qu’il n’y aura pas des dérives horribles par la suite ? Des hommes qui veulent violer, dans des vestiaires, je vais prendre l’exemple des vestiaires pour femmes, en se déclarant femmes, ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Dans les sports masculins, finalement, tu n’es pas très bon, alors tu vas aller dans les sports féminins, tu seras un peu mieux ! Vu que les femmes ont en général une moindre force physique, la concurrence est déloyale. Mais c’est surtout cette force physique moindre qui a servi de raison, soi-disant, à l’infériorisation des femmes pendant des siècles, entre autres… enfin, je pense. Donc on revient un peu en arrière… non, c’est un problème.

Le troisième gros point, finalement, c’est l’idéologie en tant que telle. 

L’idée qu’on naît « cis », « trans », etc…  c’est vraiment tout ce contre quoi je me bats, finalement. Parce que vraiment, l’essentialisation, il n’y a rien qui m’agace plus. C’est vraiment quelque chose que les masculinistes utilisent très souvent : la soi-disant biologie des femmes, qui amènerait les femmes à être des soumises, et à aimer ça !

Et là, finalement, il y aurait donc des femmes « cis » qui seraient en accord avec leur genre. On sait que finalement, il y a la majorité des femmes, vu que la majorité des femmes sont « cis », et bien il y a la majorité des femmes qui kifferaient finalement, être moins payées, être violées, etc. Parce qu’elles seraient en accord avec le « genre » femme… le « genre » femme qui est … une oppression en soi.

Pour finir, le dernier grand point, le quatrième problème du transactivisme,  c’est la violence envers les femmes, envers les dites « TERF ». 

À quel moment est-ce qu’ils se disent : « OK. On va se battre pour les trans, pour leurs droits. Et on a en face de nous un homme qui dit que les trans sont le démon, qu’ils  sont dégénérés. Et on a, à côté, une femme, une féministe, qui a la rhétorique classique des féministes radicales sur le transactivisme, les notions de genre. C’est une rhétorique qui n’est pas haineuse, en fait. Et bien, il vont décider de s’attaquer à cette femme ! Ça n’a aucun sens ! Quand on voit qu’il y a des hommes tels que, pour donner un exemple de masculiniste, Julien Rochédy,  qui disait par exemple que tous les trans étaient des… je ne me souviens plus du mot… je crois que c’était « des dégénérés », ça avait fait scandale il n’y a pas très longtemps. 

En fait, il ne reçoit pas énormément de menaces, comparé aux femmes, aux féministes, aux dites « terf», c’est rien du tout, clairement ! On se retrouve face à un langage assez stéréotypé : les méchantes ont un nom spécifique, on peut mettre aussi «swerf » à l’intérieur, également.  C’est encore les mêmes qui ont inventé ce deuxième mot. Et puis je crois qu’il y en a encore plein d’autres pour qualifier les féministes qui exclueraient  les musulmanes voilées, je crois qu’il y a un nouveau est sorti il y a pas longtemps. Quand est-ce que ça va s’arrêter, ces nouveaux mots qui sortent et qui servent d’épouvantail ? On dirait des mots de type « féminazies »  qui serve d’épouvantail aux femmes qui évolueraient peut-être vers une pensée féministe, mais qui n’osent pas. Parce que c’est pareil, « attention, il y a des terf, ne deviens surtout pas une terf ».  Quand on sait que la violence est devenue  réelle à certains moments, notamment en manifestation, ça fait peur. Parce qu’on se dit, qu’au pire, ça reste sur Internet, mais non ! Ça vient dans la vie réelle, avec des  T-shirt « kill the terf ».  Vraiment, ça fait peur. Et puis, c’est surtout des hommes qui promeuvent ce genre de choses, mais il y a aussi certaines femmes, y compris des femmes qui se disent féministes, des femmes de Madmoizelle,  de NousToutes,  de grandes associations, tu ne sais pas pourquoi elles sortent ça, ça fait vraiment peur. On se souvient par exemple, de Madmoizelle qui  avait fait passer à tous ses «employés », on va dire ça comme ça, militants-militantes,  une espèce de mode d’emploi : « comment repérer les féministes transphobes, et comment les éliminer des espaces féministes. »

C’est horrible ! C’est finalement très antiféministe, cette histoire. Et le pire, c’est qu’elles ne se renseignent même pas sur le féminisme radical. J’ai lu sur un article de Madmoizelle que (…des fois, je le lis, des fois il y a des trucs intéressants… des fois haha)  des trucs du type : « ces transphobes se cachent derrière le féminisme et  utilisent des mots fumeux tels que RadFem »… 

Mais… pourquoi tu ne te renseignes pas sur ce que ça dirait, ce mot ? Je ne comprends pas. Et puis, bien évidemment, Madmoizelle soutient le strass, la strass,  je ne sais pas comment on dit, avec toute cette idéologie du « travail », du anti-abolitionnisme…  encore une fois, pourquoi cracher sur les abolitionnistes alors qu’ils peuvent cracher sur les prohibitionnistes ? Les abolitionnistes ne veulent rien de mal aux soi-disant TDS. Au contraire ! Ils se trompent clairement d’ennemis, comme toujours, mais ça fait peur.

Et puis, bien évidemment les statistiques : ils font leurs propres statistiques, leur propre  propagande… 

Leur malhonnêteté! Le scandale qu’il y a eu avec NousToutes dernièrement, ça m’a… ça m’a pas plu. Je me suis désabonnée, du coup.

Parce que quand même, cancel un collectif  qui fait un travail difficile, « féminicides par ex ou par conjoint », parce qu’ils auraient, soi-disant fait un tweet « transphobe», où ils ne faisaient que dire, que « oui, les femmes trans ont été socialisées hommes, avec tout ce qui va autour… »

Ce n’était même pas une critique du genre, ce n’était même pas une critique du mouvement transactiviste, c’était juste un tout petit truc.

C’est fou, ça : même quand on fait, ne serait-ce qu’un tout petit truc contre le transactivisme, BAM ! Directement, on est autant punies que si on avait fait des grands discours. 

Donc finalement, autant faire des grands discours, parce que bon…

Le transactivisme est une intrusion masculiniste dans le féminisme, les LGB, les femmes,  les espaces de femmes et des enfants, déguisé en progressisme.  C’est ce qui m’énerve le plus. C’est ce côté progressiste qu’ on essaye de nous faire passer. Mais c’est faux ! C’est pas du progressisme, au contraire. Et si les gens s’intéressaient un peu plus, au lieu de croire aux gourous des sectes, (car c’est carrément ça) eh bien ils le verraient. 

La plupart des personnes ne connaissent pas vraiment jusqu’où va le transactivisme, en fait.  Ils ne connaissent que les « gentils trans persécutés par les méchante terfs ».  il faudrait sensibiliser le grand public à cela. Ceux qui ne connaissent pas vraiment toutes ces questions. Le public, peut-être pas forcément féministe en plus, je pense qu’il y en a beaucoup que ça fera bondir. Clairement. Parce que là, j’ai l’impression qu’il y a vraiment un fossé entre tous ceux qui sont au courant de toutes ces histoires, et ceux qui ne sont pas au courant. Vraiment. Parce que vraiment, il y a des gens qui nagent à 346 000 km  de jusqu’où va le transactivisme. Je pense que si jamais on leur disait, on pourrait gagner des alliés. Parce que c’est tellement gros que, clairement, je pense que quiconque a un minimum de bon sens nous rejoindrait!

RDG –  Qu’est-ce qui t’a  décidée à témoigner sous ta réelle identité ? Est-ce que tu te sais en sécurité pour en parler librement ?

Laurine –  Alors j’ai décidé de témoigner sous ma réelle identité, parce que pour l’instant, je n’ai jamais reçu de menaces à proprement parler, et que je ne vois donc pas pourquoi je me censurerais, je me cacherais, alors que  l’instant je n’ai pas de réelle raison de le faire. Et puis même, si j’en avais, je pense que je n’aurais pas envie de me cacher pour ce genre de truc. Il faut savoir, comme je l’ai déjà dit, que j’ai quand même été harcelée, et que je me suis très souvent cachée, même sur les réseaux sociaux. Des techniques d’évitement, et je n’ai pas envie de retomber dans ce genre de travers.

Mais c’est aussi pour appeler les gens à se réveiller, en fait ! Enfin, vraiment, osez, quoi ! Osez parler de tout ça, faites-le, les gens !

Parce que j’ai 16 ans, et je me dis : je suis féministe, je suis bisexuelle, je n’ai pas du tout envie d’aller traîner dans des endroits réactionnaires, donc je pense que j’irai dans des endroits de type féministes, LGBT, etc. Mais je sens que je vais être  attaquée, finalement par du « réactionnarisme ».   

Et finalement, je me dis que je pense, que ça va être difficile de trouver un espace pour moi, collé à mes convictions : juste le féminisme radical, et puis… et puis c’est tout, finalement.

Trop féministe pour les gens de droite, et, soi-disant, trop « de droite » pour les gens un peu «woke »

(même si je n’aime pas beaucoup cette expression, parce qu’en fait elle est souvent utilisée par des gens, voilà… Zemmour, tout ça).  Mais finalement, c’est assez juste, et clairement, voilà pourquoi je veux témoigner sous ma réelle identité. C’est parce que j’ai envie de dire aux RadFems : «  n’ayez pas honte et prenez la parole, osez dire ce que vous avez à dire, ça éveillera les consciences. »

RDG –  As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Laurine – J’en ai trois.

Alors déjà, pour commencer, c’était il y a six mois, je ne sais plus… l’avant-dernière manifestation d’Act Up Paris, à vous de situer la date.

J’étais montée à Paris. Je suis tombée en plein milieu d’une manifestation d’Act Up, où ils ont d’ailleurs, notons-le, fourré énormément de causes en même temps, si bien qu’on ne savait plus trop contre quoi ils se battent, mais bon.

Évidemment, la petite pancarte qui m’avait fait froncer les sourcils : « Aucune sale pute, que des sales lois ». Je ne sais pas de quelle sales lois ils peuvent parler. C’est pas comme s’il y avait des lois prohibitionnistes qui pénalisaient  les prostituées en France. Bon évidemment, on sent la petite propagande réglementariste derrière tout ça : la loi pénalise le proxénétisme et l’action d’être client évidemment. Mais cette désinformation est vachement crasse pour quelqu’un  qui n’est pas au courant de toutes ces questions-là.

Il lit ça, il peut se dire en effet : « Attends, que des sales lois, que les sales lois… comment ça, c’est qu’il y a des lois qui pénalisent les prostituées ? Ah merde, mais c’est super méchant ! » Ça me fait penser à l’épisode de « cru », sur YouTube, «  Faut-il légaliser la prostitution ? » Mais ça ne veut rien dire, la prostitution, en soi, est déjà légalisée. C’est le proxénétisme et l’action d’aller voir une prostituée  qui est pénalisée.

 Et puis, avec ce genre de questions, tournées mal, on en arrive à des débats qui « miss the point » et  qui sont à 246 000 km de la réalité. Limite, finalement, c’est de la malhonnêteté volontaire, je pense, pour confondre les foules. Vraiment, je m’étais sentie mal à l’aise quand j’ai vu ça. J’avais l’impression qu’ils étaient agressifs, en fait. Je ne sais pas si c’est parce que je savais qu’ils me visaient, moi, avec ce genre de pancartes, dont une que je développerai un tout petit peu plus tard, mais vraiment, ils avaient les visages fermés… 

Et puis : Act Up Paris !

J’ai vu le film 120 battements par minute. Moi, je les pensais plutôt sympathiques, Act Up Paris,  mais quand j’ai vu ce genre de truc, je me suis dit que c’était totalement à l’opposé de mon échiquier. Je ne pensais pas ! Mais si. Évidemment.

J’ai vu la fameuse pancarte : « trans assassinés, terfs coupables. »

Oui bon, classique mais qui m’énerve toujours autant. Parce qu’on fait, 100 % des personnes trans tuées l’ont été par des hommes. Et les terfs, par définition, sont des féministes radicales, qui, soi-disant, excluent les personnes trans. Il y a genre, quelques hommes féministes radicales, mais c’est surtout un truc de… de femmes, en fait ! Donc vraiment, c’est attaquer les femmes pour des meurtres d’hommes. C’était vraiment tordu.

Pareil, encore une fois, pour ceux qui sont pas au courant de tout ça, dire ça, ça peut vouloir faire penser que « terf » c’est finalement un mouvement de haine envers les personnes trans, et donc se renseigner sur ce que sont les terfs, et tomber sur du transactivisme etc.  et puis en fait, quand tu  voyais leur physique,  tu voyais qu’il y avait beaucoup de personnes en transition. Ça se voit. Et tu te dis, non seulement ils sont en train de se détruire leur corps, mais surtout que à tous les coups tu vas te faire tabasser par une soi-disant « femme trans »,  et ça ne va pas mettre longtemps, tout tourne autour, de toute façon, des entrants s’identifient, dans ce genre de truc. En fait, j’ai regardé les pancartes, et ça tournait beaucoup autour des femmes trans… donc ouais.  Non, en fait. J’étais avec mes parents  et ils disaient : « c’est quoi, ça ? »  Ils  nageaient à 346 000 km  de ce que c’était réellement, et de ce qui se passait réellement ! Je ne l’aurais rien dit, mais je. Encore une fois, il y a un décalage énorme entre les gens qui sont au courant de toutes ces questions,  que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’échiquier, et les personnes qui sont, mais alors… qui n’y connaissent rien, qui n’y connaissent rien et qui finalement se font influencer par n’importe qui.

Ma deuxième expérience. Expérience, c’est bizarre, dit comme ça. Anecdote.

Planning familial.

Mon Dieu.

J’y étais allée, à celui de ma région. J’y étais allée pour des conseils en contraception. C’était quelque chose de vraiment très neutre. J’y suis allée. J’étais à un bureau en train de parler avec une femme qui me donnait des conseils et, derrière moi, qu’est-ce que j’entends, à la machine à café, on a l’impression d’être dans un film. Je les entends parler des terfs ! Je les entends parler des terfs. Au départ, je pensais que je délirais. Mais en fait non. Parce que, forcément, j’essayais d’écouter la conversation à proprement parler, et ça collait très bien. Ils parlaient, comme quoi : « Elles ne se rendent pas compte qu’elles font du mal aux personnes… (je n’ai pas bien entendu la suite, mais j’imagine, trans).  Mais de toute façon, laisse tomber, c’est des terfs… »  j’ai eu du mal à saisir réellement ce qu’ils disaient, ce qu’elles disaient, parce que c’étaient des femmes.  Ça avait l’air d’être une discussion de maternelle, en plus, mis à part ça. Mais vraiment, ça m’a choquée. Je me suis dit : « c’est censé quand même être un truc qui est censé aider les femmes, un endroit neutre… et en fait  ils nous font ce genre d’appel à la haine ». Je veux dire, c’est vachement flippant.  Du coup, ça m’a mise mal à l’aise pour tout le reste du rendez-vous, d’ailleurs.

Ensuite, ma dernière anecdote, c’est ce que j’appelle le cours «pro-trans ».

En fait, c’était assez modéré. On ne va pas se le cacher, c’était pas du transactivisme très très violent, mais c’est encore pire. Et je vais y venir par la suite.

 Déjà, c’était en espagnol. C’était une compréhension orale, c’était une femme qui faisait son coming out  « homme trans » donc habillée en « homme », on le notera, comme si finalement : elle avait envie de s’habiller en homme, donc « homme trans ». Pareil, elle s’était coupé les cheveux. Bon, bref.  Et puis voilà. Je suis très nulle en espagnol, donc je ne sais pas ce qu’elle disait, mais voilà, elles faisait son coming out trans…et puis finalement au bout de la scène, tout le monde l’a applaudie, à part un mec qui avait fait une réflexion un peu déplacée, et qui, j’imagine, est considéré du coup comme transphobe, le méchant transphobe. Je ne vais pas trop le défendre, parce qu’il avait l’air d’être un peu le type « joke, bully » , ce qui est la caricature, d’ailleurs, type : parce qu’on s’oppose au mouvement trans, on est forcément comme ça.

Et ensuite, on avait un peu discuté avec la prof et elle nous avait parlé un peu… comme quoi, « si jamais il y avait quelqu’un… qu’il fallait être tolérant »… elle nous faisait la morale comme des gamins !

Mais il faut dire qu’il y avait des gens dans la classe qui n’avaient quasiment jamais entendu parler de la transidentité. Et finalement, en entendre parler comme de personnes toutes pacifiques, qui ne demandent qu’à vivre leur petite vie, et qui sont tellement minoritaires et tellement isolées, très loin de mouvements, de militantisme, etc… 

Finalement, je considère que c’est encore plus dangereux que si elle nous avait sorti du transactivisme pur et dur, parce que là, ça aurait choqué. J’en connais certains, certaines,… bon, je suis dans une classe anti féministe, mais certaines de mes amies qui ne sont pas vraiment féministes, mais elles sont quand même sensibilisées sur certains trucs, « grâce » à moi. Et je sais qu’entendre que, par exemple, (pour donner un exemple qu’on a déjà vu,) les hommes concourant dans les sports pour femmes, ça, par contre, je sais que ça ne serait pas passé. Ça serait vu comme une tentative de détruire les sports féminins. Surtout que j’ai une amie qui aime beaucoup faire du sport et elle a conscience qu’il y a des différentiels  de capacité entre hommes et femmes, et elle l’avait pris un peu de plein fouet, parce qu’elle avait fait un pari avec un garçon : ils devaient soulever quelque chose, et elle avait perdu. Et finalement elle avait trouvé que c’était une concurrence déloyale. Bah oui, soulever des poids, quand même, c’est un truc un peu caractéristique. En plus c’était quand même un homme assez baraqué.

Je sais que ça aurait touché sa corde sensible. Mais là, du coup, le cours comme ça, ça m’a mise un peu mal à l’aise. Et puis ensuite ça sort des trucs du type « se sentir homme », «se sentir femme ».  Déjà, on ne sait pas ce que ça veut dire. On sait que les gens associent aux mots hommes et femmes des stéréotypes. Donc finalement,  le classique : une femme qui « se sent masculine » et qui se déclare en  « homme trans », et vice versa, avec les hommes se déclarant femmes.

Il faut aussi savoir, et je finirais là-dessus, qu’il y a une personne dans ma classe, un homme, un garçon devrais-je dire, (mais il a redoublé deux fois, donc il a quand même 18 ans), qui, sur les réseaux sociaux, (on a trouvé son compte, il a tout fait pour le cacher, son compte, donc on l’a trouvé) et en fait, apparemment, il se déclare femme, trans, gay…  ce qui est bizarre. Tu es une  femme,  tu es gay,  tu es lesbienne, du coup, non ? Enfin, je n’ai pas trop compris, je ne comprends pas. Il n’a jamais fait de coming-out IRL,  je sais juste qu’il est le seul garçon de ma classe à s’épiler les jambes… c’est peut-être pour ça qu’il se déclare femme, je ne sais pas.

Et puis aussi, deuxième personne trans que je connais IRL,  enfin, « trans »  entre guillemets, c’est une ancienne amie, une fille qui, pour le coup, a fait les démarches. Elle a une transition en cours.  Je lui ai parlé pendant 10 minutes, elle n’a parlé que de ça. On ne s’était pas vues depuis des années, elle n’a parlé que de ça. C’était flippant. On avait l’impression qu’elle était devenue une caricature du mec viril, tout était fait pour entrer dans ces stéréotypes là, et vraiment, je me dis : « Voilà ce que c’est finalement, transactivisme, ça ne fait que renforcer les stéréotypes de genre. Et quiconque ne se sent pas conforme à son genre forcé par la société, disons-le comme ça, et bien finalement, paf ! Trans. »

C’est assez problématique.

Voilà, finalement, je ne sais que conclure de tout ça, mis à part que tous ces mouvements me semblent un peu trop bien organisés.

Je ne sais pas si c’est quelque chose qui avait été programmé depuis longtemps, détruire les femmes, détruire les espaces de femmes, je ne sais pas. Mais c’est flippant, et ça avance très très rapidement, avec des moyens qui feraient pâlir n’importe quel mouvement ! Par exemple, des BD qui sortent, qui font la promotion du transactivisme, et pour le coup de la transidentité.

Est-ce qu’il y a eu autant de moyens pour le féminisme, de façon générale ? Je ne sais pas. De toute façon, le transactivisme est tenu en grande majorité par des hommes, donc ça ne m’étonne pas.

Voilà donc, je vais conclure ce petit témoignage, en, encore une fois, incitant les femmes qui m’écoutent à oser prendre la parole sur ces sujets, à dire ce que vous pensez, à ne vous laisser pas influencer finalement, et à surtout, surtout, respecter la liberté d’opinion d’autrui… ce qui manque beaucoup dans le transactivisme, selon moi.

C’est peut-être, finalement, ce qui me choque le plus.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe www.womensdeclaration.com

Esther, rebelle du genre

Esther – Bonjour je m’appelle Esther, j’ai 19 ans, je suis étudiante en région parisienne, féministe radicale et activiste à l’Amazone Paris.

Une de mes premières expériences avec la violence sexiste : j’avais sept ans : il y avait dans ma classe un petit garçon qui, à chaque récréation, me poursuivait parce qu’il disait vouloir m’embrasser. Et une fois, il m’a étranglée en disant  “j’ai envie de te tuer”. 

Enfant j’étais critique du genre sans le savoir et sans poser les mots dessus. En fait, dès l’école primaire, j’ai réalisé qu’il existait un double standard très fort dans tous les aspects de nos vies entre les petites filles et les petits garçons.  Je me souviens de mes récréations que je passais à lire dans un coin de la cour. Et parfois je levais les yeux et je regardais ce qui se passait. Ça me sidérait que les filles soient recroquevillées dans un coin, reléguées contre les murs de la cour de récréation pendant que les garçons prenaient toute la place, couraient… On avait peur d’être violentées physiquement tant leur énergie était incontenable, et le message des adultes, ça a toujours été que c’était normal, et que c’était à nous de nous rendre invisibles, transparentes, pour leur laisser de la place. Et je me rappelle notamment une de mes premières expériences avec la violence sexiste, c’était quand j’avais sept ans : il y avait dans ma classe un petit garçon qui, à chaque récréation, me poursuivait parce qu’il disait vouloir m’embrasser. Et une fois, il m’a étranglée en disant  “j’ai envie de te tuer”. 

