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Rebelles du genre – Épisode 71 – Banshee

Banshee – Bonjour, je m’appelle Banshee.  Comme vous pouvez le deviner, je ne suis pas française. Je suis irlandaise mais j’habite en France.

Tout d’abord je vais décrire un peu comment je suis devenue féministe.

En tant que femme irlandaise, j’ai été endoctrinée par l’Église catholique, et donc j’ai découvert le féminisme un peu plus tard  dans la vie, plutôt à l’université. 

Et mon premier engagement dans le féminisme a été la lutte pour le droit à l’IVG en Irlande. Et pour mieux comprendre mon parcours, je vais expliquer vite fait la place de la religion dans la société irlandaise.

Rebelles du Genre – Bonjour et bienvenue sur le podcast Rebelles du genre. Nous sommes des femmes, militantes, pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes et le genre en est le moyen.

Nous sommes les rebelles du genre. 

Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits. 

Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste et commencent souvent par soutenir cette idéologie. 

Puis, elles ouvrent les yeux, constatent sa violence et la refusent. Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur parole.

Banshee – Après 800 ans d’oppression et de violence, l’Irlande a gagné son indépendance de l’Empire britannique en 1922. Et ce n’était pas l’île entière qui a gagné l’indépendance, parce qu’il y a toujours une partie de l’Irlande (l’Irlande du Nord) qui est toujours sous le contrôle de l’empire, du Royaume-Uni pardon. Mais on a gagné un peu d’indépendance en 1922. Et pendant les années de domination coloniale, les catholiques ont été traités comme des citoyens de seconde classe. Donc le fait d’être catholique est devenu un élément très, très important de l’identité irlandaise. C’était un presque un acte de résistance. Donc il y a 100 ans, le nouvel État irlandais était fondé, la République. 

Mais malheureusement, ça a été fondé par les conservateurs catholiques. Ils ont remplacé la puissance coloniale. Donc la situation pour les femmes et les enfants, ça restait pareil : ils ont continué de souffrir. Parce que dès l’indépendance, en 1922, les ordres religieux ont ouvert les établissements pour “tenir” les femmes considérées déchues, considérées comme immorales, et ils ont ouvert des “Magdalene Laundries”, ce sont des blanchisseries, et il ont aussi ouvert des “Mother and Baby homes”, ce sont des maisons pour mères célibataires et leurs enfants. 

Et l’État irlandais a commencé à financer les blanchisseries en ayant recours à leurs services pour laver le linge des hôpitaux, et pour laver le linge des prisons, et même le linge des ministres ont été lavés par ces femmes. Et les femmes étaient emprisonnées dans ces blanchisseries. Elles étaient forcées de faire ces travaux épuisants, sans aucune rémunération. Et c’était quoi leur crime? Elles étaient classées comme “des femmes déchues”. 

On y trouvait des femmes enceintes hors mariage, des femmes violées, des femmes victimes d’inceste, ou des femmes jugées “trop attirantes” ou “trop sensuelles” par l’Église. Donc c’était un crime si un homme te trouvait attirante. Et ces femmes-là étaient considérées comme une influence néfaste sur la société irlandaise. Et certaines femmes étaient même envoyées dans ces prisons-là parce que parce que leurs sœurs, elles ont eu un enfant hors mariage, et puis les prêtres ont cru que ça montrait qu’il y avait une faiblesse dans cette famille. Mais bien sûr cette faiblesse dans la  famille, ça ne touchait que les membres féminins de la famille. 

Et vraiment, à cette époque-là toute femme irlandaise pouvait se retrouver dans ces institutions-là : des femmes de classe moyenne,  des femmes  pauvres, des femmes bourgeoises… elles pouvaient se retrouver dans ces institutions-là. 

Et à leur arrivée, leur prénom était changé, on leur rasait leurs cheveux, elles sont devenues des criminelles. Et certaines y sont restées pendant toute leur vie. Et toute la société irlandaise était complice de ça.

RDG – Mais qui décidait de mettre ces femmes dans ces blanchisseries?

Banshee – C’étaient les médecins, c’étaient les prêtres. C’étaient les travailleurs sociaux, et c’étaient les familles qui ont placé leurs filles dans ces maisons-là.

RDG – Tu parles de “maisons” mais, en fait, c’était des prisons. Des travaux forcés, en fait.

Banshee –  Oui. Oui, oui. Sans rémunération. Et ça, c’étaient les blanchisseries. 

Il y avait une autre institution qui ressemblait un peu à des blanchisseries, et ça s’appelait des “Mother and baby Homes”. C’était pareil, des femmes qui ont été considérées comme immorales qui étaient envoyées dans les “Mother and Baby Homes”. C’étaient des femmes qui ont eu des enfants hors mariage. Et pareil, elles ont été traitées comme des criminelles et leurs enfants ont été considérés comme illégitimes par l’État iralandais. Et – c’est horrible –  contre les volontés des mères, leurs bébés ont été vendus. Donc, non seulement ces femmes étaient esclaves, elles ont été forcées d’aller dans ces prisons-là, mais leur enfant ont été vendus à des riches couples catholiques américains. C’était des adoptions illégales. Leurs enfants ont été vendus, et ces femmes, bien sûr, elles n’ont pas reçu l’argent : l’argent est allé où? L’argent est allé aux ordres religieux. Donc vraiment, c’était un marché de vente des bébés. Les femmes n’avaient pas leur mot à dire, parce que c’étaient des femmes déchues, c’était des femmes “immorales”. 

Certains bébés n’étaient pas vendus. Comme vous pouvez l’imaginer, c’étaient des bébés avec des handicaps. Et qu’est-ce qu’on fait avec ces bébés-là? Parce que c’était un marché. Ces ordres religieux ils ont voulu faire du fric, donc ils ne voulaient pas que les bébés restent dans les maisons. Ils ne voulaient pas nourrir les bébés. Donc ces bébés étaient négligés. Les bébés qui n’ont pas été vendus, ils étaient négligés. 

Et, il y a quelques années, à Tuam, Galway, on a trouvé une fosse commune avec des centaines et des centaines de cadavres de nouveau-nés, et des cadavres d’enfants de 3 ans, de 4 ans. Donc les enfants qui n’étaient pas vendus, ont été négligés jusqu’à la mort. Et ces femmes, quand leur enfant était vendu, ou si leur enfant n’était pas vendu, finalement, elles avaient le droit de quitter cette maison, (cette maison pour les “mères et des bébés”, mais, comme tu as dit, c’était vraiment une prison), elles avaient deux possibilités : soit leur famille les accepte, soit elles sont accueillies chez elle, ou soit la famille dit “non, on ne veut plus de toi”, elles étaient envoyées dans les blanchisseries. 

Donc elles étaient emprisonnées pendant toute leur vie.

La raison pour laquelle je parle de tout ça, c’est parce que ce n’est pas une relique du passé. La dernière “Magdalene  Laundry”, la dernière blanchisserie, a été fermée en 1996. Pendant MA vie!

Et la dernière blanchisserie qui a fermé, c’était à Dublin. Elle s’appelait “Sean McDermott Blanchisserie” et ce qui est encore plus choquant, c’est que cette blanchisserie n’est pas fermée en raison de ces violations des droits de l’Homme, en raison de ce que cette blanchisserie a fait aux femmes et leurs enfants, mais non. La blanchisserie a été fermée pour des raisons économiques. Donc les blanchisseries n’étaient tout simplement plus viables financièrement.

Donc les machines à laver ont fait plus pour abolir ces institutions que l’État ne l’a jamais fait.

RDG –  Je suis effarée d’entendre ce que tu racontes. Alors je suis peut-être très inculte, mais je découvre complètement ou presque complètement ce que tu racontes-là. Est-ce que tu as une idée du nombre de femmes et d’enfants qui ont été victimes de cet esclavage et de cette traite des êtres humains, pour les enfants?

Banshee – Je ne sais pas, parce que vu que les adoptions étaient illégales, il n’y avait pas de traces. Et c’est des ordres religieux qui ont géré ça. Et pendant longtemps, l’État ne voulait pas se mêler de ça, ils ont dit que c’est des affaires privées. 

Et aussi, ce qui est horrible, quand les enfants étaient adoptés, leur mère n’avait pas le droit de contacter. Donc il y a beaucoup d’enfants maintenant, d’environ (ils étaient les enfants) il y a beaucoup d’adultes  d’environ 50 ans aux États-Unis, maintenant, et ils cherchent ; ils reviennent en Irlande pour trouver leur vraie mère, pour demander : “Qu’est-ce qui s’est passé quand moi j’ai été vendu?” Mais malheureusement beaucoup de ces femmes, maintenant, sont très vieilles. Elles ne peuvent pas repenser à ça, parce que c’est horrible, c’est traumatique. Et il y a beaucoup de ces femmes-là, aussi, qui sont mortes. 

Et c’est … scandaleux.

Et c’est si récent aussi. 

Même en Irlande aussi, cette histoire est toujours un tabou. 

Il n’y a pas un musée qui raconte l’histoire de ces femmes, ni de leurs bébés vendus. Même, je te dis que la dernière blanchisserie a été fermée en 1996. 

Et le gouvernement irlandais qui est toujours motivé par le capital, ils ont voulu vendre ce site-là à une chaîne hôtelière japonaise, mais en raison de la colère féministe, ils n’ont pas pu faire ça. 

Mais quand même, il n’y a même pas un musée, donc…

RDG –  Aujourd’hui seules quelques féministes, dont tu fais partie, entretiennent la mémoire de ces femmes et de ces enfants qui ont été vendus par l’Église et par l’État?

Banshee –  Oui.

RDG – Main dans la main.

Banshee – Si ça intéresse des femmes qui écoutent, il y a un film qui a été fait sur les “Magdalene Laundries”, sur les blanchisseries, et je pense que ça s’appelle “Magdalene Laundry”, et il y a un autre film qui a été fait plus récemment, et qui s’appelle “Philomena”, et ça parle d’une femme qui a été envoyée dans une de ces “Mother and baby homes” et elle essaye de retrouver son fils.

Oui c’est… c’est une partie très sombre de notre histoire. Et il y avait la complicité, vraiment, de toute la société : il y avait les ordres religieux, il y avait l’État, il y avait les médecins, il y avait les travailleurs sociaux, il y avait les familles… Parce que les familles avaient peur de ce que les voisins diraient, donc il faut…

RDG – Tu parles de l’histoire, mais c’est quand même très récent, en fait. 

Banshee – Oui. Oui, oui.

RDG – C’est encore… C’est de l’histoire dont l’encre n’est pas encore complètement sèche.

Banshee – Tout à fait. Et c’est juste un exemple de l’emprise de l’Église catholique en Irlande. J’ai expliqué un peu vite fait, mais il y a une histoire compliquée avec les religions en Irlande, parce que pendant longtemps, on n’avait pas le droit d’exercer notre religion. Donc c’était un peu lié aux mouvements de résistance. Et puis quand le nouvel État est né, ça a été fondé par les catholiques, et il y avait des gens qui ont dit : “Oui mais quand même, au moins c’est des Irlandais qui nous gouvernent maintenant”. 

Mais c’était l’Église catholique, et petit à petit, la situation change. Mais même actuellement en Irlande, 98 % des écoles primaires sont tenues par l’Église catholique. Donc en Irlande il faut qu’un enfant soit baptisé pour accéder à l’éducation facilement. 

Et bien sûr, avec cette éducation catholique, oui… On est endoctrinés. La seule chose qu’on apprend sur les relations sexuelles, c’est que ces relations sont réservées aux couples mariés, hétéro bien sûr. Et les cours de religion sont obligatoires. Et bien sûr, on ne parle que de religion catholique.

Je me souviens que, dans le cours de religion, on a dû regarder un documentaire. Et ce documentaire nous a dit qu’en Angleterre, les femmes sont accro aux drogues, sont accros à l’alcool… et elles sont accros aux  IVG! Elles sont accro à l’avortement. Comme si c’était possible de le faire chaque jour, elles sont complètement accro à l’avortement. Et nous, les irlandaises, on doit être reconnaissantes que l’État dise que l’avortement est illégal.

Donc ça, c’était un peu, oui, l’éducation que j’ai eue. 

Et aussi, quand j’ai réfléchi à ce podcast-là, oui, j’ai repensé à mon éducation, il y avait un truc que j’avais oublié, et ça c’est choquant, quand même. C’est au lycée. Il y a une pièce de théâtre qu’on étudie, et ça s’appelle “An triail” ce qui veut dire “le procès” en français. Et c’est obligatoire, et je pense que les élèves l’étudient toujours.

Ça raconte l’histoire d’une jeune fille, Maire, qui est célibataire et elle fait honte sa famille parce qu’elle tombe enceinte hors mariage, par son professeur. Donc clairement c’est un viol parce qu’il est beaucoup plus âgé qu’elle, et qu’il n’y a pas un équilibre des pouvoirs. Et elle donne naissance à une petite fille, et par conséquent elle tue sa fille… parce que c’était une fille. Parce que c’était un bébé de sexe féminin. Elle n’a pas demandé le genre à sa fille, elle a su que c’était une fille, dans CE monde, et en la libérant de la vie, elle l’avait libérée de la misère d’être une femme, dans ce monde. 

Et nous avons tous étudié cette pièce de théâtre, comme s’il s’agissait d’une conclusion normale. Que, bien sûr, c’était une histoire triste, mais quand même, Maire avait joué avec le feu, parce qu’elle a eu une relation sexuelle avant le mariage.

RDG –  Et, c’est pas le problème parce que… attends, la relation sexuelle, c’était un enseignant c’est ça?

Banshee – C’est ça!

RDG – C’est ça c’est pas l’enseignant qui a un problème en fait, c’est elle!

Banshee – Non, non, non. C’est pas l’enseignant, c’est elle. Elle était, je ne sais pas, sensuelle, attirante… Et je me souviens que c’était presque vu comme normal qu’elle ait dû tuer sa fille, parce que ça c’est le, comme dit-on, c’est le destin pour les filles dans cette société. Donc il faut la tuer pour qu’elle ne revive pas les horreurs que sa mère a vécues. Oui,  j’ai eu des cauchemars suite à ça. Je me souviens très très bien que j’avais si peur de tomber enceinte. L’IVG était illégale, et je ne savais presque même pas comment ça se fait les enfants. Je me souviens, au collège je ne savais pas parce qu’il n’y avait pas de cours d’éducation sexuelle. Bien sûr, il y avait des garçons, bourrés de porno,  qui ont dit : “ Il faut faire ça.” Ils ont dit tout et n’importe quoi, parce que ça, c’était leur éducation. Et mon éducation, c’était… juste inexistante.

Au lycée, je savais un peu comment ça se fait, et j’étais vraiment traumatisée par cette pièce de théâtre. Et même, au lycée, je me souviens bien aussi, s’il y avait une lycéenne qui était absente pendant quelques jours, il y avait toujours des ragots.

C’était toujours les garçons qui l’ont dit, qui l’ont répété. Et le ragot, c’était “She took the boat”. Ça veut dire qu’elle “a pris le bateau”. Et tout le monde sait ce que ça veut dire, cet euphémisme-là, que “she took the boat”. Et ça veut dire que elle, la fille ou la femme, elle est allée elle illégalement à Liverpool pour avoir un avortement. Et tout le monde sait ça. C’était un euphémisme. On n’osait pas dire le mot IVG,  mais on a dit “elle a pris le bateau”. 

Et ça, c’était considéré comme le plus grand échec. 

Et j’ai dit tout ça pour vous expliquer que mon chemin vers le féminisme était long et compliqué. Ça m’a pris du temps pour me débarrasser de ma culpabilité catholique, et mon premier engagement dans le féminisme a été la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande en 2016, 2017. Et c’était un droit qu’on a gagné en 2018. Et cette même année, devant la dernière  » Magdalene Laundry « , dont j’ai déjà parlé, la blanchisserie de Sean McDermid Street, j’ai manifesté contre la visite du pape François avec ma mère et ses amies. Et ses amies étaient présentes à la dernière visite du Pape en 1979, pas en tant que manifestantes, mais en tant que croyantes. Le pape Jean-Paul II a visité l’Irlande en 1979, environ 2,7 millions de personnes et ça, c’est 79 % de la population irlandaise qui se sont déplacés dans toute l’Irlande pour voir le pape. Donc 79 % de la population, en Irlande, a vu le pape pendant sa visite en Irlande. 

Mais pendant la manifestation en 2018, ma mère et ses copines, elles ont pleuré. Ce n’était pas facile pour elles de manifester contre la visite du Pape, quand il y a, je ne sais pas, une trentaine, une quarantaine d’années, elles étaient présentes pour la visite du dernier pape. Mais c’était nécessaire.

Et vraiment, pour moi, c’est un moment très émouvant pour moi, d’être à côté de ces femmes, de ma mère, devant la dernière blanchisserie, en manifestant contre la visite du Pape.

Et juste, j’étais tellement fière d’être à leurs côtés, d’être avec ma mère. C’était… Oui, c’était très important pour moi et je dis ça aussi pour dire que, oui, il y a eu d’énormes avancées sociales en Irlande au cours de la vie de ma mère, mais aussi de ma vie.

Et je vais expliquer un peu les changements qui se sont passés pendant ma vie.

On a eu notre premier acte de divorce en 1997, donc assez tard par rapport à la France.

En 2018, on a abrogé le délit de blasphème dans la constitution. Donc il y avait le délit de blasphème jusqu’en 2018.

Et en 2019, il y a eu le premier avortement légal en Irlande. Je veux souligner  » légal  » parce qu’il y avait plein d’avortement avant ça, illégaux, et il y a eu des femmes qui sont mortes en raison de ça, parce qu’elles ont dû faire ça à la maison, toutes seules, ou avec leurs copines. Mais ça, c’était le premier avortement légal. C’était en 2019.

Mais malgré cela, la religion continue de peser sur nos vies. Comme je l’ai déjà dit, la plupart des écoles sont toujours dirigées par l’église, les écoles primaires mais aussi les écoles secondaires, et l’église est profondément enracinée dans notre système médical.

Et même le préambule de notre Constitution reconnaît l’autorité de la Sainte Trinité. Je vais citer un article de notre Constitution qui montre bien qu’il n’y a pas du tout une séparation de l’Église et de l’État. C’est l’article 41. Je cite :  » L’État reconnaît que, par sa vie au foyer, la femme apporte à l’État un soutien sans lequel le bien commun ne peut pas être atteint. L’État s’efforce par conséquent de veiller à ce que les mères ne soient pas obligées, en raison des nécessités économiques, de travailler en négligeant leurs devoirs au sein de leur foyer.  » Fin de citation.

RDG – Là, on est sur la Constitution actuelle de la république d’Irlande ?

Banshee – Oui.

RDG – Wouah. [rires]

Banshee – L’État veut que les femmes restent à la maison.

RDG – Alors là, il y a un combo de misogynie crasse, d’hétéro-normativité, de sexisme… Et puis oui, les femmes, oui, les femmes doivent faire des enfants et les aimer… Toutes seules ! [rires]

Banshee – Oui, c’est l’injonction d’être dans une relation hétéro, l’injonction de faire des enfants, et puis si tu fais ces deux trucs là, il faut que tu restes à la maison.

RDG – Punaise. Eh, oui, elles ne doivent pas être  » obligées de travailler », quand même, les pauvres, pour pouvoir s’occuper  » comme il faut  » de leurs devoirs, quoi ! 

Juste, tu parlais de la Sainte Trinité dans le préambule de la Constitution, est-ce que tu as le texte, ou pas ? Parce que c’est quand même flippant, là : le Père, le Fils, le Saint Esprit… et l’État. En fait, ce n’est plus la Trinité, c’est… 

Banshee – Oui ! Le symbole de l’Irlande, c’est le trèfle. Et apparemment, quand Saint Patrick est venu en Irlande, il a expliqué la Trinité avec le trèfle : les trois feuilles du trèfle, il a expliqué la Trinité avec ça, donc. Je n’ai pas le Préambule devant mes yeux, mais oui, c’est bien là, c’est la première ligne, donc…

RDG – Mais on est dans le folklore, je dirais, par rapport au trèfle. Le folklore, d’accord, avec une histoire. Mais quand même, la lecture de la Constitution qui est en vigueur aujourd’hui en Irlande. Je comprends que tu n’as pas grandi dans un monde extrêmement ouvert aux idées féministes.

Banshee – Non, pas du tout. Et pendant ma vie il y a eu d’énormes progrès, mais il y a un long chemin…

RDG – En fait, ce qui est intéressant aussi, c’est qu’on parle souvent, et à juste titre d’ailleurs, du côté misogyne de la religion musulmane. Mais en fait, pour ce qui est des chrétiens, ce n’est pas mieux, en fait. C’est à chaque fois qu’on laisse des religieux définir ce que peuvent faire… avoir trop de pouvoir tout simplement, bah en fait…

Banshee – C’est ça. Toutes les religions sont misogynes.

RDG – Là, on en a un exemple très, très évident! 

Banshee – Donc ça c’est un peu le, oui, l’histoire de mon féminisme. Mon féminisme est né de mon dégoût de l’église, et aussi de l’état, et du pouvoir qu’ils exerçaient sur la vie des femmes irlandaises et la vie des enfants aussi. 

RDG – Ça s’inscrit quand même dans une lignée familiale. Je crois que ta mère, tu as l’air de parler de ta mère comme, quand même, d’une femme avec une conscience féministe et militante?

Banshee – Elle est très courageuse, mais quand même, c’est difficile de se séparer de tout ce que tu as appris pendant toute ta vie. C’est difficile d’accepter que c’était un mensonge. Je pense qu’elle voit qu’il y a beaucoup d’incohérences, mais quand même, elle croit. Mais elle a manifesté contre le pape. Mais ce serait trop violent, je pense, pour elle, d’avouer que la religion est juste complètement misogyne. Oui c’est difficile. C’est difficile. Elle est ouverte d’esprit, mais je ne la juge pas trop parce qu’elle garde certaines croyances. Ce n’est pas facile. Moi, j’ai eu l’éducation catholique, mais c’était bien pire pour elle [rires].

Ça c’est un peu comment je suis devenue féministe. Et puis le féminisme radical, c’était un peu après ça. Donc oui, après l’université, j’ai eu un travail assez prenant, et j’ai bien fait la fête, je me suis amusée avec mes copines. 

Comme je l’ai dit, j’étais active dans le groupe pour le droit à l’IVG en Irlande. Mais à part ça, le peu de temps libre dont je disposais, je le passais avec mes copines, ou à faire du sport. Je pratique des sports gaéliques. Oui j’ai fait ça. Donc je n’avais ni le temps ni l’énergie pour analyser les agressions que je subissais de la part des hommes ou les injustices au travail. 

En fait, pendant mon temps libre, je ne voulais pas penser à ça, je voulais oublier les trucs qui me rendaient triste, et juste m’amuser avec mes copines.

J’aimerais bien citer Andrea Dworkin, il y a une citation d’elle qui décrit un peu mes sentiments à cette époque-là. Je vais le lire, j’adore Andrea, comme toi je pense!

RDG – En fait, il n’y a pas un épisode de Rebelles du genre qui serait complet sans une petite citation d’Andrea Dworkin, c’est un minimum!

Banshee – Il faut que je le fasse maintenant alors [rires]. Je cite : “Beaucoup de femmes résistent au féminisme parce que c’est une agonie de prendre pleinement conscience de la misogynie brutale qui imprègne la culture, la société, et toutes nos relations intimes.” Fin de citation.

Donc ça, c’était vrai pour moi à l’époque.

RDG – Tu peux citer l’ouvrage?

Banshee – J’aurais dû le noter.

RDG – Je pense que c’est dans l’anthologie “Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas.” Mais je ne suis pas absolument certaine.

Banshee – Oui, je pense que tu as raison.

RDG – Excellente anthologie.

Banshee –  Oui, oui, oui, ça donne envie de militer, c’est vrai. Et puis oui, j’ai voulu un peu ignorer tout ça. Juste… Oui, je n’avais pas beaucoup de temps, j’ai voulu m’amuser avec mes copines et pas vraiment analyser les trucs qui me rendait triste. 

Mais c’était quand je me suis retrouvée au RSA, oui c’est un moment difficile, on est précaire, mais finalement j’ai eu un peu de temps pour lire et réfléchir à ma vie. Et j’ai commencé à me poser des questions difficiles, des questions dérangeantes. Et j’ai enfin trouvé des théories qui m’ont aidée à mettre des mots sur mes expériences vécues en tant que femme dans notre société patriarcale, et aussi capitaliste. Et j’ai découvert différentes vagues de féminisme. J’ai découvert l’analyse des classes, l’anarchisme, des critiques du néolibéralisme, et du genre. Et c’était vraiment les travaux de Gail Dines sur le pornographie, de Rachel Moran sur la prostitution, d’Andrea Dworkin sur la culture du viol, d’Adrien Rich sur la contrainte à l’hétérosexualité, d’Audre Lorde sur “le personnel est politique” et l’intersectionalité, et de Sheila Jeffreys sur le transgenrisme qui ont été extrêmement prometteurs pour moi pendant cette période-là. 

J’ai lu beaucoup, mais heureusement j’ai rencontré des féministes à ce moment-là aussi. 

Parce que ça aurait été vraiment violent de découvrir cette analyse radicale de la société, et de n’avoir personne avec qui en discuter. Quand j’ai découvert ça, j’ai voulu le partager et j’ai voulu, oui, parler avec les femmes et juste dire que c’est pas juste, et partager des moments avec elles. Donc j’ai commencé à militer dans un groupe féministe abolitionniste de la porno-prostitution , et j’ai rencontré plein de femmes. J’ai aussi rencontré des femmes qui étaient proches du groupe et écoféministe Deep Green Resistance, DGR, et aussi des femmes proches du podcast Floraisons. Et c’est là que j’ai été frappée pour la première fois par l’absurdité de l’idéologie trans. Avant, je n’avais pas été confrontée à ça. Quand j’ai milité en Irlande, je ne sais pas, je n’ai pas vu d’activistes trans. Heureusement, dans les manifestations pour les droits à l’IVG, il n’y avait pas de pancartes “le droit à l’IVG pour les personnes dotées d’un utérus”, ou “le droit à l’IVG pour…” je ne sais pas quoi, un autre mot qui nous réduit à des organes. Il n’y avait pas ça.

RDG – Il n’y avait pas ça parce qu’ils n’osaient pas encore! Maintenant, ils osent!

Banshee – C’est ça! Mais en fait, moi, je ne l’ai pas vu. Mais récemment, j’ai parlé avec une amie féministe incroyable, Rachel Moran. Elle est irlandaise également, et elle m’a dit que non, c’était présent dans nos groupes, elle l’a vu.

Moi, je ne sais pas. Peut-être que moi, j’avais de la chance que cette idéologie-là n’était pas présente dans mes groupes, mais Rachel Moran m’a dit que non, c’était bien là. Mais c’était… Je parle de, oui, ces rencontres-là parce que c’était quand j’ai parlé avec des femmes proches de DGR, elle m’ont dit que DGR était classé “transphobe” parce que DGR a décidé de donner la priorité à la sécurité des femmes plutôt qu’au sentiment d’un seul homme sexiste. 

J’explique. Pendant un événement aux États-Unis, DGR n’a pas autorisé un homme transidentifié à dormir dans le même dortoir que des femmes. Et en raison de cette prise de position féministe, DGR a été annulé et totalement exclu des milieux écologistes. Et même pire que ça : leurs membres ont été agressés quand ils ont pris la parole publiquement.

Et quand j’ai appris ça, j’ai halluciné! Et franchement, j’ai eu un peu de mal à croire que le backlash était si sévère, pour ce que je croyais être un principe féministe de base, qui est le droit des femmes aux espaces en non-mixité. Donc les droits des femmes de se réunir sans des mecs. 

Quand elles ont dit ça, c’était mes copines, donc je les ai crues, mais quand même, j’ai pensé “peut-être qu’elle exagère un peu” donc j’ai voulu faire un peu de recherches moi-même pour voir si quand on dit un truc pareil, qu’on veut des espaces non-mixité, est-ce qu’on est harcelé à ce point-là? Donc j’ai voulu tâter le terrain, et faire quelques recherches moi-même. Donc j’ai créé un compte Twitter, et j’ai commencé à poser naïvement des questions à des activistes trans. Et là, rapidement, on m’a appelée Terf pour la première fois. Et je ne savais même pas ce que ça signifiait, cet acronyme, je n’ai pas compris. Et ce que j’ai trouvé intéressant, c’est qu’on nous dit toujours d’écouter les personnes transgenres. 

Et bien moi, pendant, je dirais deux mois sans arrêt, j’ai lu leurs témoignages. J’ai lu ce que les personnes trans ont dit. J’ai écouté leurs vidéos. J’ai regardé leurs  vidéos YouTube. Et vraiment, je pense que c’est la meilleure façon de se radicaliser. J’ai vu à quel point leurs propos étaient incohérents, autoritaires et ouvertement sexistes. Et puis, avec ce petit compte Twitter que j’ai créé pour faire mes recherches, je suis tombée sur l’histoire de Maya Forstater. Et je me suis dit “là, c’est pas possible, ça!” 

Maya était une chercheuse anglaise et elle a porté plainte contre son ancien employeur pour licenciement abusif parce que son contrat d’emploi n’a pas été renouvelé après avoir twitté ses convictions scientifiques et féministes. 

Ce qu’elle a fait : elle a défini le mot “femme”. Elle a dit : “Une femme c’est une adulte humaine femelle” sur son compte Twitter. Et Maya, vraiment, elle était très sympa. Parce qu’elle a même utilisé le pronom “elle/she” pour les hommes transidentifiés, pour les “femmes trans”. Mais parce qu’elle a twitté qu’un homme ne peut pas devenir une femme, et une femme ne peut pas devenir un homme, son contrat n’a pas été renouvelé. Et ça, c’est le cœur du procès. Et c’était en novembre 2019 que j’ai lu des tweets sur son procès. Il y avait des tweets directs sur son procès, et je me suis dit qu’il fallait que je traduise ça en français. Parce que je les lisais en anglais, et je me suis dit : “Il faut que ça soit accessible en français. c’est fou ce qui se passe!” Et naïvement, j’ai cru que les gens vont lire que ça, et puis ne pourront plus nier la misogynie et l’autoritarisme du mouvement trans, que ce procès-là va ridiculiser beaucoup de gens. J’avais plein d’espoir.  Et j’ai contacté mes amis au blog Floraisons, et j’ai proposé de faire la traduction de ce procès. Et juste pour  celles qui ne connaissent pas Floraisons, c’est un blog féministe, anarchiste et écologiste, c’est un podcast, pardon. Et ça a été accepté. Donc mon premier article à Floraisons a été publié en janvier 2020. Et c’était la traduction du procès de Maya Forstater.  Et les réactions ont été nombreuses, mais pas celles que j’espérais. Le blog Floraisons, qui était très apprécié chez les écologistes et les anarchistes dans le passé, était devenu détesté. Et ce qui m’a énervée le plus, c’était qu’ils n’ont même pas lu l’article. C’était évident qu’ils n’ont pas lu l’article. Quand ils ont qualifié Floraisons de  » bigot  » et de  » transphobe « ,  ils n’ont même pas cité une partie de mon texte. Et vraiment, ça m’a énervée parce que ça m’a pris du temps de l’écrire, de le traduire, j’ai voulu  qu’on cite une partie du texte,  en disant  » on n’est pas d’accord là « . Ils n’ont même pas fait ça,  ils n’ont même pas fait l’effort. C’est plus facile de dire  » Oh, non, mais ils sont transphobes ! « 

RDG –   » Bigote « , c’est un peu savoureux, quand on connaît ton parcours ! [rires]

Banshee –  Oui !  Mais ça m’a vraiment énervée, parce que ça m’a vraiment pris beaucoup de temps, et  j’aurais voulu qu’on cite un peu une partie, et  qu’on dise la raison pour laquelle j’aurais tort, je sais pas, mais ils n’ont même pas lu l’article. Et aussi, il y avait vraiment, le procès était choquant parce qu’il y avait l’employeur de Maya qui a dit :  » si quelqu’un dit qu’il est une femme, il en est une.  » Et puis l’avocat de Maya  a fait référence à une femme trans raciale, Rachel Dolezal,  c’est une femme blanche aux Etats-Unis qui croient qu’elle est noire, et l’avocat de Maria a demandé :  » si une personne blanche se sentait noire, est-ce qu’elle serait noire ?  » Et l’ancien employeur de Maya a répondu que si elle se sent noire, c’est qu’elle est noire. Donc ce  procès a non seulement mis en lumière la profonde misogynie du mouvement, mais aussi son racisme, parce qu’il y avait le transgenrisme, mais il y avait aussi le trans racialisme.

RDG –  Oui, enfin, ça met en évidence surtout la profonde stupidité des personnes qui préfèrent choisir, on ne sait pas trop quoi que la science, ou même que l’évidence. On est dans le règne du menteur, c’est celui qui ment le plus, c’est ouf, quoi !

