Je m’appelle Morgane, j’ai 28 ans, je vis en région parisienne et je suis en reconversion professionnelle après avoir travaillé 13 ans dans le domaine de la coiffure.
Je me suis toujours sentie concernée par les droits des femmes, et j’ai toujours été choquée par ce que vivent les femmes à travers le monde partout.
Morgane, rebelle du genre.
Le point de départ de mon militantisme a été l’évènement #MeToo; qui m’a vraiment fait prendre conscience de l’ampleur des violences sexuelles.
En participant à la manifestation, j’ai senti que j’avais besoin de faire partie de tout ça, j’avais besoin de faire quelque chose, d’expliquer les choses ou de partager des informations.
Je voulais contribuer à faire bouger les choses donc, j’ai participé à cette manifestation avec mon conjoint et ma pancarte, et quand je suis allée à cette manifestation.
Il y avait essentiellement des femmes, bien sûr, et tout de même, pas mal d’hommes. Ils se sentaient (quand même) concernés et puis, une des choses que j’ai aperçue, mais qui ne m’avait pas interpellée plus que ça, c’était l’espace “non-mixité”… Ce qu’ils appellent maintenant, de la non-mixité choisie, c’est-à-dire, de la non-mixité pour femmes, personnes trans et non-binaires.
À l’époque, je n’étais pas du tout dans le milieu. Je n’avais jamais entendu parler de non-binaires ou de trans, j’entendais plutôt parler, à l’époque, plus de transsexuels que de transgenres. D’ailleurs, et comme je n’y connaissais rien, je me suis dit : “Pourquoi pas? Les personnes qui sont suffisamment traumatisées des hommes, je comprends qu’elles aient besoin de s’isoler; qu’elles soient non-binaires ou qu’elles soient femmes, pour moi, ce n’était pas un souci, je ne voyais pas d’inconvénient à ça.
Et puis, aussi, la question de la transsexualité, c’est quelque chose dont je ne parlais pas ou, du moins, qui ne me concernait pas. Je ne connaissais pas donc, pour moi, ce n’était pas un sujet (en fait).
Je ne m’en occupais pas puisque, “ça ne me regardait pas”.
Évidemment, j’avais déjà été choquée de réactions, par exemple, celle d’une ancienne collègue dans un salon de coiffure où j’ai travaillé. Elle avait eu des propos que nous pourrions, à ce moment-là, qualifier de transphobes! Puisqu’elle a eu des propos extrêmement intolérants envers cette personne, c’était “il me dégoûte”, voilà des propos comme cela.
Je lui ai répondu que c’était très intolérant de dire ça et surtout, que cette personne ne lui a rien fait et que, très souvent, ce sont des personnes qui sont mal dans leur peau, essentiellement. Qu’il n’y a pas à se sentir dégoutée ou à les rejeter comme ça, sans raison.
Enfin, je veux dire qu’on avait absolument aucune raison de le faire, d’autant plus qu’on était un salon de coiffure… Nous sommes censées nous occuper des clients quelles que soient leurs origines, leur style vestimentaire ou leur religion.
On a pas de regard à avoir là-dessus.
J’ai trouvé que c’était une réaction assez violente, ça m’avait choquée, je n’ai jamais eu de haine, je n’ai jamais eu de mépris envers ce type de personnes.
Donc du coup, au niveau de mon militantisme, au départ, pour moi, c’était essentiellement axé sur les femmes, parce que, le féminisme, c’est un combat axé sur les droits des femmes! Donc, pour moi, le sujet de la transidentité ou de la transsexualité, n’entre pas en ligne de compte, ça ne fait pas partie de ce combat (de toute façon).
Les premières militantes que j’ai suivies dans le parcours féministe, finalement, étaient essentiellement des feministes dites “radicales”, ce qui m’a permis de ne pas tomber dans le discours de la théorie du genre, pro voile ou pro prostitution.
Morgane, rebelle du genre.
Mais plutôt dans l’inverse, donc j’ai très rapidement été dans l’abolitionnisme du genre, dans l’abolitionnnisme de la prostitution qui, pour moi, est un des sujets qui me remue les tripes le plus fort parce que je n’arrive pas à comprendre comment on peut considérer la prostitution comme quelque chose de parfaitement normal! Surtout quand on connaît les chiffres! Le simple fait de savoir que semble de savoir que 98 % des clients, il me semble, sont des hommes et que 85 % des personnes qui pratiquent la prostitution sont des femmes… Juste ces chiffres-là devraient interpeller en fait!
Enfin, je veux dire qu’on est dans une société patriarcale, misogyne et ces chiffres n’interpellent pas les personnes qui défendent la prostitution…
Finalement, la question que je me pose est :
À qui ça bénéficie vraiment? Si ce n’est pas aux hommes ?
Morgane, rebelle du genre.
J’étais vraiment dans le féminisme radical dès le départ.
Donc, je n’ai pas eu à baigner dans ce vocabulaire très récent tel que “transgenre”, “cisgenre”, “non-binaire”, “agenre” et tous les autres types de genres qui existent… Puisqu’il y en a bien plus que ça! Je ne sais même pas combien il y en a, d’ailleurs.
Ce qui m’a amenée, à un moment donné, à aller sur un réseau social qui n’est pas très connu et qui s’appelle “Amino”?
Amino, c’est un réseau social sur lequel on peut créer sa petite communauté, ce sont des personnes qui sont généralement très jeunes, il y doit y avoir des personnes qui ont quoi? 13 ans, je dirais. Donc, une communauté relativement jeune, et forcément, la première chose que je vais faire, c’est d’aller dans une communauté féministe.