A l’époque, ma grand-mère qui est psychiatre, en avait déduit qu’il reproduisait ce qui se passait chez lui entre son père et sa mère. Et lorsque mes parents en ont parlé au directeur de l’école, il a dit que c’était sûrement parce qu’il était amoureux de moi, et qu’il fallait le comprendre. En gros, je devais me taire pour le laisser exprimer sa violence comme il le voulait. Donc j’ai toujours été choquée par ça, et choquée par les normes de genre, et cette douceur, cette docilité imposée aux petites filles. Mais tout en étant révoltée, je n’étais pas moi-même touchée par un quelconque sentiment de dysphorie ou quoi que ce soit qui s’en approche parce que j’étais assez conforme aux normes de genre, enfin autant qu’on peut l’être, je pense, bien que personne ne soit binaire.

J’avais les cheveux longs,  je faisais de la danse classique, je n’avais aucun rejet de la féminité qui correspondait à ce moment-là à mon âge, et au contraire je me reconnaissais dans cette esthétique de la douceur qu’on impose aux petites filles.  

Donc ensuite j’ai grandi, et arrivée à la pré adolescence, au début de l’adolescence, vers mes 11/12/13 ans, j’ai réalisé que ce que je pouvais auparavant encore relier à une forme de jeu enfantine, devenait de la réelle violence.

Je me rappelle que la première fois qu’un homme m’a dit (un homme adulte m’a dit) “hé salope tu suces?” dans la rue, je ne savais pas ce qu’était une salope et je ne savais pas ce qu’était sucer, je devais avoir 11 ans à peu près… 

Ces accumulations de sexisme et de misogynie que je percevais autour de moi ont créé une colère en moi, qui m’a fait m’orienter plus tard vers le féminisme.

En parallèle de ça, je pense que c’est important de préciser pour la suite que j’ai grandi au sein d’une famille aimante. Mes parents m’ont toujours soutenue, m’ont toujours aimée, et m’ont toujours montré qu’ils m’aimaient.

Et notamment en ce qui concerne l’homosexualité par exemple, j’étais très au courant du fait qu’il était parfaitement ouverts. Le premier mariage auquel j’ai été  avec mes parents, c’était un mariage gay de leurs amis en 2012.

Donc j’ai vraiment grandi au sein d’une famille où je sentais que, peu importe qui j’étais, j’allais être aimée et soutenue.

Donc avec l’afflux de ces violences vers mes 12, 13, 14 ans, j’ai commencé à vouloir partager cette colère avec d’autres personnes qui pouvaient comprendre. J’avais le sentiment d’étouffer dans un milieu scolaire qui me semblait insensible à toutes ces questions qui me taraudaient l’esprit H24. 

Je me demandais pourquoi, en tant que fille, on doit subir ça, et l’amalgame entre la féminité, le fait d’être une fille, et donc plus tard une femme, et ces violences a été très vite fait dans mon esprit.

En fait je n’ai jamais détesté mon corps à proprement parler, mais je détestais le regard que les hommes posaient sur lui. 

Je détestais la réaction de mes camarades de classe, mes camarades masculins, à la vue de mon corps qui change avec l’adolescence.

Je détestais le fait de devoir maintenant avoir peur alors que j’avais pas encore ce sentiment de peur à l’enfance, et en fait l’acquérir ça fait monter ma colère encore.

Et donc je pense que j’étais à la recherche d’un sentiment de communauté et de compréhension avec des gens de mon âge. Et aussi d’explications parce que être une femme était devenu quelque chose de  négatif dans mon esprit et je ne comprenais pas pourquoi.

Parce qu’en parallèle je me rendais bien compte que les garçons de mon âge étaient immatures par rapport à nous. Que sur plein d’aspects, c’étaient vraiment des êtres limités notamment par rapport à l’empathie, et aux émotions qu’ils avaient peur d’eux-mêmes… Ils  transpiraient la non confiance en eux, et pourtant devant eux, je me sentais réduite à néant, et  je ne comprenais pas pourquoi. 

Donc je me suis inscrite quand j’avais 14 ans, sur un forum LGB. Je ne sais même pas s’il existe encore aujourd’hui. C’était spécifiquement pour les ados. Je crois que c’était 13/18 ans,  quelque chose comme ça. Donc LGBT mais, à l’époque, il y avait très très peu de personnes trans.  Et je traînais beaucoup sur Internet et ça me semblait être l’endroit où j’allais trouver ce sentiment de communauté. Et donc une personne, sur ce forum, m’a envoyé le lien d’un forum Discord.  Peut-être qu’il y en a qui ne savent pas ce que c’est parmi celles qui nous écoutent. C’est une espèce de forum de discussion. On peut avoir plusieurs pages de discussions. On peut avoir accès à tout le forum, ou à seulement une partie. Et voilà c’est pour tchater. On peut s’appeler aussi.

Donc je suis arrivée sur ce forum, qui était “sur le papier” un forum féministe pour les droits des LGBTQ+, et dans la réalité des faits c’était un forum transactiviste, et c’est là que j’ai côtoyé pour la première fois les aspects les plus sombres et les plus sectaires de la communauté trans. Evidemment, à l’époque, je ne m’en suis pas rendue compte, et je le dis maintenant avec le recul. 

Alors déjà, ce Discord s’appelait “le Discord de l’amour”. Donc en voyant ça, n’importe quel adulte fuirait très très vite, mais à l’époque, j’étais une enfant, et je me disais “Oui, l’amour c’est bien, et on partage de l’affection.” En fait, je pense que la première chose qui fait de ce milieu une secte, c’est ce besoin constant de dire à tout le monde que tout le monde est valide. Peu importe ce que tu fais, peu importe ce que tu penses, peu importe ce que tu dis, peu importe qui tu es : tu es valide, tu es parfait comme tu es, et c’est ce sentiment d’hyperpositivité, je m’en suis rendue compte plus tard en lisant des documents scientifiques sur les fonctionnements des sectes, qu’en fait ces messages hyper positifs qu’on t’envoie de tous les côtés, ça provoque (je saurais pas l’exprimer, je ne suis pas très scientifique) mais ça provoque dans la chimie du cerveau un sentiment de satisfaction et ensuite le cerveau va venir rechercher ce qui provoque cette satisfaction. Donc  en fait, à force d’être partiellement dans cette bulle sur Internet, d’ hyper positivité, qui effaçait toute réflexion en fait, parce que il n’y avait pas de réflexion féministe, il n’y avait pas de réflexion sur de réels droits, il y avait juste un besoin de validation constante, et une volonté d’assaillir tout le monde avec la validation, qui faisait que le monde réel me paraissait, en comparaison, froid…  Comment dire? Dépourvu d’amour et dépourvu de soutien. Ce qui était très faux, en tout cas dans ma propre vie à ce moment-là.

Donc les transactivistes sur ce Discord, ont procédé selon un mécanisme d’embrigadement qui est extrêmement complexe, et qu’avec le recul je comprends difficilement même si je le saisis beaucoup mieux qu’à l’époque.

En fait ils nous font sentir, (globalement à tout le monde, mais je pense que les jeunes filles à tendance féministe disons sont particulièrement touchées, du fait de notre éducation à l’empathie, au soin d’autrui, et aussi de notre sentiment d’infériorité dû à l’éducation), en fait ils nous font sentir qu’on n’est qu’une construction sociale, qui renvoie des oppressions de partout, et que le seul moyen de ne pas constamment projeter de la violence autour de nous, sur tout le monde, c’est de se déconstruire.

On se sent extrêmement mal

Et on a surtout l’impression que ces gens, les transactivistes, sont des ressources vitales pour qu’on ne soit plus ce monstre, en fait. 

Et qu’on puisse devenir quelqu’un de bien.

Donc quelqu’un bien c’est quelqu’un qui ne va pas mégenrer, c’est quelqu’un qui respecte toujours les identités de tout le monde, qui se bat contre l’ennemi commun : les sales TERFS. Même si à l’époque c’était moins répandu qu’aujourd’hui. Et donc ça crée un cercle de dépendance, en fait : plus on se sent mal parce qu’on n’est pas déconstruit, parce qu’on a l’impression qu’on va violenter tout le monde, plus on a besoin des transactivistes pour nous expliquer. Donc ils nous expliquent les choses. Et plus ils nous expliquent, plus ils font apparaître, ils inventent de nouveaux mécanismes de violence qu’on aurait envers tout le monde, comme le mégenrage par exemple, mais il y en a plein d’autres, et plus on ressent cette dépendance envers eux, et ce besoin de toujours les côtoyer, pour toujours être sûres de ne jamais violenter personne…

Parce qu’en fait, quand on a déjà subi ce que c’est, une oppression, on n’a pas envie de le faire vivre aux autres. Et c’est ça la plus grande force des transactivistes, c’est le vécu de jeunes femmes (de tout le monde, mais des jeunes, en particulier LGB), qui ont vécu ce que c’est la violence patriarcale, l’oppression homophobe etc, et qui ont envie de l’abolir et de ne surtout pas le reproduire sur d’autres personnes.

Dans les luttes transactivistes, il y a une hiérarchie de la violence, et en fait c’est la course à qui sera le plus oppressé. Et la personne qui va être considérée comme la plus oppressée, qui est censée se faire taper dessus le plus par toute la société, va être celle qui va dicter la conduite à toutes les autres. Et sur ce Discord, c’était très apparent parce que, comme comme je l’ai dit, il y a plusieurs forums de discussion, et en fait quand je suis arrivée dessus, j’étais une fille cis, certes pas hétéro, mais j’étais quand même très privilégiée. En plus, malgré le fait que je venais d’une famille d’immigrés, j’étais blanche… donc attention! Donc j’avais accès à seulement une petite partie du forum. Et plus tard quand j’ai notamment fait mon coming out non-binaire, tout le monde m’a applaudie comme si j’avais eu la révélation de ma vie, que je faisais parti du club “des bons” en fait. Maintenant j’atais devenue une personne intéressante par ce que je n’étais plus une femme cisgenre. Et dont j’ai eu accès à d’autres forums de discussion, qui étaient en fait les plus actifs… et donc les plus dangereux, et cette hiérarchie c’est vraiment… en fait c’est vraiment un gros problème parce que quand on est une jeune ado on a besoin de reconnaissance de la part des adultes qui est complètement naturel. Et le fait de valoriser et de récompenser des gens, qui sont des enfants, sur la base de combien d’étiquettes d’oppression ils cumulent… c’est vraiment… incroyablement ridicule, pour commencer, mais aussi extrêmement dangereux.

J’ai parlé d’adultes. En fait sur ce Discord je faisais partie des plus jeunes. Je pense que la plus jeune devait avoir 13 ans, moi j’avais 14 ans. Il y en avait une qui en avait 16. Il y en avait quelques-uns qui avaient entre 18 et 20 ans, et puis il y avait des adultes de 35 ans qui avaient des enfants, qui étaient mariés… et qui trouvaient ça parfaitement normal de discuter de notre sexualité sur Internet toute la journée, avec nous, des ados au collège.

A l’époque évidemment, je ne me rendais pas compte à quel point c’était dangereux. Mais il y avait une vraie influence basée sur l’expérience de vie, sur l’âge, et nos jeunes intellects ne pouvaient pas se mesurer à eux et à leurs techniques de manipulation.

Donc sur ce Discord, je pense qu’une des raisons qui a fait que j’ai fnalement déclaré que j’étais non-binaire,  c’est parce que, en fait, je ressentais peut-être encore plus qu’ailleurs l’effacement de la féminité.  

J’étais arrivée en me disant que peut-être j’allais discuter de féminisme et apprendre… Mais en fait on ne parlait jamais des femmes. On parlait des trans et des  techniques de transition. A la limite, on parlais des homosexels mais en fait c’était considéré comme acquis que personne n’était hétéro, parce que les hétéros… pourquoi le côtoyer? Beurk, finalement! (je caricature, mais c’est vraiment grave) et le Graal, c’était de transitionner, d’avoir un bon passing, et ça devenait une obsession, avant même que je me déclare moi-même concernée. 

En fait, c’est un sujet qui, une fois qu’on s’y attache, accapare tout notre temps, toute notre vie, c’est extrêmement chronophage, parce qu’il y a toujours plus à apprendre, il y a toujours des nouveaux mots, des nouvelles étiquettes qui sortent, et qu’on doit mémoriser instantanément, utiliser parfaitement comme si on les avait intégrés dès notre plus jeune âge… au prix d’être les vilains oppresseurs complices du patriarcat. Et donc ça me prenait tout mon temps!

Les souvenirs que j’ai de cette période, c’est moi, dans ma chambre, sur mon téléphone, en train de me renseigner sur Instagram sur tous les nouveaux genres qui sortaient, tous les nouveaux pronoms, m’entraîner à faire des choses qui n’étaient pas naturelles.

Par exemple : genrer au féminin quelqu’un qui a 35 ans, qui a une voix d’homme, qui n’a pas effectué de transition. Et entraîner mon cerveau, contraindre mon cerveau à accepter que c’était normal, et que c’était ça ou être violente.

Et en fait, sur ce Discord, on m’a appris que le genre était un ressenti. Et ça c’est vraiment la base de la Bible transactiviste : le genre est un ressenti. Donc si tu te sens femmes, tu es femme. Si tu ne te sens pas femme, tu n’es pas femme.

Or moi, à 14 ans, à part les fois où j’étais confrontée à la violence et au sexisme, par exemple quand je rentrais tard le soir dans le métro, et que de vieux mecs me suivaient, je n’avais pas un sentiment profond d’être une femme.

Parce que premièrement, j’étais une enfant. Et que deuxièmement, ce sentiment profond, je pense qu’il ne vient que des retours qu’on a de l’extérieur. Les moments où je me suis sentie le plus femme de ma vie, à part quand c’était lié à des faits biologiques, comme par exemple avir ses règles, c’était les moments où j’étais le plus confrontée à la violence des hommes et où on m’a ramenée le plus à ce statut de femme. Mais donc si le genre est un ressenti, ce que j’ai appris sur ce Discord, n’importe quel ressenti que j’avais, pour moi, pour l’enfant que j’étais, pouvait être associé au genre! Et c’est comme ça que j’ai commencé à me dire que je n’étais pas une femme : parce que ce sentiment profond manquait, et que j’étais plein d’autres choses! Parce que j’avais des émotions, des émotions complexes, comme n’importe qui. Et ces émotions pouvant être facilement rattachées au genre, je me suis définie “non-binaire genderfluid”. 

Ensuite, j’ai passé des mois et des mois à analyser chacun de mes ressentis en me demandant si c’était lié à mon genre. Et en fait, sans même me demander, parce que je ne réfléchissais même plus. Je me disais “Ha j’ai ressenti ça, c’est sûrement un nouveau genre, vu que je suis genderfluid, j’en ai tout le temps des nouveaux genres, ça fluctue!

J’en ris, avec le recul parce que je me suis vraiment auto-convaincue de choses totalement ridicules! J’étais passionnée de littérature (et je le suis toujours) et je sentais bien que différents textes provoquaient chez moi différentes émotions. Et donc je me suis dit qu’un des facteurs qui pouvaient faire varier mon genre, c’était par exemple le type de livres que je lisais. Et donc quand j’ai lu “Madame Bovary” je n’avais sûrement pas le même genre que quand j’ai lu “le seigneur des anneaux”!

Ca peut paraître vraiment très très ridicule, mais c’était des réflexions nourries par des heures de conversations avec des adultes de plus d’une trentaine d’années qui accueillaient mes déclarations et nos déclarations (parce que je n’étais pas toute seule à être très jeune et mineure sur ce Discord et en questionnement) avec le plus grand des calmes, et en me disant :“Tu es valide, tu es valides. Quand tu dis que tu es sireno-genre parce que tu as envie d’être une sirène, tu es valide!”

Et c’est dangereux en fait!

Fort heureusement j’ai jamais vraiment transitionné socialement mais j’ai fait quelques pas dans cette direction.

Notamment j’ai acheté un binder, parce que je me suis auto-convaincue que je haïssais ma poitrine, ce qui était faux. Je détestais le regard des hommes sur ma poitrine. Mais ma poitrine elle-même, je n’avais aucun problème avec elle.

Et moi j’aimerais parler deux minutes du binder parce que je ne l’ai porté que quelques fois, mais j’en garde un souvenir traumatique, en fait! Ça compresse toute la poitrine. Mais pas seulement les seins : ça compresse les côtes sur le côté, ça compresse le dos, on ne peut pas respirer. Je pense que le cerveau est mal oxygéné : ça m’arrivait d’avoir des étoiles dans les yeux parce que je suis allée en cours de sport au collège avec. Et c’est vraiment dangereux, en fait! Je me dis heureusement que je ne l’ai porté que quelques fois, mais je sais que des personnes qui se sont bandé les seins pendant plus longtemps ont eu des cicatrices! C’est dangereux, c’est une mutilation du corps, en fait!

Le transactivisme, c’est un mouvement qui sacralise la destruction du corps.

Et le rapport des transactivistes à la féminité est vraiment extrêmement malsain aussi : nous, les femmes, ils essaient de nous ejecter de la féminité en déifiant la non-binarité, la non-conformité au système, au cis-tème, au cis-patriarcat, etc, mais EUX, les hommes transidentifiés, sacralisent la féminité. Une féminité cliché, qui me répugnait. 

En fait je pense que, voir des photos de ces adultes hommes, le torse poilu, en vêtements clichés de la féminité…  je sais plus j’aimerais pas dire de bêtises mais il me semble que j’ai vu des photos d’eux en sous-vêtements… je sais plus. 

En dentelle, avec une esthétique très cabaret… en fait ça me dégoûtait encore plus de féminité!

Parce que je voyais ça, je disais “C’est ça une femme? Je ne veux pas être comme ça!” (inconsciemment, en tout cas). Ils prônent cet idéal grotesque de la féminité qui fait que, même si on s’identifie encore en tant que femme à ce stade, on ne peut pas dire qu’on est une femmes, si toutes les femmes sont pareilles!

Parce que c’est vraiment des individus qui, par leur discours et leurs manières de se comporter, suscitent le rejet chez les autres.

Et donc oui à cause du temps que je passais en ligne, à discuter avec ces personnes, du temps que je passais en introspection sur moi-même à essayer d’identifier mon propre genre, je me souviens avoir été complètement déconnectée de la réalité.

Vers la fin, je ne lisais même plus, je n’écoutais pas en classe, je passais ma vie sur mon téléphone. Toutes les personnes qui essayaient de m’en empêcher, c’étaient le mal et une menace. 

Mes parents sont devenus une menace aussi.

Il y a une grande volonté des militants transactivistes de couper les jeunes de leur famille, de leur entourage parce qu’ils savent très bien que tant que ces jeunes sont ancrés dans un milieu qui les accepte comme ils sont, et un milieu bienveillant, ils n’ont aucune chance de les faire basculer de leur côté.

Moi, ils m’ont convaincue que mes parents étaient homophobes, alors que ce n’était pas le cas. Et je le savais en plus!

Et ils m’ont convaincue que c’étaient des personnes malveillantes … juste parce qu’ils refusaient d’adhérer à mes délires.

Parfois on marchait dans la rue avec ma mère, dont j’ai toujours été extrêmement proche, on a une relation fusionnelle avec ma mère, et on marchait dans la rue, et parfois elle disait : “La fille a de jolis cheveux”… et moi je lui disais : “Mais non, Maman, tu ne peux pas dire ça, parce que tu ne lui as as demandé son genre, donc tu ne peux pas savoir si c’est une fille!”

En fait, je ne réfléchissais même plus. Je n’avais aucun esprit critique, je répétais en boucle des phrases qui m’avaient été inculquées de force et martelées dans mon esprit.

Je ne pouvais rien dire d’autre, je ne pouvais parler de rien d’autre.

 Avec le recul je me souviens de cette période comme d’un trou noir, dans lequel ma volonté, ma réflexion et mon esprit critique ont disparu. 

Et ça a duré plusieurs mois.

Ce qui a fait que je m’en suis sortie c’est que j’ai été brutalement reconnectée avec la réalité de ce que c’est être une femme.

En fait, alors que j’étais encore sur ce Discord mais que je m’en détachais peu à peu, j’ai été violée à plusieurs reprises, par la même personne, l’année de mes 15 ans. J’étais en seconde.

Je n’ai pas du toute envie de dire quoi que ce soit qui se rapproche du fait que ça aurait été une expérience bénéfique.

Je pense que les phrases du style : “Mais tu peux tirer du bon de tout” et “On apprend de tout” etc,  ne s’appliquent pas ça.

Je pense que le viol ça détruit et ça ne fait rien d’autre que détruire et ça laisse un néant où tu n’as plus d’humanité, tu n’as plus rien. 

Mais malgré ça, ça m’a reconnectée avec ma réalité physique. 

Sans poser les mots dessus à l’époque, presque inconsciemment je pense, j’ai fait le lien entre ça, ce sentiment, et ce que j’avais fait toute ma vite en fait, face aux différents degrés de violence masculine.

Et j’ai réalisé que être une femme, c’était ça.

C’était être poursuivie par les garçons quand j’avais 7 ans.

C’était être violée à 15 ans.

Et ça n’avait rien à voir avec la vision “paillettes, feux d’artifice et fête” que les hommes trans identifiés de ce Discord me donnaient.

Et suite à ça, j’ai quitté discrètement  les conversations etc.

J’ai eu besoin d’un peu de temps pour réaliser ce qui m’était vraiment cette année, mettre de la distance avec cette personne de mon entourage.

Et vers mes 16/17 ans j’ai reconnecté avec le féminisme qui m’avait toujours attirée, la critique de genre qui avait toujours été dans mes valeurs.

J’ai lu les grandes théoriciennes du féminisme.

Et j’ai beaucoup réfléchi toute seule dans un premier temps sans les réseaux sociaux, ce qui, je pense, a été vital pour moi parce que c’est l’époque, vers 2019/2020, où je pense que le transactivisme a vraiment envahi les réseaux sociaux et tout l’Internet de manière fulgurante.

Et donc j’ai pris ce temps pour réaliser qu’être une femme n’avait rien à voir avec ce qu’on m’avait inculqué, et était en fait basé sur une réalité matérielle et biologique, et que c’était cette réalité biologique qui était la cause de nos souffrances, et à la cause de ce rapport conflictuel avec mon corps, dédoublé après les viols, bien sûr.

Et en fait c’était ça, la cause de mon mal-être et c’était pas une sorte d’attaque nébuleuse et omniprésente qui serait faite à l’encontre de mon identité de genre. Je n’étais pas enfermée par mon sexe “assigné à la naissance” mais par des injonctions faites de toutes parts et basées sur ce sexe.