Banshee –  Oui, vraiment. Je savais que les hommes de gauche s’en fichaient royalement des femmes, mais je pensais que, quand même, ils pouvaient dénoncer le trans racialisme.  Mais non, ils ont, comme je l’ai dit, et non pas le texte. 

Tout d’abord ces activistes trans ont demandé à Floraisons  de s’excuser, de clarifier cette position. Et puis ils ont  vu que ce texte n’était pas une erreur. Ils ont commencé à nous diffamer, à nous mettre sur la liste noire, et à nous menacer. Et ça, c’est un peu l’histoire sur comment Floraisons a été taxé de transphobe.

Mais  cela ne m’a pas empêchée d’écrire, au contraire. Cette réaction m’a rendue encore plus en colère. Et après ça, j’ai fait un podcast sur Pornland  et j’ai eu l’occasion de rencontrer plein de féministes courageuses, y compris Elie,  une lesbienne détrans  qui a créé  » post trans « ,  les femmes de Résistance Lesbienne,  Rachel Moran et Vashnavi Sundar  avec le média  » le partage « .

RDG –  Et c’est comme ça que, la première fois, je t’ai entendue. Puisque je suis bien sûr abonnée à ce super podcast qu’est Floraisons, et alors, il y a des épisodes absolument remarquables, ils sont très nombreux, mais celui sur Pornland  faisait que je te connaissais avant de te connaître.

Banshee – Merci !

RDG – Très bien. Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Banshee –  Je crois qu’il existe une litanie de raisons pour lesquelles cette idéologie représente une menace pour les femmes et les enfants. Et je vais rapidement donner deux exemples qui montrent bien le fait que les droits que les activistes transes réclament aujourd’hui sont en conflit direct avec les droits des femmes et des enfants.

Le premier exemple concerne les  mutilations génitales féminines, sur les mineures. En 2020,  dans le Wyoming aux États-Unis, les activistes trans se sont battus contre un projet de loi visant à interdire les mutilations génitales féminines sur les mineures. La criminalisation des  mutilations génitales féminines sur les enfants était vue comme transphobe  et haineuse, selon eux.  Le simple fait, même ce que je fais maintenant, de parler de ce conflit évident entre les droits des trans et les droits des femmes et des enfants, suffit à être taxée de transphobe  et accusée  d’être quelqu’un de haineuse. Et pourquoi ces activistes trans, pourquoi sont-ils opposés à ce projet de loi ? Premièrement, ce projet de loi visait à interdire les mutilations génitales des enfants, et ça, c’est ce que les activistes trans appellent  » la chirurgie d’affirmation de genre « .  Donc ils étaient opposés à ça. Et deuxièmement, ils ont estimé que l’expression  » mutilations génitales féminines  » était trans exclusive.  Parce qu’évidemment,  » toutes les personnes qui ont un vagin ne sont pas des femmes, et toutes les femmes n’ont pas vagin « .  Donc je pense que ça, c’est un excellent exemple de la façon dont ces activistes sont prêts à sacrifier des millions de filles, victimes de mutilations génitales féminines, au nom de leurs droits sexuels. 

Et puis, un autre exemple concerne les refuges pour les femmes victimes de viol.  Ça concerne les espaces en non-mixité.  Parce que grâce aux luttes féministes, dans les années 70, les femmes ont finalement obtenu des espaces en en mixité, elles ont créé des refuges pour les femmes battues, pour les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants, et aussi des centres d’aide aux femmes victimes de viol. Parce qu’elles avaient compris que les femmes ont besoin d’être protégées de la violence masculine. Elles ont besoin d’un environnement sûr  entre femmes, pour pouvoir parler des détails intimes de la violence masculine. Pour qu’elles puissent aller mieux. Oui, pour se guérir. 

Et en 2020, la même année, ces activistes trans ont fait pression sur la ville de Vancouver  pour cesser de financer  le plus ancien centre d’aide aux victimes de viol du Canada. Ces activistes transe se fichent complètement des femmes violées et torturées. C’était quoi leurs priorités ? Ils ont voulu que leur  » identité de femme  » soit validée,  ils ont besoin d’autres femmes pour le faire. Et moi, je ne suis pas en train de nier que les qui s’identifient en tant que femme sont victimes de violence masculine. Mais la solution n’est pas de placer ces hommes-là dans les espaces avec les femmes vulnérables, exposant ses femmes à de nouveaux traumatismes. La solution est de construire un refuge réservé aux femmes transgenres.  Pourquoi ces activistes trans ne luttent pas pour ces espaces ?  Pourquoi ils luttent pour s’imposer dans les espaces réservés aux femmes ? Car les hommes transidentifiés ne voudront pas utiliser de tels services, car l’objectif est d’être validés en tant que femmes, même  si cela passe par un inconfort physique des femmes vulnérables. Cette histoire-là, sur le Rape Crisis Center  à Vancouver, ce n’est pas du tout un cas isolé, parce qu’il y a eu un autre cas, là, récemment en Écosse, qui m’a fait penser à ça. C’est dans le  » Edinburgh Rape Crisis Center  »  Un homme trans identifié a été nommé le PDG, d’un centre d’aide aux femmes victimes de viol. Et cet homme trans identifié, le directeur, (il s’appelle Mridul Wadhwa)  et Wadhwa a participé récemment au podcast populaire  » The guilty feminist  »  et quand on lui a demandé si ces espaces devaient être  réservés aux femmes, il a donné une réponse hallucinante. Et je vais citer sa réponse, ça a été traduit par le super site féministe Tradfem,  donc merci à elles d’avoir fait ça.  Je cite :  » les violences sexuelles arrivent aussi aux personnes intolérantes.  Et donc, vous savez, ce n’est pas un crime qui fait preuve de discernement. Mais ces espaces sont aussi pour vous. Par contre, si vous apportez au processus des croyances inacceptables qui sont discriminatoires par nature, nous commencerons à travailler avec vous sur votre parcours de guérison du traumatisme. Mais s’il vous plaît, attendez-vous aussi à être remise en question à propos de vos préjugés « . Wadhwa a poursuivi en affirmant que ces survivantes intolérantes  de viols et d’autres violences sexuelles devraient travailler à recadrer leur traumatisme.  

Et j’ai écouté ce podcast, cet épisode, et vraiment tout au long de cet épisode, le PDG a voulu prouver qu’il était une personne plus vulnérable que les femmes victimes de viol qui utilisent leurs services. Parce qu’il était… selon lui, une femme trans.

Il a également  déclaré que de nombreuses femmes refusent désormais ces services parce qu’ils ne sont plus réservés aux femmes. Et je veux vraiment souligner qu’il est tout à fait normal que les victimes de violences sexuelles masculines aient peur, et se méfient de tous les hommes, quelle que soit la  manière dont ils s’identifient. Il s’agit d’une réaction naturelle à une agression. Ces femmes ont été violées par le pénis d’un homme. Elles savent très bien ce que c’est, un homme. Et le centre d’aide aux victimes de viol est censé fournir des services sans porter de jugement. Il n’est pas censé être un véhicule de rééducation pour que les femmes adhèrent à une idéologie trans. 

Et ces deux exemples-là ne sont pas des anomalies, ils sont tout à fait cohérents avec l’idéologie trans, et d’ailleurs c’est l’idéologie trans en partie.

Maintenant, j’aimerais revenir sur la question sur  » pourquoi je pense que cette idéologie est une menace pour la société « . 

En fait,  je ne le pense pas. Parce que je ne pense pas qu’elle soit  une menace pour la société actuelle, car je ne pense pas qu’on vit dans une démocratie. Et ça ne veut pas dire qu’on vit en dictature, mais actuellement ce qu’on a, c’est un système de démocratie représentative. Et ce terme, je trouve que même ce terme, oui, c’est un oxymore. Parce que la démocratie veut dire  » le gouvernement du peuple par le peuple, et pour le peuple « . Et la démocratie représentative consiste en une minorité d’élites,  qui gouvernent la majorité. Donc tous les cinq ans, ils nous permettent de choisir un nouveau maître. On élit les gens qui vont nous gouverner, et ce n’est pas nous qui nous gouvernons. Et si on est gouverné, on n’est pas libre d’un point de vue politique. Les décisions importantes pour notre vie quotidienne se pressent. Comment peut-on qualifier l’État de démocratique  alors qu’il est fondé sur la force, l’autorité, la domination et l’inégalité. Et la question de démocratie  est aussi une question d’échelle. On est dans une société de masse, et dans notre société à grande échelle comme la nôtre, il faut une déposition politique. Avec… il y a combien en France,  avec 68 millions d’habitants, il n’est pas possible d’exercer une démocratie directe, ça se fait à une petite échelle. On pourrait aussi remarquer que lorsqu’on parle de démocratie, on fait en général référence à l’État, la sphère politique. Mais le même constat s’applique au monde du travail. Et dans notre société capitaliste, 50 % du temps éveillé est passé au travail, et de toute évidence le monde du travail n’est pas démocratique.  À Floraisons, pour nous la démocratie c’est très important, tout comme le respect de la planète. Et on remarque que  les questions sociales et environnementales sont complètement liées. Donc on s’oppose à cette société de masse, parce qu’elle exige l’impérialisme, l’esclavage et la hiérarchie. Donc pour moi, on vit dans une société autoritaire, patriarcale et capitaliste. Donc non. L’idéologie trans n’est pas une menace pour cette société industrielle. Elle en est un produit, un progrès dans cette aliénation. Les croyants du transgenrisme aimeraient nous faire croire  que c’est une idéologie subversive et révolutionnaire. C’est tout, sauf cela. Avec leur mantra  » on peut être né dans le mauvais corps « , ce que ces activistes exigent, c’est que les personnes qui ne rentrent pas dans les normes sociétales doivent changer leur corps. Et quand ils disent  » changer leur corps « , ce que ça peut vraiment dire, c’est  être drogué par les médecins, subir des mutilations et des stérilisations. 

Et nous, les féministes, ce que nous disons, c’est que  » nous sommes nos corps « ,  et qu’il faut changer la société patriarcale et industrielle qui veut nous faire croire que nos corps sont le problème. Nos corps ne sont pas le problème. Et j’aimerais aussi reparler de mon pays. Pourquoi en Irlande les personnes trans pouvaient changer de genre, dans le droit, lorsque l’avortement était encore  illégal pour les femmes ?  Parce que le changement de genre est un marché très lucratif. Cette idéologie crée une toute nouvelle clientèle pour l’industrie pharmaceutique. Ce n’est pas le mouvement féministe, qui lutte contre la chirurgie esthétique et les hormones nocives, qui crée  d’énormes profits pour l’industrie pharmaceutique et pour les médecins qui y participent. C’est l’idéologie trans qui crée des patients à vie, qui ont besoin des hormones et de chirurgie pendant toute leur vie. Récemment, j’ai lu le nouveau livre de Kajsa Ekis Ekman,  » On the meaning of sex « ,  elle avait déjà écrit un livre, elle  survivante de la prostitution, elle a écrit un livre qui s’appelle  » être la marchandise « , et dans son nouveau livre, elle décrit qu’une analyse financière réalisée par  » Global Market Insights écrit que le marché  du changement de genre est un très bon investissement, puisqu’il devrait connaître une croissance de 25 % au cours de la prochaine période de six ans, allant de 2020 à 2026. Donc vraiment, c’est un marché très lucratif. 

Ce mouvement est une bénédiction pour l’industrie pharmaceutique. Ce qui devrait être appelé  » les stérilisations des enfants  » est maintenant connu comme  » une thérapie d’affirmation du genre qui sauve des vies  » et  ce qu’on appellerait  » les dangereux  bloqueurs de puberté  qui ont des conséquences à vie « , est désormais considéré comme une simple pause qui donne aux enfants le temps de réfléchir, s’ils veulent faire la puberté, ou pas. C’est devenu un choix maintenant. Et on nous fait croire aussi que cette industrie a à cœur l’intérêt supérieur des enfants. Mais pas du tout. C’est une philosophie postmoderne qui promet des transcendances corporelles en exploitant les problèmes d’image de soi des gens. Le transgenrisme est un antidote du féminisme. 

RDG –  Aujourd’hui, tu témoignes anonymement, pourquoi ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, ou est-ce que tu te sens en danger ? Je pense que tu as certainement des arguments à développer sur ce sujet. Donc merci.

Banshee –  Oui, donc j’ai choisi le pseudo  « Banshee « …  oui, ce n’est pas mon vrai nom, je pense que je ne vous choque pas là, mais Banshee… j’ai voulu choisir ce pseudo-là parce que banshee  est une  créature féminine de la mythologie irlandaise. La banshee  est une messagère de la mort qui prédit et annonce un décès par son cri. Elle a un cri très fort, qui fait peur aux hommes. Les banshees accompagnent les gens dans leurs dernières heures  et puis elles font le deuil. Et je trouve que c’est très, très beau. Dans la culture populaire, malheureusement, ces banshees sont décrites comme hideuses et  terrifiantes, car elles prennent la forme d’une femme. Et aussi parce qu’elles sont associées à la mort. Et dans la société actuelle, nous sommes terrifiés par ça. Le truc le plus naturel du monde. La mort. On est terrifiés par ça.  Et même actuellement, le trans humanisme tente de le dépasser. C’est pourquoi j’ai choisi ce pseudo.

Et j’ai choisi d’utiliser un pseudo pour des raisons de sécurité. Ma famille et mes amis connaissent très bien mon positionnement, et mes collègues de travail aussi. Mais comme nous le savons, malheureusement, les féministes radicales sont attaquées par divers groupes. On est attaquées par les militants pro exploitation sexuelle, les masculinistes, les hommes de droite, les hommes de gauche aussi, et les activistes transgenres. 

Et moi, j’ai déjà été harcelée par des membres du STRASS pendant des manifestations, parce que j’étais venue avec des pancartes sur la réalité de la prostitution. 

RDG – Je vais juste préciser que le STRASS, c’est l’autocroclamé “syndicat des travailleurs du sexe” qui est en fait un syndicat de proxénètes, avec d’ailleurs des proxénètes condamnés pour proxénétisme qui dirigent ça et qui, évidemment, ne représentent que leurs propres intérêts, essentiellement d’ailleurs, d’hommes, qui exploitent la misère et la pauvreté des femmes.

Banshee – Oui. Ils sont très liés au mouvement trans aussi. Je pense qu’ils partagent les mêmes locaux que Acceptess-T. J’ai été harcelée par un de leurs militants. Et aussi des militants de Acceptess-T ont essayé de faire du mal aux membres de Floraisons sur internet. Donc oui, j’ai été menacée par pas mal d’hommes, et aussi malheureusement, j’ai été victime de doxxing, ce qui est plus triste car en fait, c’était fait par une femme critique du genre, et d’ailleurs elle l’a fait à beaucoup d’autres femmes. Je crois que c’est un problème qui doit vraiment être abordé dans notre milieu féministe, parce que parfois nous sommes amenées à croire que ce type de comportement toxique ne se produirait pas entre nous, entre les femmes, parce qu’il n’y a pas d’hommes. Nous croyons parfois aussi que les groupes réservés aux femmes sont une sorte d’utopie. En tout cas, je parle pour moi-même, moi je croyais ça au début, mais ce n’est malheureusement pas le cas. 

Mais je veux dire que j’ai partagé plein de moments forts en sororité dans le mouvement féministe, beaucoup. Beaucoup plus que de moments comme ça. Mais quand même, ça existe. Et c’est difficile de dénoncer ces comportements lorsqu’ils se produisent dans les groupes féministes car nous ne sommes pas équipées pour faire face à des femmes au comportement toxique. 

Parce qu’on ne peut pas exclure des femmes. 

Parce que chaque femme est une victime du partiarcat.

Et quand des femmes censées être nos sœurs de lutte sont hostiles ou destructrices, cela présente un grand danger pour le mouvement. On doit assurer la sécurité physique et psychologique des femmes. On doit débarrasser le mouvement de l’hostilité horizontale. On doit lutter contre ceux qui nous oppriment et ne pas projeter nos frustrations les unes contre les autres. Sinon, des femmes seraient mises en grave danger, et d’autres ne rejoindront tout simplement pas le mouvement.

Et je pense que le doxxing n’est jamais acceptable.

RDG – On va arriver à la dernière question : as-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée, concernant la transidentité ou le transactivisme?

Banshee – Oui [rires] bien sûr! Encore une fois, j’aimerais bien parler de mon pays, l’Irlande, et je veux parler d’un homme transidentifié en Irlande, qui s’appelle “Barbie Kardashian”. Je ne plaisante pas, il a vraiment choisi le nom Barbie Kardashian, et je vous assure que Kardashian ce n’est pas un nom de famille très répandu en Irlande. Et Barbie, ce n’est pas un prénom irlandais non plus ! Mais honnêtement je le félicite. Parce que je ne pense pas qu’il aurait pu choisir un meilleur nom. Il montre parfaitement ce que lui, et la plupart des hommes transidentifiés pensent que représentent les femmes : une poupée Barbie pornifiée! Non, vraiment, il faut taper…

RDG – Je vous invite vraiment à taper “Barbie Kardashian” sur vos téléphones! Je dirais que… C’est une caricature au carré ! On est… Ce n’est plus une caricature : c’est une caricature de caricature de caricature! C’est extrêmement drôle! Enfin… et triste!

Banshee – Oui. Il se moque de nous, vraiment! Avec… Comme tu as dit, il faut taper son nom sur le net. Et pourquoi je parle de lui ? Ce n’est pas juste parce qu’il a choisi un nom ridicule. C’est parce qu’en 2020… Il me semble que tous les exemples que j’ai pris datent de 2020! Mais, encore en 2020, on a appris que Barbie Kardashian était logé dans le quartier des femmes de la prison de Limerick en Irlande.

Et pourquoi Barbie est-il en prison? Ca ce n’est pas drôle du tout. Il a été reconnu coupable d’avoir menacé de violer et de tuer sa mère. Donc non seulement il est violent, mais il a une affinité particulière pour les brutalités envers les femmes. Et lorsque les journaux irlandais ont tenté de parler de ça de manière factuelle, leurs articles ont été censurés, et leurs articles ont été supprimés parce qu’ils décrivaient Barbie comme un mâle. Ils ont dit “Barbie is a man”. Non, même pas “a man”, “Barbie is a male”. Et puis après ça, après la censure, la majorité des milliers dominants en Irlande ont cru à tort que Barbie était une jeune femme et ils ont utilisé le pronom “elle” pour le décrire. Donc il y avait des fausses informations. Et encore une fois, les femmes sont coupables des crimes des hommes. Parce que dans les statistiques, on va voir qu’il y aura une augmentation des crimes des femmes. Mais ce sont des crimes des hommes, à caractère, aussi, très sexuel et violent. 

Et ce qui m’a rendue vraiment triste dans cette histoire, c’était la réaction des féministes irlandaises libérales. Ces féministes-là, pendant la lutte pour le droit à l’IVG, elles étaient vraiment une source d’inspiration pour moi. Elles ont parlé du fait qu’elles ont eu des IVG en Angleterre, et c’était interdit de faire ça, mais elles ont écrit ça dans les journaux. Mais vraiment, ces féministes-là, j’avais beaucoup de respect pour elles. 

Mais avec Barbie Kardashian, ces féministes, elles n’ont pas osé dénoncer ses crimes. Qu’est-ce qu’elles ont dénoncé? Elles ont dénoncé les féministes irlandaises, les femmes méchantes qui ne respectaient pas le pronom de Barbie. Elles ont dit : “quand même il ne faut pas dire lui/il parce que c’est une femme!” Donc elles ont plus parlé des femmes méchantes qui ont utilisé le mauvais pronom au lieu des crimes que Barbie a fait, qu’il a fait. Mais bien sûr, il y avait de vraies féministes qui ont dénoncé Barbie Kardashian. 

Il y avait Rachel Moran, bien sûr, (je l’adore) et il y avait aussi le groupe féministe Radicailín. Elles ont été harcelées aussi en raison de ça. Et elles ont dénoncé la misogynie et le classicisme de ceux qui soutiennent barbie aussi. Parce que, bien sûr, les principaux partisans de Barbie étaient des bourgeois qui ne se retrouveraient probablement pas en prison non plus. Et en prison, on trouve les femmes les plus vulnérables de la société. Et les femmes représentent une petit minorité de la population carcérale et sont rarement incarcérées pour le délit de violences graves. Elles constituent un groupe particulièrement vénérable. Beaucoup ont subi des violences sexuelles et physiques de la part des hommes dans leur vie. Donc Barbie a été envoyé dans la prison des femmes. 

Et il y avait des femmes qui ont dit : “mais ces prisonnières, ça peut arriver que Barbie les agresse”. 

Et il y en a eu d’autres qui ont dit : “non, ça ne va jamais arriver.” 

Mais il y avait déjà eu des cas où il y a des hommes transidentifiés qui ont violé des femmes en prison. Il y a le cas de Karen White, un homme transidentifié qui ne s’est pas séparé de son pénis. Et avec ça, il a agressé sexuellement plusieurs détenues après avoir été incarcéré dans un établissement pour femmes. 

RDG – C’est pareil : cherchez son nom “Karen White”, vous verrez. Le summum de “la féminité”.

Banshee –  Oui. Il était dans une prison de femmes, et avec sa  “bite de femme” il a violé des femmes. et c’est juste horrible. Les femmes… Comme je l’ai déjà dit, la plupart de ces femmes ont déjà été victimes de violences sexuelles, ce sont des femmes très vulnérables, elles ne peuvent pas échapper à cet homme. Elles sont incarcérées, et puis ça arrive. C’est horrible qu’il y ait des féministes qui luttent pour que ces hommes soient dans la prison des femmes. C’est juste… C’est d’une misogynie, d’un classisme…

RDG – Ça donne presque l’impression que, puisqu’elles ont fauté, que ces femmes vont en prison, comme peine de prison, elles vont être violées et ce sera normal.

Banshee – Oui. Horrible. Et aussi, dans cette histoire de Barbie Kardashian, les féministes radicales irlandaises ont non seulement été accusées d’être haineuses, mais elles ont été également accusées d’être toujours sous l’emprise de nos “voisins-colonisateurs”. Les féministes radicales sont bien organisées au Royaume-Uni, et à chaque fois qu’il y a une féministe radicale en Irlande, on dit qu’elle est manipulée, qu’elle est – c’est quoi le mot en français,  elle est, ah je n’arrive plus à trouver mes mots – elle est oui,  sous influence, parce qu’on dit que le féminisme radical est une idée importée par nos voisines colonisatrices…

RDG – En plus d’être accro à l’IVG!

Banshee –  Ouais ouais, c’est fou ils disent qu’il faut “libérer nos esprits des pensées de notre ancien colonisateur”. Donc c’est comme si les femmes irlandaises n’avaient pas un esprit critique, donc elles seraient juste endoctrinées par les femmes anglaises. Elles n’ont pas de pensées par elles-mêmes. Et les féministes radicales anglaises, il y avait des militantes de gauche, des hommes bien connus, et j’ai vu que ces militants irlandais ont dit que les féministes radicales anglaises étaient des “colonial bitches”. 

Et apparemment, pour eux, se libérer du colonialisme…

RDG – Attends, est-ce que tu peux traduire “colonial bitches”? Parce que je trouve que c’est particulièrement humiliant?

Banshee – Ouais c’est comme des pétasses, des putes coloniales. C’est vraiment horrible. 

RDG – Et qui a utilisé cette insulte?

Banshee – Il y avait… Je ne me souviens plus. Un militant de gauche très connu sur Twitter, un militant irlandais. Il a dit ça, et personne ne l’a critiqué, parce qu’on pense que si une femme est féministe radicale en Irlande, il faut la libérer, parce qu’elle est toujours sous l’emprise de l’ancienne colonie. Vraiment, ils pensent que se libérer du colonialisme, c’est mettre les femmes en danger. 

Ce qui m’a vraiment fâchée aussi, c’est ainsi que les pertes de notre culture irlandaise, nous savons que les véritables vestiges de colonialisme en Irlande sont la prostitution et le capitalisme. Donc la prostitution et les capitalisme, deux choses que les activistes trans encouragent. Ce sont des vestiges du colonialisme, ce n’est pas le féminisme radical. Si ça intéresse les femmes qui écoutent, le lien entre le capitalisme et le patriarcat, il y a  une série de podcasts présentée par Gladys sur Floraisons qui est excellent, sur “capitalisme et patriarcat”. Elle a fait 13 épisodes, je vous conseille de l’écouter.

Et avant que j’aie fini (j’espère que ça vous a intéressées), il y a une autre anecdote.

Je pense que cette anecdote va vous intéresser, mais on n’a pas le temps de parler de ça aujourd’hui, c’est l’événement “écoféminisme et résistance” qui était organisé par Floraisons et DGR. J’aimerais bien vous parler de ça, mais on n’a pas le temps aujourd’hui, donc avec mes camarades on va parler de ça dans un autre podcast de “Rebelles du genre”, donc “to be continued”.

RDG – La dernière question c’est “est-ce que tu as quelque chose à ajouter”?

Banshee – Pour les derniers mots, je n’ai pas vraiment réfléchi, mais je pense… Juste, je vous dis de résister. Il faut résister. Je sais que ça a l’air vraiment difficile en ce moment. On est attaquées de tous les côtés. 

Mais ça n’a jamais été facile, le féminisme.

Et il faut résister, comme vous pouvez. Si c’est un petit acte, si vous le faites avec un pseudo, ou pas avec un pseudo, ou même si vous n’avez pas les moyens, ni le temps, vous pouvez aider d’autres féministes qui ont plus de temps pour le faire. Mais il faut résister en ce moment, parce qu’on doit retrouver notre humanité. 

Notre humanité, en tant que femmes, est en train d’être écrasée. 

Pas que par le mouvement transgenre, mais par beaucoup d’autres choses. 

Il faut qu’on résiste. Il faut qu’on trouve un moyen de résister.

Il faut que, oui, on continue. 

Parce qu’ensemble on peut se libérer du patriarcat

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe :  

womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 48 – Chloé

Chloé – Je suis Chloé je suis une femme autiste asperger de 22 ans, J’habite pas loin de Bordeaux et je fais des études en lettres, actuellement.  Je témoigne pour avertir du danger que toute cette idée actuelle, de remettre en cause ce qu’est réellement la femme, et ce transactivisme qu’on vit aujourd’hui, à quel point ça peut être dangereux pour un adolescent en développement, ou même une jeune adulte en développement. Et à quel point, quand on est perdu, c’est facile de mordre à l’hameçon de ce transactivisme, entre guillemets de “se faire avoir” et de, potentiellement, détruire entièrement son avenir, et sa possibilité d’avoir un enfant, sa possibilité d’être épanouie dans une vie, de sentir bien avec soi-même, parce qu’on a fait une erreur. Et donc oui, je témoigne aujourd’hui pour avertir. 

Je ne me considérais pas comme critique du genre à l’époque de ce qui m’est arrivé au lycée, qui a fait qu’aujourd’hui je suis critique du genre. Ce qui a fait qu’aujourd’hui, je le suis, c’est vraiment que je n’ai jamais pu rentrer dans une case, en fait. Du côté des garçons, j’étais une fille, donc je ne pouvais pas… Du côté des filles, j’étais trop masculine. J’étais un peu “garçon manqué” donc je ne pouvais pas non plus, je n’étais pas acceptée pleinement. Mes amis garçons, ben voilà il y avait toujours le : “Oui mais tu es une fille, donc on est plus intéressés par toi parce que… Surtout à l’adolescence, au lycée, le côté sexuel, un peu, de la chose, et de vouloir une relation. Et du côté des filles, j’étais trop “garçon manqué”, je ne rentrais pas dans les cases, je remettais en cause le : “Oui mais pourquoi si je suis une fille, je devrais faire ci ou je devrais faire ça?” Et donc ça ne me plaisait pas. Et après, ce qui a fait que je suis devenue critique du genre aussi, c’est l’éducation que j’ai eue de la part de ma mère, qui a toujours été très féministe, et je ne la remercierai jamais assez à ce niveau-là, parce que ça m’a… Elle m’a toujours appris que si j’aimais quelque chose, c’est pas parce que quelqu’un me disait “Non c’est pas bien que tu aimes ça”, qu’il fallait que je l’abandonne.  

Dès petite, j’aimais tout ce qui était rock n’ roll, un peu gothique, tout ça… et mon père n’aimait pas du tout, mais ma mère m’encourageait dans ce truc, même si tout le monde me disait : “Mais oh tu es ridicule, tu es une gothique, et tout.” Mais je ne rentrais pas dans les cases à cause de ça, mais j’en étais très contente parce que au moins je m’assumais, même si c’est ce qui a créé pas mal de harcèlement chez moi, le fait de ne pas rentrer dans les cases. Et une fois arrivée au lycée, prendre un peu plus en maturité, je me considérais vraiment comme féministe, sauf que à cause de mon harcèlement, je me suis énormément renfermée sur moi-même. Je me réfugiais énormément dans les jeux vidéo, les réseaux sociaux. Ma vie sociale, elle se [limitait] vraiment à mon ordinateur et mon téléphone. Et une fois que je suis arrivée, vraiment, au lycée, j’ai rencontré un groupe d’amies qui était un peu comme moi, c’était des filles qui aimaient les jeux vidéos. Donc bah tout de suite, ça a collé, et en fait, avec leur recul, je pense que c’est une des plus grosses erreurs que j’ai pu faire plus jeune, parce que c’est comme ça que j’ai rencontré la fameuse fille qui prétendait se sentir homme. C’est comme ça que je l’ai connue et que tout a dégringolé, en fait. J’ai rencontré ce groupe de filles, qui étaient toutes très “garçons manqués” : jeux vidéo, réseaux sociaux, comme moi. Donc, tout de suite, je me suis dit : “Ouais, trop bien! J’ai trouvé des filles comme moi!” 

Dès le début, il y avait des signes avant-coureurs de ce qui allait se passer, mais je ne les voyais pas parce que j’étais aveuglée par ce manque d’interactions sociales que j’avais. J’étais aveuglée par ça, de me dire : “Mais en fait, ça y est! J’ai trouvé mon groupe!”

Mais dès le début, elles remettaient en cause…  “Oui mais tu vois bien que tu t’habilles comme un garçon, donc c’est qu’au fond tu n’es pas vraiment une fille.” C’étaient des petites remarques par-ci, par là : “Tu es vraiment masculine, je pense que, au fond, tues non-binaire, et pas une fille réellement… Tu es sûre de ne pas vouloir essayer les cheveux courts?” (parce que j’avais les cheveux longs à l’époque et je les aimais beaucoup).

Cette fille, en fait, avec qui j’étais, et ce groupe d’amies, m’incitaient énormément à enlever tout ce côté féminin qui me restait, au point où ça a fonctionné, à un moment j’étais à la limite de la transition, je me disais : “Ouais j’ai envie qu’on m’appelle par un nom masculin.” 

Je me suis coupé les cheveux, tout ça. Bon ça a été vers la fin, mais dès le début en fait, c’était toujours la remise en question de ma personne, de qui j’étais, de comment je m’assumais. Si jamais je leur disais : “Non, je ne suis pas d’accord avec vous, j’ai envie de porter une jupe, j’ai envie de porter ce que je veux, j’ai envie de de garder mes cheveux longs, que je ne me sens pas enfermée dans une cage juste parce que je prends, une jupe ou parce que je me sens fille”, j’avais le droit à la soupe à la grimace pendant au moins une semaine. C’est-à-dire que le seul groupe d’amies que j’avais me rejetait entièrement. Donc c’était très dur, et puis au fond je me disais “Mais est-ce que j’ai vraiment envie d’abandonner ce groupe?” En tant qu’adolescente qui se construit, quand ta seule vie sociale et ta seule vie tout court, en fait se résume au lycée, perdre le seul groupe que tu as au lycée, c’est terrible! Et je pense qu’on a toutes ressenti ça au lycée, d’avoir un groupe et de se faire rejeter par son propre groupe, c’est absolument horrible. 

Et donc j’ai préféré me plier un petit peu, parce que la pression psychologique qu’elles mettaient vraiment sur : “Il faut que j’accepte leur idée”… et si j’accepte pas leur idée, je suis une ennemie… c’était vraiment tout ou rien. Et en fait, ça ne se limitait pas seulement au lycée. Déjà, au lycée, elles avaient des badges sur leurs sacs avec le drapeau, elles coloriaient des drapeaux partout, elles avaient “PRIDE”, et tout… Elles voulaient montrer, quoi. Et puis au fur et à mesure, en me rapprochant de ce groupe, j’ai commencé à avoir des sentiments pour cette fille. J’ai commencé à réellement avoir des sentiments pour elle, parce que c’était comme ma meilleure amie… sauf qu’il y avait quelque chose derrière. Donc au début, je me considérais comme lesbienne, mais au final ce n’était pas réellement ça, et honnêtement, aujourd’hui, je reconnais que c’était mon premier amour. Mais j’étais incroyablement manipulée par ce groupe et par cette fille. Et donc on a commencé à sortir ensemble avec cette fille et c’est à partir de là que c’était parti. De  jour en jour, ça continuait, mais de plus en plus fort. 

