Banshee – Bonjour, je m’appelle Banshee. Comme vous pouvez le deviner, je ne suis pas française. Je suis irlandaise mais j’habite en France.
Tout d’abord je vais décrire un peu comment je suis devenue féministe.
En tant que femme irlandaise, j’ai été endoctrinée par l’Église catholique, et donc j’ai découvert le féminisme un peu plus tard dans la vie, plutôt à l’université.
Et mon premier engagement dans le féminisme a été la lutte pour le droit à l’IVG en Irlande. Et pour mieux comprendre mon parcours, je vais expliquer vite fait la place de la religion dans la société irlandaise.
Rebelles du Genre – Bonjour et bienvenue sur le podcast Rebelles du genre. Nous sommes des femmes, militantes, pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes et le genre en est le moyen.
Nous sommes les rebelles du genre.
Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits.
Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste et commencent souvent par soutenir cette idéologie.
Puis, elles ouvrent les yeux, constatent sa violence et la refusent. Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur parole.
Banshee – Après 800 ans d’oppression et de violence, l’Irlande a gagné son indépendance de l’Empire britannique en 1922. Et ce n’était pas l’île entière qui a gagné l’indépendance, parce qu’il y a toujours une partie de l’Irlande (l’Irlande du Nord) qui est toujours sous le contrôle de l’empire, du Royaume-Uni pardon. Mais on a gagné un peu d’indépendance en 1922. Et pendant les années de domination coloniale, les catholiques ont été traités comme des citoyens de seconde classe. Donc le fait d’être catholique est devenu un élément très, très important de l’identité irlandaise. C’était un presque un acte de résistance. Donc il y a 100 ans, le nouvel État irlandais était fondé, la République.
Mais malheureusement, ça a été fondé par les conservateurs catholiques. Ils ont remplacé la puissance coloniale. Donc la situation pour les femmes et les enfants, ça restait pareil : ils ont continué de souffrir. Parce que dès l’indépendance, en 1922, les ordres religieux ont ouvert les établissements pour “tenir” les femmes considérées déchues, considérées comme immorales, et ils ont ouvert des “Magdalene Laundries”, ce sont des blanchisseries, et il ont aussi ouvert des “Mother and Baby homes”, ce sont des maisons pour mères célibataires et leurs enfants.
Et l’État irlandais a commencé à financer les blanchisseries en ayant recours à leurs services pour laver le linge des hôpitaux, et pour laver le linge des prisons, et même le linge des ministres ont été lavés par ces femmes. Et les femmes étaient emprisonnées dans ces blanchisseries. Elles étaient forcées de faire ces travaux épuisants, sans aucune rémunération. Et c’était quoi leur crime? Elles étaient classées comme “des femmes déchues”.
On y trouvait des femmes enceintes hors mariage, des femmes violées, des femmes victimes d’inceste, ou des femmes jugées “trop attirantes” ou “trop sensuelles” par l’Église. Donc c’était un crime si un homme te trouvait attirante. Et ces femmes-là étaient considérées comme une influence néfaste sur la société irlandaise. Et certaines femmes étaient même envoyées dans ces prisons-là parce que parce que leurs sœurs, elles ont eu un enfant hors mariage, et puis les prêtres ont cru que ça montrait qu’il y avait une faiblesse dans cette famille. Mais bien sûr cette faiblesse dans la famille, ça ne touchait que les membres féminins de la famille.
Et vraiment, à cette époque-là toute femme irlandaise pouvait se retrouver dans ces institutions-là : des femmes de classe moyenne, des femmes pauvres, des femmes bourgeoises… elles pouvaient se retrouver dans ces institutions-là.
Et à leur arrivée, leur prénom était changé, on leur rasait leurs cheveux, elles sont devenues des criminelles. Et certaines y sont restées pendant toute leur vie. Et toute la société irlandaise était complice de ça.
RDG – Mais qui décidait de mettre ces femmes dans ces blanchisseries?
Banshee – C’étaient les médecins, c’étaient les prêtres. C’étaient les travailleurs sociaux, et c’étaient les familles qui ont placé leurs filles dans ces maisons-là.
RDG – Tu parles de “maisons” mais, en fait, c’était des prisons. Des travaux forcés, en fait.
Banshee – Oui. Oui, oui. Sans rémunération. Et ça, c’étaient les blanchisseries.
Il y avait une autre institution qui ressemblait un peu à des blanchisseries, et ça s’appelait des “Mother and baby Homes”. C’était pareil, des femmes qui ont été considérées comme immorales qui étaient envoyées dans les “Mother and Baby Homes”. C’étaient des femmes qui ont eu des enfants hors mariage. Et pareil, elles ont été traitées comme des criminelles et leurs enfants ont été considérés comme illégitimes par l’État iralandais. Et – c’est horrible – contre les volontés des mères, leurs bébés ont été vendus. Donc, non seulement ces femmes étaient esclaves, elles ont été forcées d’aller dans ces prisons-là, mais leur enfant ont été vendus à des riches couples catholiques américains. C’était des adoptions illégales. Leurs enfants ont été vendus, et ces femmes, bien sûr, elles n’ont pas reçu l’argent : l’argent est allé où? L’argent est allé aux ordres religieux. Donc vraiment, c’était un marché de vente des bébés. Les femmes n’avaient pas leur mot à dire, parce que c’étaient des femmes déchues, c’était des femmes “immorales”.
Certains bébés n’étaient pas vendus. Comme vous pouvez l’imaginer, c’étaient des bébés avec des handicaps. Et qu’est-ce qu’on fait avec ces bébés-là? Parce que c’était un marché. Ces ordres religieux ils ont voulu faire du fric, donc ils ne voulaient pas que les bébés restent dans les maisons. Ils ne voulaient pas nourrir les bébés. Donc ces bébés étaient négligés. Les bébés qui n’ont pas été vendus, ils étaient négligés.
Et, il y a quelques années, à Tuam, Galway, on a trouvé une fosse commune avec des centaines et des centaines de cadavres de nouveau-nés, et des cadavres d’enfants de 3 ans, de 4 ans. Donc les enfants qui n’étaient pas vendus, ont été négligés jusqu’à la mort. Et ces femmes, quand leur enfant était vendu, ou si leur enfant n’était pas vendu, finalement, elles avaient le droit de quitter cette maison, (cette maison pour les “mères et des bébés”, mais, comme tu as dit, c’était vraiment une prison), elles avaient deux possibilités : soit leur famille les accepte, soit elles sont accueillies chez elle, ou soit la famille dit “non, on ne veut plus de toi”, elles étaient envoyées dans les blanchisseries.
Donc elles étaient emprisonnées pendant toute leur vie.
La raison pour laquelle je parle de tout ça, c’est parce que ce n’est pas une relique du passé. La dernière “Magdalene Laundry”, la dernière blanchisserie, a été fermée en 1996. Pendant MA vie!
Et la dernière blanchisserie qui a fermé, c’était à Dublin. Elle s’appelait “Sean McDermott Blanchisserie” et ce qui est encore plus choquant, c’est que cette blanchisserie n’est pas fermée en raison de ces violations des droits de l’Homme, en raison de ce que cette blanchisserie a fait aux femmes et leurs enfants, mais non. La blanchisserie a été fermée pour des raisons économiques. Donc les blanchisseries n’étaient tout simplement plus viables financièrement.
Donc les machines à laver ont fait plus pour abolir ces institutions que l’État ne l’a jamais fait.