Je suis ensuite retournée sur les réseaux sociaux, notamment pour suivre Marguerite Stern, qui a été ma sauveuse, parce qu’elle a créé les collages contre les féminicides, en 2019.

Le 1er janvier 2020, j’ai fait mon premier collage, toute seule. 

J’étais mineure et donc que je l’ai fait dans le dos de ma mère (c’est pas bien, il ne faut pas faire ça) mais en fait ça m’a libérée, ça m’a offert un espace d’expression pour porter ma voix, et aussi porter celles de toutes les filles qui m’entouraient. Parce que j’étais toujours dans un milieu scolaire qui était vraiment déconnecté des réalités des femmes, et en fait on n’en parlait pas : les profs et les élèves ne parlaient pas de tout ce qui se passait.

Et donc le collage a aussi modifié drastiquement ma perception de ce que je pouvais faire de ma vie de femme. Les premières fois, quand je sortais dans le dos de ma mère à quatre heures du matin, pour aller coller toute seule dans les rues de Paris, j’étais morte de peur. J’avais le sentiment qu’à chaque coin de rue il y avait un agresseur qui allait me tuer. Mais en revenant de ces séances de collage, je me rendais compte qu’en fait j’étais puissante, j’avais une voix et je pouvais occuper l’espace public. Et ça, ça a à tout jamais modifié mon rapport à la rue.

En parallèle, je continuais à construire ma pensée qui avait été détruite. Vraiment,  je considère que toutes mes pensées ont été détruites par les transactivistes, et donc j’ai vraiment dû reconstruire ma pensée sur ce sujet mais aussi sur plein de sujets, et refaire ma propre vision du monde.

Et donc j’ai aussi construit  ma pensée féministe radicale et j’ai rejoint l’Amazone Paris suite à une action le 11 avril 2021, contre la prostitution, organisée à par les militants du CAPP (le Collectif Abolition Porno Prostitution).

Et en rejoignant l’Amazone Paris,  j’ai découvert qu’il y avait toute une communauté de femmes réelles, pas uniquement sur la toile, qui partageaient mes valeurs et qui surtout osaient s’exprimer sur les violences commises par les hommes et plus spécifiquement par les transactivistes.

Parce que c’est vrai que j’évolue dans des milieux… je suis étudiante en prépa littéraire, et la prépa (je sais que c’est pire dans d’autres milieux universitaires, mais c’est vraiment Queerland !) il y a plein d’élèves qui transitionnent. L’année dernière, mon prof d’histoire nous a fait un cours d’histoire sur l’histoire du genre depuis la Révolution, et il n’a jamais parlé de sexe! Et sur chacune de mes copies, j’ai passé mon premier paragraphe à argumenter pourquoi j’allais d’utiliser les mots “sexe, femmes et hommes” et pas “genre”. Et il l’a reçu, mais à reculons! C’est vraiment une pensée qui est adoptée par les étudiants, les milieux universitaires et même des gens dont on penserait qu’ils la rejeteraient en bloc. Des universitaires de plus de 50 ans qui n’ont pas du tout été élevés là-dedans, qui ont été élevés dans un milieu souvent bourgeois et catholique, et qui, pourtant, accueillent à bras ouverts des élèves qui s’identifient “trans non-binaires”, avec des pronoms sortis de nulle part… et ça m’a choquée, en retournant sur Internet, de voir à quel point ça avait progressé.

Par exemple, à mon époque mon pronom, personnellement c’était “ael”. J’étais fière parce que je l’avais trouvé, et il n’était vraiment pas courant du tout. Aujourd’hui Ael  c’est mainstream… ça s’est développé au point que des discours qui, à l’époque, étaient très radicaux, aujourd’hui sont complètement acceptés. Et c’est très grave, en fait!

L’Amazone Paris et, plus généralement les milieux RadFem, m’ont offert cet espace de communauté dont j’avais besoin déjà adolescente, mais sur des bases saines où chacune est libre d’exprimer son opinion.

Et de voir toutes ces femmes fortes aux côtés desquelles j’étais fière de me battre et qui osaient assumer leurs positions, ça m’a permis, à moi, d’oser en parler à mon entourage et de libérer ma parole sur ce sujet. Parce que je pense qu’il n’y a rien de plus précieux que notre liberté de penser. Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus nocif dans le transactivisme : c’est la destruction de notre liberté de penser.

Et c’est contre ça en priorité que j’ai envie de me battre aujourd’hui.

RDG – Pourquoi penses tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie?

Esther – Alors de mon expérience des milieux transactivistes, tout d’abord pour les enfants c’est au-delà d’une menace : un berceau du détournement de mineurs, et même de non-assistance à personne en danger, en fait!

Pour raconter un peu ce qui se passait sur ce Discord :  ces adultes, qui avaient parfois eux-mêmes des enfants, nous incitaient à nous rebeller contre nos parents, à nous enfermer dans cette bulle de manipulation, et notamment par exemple, à fuguer de chez nous. Et je sais qu’il y a plusieurs ados (je ne l’ai pas fait fort heureusement, je pense que j’étais protégée par ce rapport extrêmement bienveillant et d’amour que j’ai toujours eu avec mes parents, mais malgré ça, j’étais atteinte, mais je n’ai pas été jusqu’au bout) enfin, il y a des ados sur ce Discord qui ont fugué  de chez leurs parents.

Ils nous encourageaient à suivre des traitement hormonaux dans le dos de nos parents et sans en parler à des docteurs, en nous expliquant comment on pouvait se fournir.

Ils nous encourageaient à violenter notre corps de 1000 façons, à utiliser tout ce qui est binders, et tout…

Je me rappelle qu’une fois, il y avait eu une conversation entre un mec de 35 ans avec une fille trans identifiée de 12/13 ans où il lui expliquait que ça n’était pas grave si son binder était trop petit parce que ça allait juste fonctionner mieux, alors qu’un binder trop petit, je ne sais plus les risques médicaux, mais ça peut compresser la poitrine, et je crois que ça peut même bouger les côtes et  compresser les organes internes… enfin c’est très très très dangereux!

Ce besoin de validation du transactivisme, tout le temps, tout le temps, ça créait un déni de tout le reste, qui pouvait justifier pleinement le mal-être de ces gens.

Et cette même fille transidentifiée, elle avait expliquée un soir qu’elle avait été violée devant son père par un ami de son père (je suis désolé d’en parler, de parler comme ça dans des termes graphiques, mais je pense que c’est important de dire les choses) et elle avait expliqué ça. Donc il y avait des adultes, qui étaient pourtant censés être féministes, et renseignés sur les traumatismes qui suivirent de tels événements, et personne n’avait l’idée d’imputer son mal-être en partie au moins à cette expérience. Et tout le monde prétendait que c’était uniquement parce qu’elle avait été assignée à la naissance “fille” par un vilain docteur transphobe, alors qu’ elle n’était absolument pas une fille!

Et ça a des conséquences très concrètes sur les enfants. Je pense que je l’ai dit tout à l’heure, mais c’est de pire en pire. A mon époque, c’était encore très marginal et j’étais peut-être une des seules de mon collège à être au courant et au fait de ces mouvances. Mais aujourd’hui, je sais que c’est extrêmement répandu. Je sais que dans les cursus scolaires et universitaires, il y a des préventions contre la transphobie, avec notamment une banalisation de l’utilisation des espaces réservés aux femmes par les hommes trans identifiés. 

Encore hier, j’ai une amie qui m’a montré une caricature qui avait été étudiée dans son cours d’anglais de fac où, en gros ça se moquait d’une femme qui protestait contre un homme utilisant les toilettes réservées aux femmes. C’est extrêmement dangereux et cette pression à l’inclusivité et à inclusion des hommes dans tous les espaces réservés aux femmes a créé des violences sans nom…

Je pense que le séparatisme et le  fait de se couper des hommes doit être un choix personnel, mais je pense que c’est vital qu’on ait, dans l’état actuel des choses, des espaces réservés aux femmes. Ne serait-ce que parce que certaines sont traumatisées.

Et je pense qu’on doit avoir des moyens d’échapper à cette violence.

Je sais qu’aux États-Unis par exemple, en Californie, les prisons commencent à instaurer des moyens pour faire face au fait qu’il y a de nombreuses grossesses liées à des viols que subissent les femmes par des femmes transidentifiées qui sont incarcérées avec elle…  par des hommes transidentifiés pardon, qui sont incarcérés avec elles.

Et la réaction des prisons, c’est de créer des infrastructures pour accueillir ces bébés issus de viols, plutôt que de lutter contre la présence d’hommes dans les prisons de femmes.

On sait que dans le milieu sportif, ça cause énormément de problèmes à cause de différences biologiques évidentes qui créent des disparités.

La pression à “relationner” comme ils disent, dans le sens d’avoir des relations amoureuses et sexuelles avec des hommes transidentifiés, dits “femmes trans” dans les milieux lesbiens, est inouïe!

Aujourd’hui, à Paris il n’y a presque plus de bars lesbiens, parce qu’ils sont tous soit en train de fermer, en faillite, soit extrêmement peu connus et fréquentés, soit investis complètement par les trans et par les hommes.

J’ai été frappée, je sais pas si… La Mutinerie c’est censé être LE bar lesbien de Paris en non-mixité… J’y suis allée deux fois. La deuxième fois que j’y suis allée, il y avait plus d’hommes que de femmes et certains étaient des “femmes trans” donc transidentifiés etc, certains étaient non-binaires, et certaines, pas du tout, étaient des hommes cis hétéros… 

Parce qu’en fait les hommes ont cette tendance à s’accaparer tout ce qui appartient aux femmes.

Mais jamais avant, dans l’histoire je pense, ils n’avaient eu accès jusqu’au rôle genré féminin, jusqu’aux espaces et aux tâches réservées aux femmes. Je pense que, même dans les périodes les plus noires en ce qui concerne les disparités de sexe et l’oppression patriarcale, jamais les hommes n’ont revendiqué le peu qui appartenaient aux femmes.

Et aujourd’hui il n’y a même plus cette limite qui assurait peut-être un semblant de protection de ce qui était la féminité.

Aujourd’hui, tout ce qui appartient aux femmes appartient aussi aux hommes.

Et les lieux réservés aux femmes, qu’ils soient matériels comme des refuges ou des bars, ou tout espace en non-mixité, ou alors les lieux spirituels : le féminisme, la lutte lesbienne, appartiennent aussi aux hommes. Ces espaces sont envahis, en fait! 

On ne peut plus “respirer” nulle part!  

On a besoin pour faire face à ce qu’on vit, se rassembler et lutter un peu contre le sexisme, de ces espaces de femmes. Et c’est vraiment un besoin vital. Et c’est un besoin qui nous est nié et quand on les réclame, on est considérées comme des personnes violentes, on est déshumanisées. Le mot “terf” plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, et c’est extrêmement dur de parler et de revendiquer aujourd’hui nos espaces. 

Et par ailleurs, avec le recul de mon expérience, je réalise le danger à côté duquel je suis passée, et je me rends bien compte que je m’en suis sortie parce que mes expériences en termes de violences sexuelles m’ont reconnectée avec ma réalité matérielle…  mais l’inverse aurait tout aussi bien pu se produire comme ça l’a été pour cette autre jeune fille dont je parlais tout à l’heure. Et j’aurais pu m’enfoncer dans une transition médicale lourde et douloureuse … pour fuir la féminité en fait!

Et l’omniprésence du transactivisme nous refuse le droit de remettre en question ce qui rend vraiment la féminité douloureuse.

On a le droit, en tant qu’être humain, de vivre sous notre réelle identité, sans subir de violence et on a le droit, je pense, de se battre contre ce qui rend aujourd’hui cette tâche impossible.

RDG – Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as rencontré des dangers, qu’ils soient réels ou perçus dans ton entourage ou dans ton environnement? Est-ce que tu te sais sécurité? Est-ce que tu peux parler librement ou pas?

Esther – Je pense que toutes les féministes radicales, et plus généralement toutes les femmes critiques du genre, ont bien conscience de la menace réelle qui pèse sur nous aujourd’hui. 

J’ai 19 ans, je suis jeune et, de manière générale, que ce soit en faisant ce podcast aujourd’hui, ou en militant avec l’Amazone, je me demande régulièrement si j’aurai un jour un emploi. Parce que je vois, dans d’autres pays, les gens se faire licencier, se faire ostraciser de la société parce qu’elles ont osé défendre des positions critiques du genre.

Après, j’ai beaucoup de chance dans le sens où j’ai un entourage qui, globalement, m’écoute, qu’il soit d’accord avec moi, ou pas. Ma famille me soutient et soutient mes positions. Je pense que mes parents sont très très très soulagés que je sois revenue de là où  j’étais il y a quelques années.

Mes amis les plus proches, qu’ils soient renseignés sur ce sujet ou pas, qu’ils partagent mes valeurs ou pas,  globalement me soutiennent.

Après, j’ai déjà subi des pressions concrètes : notamment récemment, j’ai perdu tout un groupe d’amis, qui pourtant se comportaient comme s’ils étaient très attachés à moi. Parce que j’ai retwitté un tweet de Marguerite Stern. Un truc qui parlait de féminicides… même pas critique du genre! Et suite à ça, on m’a confrontée et je ne me suis pas cachée du fait que je l’admirais énormément et que je n’avais pas honte de partager son travail. Donc tout ce groupe de personnes (une dizaine peu près) ont coupé contact avec moi et j’ai appris par la suite qu’ils faisaient des soirées où ils parlaient de “Esther la sale terf”, qu’ils avaient bien heureusement éliminée de leur vie… 

Donc je témoigne sous mon identité, et je pense que c’est important de le faire, même si je comprends bien sûr les femmes qui ne le font pas, parce que je préfère vivre libre de m’exprimer en sachant que je ne vais perdre personne suite à mon discours.

J’aime le fait qu’aujourd’hui, si je prends la parole et que ça sort publiquement, de mon entourage proche je ne risque de perdre personne. Et je pense que cette liberté de s’exprimer, elle n’a pas de prix. 

Après, la pression est telle que je comprends parfaitement celles qui préfèrent se cacher, et à vrai dire je comprends même celles qui n’osent pas s’avouer que le discours qu’elles prêchent est en fait absurde et violent envers elles-mêmes, parce que c’est tellement omniprésent !

Je pense que la clé de notre libération c’est vraiment, avant tout, la libération de notre parole, et que si même nous, on n’ose pas s’exprimer sur ce qui nous arrive (quand je dis “nous”, je parle des femmes), personne ne le fera à notre place, évidemment!

Et c’est pour ça que je trouve ça important de témoigner et que je trouve que des podcasts comme “Rebelles du Genre” sont vitaux, pour se rendre compte que … plus on parle, plus on est nombreuses à le faire, et en fait on est des millions dans le monde, je pense!

Et c’est important de faire face au camp d’en face qui n’hésite pas à s’exprimer publiquement sur les réseaux sociaux pour nous insulter. Donc je pense que notre,  (ma réponse en tout cas), est pacifique : je ne veux pas de mal à ces personnes. 

J’ai juste envie qu’elles arrêtent de nous vouloir du mal.

RDG – As-tu une anecdote, ou plusieurs, à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant le transidentité ou le transactivisme?

Esther –  Alors, j’ai deux anecdotes, qui, je pense, prouvent à quel point les dérives  du mouvement “trans”, disons, sont omniprésentes, touchent  toutes les femmes et sont vraiment dangereuses et déterminantes dans la vie des individus. Au-delà du fait qu’elles nous empêchent de régler des problèmes sous-jacents dans la société dans son ensemble. C’est deux anecdotes qui sont arrivées à deux amies très proches, à moi. 

Donc la première, c’est femme hétéro d’une vingtaine d’années. Elle n’a aucun problème de dysphorie, mais elle est non conforme au genre, dans le sens où elle a  un style assez “masculin” : elle a les cheveux courts,  elle a joué au foot pendant toute son enfance etc. Et elle évolue dans le même milieu universitaire que moi, c’est-à-dire le milieu littéraire très très queer. Et notamment, elle avait des amis qui étaient persuadés (qui le sont toujours, je pense) persuadés pendant très très longtemps qu’il était, au choix : soit une lesbienne refoulée, soit un homme trans refoulé… Elle est critique du genre donc elle n’a personnellement jamais été influencée par ces discours, mais je me rappelle qu’on lui répétait tous les jours : “Mais si, questionne-toi sur ton genre! Déconstruis-toi! Tu ne vois pas que tu es un homme trans, etc. Et en fait ça m’avait déjà choquée, cette insistance à vouloir caser chaque personne qui ne rentre pas parfaitement dans les normes de la féminité, dans une autre case : celle d’homme trans ou de lesbienne, dyke, butch, ou je ne sais quelle étiquette ridicule! Elle m’a raconté qu’une fois elle a été en soirée, avec notamment ce groupe de personnes, et une fille qu’elle n’avait jamais vue, en discutant cinq minutes avec elle du fait qu’elle était sûrement un homme trans refoulé, a sorti de son sac une seringue et de la testostérone, en disant : “Tiens, si tu veux, je te fais une injection!” Les mots me manquent pour exprimer à quel point c’est dangereux de s’auto-médicamenter comme ça et de proposer ça en soirée, à des gens qui, potentiellement ont consommé des substances, donc ne sont peut-être pas dans un état pour prendre des décisions comme ça. Mais dans tous les cas, proposer un traitement à quelqu’un qui n’en voulait pas et qui en plus n’a pas vu de médecin pour ça, c’est vraiment… c’est vraiment penser que tout le monde est contre nous, et qu’on doit s’en sortir par nous-mêmes! C’est médicalement dangereux!

Et la deuxième anecdote, c’est une autre amie à moi, qui a parlé à un médecin qui la suivait pour un syndrome de stress post-traumatique à la suite d’un viol qu’elle avait subi et il – je crois vraiment que c’était son psychiatre – a suggéré le fait que ce mal-être et ce rejet de la féminité pouvait en partie découler de non-conformité avec le genre féminin, et lui a dit qu’elle devrait explorer la possibilité d’être trans, non-binaire, ou homme… Vraiment, cette omniprésence de la pensée trans nous empêche de trouver des solutions pour des choses qui sont, des mal-êtres qui sont dans le quotidien d’extrêmement beaucoup de personnes! 

Il y a 94000 femmes violées en France par an… Imaginez si chacune d’entre elles associait ce rejet de son sexe, ce rejet de son corps, et ce rejet la féminité, au fait d’être trans! En deux minutes, ce ne serait plus une minorité, en fait! Si toutes les femmes qui avaient un rapport bouleversé à leur corps, du fait d’avoir subi des violences, s’en remettaient au diagnostic des transactivistes… il n’y aurait plus aucune femme!

Je pense que je dis des évidences. Mais en fait ces deux anecdotes prouvent à quel point la médicalisation de la transidentité et l’omniprésence de la transidentité, ça peut toucher n’importe qui. Ça peut toucher des gens qui ne sont pas du tout dans ce mouvement? Ca peut toucher des femmes “cis-hétéro”qui sont seulement à non conformes au genre.  Ca peut même toucher des femmes comme moi, qui à la base, correspondaient parfaitement aux normes de genre. 

Ça peut toucher n’importe qui.

C’est un danger qui n’épargne personne et c’est pour ça qu’il faut, à mon sens, informer le plus possible les femmes.

RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Esther –  Oui. Enfin, j’aimerais appeler peut-être les personnes qui m’écoutent à se fédérer un peu plus.

Le propre du transactivisme et de la transidentité c’est que ça nous coupe de toute vision globale de la société, en nous obligeant à nous focaliser sur nos propres sentiments, nos propres ressentis, notre propre individualité… tout en nous détachant, en fait, de notre être, puisque ça nous détache de notre corps.

Et pour citer Bell Hooks, une autrice féministe incroyable, dont je conseille la lecture à tout le monde : “The challenge to patriarchy is political, and not lifestyle or identity.” Donc je pense que je pourrais traduire comme : “Le défi, et la réponse au patriarcat, est politique et ne se situe pas dans le mode de vie individuel ou l’identité.” 

En fait oui : je pense que c’est le groupe qui va nous sauver, et le fait que pour se libérer, on doit toutes se battre ensemble et cumuler nos identités individuelles pour former le peuple, la peuplesse des femmes.  Voilà! 

Léo, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Léo, j’ai 35 ans, je suis directrice de communication et je réside en Bretagne.

Critique du genre, je pense que je l’ai toujours été puisque je viens d’une famille qui n’est pas religieuse, qui est athée mais très traditionnelle dans laquelle la femme, son rôle, était de servir l’homme et de se taire. De rester vierge jusqu’au mariage.

Je viens d’un milieu où, pour moi, il était normal que la femme se taise. Tout simplement. 

Léo, rebelle du genre.

Petit à petit, en grandissant donc, j’ai développé des problèmes de santé dont une maladie orpheline neurologique et je me souviens qu‘à chaque fois que j’allais voir des médecins différents pour essayer d’en parler, en disant « J’ai mal à la tête », en résumé, les médecins me disaient toujours « Oh mais ce n’est rien ma petite dame, vous allez avoir vos règles, c’est tout, c’est hormonal ! ».

Dès là, quand je sortais des rendez-vous, je me disais au début « Bon OK, il a peut-être raison », et au bout d’un certain nombre de rendez-vous, d’un certain nombre de toubibs rencontrés, je me suis dit :

Si ça avait été un mec qui lui avait parlé de ça, le gars serait tout de suite envoyé aux urgences pour une IRM, un scanner, pour un électroencéphalogramme… pour ne serait-ce qu’une question de sécurité.

Léo, rebelle du genre.

Déjà, je commençais à me dire « Ouh, y’a un petit problème ». En tant que femme, je me dis « Bon, c’est un petit peu bizarre »

Par rapport à cette pathologie, il s’est avéré que c’était dans ma tête sans être dans ma tête, du fait que c’était une réelle pathologie neurologique, je ne l’inventais pas. C’est arrivé vraiment, VRAIMENT, par hasard. Je me suis fait une tendinite, je suis allée voir un médecin et j’ai commencé à avoir « une crise ».