Par exemple, elles me lâchaient des : “Si tu sors avec cette fille, et que tu t’habilles comme un garçon, c’est qu’au fond tu es un homme, mais tu ne veux pas l’assumer!” Et intérieurement, je me disais : “Mais non, en fait, je n’ai pas envie.” 

Mais quand je voyais la personne que j’aimais me dire : “Moi, avec mon expérience, je pense vraiment que c’est tes parents qui t’empêchent d’être qui tu es réellement…” Donc en fait, en plus d’avoir un impact sur ma vie au lycée, sur mon être en tant que telle, elles commençaient à avoir de l’influence sur la relation que j’avais avec mes parents.

RDG – Est-ce que tu en as parlé avec tes parents à ce moment-là? Est-ce que c’est quelque chose que vous avez abordé?

Chloé – Alors justement, en fait, j’étais tellement manipulée par cette fille qu’elle a réussi à me monter la tête contre mes propres parents. C’est à dire qu’à cette époque elle détestait tellement ma mère – surtout ma mère, elle l’aimait vraiment pas, parce que ma mère lui montrait par A+B que son idée d’être un garçon, en fait, c’était juste un problème psychologique, elle était vraiment en colère que ma mère puisse lui dire ça – elle en avait tellement après ma mère, que c’était toujours : “ma mère c’est la méchante”. Sauf que, vu que j’étais amoureuse, j’étais folle amoureuse de cette fille, je me persuadais que c’était une réalité, que ma mère était l’ennemie. 

Au point où je me suis coupée complètement de ma mère. Il y a vraiment eu une rupture dans ma relation avec ma mère, à cause de cette fille, où elle me disait : “Ta mère t’empêche d’être qui tu es réellement. Ta famille, elle ne veut pas t’aider, elle te, elle t’emprisonne, en fait. Ta famille, elle … Ta mère veut que tu rentres dans ces cases et pas que tu sois libre, en fait!” Alors que ma mère, au contraire, elle m’a toujours poussée à accepter la personne que je suis, et à accepter pleinement, à m’assumer, en fait. Elle a  toujours été derrière moi, en fait. Jamais une seule fois, ça n’a été péjoratif. Mais cette fille avait un pouvoir de manipulation sur moi, au point où vraiment ça m’a tournée contre ma mère. Au point où je n’avais plus personne. Je m’étais isolée. Cette fille m’avait isolée, et je l’avais fait de moi-même, tellement j’étais manipulée. Je m’étais isolée de tout le monde. Les dernières personnes que j’avais, c’était ce groupe d’amies, et cette fille, qui était donc ma petite amie à l’époque. Et en plus, avec l’âge rebelle, au lycée ça n’aidait pas, quoi. Ça n’aidait vraiment pas, et je me faisais influencer dans ma recherche de qui j’étais, et c’est absolument incroyable. Elle remettait réellement en cause toutes les actions de mes parents, elle me persuadait que ma famille était nocive, toxique, que c’était des vrais bourreaux.

Elle réussissait, c’était ça, le pire. Elle réussissait.

Je ne parlais presque plus à ma mère, à ma famille.

J’avais la boule au ventre en rentrant chez moi, parce que pour moi, mes parents étaient mes ennemis. 

J’en arrivais où je pouvais vraiment faire une crise panique en rentrant chez moi juste parce que je me disais : “Je vais voir ma mère!”

Alors que, honnêtement, si je n’avais pas connu cette fille, jamais ça ne serait arrivé. Jamais.

Avant d’avoir connu cette fille, jamais je ne m’étais posé la question de : “Ouais, est-ce que je suis réellement une femme ou pas?” Parce que pour moi, c’était absurde. 

Elle a quand même réussi à forger dans mon esprit une vision complètement erronée de ma famille. Son but, c’était aussi, je pense, je l’assume, mais … vraiment ce qu’elle renvoyait, c’était que son but, c’était de m’éloigner de mes amis, et elle avait réussi. 

Et je me suis retrouvée seule avec plus aucune personne de confiance, à part elle et mes amies qui s’identifiaient transexuelles pour la plupart, ou non binaires, ou “non, je suis… je suis un garçon, etc.” Enfin, tout ce genre de choses. 

Et elles m’avaient complètement relookée aussi. J’ai eu les cheveux courts, à la garçonne. Je ne m’habillais plus qu’avec des jeans, des baskets et des pulls oversized, parce que sinon on voyait trop mes formes, et j’allais me sentir mal qu’on voit mes formes. C’était du noir ou du bleu, et surtout pas quelque chose qu’elles jugeaient “féminin”… Sinon c’était se forcer à [être] une personne qu’on n’est pas.

En fait, c’était limite devenu une secte, au point où on parlait, on mangeait, on respirait, on transpirait LGBT.

Vraiment, il n’y avait que de ça : et du transactivisme aussi. 

A l’époque, je ne vais pas dire que j’étais une transactiviste, parce que je ne le partageais pas sur les réseaux, ou quoi que ce soit, mais vraiment, j’étais persuadée que le transactivisme était une bonne chose.

Alors que, avec le recul, pas du tout!

Et en fait, pas très longtemps après qu’elle ait réussi à m’isoler de tout le monde, ma petite amie m’a annoncé que, en fait, elle était transexuelle, et qu’elle allait faire la transition pour devenir un homme. Qu’elle voulait qu’on la genre au masculin. Qu’on l’appelle par son nouveau prénom. Et moi, je trouvais ça merveilleux : “mais c’est incroyable, c’est dingue. Tu t’assumes, je suis tellement heureuse pour toi!”

Je la soutenais, et pour moi, mon premier amour devenait la personne qu’elle souhaitait être… c’était que du bonheur!

Sauf qu’en fait, ce n’était pas du tout la réalité, c’était vraiment une façade, et vraiment à partir de ce moment-là, c’est devenu de pire en pire. 

Au point où on avait des cours d’arts plastiques ensemble, et tous ses projets, c’était sur la dépression, et à quel point être dépressif c’était poétique. Etre triste et se mutiler, c’était poétique. Que la transexualité, c’était de la libération, etc.

Donc je passerai le sujet de la mutilation parce que vraiment, elle avait une obsession avec ça, vraiment. 

Elle me faisait du chantage avec ça.

RDG – Tu dis que tu veux le passer, mais c’est quand même un point important, on le gardera si tu veux, ou pas. Mais qu’est-ce que tu entends par cette obsession de la mutilation? 

Chloé – Elle se scarifiait.

RDG – Elle te demandait de le faire aussi ?

Chloé – Alors une fois. En fait, à chaque fois qu’on se prenait la tête, elle me faisait du chantage à la mutilation. Elle me faisait du chantage en disant : “Ouais, non mais tu penses ça de moi, et tout… je vais me mutiler.” 

Et puis après, elle m’envoyait des photos de tout ça, au point où moi je me disais : “Mais ça devient normal.” Et j’ai commencé à le faire. J’ai commencé à le faire. Parce que, à chaque fois que je faisais vraiment une crise due à mon autisme, à chaque fois que je faisais des crises d’overwhelm, quand j’étais vraiment trop stimulée, au point où mon cerveau n’arrivait plus à fonctionner, la seule solution, ça en venait à être de la scarification, parce que c’était la seule qu’on m’avait appris, étant donné qu’à l’époque, ma mère ne s’y connaissait pas beaucoup en autisme, qu’elle n’avait pas été diagnostiquée, moi non plus. Je n’ai reçu mon diagnostic que très tard, et la seule [solution] qu’on me donnait quand tu te sens vraiment pas bien, c’était de te mutiler. Donc je l’ai fait.

Et elle me disait : “Ouais mais c’est trop beau, tu le fais aussi! Tu te rends compte de la beauté du truc, et tout…”

Et ouais sans donner à du chantage à la mutilation, que c’était une bonne chose…

Avec le recul, aujourd’hui, je me dis : “Mais comment j’ai pu me faire berner comme ça, vraiment? Comment j’ai pu? Mais entre les sentiments que j’avais,  et l’âge bête, le fait de trouver enfin un groupe social qui m’accepte, je me disais : “c’est magnifique. et c’est parfois… On vit dans le meilleur des mondes” … Sauf qu’en fait, pas du tout.

 Et donc, oui, par rapport à la mutilation : ça en venait à faire du chantage à la mutilation. 

RDG – Donc scarifications, ce genre de choses-là?

Chloé – Oui, de réelles scarifications. J’en ai des cicatrices aujourd’hui sur les bras. Je me suis fait tatouer pour couvrir un bras, mais j’ai l’autre qui n’est pas encore tatoué, et j’ai encore énormément de cicatrices.

Pareil pour les cuisses : j’ai des cuisses où j’ai encore des cicatrices, et je sais que ça va me suivre toute ma vie.

Et aujourd’hui, à chaque fois que je regarde ces cicatrices, autant je me dis : “J’ai réussi à passer ce cap, et je suis fière de moi.” Mais en même temps ça me renvoie à cette époque, et ça me rappelle cette personne.

Et il y a vraiment des fois où, quand je ne vais pas être bien, de base, et que je vois ça, et que ça me rappelle cette personne, ça va jusqu’à récemment, parce que j’en ai travaillé avec mon thérapeute, jusqu’à récemment, je pouvais vraiment faire des crises juste parce que je n’allais pas bien, et de voir mes cicatrices… Ca m’a réellement laissé un traumatisme, cette expérience. 

Encore aujourd’hui, je peux en faire des cauchemars. 

J’en ai refait un il n’y a pas très longtemps, par rapport à ça, où je rêvais que la personne envers qui j’ai des sentiments actuellement me faisait le même coup que cette personne. Et je me suis réveillée en pleurs, vraiment… Enfin, je n’étais pas bien du tout, quoi. 

Et je sais que ça risque de me suivre encore très très longtemps. 

Mais oui, donc pour revenir à cette histoire, pas très longtemps après cette histoire de transition, elle m’a quittée du jour au lendemain. 

Mais quand je dis “du jour au lendemain”, c’est réellement du jour au lendemain : la veille, on était au téléphone (parce qu’on s’endormait avec le téléphone, on s’appelait, on trouvait ça absolument très romantique, etc…) Alors bon voilà c’est des trucs d’adolescents, mais bon, la veille au téléphone, elle me disait qu’elle m’aimait plus que tout au monde, qu’elle voulait passer sa vie avec moi, etc… Et le lendemain, réellement 24 heures plus tard, elle me largue sans m’expliquer, sans aucune explication. Et après lui avoir envoyé des messages en la suppliant de m’expliquer et des heures de discussion, elle a craqué et elle m’a déversé toute sa haine : me reprochant que j’avais jamais été là pour elle, que je ne l’avais jamais soutenue dans sa transition, que j’étais une mauvaise personne, qu’elle me détestait, qu’elle ne pensait pas pouvoir rester en couple avec une fille, maintenant sa transition commencée. 

Alors qu’avant, on était en couple, il n’y avait aucun problème. 

Et encore moins avec moi… et que je ferais mieux réellement (elle m’a balancé mot pour mot) que je ferais mieux de me jeter sous un train. 

Alors que je n’avais plus personne. 

Psychologiquement, ce que ça fait une adolescente qui n’a personne autour d’elle, de se dire que la seule personne qui m’aimait réellement et que j’aime, me dit que ma vie ne vaut rien, c’est évidemment… ça a donné, ça a donné lieu à des trucs horribles. Elle m’a balancé réellement toutes les peurs que j’avais :  j’avais peur d’être une mauvaise personne, j’avais peur de mal dire les choses, que les gens aimaient traîner avec moi par pitié etc… Toutes ces choses là que je lui avais dit uniquement à elle parce que j’avais confiance en elle, vraiment pour moi c’était ma personne de confiance et elle me les a toutes balancées en me… en me disant que ce que je pensais était vrai : que je valais rien. Que, voilà… Et qu’elle me détestait. Et qu’au lieu de l’embêter avec mes questionnements et mes problèmes, j’étais un poids pour elle, et tout notre groupe d’amies. Et que notre groupe d’amies me détestait, et que je ferais réellement mieux de me jeter sous un train. 

Je me suis retrouvée seule en fait, plus personne autour de moi. 

Ma mère, on avait une relation qui était brisée, en fait, à l’époque, à cause de cette personne et mes amis donc les seules personnes qui me restaient, elles m’avaient toutes bloquée de partout, elles me parlaient plus, elles m’ignoraient, mon premier amour me détestait… Ouais en effet, après ce qui s’est passé j’en suis venu à faire une tentative de suicide.  J’avais plus aucune identité, tout ce que j’avais on me l’avait enlevé et on me l’avait recraché au visage en disant que je valais rien. Mon identité en tant que femme qu’on m’avait enlevée, je l’avais plus. Mon identité en tant que personne, en tant qu’amie, en tant que fille, je ne l’avais plus. 

Ma relation avec ma mère je l’avais plus, je n’avais plus rien. 

Donc oui j’ai fait une tentative de suicide qui, heureusement, n’a pas réussie et ça n’a été vraiment qu’avec du recul et énormément d’aide de ma mère, que je me suis rendu compte que cette rupture c’était le mieux pour moi et à quel point j’avais été manipulée par ce groupe. 

Après avoir passé cette période, plus une seule fois je me suis posé de question sur mon genre, ou ma sexualité, ou mon identité, et je me sens, clairement, plus à l’aise dans mon corps aujourd’hui qu’ à l’époque, avec tout ce qui se passait. 

RDG : C’est… En tant que mère, ça me met dans une telle colère.

Chloé : Le texte que j’avais envoyé à ma mère pour qu’elle le transfère à une amie journaliste à “Elle”… Dans le texte je mets beaucoup de détails pour que le témoignage soit complet pour cette personne. 

Elle l’a lu et elle m’a dit “Mais je suis désolée de ne pas l’avoir vu, de ne pas avoir été là pour toi à ce moment-là, quand c’est arrivé”. 

Et je lui ai dit : “Mais ce n’est pas de ta faute, c’est moi qui te bloquais, qui ne te laissais pas m’aider, qui t’empêchais, en fait, de par cette manipulation complète de ce groupe. 

Je l’ai empêchée. 

Elle était désolée, elle n’était vraiment pas bien, ma mère, quand elle a lu entièrement le texte.

Elle m’a dit : “Mais que tu aies pu vivre ça, je suis réellement désolée.” 

Et je lui ai dit : “Mais tu n’as pas à t’excuser”. 

Clairement, tout ce qui s’est passé, ce n’est pas de sa faute, et au contraire, dans tout ce qui s’est passé, s’il y a bien une personne grâce à qui j’ai réussi à tenir, et à garder un minimum d’identité, c’est grâce à ma mère, et à l’éducation qu’elle m’a donnée. Parce que si elle ne m’avait pas éduquée dans le sens de “tu es une femme, accepte pleinement ce truc-là, et aime toi comme tu es”, si elle ne m’avait pas éduquée comme ça, ça se serait passé horriblement pire ! 

Vraiment ça aurait été une horreur, si elle ne m’avait pas éduquée comme ça.

Donc je ne la remercierai jamais assez de m’avoir donné cette éducation, et de m’avoir accompagnée toute ma vie dans ma féminité, pour m’assumer en tant que telle. 

RDG : Mais merci de dire tout ça! Parce que je crois que c’est vraiment très précieux, et que dans les personnes qui nous écoutent, il y a des mères, il y a des parents, il y a aussi des frères et soeurs, il y a aussi des amis qui sont désespérés, en fait, parce qu’ils voient disparaître une personne, ils doivent porter le deuil de la personne qu’ils aiment, alors qu’en fait elle est vivante, mais que, ils peuvent juste espérer qu’elle va revenir. Et ton témoignage dans ce sens-là… 

Vraiment, je te dis merci parce que je crois que tu peux donner de l’espoir en fait à beaucoup de personnes, vraiment.

Chloé : c’est gentil. 

RDG : Non non, je pense réellement que c’est très important de garder l’espoir et de se dire que c’est pas mort, en fait, et que la relation, on arrive à la garder. On peut la restaurer, on peut la restaurer.

Chloé : Bien sûr ! Mais le pire dans tout ça c’est que ma mère n’a jamais abandonné en fait, elle a gardé cet espoir qu’un jour, ça se brise. Et c’est ce qui s’est passé.

Mais ça a mis du temps avant qu’avec ma mère, on reprenne une relation. 

Là, on n’a repris une relation saine, et une réelle relation mère-fille que très récemment. Ça a mis plus de 3 ans pour que moi, psychologiquement, j’arrive à m’en remettre. Et j’arrive à ré-accepter qu’en fait ma mère n’était pas un ennemi. 

Moi, ça m’a fait une image de ma mère qui est absolument horrible, mais heureusement, je me suis réveillée. Parce que ma mère n’a pas lâché prise. Et elle est revenue vers moi plus tard, en me disant : “Mais est-ce que tu souhaites qu’on se voit?” 

Et heureusement! Parce que, vraiment heureusement, qu’elle n’a jamais lâché prise, parce que c’est elle qui m’a… qui m’a soutenue.

De loin, avec le recul, je m’en rends compte. 

Mais à l’époque, je ne voulais pas le voir. 

Mais au fond, je savais que ma mère serait toujours là.

Et c’est ce qui s’est passé, elle a toujours été là. 

Et aujourd’hui, on a une relation qui est pour moi une délivrance, un peu. Réellement, pour moi, d’avoir cette relation aujourd’hui avec ma mère, c’est une délivrance. Parce que je peux m’assumer pleinement, elle est toujours avec moi, même si je dis quelque chose de mal elle va me le dire, elle va me dire : “Donc oui, je pense que ton avis, il n’est pas dingue.” 

Et quand on a un désaccord, on en parle, on en discute et on communique. 

Et vraiment c’est ce qui a manqué à ce moment-là : c’était de la communication. 

C’est réellement ce qui a fait que tout ça s’est passé de cette manière, et on l’a appris avec ma mère. Et aujourd’hui, dès qu’il y a un problème, on communique. 

Et ça s’arrange tout de suite, dès qu’on communique, parce qu’en plus de notre autisme à chacune, dès qu’il y a un désaccord, c’est très souvent parce qu’on n’arrive pas à se comprendre l’une et l’autre, parce qu’on va interpréter différemment, et on va renvoyer différemment. Et aujourd’hui, quand il y a un problème, moi je lui dis  “Moi, je ressens les choses comme ça et ce que j’essaie de te faire comprendre c’est ça.” Et ma mère va me dire : “Moi je les comprends comme ça, et ce que je veux te faire comprendre c’est ça.” Et à partir de là, c’est bon. Et oui, je pense vraiment que la relation mère-fille, père-fille, père-fils, mère-fils, toutes les relations proches en tout cas, la communication c’est extrêmement important parce que c’est ce qui a manqué à ce moment-là.

RDG :  Clairement, c’était ce qui t’a sauvé et c’est aussi pour ça je pense, qu’elle s’est autant acharnée pour détruire cette relation, en fait. 

Chloé : Ah bien sûr ! Bien sûr ! Parce que ma mère réellement, à cette époque là, elle m’a expliqué le pourquoi du comment, cette idée de transidentité, c’était nocif, c’était mauvais, et elle y arrivait au début, elle arrivait à me faire comprendre. 

Sauf qu’en fait, cette fille avait une emprise telle sur moi que je me disais “mais non en fait, ma mère a complètement faux et c’est une ennemie, elle veut m’enfermer et tout” et elle s’est acharnée, cette fille, pour détruire cette communication qu’on avait. Et elle a réussi. Et c’est à partir du moment où il n’y avait plus aucune communication entre ma mère et moi réelle, sans qu’on se prenne la tête ou sans que j’interprète dans le sens de tuer la méchante, jusqu’à ça psychologiquement, je tenais encore. Mais c’est à partir du moment où cette fille a coupé toute communication entre ma mère et moi que ça a dégringolé.

RDG – A quel moment tu dis finalement ben oui tout ça c’est en fait… c’est du vent?

Chloé – Alors le moment où je me suis dit que… tout ce transactivisme, et tout, c’était vraiment nocif, ce n’est que très récemment. Parce que j’en parlais énormément avec ma mère, et depuis ce qui s’est passé au lycée, je me disais “mais ce n’est pas normal.” Mais je ne m’y étais jamais réellement attardée et donc, je me suis vraiment posé la question d’être, entre guillemets, une  “rebelle de genre” quand j’ai repris contact avec ma mère, et qu’on a parlé, énormément, de cette période. Parce que c’est la période où ça a brisé quelque chose entre ma mère et moi. On en a énormément parlé, et elle m’a envoyé des articles à lire, et… mais sans me forcer, comme quoi… ok : l’homosexualité, là il n’ y a pas de souci, mais le problème c’est de remettre en cause ce qu’est une femme ou ce qui peut être un homme, et à quel point c’est problématiques au niveau des droits de la femme, et au niveau de tous les combats que nos ancêtres ont fait pour qu’aujourd’hui on puisse être des femmes pleinement, en fait! Et à quel point ça rend invisible notre combat en tant que féministe, et en tant que femme tout court. 

Donc j’ai commencé réellement être rebelle du genre il n’y a vraiment pas très longtemps… Enfin, être “critique du genre”. 

Et ce qui m’a amenée réellement à l’être, c’est tout ce qui s’est passé au lycée, et parce que je veux pouvoir comprendre réellement comment ça a pu arriver, et pouvoir prévenir, pouvoir arrêter ce… idéalement évidemment, pouvoir arrêter ce transactivisme qui se fait de partout. Parce que c’est dangereux, c’est réellement dangereux pour un adolescent qui est en pleine construction ou pour un enfant qui est en train de se construire, de s’accepter soi-même. C’est dangereux.

En prenant mon exemple, si tu as très peu de contacts sociaux avec l’extérieur, si tu t’enfermes dans les jeux vidéos, Internet, etc.,  tu es une victime facile, en fait, de ce mouvement. Et que derrière toute cette façade de “espace safe pour toute personne”… ben non ça ne l’est pas. C’est réellement un piège, en fait, parce que dès que tu te fais avoir, il faut te battre. C’est la croix et la bannière pour t’en sortir, pour réussir à t’en défaire complètement. Et psychologiquement, ça a un impact en fait. Ça a réellement un impact. Ça te laisse des traumatismes qui peuvent durer à vie, que ce soit psychologiques ou physiques.  Ca te laisse un réel traumatisme. La vérité c’est… soit tu es de leur côté, soit tu es un ennemi. Il y a pas d’entre-deux.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie?

Chloé – C’est une réelle menace, ne serait-ce que pour les femmes, parce que ça rend invisible notre combat, complètement! Ils sont en train d’effacer ce qu’est une femme. On est en train de faire de la femme un sentiment. De faire de la femme des clichés complets. Pour eux, tu peux t’identifier comme femme à partir du moment où tu “agis comme une femme”… Sauf que être une femme, ce n’est pas ça! 

Etre une femme, c’est avoir un vagin, avoir certains chromosomes.

Etre une femme, n’est pas un sentiment.

C’est une vérité scientifique, d’être une femme.

Pour moi, c’est une réelle menace, parce que c’est en train d’effacer le féminisme et c’est en train de diaboliser, en fait, le féminisme. Parce que quand on dit : “Non. Etre une femme, ce n’est pas un sentiment.” On nous traite de TERF, on nous insulte, on nous menace! De plus en plus, on menace les féministes qui osent dire que : “Non.” On les menace de mort.

On les menace de violences sexuelles, aussi.

Donc clairement, ouais c’est vraiment parce qu’on est en train de rendre invisible le combat de la femme, et la femme tout court.

Ensuite cette idéologie, c’est une menace pour les enfants, également. Parce que les enfants c’est les plus faibles, c’est les proies les plus faciles. Parce que on les noie sous toutes ces nouvelles informations de : “Oui, en fait, si tu veux mettre une jupe, c’est que tu es une femme, c’est que tu n’es pas un garçon. Et que, à contrario, si tu veux mettre un pantalon et que tu n’aimes pas les jupes, c’est que tu n’es pas une femme, c’est que tu es un garçon.” 

Ce que ça fait un enfant, psychologiquement, de se dire : “En fait, si j’ai un pénis ou si j’ai un vagin, ça ne change rien.” 

C’est terrible pour le développement d’un enfant.

D’autant plus sur Netflix, surtout ce qui se passe au niveau des séries… 

Netflix, qui est accessible pour les enfants si les parents ne font pas très attention, s’ils ne mettent pas le contrôle parental : ils ont accès à toutes les séries possibles sur Netflix, dont les séries qui se veulent “sex progressive” qui sont dangereuses. Ces séries, réellement, elles sont dangereuses! Il y a quand même des séries qui veulent enlever le tabou de la puberté pour les enfants, pour que ça soit plus simple pour eux, d’assumer la sexualité, dès très jeune… 

Dans cette série, on met des enfants de 12-13 ans, on les met comme exemple, et on leur fait vivre des situations “à sortir par les yeux” , il n’y a pas un seul personnage dans cette série qui, à un moment, ne remet pas en question sa sexualité ou son genre! Ce n’est que de ça!

Dans cette série, à un moment on te montre un garçon qui a transitionné pour devenir entre guillemets “une femme”, donc une fille car il a 13 ans, je le rappelle. Et donc on le voit arriver dans un camp de vacances, alors qu’il a encore un pénis, dans le dortoir des filles. Il va dormir dans le dortoir des filles parce qu’il s’identifie comme femme. Et il arrive là-bas, et les filles qui sont “féminines” réellement, qui mettent du maquillage, qui s’habillent avec des jupes, qui assument leur “féminité”, etc., qui sont des clichés, clairement… qui sont des clichés de ce qu’est une fille à l’époque du collège, qui vont voir, donc, ce garçon dit “transexuel”, et qui vont l’habiller et qui vont lui dire : “Oui mais comment tu présentes cette fille? Est-ce que tu lui mets du maquillage? Est-ce que tu l’habilles en Prada? Est-ce que tu l’habilles avec du Gucci, etc.?” Ils s’en servent comme d’une poupée.

Donc déjà, ça diabolise un petit peu, je trouve, ce qu’est une fille. 

Pour elles, quelqu’un de trans, c’est un jouet. 

On porte ces filles-là en méchantes, de prendre ce garçon trans, de l’habiller, de lui mettre du maquillage, et tout, parce qu’il est trans, et parce qu’elles veulent entre guillemets “l’aider à être plus une fille”…

RDG –  Oui évidemment du maquillage… paf, paf…  fille!

Chloé –  Bah oui c’est ça, pour l’aider à être plus une fille : il faut lui mettre du maquillage, lui mettre une robe, le mettre sur un podium, sur un défilé… tout ça! Et à contrario, il y a la fille, donc le personnage principal, à côté, qui va le voir, qui s’excuse en disant que : “Oui c’est… c’est vraiment (comme ils disent dans la série) c’est des “bitches”, donc c’est des connasses littéralement, que c’est des connasses de dire ça et que oui si elle se sent mal, enfin si ce garçon se sent mal il peut venir la voir…. 

Les seules filles qui entre guillemets “assument” leur féminité, on en fait les méchantes et en plus de ça, on cultive la caricature de : être une fille c’est mettre du maquillage et s’habiller avec de la haute couture! Je trouve ça quand même assez incroyable… de mettre ça dans une série pour enfants en plein développement! 

RDG – Et de façon plus générale je pense que tu avais développé un peu une réflexion sur justement les séries Netflix, de façon globale tout à l’heure tu m’en parlais?

Chloé –  Ah oui oui! Toutes ces séries Netflix accessibles aux enfants qui se veulent “sex progressive” où dedans il y a pas un seul personnage pleinement hétéro. Où, à chaque fois le personnage hétéro va remettre en question sa sexualité ou son genre et que de remettre ça en question ça va “le libérer”! Ça me sort par les yeux. 

En quoi être une personne hétéro et assumer son genre pleinement est un problème?

RDG – C’est général sur Netflix? Il y a beaucoup de séries comme ça?

Chloé – Ah bah il y en a de plus en plus je vois de moins en moins de séries ou on parle pas de LGBT, de transexualité, ou le mot “cisgenre” n’est pas prononcé, il y en a de moins en moins, des séries comme ça. 

RDG – Donc en fait on a une normalisation du discours transactiviste par les séries, complètement. 

Chloé – Ah mais ça, complètement! C’est son train de devenir une normalité, en fait!

Sur Netflix, ils sont limite en train de dire que le fait d’être hétéro, ou pour eux, d’être “cis”, c’est une mauvaise chose. Et qu’en fait, être transgenre, ou être non-binaire, ou être homosexuel, et de remettre sans cesse son genre ou sa sexualité en question, c’est une bonne chose, c’est un bon développement pour une personne.

RDG – Et notamment pour les enfants. Enfin, ça fleure bon la pédocriminalité, tout ça! Je veux dire…

Chloé – Ah oui complètement!

RDG – Je veux dire… Normaliser la sexualité chez des enfants, enfin pour moi ceux qui font ça régulièrement, c’est quand même les pédocriminels, non?

Chloé – Ah mais complètement! Surtout que comme dans la série dont je parlais tout à l’heure… Le fait d’enlever ce tabou sur la puberté, de montrer des pénis à tout va, et des vagins tout va dans la série… Et montrer ça ensuite à des enfants… Bon, c’est un peu moyen quoi ça. Ouais ça fleure la pédocriminalité, ouais.

RDG – D’accord. Alors qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner sous ta réelle identité, puisque c’est le cas aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu sens qu’il pourrait y avoir un danger dans ton entourage ou pour toi-même, par rapport à cette question? Ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler librement?

Chloé – Alors clairement, je n’ai pas peur de témoigner sous ma réelle identité, ça ne me pose aucun problème. Et ce qui m’a décidée à témoigner sous ma réelle identité, c’est déjà pour montrer qu’il ne faut pas se laisser faire. Haha. Que, même si on reçoit des pressions, il ne faut pas en démordre. Parce que c’est comme ça que ce dogme va gagner un petit peu. Et c’est en nous faisant peur et en nous faisant reculer, et au contraire il faut pas reculer face à ça parce que sinon ça va les laisser gagner, et ça va les laisser s’étendre de plus en plus et devenir de plus en plus dangereux. 

Et donc, non j’ai pas peur de témoigner sous ma réalité, alors que oui, j’ai reçu des pressions ou des leçons de morale de la part de transactivistes, ou “d’alliés (entre guillemets) LGBTQje-ne-sais-quoi+”. Et pourtant, ça n’a pas changé mon point de vue une seule fois. Pas une seule fois, je ne laisserai mon point de vue être changé par ce genre de personne. Et ça m’a réellement montré à quel point tout ce lobby, cette idéologie est immature. 

Parce qu’à chaque débat, il n’y a jamais un seul argument, un réel fait, un réel argument. C’est toujours du chantage affectif, du chantage au suicide. Du : “Oui mais regarde-toi, tu es la méchante, et tout!” 

Mais je m’en fiche! Clairement, c’est ton idée, d’accord. Mais ce n’est pas parce que c’est ton idée que je dois l’accepter et me dire que c’est la bonne idée. 

Et ça n’est pas parce que TU penses que c’est la bonne idée que ça l’est, clairement. 

Je pense réellement que ça ne devrait pas atteindre autant de personnes, au vu des idées qu’ils propagent. Clairement, les idées de que tous les transactivistes propagent, le fait que ça atteigne autant de jeunes personnes, c’est pas bon! 

Et il faut continuer à se battre pour empêcher ça. 

Parce que ça va devenir de pire en pire. 

Peut-être que là, actuellement, je suis un cas parmi tant d’autres. 

Mais au vu de ce qui m’est arrivé, je n’ai pas envie que ça devienne une normalité. 

Et malheureusement, c’est ce qui est en train de devenir. 

Parce qu’aujourd’hui, on est en train de voir de plus en plus de femmes qui sont en train de détransitionner, parce qu’elles ont vécu ce genre de choses, et qu’elles ne se sont pas arrêtées juste avant. 

Parce que moi, clairement, je me suis arrêtée juste avant. 

Juste avant d’entamer réellement cette envie de transition. Je me suis arrêtée juste avant. Et je n’ai pas envie qu’il y ait de plus en plus de femmes qui souffrent de ça, et que malheureusement, ce soit trop tard, leur identité de femmes, elle leur soit enlevée, physiquement, je veux dire. 

RDG – Oui leur corps en fait : que leur corps soit altéré, qu’elles soient mutilées définitivement.

Chloé – C’est ça : que leur corps ait été mutilé. Je n’ai pas envie que ça devienne une normalité. Parce que… c’est horrible. C’est horrible. 

Pour moi qui, à l’époque… je me disais : “Non, je ne veux pas d’enfants.” 

Alors qu’aujourd’hui, j’aimerais avoir un enfant plus tard, une fois que, voilà, j’aurai la situation, etc. Je veux avoir un enfant. 