RDG – Je suis effarée d’entendre ce que tu racontes. Alors je suis peut-être très inculte, mais je découvre complètement ou presque complètement ce que tu racontes-là. Est-ce que tu as une idée du nombre de femmes et d’enfants qui ont été victimes de cet esclavage et de cette traite des êtres humains, pour les enfants?
Banshee – Je ne sais pas, parce que vu que les adoptions étaient illégales, il n’y avait pas de traces. Et c’est des ordres religieux qui ont géré ça. Et pendant longtemps, l’État ne voulait pas se mêler de ça, ils ont dit que c’est des affaires privées.
Et aussi, ce qui est horrible, quand les enfants étaient adoptés, leur mère n’avait pas le droit de contacter. Donc il y a beaucoup d’enfants maintenant, d’environ (ils étaient les enfants) il y a beaucoup d’adultes d’environ 50 ans aux États-Unis, maintenant, et ils cherchent ; ils reviennent en Irlande pour trouver leur vraie mère, pour demander : “Qu’est-ce qui s’est passé quand moi j’ai été vendu?” Mais malheureusement beaucoup de ces femmes, maintenant, sont très vieilles. Elles ne peuvent pas repenser à ça, parce que c’est horrible, c’est traumatique. Et il y a beaucoup de ces femmes-là, aussi, qui sont mortes.
Et c’est … scandaleux.
Et c’est si récent aussi.
Même en Irlande aussi, cette histoire est toujours un tabou.
Il n’y a pas un musée qui raconte l’histoire de ces femmes, ni de leurs bébés vendus. Même, je te dis que la dernière blanchisserie a été fermée en 1996.
Et le gouvernement irlandais qui est toujours motivé par le capital, ils ont voulu vendre ce site-là à une chaîne hôtelière japonaise, mais en raison de la colère féministe, ils n’ont pas pu faire ça.
Mais quand même, il n’y a même pas un musée, donc…
RDG – Aujourd’hui seules quelques féministes, dont tu fais partie, entretiennent la mémoire de ces femmes et de ces enfants qui ont été vendus par l’Église et par l’État?
Banshee – Oui.
RDG – Main dans la main.
Banshee – Si ça intéresse des femmes qui écoutent, il y a un film qui a été fait sur les “Magdalene Laundries”, sur les blanchisseries, et je pense que ça s’appelle “Magdalene Laundry”, et il y a un autre film qui a été fait plus récemment, et qui s’appelle “Philomena”, et ça parle d’une femme qui a été envoyée dans une de ces “Mother and baby homes” et elle essaye de retrouver son fils.
Oui c’est… c’est une partie très sombre de notre histoire. Et il y avait la complicité, vraiment, de toute la société : il y avait les ordres religieux, il y avait l’État, il y avait les médecins, il y avait les travailleurs sociaux, il y avait les familles… Parce que les familles avaient peur de ce que les voisins diraient, donc il faut…
RDG – Tu parles de l’histoire, mais c’est quand même très récent, en fait.
Banshee – Oui. Oui, oui.
RDG – C’est encore… C’est de l’histoire dont l’encre n’est pas encore complètement sèche.
Banshee – Tout à fait. Et c’est juste un exemple de l’emprise de l’Église catholique en Irlande. J’ai expliqué un peu vite fait, mais il y a une histoire compliquée avec les religions en Irlande, parce que pendant longtemps, on n’avait pas le droit d’exercer notre religion. Donc c’était un peu lié aux mouvements de résistance. Et puis quand le nouvel État est né, ça a été fondé par les catholiques, et il y avait des gens qui ont dit : “Oui mais quand même, au moins c’est des Irlandais qui nous gouvernent maintenant”.
Mais c’était l’Église catholique, et petit à petit, la situation change. Mais même actuellement en Irlande, 98 % des écoles primaires sont tenues par l’Église catholique. Donc en Irlande il faut qu’un enfant soit baptisé pour accéder à l’éducation facilement.
Et bien sûr, avec cette éducation catholique, oui… On est endoctrinés. La seule chose qu’on apprend sur les relations sexuelles, c’est que ces relations sont réservées aux couples mariés, hétéro bien sûr. Et les cours de religion sont obligatoires. Et bien sûr, on ne parle que de religion catholique.
Je me souviens que, dans le cours de religion, on a dû regarder un documentaire. Et ce documentaire nous a dit qu’en Angleterre, les femmes sont accro aux drogues, sont accros à l’alcool… et elles sont accros aux IVG! Elles sont accro à l’avortement. Comme si c’était possible de le faire chaque jour, elles sont complètement accro à l’avortement. Et nous, les irlandaises, on doit être reconnaissantes que l’État dise que l’avortement est illégal.
Donc ça, c’était un peu, oui, l’éducation que j’ai eue.
Et aussi, quand j’ai réfléchi à ce podcast-là, oui, j’ai repensé à mon éducation, il y avait un truc que j’avais oublié, et ça c’est choquant, quand même. C’est au lycée. Il y a une pièce de théâtre qu’on étudie, et ça s’appelle “An triail” ce qui veut dire “le procès” en français. Et c’est obligatoire, et je pense que les élèves l’étudient toujours.
Ça raconte l’histoire d’une jeune fille, Maire, qui est célibataire et elle fait honte sa famille parce qu’elle tombe enceinte hors mariage, par son professeur. Donc clairement c’est un viol parce qu’il est beaucoup plus âgé qu’elle, et qu’il n’y a pas un équilibre des pouvoirs. Et elle donne naissance à une petite fille, et par conséquent elle tue sa fille… parce que c’était une fille. Parce que c’était un bébé de sexe féminin. Elle n’a pas demandé le genre à sa fille, elle a su que c’était une fille, dans CE monde, et en la libérant de la vie, elle l’avait libérée de la misère d’être une femme, dans ce monde.
Et nous avons tous étudié cette pièce de théâtre, comme s’il s’agissait d’une conclusion normale. Que, bien sûr, c’était une histoire triste, mais quand même, Maire avait joué avec le feu, parce qu’elle a eu une relation sexuelle avant le mariage.
RDG – Et, c’est pas le problème parce que… attends, la relation sexuelle, c’était un enseignant c’est ça?
Banshee – C’est ça!
RDG – C’est ça c’est pas l’enseignant qui a un problème en fait, c’est elle!
Banshee – Non, non, non. C’est pas l’enseignant, c’est elle. Elle était, je ne sais pas, sensuelle, attirante… Et je me souviens que c’était presque vu comme normal qu’elle ait dû tuer sa fille, parce que ça c’est le, comme dit-on, c’est le destin pour les filles dans cette société. Donc il faut la tuer pour qu’elle ne revive pas les horreurs que sa mère a vécues. Oui, j’ai eu des cauchemars suite à ça. Je me souviens très très bien que j’avais si peur de tomber enceinte. L’IVG était illégale, et je ne savais presque même pas comment ça se fait les enfants. Je me souviens, au collège je ne savais pas parce qu’il n’y avait pas de cours d’éducation sexuelle. Bien sûr, il y avait des garçons, bourrés de porno, qui ont dit : “ Il faut faire ça.” Ils ont dit tout et n’importe quoi, parce que ça, c’était leur éducation. Et mon éducation, c’était… juste inexistante.
Au lycée, je savais un peu comment ça se fait, et j’étais vraiment traumatisée par cette pièce de théâtre. Et même, au lycée, je me souviens bien aussi, s’il y avait une lycéenne qui était absente pendant quelques jours, il y avait toujours des ragots.