En fait, c’était un jeune médecin qui venait tout juste de commencer, il suivait encore des cours en neurologie. Il m’a regardée, et m’a dit « Mais, ça va vous ? », je réponds « Non, j’ai mal à la tête, mais ne vous inquiétez pas, je vais rentrer  la maison, ça va aller, je vais gérer ». Il me regarde et me dit « Non mais vous avez « juste » mal à la tête ? Parce que vous avez quand même la paupière qui part un peu en cacahuète, là, quand même ». J’ai dit « Oui je sais, ça fait ça à chaque fois, mais on m’a dit que c’était hormonal etc., on me donnait du Doliprane et puis on me renvoyait chez moi ». Là il m’a demandé s’il pouvait rédiger un courrier à un neurologue pour en parler, parce que lui suspectait quelque chose.

Il m’a rassurée en me disant que ce n’était pas non plus quelque chose de mortel mais qu’il avait des petites suspicions et il me demande d’en toucher un mot à un neurologue pour éventuellement m’en reparler.

Je m’en souviendrai toute ma vie, cela faisait 7 ans que je courais après les médecins, en parlant de ça…

Léo, rebelle du genre.

Ma recherche a commencé en région parisienne.

À cette époque-là, je vivais dans les Pyrénées, dans une station de ski (donc c’était assez improbable de tomber sur ce médecin). Je me souviens qu’il a envoyé le courrier un vendredi et le mardi matin, je recevais un appel de la secrétaire du neurologue qui me proposait de venir le rencontrer le soir même. Il y avait une suspicion de ma maladie et il serait bien que je puisse voir le médecin tout de suite.

Je lui ai dit « Mais vous êtes sûre ? Là, ça va, je vais bien » , et elle me dit « Non, non, avec cette maladie on ne rigole pas, on ne laisse pas les gens souffrir comme ça en faisant perdurer ». Donc, j’ai eu de la chance. J’ai vraiment eu de la chance de ce côté-là, mais c’est vraiment par hasard en fait. Parce que si je suivais le parcours médical traditionnel, je tombais quand même sur un univers qui était vachement machiste, faut bien se l’avouer. 

Sachant qu’en plus, je souffre du syndrome des ovaires polykystiques. À chaque fois on me disait « C’est lié ma petite dame ».

Ensuite, ce qui m’a faite évoluer sur des questions autres que « Bon, la société envers les femmes ce n’est pas jojo », quand j’ai commencé à… pardon du terme, mais avoir un gros « What the fuck ?! », c’est quand la question du genre est arrivée sur le tapis.

Je précise que je suis bisexuelle, et que ma première question a été le jour où j’ai entendu parler du mot « pansexuel », où apparemment quand on est pansexuel on peut tomber amoureux d’hommes, de femmes et autres…

Je ne vais pas vous mentir, quand j’ai entendu le mot « autre », tout de suite, je me suis demandée « Quoi, mais d’une chaise en fait ? D’un arbre ? D’une PASTÈQUE ?! ».  Je n’ai pas compris. Et en fait on me disait « Bah non, non, on peut tomber amoureux de personnes non binaires ». Et là, j’ai demandé « Mais c’est quoi, des gens non binaires, en fait ? » et, je vous rassure, c’était il y a moins de cinq ans…

Alors, je ne sais pas si la question date d’il y a plus longtemps, mais en tout cas, il faut croire que je suis un ours parce que, dans ma vie, ça ne m’avait jamais vraiment percutée. 

Du coup, on m’a envoyé la fameuse vidéo du type qui… Enfin, non, puisqu’il n’est  pas un homme… Je ne me rappelle plus de son nom, mais de cette « personne » qui fait tout un flan sur un plateau télé parce que « Ah mais je ne suis pas un homme, et qu’est-ce qui vous fait dire que je suis blanc ? ».

Et on m’a dit « Voilà, c’est ça quelqu’un de non binaire, tu vois ? C’est simple. C’est quelqu’un qui ne se défini ni en tant qu’homme, ni en tant que femme ». Je me suis dit « Mais, ce n’est pas possible ». Biologiquement tu viens quand même au monde avec quelque chose. Tu peux éventuellement être transsexuel et faire tout un protocole médical, chirurgical et thérapeutique pour changer de sexe, ça ne regarde pas, je m’en fous. Mais je suis dit « Du coup, les femmes qui sont des femmes, c’est quoi ? », donc là on m’a dit « Ce sont des Cisgenre », déjà celui-là j’ai eu du mal à l’intégrer. 

Là où ça n’a plus été un blocage mais une fracture complète, c’est quand j’ai commencé à comprendre qu’il y avait, j’ai pas peur de dire le mot, de la violence et les discriminations envers les personnes qui se contentaient d’être cisgenre.

Pour moi, il y a eu une véritable fracture à partir du moment où on disait qu’il pouvait y avoir des hommes qui menstruent, des personnes qui menstruent, des femmes qui menstruent ça par contre je n’ai pas entendu dire, bizarrement.

C’était ou des hommes, ou des personnes qui menstruent.  

Sauf que moi j’ai un SOPK. Je n’ai pas de règles et je me sens femme.

Du coup, je suis quoi pour ces gens-là ?

Léo, rebelle du genre.

Alors, on m’a susurré, on m’a « gazouillé », à l’oreille, sur Twitter, que j’étais peut-être un homme qui s’ignore…

Peut-être que j’étais une personne trans qui s’ignore.

Après tout, je ne m’épile pas les jambes toutes les semaines et je n’ai pas de règles. C’est-à-dire que j’ai pas de problème avec les poils et je n’ai pas de règles, et en plus, je n’ai pas d’horloge biologique ! Je n’ai pas de désir d’enfant, je n’ai jamais eu le besoin d’être enceinte, je n’ai jamais eu de…

Alors si ça se trouve, peut-être que je suis un homme, en fait ?

Bah oui, mais non, moi je suis une femme. 

C’est la première fois qu’on m’a traitée de transphobe.

Je me suis sentie à la fois triste, parce que ce n’est pas vrai. Parce que si une personne qui est née avec une  zigounette décide de se retrouver avec une vulve, parce que finalement, la vie a fait que, c’est son problème, c’est pas le mien.

Je n’ai pas de problème avec les personnes transsexuelles. Je veux dire… je m’en fous. JE M’EN FOUS !

C’est comme les lady-boy de Thaïlande qui ont une paire de seins et un pénis, je m’en branle ! Excusez-moi du terme, mais je suis une femme (et les femmes se branlent aussi d’ailleurs) et je M’EN BRANLE ! Je m’en fous, je ne suis pas transphobe. Donc là, j’étais triste parce que je me dis que c’est pas vrai. Et ensuite j’ai été en colère. Je me suis dit « Mais de quel droit une personne qui ne connait pas mon parcours, qui ne connait pas mon histoire, qui n’a que quelques bribes, a pu se permettre de me coller une étiquette, me mettre dans une case alors qu’elle-même, si je comprends bien, milite pour qu’il n’y ait plus de case pour personne». Et je n’ai pas compris… 

Et là où le Clown world s’est ouvert à moi, c’est quand j’ai découvert le fameux tableau « Parce que « je » n’est pas assez ».  Je vais en parler brièvement parce que je ne veux pas consommer tout votre temps dans ce que j’appelle vraiment des sottises, mais c’est quand même assez rigolo. 

Il faut savoir que, par exemple, on ne dit plus « ILS » au pluriel, pour  ceux, pour ces individus. Non. Maintenant on dit « JIEX ». Et JIEX, en fait, remplace « ILS » pour indiquer le « singulier pluriel binaire ». Le singulier… Pluriel… OK… D’accord. 

Ensuite, il y a le JEL, qui remplace le « ELLE », et qui renseigne sur sa « féminité instantanée ». D’accord. OK… Soit.

Et puis il y a le JIL. Mais lui par contre renseigne sur sa masculinité ponctuelle. Les adjectifs s’accordent comme pour du féminin. Si vous voulez, OK, OK.

Mais, bon, ils font quand même un effort. Le « JE » existe toujours pour le neutre correspondant à l’identité apparente de la personne. Ils ont été sympas, ils nous ont quand même laissé le « JE ». Mais du reste, les pronoms personnels français, et anglais (puisque ce tableau a été décliné dans d’autres langues de toute façon), les pronoms personnels français non plus droit d’exister.

Léo, rebelle du genre.

Et là… on est toujours dans la case du « J’ai pas compris », et je comprends pas et, pardon d’avance, mais je comprendrai jamais. Et j’ai envie d’en faire des blagues, moi j’te le dis.  

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Marguerite Stern. C’est la première chose que j’ai envie de dire.

Léo, rebelle du genre.

J’ai envie de lui rendre hommage, parce que je crois qu’elle est toujours hospitalisée.

Je le rappelle : pour du harcèlement moral, des menaces de viol, des menaces de meurtre, des menaces de violences physiques. Pour des mensonges, pour des calomnies… Marguerite, elle est au bout du rouleau, elle n’en peut plus, elle est en état de souffrance et de détresse émotionnelle… Et le monde n’en a rien à foutre.

Parce que vous comprenez, les hommes qui se sentent femmes souffrent tellement de pas pouvoir mettre un tutu pour devenir un petit rat d’opéra, avec toutes les autres jeunes femmes… C’est… Mon Dieu! Marguerite Stern ce n’est rien à côté de ça!

Vous vous rendez compte? Il y a une femme qui se fait menacer par des hommes parce que pour moi ça reste des hommes…

Je peux très bien dire que je suis une chaise, je peux très bien prétendre au monde entier que je suis une chaise, « Voilà je m’appelle Chaise Ferdinand, coucou c’est moi », vous allez me voir arriver dans la rue, vous verrez une femme.

Donc qu’on ne me fasse pas croire qu’un homme qui se prétend être une femme sans faire la moindre transition, sans faire le moindre « effort » technique médical, j’ai envie de dire, peut être pris au sérieux. De grâce. 

Donc Marguerite Stern, pour les gens qui ne connaissent pas, renseignez-vous sur son combat, sur son parcours.

Marguerite Stern, c’est quand même la première au monde qui a pris des feuilles de papier, qui a pris son pinceau de colle, et qui est allée gueuler sur des murs « ARRÊTEZ DE NOUS TUER ». 

Parce qu’on ne voulait pas nous écouter.
À la radio, à la télé, partout, PARTOUT. Personne ne voulait écouter les femmes.

Léo, rebelle du genre.

Marguerite, elle a pris son petit pinceau de colle, ou plutôt, son gros pinceau de colle, ses petites feuilles de papier et elle est allée le gueuler sur les murs : « ARRÊTER DE NOUS TUER, ON EST LÀ ET ON NE FERMERA PAS NOS GUEULES ».

Alors, je vais reconnaître que j’ai entendu parler de Marguerite, c’était bien évidemment par le collage. Je n’étais pas tout à fait d’accord avec elle parce qu’elle parlait, à mes yeux bien sûr, aussi d’écriture inclusive et elle ajoutait des petits « e » sur certains mots.

Et étant moi, une amoureuse de la langue française, de la langue de Molière traditionnelle, moi ça me défrisait, je me disais « Oh, hey, les filles, y’a quand même plus important que de foutre un « e » à la fin d’un mot, je veux dire, les collages sont peut-être plus importants… »

Bon.

Est-ce que pour autant j’ai envoyé des menaces de mort à Marguerite, est-ce que pour autant je l’ai insultée ? Est-ce que pour autant je l’ai menacée ? Est-ce que pour autant je l’ai harcelée ? Non. Je n’étais juste pas d’accord, juste pas d’accord avec le fait de foutre des « e » un peu partout, mais après tout c’était son droit et j’ai préféré me focaliser sur les collages et sur le reste de ses messages. En me disant « OK je suis pas d’accord avec toutes ses idées, mais y’en a qui sont sacrément utiles, d’intérêt public et je vais pas tout effacer juste parce que j’ai pas d’accord avec un truc. Ce serait complètement con, et en plus ça s’apparenterait à du fascisme »

D’ailleurs, je crois que le mot « facho » est le mot le plus prononcé de 2021.

Je pense que pour 2022 ce sera quelque chose en « phobe » ou en « iste »…

En tout cas, en 2021, c’était le mot facho et je vais rappeler aux gens que le terme fasciste, c’est d’imposer une idée, une pensée unique à une population. Vouloir imposer des idées qui sont menées par le transactivisme à tout le monde et que si ça ne passe pas, s’il y a un mot mal employé, comme pour JK Rowling, on est effacées de la société, gommées, interdites, bannies…

Cela s’appelle du fascisme Messieurs – Dames, enfin, pardon, Messieurs.

Léo, rebelle du genre.

Donc Marguerite, je n’ai peut-être pas été d’accord avec tout ce qu’elle disait, mais enfin à un moment donné, il faut savoir raison garder.

Elle a fait des choses exceptionnelles et savoir que là, c’est ELLE qui est malade à cause de toutes ces conneries, à cause de calomnies, à cause de, pardon, mais de tous ces cons… Et encore je n’ai pas trop envie d’utiliser le mot « con » parce qu’étymologiquement le con ça reste un vagin.

Donc de tous ces CONNARDS, on va dire plutôt, puisque le connard est un abuseur de cons, dans le langage fleuri d’une certaine époque… De savoir que Marguerite est dans cet état de souffrance actuelle, et qu’on s’en FOUT et qu’ils continuent de l’accabler… Pardon, je suis désolée… Mais allez tous vous faire… foutez-lui la paix! 

Marguerite est une femme, Marguerite est légitime, Marguerite est en France et en France il y a un petit truc qui s’appelle la liberté d’expression, le droit la calomnie, le droit au blasphème. Marguerite est légitime, foutez-lui la paix! Et allez-vous faire voir!  

Après, j’ai remarqué que le transactivisme avait aussi des conséquences sur la santé des femmes; puisqu’on ne parle plus de femmes qui souffrent d’endométriose – Coucou Konbini – mais, on parle de personnes qui menstruent. Bravo !

Vous avez trouvé ça tous seuls ? Mais c’est incroyable, il faut prévenir le monde !

Non non, ce sont les femmes qui ont leurs règles, qui menstruent. Ce sont les femmes. Qu’est-ce qu’une femme ? C’est une personne qui est née avec un utérus, et deux ovaires. Une paire de seins et un bassin, un peu plus développé que celui des hommes. Pour moi ça c’est une femme.

L’endométriose ne touche pas les hommes.

La femme qui se dit « trans-homme-machin » et qui souffre malgré tout d’endométriose… Désolée « cocotte », tu te prends pour un bonhomme, mais t’es quand même une femme qui souffre d’endométriose jusqu’à preuve du contraire et ça va te suivre jusqu’à la fin de ta vie parce que MÊME si tu changes de sexe, MÊME si tu fais des traitements hormonaux, t’auras forcément des emmerdes avec ton endométriose. T’auras forcément des problèmes avec ta féminité de naissance. Tu ne peux pas décider comme ça tout ça, il y a des femmes qui disent « Voilà, on est des femmes, et on souffre de… », tu ne peux pas décider pour elles juste parce que toi, qui je te rappelle si tu m’écoutes, est ultra minoritaire… Tu ne peux pas décider pour la majorité des femmes, ça n’est pas possible. Ça ne fonctionne pas, ça s’appelle de la dictature. 

Et toute cette façon de faire, ce processus, de vouloir invisibiliser, de vouloir faire taire, de vouloir dire « Non, nous sommes plus victimes que vous. Nous souffrons plus que vous. Vous n’avez pas le droit de… » arrêtez.

Arrêtez parce que, de une, vous vous rendez ridicules.

Deux, vous ne convainquez personne, ou seulement les gens « comme vous ».

Et de trois :

À quel moment dans votre vie vous avez appris qu’on pouvait être pédagogue en foutant des claques, en menaçant, en harcelant, en brimant ou en effaçant une personne?

À quel moment si vous avez un enfant dans  votre famille, qui vous dit « Non, je n’aime pas les petits pois ».

(Vous avez cuisiné des petits pois, vous y tenez à vos petits pois…)

À quel moment vous allez le tabasser et éventuellement filer sa photo sur des réseaux sociaux pour qu’elle tourne et qu’il en prenne plein la gueule? Juste parce qu’il n’a pas aimé vos petits pois.

Jamais dans votre vie.

Léo, rebelle du genre.

Enfin, je vous le souhaite…

Et encore, je ne peux même pas dire ça parce que moi, dans mon enfance, dans mon adolescence, dans ma vie de jeune femme, j’ai appris que quand on n’était pas d’accord avec moi, il fallait que l’homme dominant de la famille me tabasse… Pourtant, ce n’est pas un réflexe que j’ai quand je ne suis pas d’accord avec quelqu’un.

Je ne vais pas le tabasser, je ne fais pas ça.

Donc, vous avez envie de vous proclamer plus victimes que machin, ou autre?

Honnêtement, je vais vous dire, regardez-vous dans un miroir, et admettez-le :

Vous êtes un problème. Vous êtes toxiques.

Parce qu’à aucun moment, on ne règle une quelconque question sur laquelle on n’est pas d’accord avec des pratiques violentes. Qu’elles soient physiques ou psychologiques. 

Passons.

Je parle du fait que vous avez décidé d’être beaucoup plus victimes que moi.

Il y a des sujets sur lesquels je reviendrai peut-être tout à l’heure, sur lequel j’ai remarqué qu’en tant que femme cis, je devais juste fermer ma gueule parce que « Gneugneugneu, moi j’suis trans et j’ai plus de problèmes »

Attendez… On entend tellement parler de VOUS, vous foutez tellement la merde parce que JK Rowling ou que Marguerite ont dit un truc, entre autres, bien sûr, entre autres… Elles ne sont pas  les seules à se faire gommer de la société par vos bons petits procédés, qu’on ne parle même plus de véritables sujets.

Quand je pense à l’association, pardon, je vais peut-être écorcher le nom parce que je suis tellement en colère que je ne m’en souviens plus exactement, mais « Femmes Assassinées par Compagnons ou Ex »; quand je pense à cette association qui se prend des seaux de merde parce qu’elle a dit qu’en 2022, « tant de femmes ont déjà été assassinées par leurs compagnons ou ex ».

Et que vous êtes venus ramener votre fraise….

Parce que vous êtes TELLEMENT en manque d’attention… Visiblement, vous n’avez pas eu votre poney quand vous aviez six ans et ça vous a traumatisés….

Vous êtes tellement en manque d’attention que vous êtes venus dire « Mais c’est transphobe ! Il y a des trans dans le lot » NON ! L’association a énoncé des faits : dans les femmes qui ont été exécutées cette année par des hommes, il n’y avait pas de personnes transsexuelles.

Donc n’allez pas inventer de la transphobie.

Du coup, on a plus parlé du fait que vous ayez déclenché cette shitstorm, qu’on n’a même pas parlé une seule fois de l’histoire de ces femmes. Vous n’êtes même pas foutus de me donner le prénom de l’une d’entre elles.

Et vous vous dites plus victime « que » … ? 

On va parler d’un autre truc qui me révulse avec votre comportement.

Vous êtes tellement à fond, à parler de « Oui, les enfants peuvent avoir des troubles de l’identité du genre »… J’entends tellement parler de ça maintenant, que je n’entends absolument plus parler de pédopornographie.

Je n’en entends absolument plus parler !

Le documentaire, je crois que c’était en novembre ou en octobre, de Karl Zéro « 1 sur cinq » qui est sorti, et qui a été vu par plusieurs millions de personnes maintenant, qui a été obligé d’être déposé un peu partout sur des plateformes gratuites, tellement c’était un sujet avec lequel Karl Zéro voulait toucher absolument tout le monde… On n’en a parlé presque moins que vos jérémiades pensant que « Oui, mais regardez ce petit garçon, il met un serre-tête en forme d’oreilles de léopard et un tutu, regardez c’est une petite Lili ».  Rien à foutre. On ne sait pas, si ça se trouve dans dix ans le mec va faire une interview en disant « Ma mère était complètement folle ».

Arrêtez de transposer vos délires, arrêtez.

Parlez des vraies victimes.

Avant de me contredire, si ce podcast est partagé sur Twitter, et avant de commenter par m’en foutre plein la gueule (déjà essayez, vous perdrez votre temps parce que je m’en fous)… Mais avant de commenter, essayez de me citer le nom (et sans faire de recherche sur Google, attention, on va jouer un petit peu), citez-moi d’abord le nom d’une des femmes qui a été assassinée, exécutée, cette année.

Une victime. Citez-moi le nom d’une vraie victime.

rrêtez d’invisibiliser les victimes pour VOS causes. Arrêtez. Vous êtes en France. Techniquement si vous écoutez vous êtes en France, ou en Belgique.

Vous avez le droit de vous marier, vous avez le droit de changer de sexe, vous avez le droit de vous habiller comme vous voulez, de baiser avec qui vous voulez. Arrêtez de dire que vous êtes des victimes.

VOUS VOULEZ ÊTRE DES VICTIMES ?

Allez dans un pays extrémiste, faites-vous jeter d’un immeuble JUSTE parce que vous couchez avec une personne du même sexe, LÀ vous serez une victime.

Mais là, pour le moment, vous êtes juste…des pleurnichards. Des geignards. 

C’est tout ce que vous êtes et moi, ça me gonfle.

Ça me fout en rogne, que des gosses, que des petites filles, des petits garçons se fassent violer à tour de bras, que la justice n’ait même plus le temps de s’en s’occuper parce que vous êtes en train de faire la queue, littéralement, dans les commissariats pour porter plainte parce que « Gneugneugneu sur Internet il a dit que j’étais… » … Tais-toi. À ton tour de te taire. Tu sais quoi ?

Je suis une femme, et pour la première fois je vais te le dire, je vais te dire ce qu’on m’a dit toute ma vie… Enfin… Ce qu’on m’a fait comprendre toute ma vie, mais moi je vais te le dire :  FERME-LA!  

Léo, rebelle du genre.

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme, est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, que tu perçois un danger pour toi ou pour ton entourage ?

À titre personnel, non. Je n’ai pas été menacée.

J’ai déjà été insultée, on m’a déjà qualifiée, comme je le disais précédemment, de différents termes en « phobe » ou en « iste ». Mais non. Non. Je ne me suis pas sentie menacée. 

Par contre, j’ai souhaité témoigner de façon anonyme parce que je veux protéger mes collègues de travail.

Parce que dans tout militantisme il y a des extrémistes, et pour moi les transactivistes sont pour la plupart constitués d’extrémistes.

Et, de nos jours, il est très facile, à partir de peu de choses, d’obtenir suffisamment d’éléments sur la vie privée d’une personne.