Mais à l’époque, au vu de l’immaturité que j’avais, je n’en voulais pas, d’enfant. Si j’avais fait cette transition pleinement, aujourd’hui j’en souffrirais, parce que je ne pourrais jamais avoir d’enfant.

RDG – Et ton ex copine, là… Du coup, elle a fait une transition complète? 

Chloé – Elle a fait une transition complète, de ce que je sais. Parce que j’ai coupé tout contact avec ces personnes.

RDG – Donc elle s’est fait stéril… elle s’est faite castrer.

Chloé – Aux dernières nouvelles, elle était sous bloqueur hormonaux, elle prenait de la testostérone, et elle s’est fait retirer ses seins. 

De me dire que cette personne m’influençait à me dire que, oui c’était possible que je puisse le faire également. 

Et que, pour moi, ça s’en était devenu une possibilité à un moment de me dire que, dans une autre temporalité, je l’aurais fait… ça me détruit.

Parce que je me dis… mais si ma mère n’avait pas été aussi présente, dans quelle situation je serais aujourd’hui?

Si ma mère avait laissé tomber, dans quelle situation je serais aujourd’hui? 

Et c’est pour ça que je ne remercierai jamais assez ma mère de ne pas avoir lâché prise, et de toujours avoir été là pour moi. 

RDG – Merveilleux. En tant que mère je… je connais le désespoir de certaines mères vraiment, autour de moi et ce matin encore j’ai parlé avec une amie très chère et c’est sa petite fille qui a 19 ans qui a transitionné. Donc elle a déjà pris la testostérone, elle a… sa voix a mué, et donc là, il est question de … la suite, en fait : la mastectomie, etc. Et cette femme qui traverse ça… c’est terrifiant.

Chloé – Pour moi qui veux un enfant, je n’ai pas envie que mon enfant grandisse dans une société où il y a cette idée-là que c’est normal de se mutiler le corps, en tant que femme, pour devenir un homme. Et qu’être une femme, en fait, c’est un sentiment.

Mais ça me détruirait, en tant que mère, de voir mon enfant tomber dans ce piège.

RDG –  As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Chloé – Une fois, en fait, je m’étais habillée avec une robe et des collants et comme je m’habille aujourd’hui parce qu’à l’époque je commençais déjà à avoir mon style en fait! Et elle me l’a enlevé complètement. Que j’étais venue en robe avec des talons et j’avais ma robe, collants, talons, sac à main et tout… Et que ça n’avait pas plu à mon groupe d’amies qui se disaient transactivistes, ça leur a permis de faire beaucoup de remarques sur mon hétérosexualité, ma féminité. Je leur ai dit : “Mais j’aime m’habiller comme ça, laissez-moi m’habiller comme ça enfin!” Et elles n’étaient pas d’accord, et je leur ai tenu tête… Et vraiment, elles m’ont fait la tête pendant un bon moment… Elles m’ont vraiment ignorée parce qu’elles me disaient : “Non, tu es non-binaire, tu n’es pas une fille, tu n’es pas une fille, tu n’es pas une fille!” 

Alors que moi je leur disais : “Mais bien sûr que si! Enfin moi, je m’identifie comme une fille. Je ne m’identifie pas comme comme ce que vous me dites!” Elles osaient dire que je n’étais pas de leur vie, et que je voulais m’habiller comme je le souhaitais… elles m’ont fait la tête pendant presque une semaine. Elles m’ont ignorée et rejetée, juste parce que je leur avais tenu tête, jusqu’au moment où il a fallu que j’aille m’excuser de moi-même. Et c’est à partir de là qu’elles ont accepté de me pardonner, et de passer l’éponge. 

Et de même, au tout début de ma relation amoureuse avec cette fille, pour moi c’était… voilà c’était compliqué, parce que je me disais “Oui bon voilà je suis amoureuse d’une fille, voilà…” ça me surprenait un petit peu… Elles remettaient ce truc-là en question en disant que : “Oui, tu te rends compte, si tu t’acceptais pleinement, tu ne réagirais pas comme ça, etc…” 

Alors que j’étais en train de me développer et qu’elles appuyaient sur tous les questionnements que je pouvais avoir en tant que personne qui se développe, en fait.

Par rapport aux marques, en fait, vraiment aujourd’hui cette idéologie elle impacte même les marques au point où en juin donc, pendant le “Pride Month” donc le mois de la Pride, toutes les marques mettent leur logo en drapeau LGBT et se veulent “alliées”. 

Sauf qu’en fait, c’est évidemment juste pour se faire bien voir des parties LGBT des transactivistes etc. Et le fait que même des marques prennent ce genre de parti ça me semble quand même assez absurde. De vouloir se justifier comme allié pour vendre… Parce que comme ce qu’on voit sur Twitter si tu n’es pas un allié tu te fais “ficher” il y a quand même des threads sur Twitter de personnes qui disent “Voici les marques et les personnes qui sont contre le transactivisme et les LGBT, ou qui ne soutiennent pas…” Parce que même ne pas soutenir, c’est être un ennemi, bien sûr! 

Et c’est des threads absolument absurdes! Statuant qu’il faut boycotter cette marque parce qu’elle n’est pas dans le “Pride Month”, elle ne fait pas partie donc en fait ce lobby-là prend même en otage les marques de vêtements! 

Même les marques de vêtements qui sont censées être un minimum neutres, sont forcées de prendre un parti, autrement elles se font boycotter.

Je trouve ça quand même absurde. 

RDG – Dernière question : est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Chloé – Ce que j’aurais à ajouter à la fin, c’est ce que j’ai essayé de faire passer également durant ce témoignage c’est que face à une personne qui se fait piéger un peu par ce lobby, en tant que personne aimante, tout ce qu’on peut faire malheureusement quand notre enfant, notre ami, notre petit enfant, notre compagnon ne va pas nous laisser avoir de la place ou avoir un avis, faut pas laisser tomber! 

Parce que comme je l’ai déjà dit aujourd’hui si réellement, j’arrive à m’accepter pleinement, c’est c’est un bon 80, 90% grâce à ma mère! 

Et heureusement qu’elle n’a jamais abandonné, qu’elle n’a jamais baissé les bras, qu’elle n’a jamais accepté mon avis un peu absurde que j’avais à cette époque, parce que je me faisais manipuler et ce que je peux dire c’est qu’il ne faut pas laisser tomber, il ne faut pas abandonner la personne qu’on aime, même si ça fait mal de voir mourir, en fait, psychologiquement, la personne qu’on connaissait avant.

Il faut continuer à se battre pour pas que ce genre de choses s’applique à d’autres personnes réellement, surtout pas! 

Que le suicide, la tentative de suicide devienne la dernière réponse et la libération d’une emprise, il ne faut surtout pas que ça devienne une normalité. 

Parce que malheureusement c’est ce qui était la solution et la réponse pour beaucoup de personnes qui sont fait avoir par cette idéologie.

Et (je voudrais dire) à toutes les personnes qui voient les personnes qu’elles aiment se faire avoir par ce lobby de ne pas laisser tomber, de continuer à se battre, et de continuer à montrer qu’on est là, qu’on les aime tout en leur disant que il ne faut pas qu’ils s’abandonnent juste pour rentrer dans des cases, ou pour se faire bien voir par ses amis, que c’est pas parce que tu as un avis différent de ton ami que tu es un ennemi. 

S’il vous plaît, signez la Déclaration des Droits des Femmes basés sur le sexe : womensdeclaration.com 

Rebelles du genre – Épisode 45 – Magda

Magda – Je suis une femme de 37 ans. Je suis féministe depuis une quinzaine d’année et j’ai milité pendant quelques années dans une association qui proposait des activités et des rencontres en non-mixité. J’ai fait des études de sociologie. Je vis à la campagne.

Rebelles du Genre – Bonjour et bienvenue sur le podcast Rebelles du Genre. Nous sommes des femmes, militantes pour l’affirmation et la protection des droits des femmes basés sur le sexe, et donc notre biologie. Le sexe est la raison de notre oppression par les hommes, et le genre en est le moyen. Nous sommes les rebelles du genre. Nous observons aujourd’hui avec fureur des hommes qui envahissent nos espaces, agressent nos sœurs, revendiquent nos droits. Conditionnées à la gentillesse et touchées par leur victimisation, les femmes mettent en général un certain temps à comprendre l’arnaque du mouvement transactiviste, et commencent souvent par soutenir cette idéologie. Puis elles ouvrent les yeux, constatent sa violence, et la refusent. Ce podcast est là pour donner la parole à des femmes qui expliqueront pourquoi et comment elles sont devenues critiques du genre et qui témoignent de leur parcours. Écoutons leur parole. 

Magda – Depuis petite, j’observe avec étonnement les comportements sexistes. J’ai un souvenir précis de me voir observer les filles qui se jetaient sur les crayons roses. Ça m’agaçait ! Du coup, j’en prenais un noir.

Une fois adolescente, je me suis sérieusement demandé pourquoi les femmes se maquillaient, et pas les hommes.

Je suis devenue féministe vers 20 ans après avoir travaillé dans un milieu professionnel très macho. Mais j’ai pu mettre des mots plus clairs sur mon positionnement quand j’ai découvert la sociologie critique et la sociologie du genre, quelques années plus tard. J’ai toujours eu une approche anti-essentialiste donc anti-genre. Les quelques cours que j’ai eus à la fac en sociologie du genre m’ont permis d’aborder la notion du genre comme définissant un système oppressif qui classe les individus en deux groupes sociaux distincts et hiérarchisés, en fonction de leur sexe . Ça me confortait dans ce que j’avais observé depuis la maternelle donc pour moi c’était évident. D’ailleurs  longtemps j’ai  pensé que toutes les féministes luttaient pour l’abolition du genre. 

En 2012 je suis allée faire une année de master à Paris et j’ai fait une recherche sur un sujet féministe et disons, « LGBT ». C’est à ce moment que j’ai compris qu’il y avait un autre usage du mot « genre ». D’un côté, le genre comme un système oppressif qui classe les individus en deux et qui est intrinsèquement lié à la sexuation des individus (mâle/ femelle). De l’autre le genre comme synonyme, disons de « personnalité » de goûts et de manière de se présenter aux autres, de s’habiller etc. Dans cette approche, disons « postmoderne », il suffirait de mettre le genre au pluriel – « les genres » – pour qu’il arrête d’être oppressif et devienne même un outil de libération des individus. 

C’est à cette époque que j’ai compris qu’en tant que féministe, j’étais censée être solidaire du mouvement trans, soutenir les revendications trans. Or, j’ai toujours considéré que le transgenrisme était un symptôme de notre société sexiste et non une solution au problème. J’étais peu concernée par cette question à l’époque, mais ça a commencé à me poser sérieusement question quand j’ai aperçu les conséquences théoriques et politiques que produisaient se rapprochement entre le féminisme et le transgenrisme. Notamment le fait que le concept du « genre » était de moins en moins utilisé et que l’était de plus en plus le concept «  des genres », au pluriel donc.

L’année d’après j’ai monté un collectif féministe avec des potes dont l’objet était de créer et favoriser des moments et des espaces en non-mixité.

Et là, ce sont les conséquences pratiques et politiques de ce lien entre le transgenrisme et le féminisme que j’ai vues. Par exemple, on a commencé à nous reprocher d’utiliser le mot « sororité ». Moi et mes potes on découvrait ce concept et on l’expérimentait à fond. ça nous faisait énormément de bien ainsi qu’à plein d’autres filles et femmes donc pour moi c’était déjà quelque chose de très grave. Ces personnes qui nous reprochaient d’utiliser ce terme avaient un profil bien précis : c’était des jeunes femmes qui toutes venaient de grandes agglomérations et semblaient penser qu’elles nous apportaient la lumière. 

A cette époque je critiquais beaucoup l’idéologie trans. Je ne le faisais pas dans n’importe quelles situations mais j’en parlais assez facilement quand même. Mais quelques mois plus tard, c’était fini : j’avais intégré le fait que c’était complètement tabou d’en parler.

A cette période – donc c’était en 2014 –  j’ai participé à un événement qui réunissait une quarantaine de femmes pendant plusieurs semaines en non-mixité – à l’époque on avait encore le droit de dire « non-mixité ». Pendant l’événement qui a duré plusieurs semaines, on faisait sans arrêt des tours de pronoms. Je crois que c’était à chaque réunion le matin. C’était d’autant plus ridicule qu’il n’y avait pas de personnes trans parmi nous. Moi, j’avais envie de dire “je m’en fous, appelez-moi comme vous voulez. ça n’a pas d’importance pour moi”. A l’époque, je jouais beaucoup sur mon androgynie, et j’étais dans un certain rejet, disons du fait d’être une femme, en tous cas c’était pas quelque chose que j’avais envie de valoriser. J’avais envie de me projeter au-delà du genre, mais dans une perspective critique, pas dans une perspective identitaire. Donc ce délire autour des pronoms, ça me saoulait vraiment, je trouvais ça ridicule et le comble c’est que je me retrouvais obligée de me positionner. 

Soit on était« elle », soit on était « il » ; on était  « iel » on pouvait aussi dire un jour « elle » un jour « il »… Mais dire « je m’en fous, votre truc ne m’intéresse pas », c’était pas possible car ça aurait été jugé comme oppressif pour toutes les personnes pour qui ça avait de l’importance. Donc j’étais obligée de dire tout les matins « je suis une femme » alors que j’aurais juste voulu être perçu comme une personne, point barre !

Après cet événement  j’ai eu envie de prendre du recul par rapport au féminisme. Je n’y trouvais vraiment plus ma place. Je voyais l’évolution qui était en train de se faire et qui m’inquiétait beaucoup, et pour laquelle je me sentais totalement impuissante. Au début, j’étais contente d’être à la campagne, dans un environnement où le féminisme queer était pas encore arrivé jusqu’à nous.

Petit à petit, j’ai senti les choses évoluer. D’abord j’ai eu vent d’un texte que Christine Delphy avait relayé qui parlait de la pression que subissaient de plus en plus les lesbiennes pour avoir des relations sexuelles avec des « femmes trans »  non opérées. 

Une copine m’a ensuite raconté comment elle et ses potes ont annulé une intervention de Christine Delphy suite à la diffusion de ce texte. Ça semblait évident à ma copine que je soutenais leur action. Cette copine s’est ensuite « identifiée » comme un homme et j’ai été incapable de lui dire ce que je pensais de tout ça. 

Rebelles du genre –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes ? Pour leurs droits ? Pour les enfants ? Pour la société ? Pour la démocratie ? 

Magda – Cette idéologie pose des problèmes éthiques, politiques, logiques, démocratiques… 

Bon déjà la rationalité, la logique et la science sont des choses hyper importantes pour moi. Du coup, je suis hyper choquée qu’une idéologie aussi irrationnelle s’impose partout et bien au-delà de la sphère militante. 

Le premier problème logique est la définition queer du mot « femme ». Une femme serait une personne qui se sent femme. Définition totalement insignifiante car on ne peut pas définir un terme par lui-même. Imaginons un dictionnaire qui définirait le mot chaise comme « une chaise est un objet qui ressemble à une chaise ». Cela n’a aucun sens !

Également, depuis quand un sentiment suffit à définir la réalité ? Depuis quand, parce qu’une personne a une idée sur elle-même, cette idée est vraie ? Si je pense être une femme noire, est-ce que cela fait de moi une femme noire ? Si je pense être née au moyen-âge, est-ce que je suis effectivement née au moyen-âge ? 

Chaque personne se fait des idées sur le  monde et sur elle-même et toutes ces idées ne sont pas vraies ! C’est bien gentil de dire « tout ce que tu penses est vrai », mais c’est faux. Si je ressens être chirurgienne est-ce qu’il faut me laisser opérer des gens pour ne pas me vexer ? Si je pense être un oiseau, est-ce qu’il faut m’encourager à m’envoler ?

Un autre problème : « l’identité de genre » serait un « sentiment profond », mais « différent selon chaque individu », une chose que l’on ne pourrait pas quantifier, analyser, étudier, quelque chose d’indéfinissable…. Bref, dans ces conditions, la notion d’identité de genre ne peut pas être une notion scientifique !

Le pire c’est quand on essaie de comprendre ce qu’est le genre selon le féminisme queer. 

Initialement, le genre permettait de parler de toute la part sociale – dans le sens de non biologique – dans les différences entre les femmes et les hommes. 

Le genre c’est le sexisme tout simplement ! Le fait que les filles soient éduquées comme ci et les garçons comme ça, avec toutes les conséquences sociales, psychologiques et politiques que cela a. 

Le genre, c’est le lien que la société patriarcale fait entre le sexe et les attentes sociales. Le genre est donc nécessairement un truc binaire et nécessairement un truc lié à la sexuation. Quand je dis ça je n’ai pas un point de vue normatif, je suis pas en train de dire « le genre doit rester binaire » mais je décris une réalité. Ce n’est pas parce que cette réalité ne me plaît pas qu’elle n’existe pas ! Le genre, c’est binaire puisque ça renvoie à la manière dont les sociétés sexistes et patriarcales organisent les relations entre les femmes et les hommes et définissent les rôles sociaux de chacune et chacun.

Je sais que l’on va me répondre que le sexe binaire est aussi une construction sociale. Sauf que, jusqu’à preuve du contraire la sexuation des humains est binaire : il y a des femelles et il y a des mâles comme pour tous les mammifères. En science du vivant, il y a un consensus absolu sur ce sujet, il n’y a même pas de débat. Prétendre que le sexe est non binaire, cela relève du révisionnisme scientifique !

 Le seul argument qui est avancé pour “prouver” que le sexe binaire serait une construction sociale est le fait que certaines personnes naissent avec une situation d’intersexuation. Or ces situations sont rares, et relèvent d’un point de vue strictement biologique d’une anomalie. L’intersexuation est souvent le fait d’une pathologie qui peut induire infertilité et problèmes de santé.

Donc oui il y une faible part de la population qui « échappe » à la binarité de la sexuation, mais est-ce que cela veut dire que la sexuation n’est pas binaire ? Non. Est-ce qu’on doit remettre en question le fait que les humains sont des bipèdes parce que certaines personnes naissent avec une seule jambe ?

En fait, ça parait fou de devoir insister sur des faits aussi avérés. La très grande majorité des  humains sont soit mâle soit femelle. Et à la différence des autres animaux, il y a chez les humains un truc qui s’appelle le genre, ou le sexisme, ou les rôles sociaux de sexe : appelons ça comme on veut. C’est toute la part sociale, culturelle qui vient définir comment les humains sont censés se comporter selon qu’ils soient mâles ou femelles. 

Donc, le genre c’est un truc nocif contre lequel les féministes se battent depuis des décennies. C’était tout le propos du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir résumé par la formule « on ne nait pas femme, on le devient. ». Elle ne disait pas qu’il n’y avait pas de sexuation binaire, mais que la différence biologique entre les femmes et les hommes ne doit pas avoir de conséquences sur leur destin social.

Avec le développement du féminisme queer et postmoderne, on ne parle plus “du genre” mais “des genres”. A quoi correspond les genres dans cette logique ? Le fait de pouvoir s’habiller de telle ou telle manière, de porter des attributs masculins et des attributs féminin… Ah, ça veut juste dire avoir son propre style vestimentaire ! Déjà, réduire les questions de genre a des notions d’habillement c’est très réductif. Le genre c’est surtout des dispositions intériorisées ; des manières d’être au monde différenciées ; des manières d’interagir avec soi, avec le monde et avec les autres, différentes selon qu’on a été élevé comme une fille ou comme un garçon. Le genre, pour moi, c’est avant tout ce qui fait que les femmes ont moins confiance en elles, et ont tendance à faire passer leurs propres intérêts après celui d’autrui et surtout après celui des hommes. Et le fait que les hommes ont au contraire tendance à penser que le monde tourne autour de leur petite personne. Le genre, c’est ce qui explique que de nombreuses femmes, toutes les femmes hétérosexuelles peut-être, ont déjà fait l’expérience de subir un rapport sexuel dont elles n’avaient pas envie. Il y a les viols bien sûr, mais aussi toute les fois où les femmes se forcent pour faire plaisir à leur partenaire ou éviter les tensions dans le couple, voire parfois pour éviter un viol. 

Le genre, c’est le fait que de nombreux hommes sont capables de prendre du plaisir sexuel en forçant l’autre et en niant donc complètement sa personne. En gros, les femmes préfèrent se forcer plutôt que de décevoir leurs mecs et les mecs préfèrent forcer leurs femmes plutôt que de gérer leur propre frustration. 

Du coup le fait que le genre deviendrait un truc cool et souhaitable dès qu’il est mis en pluriel… Je comprends pas ! 

Il faut lutter pour un monde où les individus peuvent développer leur propre personnalité et leur propre trajectoire sociale indépendamment de leur sexe. Je rêve d’une société où notre destin social ne serait pas conditionné au fait d’être née femelle ou mâle. Quel est donc l’intérêt de valoriser la « diversité des genres » ? Je pense que les tenants de cette notion « des genres » au pluriel manquent cruellement de radicalité et de perspective critique. Ces personnes semblent incapables de penser le monde sans cette notion de genre. Mais le comble c’est que pourtant elles pensent être à la pointe de la radicalité !

Ce qui est bizarre dans la pensée queer, c’est que coexistent à la fois l’idée qu’être queer c’est «  ne pas être conforme aux normes de genre ».  Mais en même temps l’idéologie queer va nous dire implicitement que le genre, en tant qu’un système qui attribue des rôles sociaux différenciés selon le sexe, n’existe pas. Donc être queer ce serait ne pas se conformer à quelque chose qui n’existe pas ! Gros illogisme…  

Pourquoi je dis ça ? Parce que selon l’idéologie trans, quand un enfant né on ne constate pas son sexe mais on lui assigne un sexe-genre de manière aléatoire. Le genre, c’est injuste et nocif, mais ce n’est pas attribué de manière aléatoire ! Il y a une corrélation absolument totale entre le fait de naître avec les attributs mâles et le fait de se voir considéré comme un petit garçon. C’est pareil pour les filles. Ce qui est logique puisque les mots garçons et les mots filles ont été inventés pour référer aux enfants de sexe mâle et aux enfants de sexe femelle. On peut avoir la chance de naître dans une famille qui nous élève autant que possible en dehors du sexisme, mais cela ne change rien au fait que pour la société dans son ensemble on est un garçon si on naît avec un pénis et on est une fille si on naît avec une vulve, et cela a des conséquences dans la manière dont les normes sociales vont nous façonner. 

Mais selon l’idéologie trans, il n’y a aucune corrélation de fait entre le genre et le sexe, ce qui revient à dire que le genre n’existe pas puisque le genre c’est justement le lien entre le sexe des individus et les attentes sociales que fait peser la société sur les individus. 

Ce discours queer devient plus logique si on comprend que pour cette idéologie, il y a quelque chose qu’on peut qualifier d’essence masculine et d’essence féminine, et que cette essence serait déconnectée de la sexuation biologique. Evidemment, elles et ils n’utilisent jamais cette terminologie, mais pourtant si on creuse un tout petit peu la question il faut admettre que leur notion « d’identité de genre » est synonyme d’essence masculine, féminine ou non binaire . 

En gros, la personne aurait d’un côté son corps et d’un côté son « identité de genre ». Cette séparation corps-esprit permet de faire une analogie entre l’identité de genre et la notion religieuse d’âme. Donc en gros quand un bébé humain de sexe femelle née la société lui attribue à défaut une « identité féminine » mais parfois il y a erreur, car en fait ce bébé de sexe femelle à une « identité de genre masculine »…. Je ne comprends pas comment une pensée aussi essentialiste et irrationnelle peut avoir un tel succès à notre époque et dans les sphères sociales les plus instruites et critiques… C’est tout simplement sidérant !

Il y a un truc qui explique bien selon moi toutes les aberrations de cette idéologie.Elle confond en permanence deux types de registres : d’un côté il y a le registre descriptif et analytique, qui constate des réalités qu’elles nous plaisent ou non. C’est le registre qui est censé être celui de la communauté scientifique quand les chercheurs et chercheuses font bien leur travail en tous cas ! Et de l’autre le  registre prescriptif, qui prescrit des normes, qui dit ce que le monde devrait être, c’est le registre militant. 

Les deux registres sont d’égales importance sociales pour moi à condition qu’on les présente pour ceux qu’ils sont et qu’on ne mélange pas les deux pour faire une grosse bouillie indigeste !

Quand les idéologues queer disent « il n’y a pas de lien entre le sexe et le genre », ils sont dans un registre normatif. Ils veulent dire « il ne devrait pas y avoir de lien ». Là on est d’accord, il ne devrait pas y avoir de lien entre notre sexe et notre destin social mais, pour le moment, il y a une très très forte corrélation entre les deux et pour la combattre il faut d’abord pouvoir la nommer et la décrire. Les idéologues queer préfèrent être dans le déni comme si en disant « ça n’existe pas », ça va arrêter d’exister. Et du coup, ces militants de la pensée queer nous accusent d’être essentialistes parce qu’ils prennent notre discours descriptif et critique pour un discours prescriptif et normatif. Est-ce que c’est de la mauvaise foi ou est-ce que c’est de la bêtise ? Je ne sais pas. 

Les notions qui constituent l’idéologie transgenre sont à la fois illogiques et a-scientifiques. 

Donc, je ne comprends pas comment autant de personnes a priori sensées et intelligentes peuvent se faire les défenseurs voire les passeurs de cette idéologie. 

Tout ça va quand même très loin ! Parce que le planning familial, association féministe historique et largement subventionnée par l’Etat, qui fait de nombreuses interventions en milieu scolaire et accompagne des ados et jeunes adultes sur des questions de contraception, de santé sexuelle et tout ça, soutient dans son lexique trans que le sexe est un spectre, qu’un homme peut avoir une vulve ou encore que le pénis n’est pas un organe masculin.Il fallait oser !

Ce qui me surprend le plus, c’est de constater que de nombreux représentants et représentantes du mouvement zététique et sceptiques semblent convaincus de la pertinence de cette idéologie. 

Il y a quelques mois j’ai voulu me rapprocher de la communauté zététique parce que la démarche sceptique me plaît énormément. Le fait de réfléchir à comment faire la part des choses entre les croyances et les savoirs. Le fait de douter, notamment face à des assertions extraordinaires, surprenantes. Le fait de  réfléchir aux biais cognitifs, à tout ce qui nous éloigne d’une juste connaissance du monde et de nous-même… Voilà en tous cas comment je vois la zététique et le scepticisme scientifique. La zététique nous dit par exemple « ce n’est pas parce qu’une personne est persuadée de communiquer avec des personnes défuntes qu’elle le fait vraiment ». On a besoin de preuve pour accepter cette idée comme vraie. La personne ne ment pas forcément, elle peut vraiment penser communiquer avec des personnes défuntes. Dans ce cas son sentiment est bien réel, mais le fait auquel il renvoie ne l’est pas. La zététique prétend passer à l’épreuve des faits ce type de croyances. Le parallèle avec le sentiment profond d’une personne d’être de l’autre sexe ou genre est intéressant à faire. Quand des hommes prétendent qu’ils sont en réalité des femmes et qu’ils revendiquent le droit d’accéder à tous les espaces réservés aux femmes (les espaces de non mixité politique, les espaces lesbiens, les vestiaires, toilettes, les saunas, le sport féminin) il est tout à fait normal et juste que les femmes leur demande de prouver leur affirmation car la demande de ces hommes n’est pas anodine ni sans conséquences… Leur permettre d’accéder à leur demande peut avoir des effets importants sur les femmes, sur leur bien-être physique et mental, mais aussi sur leur sécurité. 

Le fait de ne pas croire sur parole une personne qui me dirait « je suis née dans le mauvais corps » ne veut pas dire que je manque de respect à cette personne. Ça ne veut pas dire que je pense qu’elle ment ou que son sentiment n’est pas réel. Mais vouloir être gentille avec les gens ne veut pas dire croire en tout ce qu’ils disent, et même quand ça concerne leur « être profond » entre guillemets. On a tous déjà entendu dire d’une personne croyante « je sens sa présence, il est avec moi». Je peux avoir du respect, de l’empathie et de l’attention pour cette personne même si je ne crois pas en Dieu. Pourtant je pense que Dieu n’existe pas, jusqu’à preuve du contraire, et donc qu’il ne peut pas être réellement avec cette personne. 

Que certaines personnes soient persuadées d’être de l’autre sexe ou genre, cela ne me dérange pas en soi. Mais j’estime que j’ai le droit de ne pas partager leurs croyances, comme j’ai le droit de ne pas croire en Dieu. 

Alors, la zététique qui soutient l’idéologie transgenre, c’est le monde à l’envers. Le monde à l’envers, c’est aussi les critiques qui sont faites à nous autres, féministes critiques du transgenrisme. On nous accuse d’être essentialistes parce qu’on rappelle que le genre et le sexisme sont des faits sociaux qui sont corrélés à un fait biologique : le sexe. Évidemment, cela ne veut absolument pas dire que les comportements sexistes sont causés par la biologie ! Ni que le sexisme est légitime éthiquement ! 

Mais quand des féministes indiennes font campagne contre les avortements sélectifs, il est totalement insensé et injuste de leur reprocher de faire preuve d’essentialisme. Et pourtant pour militer contre cette violence faite aux filles, il faut nécessairement qu’elles fassent le lien entre deux faits :  un fait social et un fait biologique. D’un coté, le fait de procéder à des avortements sélectifs, de l’autre le fait que les fœtus peuvent être mâle ou femelle et que se sont les fœtus femelles qui sont avortés. 

Ce détournement de la notion d’essentialisme et cette confusion entre le registre prescriptif et le registre descriptif est vraiment dingue de la part de personnes ayant pourtant les outils intellectuels pour comprendre notre point de vue. Ne pas être d’accord avec nous ok, mais ne même pas restituer correctement nos arguments soit c’est très stupide soit c’est complètement malhonnête. 

Je ne comprends pas cet aveuglément et cette mauvaise foi ! Ça me stresse vraiment beaucoup à vrai dire. Je me suis vraiment beaucoup interrogée sur moi-même, sur ma manière de voir les choses. J’ai retourné le truc dans tous les sens, me disant que ce n’était pas possible que des personnes partageant la même manière de voir les choses que moi sur bien des points, un même rapport à la rationalité, une même analyse du monde social, pouvaient trouver de la logique et de la cohérence à l’idéologie trans. 

Donc peut-être que c’est moi qui ne comprenait rien ? Alors j’ai lu et relu, et regardé et écouté tout ce que j’ai pu du côté du féminisme queer. J’ai vraiment essayé de trouver de la logique dans tout ça, mais je n’en ai pas trouvé. Mais je n’ai pas non plus trouvé de réponses vraiment satisfaisantes sur pourquoi tant de personnes a priori intelligentes et sensées adhèrent à ces croyances.  

Je n’ai pas trouvé de réponse, à part que ces personnes arrêtent de réfléchir dès qu’on aborde la question trans parce qu’elles veulent à tout pris être inclusives, être des bonnes féministes, ou être « dans le coup » en adhérant à l’idéologie très en vogue, perçue comme la pointe de la radicalité de la gauche…

Ce qui me semble très inquiétant, c’est que ces croyances sont en train de s’imposer dans tous les espaces sociaux. C’est flippant.

Ces idées relèvent de la croyance et non pas du savoir, donc c’est déjà un très gros problème que les chercheurs, les soignants (médecins, psychologues), les institutions, les partis politiques, les journalistes, diffusent et utilisent des notions illogiques et a-scientifiques. C’est une nouvelle religion, d’une certaine manière, qui se pare d’un vernis de progressisme et est en train de s’imposer à tout le monde.

Le pire, c’est que ça s’impose dans le cadre du droit. Actuellement, de nombreux Etats dits démocratiques imposent une idéologie contraire aux savoirs scientifiques les plus élémentaires. Le pire, c’est que de plus en plus la contestation de cette idéologie va devenir illégale, puisque tout discours critique peut-être qualifié de « transphobe ».

Est-ce qu’il y a des équivalents dans l’histoire des démocraties contemporaines ? Des États démocratiques qui imposent des idées révisionnistes et criminalisent toute critique de ces idées ? J’ai l’impression qu’on est en pleine dystopie… Je ne sais pas vers quoi on va mais ça ne me suggère vraiment rien de bon…

Je trouve aussi que cette idéologie est très problématique sur la vision de la personne et de l’organisation sociale qu’elle véhicule. 

La personne d’abord. L’idéologie trans fait la promotion d’une vision identitaire. L’approche identitaire, pour moi, c’est exactement l’inverse de ce qu’elle prétend être. C’est censé libérer les personnes des « étiquettes », des « assignations sociales », mais en vérité c’est une vision très figée, très essentialiste et très cloisonnante de ce qu’est une personne. 

Pour moi, ce qui fait qu’on est ce qu’on est, c’est le fruit d’une histoire ; une histoire personnelle mais aussi collective. Et l’histoire ne s’arrête jamais, donc on évolue en permanence, en fonction de notre relation à notre environnement, en fonction de notre réflexivité , en fonction de tout plein de choses qu’il n’est pas toujours facile de percevoir mais qu’il est pourtant très passionnant et selon moi très utile d’analyser. 