C’était toujours les garçons qui l’ont dit, qui l’ont répété. Et le ragot, c’était “She took the boat”. Ça veut dire qu’elle “a pris le bateau”. Et tout le monde sait ce que ça veut dire, cet euphémisme-là, que “she took the boat”. Et ça veut dire que elle, la fille ou la femme, elle est allée elle illégalement à Liverpool pour avoir un avortement. Et tout le monde sait ça. C’était un euphémisme. On n’osait pas dire le mot IVG, mais on a dit “elle a pris le bateau”.
Et ça, c’était considéré comme le plus grand échec.
Et j’ai dit tout ça pour vous expliquer que mon chemin vers le féminisme était long et compliqué. Ça m’a pris du temps pour me débarrasser de ma culpabilité catholique, et mon premier engagement dans le féminisme a été la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande en 2016, 2017. Et c’était un droit qu’on a gagné en 2018. Et cette même année, devant la dernière » Magdalene Laundry « , dont j’ai déjà parlé, la blanchisserie de Sean McDermid Street, j’ai manifesté contre la visite du pape François avec ma mère et ses amies. Et ses amies étaient présentes à la dernière visite du Pape en 1979, pas en tant que manifestantes, mais en tant que croyantes. Le pape Jean-Paul II a visité l’Irlande en 1979, environ 2,7 millions de personnes et ça, c’est 79 % de la population irlandaise qui se sont déplacés dans toute l’Irlande pour voir le pape. Donc 79 % de la population, en Irlande, a vu le pape pendant sa visite en Irlande.
Mais pendant la manifestation en 2018, ma mère et ses copines, elles ont pleuré. Ce n’était pas facile pour elles de manifester contre la visite du Pape, quand il y a, je ne sais pas, une trentaine, une quarantaine d’années, elles étaient présentes pour la visite du dernier pape. Mais c’était nécessaire.
Et vraiment, pour moi, c’est un moment très émouvant pour moi, d’être à côté de ces femmes, de ma mère, devant la dernière blanchisserie, en manifestant contre la visite du Pape.
Et juste, j’étais tellement fière d’être à leurs côtés, d’être avec ma mère. C’était… Oui, c’était très important pour moi et je dis ça aussi pour dire que, oui, il y a eu d’énormes avancées sociales en Irlande au cours de la vie de ma mère, mais aussi de ma vie.
Et je vais expliquer un peu les changements qui se sont passés pendant ma vie.
On a eu notre premier acte de divorce en 1997, donc assez tard par rapport à la France.
En 2018, on a abrogé le délit de blasphème dans la constitution. Donc il y avait le délit de blasphème jusqu’en 2018.
Et en 2019, il y a eu le premier avortement légal en Irlande. Je veux souligner » légal » parce qu’il y avait plein d’avortement avant ça, illégaux, et il y a eu des femmes qui sont mortes en raison de ça, parce qu’elles ont dû faire ça à la maison, toutes seules, ou avec leurs copines. Mais ça, c’était le premier avortement légal. C’était en 2019.
Mais malgré cela, la religion continue de peser sur nos vies. Comme je l’ai déjà dit, la plupart des écoles sont toujours dirigées par l’église, les écoles primaires mais aussi les écoles secondaires, et l’église est profondément enracinée dans notre système médical.
Et même le préambule de notre Constitution reconnaît l’autorité de la Sainte Trinité. Je vais citer un article de notre Constitution qui montre bien qu’il n’y a pas du tout une séparation de l’Église et de l’État. C’est l’article 41. Je cite : » L’État reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l’État un soutien sans lequel le bien commun ne peut pas être atteint. L’État s’efforce par conséquent de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées, en raison des nécessités économiques, de travailler en négligeant leurs devoirs au sein de leur foyer. » Fin de citation.
RDG – Là, on est sur la Constitution actuelle de la république d’Irlande ?
Banshee – Oui.
RDG – Wouah. [rires]
Banshee – L’État veut que les femmes restent à la maison.
RDG – Alors là, il y a un combo de misogynie crasse, d’hétéro-normativité, de sexisme… Et puis oui, les femmes, oui, les femmes doivent faire des enfants et les aimer… Toutes seules ! [rires]
Banshee – Oui, c’est l’injonction d’être dans une relation hétéro, l’injonction de faire des enfants, et puis si tu fais ces deux trucs là, il faut que tu restes à la maison.
RDG – Punaise. Eh, oui, elles ne doivent pas être » obligées de travailler », quand même, les pauvres, pour pouvoir s’occuper » comme il faut » de leurs devoirs, quoi !
Juste, tu parlais de la Sainte Trinité dans le préambule de la Constitution, est-ce que tu as le texte, ou pas ? Parce que c’est quand même flippant, là : le Père, le Fils, le Saint Esprit… et l’État. En fait, ce n’est plus la Trinité, c’est…
Banshee – Oui ! Le symbole de l’Irlande, c’est le trèfle. Et apparemment, quand Saint Patrick est venu en Irlande, il a expliqué la Trinité avec le trèfle : les trois feuilles du trèfle, il a expliqué la Trinité avec ça, donc. Je n’ai pas le Préambule devant mes yeux, mais oui, c’est bien là, c’est la première ligne, donc…
RDG – Mais on est dans le folklore, je dirais, par rapport au trèfle. Le folklore, d’accord, avec une histoire. Mais quand même, la lecture de la Constitution qui est en vigueur aujourd’hui en Irlande. Je comprends que tu n’as pas grandi dans un monde extrêmement ouvert aux idées féministes.
Banshee – Non, pas du tout. Et pendant ma vie il y a eu d’énormes progrès, mais il y a un long chemin…
RDG – En fait, ce qui est intéressant aussi, c’est qu’on parle souvent, et à juste titre d’ailleurs, du côté misogyne de la religion musulmane. Mais en fait, pour ce qui est des chrétiens, ce n’est pas mieux, en fait. C’est à chaque fois qu’on laisse des religieux définir ce que peuvent faire… avoir trop de pouvoir tout simplement, bah en fait…
Banshee – C’est ça. Toutes les religions sont misogynes.
RDG – Là, on en a un exemple très, très évident!
Banshee – Donc ça c’est un peu le, oui, l’histoire de mon féminisme. Mon féminisme est né de mon dégoût de l’église, et aussi de l’état, et du pouvoir qu’ils exerçaient sur la vie des femmes irlandaises et la vie des enfants aussi.
RDG – Ça s’inscrit quand même dans une lignée familiale. Je crois que ta mère, tu as l’air de parler de ta mère comme, quand même, d’une femme avec une conscience féministe et militante?
Banshee – Elle est très courageuse, mais quand même, c’est difficile de se séparer de tout ce que tu as appris pendant toute ta vie. C’est difficile d’accepter que c’était un mensonge. Je pense qu’elle voit qu’il y a beaucoup d’incohérences, mais quand même, elle croit. Mais elle a manifesté contre le pape. Mais ce serait trop violent, je pense, pour elle, d’avouer que la religion est juste complètement misogyne. Oui c’est difficile. C’est difficile. Elle est ouverte d’esprit, mais je ne la juge pas trop parce qu’elle garde certaines croyances. Ce n’est pas facile. Moi, j’ai eu l’éducation catholique, mais c’était bien pire pour elle [rires].
Ça c’est un peu comment je suis devenue féministe. Et puis le féminisme radical, c’était un peu après ça. Donc oui, après l’université, j’ai eu un travail assez prenant, et j’ai bien fait la fête, je me suis amusée avec mes copines.