En tant que “nouvellement” féministe (on va dire) et radicale, quand je suis allée sur cette communauté féministe, je me suis bien rendue compte qu’il y a quand même des sujets où… Ce n’est pas évident. Que ce soit la prostitution, le voile ou la transidentité…
Ce sont des sujets où tout le monde n’a pas la même évolution du tout et, surtout, ne peut pas évoluer sur le sujet puisque certains discours, comme le discours radical, sont complètement censurés.
Des personnes n’ont juste pas accès à ce discours.
Et pour pouvoir réfléchir, il faut avoir accès à ce discours. Le problème est que personne ne diffuse ce discours (malheureusement).
Alors, je me suis mise dans l’idée de partager ces informations.
De partager des informations, par exemple, sur la prostitution.
De partager des informations sur le conditionnement des hommes et des femmes dans la société dans laquelle on est.
D’essayer, le plus possible, de diffuser un discours plus radical sur cette communauté.
La première fois que je me suis vraiment retrouvée confrontée à, disons, un conflit ayant pour sujet la transidentité, c’est lorsque j’ai voulu faire un blog expliquant le fonctionnement de l’appareil reproducteur et des parties génitales féminines.
Morgane, rebelle du genre.
J’ai fait ce blog où il y avait des explications que j’étais allée chercher à droite et à gauche. Des explications sur comment fonctionne le cycle menstruel, comment fonctionne la vulve ou comment elle est composée, et aussi, à quoi ça ressemble… Parce que, l’air de rien, sur une communauté aussi jeune, je me dis qu’il a de nombreuses jeunes filles qui ne connaissent pas du tout leur corps. Et donc, il m’a semblé essentiel, sur ce blog, de parler de parties génitales féminines des filles et des femmes.
Je me suis retrouvée, sous les commentaires, agressée (dans la façon de s’exprimer), par une jeune fille transidentifiée (qui se considère donc, homme, mais qui est une fille).
Et donc, cette fille m’a vraiment agressée.
Tout de suite, c’était : “Ce blog me dysporise. Les images, mon Dieu (!) ça me dysphorise! Je fais un malaise, c’est horrible! Je ne me sens pas bien en voyant les images… Et puis, ton blog, il est trop cis-centré! Il n’y a pas que les femmes qui ont leurs règles, tu ne penses pas aux non-binaires,… !”
Enfin, voilà.
Il y a eu deux personnes comme ça qui m’ont agressé, mais vraiment AGRESSÉE! C’est-à-dire que, moi, à partir du moment où tu viens me parler de manière agressive pour me dire ce que je DOIS écrire, sur un blog qui concerne, pardon, mais… On va dire, quand même, 52% de la population mondiale! Les femmes nous sommes tout de même 52%! … Nous ne sommes pas une minorité!
Le fait qu’on vienne m’agresser comme ça et ce, de manière gratuite, ça m’a tout de suite… Comment dire?
J’ai tout de suite mis une barrière, en fait!
Tu m’agresses, je ne vais certainement pas aller dans ton sens! Je ne suis pas un paillasson!
Donc, je lui ai répondu, cordialement mais, je lui ai fait comprendre que, d’abord, elle n’avait pas à m’agresser de cette façon-là, que je ne suis pas d’accord avec ce qu’elle me dit et que, dans ce cas-là… Je n’ai absolument aucune obligation d’abonder dans son sens!
Je ne vais pas écrire quelque chose que je ne pense pas, juste parce qu’il ne faudrait pas que je la contrarie.
Morgane, rebelle du genre.
D’autant plus que j’avais très envie de lui répondre, je ne l’ai pas fait, mais, j’avais très envie : « Si la simple vue d’une vulve, de quelque chose que tu as, te dysphorise et te provoque un malaise vagal ou te donne envie de vomir ou de tomber dans les pommes, dans ce cas-là, ce n’est pas moi le souci!
Là, c’est que tu as un problème avec ton corps, et ce n’est pas un reproche que je te fais, c’est juste une réalité, tu as un problème avec ton corps que moi, je ne peux pas résoudre, et moi, je ne vais pas me censurer parce que tu rejettes ton corps !”
C’est lunaire, autrement! Parce que, moi, j’ai la phobie des prises de sang, est-ce que je vais faire un scandale devant tout le monde à chaque fois que je vois une prise de sang à la télé? Non.
Et pourtant, moi, ça me met très mal de voir ça!
Voilà. Donc, elle est venue m’agresser en message privé, notamment en me disant des choses complètement aberrantes, notamment que, les femmes, de toute façon, elles avaient beaucoup plus de droits que les trans, et qu’elles ne vivaient pas les mêmes violences que les trans! Et que nous, on est privilégiées!
C’est à partir de là que je lui ai fait très bien comprendre que j’étais ce qu’ils appellent, une horrible “terf”!
Je lui ai fait comprendre que son jargon ne fonctionnait pas sur moi, et que ce n’était pas la peine qu’elle vienne m’agresser.
D’autant plus que si elle ne m’avait pas agressée de cette façon-là, peut-être que j’aurais consenti à modifier (en y ajoutant des mentions).
C’est ce que l’on attend, par exemple, du planning familial :
Plutôt que d’effacer les femmes en mettant « personnes menstruées », qu’ils mettent «femmes » et, éventuellement, les « hommes trans » s’ils le souhaitent, ou les « personnes non binaires ».