A l’inverse, dans la logique identitaire, on te dit « tu es ça » et point barre ; faut pas chercher à comprendre. Il devient tabou de dire que l’environnement familial, social, culturel a un impact sur ce qu’on est. Donc en plus d’être irrationnelle et contraire à tous les savoirs en sciences sociales et en psycho, cette vision identitaire est très aliénante parce que ça retire à la personne la possibilité de réflexivité sur ses manières de fonctionner, son rapport au monde, à soi et aux autres. 

Pourquoi ne pas faire la promotion d’un monde débarrassé du sexisme et du genre plutôt que de créer toujours plus de catégories, d’étiquettes comme « trans », « non binaire », « gender fluid », « a-genre » etc. ?

C’est surtout quand on pense aux enfants étiquetés trans qu’on voit comment cette dimension identitaire est ultra nocive. Quand un enfant a certains goûts, certaines manières de fonctionner qui ne sont pas conformes aux normes sexistes, au lieu de valoriser cet enfant parce qu’il a une personnalité originale, et de l’aider à être heureux ainsi malgré la pression sociale qu’il va effectivement subir pour être plus conforme, on l’étiquette « trans » et on le dirige vers un parcours de médicalisation. On enferme cet enfant dans une catégorie très contraignante, alors même que l’enfance comme l’adolescence sont des moments de grand chamboulement. Qui peut nier qu’une petite fille très conforme aux stéréotypes de genre peut devenir une adulte très critique du genre. Ou qu’une petite fille très “tomboy” peut devenir une adulte très “féminine”, et épanouie ainsi.

C’est complètement irresponsable de diriger des enfants et des ados dans des parcours de transition qui ont des conséquences si fortes. Il y a des conséquences physiques et médicales irréversibles, quoi qu’en disent les défenseurs de la cause trans. Tout ça est tout de même assez bien documenté, maintenant. Et là je ne parle même pas des conséquences sociales et psychologiques…

Enfant, j’avais une réelle angoisse par rapport au fait d’être une fille. Je n’ai pas du tout aimé avoir mes règles, ni voir ma poitrine pousser. J’ai refusé obstinément de mettre un soutien-gorge jusqu’à ce que je cède sous la pression de ma mère et de mes copines. J’avais tellement honte quand mon père me faisait des remarques qui me rappelait qu’il me voyait avant tout comme une fille ! Je trouvais la masculinité tellement plus cool ! J’observais les garçons et je me demandais quoi faire pour être comme eux. 

J’ai beaucoup réfléchi, depuis, à la manière dont je me suis construite étant enfant et à mon rapport au fait d’être une fille. Bien sûr, comme tous les enfants, j’avais intériorisé la hiérarchie sexuelle et j’avais une certaine conscience qu’être une fille était moins valorisé qu’être un garçon. Mais je pense que c’est surtout le rapport que j’avais avec mes parents et la dynamique familiale dans son ensemble qui explique ce complexe que j’avais d’être une fille. 

Heureusement pour moi, je suis née à une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas et où l’étiquette « enfant trans » n’était pas encore aussi répandue. Pourquoi je dis heureusement ? 

Parce que je préfère être une adulte en bonne santé, qui ne doit pas prendre un traitement hormonal à vie. Je préfère avoir eu la possibilité de réfléchir à pourquoi je me sentais mal en tant que fille et d’avoir compris que le problème ne venait ni de moi ni de mon corps, mais d’un système social qui dévalorise les personnes de sexe féminin, et que ce système peut être changé. 

Parce que je suis contente de ne pas m’être retrouvée avec une étiquette très rigide et aliénante de « personne trans », et avoir pu résister aux normes sexistes à ma manière et à mon rythme. Sans en faire une obsession non plus, sans penser qu’être une personne non conforme aux normes de genre est ce qui me définit plus que tout, parce que je suis bien d’autres choses que ça !

Parce que j’ai pu me libérer du genre autant qu’il est possible de le faire dans une société sexiste et non à l’inverse m’être la question du genre au centre de ma vie comme le font souvent les personnes trans.

Et j’ai pu apprendre qu’il n’était pas honteux d’être une femme et qu’il était très agréable de se solidariser avec les autres femmes, même si une partie de moi aurait trouvé beaucoup plus cool, beaucoup plus facile, d’une certaine manière, de devenir un homme et de fuir la féminité et tout son corollaire de trucs chiants. 

Encore maintenant, je ne suis pas complètement  à l’aise avec le fait d’avoir un corps et un sexe de femme. Dans certaines situation, mon corps et mon sexe de femme me provoquent un sentiment de honte, de vulnérabilité. J’ai comme l’impression que ce sexe me met en danger, me trahit.  Mais pourtant, je ne vois vraiment pas en quoi me faire enlever la chatte pour me faire greffer un faux pénis serait quelque chose de subversif politiquement. Pareil sur le fait de garder mon corps mais de prétendre que je suis un homme. Mon corps est en bonne santé, il fonctionne bien. Ça n’a pas été facile, mais j’ai appris à l’apprécier. Le problème ce n’est pas mon corps, ce n’est pas moi, c’est le monde dans lequel j’ai grandi et dans lequel  je vis qui est un problème et qu’il faut changer. 

De plus en plus d’enfants, tous ceux qui ne sont pas suffisamment conformes aux stéréotypes sexistes, vont se retrouver étiquetés et dirigés vers un parcours lourd de conséquences médicales, sociales, psychologiques. Au lieu de remettre en question la dynamique familiale et même la société dans son ensemble c’est tellement plus simple de coller une étiquette à un enfant et de le mettre sous traitement !

Dans une société qui protège les personnes mineures, ça paraît complètement décalé, incroyable au premier sens du terme, « incroyable » qu’on puisse bloquer la puberté d’un enfant en bonne santé. Ca paraît complètement fou, et pourtant, c’est bien réel. C’est ce qui est en train de se passer dans les sociétés occidentales. 

D’un point de vue collectif, politique évidemment que cette vision est totalement libérale, ultralibérale même. On ne change pas le système, on prétend juste donner les possibilités aux individus de se mouvoir dans le système comme bon leur semble. 

Au lieu d’abolir le genre, on permet juste aux personnes d’en « changer ». Imaginons un parallèle. Dans une société hiérarchisée,  au lieu d’abolir les privilèges et les inégalités sociales; on autorise juste les personnes à monter ou descendre dans la hiérarchie, mais sans réellement changer le système et sans s’interroger sur les conditions sociales de possibilités de cette mobilité sociale. Bon, c’est à peu près ce qui se passe dans nos sociétés libérales ! Mais là curieusement, quand il s’agit de la question transgenre, dans tous les milieux ont dit « amen » d’une même voix  !

Ce projet politique que l’idéologie trans nous prépare, c’est une société où la liberté individuelle devient la norme suprême sans qu’on réfléchisse aux conditions de cette liberté, à sa signification, à ses conséquences sociales et collectives. Je pense qu’on peut pas faire abstraction, quand on parle de « liberté individuelle », de se poser quelques questions. Par exemple : 

Est-ce que je cesse d’être aliénée sous prétexte que j’ai l’impression d’être libre ?

Est-ce que si tout le monde a l’impression d’être libre, la société devient égalitaire ? 

Comment faire en sorte que la liberté de certaines et certains n’empiète pas sur celle des autres ?

Est-ce juste qu’un homme trans-identifié impose sa présence dans des espaces de non-mixité ?

Le pire, c’est le lien entre le transgenrisme et le transhumanisme. Voir comme un progrès social le fait que des personnes utilisent la technologie médicale pour modifier leur corps afin de le mettre en adéquation avec l’idée qu’elles s’en font, ça me dépasse…. Le transgenrisme est une grande porte ouverte au transhumanisme. C’est hyper flippant.  

Rebelles du genre – Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme ou sous ta réelle identité ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces, un danger perçu ou réel dans ton entourage (pro, perso, peur pour tes proches, etc.), ou, au contraire, te sais-tu en sécurité pour parler librement ?

Il y a 2 mois, quand j’ai commencé à réfléchir à ce témoignage, je ne me sentais pas vraiment en sécurité. Je n’avais aucune raison objective d’être inquiète mais pourtant je ne me sentais pas en sécurité. Les accusations publiques de transphobie, les chasses aux sorcières sur les réseaux sociaux, les agressions en manif, bref la terreur que font régner le trans-activisme et ses alliés a un effet psychologique fort et durable sur chacune d’entre nous. Même en étant très loin de toutes ces menaces et ces accusations, j’ai senti cet effet. Ces dernières années j’ai pris beaucoup mes distances par rapport au militantisme féministe par facilité. Ça me semblait impossible de dire ce que je pensais, mais je ne voulais pas non plus mentir. Mais depuis quelques mois je me sens plus à l’aise pour exprimer ma position. Déjà, parce que j’en ai marre de me taire, que ça m’est trop pénible. Aussi, je me sens ré-assurée par la mobilisation qui est en train d’émerger. Rebelles du genre, notamment, me fait beaucoup de bien. 

Il y a quelques mois, j’ai eu une conversation marquante avec ma sœur, avec qui on parle beaucoup de ce sujet. Elle me disait : dans vingt ans, je veux pouvoir me dire que j’ai fait partie de celles qui ont lutté. Et je me suis dit “mais oui” ! Il se joue maintenant un truc hyper fondamental pour les femmes, et c’est le moment d’agir. J’ai souhaité rester anonyme, alors ma sœur a pris le relai en lisant mon témoignage. On se soutient beaucoup sur ce sujet.

Rebelles du genre – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Magda – Oui. La dernière fois que j’ai participé  à un événement féministe, c’était gratiné…

Le contexte : petit festival de campagne, organisé par des femmes, avec des artistes femmes exclusivement mais pour un public mixte. Avec deux copines, nous avons proposé des discussions autour de la sexualité. Le festival en était à sa seconde édition. La première année, la question trans n’est presque pas présente (mis à part qu’un homme “on binaire » entre guillemets a joué sur scène alors que l’objet du festival était de ne faire jouer que des femmes, mais bref…). La seconde année, le féminisme queer était déjà nettement plus présent… Exemple : l’une de nos discussions était sur le thème « orgasme et éjaculation féminine ». Mais au moment d’inscrire le titre de notre  atelier sur le programme, on nous a gentiment indiqué qu’il n’était pas possible d’utiliser le terme « féminine ». Le titre de l’atelier sur l’éjaculation féminine est donc devenu « orgasme et éjaculation »… Incroyable ! Lors de la première édition, nos discussions étaient en non mixité. 

Mais la seconde édition, nous avons préféré faire tout en mixité car on craignait qu’on nous le reproche le terme «  non-mixité » et qu’on nous impose le terme « mixité choisie ». Du coup, on a tout fait en mixité comme ça, pas d’embrouille… Ce qui est évidemment dommage, de ne plus pouvoir faire de non-mixité dans un festival féministe !

Lors d’une de nos discussions (c’était pas sur le thème de l’orgasme féminin mais sur un autre thème), il y avait un homme qui visiblement prétendait être une femme. C’était un homme d’âge moyen, plutôt grand et costaud, et qui avait vraiment l’air d’un homme. Je suppose qu’il ne prenait pas de traitement hormonal ou pas depuis longtemps. La seule chose qui nous indiquait qu’il était censé être une femme, c’est le fait qu’il portait une petite robe à fleurs et qu’il essayait de parler avec une petite voix douce ! Super cliché ! Cet homme faisait partie de l’équipe d’organisation, censée être exclusivement féminine. Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est l’effet que la présence de cet homme – censé être une femme dans le corps d’un homme – a eu sur les personnes présentes, ou au moins sur moi. Donc quand cet homme, au physique tout ce qu’il y a de plus masculin, mais habillé avec une petite robe à fleurs, prenait la parole tout le monde l’écoutait religieusement. En fait, je ne peux pas affirmer que tout le monde l’écoutait avec plus d’attention que les autres personnes intervenantes. Ce qui est sûr, c’est que moi je l’ai écouté avec une attention et surtout une précaution toutes particulières. J’ai beau être très critique de la transidentité, j’ai écouté cet homme avec une précaution, un respect pour sa parole particulièrement intenses. Pourquoi ? Et bien après y avoir réfléchi, voilà ce que j’en ai conclu : cette personne me semblait totalement pathétique et j’étais gênée pour lui. Et je ne voulais pas qu’il se sente mal à l’aise ni que le ridicule de la situation crée du malaise au sein du groupe. Donc en tant que femme bien éduquée et conditionnée à protéger l’égo masculin, j’ai tout fait pour refouler mon esprit critique pendant quelques minutes et c’est mon côté « le pauvre, prenons soin de lui, il fait vraiment trop de la peine » qui a pris le relai. Je ne peux pas être sûre que les autres personnes ont ressenti quelque chose de similaire ; mais peut être que si. Et du coup, peut être que c’est à cause de notre envie d’être bienveillantes, en tant que femmes et d’autant plus en tant que femmes de gauche, vis à vis des personnes fragiles, marginalisées, discriminées…. qui empêche absolument toute autre posture qu’une posture de réception passive de la parole de ce type de personnes, donc un homme qui veut être considéré comme une femme, et qui est donc censé faire partie d’une descatégories les plus opprimées qui soit.

Je doute beaucoup que j’étais la seule à trouver cette personne profondément ridicule et pathétique et à cacher mon sentiment dans une surenchère de précaution et d’attention. C’est un sacré coup de force de la part des mecs quand même ! Arriver à devenir le centre de l’attention dans des espaces féminin et féministes ! 

J’ai donc décidé de me retirer de ce festival pour l’année suivante. Mais sur le coup je me suis tu,  j’ai subi et il m’a semblé totalement impossible, impensable même, d’engager le moindre débat. Dans ce festival je suis sûre, du moins j’espère, qu’on était nombreuses à ne pas être à l’aise avec la manière dont les choses évoluent. Seulement comment se reconnaître pour en parler, pour se soutenir, pour s’organiser ? Nous sommes, chacune, apeurées, isolées, muettes. Nous avons tellement peur de nous faire ostraciser, traiter de transphobes. Je me suis retirée de l’animation de ce festival, mais j’ai décidé d’y aller tous les ans afin d’observer la place grandissante que risque d’y prendre l’approche queer et le transgenrisme dans les prochaines éditions. Et peut-être petit à petit trouver le courage et les moyens d’y diffuser un point de vue critique. 

Rebelles du genre – As-tu quelque chose à ajouter ?

Magda – Oui. Je pense que dans ce débat les mots qu’on utilise sont très piégés. On vit dans une société sexiste depuis des millénaires, donc ça a des conséquences très fortes sur le langage. Le mot « femme » est à double sens. Dans son sens disons le plus neutre, le plus descriptif, il signifie «  une individue humaine de sexe femelle ». Mais vu qu’on vit dans une société sexiste, ça veut dire bien d’autres choses puisque ça renvoie à ce qu’est censée être une femme selon les normes sexistes (par exemple une personne maternante, douce, fragile, émotive, disponible sexuellement pour les hommes….) C’est le même problème pour les mots « masculin » et « féminin » qui peuvent renvoyer au biologique, c’est-à-dire quelque chose de factuel et d’indépendant de toute norme sociale, ou au contraire ça peut être très chargé de sens moral et normatif. Par exemple, en disant  «la vulve est un organe féminin », je constate un fait, je ne fais en aucun cas un jugement de valeur. Par contre, dire d’une femme qu’elle est « féminine » renvoie aux normes sexistes, par exemple au fait qu’elle met du maquillage ou qu’elle est jolie et souriante. Ainsi les termes « femmes », « hommes », « masculin », « féminin », ont vraiment un double sens – logique puisqu’ils ont été façonné dans le cadre d’une société sexiste. Cette ambiguïté de la langue devrait obliger toutes les personnes qui veulent parler de questions de genre à définir précisément les mots et leurs usages et à faire preuve de précision et de rigueur pour éviter les malentendus et les contresens. 

Au lieu de ça, nous avons des chercheuses, des chercheurs, des idéologues et des militantes et militants qui maintiennent un véritable flou artistique dans l’usage des termes et des notions. Ce qui empêche le développement d’un débat intelligent et constructif. Jusqu’à quel point cette confusion relève de la bêtise ou bien de la malhonnêteté, ça, c’est vraiment la question qui m’interpelle le plus…

Rebelles du Genre – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à la partager le plus largement possible.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe : www.womensdeclaration.com

Rejoignez-nous, n’ayez plus peur. Ensemble, nous ferons changer les choses.

Si vous souhaitez témoigner, contactez-nous par mail.

A bientôt pour un nouveau témoignage de “rebelles du genre”.

Rebelles du genre – Épisode 33 – Romy

Romy –  Bonjour, je m’appelle Romy, j’ai 23 ans, je travaille dans l’Education Nationale, je suis psychologue de l’Education Nationale.

Alors, je vais commencer par, un petit peu, parler de mon enfance et de mon adolescence, parce que c’est important pour comprendre mon parcours. Donc, déjà, moi j’avais une enfance tout à fait heureuse, jusqu’à mes 12 ans environ.  C’était tranquille, je ne manquais de rien.

Puis, à 12 ans, il s’est passé beaucoup de choses. Déjà, ma mère a quitté notre père, à mes frères et à moi,  et donc là, j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la personne qui était notre père,  et à me rendre compte de ce que ma mère avait vécu.

Ensuite, quelques temps après, on m’a diagnostiqué une scoliose. Donc j’avais un gros problème de dos, qui nécessitait le port d’un corset.   Mon corset, je devais le porter jour et nuit pendant un an et demi, jusqu’à ce que ma croissance s’arrête. Ce n’est pas une longue période, en fait, parce qu’il y a des personnes qui portent le corset pendant une dizaine d’années, il faut le savoir, et qui vont même jusqu’à se faire opérer. Moi ce n’était pas le cas, mais ça a suffi pour me traumatiser, puisque c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai commencé à détester mon corps.

Déjà, avant, j’avais un rapport un peu particulier à mon corps, puisque je ne me trouvais pas très belle. On me le disait, en plus de ça. En plus, j’avais droit à beaucoup de remarques sur la taille de ma poitrine, et j’avais un rapport très compliqué à mes règles aussi, que je ne supportais pas. Mais là, le corset, ça a tout amplifié. Je vous parle de ça parce que ça a été vraiment une expérience qui a été traumatisante pour moi. Encore une fois, ça n’a duré qu’un an et demi, mais c’était suffisant pour que je m’en remette seulement vers mes 18–19 ans. 

En fait, mon corset, je ne voulais absolument pas que ça se sache. 

Je ne voulais absolument pas qu’on soit au courant, que ce soit au collège, ou même ailleurs, que j’avais des problèmes de dos.

Parce que le corset, c’est quand même une expérience un peu… tout le monde n’a pas un corset. C’est très singulier, comme expérience, pour celles qui ne connaissent pas, c’est… il y en a de différentes sortes, le mien allait de mes hanches jusqu’à mes épaules. C’était du plastique dur et je devais le porter, comme je l’ai dit, jour et nuit. Je ne pouvais le retirer que deux heures par jour pour manger et me doucher. Donc au collège, je ne pouvais même pas le retirer pour manger, puisque je n’avais même pas d’accès à un lieu où j’aurais pu le retirer tranquillement.  Et en fait, comme je ne voulais pas que ça se sache, j’ai demandé à ce qu’on m’aide à le cacher. Donc dans ma famille, on m’a offert des vêtements larges. Donc c’était des polaires, des marinières, on m’achetait aussi des écharpes,  pour cacher la barre que ça me faisait au niveau des épaules. Du coup, moi, on m’a vraiment appris à cacher mon corps, plutôt qu’à l’accepter.

En fin de compte, en plus de ça, c’était un petit peu stupide puisque tout le monde a fini par savoir que j’avais un corset au collège. Tout le monde voyait bien qu’en EPS, je ne pouvais pas faire les roulades, où je ne pouvais pas ramasser le volant de badminton…

Mais voilà, moi je persistais à nier mes problèmes, je persistais à vouloir contourner les problèmes en les cachant, plutôt qu’en les acceptant. Et dans ma famille, comme je l’ai dit, on m’a vraiment écoutée par bienveillance, et on est allé dans mon sens.  Il n’y a que ma mère qui a essayé un petit peu de m’aider à accepter, mais ça a été vain. Et puis du coup, moi j’ai vraiment commencé à culpabiliser, à avoir honte de moi. En plus, le corps médical n’était pas du tout bienveillant avec moi, au contraire. Ils m’ont bien fait culpabiliser alors que je n’avais que 13 ans, quand j’ai commencé à porter mon corset.

j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin.

Tout ça c’est que j’avais vraiment un rapport à mon corps très particulier, quand j’étais ado. Parallèlement à tous ces complexes, j’avais un style un peu « garçon manqué », comme on dit. On m’a souvent dit que je n’étais pas une vraie fille, parce que je ne correspondais pas, justement, aux stéréotypes de genre féminin. Moi, je ne maquillais pas, je n’avais aucun centre d’intérêt qu’on peut qualifier de féminin. Et à l’inverse, moi j’aimais beaucoup le football, je ne faisais pas du tout attention à mon apparence, j’avais un rapport très négligé, même, à mon apparence. Je n’étais pas du tout soigneuse, je n’étais pas délicate, j’étais un peu brute dans mes gestes.

 Et honnêtement, moi, en fait, le fait qu’on me dise que j’étais un garçon manqué, ça ne me déplaisait pas du tout. Je n’étais pas du tout complexé par le fait qu’on me dise que je n’étais pas une vraie fille. Parce qu’en fait, ça me plaisait bien de ne pas être vu comme une « vraie fille » entre guillemets. Moi, dans mon entourage, il y a vraiment une espèce de misogynie intériorisée. Donc tout ce qui est « masculin » est très valorisé par rapport à tout ce qui est « féminin » entre guillemets. Et dans notre famille, dans mon entourage, il vaut mieux être un « garçon manqué » entre guillemets qu’être une « vraie fille », encore une fois entre guillemets.

 Donc tout ça fait que j’avais vraiment un rapport très particulier à mon corps, j’avais honte d’être fille, et j’avais aussi très peur de devenir une femme. Je n’arrivais pas du tout à me projeter en tant que femme, et d’ailleurs moi, je ne me considère comme femme que depuis l’année dernière, quoi. Ça fait un an que je dis que je suis une femme, alors que j’ai quand même 23 ans.

 Et avec le recul, j’ai compris que si  être une femme, ça me faisait si peur, quand j’étais ado et jusqu’à la vingtaine, c’est parce que je trouve qu’on associe beaucoup la vie d’adulte à la vie de couple, comme si le couple était essentiel à une vie d’adulte accompli. Or moi, avec ce que j’ai vu dans ma famille, avec ce que je sais aussi du mariage de mes parents, forcément, le couple ça ne m’attire pas du tout.

Par contre, je suis hétéra, donc voilà. Je suis très très réticente quand même à avoir des relations avec des hommes, parce que j’ai vraiment intériorisé le fait qu’un jour ou l’autre, si je suis en couple, je vais devenir l’esclave du gars.  Et ça ne me plaît pas. Et puis en plus de ça, il y a vraiment une espèce de misogynie sociétale qui fait que, voilà, devenir une femme, ça ne me plaisait pas. Et en fait, c’est vraiment à partir de mes 18 ans que tout a commencé à changer pour moi, que j’ai commencé à vraiment faire un travail sur moi pour m’accepter, parce qu’à 18 ans, j’ai  complètement changé de vie. Je suis parti vivre dans une autre région, j’ai changé de groupe de pairs, j’ai changé de milieu intellectuel, et ça a été vraiment libérateur, parce que ça m’a permis de repartir de zéro. En plus, c’est à ce moment-là, quand j’avais 18 ans, qu’il y a eu le mouvement MeToo.  Et donc j’ai commencé à ouvrir les yeux sur la féminisme, surtout suite à la fameuse tribune sur la « liberté d’importuner » de Catherine Deneuve, que j’avais trouvé absolument immonde… haha… voilà.

Avant MeToo, pour moi, le féminisme c’était juste le mouvement des femmes suffragistes,  donc j’en avais vraiment une connaissance très limitée. Et là, MeToo,  ça m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux.

Au fur et à mesure, j’ai commencé à lire pas mal de roman sur la condition des femmes, à regarder des reportages, à me renseigner sur la pensée féministe. Mais en fait, à ce moment, comme j’étais vraiment débutante, je n’avais accès qu’aux ressources les plus diffusées, les plus connues. 

Donc c’était les ressources des « féministes libérales ». Je ne suis pas sûr qu’on puisse les appeler féministes. 

Mais du coup, je me considérais pas vraiment comme féministe, parce que je n’étais pas du tout d’accord avec certaines choses qui étaient promues par les « féministes libérales ».

Je n’étais pas du tout d’accord  avec leur complaisance vis-à-vis des religions, ou même sur leurs positions par rapport à la prostitution. Mais d’un autre côté, je me disais : « oui, mais est-ce que c’est moi qui pense mal ? » Je me sentais un peu coupable de ne pas penser comme d’autres « féministes  libérales ».

Du coup, j’essayais de me raccrocher à d’autres idées, donc le transactivisme.

J’étais très compatissante, au début, envers les personnes transgenres. Je me disais : « après tout, pourquoi pas, si un mec se sent femme, bon pourquoi pas ? »

Parce qu’en plus comme les transactivistes nous parlent tout le temps de suicide,  « si je ne transitionne pas, je vais me suicider » c’est ça leur discours… et bien forcément, ça fait de la peine.

Puis il y a eu le lynchage de J. K. Rowling. Alors là, moi, ça m’a sidérée.  J’ai trouvé ça absolument délirant que J. K. Rowling soit détruite, juste parce qu’elle a osé dire que les règles étaient un truc de femme. Donc j’ai commencé à approfondir encore plus ma réflexion sur la féminisme. 

Et il y a un an environ, alors là, ça a été… il y a quelque chose qui a tout changé, c’est que j’ai découvert la féminisme radicale !  j’ai découvert ça, parce qu’en fait sur YouTube,  je suivais beaucoup le compte littéraire d’Antastésia, qui a d’ailleurs  témoigné aussi. Et donc je me suis inscrite sur Instagram pour pouvoir la suivre, elle. Et de fil en aiguille, j’ai découvert une partie des figures de la féminisme radicale en France : la collective CAPP, par exemple (abolition porno prostitution), Marguerite Stern, Dora Moutot,  Anissia aussi, qui a elle aussi  témoigné. 

Et pour moi, ça a tout changé. 

Parce que ça m’a permis de comprendre que ce que je pensais, ce n’était pas mal.

Qu’il n’y avait pas que le « féminisme libéral ».

Et ça m’a vraiment permis de me réconcilier avec le fait d’être une femme libre, qui se suffit à elle-même.

Donc voilà, moi, c’est vraiment grâce à la féminisme radicale  que je me sens normale.  Et pour moi, c’est important d’en parler dans ce  podcast, parce que je suis convaincue que la féminisme radicale, elle est salvatrice  pour les filles, pour les femmes. Et je tiens vraiment à en parler, parce que le « féminisme libéral » prend beaucoup trop d’ampleur, et invisibilise  beaucoup trop la féminisme radicale, qui est la vraie féminisme.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour la société, pour la démocratie ?

Pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse, parce qu’elle détruit  des enfantes,  des enfants et des ados.

Moi je pense que le rapport très compliqué que j’avais à mon corps (moi je me demandais souvent pourquoi j’étais une fille et par un mec), je pense que j’aurais pu faire partie des victimes, en fait ! Après, je ne suis pas sûr que j’aurais fait une transition médicale, parce que j’ai un rapport très particulier au médical, aux médecins et tout, je n’aime pas ça. Par contre, je pense que j’aurais très bien pu, peut-être, me déclarer non binaire, donc genderfluid,  ou je ne sais pas quoi, si j’étais tombée là-dessus au collège.  Et je sais que beaucoup de jeunes filles, surtout au collège, car l’adolescence c’est quand même une période compliquée, où on se construit, où on se cherche, il y a beaucoup de filles qui détestent être des filles à cause de ce qu’elles vivent, et malheureusement, à cause de la diffusion des idées transe activistes, et bien il y en a beaucoup qui tombe dans le panneau et qui transitionnent, plutôt que de régler leurs vrais problèmes. Pour moi, la transition, c’est juste un moyen de contourner ces problèmes.

C’est un pansement qui recouvre les plaies, mais qui ne les recoud pas.

Donc moi, ça me désole et ça me rend vraiment triste pour toutes celles, et pour tous aussi, parce qu’il y a des garçons aussi qui tombent dans le panneau, parce qu’on ne règle pas leurs problèmes,  en les accompagnant dans leur transition. Pour moi, je pense d’ailleurs que le corps médical a une grande part de responsabilité dans tout ça. Et ça me fait beaucoup de peine.

Après, je sais aussi que, pour certaines personnes qui ont une dysphorie de genre très importante et persistante, la transition peut être nécessaire, je ne le nie pas. Mais déjà, je pense que ce sont des cas beaucoup plus isolés que ce qu’on peut nous faire croire. Et quand bien même un homme transitionne, il ne sera jamais une vraie femme, il n’aura pas du tout le même vécu que nous, le même corps, la même éducation, les mêmes traumatismes. Et c’est pareil pour une femme qui transitionnelles, d’ailleurs. Elle aura toujours ses traumatismes de femmes, et elle ne les aura certainement pas réglés en se faisant passer pour un homme.  Donc pour moi, l’idéologie transactiviste, elle est dangereuse parce qu’elle détruit les vies, plutôt que les réparer, contrairement à ce  qu’on veut nous faire croire.

En plus, elle est fondamentalement misogyne et homophobe.

Après, je vais être très concise là-dessus, puisque ça a déjà été très bien développé par d’autres, mais en gros, voilà : c’est une idéologie hyper misogyne parce qu’elle renforce les stéréotypes de genre. Donc ça y est, si un garçon aime les paillettes et le rose, ça fait de lui une fille… et bien non, pas du tout ! On s’en fout. Enfin, les paillettes et le rose, ce n’est ni réservé aux filles, ni aux garçons. On s’en fout complètement. Le genre, en fait, je trouve que c’est une accumulation de stéréotypes, mais c’est juste mauvais, enfin… je ne comprends vraiment pas pourquoi est-ce qu’on persiste à penser que juste parce qu’une fille aime le foot, ça ne fait pas d’elle une vraie fille, ou que sais-je ? Et je trouve ça complètement absurde.

Et c’est en plus hyper homophobe, parce que les trans activistes ni l’existence de l’homosexualité.

Il n’y a qu’à voir comment les lesbiennes sont insultées, agressées, par ces personnes, lors des manifestations par exemple. Et d’ailleurs, il y a beaucoup de personnes transgenre qui sont homosexuels ou bisexuels, et je trouve que c’est quand même très  révélateur de l’homophobie intériorisée de cette idéologie. Voilà. 

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, ou est-ce que tu perçois un danger par rapport à cette idéologie, ou est-ce que tu te sens en sécurité pour parler tout à fait librement ? 

Romy –  Alors, moi je n’ai jamais subi de pressions ni de menaces, parce que je suis discrète. Je me suis déjà exprimé dans le cadre privé, dans la famille un petit peu, pas beaucoup. Mais c’est vraiment la première fois que je m’exprime publiquement. Par contre, j’ai décidé de témoigner anonymement, parce que, comme je l’ai dit, je suis psychologue de l’éducation nationale, et je tiens à respecter mon devoir de neutralité, parce que mon métier est très important pour moi, j’avais énormément ce que je fais, et je ne veux pas que mes prises de position, mes convictions, se retourne contre moi. En plus de ça, dans l’éducation nationale, je trouve qu’on a quand même une liberté de parole qui est plutôt restreinte. Surtout sur notre lieu de travail. En plus, comme ce que je pense ça ne va pas du tout dans le sens de la pensée dominante, j’ai un peu peur qu’effectivement, ça se retourne contre moi. Après, pour l’instant, ça va, j’arrive à garder le cap de mes convictions parce que je n’ai jamais eu d’élèves concernés pour l’instant par cette problématique. Et on  ne m’a jamais demandé d’organiser quoi que ce soit sur la transidentité ou je ne sais quoi. Par contre, le jour où ça arrivera, je ne sais pas trop comment je vais gérer ça, on verra bien ! 

RDG –  Est-ce que tu as une anecdote à raconter  sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le trans activisme ?