Comme je l’ai dit, j’étais active dans le groupe pour le droit à l’IVG en Irlande. Mais à part ça, le peu de temps libre dont je disposais, je le passais avec mes copines, ou à faire du sport. Je pratique des sports gaéliques. Oui j’ai fait ça. Donc je n’avais ni le temps ni l’énergie pour analyser les agressions que je subissais de la part des hommes ou les injustices au travail.
En fait, pendant mon temps libre, je ne voulais pas penser à ça, je voulais oublier les trucs qui me rendaient triste, et juste m’amuser avec mes copines.
J’aimerais bien citer Andrea Dworkin, il y a une citation d’elle qui décrit un peu mes sentiments à cette époque-là. Je vais le lire, j’adore Andrea, comme toi je pense!
RDG – En fait, il n’y a pas un épisode de Rebelles du genre qui serait complet sans une petite citation d’Andrea Dworkin, c’est un minimum!
Banshee – Il faut que je le fasse maintenant alors [rires]. Je cite : “Beaucoup de femmes résistent au féminisme parce que c’est une agonie de prendre pleinement conscience de la misogynie brutale qui imprègne la culture, la société, et toutes nos relations intimes.” Fin de citation.
Donc ça, c’était vrai pour moi à l’époque.
RDG – Tu peux citer l’ouvrage?
Banshee – J’aurais dû le noter.
RDG – Je pense que c’est dans l’anthologie “Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas.” Mais je ne suis pas absolument certaine.
Banshee – Oui, je pense que tu as raison.
RDG – Excellente anthologie.
Banshee – Oui, oui, oui, ça donne envie de militer, c’est vrai. Et puis oui, j’ai voulu un peu ignorer tout ça. Juste… Oui, je n’avais pas beaucoup de temps, j’ai voulu m’amuser avec mes copines et pas vraiment analyser les trucs qui me rendait triste.
Mais c’était quand je me suis retrouvée au RSA, oui c’est un moment difficile, on est précaire, mais finalement j’ai eu un peu de temps pour lire et réfléchir à ma vie. Et j’ai commencé à me poser des questions difficiles, des questions dérangeantes. Et j’ai enfin trouvé des théories qui m’ont aidée à mettre des mots sur mes expériences vécues en tant que femme dans notre société patriarcale, et aussi capitaliste. Et j’ai découvert différentes vagues de féminisme. J’ai découvert l’analyse des classes, l’anarchisme, des critiques du néolibéralisme, et du genre. Et c’était vraiment les travaux de Gail Dines sur le pornographie, de Rachel Moran sur la prostitution, d’Andrea Dworkin sur la culture du viol, d’Adrien Rich sur la contrainte à l’hétérosexualité, d’Audre Lorde sur “le personnel est politique” et l’intersectionalité, et de Sheila Jeffreys sur le transgenrisme qui ont été extrêmement prometteurs pour moi pendant cette période-là.
J’ai lu beaucoup, mais heureusement j’ai rencontré des féministes à ce moment-là aussi.
Parce que ça aurait été vraiment violent de découvrir cette analyse radicale de la société, et de n’avoir personne avec qui en discuter. Quand j’ai découvert ça, j’ai voulu le partager et j’ai voulu, oui, parler avec les femmes et juste dire que c’est pas juste, et partager des moments avec elles. Donc j’ai commencé à militer dans un groupe féministe abolitionniste de la porno-prostitution , et j’ai rencontré plein de femmes. J’ai aussi rencontré des femmes qui étaient proches du groupe et écoféministe Deep Green Resistance, DGR, et aussi des femmes proches du podcast Floraisons. Et c’est là que j’ai été frappée pour la première fois par l’absurdité de l’idéologie trans. Avant, je n’avais pas été confrontée à ça. Quand j’ai milité en Irlande, je ne sais pas, je n’ai pas vu d’activistes trans. Heureusement, dans les manifestations pour les droits à l’IVG, il n’y avait pas de pancartes “le droit à l’IVG pour les personnes dotées d’un utérus”, ou “le droit à l’IVG pour…” je ne sais pas quoi, un autre mot qui nous réduit à des organes. Il n’y avait pas ça.
RDG – Il n’y avait pas ça parce qu’ils n’osaient pas encore! Maintenant, ils osent!
Banshee – C’est ça! Mais en fait, moi, je ne l’ai pas vu. Mais récemment, j’ai parlé avec une amie féministe incroyable, Rachel Moran. Elle est irlandaise également, et elle m’a dit que non, c’était présent dans nos groupes, elle l’a vu.
Moi, je ne sais pas. Peut-être que moi, j’avais de la chance que cette idéologie-là n’était pas présente dans mes groupes, mais Rachel Moran m’a dit que non, c’était bien là. Mais c’était… Je parle de, oui, ces rencontres-là parce que c’était quand j’ai parlé avec des femmes proches de DGR, elle m’ont dit que DGR était classé “transphobe” parce que DGR a décidé de donner la priorité à la sécurité des femmes plutôt qu’au sentiment d’un seul homme sexiste.
J’explique. Pendant un événement aux États-Unis, DGR n’a pas autorisé un homme transidentifié à dormir dans le même dortoir que des femmes. Et en raison de cette prise de position féministe, DGR a été annulé et totalement exclu des milieux écologistes. Et même pire que ça : leurs membres ont été agressés quand ils ont pris la parole publiquement.
Et quand j’ai appris ça, j’ai halluciné! Et franchement, j’ai eu un peu de mal à croire que le backlash était si sévère, pour ce que je croyais être un principe féministe de base, qui est le droit des femmes aux espaces en non-mixité. Donc les droits des femmes de se réunir sans des mecs.
Quand elles ont dit ça, c’était mes copines, donc je les ai crues, mais quand même, j’ai pensé “peut-être qu’elle exagère un peu” donc j’ai voulu faire un peu de recherches moi-même pour voir si quand on dit un truc pareil, qu’on veut des espaces non-mixité, est-ce qu’on est harcelé à ce point-là? Donc j’ai voulu tâter le terrain, et faire quelques recherches moi-même. Donc j’ai créé un compte Twitter, et j’ai commencé à poser naïvement des questions à des activistes trans. Et là, rapidement, on m’a appelée Terf pour la première fois. Et je ne savais même pas ce que ça signifiait, cet acronyme, je n’ai pas compris. Et ce que j’ai trouvé intéressant, c’est qu’on nous dit toujours d’écouter les personnes transgenres.
Et bien moi, pendant, je dirais deux mois sans arrêt, j’ai lu leurs témoignages. J’ai lu ce que les personnes trans ont dit. J’ai écouté leurs vidéos. J’ai regardé leurs vidéos YouTube. Et vraiment, je pense que c’est la meilleure façon de se radicaliser. J’ai vu à quel point leurs propos étaient incohérents, autoritaires et ouvertement sexistes. Et puis, avec ce petit compte Twitter que j’ai créé pour faire mes recherches, je suis tombée sur l’histoire de Maya Forstater. Et je me suis dit “là, c’est pas possible, ça!”
Maya était une chercheuse anglaise et elle a porté plainte contre son ancien employeur pour licenciement abusif parce que son contrat d’emploi n’a pas été renouvelé après avoir twitté ses convictions scientifiques et féministes.