Mais… Effacer un mot qui est là pour définir une partie de la population?
Morgane, rebelle du genre.
Voilà, ça a été le premier moment où je me suis retrouvée accusée de transphobie et où je n’ai pas voulu céder.
À la suite de cette agression et de cette accusation de transphobie, quelque temps après, j’ai décidé (avec également d’autres raisons), de quitter cette communauté-là.
Et j’ai souhaité, avec deux autres personnes qui sont radfem aussi, de créer une communauté qui soit vraiment une communauté radicale.
C’est-à-dire que, quand on arrive dessus, sur la première page est écrit : féministes radicales avec une description de ce qu’est une femme. Une description claire et précise.
Femme = être humaine de sexe féminin.
La première chose qui était sur notre page (c’était vraiment bien spécifié) était : “Ce n’est pas la peine de nous faire un discours pro genre, ce n’est pas la peine de nous faire un discours pro prostitution parce que, ce discours, ne sera pas accepté dans cette communauté”.
Pas par désir de censure mais, parce que, c’est un discours qu’on voit partout et qu’il n’était pas question de laisser n’importe qui venir dire qu’être une femme est un ressenti! Hors de question de laisser quelqu’un nous dire que la prostitution, c’est merveilleux! Ou que c’est un métier comme un autre… Surtout que, j’avais fait un blog avec une quantité astronomique de témoignages d’anciennes prostituées! Pour moi, c’était indécent de venir faire ça! Il y a plein d’autres endroits pour le faire! J’estimais que je voulais protéger ma communauté et, je voulais que ce soit à mon image, essentiellement!
Finalement, cette communauté, je l’ai un peu abandonnée… Car, cela ne prenait pas, et parce que je pense que le féminisme dit « radical », malheureusement, c’est dur. Il oblige à se réveiller.
Une fois qu’on a “un peu” ouvert les yeux sur la réalité de la société, c’est très difficile d’en sortir. Dans le sens où, j’ai du recul parce qu’au bout d’un moment, ce n’était plus possible.
J’arrivais un stade où j’étais en colère tout le temps, parce que j’ai un regard sur la société que les autres n’ont pas, donc fatalement, je vais voir de la misogynie là où les gens vont juste dire «C’est marrant!».
Non, ce n’est pas drôle! C’est misogyne.
Morgane, rebelle du genre.
Tu ne le vois pas, mais moi, je le vois.
Je me doute bien qu’il est difficile d’amener des personnes jeunes dans le féminisme radical, j’ai donc essayé de faire au mieux, mais malheureusement, j’ai échoué…
Peut-être que je retenterai un jour.
Ensuite, j’ai continué ma progression dans le féminisme via Facebook ou Instagram (et ces communautés-là).
Je me suis rapidemment aperçue qu’on ne pouvait jamais mentionner le mot femme sans mentionner rien d’autre ou, du moins, sans mentionner « non binaire, transgenre, agenre… »… Ou toutes les identités de genre possibles et inimaginables.
On ne peut jamais utiliser le terme femme si on veut parler d’êtres humaines de sexe féminin et donc, des femmes… Comme dirait JK Rowling.
Pourtant, le terme existait.
Aujourd’hui, nous sommes obligées de parler de « femmes cis »!
C’est, d’ailleurs, un truc qu’on m’avait reproché sur Amino!
J’osais ne pas parler de “femme cis”.
Je leur ai dit mon impossibilité d’utiliser le terme « femme cis »… Donc, on est obligées de parler partout et de tout sauf, de ce qui concerne les femmes? Les femmes! Pfff…
Et puis, nous avons dû lire un peu partout que « les femmes trans sont des femmes », c’est répété sans arrêt…
En fait, c’est une phrase qui, aujourd’hui, m’horripile! Parce que ça ne veut RIEN dire!
Ça ne veut rien dire parce que si tu n’es pas capable de définir le mot “femme” de manière non circulaire, ça n’a pas de sens!
Morgane, rebelle du genre.
Tu ne peux pas définir un mot avec le mot dans la même phrase :
« Les chats sont des trucs qui ressemblent à des chats. »
Super comme définition! C’est vraiment clair, du coup!
On sait vachement ce que c’est qu’un chat du coup!
C’est souvent l’exemple que je donne quand je demande une définition à quelqu’un : “Définis-moi ce qu’est un chat sans donner le mot chat dedans.”
Si je te demande une définition claire et précise, tu vas me répondre 2 points « le chat est un petit félin originaire d’Afrique avec, peut-être, le nom latin (si ça te fait plaisir) mais, j’ai besoin d’une définition claire.
Donc, si tu me dis : «Une femme, c’est une personne qui se sent femme», je ne sais toujours pas ce que c’est qu’une femme. Je ne comprends pas mieux ce que tu veux me dire.
Donc voilà, sur toutes les plateformes, sur tous les comptes Facebook féministes, progressivement, je suis tombée sur ce langage un peu partout…
Ce langage de la théorie du genre et donc, tous ces termes de “l’identité de genre” tels que : femme cis, femme trans ou, même, personnes menstruées…
De plus, les termes anglo-saxons que je vais traduire, comme par exemple, pour parler de vulve, on va parler de «trou de devant » (ce qui est vachement valorisant pour nous).
Voilà, il y a eu beaucoup de choses comme ça.