De par mon travail, j’ai mon identité qui est publique, et je n’ai pas envie que… Alors moi, honnêtement, ils frappent à ma porte pour venir me casser la gueule, il n’y a pas de problème. Il n’y a pas problème, ça se règlera en justice : vous avez tabassé une personne handicapée, non seulement vous êtes des lâches mais encore plus ça va se régler en justice et puis, vous me permettrez de continuer les petits travaux de ma maison.

Il n’y a pas de souci là-dessus. Venez, je vous attends. 

Par contre, je n’ai pas envie qu’il y ait une shitstorm sur l’entreprise pour laquelle je travaille, je n’ai pas envie que mes collègues se prennent une shitstorm, je n’ai pas envie que mes collègues soient victimes d’agressions, de harcèlement, que mon entreprise soit « cancellée », puisque que c’est la meilleure chose, apparemment, la meilleure idée du siècle que vous ayez eue dans vos petites têtes.

J’ai envie de protéger mes collègues. Parce que vos techniques font peur.

Vos petites manies de dictateurs font extrêmement peur. 

On n’est pas d’accord avec vous ? Vous supprimez. 

Vous êtes prêts, au nom de vos idées, à faire perdre leur emploi à des gens, à leur faire perdre leur cadre de vie, leur sécurité et leur santé mentale (Coucou Marguerite, encore une fois).

Vous êtes prêts à aller jusque-là.

Et vous pensez sincèrement que j’ai envie de donner mon avis? Là, j’ai plutôt l’air en colère sur ce podcast, parce que ça fait longtemps que je ronge mon frein (sans mauvais jeu de mots). Vous pensez sincèrement que je vais vouloir donner mon avis en prenant sciemment le risque de mettre en danger mes collègues ? Qu’elles se retrouve voisine de chambre avec Marguerite ?

Non.

Donc si je témoigne de façon anonyme, ce n’est pas pour me protéger moi, parce que je n’ai pas peur, mais c’est pour protéger d’autres personnes. Parce que je sais que ces extrémistes peuvent aller très très loin. On l’a vu, on le constate et même si les médias n’en parlent pas, Dieu merci il reste des femmes pour ouvrir leur bouche. Heureusement.

Léo, rebelle du genre.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

J’ai déjà fait part sur différents réseaux sociaux de ma stérilité. Comme je disais, je suis atteinte du Syndrome des Ovaires Polykystiques, qui n’est pas forcément une stérilité complète, on peut en venir à bout à force de traitements compliqués : avec des injections d’hormones très régulières, et je ne déconne pas, je parle d’une trentaine d’injections sur deux semaines. Ce qui est quand même… Bon courage honnêtement, les femmes qui font ça : Big up à vous. Parce que vous en voulez.

Énormément.

Donc oui, on m’a déjà fait comprendre de me taire parce que j’étais malgré tout privilégiée  dans ma stérilité de femme « cis ». Et donc, en tant que femme « cis », je peux toujours facilement accéder à des facilités d’adoption, ou alors juste à claquer des doigts et hop ! Un médecin me fait tomber enceinte ! C’est tellement facile !

Léo, rebelle du genre.

Oui c’est sûr, c’est tellement facile comme je viens de le dire, de se prendre une trentaine d’injections en l’espace de deux semaines. Oui ça, c’est très facile.

La prise de poids, la perte de cheveux, les boutons, les bouffées de chaleur, les variations d’appétit, les variations d’humeur, c’est TELLEMENT rigolo ! On va toutes y aller ! 

Dans cette particularité médicale, j’ai la chance d’être née sans horloge biologique. Je n’ai jamais eu de désir d’enfant. Je ne suis pas childfree, à la base.

Je ne suis pas childfree parce que les enfants ça craint. Au contraire, j’ai un amour infini pour les enfants. Si je pouvais arrêter de bosser pour militer tous les jours pour la protection de l’enfance, assurément je le ferais. J’ai un amour infini pour les enfants et je n’en veux pas.

Je n’ai pas voulue tomber enceinte, faire des démarches pour tomber enceinte, tout simplement parce que (certains vont trouver ça un peu extrême), mais j’estime que ce monde est suffisamment en danger actuellement en termes de ressources, en termes de climat. 

Je n’ai pas envie d’avoir sur la conscience de mettre un être humain, un enfant, sur cette terre et que dans 20 ans, 30 ans il crève de soif, qu’il ne puisse pas boire un verre d’eau quand il en a envie ou se doucher quand il en a envie.

On ne sait pas ce qui va arriver à cette planète dans 30 ans et vu comme c’est parti, je ne suis pas très optimiste.

Cela m’a apporté des arguments, puisque quand j’annonçais de but en blanc que j’étais stérile et que je vivais très bien avec, c’était souvent accompagné de la petite appellation « Mais tu es un monstre ». Bah oui, une femme qui ne veut pas d’enfant, une femme qui ne ressent pas le besoin d’être enceinte… Ça n’existe pas. C’est impossible. Elle ne peut pas aimer les enfants, c’est monstrueux. 

Bah non, justement, je ne veux pas tomber enceinte parce que j’aime les enfants et que je ne veux pas mettre un enfant au monde dans un monde où il n’aura pas le droit de se dire « Moi je suis pleinement un garçon, je suis pleinement une petite fille » sans se prendre des seaux de merde.

Pardon, j’utilise beaucoup cette expression mais c’est la seule chose qui me vient en tête quand je vois les réactions que peuvent avoir certains militants, vis-à-vis des personnes qui ont juste envie de vivre leur vie sans être emmerdés et sans emmerder le monde. 

Donc oui, on m’a fait comprendre que de par ma situation de femme « cis », je n’avais pas à parler de ma stérilité parce que, tu comprends, les hommes qui se  définissent comme des femmes, eux, ils n’auront jamais de « facilités » pour tomber enceinte ou pour adopter…

Léo, rebelle du genre.

Pour adopter, j’en doute fort parce que l’adoption est ouverte aussi bien aux hommes, qu’aux femmes, aux couples homoparentaux aussi, si je ne m’abuse. Donc il n’y a pas trop de difficultés au niveau de l’adoption, mais soit.

Il n’y a pas de transphobie dans l’adoption, en résumé. 

Mais par contre sur le terme médical, je devrais me taire parce que j’ai des facilités et, eux, non. Je dis bien eux, je ne dirai pas elles, les concernant. Eux n’ont pas, le droit, ils ne peuvent pas… Bah oui mais, écoute mon gars, t’es pas Tu veux que le monde arrête de tourner ? Qu’on le mette sous une cloche et puis qu’on attende, je ne sais pas, qu’on te cryogénise le temps que tu te réveilles à une autre époque où peut-être, éventuellement… Ce n’est pas possible. Ça n’est pas possible. 

Alors peut-être que, au lieu de déployer une énergie folle à emmerder le monde pour faire valoir que tu ne peux pas, et ce qui ne sera jamais possible parce que ça s’appelle la vie, tout simplement, ça s’appelle la biologie, ça s’appelle la nature, c’est comme ça et puis c’est tout. Pourquoi tu ne garderais pas toute cette énergie pour entamer une thérapie et vivre avec, l’accepter.

Pourquoi être forcément dans la souffrance et dans la victimisation perpétuelle et permanente ? Je ne comprends pas ce schéma. 

Léo, rebelle du genre.

Les transactivistes sont des personnes qui vivent dans des sociétés occidentales qui sont très développées, dans des pays qui sont riches (en général), parce qu’on voit très peu de transactivistes dans les pays du tiers monde…

Parce que leurs priorités ne sont pas les pronoms pour les appeler, je ne sais plus, JIX ou je ne sais quoi, singulier pluriel, etc… 

Non, non. Ces personnes-là, quand elles sont dans le tiers monde, leur première priorité c’est de se soigner, de manger, de se trouver un toit sur la tête.

Arrêtez de vouloir vous faire les victimes plus malheureuses qu’eux, parce que ça ne marche pas. Ça ne passe pas, donc le mieux, LE MIEUX, c’est d’accepter votre condition.

Voilà, c’est pas de bol, « C’est pas de bol, je pourrais pas… », mais au moins ,réalisez que vous êtes quand même malgré tout dans un pays où vous avez le droit de le dire, parce que vous avez le temps et l’énergie pour le faire, parce que votre priorité n’est pas votre survie, parce que vous avez le droit, encore une fois, de vous habiller comme voulez, de vous appeler comme vous voulez, vous avez même le droit de changer de prénom, administrativement et encore une fois vous avez le droit de baiser avec qui vous voulez. 

Donc non, vous n’êtes pas des victimes, encore une fois, et arrêter de dire qu’une femme qui est stérile n’a pas le droit d’ouvrir sa bouche parce qu’elle a « des facilités » par rapport à vous.

On a tous des difficultés.

Et on a tous des facilités en France, en Europe ou aux États-Unis. Peut-être pour des questions raciales, de racisme, oui, effectivement il y des discriminations, ça c’est clair et ça c’est un vrai combat, et ça ce sont de vraies victimes.

Mais vous, arrêtez un peu, s’il vous plaît… Je ne suis pas d’accord. 

Si jamais la personne, ou plutôt les personnes, puisque vous aimez bien en général retweeter, pour que votre petite troupe vienne à plusieurs, sur l’agneau que vous avez ciblé, que vous avez en ligne de mire, vous vous sentez plus forts en général. Tout seul ça ne marche pas, tout seul vous gémissez, vous pleurnichez mais par contre une fois que vous êtes en groupe… Ah là, par contre, vous vous sentez forts.

Il y a un truc que j’ai remarqué avec les transactivistes : dès que je vais sur Twitter et que je vois d’ailleurs un profil qui commence d’abord par un drapeau… Il y en a tellement que je ne pourrais pas vous citer lequel, parce que je suis perdue ;  ou un pronom, je ne pourrais pas vous citer lequel parce que je suis perdue également, j’ai toujours remarqué qu’à chaque fois il y avait une petite allusion à une dépression nerveuse, ou un état dépressif.

C’est quand même « marrant », c’est assez « comique », victimes jusqu’au bout. 

Moi, je veux parler à ce petit groupe de personnes qui est tombé sur moi comme ça, pour me dire que j’avais de la chance…

J’ai DE LA CHANCE quand le peu de fois de ma vie où j’ai eu mes règles, ça a duré presque deux mois de façon hémorragique. À être carencée en fer. Ah oui! J’ai de la chance d’avoir été pliée en deux, avoir une bouillote devant, une bouillote derrière! À ne pas pouvoir bouger, prise de crampes et de vomissements…

AH MAIS QUEL BONHEUR ! Mais quel bonheur !

Incroyable !

Incroyable ? Ben non.

J’ai envie de dire à ces personnes que j’ai moins de chance que vous.

J’ai moins de chance parce que vous, vous êtes équipés de testicules, vous n’avez pas d’ovaires, vous n’avez pas de règles, vous n’avez pas de problème de ce genre-là.

Léo, rebelle du genre.

Donc… Honnêtement… Arrêtez, ça ne marche pas.

Ça ne marche pas.

Pas plus que le fait de mettre dans votre profil « Je suis iel machin X-je-sais-pas-quoi et dépressif ». Ça ne marche pas non plus. En tout cas avec moi ça ne marche pas.  Ça n’a jamais marché de toute façon. Donc, Arrêtez un petit peu d’emmerder les femmes qui sont stériles.

On est stériles. Moi je le vis bien. Mais il y a des femmes qui souffrent de ça. Il y a des femmes qui se font faire, effectivement, ce que vous appelez de la « facilité ».

C’est-à-dire piqûres, sur piqûres, sur piqûres d’hormones qui ont des variations de poids, le regard des gens qui change sur elles, aussi.

Et il y a des femmes qui sont au fond du seau.

Parce qu’après UNE tentative, car attention, dans votre « facilités » messieurs, de dire « Oui, il suffit de faire gneugneugneu, d’aller voir un médecin… » … Quand vous faites UNE tentative, après UNE cure, entre guillemets, d’injections, d’hormones et autres petits arrangements médicaux pour préparer votre corps et le conditionner à la grossesse, vous n’êtes même pas sûrs que ça prenne. Alors imaginez de dire qu’une femme qui est en ce moment du seau, parce qu’elle s’est non seulement bourrée d’espoir en pensant enfin devenir maman, qu’elle a été torturée médicalement pour que son corps puisse être apte à le faire, pour qu’au final ça ne marche pas. Et vous vous dites que vous êtes plus à plaindre qu’elles ? Mais vous êtes d’une indécence crasse, c’est pas possible. Mais, allez vous cacher. 

Vous savez quoi ? J’ai  envie de faire de la culture de la cancel-culture avec vous :

Allez-vous cacher. Parce que vous n’apportez rien à cette société et encore moins aux femmes. Vous êtes dangereux. C’est tout ce que j’ai à vous dire. Vous êtes dangereux. 

Et en ce qui concerne la GPA, vous êtes des barbares.

Le corps des femmes n’est pas une marchandise!

Léo, rebelle du genre.

Vous dites : « Oui mais les femmes qui acceptent la GPA sont consentantes ». Allez proposer la GPA à une femme sans rémunération, vous allez voir. Cherchez-le son consentement. Cherchez-le.

C’est comme une prostituée, vous lui proposez d’avoir une relation non tarifée, en arrivant comme ça avec vos cheveux gras et vos allures dégueulasses, vous allez voir si elle va être consentante.

Arrêtez de rêver. Arrêtez de marchander le corps des femmes. On n’est pas des objets. On n’est pas des poupées Barbie dans lesquels vous pouvez mettre un bébé, le retirer, mettre un bébé, le retirer… Ça n’est pas possible. Je voulais ajouter aussi :

La GPA c’est quand même également neuf mois de grossesse. C’est quand même la séparation entre une mère et un bébé, son bébé, qu’elle a porté et c’est aussi bien plus compliqué que de se tripoter la nouille pendant deux minutes pour éjaculer dans un petit pot.

Léo, rebelle du genre.

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Oui !  Je voudrais revenir sur ma bisexualité et sur le fait que je sois devenue, aux yeux de cette société, un fantôme. 

En tant que bisexuelle on m’a déjà sous-entendu qu’il y avait un petit peu de de phobie de genre, là-dedans, parce qu’entre bisexuelle ça veut dire que je ne peux avoir de l’attirance sexuelle que pour des hommes ou des femmes… Oui mais désolée, non, je ne peux pas avoir une attirance sexuelle pour une chaise. Ça n’est pas possible. Encore moins pour une pastèque. Pour moi… c’est non. Je peux être attirée par un sexe masculin ou un sexe féminin, y’a pas de souci mais il n’y a pas d’entre-deux. Ça n’existe pas.

Donc je suis bisexuelle et j’aimerais bien qu’on arrête de faire de moi une méchante réactionnaire et faire de moi quelque chose de transparent, juste parce que je ne colle pas avec vos délires. C’est complètement grotesque.

Je voulais aussi rajouter aux femmes que je suis bisexuelle, je suis en couple depuis 12 ans avec ce que certains vont appeler un homme déconstruit. Et je voulais dire aux femmes que l’homme déconstruit n’existe pas. L’homme déconstruit c’est un homme normal. L’homme déconstruit c’est un homme qui ne va pas se gaver de porno. Ou même avoir une quelconque attirance pour le porno. Un homme qui a de l’attirance pour le porno, moi je n’appelle pas ça quelque chose de très sain. De très net. 

Alors il y a ce qu’on appelle maintenant de nos jours du « porno éthique », etc.

Mais, excusez-moi, le green washing etc… Ça existe. Alors qu’on ne me fasse pas croire que le porno washing n’existe pas non plus. On va arrêter cinq minutes de faire passer tout le monde pour des héros.

Non. Mesdames, si vous avez un compagnon, même Messieurs, en fait, mais surtout Mesdames : si vous avez un compagnon qui vous impose des rapports sexuels, ou qui vous disent « Allez s’il te plaît, j’ai envie » « Allez, s’il te plaît, on ne l’a pas fait depuis deux jours » « Allez, s’il te plaît ce sera rapide » … Non il n’y a pas de « S’il te plaît ». Ce n’est pas normal. Ce n’est pas un homme, ça. Je n’appelle pas ça un homme.

Combien de fois des gens m’ont déjà dit que mon mec était probablement… Je vais le dire mot pour mot : « PD », voire tordu, parce qu’il n’est pas porté sur toutes ces questions de pornographie et de clichés sexuels qu’on véhicule sur les hommes.

Donc, vraiment, Mesdames, si vous avez un bonhomme dans votre vie qui vous fait faire des choses ou qui vous tient un discours disant « Tous les hommes… ». C’est pas vrai. Ça n’est absolument pas vrai. Et j’ai qu’une chose à vous dire : partez. Même si ce n’est pas du jour au lendemain, mais préparez votre départ. Il y a des tas, et des tas, de moyens en France pour s’en sortir.

J’ai été mariée par convenance, dans ma famille, et au bout de six mois, j’ai réalisé que ce n’était pas une obligation. Je n’avais pas à me faire tabasser. Je n’avais pas à me faire violer.  Je n’avais pas… non.

Non, j’étais France. J’avais juste à prendre mon sac et à repartir de zéro et c’est ce que j’ai fait.

Alors certes, c’est dur et j’ai eu la chance de ne pas avoir d’enfant, parce que c’est plus compliqué dans ces cas-là, mais il existe quand même des personnes et des structures en France qui peuvent vous protéger et vous sauver. Et ne vous sentez pas, NE VOUS SENTEZ PAS, transparentes parce qu’on vous dit « Oui, mais les trans ceci, les trans cela ». Arrêtez.

Ne vous sentez pas coupable, NE CULPABILISEZ PAS. Vous êtes des femmes, ça fait des siècles qu’on en chie et il est temps de dire merde.

Léo, rebelle du genre.

Pour conclure, je voulais absolument passer ce mot aux femmes qui peuvent m’écouter en vous disant que vous êtes beaucoup plus fortes que ce que vous ne le croyez et n’écoutez pas tout ce qu’on vous dit, ne pensez que par vous-mêmes, vous savez ce qui est normal ou ce qui ne l’est pas, pensez-y. 

Et j’ai envie d’avoir une petite note de fin… Comme quoi, vous avez finalement eu toute l’attention dont vous vouliez mes gros bébés, hein ?

J’aurais une petite note de fin pour les transactivistes qui décideront, peut-être, de chercher qui je suis, de voir où est-ce que je suis en Bretagne, comment elle s’appelle pour de vrai, où est-ce qu’elle travaille, qui elle est… Juste pour me menacer.

À ceux qui sont en train de commencer à préparer leurs tweets pour me tomber sur la gueule, je vais vous le dire encore une fois : je n’en ai strictement rien à foutre. Déjà, vos complaintes, vos jérémiades, allez-y avec vos mots en « iste » et en « phobe », je m’en branle ! Parce que si moi je suis transphobe… Mais alors vous, qu’est-ce que vous êtes ? Vous êtes des monstres. Voilà ce que vous êtes. 

Mais, je ne veux pas finir sur vous. Vous ne le méritez pas. Dégagez. Cachez-vous, vous êtes vilains ! 

Je vais finir sur Marguerite Stern. 

Marguerite, on ne se connaît pas personnellement mais… j’ai appris à ne pas être d’accord mais, j’ai surtout appris à être d’accord avec toi et avec ton combat.

Je suis estomaquée que tu sois obligée de te cacher, de te réfugier et d’être soignée juste pour avoir ouvert ta bouche pour dire la vérité.

Et de savoir qu’on est capable de faire ça à une femme juste parce qu’elle ouvre sa bouche pour parler de notre condition de femme… Me dire « Voilà on en est là. ON EN EST LÀ ??! ».

On est obligées d’aller dans des hôpitaux psychiatriques, on est obligées de se cacher, on est obligées de témoigner sous de fausses identités ?

Il y a même des co-participantes à ce podcast qui ont transformé leur voix, qui ont vu leur témoignage LU par une autre intervenante… par sécurité… ON EN EST LÀ ??! EN 2022 ??!

Léo, rebelle du genre.

Non non non, les filles, non non non. Vous savez quoi ? C’est mort. C’EST MORT !

Nous remercions Léo pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

Marian, rebelle du genre.

Je m’appelle Marian Lens, je suis sociologue et activiste lesbienne depuis la fin des années 1970.

Marian, rebelle du genre.

Je suis née en 1959 et j’ai maintenant 62 ans.

Je vis à Bruxelles, donc en Belgique et j’avais 19 ans quand j’ai fui, quitté ma famille. Donc j’ai payé moi-même mes études universitaires puisque jeune adulte, j’ai dû partir pour un peu sauver ma peau et depuis ce moment-là, donc, je suis très fort engagée en tant qu’activiste lesbienne.

J’ai fait partie des archives lesbiennes, les deuxièmes archives lesbiennes au monde qui s’appelaient les Lesbiannaires en 1980.

Marian, rebelle du genre.

De 1985 à 2002, j’ai fondé et tenu la librairie lesbienne Artémis, librairie que beaucoup connaissent aussi en France puisque chaque année, j’allais au très grand festival ciné-club qui s’appelait Cineffable et qui est devenu le grand festival international de film lesbien que l’on connaît. Nous avons vécu pendant 18 ans, ce qui est une des plus grandes longévités de librairies féministe.

Dans le monde féministe en moyenne, c’est 3 à 5 ans.

À une époque on nous disait : « Oh là là c’est suicidaire ce n’est qu’une utopie, tu es folle! »

Mais la folie peut amener beaucoup à des voies de créativité … et c’est comme ça qu’on change  le monde, aussi!

Actuellement j’ai relancé une association lesbienne qui s’appelle L-Tours depuis 2012-2014 et là je le fais par une voie, qui a l’air moins politique mais qui ne l’est pas du tout moins, donc de donner par l’histoire « herstory/history », comme on dit en Anglais, l’histoire de lesbiennes, des femmes et du mouvement général, comme on dit actuellement « LGBT » ce qui me permet moi, d’utiliser cet angle là pour parler du général et de notre histoire qui n’est évidemment jamais reproduite ou rarement, ou à titre exceptionnel, ou anecdotique.

C’est un outil très précieux et très politique finalement.

Entre-temps, nous organisons aussi des conférences qui sont enregistrées et mises sur le compte YouTube et nous avons lancé depuis 2019, fin 2019, un site sur lequel nous retranscrivons des articles qui ont été réalisés dans le passé ou actuellement, qui expliquent l’histoire des mouvements lesbiens féministes, tous les débats qui sont vraiment des analyses de fond sur les questions d’identité, les nouveaux masculinismes, dont nous parlerons notamment dans ce podcast-ci.