Ce qu’elle a fait : elle a défini le mot “femme”. Elle a dit : “Une femme c’est une adulte humaine femelle” sur son compte Twitter. Et Maya, vraiment, elle était très sympa. Parce qu’elle a même utilisé le pronom “elle/she” pour les hommes transidentifiés, pour les “femmes trans”. Mais parce qu’elle a twitté qu’un homme ne peut pas devenir une femme, et une femme ne peut pas devenir un homme, son contrat n’a pas été renouvelé. Et ça, c’est le cœur du procès. Et c’était en novembre 2019 que j’ai lu des tweets sur son procès. Il y avait des tweets directs sur son procès, et je me suis dit qu’il fallait que je traduise ça en français. Parce que je les lisais en anglais, et je me suis dit : “Il faut que ça soit accessible en français. c’est fou ce qui se passe!” Et naïvement, j’ai cru que les gens vont lire que ça, et puis ne pourront plus nier la misogynie et l’autoritarisme du mouvement trans, que ce procès-là va ridiculiser beaucoup de gens. J’avais plein d’espoir. Et j’ai contacté mes amis au blog Floraisons, et j’ai proposé de faire la traduction de ce procès. Et juste pour celles qui ne connaissent pas Floraisons, c’est un blog féministe, anarchiste et écologiste, c’est un podcast, pardon. Et ça a été accepté. Donc mon premier article à Floraisons a été publié en janvier 2020. Et c’était la traduction du procès de Maya Forstater. Et les réactions ont été nombreuses, mais pas celles que j’espérais. Le blog Floraisons, qui était très apprécié chez les écologistes et les anarchistes dans le passé, était devenu détesté. Et ce qui m’a énervée le plus, c’était qu’ils n’ont même pas lu l’article. C’était évident qu’ils n’ont pas lu l’article. Quand ils ont qualifié Floraisons de » bigot » et de » transphobe « , ils n’ont même pas cité une partie de mon texte. Et vraiment, ça m’a énervée parce que ça m’a pris du temps de l’écrire, de le traduire, j’ai voulu qu’on cite une partie du texte, en disant » on n’est pas d’accord là « . Ils n’ont même pas fait ça, ils n’ont même pas fait l’effort. C’est plus facile de dire » Oh, non, mais ils sont transphobes ! «
RDG – » Bigote « , c’est un peu savoureux, quand on connaît ton parcours ! [rires]
Banshee – Oui ! Mais ça m’a vraiment énervée, parce que ça m’a vraiment pris beaucoup de temps, et j’aurais voulu qu’on cite un peu une partie, et qu’on dise la raison pour laquelle j’aurais tort, je sais pas, mais ils n’ont même pas lu l’article. Et aussi, il y avait vraiment, le procès était choquant parce qu’il y avait l’employeur de Maya qui a dit : » si quelqu’un dit qu’il est une femme, il en est une. » Et puis l’avocat de Maya a fait référence à une femme trans raciale, Rachel Dolezal, c’est une femme blanche aux Etats-Unis qui croient qu’elle est noire, et l’avocat de Maria a demandé : » si une personne blanche se sentait noire, est-ce qu’elle serait noire ? » Et l’ancien employeur de Maya a répondu que si elle se sent noire, c’est qu’elle est noire. Donc ce procès a non seulement mis en lumière la profonde misogynie du mouvement, mais aussi son racisme, parce qu’il y avait le transgenrisme, mais il y avait aussi le trans racialisme.
RDG – Oui, enfin, ça met en évidence surtout la profonde stupidité des personnes qui préfèrent choisir, on ne sait pas trop quoi que la science, ou même que l’évidence. On est dans le règne du menteur, c’est celui qui ment le plus, c’est ouf, quoi !
Banshee – Oui, vraiment. Je savais que les hommes de gauche s’en fichaient royalement des femmes, mais je pensais que, quand même, ils pouvaient dénoncer le trans racialisme. Mais non, ils ont, comme je l’ai dit, et non pas le texte.
Tout d’abord ces activistes trans ont demandé à Floraisons de s’excuser, de clarifier cette position. Et puis ils ont vu que ce texte n’était pas une erreur. Ils ont commencé à nous diffamer, à nous mettre sur la liste noire, et à nous menacer. Et ça, c’est un peu l’histoire sur comment Floraisons a été taxé de transphobe.
Mais cela ne m’a pas empêchée d’écrire, au contraire. Cette réaction m’a rendue encore plus en colère. Et après ça, j’ai fait un podcast sur Pornland et j’ai eu l’occasion de rencontrer plein de féministes courageuses, y compris Elie, une lesbienne détrans qui a créé » post trans « , les femmes de Résistance Lesbienne, Rachel Moran et Vashnavi Sundar avec le média » le partage « .
RDG – Et c’est comme ça que, la première fois, je t’ai entendue. Puisque je suis bien sûr abonnée à ce super podcast qu’est Floraisons, et alors, il y a des épisodes absolument remarquables, ils sont très nombreux, mais celui sur Pornland faisait que je te connaissais avant de te connaître.
Banshee – Merci !
RDG – Très bien. Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?
Banshee – Je crois qu’il existe une litanie de raisons pour lesquelles cette idéologie représente une menace pour les femmes et les enfants. Et je vais rapidement donner deux exemples qui montrent bien le fait que les droits que les activistes transes réclament aujourd’hui sont en conflit direct avec les droits des femmes et des enfants.
Le premier exemple concerne les mutilations génitales féminines, sur les mineures. En 2020, dans le Wyoming aux États-Unis, les activistes trans se sont battus contre un projet de loi visant à interdire les mutilations génitales féminines sur les mineures. La criminalisation des mutilations génitales féminines sur les enfants était vue comme transphobe et haineuse, selon eux. Le simple fait, même ce que je fais maintenant, de parler de ce conflit évident entre les droits des trans et les droits des femmes et des enfants, suffit à être taxée de transphobe et accusée d’être quelqu’un de haineuse. Et pourquoi ces activistes trans, pourquoi sont-ils opposés à ce projet de loi ? Premièrement, ce projet de loi visait à interdire les mutilations génitales des enfants, et ça, c’est ce que les activistes trans appellent » la chirurgie d’affirmation de genre « . Donc ils étaient opposés à ça. Et deuxièmement, ils ont estimé que l’expression » mutilations génitales féminines » était trans exclusive. Parce qu’évidemment, » toutes les personnes qui ont un vagin ne sont pas des femmes, et toutes les femmes n’ont pas vagin « . Donc je pense que ça, c’est un excellent exemple de la façon dont ces activistes sont prêts à sacrifier des millions de filles, victimes de mutilations génitales féminines, au nom de leurs droits sexuels.
Et puis, un autre exemple concerne les refuges pour les femmes victimes de viol. Ça concerne les espaces en non-mixité. Parce que grâce aux luttes féministes, dans les années 70, les femmes ont finalement obtenu des espaces en en mixité, elles ont créé des refuges pour les femmes battues, pour les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants, et aussi des centres d’aide aux femmes victimes de viol. Parce qu’elles avaient compris que les femmes ont besoin d’être protégées de la violence masculine. Elles ont besoin d’un environnement sûr entre femmes, pour pouvoir parler des détails intimes de la violence masculine. Pour qu’elles puissent aller mieux. Oui, pour se guérir.