Puis, il n’y a pas que le discours protrans qui est un peu partout, il y a aussi le discours qui est pro-prostitution… Je me suis trouvée bloquée par une page Facebook qui s’appelle “Feminazgul” (qui est une page que je suivais vraiment beaucoup au début de mon militantisme) du coup, je n’ai plus pu la suivre longtemps vu qu’elles m’ont bloqué pour la simple raison que, sous une publication qu’elles avait fait et qui parlait de la prostitution…
(Je ne sais plus exactement ce que ça disait , mais c’était pro prostitution, ça parlait des abolitionnistes avec tout le mépris qui va bien avec…)
J’ai osé dire : «D’accord, vous êtes pour la prostitution, c’est un métier comme un autre pour vous, mais moi, j’ai juste une question, qu’est-ce qu’on fait pour les femmes qui n’ont pas le choix et qui sont extrêmement majoritaires ? »
Et j’ai mis les chiffres.
Des chiffres officiels comme les 85 % de femmes subissant la traite.
Morgane, rebelle du genre.
Des chiffres que je n’avais pas sortis de mon chapeau, mais que je connaissais.
Et je leur ai dit : «D’accord, il y a des personnes, des femmes qui choisissent, – et encore, le choix, ici, est complètement discutable dans une société dans laquelle on est complètement conditionnées – , ok pour celles qui choisissent, mais pour celles qui ne choisissent pas et qui sont majoritaires, est-ce que ça ne serait pas elles qu’on devrait aider en priorité? Parce qu’on est dans une société qui devrait privilégier la protection pour la majorité des individus, non? Enfin… L’individu, c’est une chose, mais si une chose porte préjudice à la majorité, bah… C’est la majorité qui prime! C’est logique. »
J’ai juste mis ça en restant vraiment diplomate. Je n’ai pas créé de conflit.
Je ne suis pas arrivée en les agressant, et elles se sont contentées de m’envoyer bouler comme une malpropre en me traitant “d’abolo”, et en me disant de lire un article qu’elles m’avaient envoyé, un article fait par une prostituée qui le faisait « par choix » et qui disait ouvertement qu’elle détestait les “abolos” et les “féministes pro-prostitution” parce qu’elles parlaient à leur place.
Honnêtement, l’article était, comment dire? …
Plus là pour donner l’impression que la personne est en colère envers les personnes qui défendent la prostitution comme un “métier comme un autre”, que contre les abolitionnistes. Donc, je n’ai pas bien compris où elle voulait en venir mais, en fait, il n’y avait pas d’arguments.
Elle n’a même pas essayé de discuter.
C’était vraiment : «Je te mets ça, tu lis, et je te bloque». Du coup, ça n’a pas fait avancer mon opinion sur le sujet, je suis toujours abolitionniste, et donc, ça n’a pas marché visiblement.
Donc il y a eu cet épisode là où je me suis retrouvée bloquée.
Finalement, je me suis retrouvée à fuir beaucoup de pages féministes puisque, soit elles prônaient l’identité de genre, soit elles prônaient la prostitution, soit elles prônaient le voile, soit elles prônaient l’utilisation de termes extrêmement méprisants envers les féministes radicales tels que «terf » (évidemment).
Mais, il y a aussi «swerf » pour les abolitionnistes. Le terme « abolo » qui est très souvent (bien sûr), utilisé de manière méprisante, (ce qui me fait doucement rire quand on sait qu’une bonne partie (en tout cas) des féministes abolitionnistes sont d’anciennes prostituées donc, qui connaissent le milieu… Mais bon, elles sont concernées, mais ce ne sont pas les bonnes concernées… Elles n’intéressent pas).
Au final, j’ai fini par devoir fuir tous ces comptes. Je ne m’y retrouvais pas.
Morgane, rebelle du genre.
Je ne me retrouvais pas dans ces comptes-là, je ne me retrouvais pas dans leur féminisme et puis, ce qu’elles véhiculent, ça ne me convient pas, je ne peux pas adhérer à leurs pages.
Ce qui a vraiment commencé à me faire me questionner et à rejeter complètement l’idéologie du genre?
C’est un ami qui est venu me parler lorsque j’ai partagé une publication qui parlait des violences du mouvement transactiviste.
Donc, un homme est venu me faire une explication de féminisme… On aime toujours!
Il est venu me dire en privé mais, je caricature un peu : «Ce n’est pas très gentil ce que tu partages, c’est un peu limite… ».
J’ai commencé à lui donner des arguments, des choses un peu plus concrètes, des choses qui sont réelles et puis, progressivement, de fil en aiguille, il se rendait compte que « Oui, tu n’as pas tort, mais tu comprends, le ressenti de la personne, je ne peux pas le remettre en question, je ne peux pas lui dire non, si à la personne ça lui fait du bien, si ce n’est pas pour lui faire de la peine… »
J’ai eu envie de lui dire : « Donc, tu n’adhères pas du tout à leurs discours, mais par principe d’être “gentil”, et de ne pas contrarier une personne en face, tu vas abonder dans son sens? »
J’ai bien senti qu’il pataugeait un peu à ce moment-là.
Puis, je lui ai aussi posé la question (qui est pour moi une question piège) : «Est-ce que tu t’es déjà senti homme, toi ? Est-ce que tu t’es senti, concrètement, homme ? Qu’est-ce que ça serait, pour toi, de se sentir homme?»
Et il m’a répondu très clairement : « Je ne me suis jamais senti homme. »
Et bien moi non plus, je ne me suis jamais sentie femme. Je sais que je suis une femme, parce que mon corps est comme il est. Tout mon corps me fait savoir que je suis une femme. Le seul fait qui fait que je me sente femme, ça va être les moments de mon cycle, là où j’ai mal au ventre. Là, je le sens dans mes tripes!