Je suis issue d’une famille très traditionnelle, très catholique, très « hétéro sociale » et la seule différence qu’il y avait pas entre mon frère direct et moi, à qui je ressemblais très fort physiquement (il y avait à peine une année différence) …

Là, j’ai vu tout de suite le monde de différence qu’il y avait entre les garçons et les filles.

Il y a les garçons et leur monde de possibilités alors que moi, je n’étais qu’une fille… Aucun horizon ne m’était permis en tant que fille.

C’était une famille très très très conventionnelle donc les filles étaient plutôt les esclaves de la famille, c’était nous qui n’arrêtions pas de travailler. Faire la vaisselle,  à manger, s’occuper de tout, accueillir les familles élargies (en Flandre les familles sont avec  énormément d’enfants donc on passait [le temps], plutôt que de jouer, voilà on travaillait).

Ma mère était particulièrement abusive et conservatrice, elle  était misanthrope, antisémite aussi et extrêmement sexiste. Et c’est il n’y a pas si longtemps, il y a quelques mois, que j’ai appris qu’en réalité elle n’avait pas envie de fille, elle n’aimait pas les femmes. Et ça je ne l’avais jamais su.

Si j’avais su, je serais partie encore plus tôt que mes 19 ans je crois… Cela explique énormément de choses sur le fait qu’on n’existe pas en tant que fille et que nous n’avons aucune perspective d’avenir en tant que telle.  Ca expliquait aussi mes colères et ma rébellion. Quand j’étais enfant j’étais très révoltée, très rebelle, à la fois très soumise comme beaucoup de filles… Je restais quand même assez rangée je crois, puisque bon… On me choisissait généralement comme déléguée de classe aussi, comme j’étudiais facilement.

Et en même temps je portais les révoltes.

Marian, rebelle du genre.

Donc tout ça c’est toujours resté, cette notion de devoir changer les choses, que la vie n’était pas juste, qu’il y a beaucoup d’injustices.

En même temps je me rendais compte, par rapport à des copines de classe que, alors que pourtant j’étudiais facilement, quand j’expliquais que je devais lire en cachette, les gens étaient ahuris. Mais c’était ma réalité : en réalité, le seul endroit où on me foutait la paix, c’était les toilettes ! Je connais une autre amie, sociologue,  qui a eu la même situation. On n’avait pas le droit de perdre notre temps, et très souvent, je lisais mes ouvrages scolaires là-bas. Ce qui est hallucinant quand on y pense ! Mais voilà ça montre aussi que, même si on est dans des situations impossibles, on trouve toujours des manières de continuer à rêver de savoir qu’un jour on pourra changer les choses. Et moi c’était ça qui me stimulait.

Par rapport à l’identité, donc j’étais cataloguée fille, oui voilà. Je ne voulais pas être un garçon. J’avais déjà cette notion que ce n’était peut-être pas une évidence, même si je peux mieux l’expliquer évidemment maintenant.

Je ne voulais pas devenir une femme. ça c’est quelque chose qui est venu très tôt donc quand j’étais enfant, jeune adolescente. J’étais constamment humiliée, freinée en tant qu’enfant, mais c’est surtout l’adolescence que ça n’a fait qu’empirer. Quand mes seins, ma poitrine s’est mise à se développer. Et pourtant, franchement, j’étais une maigrelette, ça ne se voyait pas trop. Les blagues graveleuses et vicieuses ont commencé à émerger de plus en plus au sein de la famille et en dehors. Les tentatives d’attouchements, enfin je n’apprends pas grand-chose à beaucoup de femmes… et par réaction de défense, j’ai fait de l’anorexie. À l’époque on appelait ça un anorexie nerveuse. Pour moi c’était tout sauf nerveux :  c’était conscient. Je ne voulais pas de seins. J’avais remarqué que ça faisait diminuer les agressions aussi.  Et j’ai arrêté parce qu’on m’a menacée de me nourrir de force.

 Je crois que ce n’est pas un hasard que ce que j’ai choisi, c’est la sociologie. Parce que je voulais comprendre le monde. Et je crois que ce n’est pas un hasard si le sujet de mon mémoire de master, à la fin des années 79, début des années 80, est devenu un sujet de remise en question de ce qu’on appelle maintenant la théorie du genre, enfin la remise en question des constructions de l’élaboration des catégories homme/femme.

Ca a été d’ailleurs le premier mémoire universitaire qui a été fait sur le sujet, vous imaginez on est en 1980, le titre était « Perspectives d’analyse de l’idéologie la différence dans un système hétéro patriarcal. »

Marian, rebelle du genre.

À l’époque ils n’avaient jamais entendu ça, vous imaginez bien !

Le fait que déjà dans cette université, (c’était l’université libre de Bruxelles, qui était considéré comme laïque, qui l’est, de philosophie) et qui n’était en fait abonnée à aucune revue féministe à l’époque ! Il y avait d’autres universités, très peu qui l’étaient, à des revues scientifiques féministes américaines, mais ce qui n’était pas du tout le cas à Bruxelles. Donc pour eux c’était vraiment déjà hallucinant. Non seulement de venir avec un sujet féministe en soi, mais en plus de remise en question de l’hétérosexualité ! Ca, c’était du jamais vu, du jamais entendu.  Et la construction, puisque je parle de l’idéologie de la différence, la construction des notions dites de sexe à l’époque (actuellement on parle plus de genre, mais bon, c’est du pareil au même), c’est la création des notions, des concepts et des réalités homme/femme.

Et l’idée  aussi à une autre imposition : l’hétérosexualité, donc tout le système hétéro social. Là-dedans, je développais aussi que c’était une oppression, que ce n’était pas juste des discriminations, que  c’était tout un système social, économique et politique qui était basé sur une binarité inventée. D’ailleurs le mot « sexe » vient de secare, qui veut dire séparer, et ça je le développais dans ce qui était en réalité déjà un début de doctorat. Et que la création de genres « homme/femme » à l’époque on disait bien deux sexes, c’était évident, était imposée par un ciment : c’est que le sujet dominé, donc les femmes, devait aimer leur oppresseur par l’hétérosexualité.

La construction sociale autour de l’hétérosexualité imposée comme conditionnement. Et tout ça c’était beaucoup trop…

Donc ce qui s’est passé, c’est qu’évidemment tout le monde était quand même impressionné, puisque le professeur sentait bien l’analyse qui était derrière  (et aussi des assistantes qui étaient des femmes, qui n’osaient pas dire ouvertement qu’elles étaient féministes, mais qui se reconnaissaient en partie dans ce genre d’analyse). Et au lieu d’avoir un jury de trois personnes, trois professeurs, il y a eu là une dizaine, une douzaine de personnes qui se sont déplacées pour venir écouter le « débat du siècle » qui était très houleux, comme vous pouvez l’imaginer.

L’hostilité, à l’époque, était très directe. Donc on avait des insultes énormes aussi de la part des professeurs et c’était très très tendu.

C’était post 68, on est presque 10 ans après. Mais les remises en question fondamentales ne passaient pas bien sûr au niveau de l’université et tout le monde sait aussi que la libération dite sexuelle des années 68, c’était une libération pour les hommes qui avaient alors un accès absolu aux femmes.

Marian, rebelle du genre.

Alors oser dire ça, évidemment, ça ne passait pas du tout. Mais venir avec un système d’analyse qui remettait tout en question, ça c’était du jamais vu et la riposte a été violente. Ils n’ont pas pu arrêter le master, ils n’ont pas pu ne pas me donner mon diplôme mais par contre on m’a bloqué toute possibilité de pouvoir faire de la recherche, du travail de recherche, ou de professorat, dans le milieu académique universitaire alors que tous mes profs du secondaire m’y voyaient… et pour moi, c’était un petit peu mon rêve : changer le monde par là, par les études les plus développées… parce que vraiment, j’y croyais. Je pensais vraiment que ça allait pouvoir être possible.

Et c’est ma révolte qui m’a aidée. Puisque j’étais tellement en colère de m’être rendu compte que mon professeur n’avait même pas lu mon travail, qu’il avait fait lire par son assistante, parce qu’il n’allait quand même pas perdre son temps avec ce genre de sujet…. C’était révoltant, voilà ! Mais bon, c’était la réalité dans les début des années 80. Il ne faut quand même pas oublier que 40 ans plus tard, c’est-à-dire il y a quelques années,  j’ai essayé de revenir avec ce sujet en me disant, quand même, presque un demi-siècle après, ça devrait être possible. Eh bien non. Et surtout pas non plus dans les milieux dits LGBT. Non plus ? Ce sont des sujets qui font toujours peur. Par exemple, à trois autres reprises, j’ai été censurée les dernières années rien que sur la possibilité d’en discuter, avec un titre aussi – me semblait-il- neutre que « Pour une abolition des catégories dites sexe ou de genre, et pourquoi pas ? » Eh bien, trois fois censurée. Donc ça montre, effectivement, que, un demi-siècle après, 40/50 ans après, on n’y est pas encore vraiment, et pour cause. En Belgique les Master de genre ne se sont développés qu’ il y a quelques années, donc finalement, historiquement c’est extrêmement tard. Quand on y pense, on est déjà au début du XXIe siècle. Il y a eu, rien qu’au XXe siècle, plusieurs mouvements féministes : les suffragettes au début du 20e, les deuxième et troisième mouvements féministes à la fin du siècle passé, et on en est au début du 21e, et on en est encore toujours là finalement. De ne pas pouvoir aller à la racine des choses, de faire des analyses radicales, parce que c’est de là  que vient le mot radical, les analyses lesbiennes radicales, les analyses féministes radicales, ça veut simplement dire (et c’est bien sûr tout un programme) « aller à la racine des choses, vouloir comprendre jusqu’au bout ce que cela veut dire ». Eh bien voilà il y a encore énormément de choses,  quelque part, sur ce plan-là, sur la remise en question des civilisations, on n’en est qu’à la Préhistoire.

On est dans une époque très forte dépolitisation, il faut le dire. Donc on redevient un peu minoritaire, quand on vient avec des analyses « qui osent » remettre en question un fonctionnement social et politique, c’est redevenu aussi percutant, quelque part, que dans les années 60, 70, 80 et 90 etc. Sauf que c’est différent à chaque époque. Il y a évidemment les difficultés intrinsèques et les positivités. Pour moi par contre, ce que je vis, c’est qu’on me demande de plus en plus, de pouvoir lire mon Master, pour la première fois, alors que jusqu’à présent, personne ne voulait en entendre parler, vraiment personne, très peu. Et là je sens vraiment un changement réel, donc on ne doit pas sous-estimer c’est simplement ça que je dis. C’est qu’ en réalité je crois qu’on est dans une période politique où nous sommes nettement plus fortes qu’il y a 40 ans et qu’on nous le fait bien sentir, qu’on essaie de tout faire pour faire taire.  Et ça, on ne doit pas le sous-estimer.

Il ne faut pas que nous sous-estimions notre force.

Marian, rebelle du genre.

Moi, je suis de cette génération qui n’a pas arrêté. J’ai cette chance de pouvoir parler de mon histoire, c’est quand même très nouveau, historiquement ! Et je tiens bien à le faire.  Même s’il y a eu pour ma part dès la fin des années 90 début des années 2000 un burnout politique réel, comme beaucoup de ma génération… Eh bien nous sommes là ! Nous sommes beaucoup, de retour ! Certaines sont toujours restées et il y a cette nouvelle génération, de tous âges.  Quand je dis ça, c’est des nouvelles générations de toutes origines culturelles qui se retrouvent maintenant … et veulent parler de ça. Mais n’osent pas, la plupart du temps parce qu’ il y a cette contre-offensive, ce backlash, ces conservatismes qui sont là.

Et des nouveaux masculinismes… Mais il fallait s’y attendre, avec des moyens énormes, et nous sommes dans cette période politique du meilleur et du pire. Sauf que je crois, et ça c’est ma conviction,  c’est qu’il y a un peu plus de meilleur que de pire. Certainement dans nos contrées à nous, si on les compare à d’autres. Franchement ne fût-ce qu’évoquer le fait de revendiquer des choses, en tant que de fille ou femme, qu’est-ce que ça dit ? Ici nous sommes quand même dans une période où nous pouvons nous exprimer, même si nous subissons beaucoup de répression et de violence. Il faut quand même relativiser et savoir que, au contraire, nous avons acquis et atteint beaucoup de choses, et que nous sommes dans une phase historique de grosse lutte de nouveau, très frontale, et il fallait s’y attendre… donc moi… j’en ai tellement vécu, de hauts et de bas, et c’est ça que j’explique aussi dans mes parcours. C’est un parcours en dents de scie mais tant que quand on monte avec la main, tant que la courbe  médiane, la main monte, en dents de scie, ça veut dire qu’il y a une progression.  Et cette progression-là existe, il ne faut pas la sous-estimer. Il faut vraiment croire en nos forces, et il faut continuer.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie du genre est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, et pourquoi pas, pour notre démocratie ?

Pour tout ça en fait, elle est très dangereuse. Pourquoi?

Parce qu’elle passe sous silence l’oppression des femmes par les hommes. En prétendant avoir une approche scientifique ces “académiciens et académiciennes” n’ont cherché qu’à aseptiser complètement la question. Et il y a là, un véritable déni d’oppression.

Ce déni est un mot très fort, parce que l’on en plein négationnisme, parce que ce que l’on constate actuellement c’est qu’il y a beaucoup de d’études académiques qui sont tout à fait référencées et qui pourtant, donc, nient le fait que il s’agit bien d’un d’un système d’oppression, parce que quand il y a un tel niveau de discrimination, avec autant de violence (je parle des viols qui vont jusqu’aux féminicides, qui sont considérés encore toujours comme des faits divers, comme faisant partie d’une sorte de nature), il y a quelque chose qui ne va pas.

Quand on parvient à reconnaître le racisme, le fait de trouver le prétexte de couleur de peau d’origine culturelle pour ancrer des différences très graves qui vont jusqu’à l’esclavagisme… et qu’actuellement le reconnaît… le fait que quand il s’agit de ce qu’on appelle “les femmes” ça passe sous silence… on relativise et on banalise ce taux de violence qui qui est le plus élevé qui existe… Eh bien c’est très grave. Parce qu’on va nier des réalités pour une masse de personnes, et on va nier aussi que des mécanismes… par exemple la gestation pour autrui un qui révèle en fait un niveau de violence énorme qui renaît… De véritables traites contre les femmes et les enfants! Mais de banaliser ça à des choix personnels et individuels, c’est en fait faire du révisionnisme et du négationnisme.

C’est ne pas reconnaître les choses telles qu’elles sont. Et nous en sommes toujours là.

D’ailleurs dans le monde académique, il faudrait un nouveau mai 68 ! Sauf qu’il faut mieux que ça parce que Mai 68, c’était plutôt une libération de la sexualité pour les hommes, mais pas pour les femmes.

Marian, rebelle du genre.

Le mouvement #MeeToo a montré qu’une masse de femme qui n’osaient pas se dire féministes ont enfin osé faire le pas,  il montre à quel point ce taux de violence est redevenu très, très fort. 

Qu’il n’est plus possible d’invisibiliser ce qui se passe. 

Beaucoup de femmes l’ont compris et le disent. Même celles qui n’osaient pas se dire féministes. Sauf que ce n’est pas suffisant.

Parce que nous sommes de nouveau, pour nous, les femmes, dans une situation politique de backlash. Qu’est-ce que ça veut dire?

C’est un contexte actuel, social, politique et économique, c’est un véritable retour en arrière. Et le COVID, malheureusement, va accentuer ça. Il l’a déjà fait.

Ce sont toujours les plus “minorisées”, et on peut mettre franchement au féminin, qui sont les plus touchées. Et actuellement, c’est ce qui est en train de se passer. Si ça va mieux pour une couche, une certaine couche préservée d’hommes et de rares femmes, ce n’est pas le cas de la majorité.

Donc on peut  toujours parler d’un phénomène de minorisation de ce groupe social qui est le plus grand qui existe, celui des femmes… Des enfants qui, à la naissance, ont été catégorisés, estampillés comme telles :  des filles et des futures femmes. Ce n’est pas un choix, c’est quelque chose qui est imposé à un petit être, un petit amas de cellules.

On va créer deux catégories tout à fait arbitraires, comme le racisme, en trouvant prétexte dans la nature pour créer des différences. Et là, en l’occurrence, c’est ça : on écarte les jambes de ce petit corps tout à fait innocent, et on va décider : « Ah, on fait deux boîtes, hop : garçon ou fille ». Et on hiérarchise ces boîtes. Parce qu’elles ne sont pas l’une à côté de l’autre.

Il y a une boîte en dessous et l’autre au-dessus, et la boîte au-dessus, évidemment, est la boîte qui a tous les privilèges.

La boîte du dessous, est la future boîte contenant ces petits êtres qui vont devoir servir la boîte supérieure… Donc, ce n’est pas un choix.  Le choix c’est de refuser de continuer à rester dans ces boîtes.

Marian, rebelle du genre.

Quand on parle de boîte, ça montre bien les limites.

On ne peut pas se déplacer, aller d’une boîte à l’autre, non, non! C’est un système social imposé. On ne fait pas ce qu’on veut.

Et quand on explique ça de manière très imagée, c’est réel!  Il y a des milliards d’êtres humains, mais il n’y a que deux boîtes. C’est d’une violence énorme évidemment.

Et actuellement, en ce début de XXIe siècle on prétend qu’on peut choisir… Mais depuis quand on choisit une oppression? Personne ne le fait! Une oppression, s’il y a  bien quelque chose qui est imposé, c’est une oppression! Les petits êtres appelés filles, qui ne voulaient pas être là, et qui vont devoir servir les êtres supérieurs que sont les hommes, n’ont pas le choix! 

Après on peut choisir de déconstruire, en attendant c’est tout un système de conditionnement très violent… D’ailleurs le mot “éduquer”…  si c’était naturel il ne faudrait pas éduquer! On va éduquer ces futurs êtres, vraiment faire tout pour qu’elles, et ils, restent dans leur boîte respective. Et ça s’appelle l’éducation. Le mot, comme le mot sexe “secare” qui veut dire séparer, éduquer vient de “educare”  qui veut dire “redresser ce qui est tordu”. Donc quand on sait ça, c’est un fameux programme! Et on comprend toute la violence qu’il y a là-dedans. 

On comprend aussi tous les mots qui stéréotypent comme “garçon manqué”… Il faudrait savoir : si on est une fille qu’on appartient “naturellement” à cette boîte-là, eh bien il ne faut pas éduquer : on est “naturellement” cette chose qu’on est censée être. Le fait qu’on doive éduquer et par après, avec des systèmes punitifs extrêmement graves (qui vont jusqu’à aux sanctions économiques,  quand on voit les  salaires ce sont des sanctions économiques, il ne faut pas oublier ça), pour rappeler l’asservissement, pour rappeler les différences qui ont été créées de toutes pièces, et surtout maintenir la catégorie soumise dans une situation économique de soumission. Parce que moins vous avez de moyens, plus c’est difficile de se révolter, d’exiger la même chose… 

Nous en sommes toujours là. Donc quelque part, c’est hallucinant… On est en début de XXIème  siècle et qu’on doive encore toujours essayer de prouver ces réalités violentes-là… de prouver que le faite qu’on tue un être parce qu’elle est une femme, c’est du féminicide et c’est d’ailleurs les féministes qui ont inventé ça, cette notion d’être tué par ce que femme, ça a été créé  en 1976, lors d’une très grande rencontre mondiale, la toute première, qui s’est d’ailleurs passée à Bruxelles. Il y a eu des délégations de 40 pays de femmes qui sont venues avec ça, en disant que non, il n’y a  rien de moins naturel, que c’est construit, c’est une violence. La violence imposée d’hétérosexualité c’est une violence, lors du tribunal des crimes contre les femmes.

Donc quand on pense que ça va faire un demi-siècle que ça été dit … et que c’est toujours pas reconnu au niveau des politiques des pays dits démocratiques européens…  c’est hallucinant.

Par exemple, en Belgique, on reconnaît le fait d’avoir été tué, agressé,  tué en parce que homosexuel c’est un fait aggravant, au niveau du pénal. La Belgique n’a toujours pas reconnu le fait d’être tuée en tant que femme comme un même type de violence. Parce que c’est ça que ça veut dire…

Marian, rebelle du genre.

D’ailleurs, nul part dans le monde. Il y a un seul pays qui commence à le reconnaître et c’est nouveau.  C’est hallucinant et ça montre à quel point on est très en retard à ce niveau-là.  Et donc oser venir et dire que non, le genre c’est une c’est une approche complètement aseptisée, inacceptable d’un phénomène de violence aussi grave. Ça ne va pas,  on ne peut pas l’accepter.

Actuellement oui on constate qu’on est dans un retour des masculinismes et de nouvelles formes, extrêmement agressives : les intégristes trans qui sont minoritaires,  sont en fait très très forts politiquement. Ils font très peur et réussissent à s’imposer dans les milieux académiques  mais aussi politiques. Et ça je connais peu… je ne connais aucun Etat où ce n’est pas le cas. 

Donc ils sont… Les mouvements LGBT sont devenus beaucoup plus réformistes,  voire conservateurs,  et ont des ailes extrêmement conservatrices. Mais on ne voit jamais l’intégrisme, quel qu’il soit, (ici, par exemple, trans) comme étant en fait, finalement, un mouvement extrêmement masculiniste, extrêmement ultraconservateur.

Qu’est-ce que ces mouvements? Eh bien on le sait  : ils sont foncièrement anti femmes, ces pauvres petits êtres qui n’ont pas choisi d’être catégorisées comme ça. Eh bien, il y a cette haine de ces êtres soumis. D’autant plus quand ces êtres se révoltent. C’est le cas des féministes.

Donc,  évidemment, ces mouvements intégristes sont foncièrement antiféministes, profondément sexistes, profondément  lesbophobes aussi. Pourquoi? Parce que ce sont celles qui leur échappent le plus. Il ne faut pas oublier que ce sont celles qui ont refusé d’aimer des hommes, en n’aiment “que” des femmes (entre guillemets le “que”). C’est comme ça que eux le perçoivent et c’est pour ça aussi par exemple que dans certains pays les lesbiennes sont particulièrement torturées, jusqu’au meurtre, assassinées parce que les femmes les plus libérées à leurs yeux. C’est la haine de ces êtres qui sont à leurs yeux nées pour servir et être asservies, et voire pourquoi pas pour qu’ils puissent s’en amuser jusqu’à les torturer et pourquoi pas les tuer, finalement c’est quand même un droit absolu.  