Romy –  Alors oui, j’ai une  anecdote qui est liée à ma formation de psychologue de l’éducation nationale.  Comme je l’ai dit, je n’ai jamais eu à gérer le cas d’un ou une élève transe, mais dans le cadre de ma formation, on a déjà évoqué le sujet. Donc c’était l’année dernière, j’étais très choquée par les propos d’un de mes formateurs, qui pourtant est très compétent et très intelligent, donc ça m’a d’autant plus choquée, venant de lui.  En fait, au moment d’évoquer la question des toilettes pour les élèves trans, il a dit qu’après tout, dans les familles, les toilettes étaient neutres.  Donc il ne voyait pas où était le problème qu’un garçon qui se sente fille puisse aller dans les toilettes des filles. Et après, au moment de la question des vestiaires, il nous a demandé, il nous a dit :

Et si on demandait aux filles : « Est-ce que vous êtes d’accord pour que cet élève trans aille dans vos vestiaires ?»  si les filles répondaient oui, donc dans ce cas il n’y a pas de problème, l’élève trans peut aller dans le vestiaire des filles .

Donc moi, j’étais vraiment abasourdie  d’entendre ça. En plus, en regardant autour de moi, j’avais l’impression d’être la seule à être choqué par ses propos. Et il y avait même des collègues qui allaient vraiment dans le sens de ce que ce formateur disait. Donc moi, je me suis sentie très seule, et très choquée, parce que moi, ça ne m’aurait  pas du tout plu, ado, d’avoir un mec dans les vestiaires, et dans les toilettes, même.

Et en plus de ça, les violences sexuelles dans les établissements, c’est une réalité. Ça commence à l’école primaire, d’ailleurs. Moi, j’ai déjà entendu des histoires à l’école primaire, des enfants qui se font des « olives »  à l’école primaire. Et pour vous donner des chiffres, d’après la DEPP,  (en gros, la DEPP c’est l’organisme qui produit les statistiques de l’éducation nationale)  en 2017–2018, on a eu 2,3 % de lycéennes qui ont subi une violence sexuelle grave dans leur lycée, et c’était le cas de  0,8 % de garçons. Donc en fait, sur un lycée de 500 filles, ça nous en fait  entre 10 et 12 filles, victimes de violences sexuelles graves.

https://www.education.gouv.fr/media/13628/download

RDG –  Est-ce que tu peux expliquer ce que c’est, tu as parlé «  d’olive » ?

Romy –  Les olives, en fait, c’est les garçons qui font ça : c’est de mettre le doigt dans l’anus de leurs camarades.

RDG –  On est d’accord que c’est des viols : techniquement, juridiquement, c’est des viols.

Romy –  Techniquement, ce sont des viols, oui.

 RDG –  c’est complètement banalisé, au point d’avoir même un petit nom rigolo, pour en parler.

Romy –  Totalement, ce sont des viols. Il y a même des garçons qui menacent de viol les filles, par leurs postures : ils les « chopent »  et leur disent : « Et là, maintenant, tu fais quoi ? »  Pour moi, c’est une menace de viol, surtout quand ça se passe dans les toilettes. Moi j’ai déjà… enfin,

c’est déjà arrivé là où je travaille, un garçon qui a chopé une fille,  il l’a traînée dans les toilettes, il l’a enfermée, et il lui a dit : «  et là, maintenant, tu vas faire quoi ? » Enfin, pour moi, c’était vraiment une menace de viol. Ça n’a pas été traité de cette façon.

Pour revenir sur les chiffres de la DEPP,  sur un lycée avec 500 filles, ça nous fait quand même entre 10 et 12 filles victimes tous les ans d’une violence sexuelle grave, au sein du lycée.  Et en plus de ça, on n’est même pas au courant de tout. C’est très banalisé, parce que normalement, entre 10 et 12 filles, ça nous fait quand même beaucoup d’agresseurs, beaucoup de violeurs dans les établissements, et si c’était vraiment traité comme ça devrait l’être, je pense qu’on en parlerait beaucoup plus. Sauf que ce n’est pas le cas, malheureusement.

Donc moi, je trouve ça vraiment aberrant qu’on puisse s’imaginer autoriser des garçons à fréquenter les espaces exclusivement réservés aux filles, pour moi on fait entrer le loup dans la bergerie, et ce n’est juste pas acceptable. Après, je ne dis pas que tous les garçons sont des agresseurs sexuels, sauf que ce sont tous des agresseurs sexuels  potentiels, puisqu’on les éduque à nous agresser. 

Et de toute façon, dans l’esprit des filles, un garçon dans les espaces réservés aux filles, et bien c’est une menace. Et moi je trouve ça aberrant qu’on néglige ce que pensent et ressentent les filles, surtout par rapport aux garçons.

Et puis, même s’il y a des filles qui disent « oui d’accord, je veux bien que Machin aille dans nos toilettes », qui nous dit qu’elles le pensent vraiment, en fait ? Moi je pense qu’il y en a beaucoup qui disent oui juste parce qu’elles ne veulent pas passer pour la méchante.  Mais dans les faits, je ne pense vraiment pas qu’elles soient à l’aise avec l’idée de partager des espaces exclusivement féminins avec des mecs. Pour moi, ce n’est pas concevable.

Et pour revenir sur l’argument des toilettes neutres, pour moi ça ne tient absolument pas debout, parce que déjà, le collège ou le lycée, ce n’est pas la maison ! Et puis de toute façon, même dans le cadre familial, je pense qu’il y a beaucoup de filles qui ne sont pas du tout à l’aise à l’idée de fréquenter des espaces intimes, même avec les hommes de leur famille. Les violences intra familiales, ça existe, et je pense que c’est beaucoup plus courant que ce que l’on veut croire aussi !

Donc voilà, moi ça me désole qu’on en vienne petit à petit à imaginer des mesures qui puissent mettre en péril  la sécurité émotionnelle et même physique des filles. Les établissements scolaires doivent être des lieux d’éducation, sauf que là, je ne vois vraiment pas comment ce serait possible d’apprendre sereinement, alors qu’on ne se sent en sécurité nulle part.

Et aussi, j’ai une autre anecdote. Alors là, c’est très récent : 

très récemment, je parlais avec une collègue de l’égalité–garçons, et cette collègue a remis en question le concept d’égalité filles–garçons, parce que pour elle, ça ne prenait pas en compte les personnes qui ne se sentiraient ni fille, ni garçon.

Donc pour elle, l’égalité filles–garçons, ça n’a pas lieu d’être. Or, pourquoi on est oppressées ? On est   oppressées à cause de notre sexe !  Donc voilà. Après, je pense que toutes ces personnes pensent ça parce qu’elles sont trop bienveillantes, et voilà !  Le discours trans activiste se pose tellement en victime que malheureusement, ça bride l’esprit critique de certaines personnes.

 RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Romy – Alors déjà, moi je voudrais, pour commencer, adresser un petit mot aux mecs. C’est mon côté « éducation nationale ».  Je veux éduquer tout le monde haha.

Déjà, je voudrais dire aux mecs qu’il n’y a pas de honte à avoir des sentiments, à ne pas être virils. Parce qu’au contraire, la virilité c’est à la base, c’est au fondement de la misogynie.  C’est au fondement de beaucoup de maux de la société,  parce que ça renforce l’impression de pouvoir des hommes, et leur besoin de contrôler les femmes et de les asservir. On parle souvent de déconstruire les stéréotypes de genre, mais moi je pense que c’est important surtout de lutter contre la virilité. Je ne vais pas développer là-dessus, puisque Lucile Peytavin,  qui a écrit « le  coût de la virilité »,  en parle très bien aussi, et je vous renvoie vers ses travaux.

Mais sinon, pour finir je vais quand même m’adresser aux filles. Pour leur dire qu’il n’y a pas de mal à être une fille, ce n’est pas une honte. Je sais que ce n’est pas facile tous les jours, mais déjà on n’est pas seules.

Et donc je veux dire aux filles : « soyez fières, et ne bridez pas votre esprit critique ».

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basées sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 31 – Danielle

Bonjour je m’appelle Danielle, j’ai 19 ans j’habite en belgique et je suis étudiante en médecine. Je suis bisexuelle, féministe critique du genre et je me suis considérée comme un “homme trans” pendant presque trois ans.

En fait, dès la préadolescence j’ai commencé à détester être une fille. 

Pour plusieurs raisons mais principalement parce que j’ai compris très jeune que l’homme, enfin plutôt le mâle, est censé être “l’être humain” par défaut et que nous, les filles, les femmes on est “les autres” en fait, on a quelque chose en plus qui nous rend étranges. 

C’est quelque chose qui déjà se reflète dans la langue française, avec le masculin qui est assimilé au neutre. Dans l’enseignement, où on fait à peine à l’effort de nous parler de femmes autrices ou de femmes qui ont marqué l’histoire par exemple, il y avait surtout l’attitude des adultes vis-à-vis du fait que j’ai toujours eu des intérêts scientifiques, j’ai toujours eu des ambitions, envie de faire des grandes choses : d’abord astronome, puis après ingénieure, puis maintenant médecin. 

On me rabâchait un peu ce féminisme libéral à deux balles du style « girl power », «girl boss », « c’est génial que tu sois une fille qui fasse quelque chose.. », comme si c’était impératif de préciser que j’étais une fille qui faisait quelque chose d’autre que d’être dans la cuisine. 

Et ça m’agaçait beaucoup, parce que moi, avant tout, j’avais une personnalité j’avais des envies, des ambitions, j’avais envie qu’on me reconnaisse avant tout pour mes capacités, pour ma personnalité, pour ce qui me rend unique et pas seulement pour mon sexe.

Parce qu’on est quand même plusieurs milliards de femmes sur cette terre et que ce n’est pas ça qui me rend unique. Déjà, à cause de ça j’ai un peu assimilé le féminisme à ça, donc j’ai commencé à avoir une certaine aversion pour le féminisme justement parce que : « Bah ok je suis une fille, je suis née comme ça et alors ? Ça n’a pas grande importance », et puis surtout, la plupart de mes amis ont toujours été des hommes, en majorité.

En plus au lycée en première et en terminale j’étais la seule fille de ma classe, ça m’a vraiment montré qu’on est dans un monde d’hommes et moi je ne me sentais pas vraiment de faire un combat féministe. Je voulais faire ce que j’aimais et je voulais pouvoir intégrer le monde des hommes pour pouvoir faire ce que je veux. 

En plus de ça je suis neuro atypique, j’ai été diagnostiquée avec un trouble du spectre autistique à 12 ans, j’ai de l’anxiété sociale assez sévère, j’ai énormément de difficultés au niveau social et j’ai subi du harcèlement scolaire parce que j’étais pas féminine et aussi parce que, à partir d’un moment au collège, on a appris que j’avais une attirance pour les filles.

Et, évidemment, il fallait que tout le monde le sache et qu’on m’embête pour ça. Et en plus du harcèlement scolaire j’ai subi à quelques reprises du harcèlement sexuel. Et la première fois, je me souviens, j’avais à peine 10-11 ans. 

Ça a créé un double traumatisme, avec le harcèlement sexuel et la solitude du harcèlement scolaire qui faisaient que je me sentais vraiment isolée et je me sentais seule, incomprise et j’avais vraiment besoin de quelque chose à quoi me raccrocher, besoin de m’intégrer à quelque chose et idéalement je rêvais d’être un homme. Je n’étais pas trans évidemment, je rêvais d’être un homme ou moins d’être traitée comme un homme, c’est-à-dire qu’on me laisse faire ce que je veux, sans me rappeler que je suis une fille et que c’est quand même exceptionnel qu’une fille soit capable de faire certaines choses. 

Il y a aussi une chose que j’aimerais préciser c’est que j’ai eu un trouble du comportement alimentaire qui a commencé quand j’avais 14 ans, c’est venu avec beaucoup de complexes par rapport à mon corps et à mon poids. À 15 ans j’étais encore en plein trouble du comportement alimentaire,

c’est à ce moment-là que je suis tombée dans la transidentité.

En plus de ça je venais d’entrer en seconde après une troisième où j’avais été plus ou moins déscolarisée, mes parents avaient divorcé, ils ont déménagé à 100 km l’un de l’autre donc je faisais face énormément de changements. Ça m’a poussée à avoir un peu des crises existentielles sur le sens de ma vie, sur mon identité, spécifiquement ce que les transactivistes appellent l’identité de genre. 

Je me souviens à l’époque je traînais beaucoup sur Twitter et je regardais un peu tous les pseudo-débats politiques où il y avait les Wokes et les gents d’extrême droite qui se chamaillaient, il y avait une « femme trans », un homme transidentifié, que j’aimais bien parce qu’il avait des positions plutôt raisonnables, que ce soit sur la question trans ou autre. 

J’ai sympathisé avec lui, j’ai décidé d’aller lui parler en privé, de lui parler un peu de mes doutes par rapport à mon genre, de ce que j’en pensais, de savoir ce que lui il en pensait. 

C’est là que j’ai rejoint le serveur Discord qui a un peu tout fait basculer.

C’était à la base un simple du Discord d’entraide, c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de vocation purement politique ou activiste ou militante, le but c’était d’avoir un espace pour les personnes trans. 

Au début il y avait les personnes non trans, qu’on appelle aussi personne « cis », qui étaient autorisées pour venir parler de ce genre de sujet. Il y avait une ambiance très conviviale, il n’y avait pas de pureté militante transactiviste. C’étaient juste des gens qui avaient cette différence,  qui étaient trans, qui parlaient de dysphorie, qui demandaient de l’aide pour l’annoncer à leur famille etc… 

A partir de là, j’ai sympathisé avec les gens là-bas, je me sentais bien ; bon je leur avais dit au départ que je ne savais pas du tout de quel genre j’étais, que je me questionnais beaucoup… et j’ai été accueillie vraiment à bras ouverts, sans pour autant qu’ils me forcent explicitement à me dire trans. 

Il y avait quand même des gens qui disaient…  de ce que je racontais… qui pointaient vers le fait que je ne serai pas une femme « cis », comme on dit. C’est avec ça que j’ai vraiment commencé à me… déjà à exacerber des complexes que j’avais déjà, par rapport à mon poids notamment, à mes hanches surtout, ça c’est quelque chose qui m’a toujours dérangée sur mon corps. Et en plus de ça pour me conforter dans l’idée que je n’étais pas une fille, j’ai commencé à avoir un complexe à propos des mes épaules. Par exemple, je voulais avoir des épaules plus larges, sur ma taille, j’avais envie d’être plus grande comme un homme, je voulais avoir plus de musculature, pour être musclée comme un homme on va dire, je voulais avoir un torse plat évidemment. J’ai commencé à détester ma poitrine au point où j’avais des rêves où je m’imaginais carrément les arracher où les couper avec un couteau, quelque chose d’assez violent, une aversion assez violente, je rêvais vraiment de faire cette fameuse mammectomie, ou « top surgery » comme on dit en anglais, pour me débarrasser de ça ; dans l’optique de camoufler d’autres problèmes que j’avais déjà, je ne me rendais pas du tout compte à l’époque que j’avais un trouble du comportement alimentaire, du coup je me disais que le malaise que je ressentais ce n’était pas lié à la base à la dysmorphophobie mais bien à la dysphorie de genre, au fait que je suis dans le mauvais corps, un homme dans le corps d’une femme. 

Vraiment c’était un moyen pour mettre au sous le tapis plein de trucs : par exemple mes difficultés sociales, je me disais que c’était pas lié à l’autisme, c’était pas lié à l’anxiété ou quoi, c’est juste que j’ai de la dysphorie sociale, j’arrive pas à aller vers les gens justement parce qu’on me voit comme une fille et aussi parce que je n’aime pas ma voix féminine et c’est ça qui me rend timide, qui me rend anxieuse et pas spécialement mon autisme ou le traumatisme lié au harcèlement. 

Pareil pour le traumatisme lié au harcèlement sexuel, ça me créait une certaine dissociation, du coup la dissociation je l’associais à la dysphorie de genre et donc à une dissociation à mon corps de femme en tant que corps de femme plutôt que dissociation de l’image du corps de la femme qui est constamment sexualisé et visé par les prédateurs. 

Vraiment l’étiquette “trans” et “dysphorie”, c’était l’étiquette parfaite pour expliquer toute la souffrance que je ressentais sans vraiment réfléchir, sans vraiment me poser des questions qui ne sont pas vraiment confortables, sans vraiment faire l’effort de guérir en quelque sorte. Juste je disais « bah en fait je suis trans, je suis un homme dans un corps de femme. Pour régler ça il suffit que je fasse une mammectomie, que je change mon prénom, que tout le monde me dise que je suis un homme et que je prenne de la testostérone jusqu’à la fin de ma vie ». Et donc sur ce serveur trans qui, à la base encore une fois, c’était plus un serveur d’entraide qu’autre chose, et ça a été fondé par une bande d’amies, des femmes transidentifiées, qui étaient amies avant qui se sont réunies autour ça et qui ont décidé de créer la communauté ; à un moment je me suis mise en couple, amoureuse de la co-fondatrice du serveur. Et j’étais en couple avec elle pendant deux ans et je ne vais pas aller dans les détails par rapport à la relation mais elle m’a vraiment beaucoup encouragée là-dedans, c’est-à-dire qu’elle me disait souvent que j’avais plus de dysphorie qu’elle, et que c’était  vraiment évident que j’étais un homme trans, et que limite j’étais encore plus trans qu’elle et que j’avais encore plus besoin qu’elle de prendre des hormones, de transitionner etc. 

Il y a quelque chose que je tiens à préciser c’est que dans les milieux que je fréquentais, autant avec mon ex-copine qu’avec les gens du serveur en question, ils avaient une approche, qu’on appelle dans le jargon transactiviste, « transmédicaliste », qui s’oppose au dogme transactiviste qui dit que tout le monde est valide, n’importe qui peut se dire trans, même si on ne fait absolument aucun effort pour avoir un passing, pour transitionner, on a même pas besoin d’avoir de la dysphorie en soi, il suffit juste de le dire… Un homme qui dit qu’il est une femme il est une femme, une femme qui dit qu’elle est un homme elle est un homme, une femme qui dit qu’elle est non-binaire ou je sais pas euh… agenre, ça veut dire qu’elle est le genre qu’elle dit et puis il y a aucune question à avoir ; alors que les transmédicalistes, ils admettaient c’étaient les femmes et que les hommes trans c’étaient des hommes, quand même pour être considéré comme trans il faut faire un effort pour transitionner, pour être perçu du sexe opposé et surtout ressentir de la dysphorie. 

En gros si on a de la dysphorie on est forcément trans et si on est trans on a forcément de la dysphorie. J’ai pas vraiment fréquenté de personnes non-binaires, j’ai jamais cru à la non-binarité parce que moi j’étais un vrai homme trans, qui avait de la vraie dysphorie, qui ai ressenti une vraie souffrance alors que les non-binaires, la plupart des militants connus qui ont un peu cette apparence très stéréotypée, qui ne font clairement aucun effort pour avoir l’air du sexe opposé. Je me sentais insultée par ces gens-là, je me disais que ça ne représentait pas vraiment ce que je vivais moi en tant que « vrai » homme trans. C’était aussi la posture de mon ex copine, même s’il était un peu plus ouvert par rapport à ça, c’est-à-dire qu’il était d’accord avec moi sur le fait qu’on ne peut pas être trans sans avoir de dysphorie et sans transitionner, mais elle était quand même tolérante vis-à-vis des non-binaires, des personnes qui ne transitionnent pas, en disant « oui bon ils sont peut-être pas vraiment trans mais il faut quand même les entretenir juste pour ne pas être méchant en fait ».

D’ailleurs j’étais assez fan pour les contenus trans que je regardais. Je regardais énormément de choses. Je ne me souviens même pas de tous les noms parce que j’allais voir même des petites chaînes vraiment pas connues du tout.  

Mais la plus connue c’était celle de Blair White, qui est un homme transidentifié plutôt ouvertement conservateur, et qui a cette posture “transmédicaliste” et j’étais d’accord avec lui sur ce qu’il disait, sur la critique qu’il faisait du transactivisme “mainstream” sur le fait qu’on donne des hormones à des mineurs… Même si moi, en même temps, j’avais 15-16 ans, et j’avais envie de prendre de la testostérone. Et donc en fait ce qu’il disait était vrai pour les autres, mais pas pour moi. J’avais un peu cette dissonance cognitive. Et il critiquait aussi le fait qu’il y ait des hommes transidentifiés dans le sport, etc. 

Donc c’était un peu, pour moi, la figure de la personne trans raisonnable, de la personne trans normale on va dire, qui était comme moi, qui avait envie de vivre sa vie comme quelqu’un du sexe opposé et qui était décrédibilisé par la plupart des transactivistes les plus populaires.

Aussi une autre personne que j’appréciais beaucoup, qui est beaucoup moins connue, qui s’appelle “Rose of Dawn”, qui est un homme transidentifié aussi, et qui faisait le même type de contenu à critiquer le transactivisme mainstream. Je parle de cette personne-là parce que j’étais amie avec plusieurs personnes qui la suivaient. C’étaient autant des personnes transidentifiées que des personnes qui n’étaient pas trans, mais qui avaient un soutien pour les personnes trans, tout en étant critique du discours classique. Et ces personnes-là étaient presque toutes ouvertement de droite conservatrice et on pourrait se dire qu’elles n’ont pas cette mentalité des transactivistes qui disent que “oui sous prétexte que je mets une robe en tant qu’homme, secrètement une femme…” mais en fait si : ils avaient exactement la même mentalité. Et  il y avait, je me souviens, un homme transidentifié qui était vraiment à fond dans cette idée qu’on est avec une sorte de “cerveau genré” …genre l’idée qu’on a un cerveau de femme ou un cerveau d’homme, et que les trans sont nés avec un cerveau du sexe opposé, et qui disait que lui il est sûr d’être trans, parce que depuis est tout petit, il aime bien jouer avec des poupées, il a toujours senti qu’il avait entre guillemets “un instinct maternel” pour moi, que quand je reviens là-dessus c’est quand même, assez assez choquant quoi. C’est à dire que c’est un peu, c’est exactement la même chose que le discours  transactiviste classique, mais tourné un peu plus du côté conservateur, en disant que c’est le discours des trans plus raisonnables, et des trans qui veulent juste vivre leur vie normalement. Alors qu’en fait, comme je l’ai dit, c’est exactement le même type de mentalité sexiste. C’est juste emballé différemment, on va dire. Donc effectivement je ressentais une dysphorie extrêmement intense. D’une part parce que  ça camouflait des problèmes que j’avais, sauf qu’évidemment ça ne réglait pas ce problème-là, juste de leur donner un nom différent. 

Mes parents étaient au courant. Je leur ai dit. Alors mon père était totalement indifférent. Il n’a pas fait de remarques négatives au départ, il m’a dit qu’il était content que j’aie trouvé qui j’étais vraiment. Mais après ça, il a jamais fait aucun effort pour me genrer au féminin… au masculin, pardon! Quant à ma mère, elle était un peu notre par rapport à ça. D’un côté, elle faisait un vrai effort pour utiliser mon prénom masculin, pour me genrer au masculin, même pour s’intéresser un peu à tout ce jargon qui est quand même assez complexe, qui est utilisé par la communauté trans. Donc il y avait un peu ce soutien de ce côté là. Mais elle m’a quand même dit (j’avais 15 ans quand je lui avais dit ça) elle m’a dit… Au départ elle m’a dit “non tu attends d’être en terminale”. Après, une fois arrivée en terminale elle m’a  dit “non tu attends d’avoir 18 ans”. Et honnêtement, je suis assez contente qu’elle m’ait dit ça, maintenant que je suis critique du genre. Parce que si elle n’avait pas dit ça, j’aurais très probablement commencé à prendre les hormones en fait.

Et à côté de ça, il y avait ma dysphorie, amplifiée par le fait que mon ex-copine, elle, elle faisait une transition. On s’est mises en couple pile au moment où elle a commencé la testostérone. Et du coup j’ai vu vraiment toute l’évolution, tout l’effet qu’a eus la testostérone sur elle, y compris les effets secondaires. Mais je me disais que les effets secondaires, c’est pas très, c’est pas si grave, parce que je souffre tellement de mon corps, que je peux supporter les effets secondaires à la testostérone, si ça veut dire que ça me permet d’être moi-même, en fait.

RDG –  Est ce que tu peux dire quels effets secondaires, par exemple?

Danielle – Du coup, mon ex avait un syndrome des ovaires polykystiques. Donc elle avait déjà les douleurs à cause de ça. Du coup ça amplifiait les douleurs qu’elle avait. Elle s’est mise à avoir des contractions à l’utérus de manière un peu aléatoire. Elle a eu des gros problèmes de peau, d’acné surtout. Elle avait aussi de l’eczéma qui a empiré avec la testostérone.. Et après, pour ce qui est de la chirurgie, la mammectomie… Du coup j’étais avec elle, juste après son opération. Je me souviens, on était dans le sud et il faisait presque 40 degrés, et juste après l’opération donc, elle était obligée de porter un gilet compresseur, le temps que les cicatrices se consolident. Et donc pendant tout ce temps-là, elle pouvait à peine se laver, elle… j’étais obligée de lui laver les cheveux moi même. Elle devait aller se refaire les bandages tous les jours. Elle avait mal. Ce n’était pas quelque chose de très joyeux.

Mais en même temps, nous deux, on avait cette vision que “oui c’est un peu chiant, c’est un peu douloureux, mais ça en vaut largement la peine. Parce que ça fait tellement du bien d’être enfin un homme, d’avoir un torse… d’avoir un torse d’homme”. C’est à dire qu’on voyait clairement l’aspect négatif mais on minimisait ça parce que justement, à côté, on maximisait en quelque sorte la souffrance liée à la dysphorie, au fait de ne pas pouvoir… d’avoir un corps femelle. Aussi, comme je l’avais dit précédemment, j’avais une mentalité au départ assez anti féministe, et ça a été encore amplifié quand je me suis dit trans parce que je n’avais vraiment pas envie qu’on me rappelle qu’à la base, j’étais une fille, que j’étais de sexe féminin. Et c’est aussi pour ça, par exemple, que je n’aimais pas du tout le langage inclusif du style “les personnes ayant un utérus,les personnes ayant leurs règles” qui  cherchait à inclure les hommes trans et les non-binaires, comme si c était différent des femmes, dans les sujets liés à la gynécologie, aux protections hygiéniques. Pas parce que c’est évidemment absurde et misogyne, mais parce que ça me rappelait, moi, que j’avais une anatomie féminine. Sauf que moi, ça me mettait mal à l’aise. C’était dysphorisant  pour moi, et du coup je me disais “c’est un problème de femmes, sauf que moi je suis un homme, et je n’ai pas envie qu’on parle d’un problème que j’ai comme si c’était un problème de femme, et j’ai pas envie qu’on me rappelle que j’ai ces parties de mon corps dont j’ai envie de me débarrasser”.  Et par contre, mon ex, elle était plutôt féministe. Elle avait même certaines oppositions, qu’on pourrait qualifier de se rapprochant du féminisme radical. Par exemple elle était, elle avait une position abolitionniste sur la prostitution et sur le porno, et c’est avec elle que j’ai changé mon avis là-dessus, et sur certains autres aspects. Et elle m’a aussi poussée un peu à regarder un peu mon passé en tant que fille, avant que sois transidentifiée, et je me suis rendu compte un peu de tout la violence patriarcale qu’il y avait, du sexisme que je subissais sans même m’en rendre compte. Ca m’a pas empêché d’être trans, et ça l’a pas empêchée d’avoir une influence assez néfaste sur moi, mais c’était là un peu le début d’une prise de conscience, où je me suis dit “quand même, j’ai beau être un homme dans un corps de femme, j’ai quand même un corps de femme, et j’ai été longtemps perçue comme femme. Et quand on est perçue comme femme, et quand on est de sexe féminin, on est vraiment extrêmement malmenée par le patriarcat.”

Donc il y avait déjà cette première prise de conscience, et aussi par rapport à la communauté trans, j’ai commencé à être agacée par certains types de militants entre guillemets “femme trans” donc d’hommes transidentifiés qui ne faisaient aucun effort de transition, et qui même étaient encore dans le placard, où personne à part quelques gens sur internet, n’aétaient au courant qu’ils étaient trans, et qui se considéraient comme femmes, et qui parlaient quand même de problématiques féministes. Et je me disais évidemment, à la limite j’aurais pu écouter quelqu’un qui a fait une transition complète, mais déjà ça, ça me paraissent un peu ridicule, qu’on donne la parole à ces gens-là qui n’ont aucune expérience en tant que femme. Et aussi de certaines féministes libérales qui ont tendance à dire “oui alors, le féminisme c’est pour les femmes, et pas pour les hommes”… sauf qu’en fait leur définition des femmes, et bien ça inclut les femmes qui ne sont pas transidentifiées ET les hommes transidentifiés. Mais du coup ça exclut les hommes, y compris les fameux hommes trans… Et j’ai même vu, comme par hasard, des hommes transidentifiés dire que les hommes trans d’une part, étaient aussi misogynes que les hommes cis… qu’il y avait presque aucune différence entre les deux, et surtout qu’ils ne faisaient pas assez d’efforts pour protéger leurs “soeurs trans” on va dire… 

En gros, on reprochait aux transactivistes du coup, qui étaient des femmes transidentifiées, de ne pas en faire assez pour les hommes transidentifiés.

Et ça aussi, ça me titillait, parce que ben nous, encore une fois, les “hommes trans”, on restait des gens qui avaient une expérience de femmes. Et donc il n’y a aucune raison pour soient exclues du féminisme comme ça, encore moins par des gens qui n’ont aucune expérience en tant que femme. Et après, j’ai fini par…  par quitter, déjà, le serveur Discord dont je parlais, parce que l’ambiance est devenue de plus en plus… de plus en plus militante. On a quitté ce côté entraide, ce côté juste entre amis, pour passer à quelque chose de beaucoup plus militant.

Déjà il y avait très peu de personnes non-binaires, très peu de personnes qui traînaient aussi sur les réseaux sociaux, sur twitter pour faire du militantisme.

C’étaient vraiment des personnes lambda. Mais après, il y a eu beaucoup plus de gens militants, de gens non-binaires, des personnes qui utilisaient des néo-pronoms. Par exemple j’ai vu quelqu’un qui utilisait le prenons “ol” et donc, l’administration du serveur n’était pas très fan de ces gens-là. Mais encore une fois, ils se disaient  “bon, on a quand même cette problématique trans en commun, donc il faut être gentils avec elles, donc on ne va pas trop les embêter.” D’ailleurs le serveur a énormément grandi. Le nombre de membres a été multiplié par dix et c’est carrément devenu une association. La nouvelle ambiance, les nouvelles personnes, ne me plaisaient pas, donc je suis partie. Et en plus de ça, j’ai fini par me séparer de mon ex-copine. 

C’était une première étape pour m’éloigner des milieux trans et du transactivisme.

Et après ça, je me disais toujours trans, mais avec cette mentalité que moi j’étais un vrai trans, et que j’avais de la dysphorie, et que le seul moyen de guérir la dysphorie c’était de transitionner. Mais du coup je ne parlais presque plus à des personnes trans. J’avais juste deux-trois amis qui étaient aussi partis du serveur. On parlait un peu de tout et de rien, mais ça s’arrêtait là. 

Donc j’allais presque avoir 18 ans, et je commençais un peu à planifier ma transition. je commençais à chercher des endocrinologues, des psychiatres, pour faire une attestation, vraiment planifier ma transition que j’entamerais pile à 18 ans.

Mais au fur et à mesure, après, quand j’ai eu 18 ans, je suis entrée à la fac. J’ai déménagé, (je vis seule), et en plus à la fac j’avais énormément de travail.

Le fait de gérer à la fois la transition, la charge de travail, le fait de vivre seule dans un appartement, d’avoir à faire son linge, d’avoir à tout nettoyer, à se faire à manger… ça a un peu détourné mon attention.

Et je me focalisais uniquement sur ce qui était vraiment important, sur “travailler, manger et ranger de temps en temps” plutôt que sur le fait de trouver un endocrinologue.  Ca m’a permis un peu d’oublier le malaise que j’avais avec mon corps, parce que j’étais tellement focalisée sur autre chose que je n’avais plus le temps de me prendre la tête sur mon corps, sur toutes ces histoires de genre, etc. 

Et après ce qui m’a fait vraiment sortir définitivement, c’est un ami à moi, un homme qui a été transidentifié dans le passé, quelqu’un de très, très critique par rapport à la transidentité, mais qui au départ ne me l’avait pas dit complètement, qui acceptait quand même de me voir comme un homme, pour pas me blesser. Mais au final, j’ai eu pas mal de discussions avec lui. Moi j’avais un peu cette mentalité, encore une fois de : “je suis pas comme les autres trans, je suis pas comme ces personnes trans-là”.