Et en 2020, la même année, ces activistes trans ont fait pression sur la ville de Vancouver pour cesser de financer le plus ancien centre d’aide aux victimes de viol du Canada. Ces activistes transe se fichent complètement des femmes violées et torturées. C’était quoi leurs priorités ? Ils ont voulu que leur » identité de femme » soit validée, ils ont besoin d’autres femmes pour le faire. Et moi, je ne suis pas en train de nier que les qui s’identifient en tant que femme sont victimes de violence masculine. Mais la solution n’est pas de placer ces hommes-là dans les espaces avec les femmes vulnérables, exposant ses femmes à de nouveaux traumatismes. La solution est de construire un refuge réservé aux femmes transgenres. Pourquoi ces activistes trans ne luttent pas pour ces espaces ? Pourquoi ils luttent pour s’imposer dans les espaces réservés aux femmes ? Car les hommes transidentifiés ne voudront pas utiliser de tels services, car l’objectif est d’être validés en tant que femmes, même si cela passe par un inconfort physique des femmes vulnérables. Cette histoire-là, sur le Rape Crisis Center à Vancouver, ce n’est pas du tout un cas isolé, parce qu’il y a eu un autre cas, là, récemment en Écosse, qui m’a fait penser à ça. C’est dans le » Edinburgh Rape Crisis Center » Un homme trans identifié a été nommé le PDG, d’un centre d’aide aux femmes victimes de viol. Et cet homme trans identifié, le directeur, (il s’appelle Mridul Wadhwa) et Wadhwa a participé récemment au podcast populaire » The guilty feminist » et quand on lui a demandé si ces espaces devaient être réservés aux femmes, il a donné une réponse hallucinante. Et je vais citer sa réponse, ça a été traduit par le super site féministe Tradfem, donc merci à elles d’avoir fait ça. Je cite : » les violences sexuelles arrivent aussi aux personnes intolérantes. Et donc, vous savez, ce n’est pas un crime qui fait preuve de discernement. Mais ces espaces sont aussi pour vous. Par contre, si vous apportez au processus des croyances inacceptables qui sont discriminatoires par nature, nous commencerons à travailler avec vous sur votre parcours de guérison du traumatisme. Mais s’il vous plaît, attendez-vous aussi à être remise en question à propos de vos préjugés « . Wadhwa a poursuivi en affirmant que ces survivantes intolérantes de viols et d’autres violences sexuelles devraient travailler à recadrer leur traumatisme.
Et j’ai écouté ce podcast, cet épisode, et vraiment tout au long de cet épisode, le PDG a voulu prouver qu’il était une personne plus vulnérable que les femmes victimes de viol qui utilisent leurs services. Parce qu’il était… selon lui, une femme trans.
Il a également déclaré que de nombreuses femmes refusent désormais ces services parce qu’ils ne sont plus réservés aux femmes. Et je veux vraiment souligner qu’il est tout à fait normal que les victimes de violences sexuelles masculines aient peur, et se méfient de tous les hommes, quelle que soit la manière dont ils s’identifient. Il s’agit d’une réaction naturelle à une agression. Ces femmes ont été violées par le pénis d’un homme. Elles savent très bien ce que c’est, un homme. Et le centre d’aide aux victimes de viol est censé fournir des services sans porter de jugement. Il n’est pas censé être un véhicule de rééducation pour que les femmes adhèrent à une idéologie trans.
Et ces deux exemples-là ne sont pas des anomalies, ils sont tout à fait cohérents avec l’idéologie trans, et d’ailleurs c’est l’idéologie trans en partie.
Maintenant, j’aimerais revenir sur la question sur » pourquoi je pense que cette idéologie est une menace pour la société « .
En fait, je ne le pense pas. Parce que je ne pense pas qu’elle soit une menace pour la société actuelle, car je ne pense pas qu’on vit dans une démocratie. Et ça ne veut pas dire qu’on vit en dictature, mais actuellement ce qu’on a, c’est un système de démocratie représentative. Et ce terme, je trouve que même ce terme, oui, c’est un oxymore. Parce que la démocratie veut dire » le gouvernement du peuple par le peuple, et pour le peuple « . Et la démocratie représentative consiste en une minorité d’élites, qui gouvernent la majorité. Donc tous les cinq ans, ils nous permettent de choisir un nouveau maître. On élit les gens qui vont nous gouverner, et ce n’est pas nous qui nous gouvernons. Et si on est gouverné, on n’est pas libre d’un point de vue politique. Les décisions importantes pour notre vie quotidienne se pressent. Comment peut-on qualifier l’État de démocratique alors qu’il est fondé sur la force, l’autorité, la domination et l’inégalité. Et la question de démocratie est aussi une question d’échelle. On est dans une société de masse, et dans notre société à grande échelle comme la nôtre, il faut une déposition politique. Avec… il y a combien en France, avec 68 millions d’habitants, il n’est pas possible d’exercer une démocratie directe, ça se fait à une petite échelle. On pourrait aussi remarquer que lorsqu’on parle de démocratie, on fait en général référence à l’État, la sphère politique. Mais le même constat s’applique au monde du travail. Et dans notre société capitaliste, 50 % du temps éveillé est passé au travail, et de toute évidence le monde du travail n’est pas démocratique. À Floraisons, pour nous la démocratie c’est très important, tout comme le respect de la planète. Et on remarque que les questions sociales et environnementales sont complètement liées. Donc on s’oppose à cette société de masse, parce qu’elle exige l’impérialisme, l’esclavage et la hiérarchie. Donc pour moi, on vit dans une société autoritaire, patriarcale et capitaliste. Donc non. L’idéologie trans n’est pas une menace pour cette société industrielle. Elle en est un produit, un progrès dans cette aliénation. Les croyants du transgenrisme aimeraient nous faire croire que c’est une idéologie subversive et révolutionnaire. C’est tout, sauf cela. Avec leur mantra » on peut être né dans le mauvais corps « , ce que ces activistes exigent, c’est que les personnes qui ne rentrent pas dans les normes sociétales doivent changer leur corps. Et quand ils disent » changer leur corps « , ce que ça peut vraiment dire, c’est être drogué par les médecins, subir des mutilations et des stérilisations.
Et nous, les féministes, ce que nous disons, c’est que » nous sommes nos corps « , et qu’il faut changer la société patriarcale et industrielle qui veut nous faire croire que nos corps sont le problème. Nos corps ne sont pas le problème. Et j’aimerais aussi reparler de mon pays. Pourquoi en Irlande les personnes trans pouvaient changer de genre, dans le droit, lorsque l’avortement était encore illégal pour les femmes ? Parce que le changement de genre est un marché très lucratif. Cette idéologie crée une toute nouvelle clientèle pour l’industrie pharmaceutique. Ce n’est pas le mouvement féministe, qui lutte contre la chirurgie esthétique et les hormones nocives, qui crée d’énormes profits pour l’industrie pharmaceutique et pour les médecins qui y participent. C’est l’idéologie trans qui crée des patients à vie, qui ont besoin des hormones et de chirurgie pendant toute leur vie. Récemment, j’ai lu le nouveau livre de Kajsa Ekis Ekman, » On the meaning of sex « , elle avait déjà écrit un livre, elle survivante de la prostitution, elle a écrit un livre qui s’appelle » être la marchandise « , et dans son nouveau livre, elle décrit qu’une analyse financière réalisée par » Global Market Insights écrit que le marché du changement de genre est un très bon investissement, puisqu’il devrait connaître une croissance de 25 % au cours de la prochaine période de six ans, allant de 2020 à 2026. Donc vraiment, c’est un marché très lucratif.