Donc c’est ça qu’il ne faut pas sous-estimer : ce sont des personnes qui sont fondamentalement haineuses. 

Et nous, notre force, c’est que nous pouvons expliquer et développer ça. Et on ne doit pas sous-estimer effectivement ce qu’on va provoquer chez eux. Et c’est ça qui se passe, en fait : on subit un niveau de haine à un degré ultime, complètement décomplexé,  et ça c’est par contre … Ce n’est pas nouveau, la haine, la répression des femmes : il suffit de voir Boko Haram, c’est ce qu’il s’est passé. L’enlèvement, l’esclavagisme, et puis tuer des esclaves… ça n’a aucun sens, si ce n’est de servir comme instrument de peur, pour bien montrer : « écoutez, si vous n’écoutez pas, je vais aller jusque-là »…

Ça fait peur, et ça marche très bien! D’ailleurs la plupart des femmes le savent très bien, c’est à leur risques et périls si elles sortent la nuit, si elles sortent dans des endroits considérés comme des lieux majoritairement pour les hommes, mais eux le savent très bien, nous sommes toujours dans ce monde-là, toujours dans un monde qui ne nous appartient pas. L’espace public est toujours un monde dangereux et privé.

Il ne faut pas oublier qu’une fille, une femme sur trois va subir un très haut taux de violence dans ce qui est considéré comme une sphère protégée qui est la famille. Or, on sait très bien que les premières agressions viennent d’abord de proches.

Marian, rebelle du genre.

C’est ce que les féministes ont toujours analysé et dénoncé. et on en est encore, toujours à devoir reprouver , revenir avec ces analyses et toute cette masse de travail théorique qu’on a fait, qui a été complètement dénigrée et qui disparaît de plus en plus, même dans des  sphères dites “scientifiques” que sont les milieux académiques et universitaires.

Et c’est ça qu’on provoque. On n’en est encore qu’au tout début de la remise en question du patriarcat.

Tu témoignes aujourd’hui sous ta réelle identité, pourquoi? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as déjà été mise en danger ou est-ce que tu as perçu un danger pour toi ou pour ton entourage? Ou est-ce que, au contraire, tu te sais en  sécurité pour parler librement de ce sujet?

Je dois dire que depuis que je suis petite, je ne me suis jamais sentie en sécurité, jamais… Donc pourquoi j’ose? Mais parce qu’en fait, les personnages que je lisais quand j’étais enfant,  c’étaient ces personnes qui osaient… Et j’ai toujours eu cette notion d’urgence, qu’il n’y a pas de temps à perdre. Je choisissais des personnages qui disaient ça, aussi et je trouvais ça tellement vrai.

Ne rien faire, c’est laisser faire.

Marian, rebelle du genre.

Très tôt, j’avais compris ça et j’avais compris aussi qu’on obtenait du résultat à se révolter, à exiger des choses, a demander.  Si c’était structuré, bien pensé, etc.

Mais ce sont des stratégies qu’on développe déjà enfant.

Moi, enfin, je développais déjà des stratégies de défense. J’étais un enfant très renfermée, et ça m’a permis de me protéger, par exemple je n’ai jamais vécu mes attirances enfant, adolescente, parce que je savais que c’était dangereux. Et j’ai bien eu raison, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle je suis partie à 19 ans. Je savais que d’autres personnes avant moi avaient réussi à le faire, à trouver un job, à partir, donc c’est ce que j’ai fait. Je ne me suis jamais retrouvée à la rue, mais oui j’ai dormi avec un manteau parce que je n’avais pas de quoi me chauffer. J’étais dans une mansarde où il n’y avait même pas de quoi préparer à manger, c’était comme ça…Et c’était pas le 19e siècle, je parle de la fin des années 70, début des années 80, donc ce n’est pas si vieux que ça. 

Et si c’était à refaire, je le referai parce que c’est ce qui m’a sauvée. J’ai connu beaucoup de solidarité.  J’ai connu plus de solidarité que de répression à partir du moment où j’ai pris ma vie en main, c’est-à-dire quand, en tant que jeune adulte, je suis partie.   et je ne suis pas la seule. C’est vrai que ça aidait beaucoup de savoir qu’on n’est pas la seule, même si à l’époque j’étais très isolée et que je pensais être seule au monde. On a toujours l’impression qu’on est seule. C’est vrai que on n’est pas beaucoup, pas très nombreuses, mais avec le temps et avec ce qu’on fait, on découvre d’autres comme nous puisque, théorie au moins, on sait qu’on ne peut pas être la seule, ce n’est pas possible. 

Alors, la répression, oui, je n’ai toujours connu que ça : en tant qu’enfant, on me remettait à ma place. Il y a 1000 façons de le faire. Je voyais bien les libertés que mes frères avaient et que ma sœur et moi, n’avions pas du tout. Moi, j’étais la plus révoltée des deux, donc j’ai pris les premiers coups… et tous les coups! La censure, je connaissais. Mais ça ne m’a pas empêché de fuir, de partir et d’oser, de dire. Il ne faut pas avoir peur de le faire. Parce que, comme disait Audre Lorde : “Your silence will not protect you”, “Votre silence ne vous protégera jamais”. C’est un état de fait. C’est une féministe noire lesbienne qui le dit. Or, elle, avec les sur-discriminations qu’elle a subies, savait vraiment de quoi elle parlait. Alors osons, osons le faire, osons le dire … et nous en sommes toujours là. Nous ne sommes pas seules, au contraire, nous sommes des mouvements très très forts. D’ailleurs, ce podcast, cette série que vous lancez, est extraordinaire parce que ça permet des débats, de les enregistrer, de les faire connaître. Ce sont des outils puissants qui montrent à quel point nous sommes en contrôle avec nos moyens et que nous gérons nos espaces.  Et qu’il faut le faire, c’est la seule manière. Parce que les autres espaces, nous perdons énormément de temps à prouver, à pouvoir prendre un petit peu de place. Même s’il faut être partout, il faut toujours être en  contrôle d’une majorité d’outils aussi. Nous n’avons pas le choix  : nous devons les créer nous-mêmes. Et ce n’est pas terrible, ça nous permet de développer énormément de créativité, de découvrir la solidarité, et d’autres qui,  comme nous, se battent un tas de niveau, donc c’est magnifique.

Ce sont des énergies très très fortes. Et ce n’est pas additionnel, ce sont des énergies en spirale énormes!  

Autant, moi j’ai connu des mouvements de libération féministes et lesbienne … J’ai eu cette chance-là, c’est un miracle! Parce qu’il y en a qui vont vivre de longues décennies sans les connaître, il y a des pays où ce n’est même pas envisageable donc, quel miracle, c’est magnifique !

Pourquoi  sous mon identité?

Le problème ce n’est pas moi, c’est cette société, ce sont ces masculinistes, ce sont ces complices des masculinismes qui sont de vrais problèmes, pas nous!

Donc, c’est cette société qui doit changer et pas nous. Nous, on est très bien comme on est.

Marian, rebelle du genre.

Pourquoi témoigner?

Également parce qu’on est dans une période qui enjolive l’exploitation des femmes et ça, c’est aussi un point que je voulais absolument développer.

Actuellement, par exemple, dans la prostitution, qui est une violence extrême contre les femmes, il ne faut pas oublier que beaucoup de femmes, la majorité, si ce n’est la totalité, se prostituent parce qu’elles ne trouvent pas d’autre job, ou parce que ça leur a été imposé. Une violence et une violence.

De même, la “femme éternelle” sous son lipstick, si elle n’a pas le choix d’être qui elle est, c’est une violence. Donc une beauté peut cacher des violences bien plus graves. On est un peu là-dedans, dans les milieux queers (pas tout le monde dans ces milieux) qui vont enjoliver quelque chose qui est en fait une violence. Un système de violence, ça on ne peut pas accepter, c’est un retour en arrière. 

Nous sommes aussi dans un retour en force des  binarisme, contrairement à ce que des mouvements trans ou queer prétendent, certaines tendances.

Ce qui m’a beaucoup fait rire, parce que je ne parvenais pas à y croire la première fois que j’en ai entendu parler : il y avait un atelier “pour les nuls” pour apprendre à devenir un homme ou une femme. Il faudrait savoir :  si on est né comme ça, ou soit disant « pas dans le bon corps » , pourquoi il faut apprendre un accoutrement, des attitudes prétendument masculines ou féminines ? Ou ça existe, et c’est naturel, où ça ne l’est pas ! Si ça ne l’est pas, vouloir apprendre ça , mais c’est absurde ! On est dans une période politique hallucinante où des mouvements, qui se disent politiquement corrects, disent  une chose … et son contraire. Donc reprennent un discours patriarcal complètement oppressant, en prétendant faire l’inverse de ce qu’ils prétendent dénoncer ! 

Et c’est ça aussi, ce qui a été imposé à des enfants intersexes, enfin que l’on appelle comme ça. 

Être un enfant intersexe, ça veut dire quoi ? C’est un petit être  qu’on va torturer, c’est-à-dire qu’on va lui faire des opérations mutilantes, pour que cet enfant ressemble à une des deux catégories, garçon ou fille, et y reste. Et à l’adolescence, avec le développement d’un corps qui peut décider de se développer de manière non prévue par cette société normative, le bistouri ne suffira pas. On va commencer à bourrer cet enfant d’hormones, les dossiers médicaux vont souvent disparaître. Ce sont des êtres qui étaient sans aucun problème médical et qui vont se retrouver à l’état adulte ou jeune adulte avec des complications médicales terribles. Cette réalité médicale dans laquelle nous sommes toujours, qui est extrêmement mauvaise pour ces enfants, ne peut pas être bonne pour des enfants qu’on appellerait trans. Parce que reprendre un bistouri, ce qui est une grande violence, pour que ces enfants “trans”, soi-disant correspondent à une catégorie … quoi? La nature se serait-elle trompée ? Mais une nature, ça ne se trompe pas. Ça existe en soi. C’est une société qui se trompe, ou un être humain, mais pas la nature! 

Or on est là dans un système d’explication idéologique qui essaierait de nous faire croire qu’il y aurait des erreurs dans la nature qu’il faut alors corriger, par des êtres humains, qui sont des êtres pensants et relatifs!

Marian, rebelle du genre.

Voilà, c’est une violence parmi d’autres. Ce qui est hallucinant, c’est que ça marche! C’est que c’est imposé, et banalisé. 

 Ce qui est intéressant, par contre, c’est qu’un tas d’êtres, qui sont passés par là, ont décidé de remettre ça en question, donc des personnes qui ont décidé de transitionner, pensant que leur corps était mauvais, ou  leurs pensées, et ont décidé de faire marche arrière. On parle là de détransition , ou de post-transition.  Et bien c’est tabou, on ne peut pas en parler.  

Donc on pourrait être hétéro puis devenir bi ou lesbienne puis redevenir hétéro. Par contre, non, trans, on serait une chose, puis on est trans… Mais on ne peut pas détransitionner… et pourquoi pas?  Qui a décidé ça?  Donc on est dans des  identités qui seraient soi-disant naturelles puis ne le sont plus, c’est-à-dire qu’on va opérer, mettre un tas d’hormones et de cocktails chimiques extrêmement graves et peu contrôlés médicalement, et là, prétendre que c’est naturel! Mais étonnamment, on est dans ce monde-là.  Qui dit une chose et son contraire.  Et d’ailleurs, je vais rassurer beaucoup de personnes et beaucoup d’activistes, on est déjà en train de faire marche arrière.  Il y a déjà un pays qui en train de largement faire marche arrière grâce une personne qui a détransitionné en Grande-Bretagne : une jeune lesbienne au départ qui a décidé de transitionner pour devenir un garçon, l’a donc décidé adolescente …  Et à 19 ans, a  décidé de faire un procès au système de welfare britannique… qui a perdu le procès. Donc le welfare a décidé de faire marche arrière par rapport à la transition d’enfants et d’adolescents/adolescentes. Et ça c’est très intéressant. Et je peux vous rassurer donc nous on a organisé une conférence à ce niveau-là avec des personnes détransitionneuses qui, elles, ont confirmé qu’elles avaient un public des dizaines de milliers de personnes dans le monde qui ont déjà fait la démarche, dont les premières générations de personnes transitionneuses, qui ont déjà maintenant 40 ans de vécu et remettent ça en question.

Non, ce ne sont pas des cas divers. Ce sont déjà de véritables phénomènes qui sont niés, déniés de pouvoir parler de leur démarche. Et ça, c’est hallucinant. C’est d’une violence extraordinaire.

Donc pourquoi est-ce que je me tairais? Mais il ne faut pas se taire au contraire, parce qu’il y a un tas de pauvres êtres qui, comme nous, se sont rendu compte : “Tiens, il y a un problème social”.  Mais ce n’est pas vous le problème. Vous êtes cet être neutre, magnifique en soi. Peu importe comment vous êtes constitués, moléculairement, morphologiquement. Vous êtes neutres, vous êtes magnifiques. C’est une société qui va décider de l’inverse. Donc le problème ce n’est pas vous : c’est la société de laquelle vous êtes issu malheureusement. C’est cette société, cette civilisation qui est problématique. Et il faut le dire et clamer haut et fort. Voilà. 

Et donc ce podcast, c’est extraordinaire. Il faut oser, il faut le faire!  il faut dire… comme on l’a toujours fait.

Donc voilà pourquoi je parle, pourquoi à visage découvert : parce que je n’ai rien à cacher, au contraire! Je ne vois pas pourquoi moi, je devrais me mettre dans un placard, qui est en fait un ghetto préparé par un système hétéro-patriarcal violent. Il n’en est pas question.

Donc oui, à visage découvert.

Merci Marian. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Ce qui m’avait beaucoup touchée, c’était ce petit être, je ne savais pas si c’était un garçon ou une fille, qui était venu très silencieux/silencieuse. Et ça m’avait vraiment fortement touchée.

En réalité, j’avais déjà entendu cette personne en interview et  au fil du parcours je me suis dit : “Mais je connais, je connais”. Je connaissais visage. Donc je l’ai re-rencontrée et en réalité, c’était une personne, donc une lesbienne, qui avait transitionné vers garçon. Et ça m’avait fort touchée parce que je me reconnaissais dans cette personne, qui cherchait à être neutre, et ne parvenait pas à l’être.

Il y avait tout ça dont je m’étais rappelée depuis l’interview à l’époque (parce qu’à l’époque elle était en transition, je dis “elle” parce qu’elle a décidé de détransitionner et d’être de nouveau “elle” et c’est un choix politique, quand je dis “elle”), et c’était tout son parcours, tout son questionnement, qui m’a beaucoup interpellée.

Je me dis qu’il faut vraiment en parler, absolument. Pour montrer qu’il y a d’autres choix possibles.

Marian, rebelle du genre.

Et c’est vrai que nous avons eu beaucoup de discussions, elle m’a dit : « c’est vrai, si j’avais connu un mouvement politique tel que celui que toi, tu as connu, dans les années 80, 90, je n’aurais pas fait ce que j’ai fait. Et ça, ça m’a fait très mal. Parce que je me suis dit : “là c’est quand même grave”. On n’est plus censés être obligés de ne pas pouvoir être qui on est, dans une société qui prétend avoir fondamentalement changé à ce niveau-là. Eh bien ce n’est toujours pas le cas. Et au contraire, avec (malheureusement) le progrès technique et médical et ça c’est une personne intersexe et activiste  qui le disait haut et fort, donc le malheur, c’est que maintenant, ce qui n’était pas possible, l’est. Et on peut, avec des bistouris, des cocktails chimiques extrêmement mutilants et graves pour la santé humaine, malheureusement faire ça!

Moi aussi, je ne suis pas, comme la plupart des êtres humains, 100 % dans une catégorie.

Ce qui m’a sauvée c’est que pour  ma mère, il n’était pas question de dépenser de l’argent pour des frais médicaux.

Ma sœur a pris des coteaux hormonaux dans l’adolescence, moi pas. Je n’avais pas des règles régulières, pendant des mois je n’avais rien, donc  j’étais  un peu intersexe.

Mais à l’époque, heureusement, ça m’a sauvée puisque ce n’était pas très connu, ça m’a vraiment sauvée! Mais il ne faut pas demander : si j’avais été moins typée pour entrer dans la “petite boîte du dessous”, j’aurais subi un tas de violences en plus. Et là, j’en étais très consciente avec le cas de cette personne que j’ai rencontrée, et qui est devenue plus proche. Ca, je voulais le dire. C’est plus qu’une anecdote, c’est vraiment quelque chose qui m’a fait comprendre l’urgence qu’il fallait absolument redire haut et fort ce qui ne va pas dans cette société. Qu’il fallait osé le faire.

D’un autre côté, ce qui m’avait un peu décontenancée lorsque j’ai fait ce panel sur la détransition, c’était quand même l’absence d’esprit critique actuel, que je constate aussi dans mes parcours.

Oui ce qui m’étonne beaucoup, c’est que dans les personnes détransitionneuses certaines s’appellent post-trans et non pas dé-trans, et il y a plus qu’une nuance dans le terme. 

Dé-trans, c’est que vous reconnaissez, qu’il y a un passage, c’est un cheminement. 

Post-trans, ça veut dire que vous êtes passé à autre chose… ou pas!

Entre les deux termes, vous le prenez, soit c’est un cheminement comme un autre, pourquoi pas. Donc vous remettez fondamentalement en question le fait d’être passée par là, il n’y a pas de reconnaissance politique des violences (ou sociologique, peu importe, selon de quel angle vous voulez le prendre), mais ça, ça ne va pas. Ou ça va, ou ça ne va pas. Quand un phénomène est en réalité un mécanisme de violence, il faut avoir l’honnêteté de le dire.  Et il faut aussi, à un moment donné, pouvoir dire « j’ai fait une erreur, un choix. Si c’était à refaire, je ne le referai pas. Il faut avoir le courage de le dire. Moi, il y a des choix que je ne referais plus et je le dis. Et je le développe, il n’y a pas de honte à avoir, c’est simplement un état de fait. Ça permet à d’autres de ne pas devoir repasser par là. 

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Oui, je reviens toujours à la même chose : il est absolument impératif, et pour nous, c’est la grosse lutte de ce siècle, il faut que ça réussisse, c’est de faire reconnaître, dans ces termes-là, j’insiste (!), l’oppression des “femmes” par les “hommes”. C’est une créaton structurelle d’une société établie sur un double binarisme qui est  un manichéisme, “homme/femme”… Et oui, l’hétérosexualité, l’hétérosexuation, c’est une contrainte. Il n’y a rien de naturel là-dedans. C’est tout un système social qui est bâti autour de ce double édifice, il faut avoir le courage d’étudier, sous tous les angles, ces mécanismes-là. 

Parce qu’ils sont intrinsèquement liés l’un à l’autre. 

L’un sert à justifier l’autre, et à le renforcer.



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Nous remercions Marian pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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Mercie les femmes!

Louise, rebelle du genre.

Bonjour, ce n’est pas moi qui lis mon témoignage.

Mais bon, si c’était moi, je vous dirais que je m’appelle Louise, que j’ai 23 ans, que je suis étudiante et que je viens de la région parisienne.

Petite, j’étais « garçon manqué ». Je détestais mon corps et je voulais devenir un garçon.

Louise, rebelle du genre.

J’avais toujours trouvé que j’étais différente des autres enfants, comme en décalage. J’ai été victime de harcèlement scolaire. Puis, vers mes 12 ans, j’ai vraiment appris à aimer mon corps et j’ai aussi rencontré d’autres filles qui me ressemblaient. Puis, j’ai eu 15 ans et j’ai développé des troubles du comportement alimentaire.

Vers la vingtaine, j’ai été victime de violences sexuelles.

Et, très récemment, que j’ai été diagnostiquée TSA. C’est une forme légère d’autisme.

Louise, rebelle du genre.

Au début de mon parcours féministe donc, à la fin du lycée, j’étais plutôt une féministe libérale. Une femme hétéro qui soutenait les droits des transsexuels (on dit transgenres aujourd’hui…) que j’assimilais à ceux des homosexuels et ce, même si je me posais des questions quand je voyais des enfants très jeunes comme Jazz Jennings prendre des hormones. 

J’ai commencé à suivre des groupes comme les Femens et à me dire que OUI! On pouvait être un homme et aimer mettre des robes sans vouloir changer de sexe… À la fac, j’ai été traitée de TERF alors que je ne savais même pas ce que ça voulait dire ! Et progressivement, je suis devenue radfem (féministe radicale).

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ? Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ?

Cette idéologie est dangereuse pour plusieurs raisons. D’abord, elle invisibilise le mouvement du féminisme et les problématiques strictement féminines. Ensuite, elle force les enfants à entrer dans des cases et à se mutiler physiquement. Elle est aussi dangereuse pour les droits des homos. Je pense à ces femmes lesbiennes qui sont agressées sexuellement et violées, et sur qui on pratique des thérapies de conversion, à qui on explique qu’elles doivent aimer les pénis et que si, en tant que lesbiennes, elles n’aiment pas les pénis, elles ont un problème (d’où mon allusion aux thérapies de conversion)… Elle est aussi dangereuse parce que les TRA (les transactivistes), défendent aussi la prostitution et la pornographie qui sont étroitement liées à tout ça.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage (pro, perso, peur pour tes proches, etc.), ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?

Je témoigne de façon anonyme. Je n’ai jamais vraiment subi de menaces mais bon, je suis un master pour devenir enseignante et plusieurs de mes camarades (dont une femme transidentifiée, donc une femme se ressentant « homme ») sont vraiment très proches du transactivisme. 

Tout ce petit groupe pourrait d’ailleurs se retourner contre moi.

Le transactivisme est vraiment très présent dans les milieux universitaires et, je vous avoue que cela m’inquiète.

Louise, rebelle du genre.

Ce même groupe a d’ailleurs fait une bibliographie à destination des élèves du collège dans lesquels ils ont mis des BD comme « assignée garçon » ou « appelez-moi, Nathan »… Ce sont des bandes dessinées qui font la promotion du transactivisme.

A la rentrée du master, on a aussi eu une conférence sur les enjeux de l’éducation sexuelle à l’école. Un des étudiants a demandé « Comment fait-on s’ il y a, parmi nous, des élèves trans ou non-binaires? » et notre formateur a expliqué que l’Education Nationale avait l’obligation, entendez bien, l’obligation d’accompagner les enfants et leurs parents dans leur « transition ». 