C’est pas quelque chose qu’il m’a dit à moi, directement, mais qu’il avait dit à quelqu’un d’autre, et qu’il m’a retranscrit. C’est que, en fait, finalement le meilleur moyen de ne pas être comme les autres trans, c’est juste d’arrêter d’être trans. Ca plus … il m’a raconté un peu son expérience avec d’autres hommes trans identifiés qui avaient vraiment des comportements assez choquants. Et ça a fait écho avec des hommes transidentifiés que moi même, j’ai connus et qui avaient ce genre de comportement. Et je me suis vraiment rendu compte que, vraiment tout ça, c’était une arnaque et je vais jusqu’au bout : tout ça n’a aucun sens. Et au final, j’ai fini par me dire, par me poser. Je me souviens de ce jour où j’ai eu cette réflexion dans mon lit, en me disant, au final : « Je suis une femme. J’ai le corps que j’ai. J’ai le sexe que j’ai. J’ai beau  en souffrir des fois, à cause du patriarcat, à cause de la dysmorphophobie,  des troubles alimentaires, du regard des autres, mais au final je reste une femme. Je reste Danielle,  et je n’ai pas besoin de prendre des hormones, de faire de la chirurgie, de faire ces mutilations à mon corps pour être moi-même. »

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société et pour la démocratie ?

Déjà, d’un point de vue purement féministe, parce que c’est un vrai sabotage de tous les progrès qui ont  été faits jusque-là.

Il y a peu de gens qui s’en rendent compte, mais on a, quand même, nous les femmes, été opprimées par les hommes pendant des siècles, voire des millénaires. Et il a fallu énormément de travail, déjà de la part, assez tôt, de proto-féministes, et après, de vrais mouvements féministes pour, déjà, avoir un minimum de droits, et aussi pour déconstruire tous les stéréotypes de genre qui sont utilisés contre les femmes. C’est quand même un travail qui a pris énormément de temps, énormément d’efforts. Tous ces combats pour que, par exemple, les femmes puissent se dire qu’en fait, ce n’est pas grave si elles n’ont pas envie de s’épiler les jambes, pour qu’après il y ait des hommes qui se disent qu’ils ont de « l’euphorie de genre » et que ce sont des femmes, parce qu’ils se sont épilés et qu’ils adorent avoir les jambes nues. Déjà, c’est révoltant de voir qu’il y a tout ce travail de femmes avant nous, de féministes, qui est jeté à la poubelle. Juste parce qu’il y a quelques hommes qui aiment bien s’épiler, mettre des robes. Aussi, d’un autre côté, par rapport aux femmes transidentifiées, que l’on trouve ça  progressiste, et je pense principalement aux femmes qui se disent non binaires, qu’il y a des femmes qui, au lieu de faire face à la misogynie et de s’engager vraiment dans le féminisme, osent affirmer que ce sont  des femmes libres, même si elles ne correspondent pas aux standards de la féminité, qui se disent : « vu que je ne correspond pas aux standards de la féminité, je ne suis pas vraiment une femme ». On considère ça comme quelque chose d’extrêmement progressiste, voire même de très féministe,  et ça n’a vraiment aucun sens. Et c’est une insulte à tout ce travail qui a été fait par les féministes jusque-là.

 Aussi, autre chose que j’ai remarquée, par rapport au vocabulaire utilisé par les trans activistes, c’est que ils se sont approprié,  je dirais même voler, pas mal de choses  d’autres luttes.

Par exemple, le féminisme, la lutte LGB,  la lutte intersexe.

Je pense à des termes comme le «cis-plaining » qui vient évidemment du « mansplaining ».

J’ai vu le « cis gaze » aussi qui signifie  “un regard de cis sur les personnes trans qui serait erroné ou fétichisant”.

La « pride trans »…  là aussi ça vient des LGB,  ils n’ont rien inventé.

Pour le LGB,  ils reprennent le slogan «born this way –  je suis né comme ça ».

Et aussi beaucoup le terme de « thérapie de conversion », comme si le fait de rappeler la réalité biologique à quelqu’un qui se sent mal dans son corps, serait équivalent à du sexisme et à de l’homophobie, et a de l’intégrisme religieux qui viserait à changer l’orientation sexuelle des gens.

Le pire, à mon avis, c’est par rapport aux intersexes. Il faut savoir qu’on dit souvent l’acronyme « LGBTI », ou « LGBTQI »  mais, à ce que je sache, la plupart des intersexes n’ont aucune envie d’avoir quoi que ce soit avec ça. Et ils sont utilisés comme arguments par les trans activistes d’une part pour dire que, le sexe biologique, c’est une construction sociale, et ce n’est pas vraiment binaire. Et d’autre part pour justifier l’existence de la non minorité. Sauf qu’évidemment, ça n’a aucun sens parce que les personnes intersexes  rentre quand même dans une catégorie de sexe mâle, ou femelle, c’est juste qu’ils ont  un trouble du développement. Et ça cause aussi… Les transactivistes parlent beaucoup des intersexes  mais ils n’en savent absolument rien. On peut leur demander s’ils peuvent donner un exemple de syndrome intersection, ils ne pourront probablement pas répondre. Donc il y a vraiment cette appropriation des problèmes qui touchent les femmes, qui touchent les LGB,  les intersexes,  et même les neuro atypiques juste pour leurs intérêts à eux. C’est vraiment  une idéologie extrêmement égocentrique.

Après, par rapport à ce dont je parlais sur la position transmédicaliste,  on pourrait se dire que c’est un peu plus raisonnable, que c’est moins extrémiste et que finalement, ce sont juste des personnes trans qui ont envie de vivre leur vie comme n’importe qui d’autre. 

Mais c’est tout aussi dangereux parce qu’encore une fois, c’est souvent lié à des idées plus conservatrices. Attention, ce n’est pas toujours le cas, il y a aussi des transmédicalistes  qui sont de gauche, mais qui ont cette fameuse idée du cerveau du sexe opposé. 

Quand on y réfléchit plus de 30 secondes,  on se rend vite compte que ça n’a aucun sens parce que, quand bien même on aurait un cerveau du sexe opposé, comment le cerveau peut-il savoir qu’il n’est pas dans le bon sexe, puisqu’il ne sait pas ce que c’est que d’être du sexe opposé ?

Et il y a aussi, dans ces études, des personnes qui ne sont pas du tout transidentifiées, ou qui ne sont pas du tout dysphoriques,  qui ont quand même un cerveau qui se rapproche de celui du sexe opposé. Du coup, est-ce que ces personnes seraient secrètement trans ?  On ne sait pas.

Et aussi, les transmédicalistes  ont tendance à mettre beaucoup en avant leur apparence, c’est-à-dire : « Oui, moi je ressemble à une femme, ou je ressemble à un homme, et j’ai fait énormément d’efforts pour ressembler à ça, du coup on DOIT me traiter, au moins un peu, comme le sexe opposé ».

Et à cela, j’ai envie de dire : « Et on en fait quoi, des personnes non transidentifiées, qui ont une apparence  androgyne ? Est-ce que eux, on devrait les traiter comme du sexe opposé, juste en se basant sur ce critère visuel ou esthétique ? »

 Donc au final, comme je l’ai déjà dit, c’est juste la même chose, emballé de la même façon, juste un petit peu moins extrémiste, un peu plus digeste on va dire.

Après, ça m’amène à mon prochain point, qui est qu’ils présentent la transition comme l’unique façon de traiter la dysphorie de genre, et particulièrement les transmédicalistes, d’ailleurs. 

Et pour moi, en plus d’un problème féministe, c’est un vrai problème de santé publique. 

Parce que d’un point de vue santé physique, vis-à-vis des traitements hormonaux de substitution que prennent les personnes trans, ce que j’ai remarqué c’est que, vraiment, la plupart des gens s’imaginent que les hormones sexuelles, ça sert juste à faire joli, en fait.  Que ça sert pour les caractéristiques sexuelles secondaires  et pour la reproduction. Ça s’arrête là. 

Sauf que ce n’est pas vrai. Les œstrogènes, la progestérone, la testostérone, ont des effets sur énormément de systèmes dans le corps, que ce soient les muscles, les os, le système cardio-vasculaire, la thyroïde, même l’humeur.  

Donc ça veut dire que si on féminise avec ses hormones sexuelles, on risque de toucher ces autres systèmes dans le corps. Et pour ça, par exemple, que les pilules contraceptives peuvent causer des thromboses, ou des problèmes cardio-vasculaires, justement. Parce qu’il y a tout un rôle physiologique aux hormones, qui est totalement ignoré par le trans activisme, qui a tendance à dire que les traitements hormonaux sont totalement anodins. 

J’ai vu beaucoup de personnes critiques du genre dire qu’on n’a pas d’études à long terme sur les effets du traitement hormonal, spécifiquement pour les femmes trans identifiées, à base de testostérone. C’est vrai. 

Par contre ce n’est pas quelque chose de totalement inconnu, puisqu’on connaît d’une part, les effets des taux de testostérone  élevés chez les femmes, dans le cas des syndromes des ovaires polykystiques, et aussi, dans une moindre mesure, pour les femmes qui prennent de la testostérone pour se doper, pour la musculation. Et on sait que ça a, à terme, des effets assez désastreux. Je ne vais pas tout citer, il y a par exemple des effets cardio-vasculaires, et ça peut aussi causer de gros problèmes au niveau du métabolisme, voire même empirer un diabète déjà existant, ou causer un diabète.  

Après, pour les bloqueurs de puberté, évidemment il y a déjà  la question de médicaliser les enfants, mais surtout c’est présenté comme quelque chose de totalement réversible et anodin, alors que ça ne l’est clairement pas. Il y a énormément de personnes  qui ont utilisé des bloqueurs de puberté, alors même qu’elles en avaient besoin physiologiquement, qui ont eu des effets secondaires après, plus tard dans leur vie. Après, au-delà de la santé physique, il y a la santé mentale. Ce que j’avais dit dans mon parcours, c’est que j’utilisais le terme de dysphorie, et la trans identité, pour mettre sous le tapis tout un tas d’autres problèmes. Et c’est vrai pour énormément d’autres personnes qui se disent trans.  Vraiment, leur dysphorie, en général, ça vient déjà de sexisme et d’homophobie intériorisée, mais il y a aussi : autisme, troubles de l’attention, dépression, troubles du comportement alimentaire, traumatismes, dysmorphophobie,  et même certains troubles psychotiques, comme la schizophrénie dans certains cas.

Et donc, au lieu d’aller explorer les véritables raisons qui mènent au mal-être chez ces personnes, on va leur dire : « en fait vous êtes trans,  ce que vous avez ça s’appelle de la dysphorie, et le seul moyen de s’en sortir, c’est de faire une transition médicale.» 

Évidemment, c’est dangereux, d’abord à cause des effets de la transition médicale, d’un point de vue purement physiologique. Mais aussi d’un point de vue psychologique,  parce qu’après, à force de vouloir mettre sous le tapis tous ces problèmes, ça va finir par ressortir, et devenir encore plus dérangeant. 

Par rapport aux statistiques de suicide chez les personnes trans,  je ne vais pas du tout nier que  ses statistiques sont élevées, mais à mon avis je pense que ce n’est pas tant à cause de la dysphorie en elle-même, mais justement parce que, à cause de cette étiquette de dysphorie, de la transidentité, ces personnes ignorent d’autres problèmes de santé mentale, jusqu’à ce que ça soit trop tard.

RDG –  J’avais une question à te poser. Tu me dis si tu veux y répondre ou pas, parce qu’elle n’est pas préparée. Moi, ce qui m’intéresse, c’est la question suivante : vu que tu as évolué dans la communauté transactiviste, et transidentitaire,  qu’est-ce qui a fait que tu es allé vers les RadFems à un moment donné,  parce que je sais qu’on a une très, très mauvaise réputation. Est-ce que tu as eu peur de nous ? Qu’est-ce qui a fait que tu as osé venir vers nous pour faire ce témoignage ?

Danielle –  Déjà, c’était plus ou moins grâce à mon ex copine, qui comme je l’avais dit, partageait certaines idées avec les RadFems,  et c’était d’ailleurs quelque chose de totalement assumé.

Aussi, les RadFems ont beau avoir mauvaise réputation, je ne connais  aucun autre mouvement, aucun groupe de personnes, qui parle de problématiques qui m’ont touchée.  Il y a très peu de personnes, autres que des conservateurs (qui détestent les personnes trans juste parce qu’elles sont différentes), qui parlent de la transidentité.

Aussi, je n’ai vu aussi personne d’autre dénoncer, (ça n’a rien à voir), tous les problèmes liés à ce que les féministes libérales appellent le « travail du sexe » : la prostitution, la pornographie, etc.

 Et aussi, de manière générale, vraiment, lire pour de vrai la théorie RadFem, au lieu de se fier à cette image que ce sont juste des hystériques qui détestent les hommes, et rien d’autre, ça a été vachement libérateur. 

C’est ça qui m’a vraiment permis de me dire : « ce n’est pas si horrible d’être une femme, et ce qui rend ça désagréable, c’est juste le patriarcat, c’est juste les hommes. Et ce n’est pas de ma faute. Ce n’est jamais la faute des femmes. »  Surtout, le plus important, ça m’a appris à ne pas me laisser faire. A apprendre à me détacher de toutes ces idées qui m’enfermaient dans une vision de moi, en tant que femme, encore une fois, en tant que “autre chose qu’un homme, et rien de plus que ça”.

RDG –  Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner aujourd’hui ? Et pourquoi le fais-tu de façon anonyme ? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces ? Est-ce que tu as senti des dangers dans ton entourage personnel ou professionnel, pour toi tes proches ? Ou est-ce que tu te sais en sécurité pour parler librement ?

Danielle –  Déjà, si je suis anonyme, c’est parce que je ne suis pas quelqu’un qui a vraiment une activité militante publiquement. Ce podcast, c’est un peu le premier vrai acte militant que je fais. Sinon, à part ça, sur les réseaux sociaux, je ne fais pas grand-chose à part poster des photos de mon chat. 

D’autre part, je n’ai pas vraiment reçu de menace en soi, mais j’ai déjà vu des gens, dans les communautés trans, parler de moi. Déjà même quand j’étais trans, on me traitait déjà de TERF,  c’est incroyable ! Je ne suis pas sûr qu’il y ait quelqu’un, qui me connaissait avant, en tant que trans, qui écoute ce podcast, mais bon. Il y a une petite chance que ça arrive et que, si je dis mon prénom, on sache qui je suis.

Et là encore, à partir de là, il n’y a pas de certitude que ça ait des conséquences pour moi, mais je sais qu’il y a énormément de personnes qui ont été harcelées.  

Dans le cas de JK Rowling  par exemple, ils sont allés jusqu’à prendre des photos devant sa maison, des menaces de viol et de mort sans finir.

Ils pourraient contacter l’université.  Il y a une petite chance que ça arrive. Mais s’ils se décident à faire quelque chose contre moi, ça va vraiment être assez mauvais pour moi.

Après, quand même, je me sens plus en sécurité qu’avant, maintenant que j’ai un peu plus confiance en moi, en termes de mes positions critiques du genre,  mais je préfère prendre mes précautions au maximum parce que je sais que certains transactivistes sont capables, vraiment, de pourrir la vie.

RDG –  As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marqué concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Danielle –  Bon déjà, ce qui m’a marquée, c’est certain comportement de la part d’hommes transidentifiés qui sont totalement pardonnés, puisque ce sont des… ben des hommes transidentifiés ! S’ils ne se disaient pas trans, il n’y aurait pas ça, je pense. 

Je me souviens, quand j’étais arrivée sur le serveur, j’avais 15 ans. J’étais en vocal avec des personnes… donc des hommes de 30 ans… qui parlaient librement de sexualité et de BDSM, comme s’il n’y avait aucun souci,  il y a quelqu’un de mineur, mais bon on n’y fait pas attention !

Il y a quelqu’un, un membre de confiance dans ce fameux serveur,  qui était un peu considéré comme « la doyenne du serveur », donc quelqu’un de respecté, qui a été pris en train de faire des « cams »  avec des mineurs, plus qui ferait partie d’un cercle pédopornographique !

Et enfin, il y aurait aussi de personnes du serveur, un homme et une femme, tous les deux transidentifiés,  qui ont été agressés pendant une soirée par d’autres hommes transidentifiés,  et là aussi,… ça a quand même été condamné par pas mal de personnes trans que je connaissais, et heureusement, mais… quand même, il y avait un peu cette réticence à parler du comportement de ces personnes, juste sous prétexte que c’était des « femmes trans » !

Et en plus de ça, sur le serveur où j’étais, il y avait certaines personnes qui faisaient carrément du trafic d’ordonnance :

c’est-à-dire qu’elles allaient souvent voir des endocrinologues qui n’avaient jamais vu de personnes trans de leur vie, et qui ne savaient pas ce que c’était qu’un traitement hormonal de substitution pour les  personnes trans.  Mais du coup, ils considéraient que la dose qui leur était prescrite n’était pas la bonne, et donc ils s’amusaient à utiliser Photoshop pour modifier leurs ordonnances. Et aussi, d’autres personnes faisaient des ordonnances en double, alors que c’est totalement interdit, pour se faire un stock de testostérone, parce qu’il y a souvent des ruptures de stocks pour l’Androtardyl,  le produit à base de testostérone qui est utilisée pour les femmes transidentifiées en France.

Et là aussi, c’est pardonné. C’est illégal, mais c’est pardonné. Encore une fois, juste parce que c’est pour les trans, et puis voilà.

RDG –  Est-ce que tu as quelque chose à ajouter par rapport à ça, ou un autre point que tu voudrais aborder?

Danielle –  Déjà, je tiens quand même à remercier les Rebelles du Genre,  parce que c’est très rare, dans les milieux francophones, qu’on parle de ce genre de problématique, et qu’on donne la parole à des gens comme moi. 

Je ne me serais jamais imaginée en train de parler sur ce podcast, parce que je me disais que personne n’irait écouter. 

Et aussi, vraiment, s’il y a une jeune fille qui a à peu près mon âge, qui m’écoute et qui a vécu quelque chose de similaire, qui ressent de la dysphorie, j’ai vraiment envie de dire qu’il ne faut pas avoir peur de s’éloigner de ces milieux, et même s’éloigner des réseaux sociaux, si vraiment ça a un gros impact sur la santé mentale. Et il ne faut pas avoir peur, surtout, d’être une femme, d’oser être une femme, oser exister, de dire non aux violences patriarcales, de dire non aux hommes, qu’ils soient trans identifiés ou pas.

Et aussi, ne pas avoir peur d’être sorore,  de parler des femmes. Parce qu’au final, on a beau parler des problèmes trans, mais ce qui compte  le plus, en tant que féministe,  c’est de parler des femmes.

Donc vraiment, il ne faut pas avoir honte, il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas se dire que ça nous rend hystériques de vouloir la paix, de ne pas vouloir qu’on soit embêtées par les hommes,  de se réunir entre femmes et de se battre… de se battre pour nous.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basées sur le sexe.

http://www.womensdeclaration.com

À bientôt pour un nouveau témoignage de Rebelles du genre.

Rebelles du genre – Épisode 28 – Kate

« Je voulais exprimer mes opinions parce que je ne voulais pas mentir.

Mais au Royaume-Uni, si on exprime qu’on est critique du genre, ça peut être vraiment dangereux : pour le travail, pour sa sécurité, pour sa vie.

On est obligés de se conformer à cette idéologie.

Kate – Je m’appelle Kate, j’ai 22 ans, j’habite actuellement à Bordeaux pour faire mon année étrangère mais je viens du Royaume Uni.

Je suis étudiante.

Il y a quelque chose, au fil des années… quand j’ai entendu pour la première fois l’idée d’être transgenre, je pensais que c’était juste : j’avais de la  sympathie pour eux et je pensais que c’était réel, que c’était possible d’être une femme dans le corps d’un homme par exemple. Je pensais que c’était quelque chose qui avait commencé dans l’enfance …et que ce n’était pas quelque chose qui était poussé sur les enfants par les parents.

Maintenant je pense que ça, c’est la vérité.

Eh oui j’ai trouvé le concept d’être transgenre quand j’avais envion 13 ans. J’ai regardé des vidéos et des documentaires créés dans les États Unis, de Jazz Jennings, un garçon qui a été considéré comme fille par ses parents parce qu’il aimait des choses typiquements féminines, comme des jupes, la couleur rose… et ils ont dit : 

« Oui notre fils, c’est maintenant une fille, et ça va être comme ça pendant toute sa vie. C’est ça !»

Et là j’ai trouvé ça et je pensais que c’était normal.

Alors je continuais ma vie, comme d’habitude…

Après quelques années, j’ai commencé à penser d’une autre manière. Je me suis rendu compte qu’ il est devenu une idéologie et j’ai commencé à voir des drapeaux rainbow partout.

J’ai remarqué un jour dans mon école, j’avais environ 16 ans, j’ai entendu une voix mâle dans les toilettes. Je me suis sentie immédiatement inconfortable. Je pensais que c’était pas possible, « il n’y a pas un homme dans les toilettes ! ».

J’étais gênée, quoi.

Je suis sortie des toilettes, je me suis lavé les mains, et j’ai vu à côté de moi… c’était, ben c’était un homme mais dans une jupe ! Il avait des cheveux longs. Il a souri à moi et il a dit « bonjour » comme si c’était normal.

Et j’étais un peu choquée !

Voilà c’est ce jour-là que je me suis rendu compte qu’en fait nos espaces « femelles/female » n’étaient plus « femelles/female ».

Et les toilettes de l’école, pour moi, étaient le seul endroit où on pouvait échapper aux hommes, aux garçons.  C’était des espaces où on pouvait être seule et seulement avec ses amies.

Pendant les années scolaires, on est généralement très inconfortable, comme fille. Nos corps changent, c’est la période de la puberté et je me souviens que j’étais vraiment, vraiment pas contente de mon corps.

Alors, voir un homme, un garçon dans les toilettes ! Il y avait quelque chose qui ne me semblait pas correct avec ça. Et voilà.

Après ça, j’ai commencé à regarder des vidéos sur YouTube de Kelly Jay, qui est  une rebelle du genre qui fait des vidéos en direct, des live sur YouTube presque chaque jour.  Elle était contre, absolument contre l’idée de transgenre.

Elle exprimait que c’était absolument impossible de changer de genre. Et je pensais à l’époque que c’était un peu extrême. Parce que je n’avais jamais entendu quelqu’un dire que c’était impossible. Je pensais que c’était possible, parce que c’était une « condition médicale ». Mais elle disait : « non, c’est juste une autre manière pour les hommes de pénétrer nos espaces. Et c’est une autre forme de sexisme ». Et en fait, je me suis rendu compte que j’étais d’accord avec elle.

J’ai regardé aussi des vidéos de Meghan Murphy  qui a dit une phrase qui est restée en moi, c’est : « Man did not create woman », « l’homme n’a pas créé la femme ».

À l’université, l’idéologie était plus présente.

J’ai tenté de suggérer à mes amis que « Les trans gens, ça peut être possible, je suis ouverte à n’importe quoi, vraiment je suis jeune, je ne sais pas ce qui est absolument vrai ou absolument faux, et donc je suis ouverte, si je peux être convaincue, si c’est possible d’être une femme dans le corps d’un homme. Si quelqu’un peut me dire que c’est possible, peut-être que je vais y repenser. Mais pour l’instant,… »

Je voulais exprimer à mes amis les opinions parce que je ne voulais pas mentir. Je sentais que c’était un mensonge de dire que c’est vrai d’être transgenre.  Il y avait des gens autour de moi qui utilisaient le pronom « elle » pour un homme qui était à côté de moi. Et ce n’était pas correct pour moi. Alors j’ai dit des choses comme : « ah… mais… ahah…  il a une barbe… mais il ne ressemble pas une femme… ahah. »  c’était comme une blague. J’ai essayé de plaisanter un peu, quoi.

 Mais ils ont dit : « non non non non, le pronom, c’est elle. C’est comme ça, tu n’as pas le choix. »

À cette époque, j’ai remarqué que c’était partout. Je n’avais pas raison dans cette culture.

Pendant cette période, il y a eu quelques  événements qui m’ont confirmé que ce n’était pas logique, cette idéologie.  

J’étais dans une boîte de nuit et une femme était à côté de la porte. Je pense qu’elle était là pour vérifier le bien-être des femmes, je crois, dans les toilettes.  Mais elle n’a pas remarqué qu’il y avait un homme qui utilisait les toilettes pour les femmes. J’étais dans les toilettes, l’homme était là, et il a pointé  ma poitrine, et  il y a dit « Oh… j’aime, j’aime… Tes vêtements, j’aime … ton T-shirt… »

J’ai été immédiatement inconfortable, bien sûr. Et j’ai dit : « oh, c’est les toilettes pour les femmes, ici ». Et il a dit : « oh, je suis trans ! »  C’est tout. Il n’a pas dit : «désolé ». Il était fier d’être « trans ».

J’ai raconté cette histoire à mon ex, et pendant notre rupture, il a dit : « tu es transphobe  parce que tu te sentais inconfortable qu’un homme dise qu’il aime ton T-shirt dans les toilettes. Et tu n’as pas dit merci, tu as dit que c’était des toilettes pour les femmes. Tu es une terf ! Il a dit : « tu es hétérosexuelle,  tu ne comprends pas les souffrances de la communauté LGBT. »  Et voilà.

Après ça, j’ai pris une pause. Ça suffisait pour moi, pour ma santé mentale, c’était mieux de me distancer de ça.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Kate –  Je pense que c’est assez logique que les femmes disposent de leurs propres espaces, juste pour elles. Parce que si on n’a pas ça, notre sécurité est inexistante. Comme je l’ai dit, les toilettes sont les seuls endroits où les femmes et les filles peuvent s’échapper des hommes. Et je crois que c’est sacré. Et tout au long de l’histoire, les femmes ont également lutté pour avoir le droit d’avoir leurs propres catégories de sports, et maintenant ça ne sert plus à rien parce qu’il y a des mâles dans les compétitions. On a même plus à, maintenant. C’est vraiment inutile d’avoir des catégories de sports qui sont mélangés comme ça. Et nos réussites, nos succès, ne sont pas les nôtres.

Et c’est une insulte de dire que si on ressemble à une image stéréotypée d’une femme, on est une femme. Ça perpétue des stéréotypes sexistes.

Avant cette période  de la croissance de cette idéologie, je pensais qu’on était arrivé à un point où, sur le plan du sexisme, c’était beaucoup mieux. Il y avait moins de stéréotypes, tout le monde pouvait porter n’importe quoi comme vêtement.  Mais maintenant, je vois plus de stéréotypes dans les vêtements des femmes. Et aussi, c’est à cause de gens comme les « dragsters », ça pousse l’idée que les femmes, c’est juste un personnage,  et ce ne sont pas des humains.

J’ai remarqué la même chose à l’université où  j’étudie maintenant, mais au Royaume-Uni il n’existe pas de toilettes juste pour les femmes, et je ne sais pas si c’est une loi, mais on n’est pas obligés d’avoir des espaces juste pour les femmes. Je n’ai pas vu des espaces comme cela.

J’ai l’impression qu’en Écosse il y a des mouvements où on doit utiliser les pronoms corrects dans les espaces de travail, à l’université.

Dans les entreprises  en particulier, au  Royaume-Uni, souvent on est obligés, ou on est un peu forcés, de mettre ses pronoms à la fin des e-mails, chose que je n’ai pas remarquée ici.

J’ai juste l’impression que c’est plus présent au Royaume-Uni, qu’on a des mouvements dans les universités très très agressifs. Il y avait une femme qui a été harcelée. Elle s’appelle Kathleen  Stock. Elle a été harcelée par ses étudiants parce qu’elle a exprimé ses idées sur le sexe, et le fait que le sexe n’est pas le genre. Qu’on ne peut pas changer le sexe. Elle a quitté son travail à cause des agressions de ses étudiants. Il y a aussi des gens qui ont été renvoyés de leur travail parce qu’ils ont exprimé qu’ils étaient critiques du genre. Alors que ce n’est pas acceptable d’être critique du genre  Royaume uni,  vraiment pas. C’est un risque pour le travail, et pour toutes les choses, vraiment. On n’est pas en sécurité si on exprime que les femmes sont des femelles.

RDG –  Donc là, tu témoignes de façon anonyme, est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, as-tu ressenti un danger ou est-ce que tu te sentirais en sécurité pour parler librement à ce sujet ?

Kate –  j’utilise un pseudonyme, parce que même si ce n’est pas probable que mes amis écoutent ce podcast, je ne veux pas le risquer, parce qu’au Royaume-Uni, si on exprime qu’on est critique du genre, ça peut être vraiment dangereux pour le travail, pour sa sécurité, pour sa vie. On est obligés de se conformer à cette idéologie.

Dans beaucoup d’entreprises, il y a une politique de « tolérance » : on doit finir les e-mails avec ses pronoms, c’est vraiment obligatoire dans beaucoup d’entreprises. Par exemple cette femme qui s’appelle Kathleen Stock, professeur de philosophie, a été harcelée par ses étudiants pour avoir exprimé ses avis. Elle a quitté son travail à cause de ça.

RDG –  As-tu quelque chose à ajouter ?

Je pense que le concept d’être

« non binaire »  c’est régressif.

Parce que c’est que les femmes peuvent porter n’importe quoi et avoir une apparence pas typiquement féminine. C’est absolument fou, pour moi, en fait. Je sens que c’est triste de dire qu’on n’a pas un pronom qui est fidèle à la vérité. Être non binaire, c’est donner une identité, comment dire, c’est vraiment complexe…  Si on est… si on s’appelle « elle », si on dit « she » on doit se conformer à tous les stéréotypes pour dire qu’on est non binaire.  Ça veut dire « je suis mieux que les autres  femmes qui se conforment aux stéréotypes ».  ça veut dire que si on est lesbienne, par exemple, on n’est pas vraiment une femme. Si on aime les hommes, il y a aussi des stéréotypes qui vont avec ça.  Et ça restreint les femmes, et ça n’est pas nécessaire ! C’est vraiment inutile de s’appeler non binaire. On doit être juste soi-même ! C’est le but du féminisme,  être soi-même sans les restrictions du genre. Ça arrête la cause. Le mouvement de créer une autre catégorie ça prend la parole, ça prend l’espace, et ça ne sert à rien, vraiment.

RDG –  C’est vrai que ce point de vue sur la non binarité, on ne l’a encore jamais développé, mais c’est vrai : dire qu’on est non binaire, c’est une façon de se rendre un peu intéressante, c’est ultra nombriliste,  comme si on pouvait être à 100 %, cocher toutes les cases du genre ! Ou alors ça voudrait dire que toutes les femmes qui ne disent pas qu’elles sont non binaires c’est vraiment… elles adorent être opprimées, quoi ! C’est complètement fou quand tu y penses. C’est hallucinant.

Kate –  C’est vraiment complexe. C’est pour ça que je ne peux pas penser à ce mot, parce que c’est une idée nouvelle, et c’est juste fou.

RDG –  Oui, mais en réalité, quand une femme annonce qu’elle est binaire, c’est… si tu es non binaire, ça veut dire que, logiquement, tu ne te conformes à rien.  Mais regarde, comment s’appelle-t-elle, l’actrice… Ellen Page, non-binaire … derrière : double mastectomie, la testostérone, etc. Donc en fait elle n’est pas du tout non binaire.

–   Non, elle est devenue « homme trans » !

–   Oui, mais elle a fait un coming out non binaire !

–   De toute façon, oui. Il y a beaucoup de FtoM  qui sont non binaires, au début.

–   Oui mais ça, c’est juste une façon de se rendre intéressante, quoi ! C’est juste un truc : « Je suis non binaire, les meufs…  Mais je me fais quand même couper les seins ! »

–   Mais il y a une telle haine, une telle culture de la haine,  contre les femmes dites « cisgenre » qu’en fait, si toi  tu ne dis pas, par exemple, que tu es queer…  bien en gros, tu es une « sale cisgenre »… il y a aussi ça, dans le milieu. Je pense que c’est pour ça qu’il y a beaucoup de femmes qui font des coming out dans le milieu queer.

–   C’est ce qu’elle  a expliqué, Esther, d’ailleurs, dans le témoignage. C’est vraiment ça, qu’elle raconte. C’est qu’enfin, tu deviens… tu rentres dans un groupe d’opprimés, et donc tu deviens un peu intéressante.

–   C’est ça, et puis surtout, on arrête de te dire que tu n’es qu’une sale merde, en fait.  Parce qu’il y a tellement d’insultes contre les femmes dites « cis », c’est ouf.

–   Oui,  c’est misogyne.

–   Oui, voilà, c’est très misogyne. Il y en a, c’est vraiment pour échapper à la misogynie.

Kate –  J’espère que ça va être utile et que j’ai donné une perspective un peu différente. Est-ce que vous sentez que c’est plus commun d’être une rebelle du genre en France ?  parce que je ne connais personne en Angleterre !

RDG –  Et bien en fait, on n’est pas très nombreuses, non plus. Et surtout, on est très isolées. Ce qu’on fait avec ce podcast, c’est justement qu’on fait prendre conscience aux femmes qu’en réalité, on est nombreuses. On a beau être isolées, on existe, on est nombreuses.  