Morgane, rebelle du genre.
C’est juste des choses qui s’imposent à moi, que je ne peux même pas décrire!
Finalement, quand je lui ai dit ça, il m’a répondu : « Bah ouais mais tu ne t’es pas posé la question si t’étais agenre?» …
Non, je ne suis pas “agenre”. Je ne me “sens” pas. Je suis! Point!
Je n’ai pas besoin de me sentir agenre.
Je me suis dit, (quand il me dit ça, j’ai déjà 26/27 ans) : “Mais va dire ça à un adolescent qui est complètement perdu, qui est mal dans sa peau et qui a besoin de s’identifier! Un ado qui a besoin de trouver son identité!
Parce que, quand on est adolescent, on se cherche!
Moi, adolescente, j’étais gothique, je me cherchais et j’étais perdue.
Je n’étais pas bien dans ma peau non plus, comme une immense majorité des adolescents, pour ne pas dire tous… Quand j’étais au collège, beaucoup d’adolescents se cherchaient dans leur sexualité, c’était plus ça, il y avait beaucoup de filles qui disaient “je suis bi” que de garçons qui disaient “je suis bi, je suis homo” et qui ne savaient pas encore trop se positionner sur ces sujets, qui étaient un peu “perdus”, ce qui est normal.
Mais je me dis qu’aujourd’hui, fatalement, si tu as un gamin qui vient te poser la question et qui te dit : “Je n’aime pas jouer avec tel ou tel jouet, ou je n’aime pas telle ou telle activité de garçon, c’est peut-être parce que je suis une fille?” Cela va être compliqué…
Les adolescents sont influençables.
Ils sont en train de se construire.
Nous atteignons l’âge adulte à partir de 25 ans (à peu près).
Donc, comment peut-on considérer, qu’effectivement, des adolescents ont un regard critique sur eux qui soit fiable?
Parce qu’ils vont évoluer dans leur tête jusqu’à, à peu près, cet âge-là? Et ils évoluent encore après…
Donc, quand il m’a dit ça, il m’a demandé si je n’étais pas “agenre”, j’étais… Sidérée, en fait.
Je te dis : “Je ne me sens rien du tout. Je n’ai pas besoin d’un terme pour définir ce que je suis, je suis une femme, je ne me sens pas femme. J’en suis une. POINT.”
Mais, il avait quand même eu besoin de me demander si je ne me sentais pas “agenre”.
Je me suis dit : “En fait, tu me pousses un petit peu vers le truc qui t’arrange, finalement. Il faut que j’aille dans le sens qui t’arrange! Parce que, sinon, ça va trop remettre en question ce que tu me dis.”
Tout cela font partie des choses qui m’ont fortement agacée, et puis, que je trouvais complètement, encore une fois, aberrantes!
Sur la communauté Amino sur laquelle j’étais avant, moi, je n’y étais plus, mais j’avais mes amies qui étaient encore dessus et elles m’ont partagé des choses. Notamment des gamins qui étaient sur la communauté LGBT…
Des adolescentes sont allées sur cette communauté en disant qu’elles n’aimaient pas telle ou telle activité de fille et que, peut-être, cela faisait d’elles des “non-binaires” ou des “garçons”.Les personnes leur ont répondu que ça devait être ça… “D’accord”.
Mais, on n’est pas dans le stéréotype du tout, là?
Donc, une fille qui n’aime pas faire telles ou telles activités considérées comme des activités de “filles”, le premier truc que vous lui dites ce n’est pas : “Non, tu es ce que tu es avec tes préférences, avec ta personnalité, avec les activités que tu aimes”. NON.
Morgane, rebelle du genre.
La première chose que vous lui dites c’est que, peut-être, effectivement, elle n’est pas dans le bon genre! Et qu’il faudrait, peut-être, à un moment donné, dans sa vie, prendre des hormones? C’est complètement stéréotypé pour moi!
Si ça, ce n’est pas des stéréotypes, je ne vois pas ce que c’est!
Ce qui est “drôle” c’est que ce sont des gens qui souvent vont vous dire : “Tu devrais te renseigner, instruis-toi!”.
Désolée, mais là, je ne vois que des stéréotypes! Je ne vois rien d’autre!
Je n’ai pas besoin de m’instruire pour savoir que dire que telle ou telle activité c’est une activité de “filles” ou de “garçons”, c’est stéréotypé!
Il n’y a même pas besoin d’être radicale, théoriquement, pour savoir ça!
Donc il y a eu ça puis, le fait qu’avec une amie, on s’est retrouvées à lire les 12000 définitions de genres différents qui existent…
Avant, il y avait effectivement les personnes “transgenres”, les “non-binaires” ou éventuellement “agenres, et puis là, je me suis retrouvée face à des “xénogenres”, des “fregugender”, mélangés (bien sûr) dans une grosse soupe avec toutes les orientations sexuelles et romantiques possibles…
Je ne savais pas qu’on était obligé de spécifier qu’on est “romantiquement” attiré par certaines personnes, et attiré “sexuellement” par d’autres.
Non, pour moi, nous sommes attiré.es par certaines personnes selon notre orientation sexuelle, et puis après, le reste… C’est si on est attiré par sa personnalité, ou pas!
Pour moi, c’est encore une fois, créer des cases et des cases et des cases…
Morgane, rebelle du genre.