Ce mouvement est une bénédiction pour l’industrie pharmaceutique. Ce qui devrait être appelé » les stérilisations des enfants » est maintenant connu comme » une thérapie d’affirmation du genre qui sauve des vies » et ce qu’on appellerait » les dangereux bloqueurs de puberté qui ont des conséquences à vie « , est désormais considéré comme une simple pause qui donne aux enfants le temps de réfléchir, s’ils veulent faire la puberté, ou pas. C’est devenu un choix maintenant. Et on nous fait croire aussi que cette industrie a à cœur l’intérêt supérieur des enfants. Mais pas du tout. C’est une philosophie postmoderne qui promet des transcendances corporelles en exploitant les problèmes d’image de soi des gens. Le transgenrisme est un antidote du féminisme.
RDG – Aujourd’hui, tu témoignes anonymement, pourquoi ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, ou est-ce que tu te sens en danger ? Je pense que tu as certainement des arguments à développer sur ce sujet. Donc merci.
Banshee – Oui, donc j’ai choisi le pseudo « Banshee « … oui, ce n’est pas mon vrai nom, je pense que je ne vous choque pas là, mais Banshee… j’ai voulu choisir ce pseudo-là parce que banshee est une créature féminine de la mythologie irlandaise. La banshee est une messagère de la mort qui prédit et annonce un décès par son cri. Elle a un cri très fort, qui fait peur aux hommes. Les banshees accompagnent les gens dans leurs dernières heures et puis elles font le deuil. Et je trouve que c’est très, très beau. Dans la culture populaire, malheureusement, ces banshees sont décrites comme hideuses et terrifiantes, car elles prennent la forme d’une femme. Et aussi parce qu’elles sont associées à la mort. Et dans la société actuelle, nous sommes terrifiés par ça. Le truc le plus naturel du monde. La mort. On est terrifiés par ça. Et même actuellement, le trans humanisme tente de le dépasser. C’est pourquoi j’ai choisi ce pseudo.
Et j’ai choisi d’utiliser un pseudo pour des raisons de sécurité. Ma famille et mes amis connaissent très bien mon positionnement, et mes collègues de travail aussi. Mais comme nous le savons, malheureusement, les féministes radicales sont attaquées par divers groupes. On est attaquées par les militants pro exploitation sexuelle, les masculinistes, les hommes de droite, les hommes de gauche aussi, et les activistes transgenres.
Et moi, j’ai déjà été harcelée par des membres du STRASS pendant des manifestations, parce que j’étais venue avec des pancartes sur la réalité de la prostitution.
RDG – Je vais juste préciser que le STRASS, c’est l’autocroclamé “syndicat des travailleurs du sexe” qui est en fait un syndicat de proxénètes, avec d’ailleurs des proxénètes condamnés pour proxénétisme qui dirigent ça et qui, évidemment, ne représentent que leurs propres intérêts, essentiellement d’ailleurs, d’hommes, qui exploitent la misère et la pauvreté des femmes.
Banshee – Oui. Ils sont très liés au mouvement trans aussi. Je pense qu’ils partagent les mêmes locaux que Acceptess-T. J’ai été harcelée par un de leurs militants. Et aussi des militants de Acceptess-T ont essayé de faire du mal aux membres de Floraisons sur internet. Donc oui, j’ai été menacée par pas mal d’hommes, et aussi malheureusement, j’ai été victime de doxxing, ce qui est plus triste car en fait, c’était fait par une femme critique du genre, et d’ailleurs elle l’a fait à beaucoup d’autres femmes. Je crois que c’est un problème qui doit vraiment être abordé dans notre milieu féministe, parce que parfois nous sommes amenées à croire que ce type de comportement toxique ne se produirait pas entre nous, entre les femmes, parce qu’il n’y a pas d’hommes. Nous croyons parfois aussi que les groupes réservés aux femmes sont une sorte d’utopie. En tout cas, je parle pour moi-même, moi je croyais ça au début, mais ce n’est malheureusement pas le cas.
Mais je veux dire que j’ai partagé plein de moments forts en sororité dans le mouvement féministe, beaucoup. Beaucoup plus que de moments comme ça. Mais quand même, ça existe. Et c’est difficile de dénoncer ces comportements lorsqu’ils se produisent dans les groupes féministes car nous ne sommes pas équipées pour faire face à des femmes au comportement toxique.
Parce qu’on ne peut pas exclure des femmes.
Parce que chaque femme est une victime du partiarcat.
Et quand des femmes censées être nos sœurs de lutte sont hostiles ou destructrices, cela présente un grand danger pour le mouvement. On doit assurer la sécurité physique et psychologique des femmes. On doit débarrasser le mouvement de l’hostilité horizontale. On doit lutter contre ceux qui nous oppriment et ne pas projeter nos frustrations les unes contre les autres. Sinon, des femmes seraient mises en grave danger, et d’autres ne rejoindront tout simplement pas le mouvement.
Et je pense que le doxxing n’est jamais acceptable.
RDG – On va arriver à la dernière question : as-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée, concernant la transidentité ou le transactivisme?
Banshee – Oui [rires] bien sûr! Encore une fois, j’aimerais bien parler de mon pays, l’Irlande, et je veux parler d’un homme transidentifié en Irlande, qui s’appelle “Barbie Kardashian”. Je ne plaisante pas, il a vraiment choisi le nom Barbie Kardashian, et je vous assure que Kardashian ce n’est pas un nom de famille très répandu en Irlande. Et Barbie, ce n’est pas un prénom irlandais non plus ! Mais honnêtement je le félicite. Parce que je ne pense pas qu’il aurait pu choisir un meilleur nom. Il montre parfaitement ce que lui, et la plupart des hommes transidentifiés pensent que représentent les femmes : une poupée Barbie pornifiée! Non, vraiment, il faut taper…
RDG – Je vous invite vraiment à taper “Barbie Kardashian” sur vos téléphones! Je dirais que… C’est une caricature au carré ! On est… Ce n’est plus une caricature : c’est une caricature de caricature de caricature! C’est extrêmement drôle! Enfin… et triste!
Banshee – Oui. Il se moque de nous, vraiment! Avec… Comme tu as dit, il faut taper son nom sur le net. Et pourquoi je parle de lui ? Ce n’est pas juste parce qu’il a choisi un nom ridicule. C’est parce qu’en 2020… Il me semble que tous les exemples que j’ai pris datent de 2020! Mais, encore en 2020, on a appris que Barbie Kardashian était logé dans le quartier des femmes de la prison de Limerick en Irlande.
Et pourquoi Barbie est-il en prison? Ca ce n’est pas drôle du tout. Il a été reconnu coupable d’avoir menacé de violer et de tuer sa mère. Donc non seulement il est violent, mais il a une affinité particulière pour les brutalités envers les femmes. Et lorsque les journaux irlandais ont tenté de parler de ça de manière factuelle, leurs articles ont été censurés, et leurs articles ont été supprimés parce qu’ils décrivaient Barbie comme un mâle. Ils ont dit “Barbie is a man”. Non, même pas “a man”, “Barbie is a male”. Et puis après ça, après la censure, la majorité des milliers dominants en Irlande ont cru à tort que Barbie était une jeune femme et ils ont utilisé le pronom “elle” pour le décrire. Donc il y avait des fausses informations. Et encore une fois, les femmes sont coupables des crimes des hommes. Parce que dans les statistiques, on va voir qu’il y aura une augmentation des crimes des femmes. Mais ce sont des crimes des hommes, à caractère, aussi, très sexuel et violent.