J’ai donc également peur d’avoir des problèmes futurs au niveau professionnel si je m’oppose à la transition d’élèves. D’enfants mineur.es, donc.

Louise, rebelle du genre.

Je crois que si, par exemple, une petite fille venait me dire qu’elle veut changer de sexe et qu’elle se sent « garçon », j’essayerais déjà de ne pas la brusquer, j’essayerais de l’inviter à réfléchir et à prendre son temps. Je lui parlerais, certainement, de mon propre vécu et je lui poserais des questions comme « Qu’est-ce que tu trouves si bien chez les garçons ? ». D’autant plus que la dysphorie, je ne sais pas si vous êtes informés mais… Elle peut être un symptôme de l’autisme. (Enfin, bon…)

Bref, je sais que je peux être traitée de « transphobe » ou de « TERF » rien que pour avoir dit ça.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Sur les réseaux, une personne trans a fait des sous-entendus sexuels sur moi parce que j’ai critiqué l’idéologie trans.

Une autre m’a attaquée en messages privés et m’a dit :

« tu es hétéro, tu suces des queues, tu n’as pas ta place dans le féminisme » alors que j’ai été victime de viol!

Louise, rebelle du genre.

Je suis membre d’une petite association étudiante et un de nos membres, un homme hétérosexuel, a fait son coming-out en tant que « femme trans non-binaire ».

Il n’a rien changé à son apparence physique, il a de la barbe et s’habille avec des vêtements très masculins (il porte juste des hoodies roses de temps en temps).

Du jour au lendemain, il exigeait de se faire appeler « Présidente » au lieu de « Président » de l’association. 

Il utilisait un pseudonyme féminin américain et, en plus, il votait aussi pour le RN (le Rassemblement National). Heureusement, il a fini par démissionner de son poste en accusant les autres membres de « mégenrage ».

Je trouve ça révélateur que selon certains activistes, un homme hétéro…

Excusez-moi, je prends le temps parce que…

Donc, un homme hétéro, puisse se dire « femme », voir « lesbienne », sans ne rien changer à son apparence (et donc potentiellement, puisse accéder aux espaces réservés aux femmes).

Potentiellement, tout nous prendre : nos droits et nos espaces, nos voix et nos réalités.

Nous remercions Louise pour son témoignage.

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Mercie les femmes!

Maria, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Maria, j’ai 26 ans, je viens de Belgique. Je suis féministe radicale et médecin.

Maria, rebelle du genre.

Maria, ce n’est pas mon vrai prénom, j’ai choisi ce prénom en hommage à Marie Curie qui s’appelait en réalité : Maria Skłodowska.

Je suis aussi la personne derrière le compte Instagram Le Cahier des Invisibles donc, si vous voulez me contacter, vous pouvez me joindre par message privé.

J’ai le sentiment d’avoir toujours été critique du genre ou… Abolitionniste du genre.

Depuis que je suis enfant, ça m’a toujours paru absurde que le rose soit pour les filles, le bleu pour les garçons ou que les filles ne jouent pas au foot et les garçons ne jouent pas aux poupées.

J’ai toujours pensé que, finalement, chacun a une personnalité qui correspond ou ne correspond pas aux stéréotypes de SEXE et, qu’on serait quand même tous beaucoup plus libres si nous ne devrions pas correspondre à ces stéréotypes.

Maria, rebelle du genre.

Ensuite, j’ai entendu parler des personnes transgenres et mon premier réflexe a été de me dire que ces personnes étaient des victimes collatérales du sexisme et que c’étaient des personnes qui ne se retrouvaient pas dans les stéréotypes collés à leur sexe et que, peut-être, pensaient-ils être plus libres en changeant de sexe (même si, ce n’est pas possible de changer de sexe). En tout cas, si elles se faisaient passer pour le sexe opposé pour être plus à l’aise, pour ne pas être perçus comme des hommes non virils ou des femmes perçues comme insufisamment féminines.

Donc, au départ, je me disais “C’est triste”. C’est tout ce que j’en pensais.

Je me disais que ces personnes devaient certainement adhérer au sexisme vu qu’une femme c’est “comme ça” et qu’un homme c’est “comme ça”…

Ensuite, j’ai été introduite au milieu LGBT car, moi-même, je suis lesbienne. J’ai donc rencontré d’autres personnes homosexuelles ou bisexuelles puis, des personnes transgenres aussi.

Au départ, j’avais énormément de mal à accepter que ça puisse être “progressiste” d’encourager quelqu’un à changer son corps, son physique, pour correspondre à ce que la société attend de lui ou d’elle. Mais tout le monde avait l’air de trouver ça normal de détester son corps et de vouloir le changer du tout au tout… Donc, j’ai fini par accepter cette idée. Notamment, car j’ai écouté des personnes transgenres et que je me disais que si ça pouvait les aider à se sentir mieux, si elles sont… Comment dire?

Je pensais que les personnes transgenres étaient profondément sexistes et “traditionnelles” au niveau des rôles, mais en pratique, je me suis rendue compte que beaucoup de gens transgenres sont, peut-être un peu, entre les deux rôles de sexe. Et je me suis dit que finalement, ce n’était pas exactement ce que je m’imaginais, que ce n’étaient pas que des personnes qui pensent que les hommes doivent être virils, ou que les femmes doivent être féminines, peut-être qu’ils ne sont pas aussi traditionalistes que je ne l’imaginais.

Et donc, je me suis un peu ouverte à cette idée que… Oui, peut-être… La notion de transidentité est acceptable.

Puis, aussi, il est vrai que j’ai entendu parler des “TERFS”, de ces personnes qui n’acceptent pas les personnes transgenres et qui sont féministes. Des personnes qui n’acceptent pas l’idée que l’identité de genre existe, etc. Moi-même, j’avais du mal avec ce concept d’identité de genre mais j’ai bien compris que les méchantes de l’histoire c’étaient les “TERFS”, et qu’il ne fallait surtout pas que je sois comme elles!

Progressivement et insidieusement, j’ai remarqué que j’adhérais de plus en plus à ces idées… aux idées des transactivistes…

Maria, rebelle du genre.

Au même moment, je faisais mes études de médecine et, ce qui nous était appris, était que le traitement pour la dysphorie de genre donc : la dysphorie de genre c’est quand une personne ressent un mal être vis à vis de son sexe et aspire à être du sexe opposé.

Et bien, on nous disait que le traitement était d’aller dans le sens de la personne qui est demandeuse/désireuse de changer de sexe et de, du coup, lui donner des traitements féminisans pour les hommes ou, masculinisans pour les femmes. Comme c’était le traitement et qu’il était (apparemment) soutenu par des études qui montraient que c’était la meilleure façon d’améliorer l’état de santé mentale de ces personnes, je me suis dit que non seulement, c’est un groupe extrêmement minoritaire donc je ne voyais pas très bien comment il pourrait menacer le reste de la société rien que par leur existence. Ensuite, visiblement, que ces personnes sont en meilleure santé quand elles suivent un traitement de transition et, enfin, après tout, j’avais toujours cette idée qu’elles étaient plus “victimes” que “menaces” par rapport au patriarcat donc, je ne m’en inquiétais pas plus que ça.

Pendant toute la durée où j’ai été transactiviste (car j’ai moi-même été un petit peu transactiviste), je me posais énormément de questions et à chaque fois que j’avais une idée entre guillemets “TERF”, je me disais qu’il fallait que je déconstruise ma transphobie, je pensais que j’avais tort et j’avais honte.

Je n’osais en parler à personne autour de moi et j’allais en cachette sur Redit, sur les forums de féministes radicales et je lisais ce qu’elles disaient et je me disais que j’étais complètement en accord mais, en public, j’étais une “bonne” féministe. C’est-à-dire que je disais “Les femmes trans sont des femmes” alors qu’en cachette…

Pendant 2 ans, j’ai été en pleine dissonance cognitive, je disais le contraire de ce que je pensais MAIS, je pensais faire le bien.

C’est pour ça que j’ai fait ça.

Maria, rebelle du genre.

Puis, ça a été progressif, événement après événement…

J’ai entendu qu’un refuge à Vancouver a perdu le financement de la ville parce qu’il n’accueillait pas les femmes transgenres… Alors que c’était un refuge pour femmes qui s’occupait, entre autre, de femmes qui ont été victimes de prostitution et de viols!

Là, je me suis dit que ça allait tout de même très loin!

Je pensais que les personnes transgenres étaient des personnes qui voulaient simplement vivre leur vie de leur côté sans nécessairement avoir d’influence sur les droits des femmes et là, je me suis rendue compte que les droits des femmes étaient menacés.

C’est ça qui m’a fait peak trans, comme on dit. C’est ça qui m’a mené au point de non-retour.

Je me suis dit que ce n’était plus possible, que je ne pouvais plus soutenir ça et non seulement je ne pouvais plus soutenir ça mais, je ne pouvais plus me taire non plus.

Je me suis  donc révélée “TERF” publiquement.

Maria, rebelle du genre.

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits pour les enfants, pour la société ou pour la démocratie?

Je pense que cette idéologie est une menace pour les femmes car, tout d’abord, elle repose exclusivement sur le sexisme donc, elle repose sur l’idée qu’il y aurait des hommes avec un cerveau de femme et des femmes avec un cerveau d’homme et que, ce cerveau de femme aime le rose, les paillettes, les jupes,…  Et un cerveau d’homme, c’est un cerveau qui aime les armes, les voitures et la bière.

C’est profondément sexiste.

Si nous acceptons le concept de la transidentité dans la loi, comme c’est déjà le cas dans beaucoup de pays, et bien on ancre définitivement l’infériorité des femmes dans la loi et aux yeux de l’État et… je trouve ça… extrêmement inquiétant.

Vous pouvez regarder par vous-même les critères diagnostiques de la dysphorie de genre dans ce qu’on appelle le DSM-5, qui est le manuel qui répertorie toutes les maladies mentales, et si on regarde dans la section dysphorie de genre,  les critères diagnostiques pour la dysphorie de genre chez l’enfant, la majorité repose exclusivement sur des stéréotypes sexistes!

Maria, rebelle du genre.

Par exemple : avoir des amis du sexe opposé ou préférer jouer avec les jouets traditionnellement associés au sexe opposé.

Pour les garçons, préférer rester assis  et faire de la peinture et, pour les filles, préférer jouer dans les arbres…

Il y a aussi le fait de préférer les vêtements traditionnellement associés au sexe opposé et, enfin, le fait de jouer le rôle d’un  enfant du sexe opposé dans les jeux d’enfants, les jeux de rôles…

Tous ces critères-là, ce sont des critères diagnostiques pour la dysphorie de genre.

Ce qui veut dire qu’un enfant, petit garçon ou petite fille, s’il ne correspond pas exactement aux stéréotypes sexistes est considéré comme malade, comme ayant une pathologie mentale et qui se soigne comment?

Par la transition médicale.

Maria, rebelle du genre.

C’est-à-dire, pour des enfants, la stérilisation définitive.

Donc là oui, effectivement! Je pense que c’est une grande menace pour les femmes car c’est une façon de dire que, nous les femmes, ne sommes  que ces stéréotypes qui existent dans la tête des hommes.

Mais aussi pour les enfants qui ne correspondent pas exactement à  ce qu’on attend d’eux et qui sont donc envoyés vers des traitements médicaux irréversibles alors qu’ils sont tout-à-fait normaux.

Parmi les enfants qui font des parcours de transition, on a remarqué qu’il y avait une disproportion d’enfants qui sont soit homosexuels soit bisexuels ou aussi, autistes.

C’est aussi non négligeable.

Dans le cas des enfants homosexuels ou bisexuels, il est assez facile de supposer que c’est parce qu’ils ne sont probablement pas très à l’aise avec leur sexualité et qu’il serait plus simple pour eux d’être du sexe opposé, pour  pouvoir tomber amoureux de quelqu’un du même sexe qu’eux…

C’est, au final, une forme moderne de thérapie de conversion.

Maria, rebelle du genre.

Pour ce qui est des enfants autistes, nous n’avons pas exactement déterminé la cause de cette corrélation entre autisme et dysphorie de genre, mais elle a déjà été observée dans différents pays occidentaux qui font des études à ce sujet.

Je pense notamment aux Etats-Unis et à la Grande Bretagne où plusieurs hypothèses ont été émises.

Mais ce qui me semble certain et qui est, pour moi, assez évident,  c’est que ces enfants autistes ne sont pas correctement pris en charge quand on les précipite vers la stérilisation, vers des traitements hormonaux à vie, vers différentes opérations nécessitant souvent des réinterventions parce qu’il y a des complications.

Je pense que le mépris qu’on a pour les personnes autistes dans notre société fait qu’on ferme les yeux sur ce phénomène qui devrait inquiéter tout le monde!

C’est un problème de santé publique, ce n’est pas normal que les enfants autistes et, particulièrement, les filles autistes, soient sujettes à des traitements expérimentaux et dangereux et qui ne visent pas à réellement améliorer leur état de santé!

Je pense que l’idéologie transactiviste est aussi dangereuse pour les droits humains, notamment pour la liberté d’expression.

Il y a de plus en plus de pressions faites aux législateurs pour pénaliser la non-reconnaissance de l’identité de genre de quelqu’un ce qui pourrait, par exemple, pouvoir dire qu’on ne peut pas  appeler un homme “Monsieur” ou une femme “Madame” sous peine d’être accusé d’actes transphobes.

Vous ne pourrez pas dire simplement qu’un homme n’est pas une femme et qu’une femme n’est pas un homme.

Il me semble que là, nous pouvons nous inquiéter pour nos droits qui ont été durement acquis comme, la liberté d’expression.

Car l’idée qu’un homme est une femme ou qu’une femme est un homme, c’est une croyance et non une réalité.

Si on peut nous contraindre à dire des choses auxquelles on ne croit pas, à adhérer à une croyance à laquelle on ne croit pas, alors, peut-être qu’il y a d’autres domaines où on pourrait nous empêcher de nous exprimer, d’autres choses sur lesquelles nous pourrions être censuré.es?

Cela va au-delà du féminisme.

C’est vraiment une question humaine!

Enfin, je dirais que l’idéologie transactiviste est une menace pour la médecine en tant que profession et pour la recherche scientifique.

Maria, rebelle du genre.

Récemment, par exemple, en France, on a passé une loi qui interdit les thérapies de conversion pour les homosexuels, mais aussi pour les personnes transgenres. Ce qui veut dire qu’un médecin pourrait être poursuivi pour avoir tenté de modifier l’identité de genre d’une personne.

Alors, je ne suis pas juriste, je ne sais pas exactement quelle conséquence cela pourrait avoir sur les soignants,  mais je me pose la question :

Si je suis médecin et que j’ai un homme qui me demande des oestrogènes pour entamer une transition vers un simulacre de sexe féminin, est-ce que je serais contrainte de lui fournir ce traitement sous peine d’être accusée de transphobie ou de thérapie de conversion? D’avoir tenté de changer l’identité de genre de cet homme et d’en avoir fait un homme alors qu’il prétend être une femme? Ou vais-je être libre de lui refuser ce traitement?

Et si je ne suis pas libre de lui refuser ce traitement, est-ce que cela pourra s’appliquer à d’autres domaines de la médecine? Car, il n’est pas rare que des patients demandent des traitements qu’ils pensent nécessaires pour eux, mais qui ne le sont pas nécessairement ou qui peuvent carrément être dangereux pour eux et qu’en tant que médecin et prescripteur, nous avons la liberté de ne pas prescrire certains traitements quand nous estimons qu’ils ne sont pas indiqués.

Aura t-on encore cette liberté dans les années qui viennent concernant la transidentité et les traitements de transition? Je n’en suis pas certaine.

Et, bien sûr, pour la recherche scientifique,  c’est aussi un énorme problème.

Il est devenu de plus en plus compliqué de faire des études pour savoir si, oui ou non, la transition médicale est bénéfique pour le traitement de la dysphorie de genre.

Aujourd’hui, le consensus est que le traitement de la dysphorie de genre c’est la transition médicale, mais peu d’études montrent réellement 2 groupes avec un groupe qui serait un groupe “contrôle” (où les gens atteint de dysphorie n’auraient pas de traitement de transition), et un autre groupe où les gens atteint de dysphorie de genre seraient traités par la transition afin de comparer (enfin) lequel des 2 groupes présente des symptômes dépressifs, anxieux et autre.

Vu qu’aujourd’hui on nous dit qu’on ne peut pas laisser une personne demandeuse d’hormones ou de chirurgies sans traitement, il devient très compliqué de comparer ces 2 groupes : le groupe qui ne reçoit pas de traitement et celui qui en reçoit.

À cause de cela, nous n’avons pas une idée très claire des bienfaits réels de la transition médicale, et il y a de véritables pressions exercées par des personnes transactivistes ou des organisations transactivistes contre les chercheurs qui essaient d’évaluer les bienfaits des transitions de façon objective.

Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité ou de façon anonyme?

Alors, j’ai décidé de témoigner de façon anonyme pour me sentir tout à fait libre de dire tout ce que j’avais envie de dire. Puis, je ne vais pas vous cacher que je suis de nature timide et qu’il est plus facile pour moi de témoigner de façon anonyme mais, il est vrai que ce n’est pas l’unique raison.

J’ai vu, et tout le monde a vu, comment les femmes qui parlent sans se cacher de ces questions-là…

Nous pouvons citer Marguerite Stern, Dora Moutot ou JK Rowling en Grande Bretagne. Ces femmes sont harcelées et blacklistées…

Évidemment, je ne souhaite absolument pas être traitée de la sorte.

Maria, rebelle du genre.

Ce n’est peut-être pas très courageux, mais au moins, je fais quand même entendre ma voix à ma façon.

As-tu quelque chose à ajouter?

La dernière chose que j’aimerais ajouter, c’est quelque chose que j’aurai pu dire plus tôt mais qui, finalement, mérite peut-être aussi qu’on en parle à part.

Il s’agit de l’autogynéphilie.

L’autogynéphilie, c’est une paraphilie.

Maria, rebelle du genre.

Une paraphilie, c’est une forme de sexualité ou plutôt, une expression de la sexualité qui est atypique et pathologique et qui souvent va nuire soit à la personne qui a cette paraphilie ou à autrui.

Comme paraphilie connue, il y a le masochisme sexuel qui va nuire directement à la personne qui pratique cette forme de sexualité mais aussi, le sadisme ou l’exhibitionnisme qui vont plutôt nuire à autrui et donc,  l’autogynéphilie est une paraphilie également.

On va décrire comme autogynéphile les hommes qui atteignent la gratification sexuelle en s’imaginant être des femmes.

C’est une paraphilie régulièrement fréquente dans la population, on estime qu’elle pourrait même atteindre 3% des hommes et la plupart du temps, les hommes atteint de cette paraphilie vont pratiquer cette forme de sexualité en s’habillant dans des vêtements traditionnellement féminins et ce, en portant parfois des perruques et en faisant des jeux de rôles avec des partenaires où ils s’imaginent être des femmes.

Pour une minorité des hommes qui ont cette paraphilie, celle-ci peut devenir plus envahissante et plus difficile à contrôler.

Certains de ces hommes vont arriver à développer une dysphorie de genre et un rejet de leur corps masculin tellement ils sont attirés par l’idée de “devenir” des femmes.

Ils vont commencer à réellement fantasmer d’avoir une poitrine, une vulve et un vagin…

Et certains arriveront au point de prendre des traitements hormonaux et à subir des interventions chirurgicales pour correspondre à leur idéal féminin qui leur permettrait d’atteindre la pleine gratification sexuelle.

Je parle de l’autogynéphilie parce qu’un grand nombre d’hommes qui se déclarent femmes, qui disent être des femmes, sont des hommes autogynéphiles!

Maria, rebelle du genre.

Différentes études ont pu montrer le lien entre l’autogynéphilie, dysphorie de genre et transsexualisme depuis déjà plus d’un siècle, et c’est quelque chose qui reste assez tabou dans les milieux LGBT.

Je pense que toutes les femmes devraient savoir à qui elles ont affaire quand on parle d’hommes transidentifiés donc, d’hommes qui disent être des femmes.

Je pense que beaucoup de femmes, à tort, pensent que la plupart de ces hommes qui disent être des femmes (qui veulent être des femmes), sont des hommes qui sont homosexuels et qui correspondent (un petit peu) aux clichés qu’on a des hommes homosexuels : des hommes qui seraient non-virils ou trop maniérés.

Et, je pense que beaucoup de femmes (parce qu’elles ont cette image-là en tête des hommes transidentifiés), les perçoivent comme, finalement, inoffensifs pour les femmes.

Ils seraient des hommes homosexuels donc, typiquement, des hommes qui ne vont pas être sexuellement violents envers les femmes.

Et pourtant, la réalité, c’est que la majorité des hommes transidentifiés sont attirés par les femmes.

La plupart d’entre eux sont soit hétérosexuels, soit bisexuels et ils sont des hommes autogynéphiles qui prennent du plaisir à imiter les femmes, à imiter sexuellement les femmes, et qui ont souvent au image assez négative et dégradante des femmes.

Ils vont nous voir comme étant inférieures.

Donc, eux-mêmes, ils vont vouloir correspondre à cette image dégradante et objectivante des femmes.

Il n’est pas rare de voir sur les forums transgenres où il y a plein d’hommes transidentifiés, vous pouvez aller voir par vous-mêmes, qu’ils aiment porter des tenues très sexualisées, qu’ils aiment s’imaginer être dominés sexuellement par des hommes et qu’ils pensent qu’être une femme, c’est ça.

Qu’être une femme c’est être un objet.

Je vais parler vulgairement, mais vraiment : être un trou pour les hommes!

Je pense que lorsqu’on réalise et qu’on connaît l’existence de l’autogynéphilie, on ne peut plus soutenir le transactivisme.

 Je pense que, pour beaucoup de femmes, c’est certainement un point de non-retour.

Maria, rebelle du genre.

Je pense que toutes les femmes, que l’on soit féministe ou pas, conservatrice ou libérale ou qu’importe…

Je pense que, pour nous, c’est une telle atteinte à notre dignité et notre existence de voir des hommes qui prennent du plaisir à jouer les femmes et à faire les “soumises” (comme ils disent)

Je pense que ça peut toutes nous heurter et que ça devrait toutes nous heurter et nous réveiller!

Je vous souhaite à toutes… Un très bon Peak Trans! 

Suivez Maria sur Le Cahier des Invisibles :

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Nous remercions Maria pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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Mercie les femmes!

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