Les gamins ne peuvent pas s’y retrouver, c’est impossible!
Nous, on ne s’y retrouve déjà pas alors que nous sommes adultes, que nous avons un regard plus critique et que nous sommes censé.es être en capacité de réfléchir, et nous avons déjà du mal à s’y retrouver…
Donc des adolescents, je ne vois pas comment ils pourraient s’y retrouver.
Parmi les choses aussi qui m’ont vraiment outrée et interpellée, ce sont toutes ces femmes, notamment Marguerite Stern, qui se sont retrouvées complètement dépossédées de leur travail.
Morgane, rebelle du genre.
Marguerite Stern, pour le coup, s’est carrément vue nier son rôle plus que majeur, puisque c’est la créatrice des collages qui s’est retrouvée dépossédée et quasiment pas citée dans un livre que je ne vais même pas nommer. Il ne mérite pas d’être cité, ce livre. Donc, Marguerite Stern qui a été dépossédée de sa création, et aussi les espaces féministes qui, comme l’Amazone, ont littéralement volé!
Elles ont été chassées de ce lieu qui était un lieu de partage, de militantisme, de protection, et qui ont été transformés, excusez-moi du terme mais… Ont été transformés, littéralement, en baisodrome.
Des noms de femmes juste à côté desquels des hommes et des transactivistes, ont tagué des pénis avec écrit “c’est la vie”. Moi, ça m’a rendue complètement “folle” cet évènement, je ne comprends même pas qu’on ose faire ça… Si ce n’est quand on est misogyne.
Car c’est, encore une fois, utiliser la sexualité et tout ce qui est en rapport au sexe comme quelque chose de profondément humiliant pour les femmes puis, qu’ils ont marqué leur terrictoire en y baisant, voilà.
Puis, il y a eu aussi, pareil, des choses qui m’ont choquées comme des vidéos qui visent à nous dire que les femmes trans donc, les hommes transidentifiés, sont des femmes comme les autres, et que leur corps est un corps de femme comme les autres… Donc, que les hommes transidentifiés qui se font faire des vaginoplastie, ils ont un sexe identique aux nôtres…
Il est artificiel MAIS, c’est un sexe parfaitement identique aux nôtres qui sont des sexes naturels… Alors ça, c’est pareil, je ne comprends même pas qu’on puisse dire ça : c’est soit de mauvaise foi, soit c’est carrément méconnaître le fonctionnement de nos corps.
Le corps des femmes a un fonctionnement merveilleux donc, ça, ça m’a choqué et puis, il y a aussi eu le coup des préférences génitales aussi…
Morgane, rebelle du genre.
Dire aux lesbiennes qu’elles doivent accepter les pénis dans leur lit.
Alors que, bon, c’est quand même un des plus gros combats que les femmes ont mené et, notamment, les lesbiennes. Puisque, se refuser aux hommes dans une société misogyne et patriarcale, c’est un petit peu le level + 1000 en matière de combat féministe.
Puis, le tout dernier événement qui s’est passé donc, très récemment, c’est d’avoir accusé le collectif qui s’occupe du comptage des féminicides dans le cadre des violences conjugales donc, nous sommes bien d’accord que les violences conjugales sont des violences spécifiques du patriarcat? De transphobie.
Morgane, rebelle du genre.
Et donc, d’accuser ce collectif (féminicides par compagnon ou ex) de transphobie… Parce qu’il ne compterait pas les hommes transidentifiés (“femme” trans) dans les féminicides c’est…
Et donc là, “on” ne va même plus partager ce décompte, alors qu’en plus, elles ont été accusées de ne pas compter les hommes transidentifiés (“femmes trans”) alors que, ce n’est pas vrai!
Il n’y a juste AUCUN homme transidentifié qui est mort dans le cadre de violences conjugales. Il n’y a pas de personne trans morte dans ce cadre-là donc, en fait, c’est quoi la solution? Allons-nous devoir inventer des chiffres qui n’existent pas?
Est-ce que tu pourrais nous dire, s’il te plaît, pourquoi tu penses que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et/ou pour notre démocratie?
Alors, pour nos droits, parce que les objectifs des femmes (des féministes) et des personnes trans ne sont tout simplement pas les mêmes, ce n’est pas le même combat donc, nous n’avons pas les mêmes objectifs, tout simplement.
Parce que nos conditionnements et nos expériences ne sont pas les mêmes, parce que les femmes ont des besoins sexospécifiques, parce que les femmes vivent des violences sexospécifiques qu’il est primordial d’identifier comme telles pour les combattre.
Si on ne peut plus dire que les violences que vivent les femmes sont basées sur le sexe, déjà, j’ai envie de dire que le terme sexisme n’a plus d’intérêt.
Morgane, rebelle du genre.
Puisque le sexisme est basé sur le sexe et que, c’est une réalité concrète. C’est-à-dire que des petites-filles sont avortées avant même de venir au monde… Ce n’est pas sur la base de leur ressenti mais, sur la base de leur sexe.
Quand des femmes sont excisées c’est, tout simplement, sur la base de leur sexe, leurs ressentis,on s’en fiche à ce moment-là.
Pour les enfants, parce que l’on constate quand même qu’il y a de plus en plus de gamins qui sont complètement perdus, c’est ce que je disais tout à l’heure : c’est qu’avec les 12 000 identités de genre possibles et inimaginables, comment les gamins sont sans censés se construire?
Ils ont accès à une idéologie qui les embrouille complètement.