Et ce qui m’a rendue vraiment triste dans cette histoire, c’était la réaction des féministes irlandaises libérales. Ces féministes-là, pendant la lutte pour le droit à l’IVG, elles étaient vraiment une source d’inspiration pour moi. Elles ont parlé du fait qu’elles ont eu des IVG en Angleterre, et c’était interdit de faire ça, mais elles ont écrit ça dans les journaux. Mais vraiment, ces féministes-là, j’avais beaucoup de respect pour elles.
Mais avec Barbie Kardashian, ces féministes, elles n’ont pas osé dénoncer ses crimes. Qu’est-ce qu’elles ont dénoncé? Elles ont dénoncé les féministes irlandaises, les femmes méchantes qui ne respectaient pas le pronom de Barbie. Elles ont dit : “quand même il ne faut pas dire lui/il parce que c’est une femme!” Donc elles ont plus parlé des femmes méchantes qui ont utilisé le mauvais pronom au lieu des crimes que Barbie a fait, qu’il a fait. Mais bien sûr, il y avait de vraies féministes qui ont dénoncé Barbie Kardashian.
Il y avait Rachel Moran, bien sûr, (je l’adore) et il y avait aussi le groupe féministe Radicailín. Elles ont été harcelées aussi en raison de ça. Et elles ont dénoncé la misogynie et le classicisme de ceux qui soutiennent barbie aussi. Parce que, bien sûr, les principaux partisans de Barbie étaient des bourgeois qui ne se retrouveraient probablement pas en prison non plus. Et en prison, on trouve les femmes les plus vulnérables de la société. Et les femmes représentent une petit minorité de la population carcérale et sont rarement incarcérées pour le délit de violences graves. Elles constituent un groupe particulièrement vénérable. Beaucoup ont subi des violences sexuelles et physiques de la part des hommes dans leur vie. Donc Barbie a été envoyé dans la prison des femmes.
Et il y avait des femmes qui ont dit : “mais ces prisonnières, ça peut arriver que Barbie les agresse”.
Et il y en a eu d’autres qui ont dit : “non, ça ne va jamais arriver.”
Mais il y avait déjà eu des cas où il y a des hommes transidentifiés qui ont violé des femmes en prison. Il y a le cas de Karen White, un homme transidentifié qui ne s’est pas séparé de son pénis. Et avec ça, il a agressé sexuellement plusieurs détenues après avoir été incarcéré dans un établissement pour femmes.
RDG – C’est pareil : cherchez son nom “Karen White”, vous verrez. Le summum de “la féminité”.
Banshee – Oui. Il était dans une prison de femmes, et avec sa “bite de femme” il a violé des femmes. et c’est juste horrible. Les femmes… Comme je l’ai déjà dit, la plupart de ces femmes ont déjà été victimes de violences sexuelles, ce sont des femmes très vulnérables, elles ne peuvent pas échapper à cet homme. Elles sont incarcérées, et puis ça arrive. C’est horrible qu’il y ait des féministes qui luttent pour que ces hommes soient dans la prison des femmes. C’est juste… C’est d’une misogynie, d’un classisme…
RDG – Ça donne presque l’impression que, puisqu’elles ont fauté, que ces femmes vont en prison, comme peine de prison, elles vont être violées et ce sera normal.
Banshee – Oui. Horrible. Et aussi, dans cette histoire de Barbie Kardashian, les féministes radicales irlandaises ont non seulement été accusées d’être haineuses, mais elles ont été également accusées d’être toujours sous l’emprise de nos “voisins-colonisateurs”. Les féministes radicales sont bien organisées au Royaume-Uni, et à chaque fois qu’il y a une féministe radicale en Irlande, on dit qu’elle est manipulée, qu’elle est – c’est quoi le mot en français, elle est, ah je n’arrive plus à trouver mes mots – elle est oui, sous influence, parce qu’on dit que le féminisme radical est une idée importée par nos voisines colonisatrices…
RDG – En plus d’être accro à l’IVG!
Banshee – Ouais ouais, c’est fou ils disent qu’il faut “libérer nos esprits des pensées de notre ancien colonisateur”. Donc c’est comme si les femmes irlandaises n’avaient pas un esprit critique, donc elles seraient juste endoctrinées par les femmes anglaises. Elles n’ont pas de pensées par elles-mêmes. Et les féministes radicales anglaises, il y avait des militantes de gauche, des hommes bien connus, et j’ai vu que ces militants irlandais ont dit que les féministes radicales anglaises étaient des “colonial bitches”.
Et apparemment, pour eux, se libérer du colonialisme…
RDG – Attends, est-ce que tu peux traduire “colonial bitches”? Parce que je trouve que c’est particulièrement humiliant?
Banshee – Ouais c’est comme des pétasses, des putes coloniales. C’est vraiment horrible.
RDG – Et qui a utilisé cette insulte?
Banshee – Il y avait… Je ne me souviens plus. Un militant de gauche très connu sur Twitter, un militant irlandais. Il a dit ça, et personne ne l’a critiqué, parce qu’on pense que si une femme est féministe radicale en Irlande, il faut la libérer, parce qu’elle est toujours sous l’emprise de l’ancienne colonie. Vraiment, ils pensent que se libérer du colonialisme, c’est mettre les femmes en danger.
Ce qui m’a vraiment fâchée aussi, c’est ainsi que les pertes de notre culture irlandaise, nous savons que les véritables vestiges de colonialisme en Irlande sont la prostitution et le capitalisme. Donc la prostitution et les capitalisme, deux choses que les activistes trans encouragent. Ce sont des vestiges du colonialisme, ce n’est pas le féminisme radical. Si ça intéresse les femmes qui écoutent, le lien entre le capitalisme et le patriarcat, il y a une série de podcasts présentée par Gladys sur Floraisons qui est excellent, sur “capitalisme et patriarcat”. Elle a fait 13 épisodes, je vous conseille de l’écouter.
Et avant que j’aie fini (j’espère que ça vous a intéressées), il y a une autre anecdote.
Je pense que cette anecdote va vous intéresser, mais on n’a pas le temps de parler de ça aujourd’hui, c’est l’événement “écoféminisme et résistance” qui était organisé par Floraisons et DGR. J’aimerais bien vous parler de ça, mais on n’a pas le temps aujourd’hui, donc avec mes camarades on va parler de ça dans un autre podcast de “Rebelles du genre”, donc “to be continued”.
RDG – La dernière question c’est “est-ce que tu as quelque chose à ajouter”?
Banshee – Pour les derniers mots, je n’ai pas vraiment réfléchi, mais je pense… Juste, je vous dis de résister. Il faut résister. Je sais que ça a l’air vraiment difficile en ce moment. On est attaquées de tous les côtés.
Mais ça n’a jamais été facile, le féminisme.
Et il faut résister, comme vous pouvez. Si c’est un petit acte, si vous le faites avec un pseudo, ou pas avec un pseudo, ou même si vous n’avez pas les moyens, ni le temps, vous pouvez aider d’autres féministes qui ont plus de temps pour le faire. Mais il faut résister en ce moment, parce qu’on doit retrouver notre humanité.
Notre humanité, en tant que femmes, est en train d’être écrasée.
Pas que par le mouvement transgenre, mais par beaucoup d’autres choses.
Il faut qu’on résiste. Il faut qu’on trouve un moyen de résister.
Il faut que, oui, on continue.
Parce qu’ensemble on peut se libérer du patriarcat
RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.
S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :
womensdeclaration.com