Ils ne peuvent plus savoir ce qu’ils et qui ils sont.
Si on ne peut plus dire à un petit garçon qu’il est un petit garçon parce que c’est transphobe, ce n’est pas possible, à un moment donné, il faut bien que la personne sache ce qu’elle est. C’est important.
Ne serait-ce que pour la santé, les différences entre les hommes et les femmes sont plus que concrètes.
La quantité astronomique de petits garçons ou de petites filles persuadé.es d’être non-binaires parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes sociétaux… C’est une vraie catastrophe.
Ensuite, en ce qui concerne la société, nous sommes des êtres sexués et on ne peut pas effacer une réalité qui divise l’humanité en deux.
Comme je le disais, nous les femmes, nous sommes 52 % de la population!
Nous, les femmes, nous ne sommes pas une minorité, nous sommes une… Majorité opprimée!
Morgane, rebelle du genre.
Les femmes, en fait, dans la société, et partout dans le monde, c’est quelque chose de bien concret.
Partout sur la planète, quasiment, les femmes vivent des oppressions systémiques!
Dans toutes les sociétés, même les sociétés les plus, entre guillemets, féministes possible, même chez les Mosos (une société matriarcale), il y a des violences et des oppressions systémiques!
On subit la misogynie, les femmes ont quasiment toutes la peur de rentrer tard le soir. Quand on est dans la rue, on a peur… Et nous n’avons pas juste peur de nous faire frapper, on a peur d’être victime d’une agression sexuelle! Cela, c’est une peur que les hommes n’ont pas!
On peut avoir peur aussi chez nous puisque, on sait très bien, surtout quand on est féministe, que le lieu dans lequel on risque le plus de subir des violences de type sexuelles, et autre d’ailleurs, c’est chez nous.
On peut subir des violences dans nos vies professionnelles, on peut très bien être harcelée par le patron et subir le harcèlement sexuel.
Combien d’hommes ont vécu des choses similaires?
Je suis persuadée que 100 % des femmes ont vécu des violences sexuelles sans même être capables d’identifier ces violences.
Parce que nous sommes conditionnées à les accepter, de par la culture du viol.
Morgane, rebelle du genre.
Je pense qu’effectivement, on en a toutes vécu…
Quand on discute toutes, entre femmes, on s’aperçoit bien que, finalement, on a toutes vécu des agressions, qu’on considère presque comme des “petites anecdotes » dans notre vie mais qui sont, finalement, dans le cadre légal, des violences sexuelles!
Donc, nous ne sommes pas une minorité et j’estime que nous devons avoir notre mot à dire sur les violences sexo-spécifiques.
Ensuite, pour la démocratie, je pense qu’on voit très bien que là, nous sommes dans une censure permanente et dans un négationnisme. Puisqu’on arrive à un stade où même des figures féminines historiques sont “transformées” en hommes.
Les femmes qui ont œuvré pour nos droits, qui se sont par le passé travesties pour pouvoir accéder à ce à quoi elles avaient besoin d’accéder pour se battre pour leurs droits, ou pour leur vie professionnelle.
Et ces femmes, aujourd’hui, ne sont plus des femmes : ce sont des hommes, finalement. Des “hommes trans” donc, des femmes transidentifiées…
Il y a un terrorisme intellectuel actuellement qui n’aurait rien à envier à certains propagandistes nazis.
Morgane, rebelle du genre.
Enfin…“Terfs au bûcher”, “Swerfs au bûcher” existe aussi… “Une terf, une balle”… Ils veulent faire passer les féministes radicales pour, littéralement, des sorcières!
C’est de la propagande, et cela empêche tout le monde de réfléchir sur ce sujet.
Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner sous ta réelle identité? Est-ce que tu as déjà subi des pressions ou des menaces? Perçois-tu un danger dans ton entourage ou est-ce que tu te sens libre de parler de ce sujet?
J’ai voulu m’exprimer car, depuis un an, j’ai dû m’éloigner du militantisme pour des raisons qui sont que je ne pouvais pas m’y consacrer, j’avais des choses importantes dans ma vie que je devais gérer en priorité.
Et malheureusement, j’ai dû faire une croix sur certaines choses, ne serait-ce que pour l’aspect psychologique car, c’est épuisant (en fait) d’être dans ce milieu…
C’est épuisant au quotidien donc, j’avais besoin de me consacrer à autre chose. Puis, j’estimais ne pas avoir les épaules pour affronter tout ça, je n’avais pas la force.
Mais, par exemple, témoigner pour moi, c’est une petite chose que je peux faire qui ne me demande pas un effort surhumain.
Je m’exprime et je témoigne sur ce que je pense, et ce que j’ai pu vivre.
Je me dis que cela peut être une des choses que je peux faire actuellement, permette de faire bouger un peu les lignes, en sachant que j’ai la chance (comparativement à certaines femmes), de ne pas avoir un entourage malveillant et d’être entourée de gens avec lesquels je peux discuter sereinement, sans risquer d’être agressée, sans être rejetée comme une malpropre.
Oui! En effet, c’est une grande chance!
As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?
L’anecdote qui me vient immédiatement n’est pas en lien direct avec le transactivisme mais plutôt, avec le climat actuel qui règne dans le féminisme.
C’était au moment de participer à la marche de 2019 donc, juste avant le premier confinement.
J’avais décidé d’y aller avec une pancarte abolitionniste de la prostitution, et j’avais repris, justement, la phrase de Françoise Héritier, qui consiste à dire que les femmes ont le droit de se vendre, c’est masquer que les hommes ont droit de les acheter.
Pour moi, c’était important ce jour-là, pour une fois je manifestais, de montrer que vraiment… Non!
Il y a un truc sur lequel j’estime que nous devons vraiment nous battre aussi, c’est le sujet de la prostitution. C’est une vraie violence et pour moi, c’est une des pires violence patriarcale qui existe.
Morgane, rebelle du genre.
Je voulais donc vraiment avoir ce discours ce jour-là.
Puisque, justement, c’est un discours tellement minoritaire que, pour moi, c’est important de montrer qu’on existe et qu’on est là!
J’étais tout de même sécurisée, parce que j’étais avec le cortège d’Osez le Féminisme, qui est donc abolitionniste et, nous avons été rejointes par les femmes du collectif CAPP, donc le Collectif Abolition Porno Prostitution, elles avaient préparé une très (très) grosse action abolitionniste qui consistait à afficher une gigantesque banderole abolitionniste du porno et de la prostitution, sur la statue de la Place de la République, juste avant l’arrivée du cortège.
Donc là, avec la banderole qui est effectivement énorme, il y avait les photos de (je crois) 200 femmes qui sont mortes dans le milieu de la pornographie, mortes suicidées tellement les traumas sont énormes…
J’étais donc juste à côté d’elles, ce qui n’était pas prévu au départ mais, étant juste à côté de ces femmes, je me suis dit que j’allais les aider à porter leur banderole durant la marche.
J’étais contente. Enfin, “contente”, c’est terrible de finir par dire quelque chose d’aussi glauque, mais… J’étais contente de pouvoir faire quelque chose et de contribuer.
Là, je les aidais, je faisais quelque chose d’utile.
Je me sentais vraiment utile, et j’étais heureuse de pouvoir (au moins) les soutenir.
Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie véritablement en danger dans une foule.
Morgane, rebelle du genre.
J’ai surveillé, pendant toute la marche, si les autres groupes (les autres collectifs qui étaient derrière nous et étaient pro-prostitution) se rapprochaient.
J’ai dit et ce, plusieurs fois : “Vraiment, il faut avancer, il ne sont pas loin!”
Mais, vraiment, parce que j’avais conscience que s’ils se mettaient à notre niveau, on risquait VRAIMENT de se faire arracher nos banderoles, et de… De se faire agresser en fait! Enfin, d’être agressées!
Car on ne se fait pas agresser, on EST agressées car nous sommes victimes.
Je me suis dite que ce n’était pas possible! Je ne peux pas accepter qu’en manifestations féministes, on se sente en danger comme si on était le soir tard dans la rue avec des groupes d’hommes qui pourraient nous agresser!
Cette marche s’est donc malheureusement terminée par l’agression des militantes de CAPP.
Morgane, rebelle du genre.
(Collectif Abolition Porno Prosititution)
Quatre femmes ont fini leur soirée soit au commissariat, soit aux urgences ou peut-être même les deux, je ne sais plus.
(Après vérification, nous confirmons les urgences : 2 femmes ont fini tabassées et traumatisées avec un nombre affolant de jours d’ITT : 21 jours pour l’une, 29 jours pour l’autre… Les blessures étaient multiples. Et bien plus que 4 femmes, dont les victimes de coups, étaient au commissariat après avoir été refoulées de 2 autres, pour déposer plainte.
Les mots derrière les blessures : traumatisme facial et lombaire, ecchymoses, œdèmes à la joue, cervicalgie et raideur de la nuque, des douleurs vives au coccys, des migraines à ne pas savoir dormir, la mâchoire qui craque encore car les articulations ont été fragilisées, de l’amnésie traumatique,…)
Du coup, je n’ai pas pu aller sur la Place de la République me rapprocher du cortège puisque j’avais une pancarte abolitionniste et que je savais que les femmes avec qui j’étais (de CAPP) avaient été agressées vraiment violemment.
Je me suis donc contentée de déposer ma pancarte loin de tout le monde et, loin de cette foule, tout en me disant que, peut-être que des gens la prendraient en photo et puis se diraient : “Ah ben, quand même! Finalement, elles ne sont pas toutes complètement à côté de la plaque ces féministes, elles ont conscience que la prostitution n’est pas un métier!”
Bien que je ne parle pas ici de transactivisme, je pense que c’est une des anecdotes les plus marquantes que j’aie.
Puis, nous savons très bien que ces sujets sont liés les uns aux autres.
As-tu quelque chose à ajouter?
Il faut qu’on essaie de toutes se dire que nous sommes nombreuses finalement, à penser pareil, mais à ne pas se l’autoriser.
C’est-à-dire qu’on le pense mais, c’est un sujet qu’il ne faut surtout pas aborder ou, du moins, si on l’aborde, il faut prendre 12000 pincettes et on marche constamment sur des œufs.
Il faut qu’on arrive à parler et à se dire que… NON! Nous ne sommes pas le souci!
NON! Ce n’est pas moi qui suis malveillante ou intolérante! Ce sont les autres qui sont intolérants!
Moi, je ne vais pas insulter des gens en privé ou leur dire que ce qu’ils pensent est horrible et qu’ils méritent le bûcher!
Je ne vais jamais me permettre ce genre de choses.
Je me permets juste de penser par moi-même et je me rends compte que, finalement, nous sommes plus nombreuses qu’on ne le pense.
Morgane, rebelle du genre.
Nous remercions Morgane pour son témoignage.
N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

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