Je trouve qu’on a eu un énorme cadeau qui nous a été fait, mais vraiment énorme : c’est Marguerite Stern qui a créé les collages, et ensuite, en mettant les pieds dans le plat sur la question du genre, et en créant l’Amazone, qui est officiellement critique du genre (c’est marqué dans le manifeste, c’est dit : on est critique du genre). Et donc là, je dirais (je suis colleuse, au fait, tu as compris)…  tu sais ce que c’est, les colleuses ? L’Amazone ?

Kate – Non ?

RDG –  C’est les collages, dans les rues. Les collages contre les féminicides, etc.  Ce sont des femmes qui collent la nuit dans les rues des messages féministes sur les murs.

Kate –  C’est pas vraiment lié, mais j’ai vu aujourd’hui, est-ce que vous avez vu, c’était un spectacle près de la tour Eiffel aujourd’hui avec des femmes qui ont peint le drapeau ukrainien sur leur poitrine, mais sans vêtements.

RDG –  Les Femen ? À moins que ce ne soit l’Amazone ? C’est l’Amazone ou les Femen ? Attends je vais regarder, ne bouge pas… C’est les Femen ! Cool

Kate –   Est-ce que vous pensez que ça, c’est féministe ?

RDG –  Alors oui, tout à fait. C’est complètement féministe. 

Alors pourquoi ces femmes manifestent-elles seins nus ? C’est pour dire : en fait, nos seins  ne sont sexualisés que parce que vous les regardez avec vos yeux dégueulasses. Mais nos sens, c’est juste notre corps, et on fait ce qu’on veut avec. Le message des Femen, c’est clairement ça. Donc le  regard qu’on porte sur les seins des femmes,  qui sont toujours soient trop gros, soit trop petit, soit machin, doivent être caché, doivent être pour allaiter, doivent être pour le sexe… non ! En fait, nos seins, c’est notre corps. Et il nous appartient. Donc c’est une façon de montrer notamment les inégalités de traitement entre les femmes et les hommes, puisque les hommes peuvent se promener torse nu, et pas les femmes. Or, c’est seulement dans la tête des hommes, cette histoire de sexualité avec les seins.  Donc voilà. Et toi, tu penses quoi ? Tu avais déjà réfléchi à ça ?

Kate –  Oui, et je ne sais pas. Parce que les seins sont trop utilisés, juste en général, dans l’art, partout. Et c’est… parfois c’est pas trop utile. Et je ne sais pas si c’est vraiment utile dans ce contexte, avec l’Ukraine, parce que Poutine, il va rigoler, en fait !

RDG –  Un truc que tu ignores peut-être, c’est que l’histoire des FEMEN, c’est un mouvement féministe qui est mondial maintenant, mais les deux premières FEMEN elles sont ukrainiennes. Elles ont démarré en Ukraine. Et les premières actions des FEMEN ont eu lieu contre Poutine, et contre l’Église orthodoxe. Et ensuite elles sont venues en France, comme réfugiées politiques, et elles ont eu l’asile politique. C’est des ukrainiennes au départ. Le mouvement a démarré en Ukraine.  Et notamment anti Poutine. Donc c’est une histoire longue. Et elles ont eu le statut de réfugié politique. En France, elles sont réfugiées politiques. Voilà.

Et moi, je me suis posé ces questions, celles que tu te poses aussi, je suis allée lire leur site. Le site des FEMEN. Leur histoire, le manifeste. Et notamment : pourquoi les seins ?  Et je trouve que c’est vraiment… moi en tout cas, elles m’ont vraiment convaincue. C’est vrai que j’avais un peu cette approche, un peu ambivalente, par rapport au fait de manifester de cette façon-là,  et elles ont raison de, comment dire, de mettre le doigt là où ça fait mal. C’est-à-dire que nos corps de femme, on n’a pas à les cacher, quoi. On vit avec. Et je ne sais pas, pour toi, mais moi, regarde : tu vois, je porte un soutien-gorge.  Je vais retirer mon soutien-gorge, ce soir. Là, tu vois la marque là ? Ça, c’est la marque que toutes les femmes ont sur leur corps aujourd’hui. Tu vois ?

–   Pas moi (haha), parce que moi je n’en porte plus !

Ce que je veux dire, c’est que cette nécessité de maîtriser notre corps, de cacher notre corps, etc.… nous entrave littéralement.  Un soutien-gorge, c’est une entrave, littéralement. (Bravo, Camille ! Ou plutôt brava)

En tous les cas, moi j’admire vraiment beaucoup. Et après, je pense aussi que les FEMEN ont une place dans l’histoire du féminisme, parce qu’elles sont au bout du bout. Et l’Amazone, aujourd’hui, c’est leur petite sœur, et j’en fais partie.  Elles vont plus loin que ne vont les mouvements mainstream,  et c’est grâce à ces féministes qui sont, qui vont jusqu’au bout de leurs idées, que l’ensemble du bateau avance. Elles nous montrent la direction, en fait. Elles ont leur place !

Ça ne veut pas dire que toutes les femmes doivent manifester de cette façon-là. Mais si elles, elles le font, ça nous permet effectivement de poser la question de l’hypersexualisation, du fait que « pourquoi  les hommes pourraient se promener torse nu dans la rue et pas les femmes ? », « pourquoi est-ce qu’on oblige les femmes et les filles à avoir telle ou telle forme de vêtements, tout le temps ? », «  Pourquoi est-ce que nos corps, notre façon de nous vêtir, sont tellement normés, alors que passent les garçons ? », Etc.

Ce sont des questions vraiment intéressantes et qui sont au cœur de la pensée féministe. Voilà.

Kate –  Je vais chercher. C’est quoi le nom de ce groupe ?

RDG – FEMEN. F E M E N

Kate – Femen.  OK. Je vais chercher un peu plus.

RDG –  C’est pour ça que c’est très symbolique qu’elles aient manifesté aujourd’hui, justement par rapport à l’Ukraine. Parce que leurs fondatrices sont ukrainiennes.

Oui c’est ça. Et en plus, derrière, il y a toute l’histoire du mouvement,  qui est cohérente avec cette action d’aujourd’hui.

Parce que ce sont et des féministes, et des anti régimes autoritaires, et bien sûr contre la guerre.

Donc il y a tout qui est dedans.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe www.womensdeclaration.com

Rebelles du genre – Épisode 27 – Laurine

« J’ai 16 ans.

Je suis féministe, je suis bisexuelle.

Ça va être difficile de trouver un espace pour moi. »

Laurine, rebelle du genre

Laurine – Je m’appelle Laurine, j’ai 16 ans, je suis bisexuelle, je fais de la danse depuis mes quatre ans et du théâtre depuis quatre ans. Je fais partie d’un comité « Jeunesse et Avenir » et de lutte contre le harcèlement. En fait, c’est un engagement citoyen dans la ville pour les jeunes des alentours, donc de province. La lutte contre le harcèlement, parce que dans ce comité, nous avons tous et toutes été harcelés auparavant, donc c’est quelque chose qui nous touche beaucoup.

Sinon, je suis féministe depuis que j’ai appris ce mot, et féministe radicale depuis un an et demi environ.

Je suis lycéenne. 

Moi, je suis critique du genre depuis… depuis toujours, à peu près ! 

Parce que quand j’étais petite, je me souviens, à cinq ans, j’étais déjà vent debout contre, par exemple, les magazines pour Noël : les filles, garçons, les deux catégories. 

Je savais déjà que c’était sexiste, quand je voyais par exemple, la petite dînette du côté des filles. Je me souviens avoir dit –je me souviens, oui, je me souviens, en plus ! – avoir dit à ma mère, comme quoi c’était du «racisme anti fille». Je ne connaissais pas le mot sexisme, mais j’avais déjà compris confusément que mettre la dînette du côté des filles, c’était du sexisme ! Et de façon générale, je n’ai jamais eu de problème à l’idée qu’un garçon, un homme, puisse porter une jupe. Vraiment, ça me paraissait bizarre, ces codes vestimentaires.

 Donc voilà. Et puis j’ai toujours de façon générale eu des idées féministes, même si je ne sais pas vraiment d’où ça vient, parce qu’on ne peut pas dire que j’ai vraiment un entourage très féministe, mais des fois j’avais quand même… disons que je me faisais un peu rattraper par le côté rétrograde…. 

Par exemple, j’avais déjà compris qu’être traitée de fille, de fillette, c’était quelque chose de mauvais, mais je ne savais pas pourquoi, et finalement j’en étais venue à la conclusion que c’était peut-être parce que c’était… finalement, oui : plus insultant !

Ensuite, il faut savoir que j’ai toujours… Enfin, à l’époque, j’étais assez masculine. Je n’étais pas du type « garçon manqué » non plus. Mais voilà, j’étais quand même plus masculine que la moyenne de la classe.

Ensuite, vers mes 11 ans, quand j’ai commencé à fréquenter les réseaux sociaux, j’ai enfin découvert le féminisme à proprement parler, et c’est là où j’ai commencé à naviguer, en fait, sur Wikipédia pour l’histoire du féminisme, etc.

J’ai suivi sur les réseaux sociaux des comptes un peu « phares », on va dire ça comme ça, du type « Osez le Féminisme », NousToutes, Madmoizelle… (Mon Dieu !) ou encore  des figures telles que Dora Moutot, ou encore Marguerite Stern, parce que j’avais entendu leurs prénoms, bizarrement. Je dis bizarrement, parce que je sais que ce n’est pas un truc très courant pour une jeune féministe de 16 ans, mais j’ai lu des ouvrages féministes.  J’avais lu, par exemple, « beauté fatale », de Mona Chollet,  je crois. J’aime beaucoup le format livre, en fait.

Et voilà : de façon générale, je me suis un peu éduquée. 

Sur la culture du viol, sur l’importance du consentement, sur les violences systémiques, sur la notion de féminicide… sur le sexisme ordinaire aussi, finalement.

C’est là où j’ai commencé à être assez révoltée à l’idée de… enfin… face aux choses que je voyais autour de moi en permanence.

Il faut dire que, en effet, mes parents ne sont pas sexistes, mais ils véhiculent aussi parfois un peu des stéréotypes au désavantage des femmes. Et c’est vrai que dans mes classes, les garçons ont toujours été, pour le coup, incroyablement misogynes, si bien même que je me demande comment ils ont été éduqués. Je suis très mal tombée, à chaque fois : c’est se moquer des filles, c’est  généraliser sur toutes les filles, mais aussi le Not All Men, cracher sur le féminisme,  nier la réalité des inégalités salariales. C’est vraiment presque, oui, violenter les filles sous couvert d’humour, c’est faire des blagues sur le porno et puis la prostitution, comme je vais y revenir après.

Et puis aussi j’ai une meilleure amie – c’est toujours ma meilleure amie d’ailleurs, à l’heure actuelle – qui a fréquenté un garçon pendant deux ans, qui l’a violentée  physiquement, et qu’il a obligée à faire des choses qu’elle ne voulait pas faire. Ça s’appelle des viols. Vraiment, elle en a énormément souffert, et finalement, je pense que ça l’a vraiment traumatisée. Et moi ça m’a vraiment fait ouvrir les yeux sur le fait que finalement, les violences conjugales, elles étaient assez proches de nous en fait. Bref.

Du coup, il y a eu comme une séparation  entre moi, qui étais assez au courant, on va dire, malheureusement, de toutes les inégalités qu’il y avait encore, – parce que tout est fait pour masquer les inégalités femmes/hommes, évidemment – et puis donc, vraiment, au bout d’un moment, j’ai commencé à me sentir mal à l’aise, dans mon quotidien, et je me suis pas mal réfugiée sur les réseaux sociaux…

Mais c’était également à cette époque-là que j’ai appris la dichotomie entre les libfem, les radfem, tout ça… Ça m’a fait un choc, parce qu’en fait je pensais que le féminisme était quand même un mouvement dans lequel il n’y avait pas de dispute. 

Vraiment, je pensais que : « Toutes ensemble ! »…

Je me suis rendu compte, du coup, que c’était comme s’il y avait deux camps qui se tapaient sur la gueule, et surtout un, d’ailleurs, j’ai tout de suite remarqué ça. Un des premiers trucs qui m’a choquée, je me suis dit : “mais pourquoi les féministes libérales sont si agressives envers les radicales ? Je ne comprends pas ? Pourquoi les radicales ne prennent pas aussi les armes, finalement, en quelque sorte, contre les libérales ?” J’avais un mode de pensée assez guerrier, mine de rien, c’était il y a deux–trois ans, j’étais encore un peu jeune, c’est pour ça que je pensais comme ça.

Mais c’est vrai que c’est quand même important de se rendre compte qu’il y a vraiment… je ne sais pas si c’est que les féministes libérales manquent de maturité, mais je ne comprends pas quel est l’intérêt de taper, comme ça, sur les féministes radicales, qui ne sont pas d’accord avec les féministes libérales sur, par exemple, la religion, et donc le voile, le porno, la prostitution, le transactivisme, le genre…Et vraiment, je n’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps, je savais d’ores et déjà que les religions étaient misogynes, de façon générale, que le voile l’était aussi, que la prostitution était totalement une institution anti-femmes, idem pour la pornographie. Je n’avais vraiment pas besoin de réfléchir très longtemps à ces notions-là !

Il suffit d’entendre les fameux garçons de ma classe, se vanter de leur visionnage pornographique de la veille, toujours dans des termes très hard, si bien même que, finalement, au lycée on en arrive à parler de la sexualité sous des termes du type : «Oh je parie que tu lui as défoncé la chatte », « Oh j’ai envie de lui limer le cul… ».  

Et puis pareil, des fois on sort des phrases, ça fait vraiment peur ! Des fois, j’entends des garçons parler de leur sexualité avec leur petite copine, en des termes du type : «J’ai envie de la détruire »… tout ça, c’est tellement violent, c’est tellement horrible… et c’est un vocabulaire totalement pompé de la pornographie, je le sais parfaitement.

Quant à la prostitution, il faut savoir qu’il y a une partie de ma ville ou c’est très réputé pour avoir beaucoup de prostituées, et pareil, ils se vantent qu’ils y sont déjà allés…  alors je ne sais pas si c’est vrai, mais à partir du moment tu rigoles dessus, c’est que tu ne vois pas le problème là-dedans, et que tu es d’accord avec cette situation-là. Donc ce n’est pas normal ! 

Mais pour le transactivisme et le genre, j’ai peut-être été un peu plus résistante, à me rendre compte du problème, même si j’ai quand même fait mon « peak trans » assez rapidement, à partir du moment j’ai compris que, avec le transactivisme, quiconque se déclare femme peut concourir dans les sports de femmes, aller dans les vestiaires pour femmes, etc.

C’est une problématique assez évidente, je pense.

Donc voilà. Après, il faut savoir qu’à l’époque, je faisais des RP, donc « Role play » :  tu prends un personnage, tu le joues virtuellement, dans des grands groupes spécifiques,  si bien même que tu arrives à créer des univers entiers,  ce qui te prend, comme c’était mon cas, toute la journée. À chaque temps libre, j’étais dessus, et je fréquentais donc beaucoup de personnes qui faisaient des RP. C’est vrai qu’il y en avait beaucoup qui se disaient « agenre, genderfluid, femme trans, homme trans »… Il y a tout eu !  A l’époque, je ne me posais pas plus de questions que ça j’avais l’impression que ça ne concernait pas, donc j’étais vraiment à 200 lieues de toutes ces notions, mais on m’a quand même, je m’en souviens maintenant, appelée « cis »  un jour, d’un ton méchant, comme si c’était vraiment une mauvaise chose. 

Et je me souviens, à un moment donné, on m’avait dit de me faire « éduquer sur ce sujet-là ».  Mais moi, je nageais à 346 000 km de ces sujets-là, justement, et je n’avais pas envie de me faire « éduquer »… je ne sais pas pourquoi haha !  Je n’avais pas envie de me découvrir « agenre »  ou je ne sais trop quoi, parce que c’est vraiment ça le discours qu’ils tenaient, comme quoi, finalement, tout le monde était genderfluid.  Et ce n’est pas faux : en effet, le genre est fluide chez les gens, parce que le genre, vu que c’est la construction sociale qui entoure les sexes, personne ne peut totalement être du côté du stéréotype femme, ou totalement du côté du stéréotype homme. Mais la façon dont ils le disaient, c’était  comme si c’était quelque chose de naturel, inné : on naît genderfluid, on naît non-binaire… bref.

Donc voilà, j’ai « peak trans »  à ce moment-là, et ça m’a fait un peu mal.

Et c’est à cette époque là aussi que j’ai commencé à me détourner de ces fameux RP, d’ailleurs. Voilà, ça ne m’a pas fait grand mal, j’imagine. Et puis je n’ai plus jamais reparlé à personne de ces RP-là, je sais qu’ils sont sur Discord,  ils doivent être encore manipulés par certains vieux de 35 ans qui leur disent de se faire écraser la poitrine, comme on l’a vu dans certains épisodes de Rebelles du genre… 

Voilà. C’est à partir de là que j’ai commencé à faire mon plein de comptes RadFem,  parce que je savais que c’était là où j’étais le mieux, en fait !

Et c’est comme ça que je suis  devenue féministe radicale, abolitionniste du genre, et, ne l’oublions pas, critique du mouvement transactiviste. 

Parce que oui, on n’est pas juste, je pense, quand on est féministe radicale, abolitionniste ou critique du genre, non non non ! On est aussi très très critique du transactivisme à proprement parler.

Et ça, il ne faut pas l’oublier, parce qu’ il y a énormément de dites «critiques du genre»  qui finalement ne critiquent pas vraiment le genre, mais qui sont juste critiques du mouvement trans.

Par exemple,  les statistiques : plutôt que de compter les «femmes trans» comme des « femmes tout court »,  peut-être devrait-on les appeler « hommes transidentifiés» du coup?  Par exemple des trucs comme ça, que même les gens pas forcément critiques du genre disent. Non : il y a un problème. Voilà.

Mais c’est vrai que c’est beaucoup plus facile de critiquer juste le transactivisme, et surtout ses dérives, plutôt que  le genre à proprement parler, parce que le genre, ça imprègne quand même nos sociétés. On est éduqués pour être genrés. Et ça, c’est un problème.

RDG –  Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Je trouve que tout cela est dangereux pour, un peu toute la société, en fait !

À part peut-être, les hommes, et encore…

Je pense qu’on peut faire une critique du transsexualisme en trois/quatre grands points:

·  Le problème du langage

·  Le problème des espaces

·  Le problème de l’idéologie en soi,

·  Et puis aussi le problème du côté culte, violence, etc.

Déjà, pour commencer, le problème du langage à proprement parler.

C’est par exemple, changer la définition du mot femme. C’est vraiment quelque chose qui paraît tout con, mais pour moi, c’est vraiment un gros, gros problème. Parce que c’est suite à ça qu’arrivent des tas de problématiques. En définissant le mot femme non pas comme juste une sexuation, mais comme une identité de genre, limite à dire que finalement être femme c’est être féminine, évidemment ça amène des tas de problèmes. Et puis ça relève d’un essentialisme quand même très profond.

Je remarque également que la définition d’homme est beaucoup moins remise en question. Et puis pareil, on a beaucoup de mal à dire femme. Donc : « femme cis »…  il faudrait utiliser d’autres mots.  Mais par contre, « femme trans »,  là, ça passe !

Pareil, les grosses problématiques au niveau du langage, c’est évidemment quelque chose que j’avais déjà lu pas mal sur les réseaux sociaux, et aussi dans certaines grandes organisations.

Par exemple, le Planning Familial parlait des femmes, en l’occurrence, en « personnes menstruées» ou « personnes à clitoris », etc.  

Non seulement ça ramène les gens brutalement à leur corps, mais c’est surtout que ce n’est pas très logique, finalement.

Parce qu’on n’en arrive à dire des trucs du type : « les personnes à clitoris sont opprimées par les personnes à pénis ! »

Alors finalement, ça reviendrait à dire, et je suis d’accord, que les femmes trans identifiées, (donc les hommes trans), sont opprimées par les hommes trans identifiés, (donc les femmes trans)… Vu que les hommes trans identifiés ont un pénis, et que les femmes transidentifiées ont un clitoris.

Mais ce n’est pas ce qu’ils disent :  ils disent que les femmes trans,  vu qu’elles sont des femmes, elles sont opprimées par les hommes, y compris les hommes trans !

Finalement, ils se contredisent eux-mêmes.

Mais c’est assez flippant finalement. On se dit : « Mais comment ces gens-là éduquent leurs enfants, en fait ? »

Si petite fille naît, on lui dit : « alors tu te considères comme fille ou comme garçon, ou comme genderfluid ?…  quelle est ton identité de genre ? »

Non, enfin ils ne connaissent pas la notion d’identité de genre, et moi non plus !

C’est indéfinissable. Et du coup, finalement on va dire ces gamins-là que finalement, le genre femme c’est être féminin-féminine, le genre  homme, c’est être masculin. Et donc forcément que les petites filles vont se dire du genre femme, parce qu’elles ont été conditionnées à être dans le genre femme. Et puis là, il y a ces parents qui vont dire : «Oh, ma fille est cis, elle se considère totalement dans le genre femme, elle est cis, c’est naturel. »

Mais non ! Elle a été conditionnée pour ça. Pour que le transactivisme marche, il faudrait détruire la socialisation différenciée totalement, ainsi que la biologie.

Mais non, ils ne militent même pas réellement contre la socialisation différentielle. C’était peut-être le cas avant, je n’en sais strictement rien, mais actuellement, quand tu regardes les comptes des transactivistes, ce n’est pas ce qu’ils font.

Et puis, changer les définitions, le problème du langage, je continue là-dessus, évidemment, grosse problématique : les définitions des orientations sexuelles.

Alors, j’ai dit dans l’introduction que j’étais bisexuelle, parce que je considère que c’est quand même assez important pour ce qui va suivre. Alors, regardons sur un compte qui n’est même pas transactiviste. C’était un compte de conseils pour écrire. Parce qu’il faut savoir que j’écris (sur WhatPad) Donc un petit compte de conseils. Et puis c’est la journée de la visibilité des personnes bisexuelles. Ce compte-là, (c’est une femme) avait fait un petit post, un petit post exprès. Et elle avait défini la bisexualité comme « une personne étant attirée par deux genres ».

Qu’est-ce que c’est que ça ? C’est totalement faux ! Je suis attirée par les filles et les garçons, peu importe leur genre, parce que je m’en fiche ! Et puis, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il faut faire les trisexuels, quadrisexuels, parce qu’il y a énormément de genres, après tout pourquoi est-ce qu’on visibiliserait  seulement les bisexuels qui seraient attirés par deux genres, c’est vachement injuste !

Et puis ça veut dire quoi ? Ça veut dire, admettons si je suis attirée par une fille genderfluid… OK donc je suis attirée par un genre, d’accord. Du coup, je me considère comment ? Parce qu’il n’y a pas d’orientation sexuelle qui est juste envers les personnes genderfluid, en fait. Ça n’existe pas.  Ce n’est pas possible. Donc en fait avec leurs définitions, on en arrive à ne plus savoir se définir soi-même. Mais bien évidemment, les conséquences sur les lesbiennes, on les connaît, mais ça me choque toujours autant. Et puis les rhétoriques « plafond de coton » pareil, ça me choque toujours autant, la culture du viol à 100%, on dit aux lesbiennes depuis la nuit des temps qu’elles ont besoin d’un bon phallus pour les faire redevenir hétéro. Et là, on leur dit un peu pareil, finalement.

Le deuxième grand point, comme je l’ai dit dans l’introduction, problème du transactivisme, est le problème des espaces, de la colonisation des espaces, devrais-je dire.

Dans tout cela, toute leur idéologie, c’est finalement la chose peut-être la plus logique, dans leur idéologie. Parce que forcément, si est femme toutes personne qui «se sent» femme, c’est logique que les espaces pour femmes soient ouverts à toute personne qui se considère comme telle. C’est la seule chose logique dans leur idéologie.

Mais bon, c’est hyper problématique. On sait qu’il y a une socialisation différenciée qui entre en compte et qui conditionne, clairement, les hommes, les mâles, à être violents, malheureusement. C’est la vérité. Et on va les laisser entrer, comme ça, dans, je ne sais pas, des vestiaires pour femmes ? Vraiment ?  On sait qu’il y a eu des femmes, des femmes « biologiques », qui ont été agressées sexuellement en prison par des femmes dites « trans »… c’est quand même problématique ! Et les transactivistes n’en parlent pas. Ils nient. Ou ils disent que ce n’était pas vraiment une « femme trans », tout ça… mais non, en fait ! Si, si, « elle » l’était !  « Elle » l’était, mais vu qu’elle a fait quelque chose de mal, soudainement, ce n’est plus une trans, parce que les trans ne peuvent être que gentilles, apparemment. Enfin non, je suis désolée, ils peuvent être très cruels, également, ça paraît logique !

L’exemple qui me fait lever le plus les sourcils, c’est l’exemple du sport. Parce que quand même, quand même ! Quiconque a un minimum de logique devine que c’est un problème. On sait que, justement, les hommes, de façon générale, ont une force physique plus forte que les femmes, et puis également des poumons plus gros, etc. et que finalement, en ce qui concerne par exemple  les poumons plus gros, les hormones, ça crée de la concurrence déloyale.

Et puis ça craint ! Ça craint énormément…  Quand on voit le nageur, qui a gagné, je ne me souviens plus de son nom… Il est hyper baraqué et les filles, autour, elles sont toutes petites comparées à lui… on dirait presque qu’il a fait exprès de  concourir dans les sports féminins pour gagner.

Comment est-ce qu’on peut dire qu’il n’y aura pas des dérives horribles par la suite ? Des hommes qui veulent violer, dans des vestiaires, je vais prendre l’exemple des vestiaires pour femmes, en se déclarant femmes, ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Dans les sports masculins, finalement, tu n’es pas très bon, alors tu vas aller dans les sports féminins, tu seras un peu mieux ! Vu que les femmes ont en général une moindre force physique, la concurrence est déloyale. Mais c’est surtout cette force physique moindre qui a servi de raison, soi-disant, à l’infériorisation des femmes pendant des siècles, entre autres… enfin, je pense. Donc on revient un peu en arrière… non, c’est un problème.

Le troisième gros point, finalement, c’est l’idéologie en tant que telle. 

L’idée qu’on naît « cis », « trans », etc…  c’est vraiment tout ce contre quoi je me bats, finalement. Parce que vraiment, l’essentialisation, il n’y a rien qui m’agace plus. C’est vraiment quelque chose que les masculinistes utilisent très souvent : la soi-disant biologie des femmes, qui amènerait les femmes à être des soumises, et à aimer ça !

Et là, finalement, il y aurait donc des femmes « cis » qui seraient en accord avec leur genre. On sait que finalement, il y a la majorité des femmes, vu que la majorité des femmes sont « cis », et bien il y a la majorité des femmes qui kifferaient finalement, être moins payées, être violées, etc. Parce qu’elles seraient en accord avec le « genre » femme… le « genre » femme qui est … une oppression en soi.

Pour finir, le dernier grand point, le quatrième problème du transactivisme,  c’est la violence envers les femmes, envers les dites « TERF ». 

À quel moment est-ce qu’ils se disent : « OK. On va se battre pour les trans, pour leurs droits. Et on a en face de nous un homme qui dit que les trans sont le démon, qu’ils  sont dégénérés. Et on a, à côté, une femme, une féministe, qui a la rhétorique classique des féministes radicales sur le transactivisme, les notions de genre. C’est une rhétorique qui n’est pas haineuse, en fait. Et bien, il vont décider de s’attaquer à cette femme ! Ça n’a aucun sens ! Quand on voit qu’il y a des hommes tels que, pour donner un exemple de masculiniste, Julien Rochédy,  qui disait par exemple que tous les trans étaient des… je ne me souviens plus du mot… je crois que c’était « des dégénérés », ça avait fait scandale il n’y a pas très longtemps. 

En fait, il ne reçoit pas énormément de menaces, comparé aux femmes, aux féministes, aux dites « terf», c’est rien du tout, clairement ! On se retrouve face à un langage assez stéréotypé : les méchantes ont un nom spécifique, on peut mettre aussi «swerf » à l’intérieur, également.  C’est encore les mêmes qui ont inventé ce deuxième mot. Et puis je crois qu’il y en a encore plein d’autres pour qualifier les féministes qui exclueraient  les musulmanes voilées, je crois qu’il y a un nouveau est sorti il y a pas longtemps. Quand est-ce que ça va s’arrêter, ces nouveaux mots qui sortent et qui servent d’épouvantail ? On dirait des mots de type « féminazies »  qui serve d’épouvantail aux femmes qui évolueraient peut-être vers une pensée féministe, mais qui n’osent pas. Parce que c’est pareil, « attention, il y a des terf, ne deviens surtout pas une terf ».  Quand on sait que la violence est devenue  réelle à certains moments, notamment en manifestation, ça fait peur. Parce qu’on se dit, qu’au pire, ça reste sur Internet, mais non ! Ça vient dans la vie réelle, avec des  T-shirt « kill the terf ».  Vraiment, ça fait peur. Et puis, c’est surtout des hommes qui promeuvent ce genre de choses, mais il y a aussi certaines femmes, y compris des femmes qui se disent féministes, des femmes de Madmoizelle,  de NousToutes,  de grandes associations, tu ne sais pas pourquoi elles sortent ça, ça fait vraiment peur. On se souvient par exemple, de Madmoizelle qui  avait fait passer à tous ses «employés », on va dire ça comme ça, militants-militantes,  une espèce de mode d’emploi : « comment repérer les féministes transphobes, et comment les éliminer des espaces féministes. »

C’est horrible ! C’est finalement très antiféministe, cette histoire. Et le pire, c’est qu’elles ne se renseignent même pas sur le féminisme radical. J’ai lu sur un article de Madmoizelle que (…des fois, je le lis, des fois il y a des trucs intéressants… des fois haha)  des trucs du type : « ces transphobes se cachent derrière le féminisme et  utilisent des mots fumeux tels que RadFem »… 

Mais… pourquoi tu ne te renseignes pas sur ce que ça dirait, ce mot ? Je ne comprends pas. Et puis, bien évidemment, Madmoizelle soutient le strass, la strass,  je ne sais pas comment on dit, avec toute cette idéologie du « travail », du anti-abolitionnisme…  encore une fois, pourquoi cracher sur les abolitionnistes alors qu’ils peuvent cracher sur les prohibitionnistes ? Les abolitionnistes ne veulent rien de mal aux soi-disant TDS. Au contraire ! Ils se trompent clairement d’ennemis, comme toujours, mais ça fait peur.

Et puis, bien évidemment les statistiques : ils font leurs propres statistiques, leur propre  propagande… 

Leur malhonnêteté! Le scandale qu’il y a eu avec NousToutes dernièrement, ça m’a… ça m’a pas plu. Je me suis désabonnée, du coup.

Parce que quand même, cancel un collectif  qui fait un travail difficile, « féminicides par ex ou par conjoint », parce qu’ils auraient, soi-disant fait un tweet « transphobe», où ils ne faisaient que dire, que « oui, les femmes trans ont été socialisées hommes, avec tout ce qui va autour… »

Ce n’était même pas une critique du genre, ce n’était même pas une critique du mouvement transactiviste, c’était juste un tout petit truc.

C’est fou, ça : même quand on fait, ne serait-ce qu’un tout petit truc contre le transactivisme, BAM ! Directement, on est autant punies que si on avait fait des grands discours. 

Donc finalement, autant faire des grands discours, parce que bon…

Le transactivisme est une intrusion masculiniste dans le féminisme, les LGB, les femmes,  les espaces de femmes et des enfants, déguisé en progressisme.  C’est ce qui m’énerve le plus. C’est ce côté progressiste qu’ on essaye de nous faire passer. Mais c’est faux ! C’est pas du progressisme, au contraire. Et si les gens s’intéressaient un peu plus, au lieu de croire aux gourous des sectes, (car c’est carrément ça) eh bien ils le verraient. 

La plupart des personnes ne connaissent pas vraiment jusqu’où va le transactivisme, en fait.  Ils ne connaissent que les « gentils trans persécutés par les méchante terfs ».  il faudrait sensibiliser le grand public à cela. Ceux qui ne connaissent pas vraiment toutes ces questions. Le public, peut-être pas forcément féministe en plus, je pense qu’il y en a beaucoup que ça fera bondir. Clairement. Parce que là, j’ai l’impression qu’il y a vraiment un fossé entre tous ceux qui sont au courant de toutes ces histoires, et ceux qui ne sont pas au courant. Vraiment. Parce que vraiment, il y a des gens qui nagent à 346 000 km  de jusqu’où va le transactivisme. Je pense que si jamais on leur disait, on pourrait gagner des alliés. Parce que c’est tellement gros que, clairement, je pense que quiconque a un minimum de bon sens nous rejoindrait!

RDG –  Qu’est-ce qui t’a  décidée à témoigner sous ta réelle identité ? Est-ce que tu te sais en sécurité pour en parler librement ?

Laurine –  Alors j’ai décidé de témoigner sous ma réelle identité, parce que pour l’instant, je n’ai jamais reçu de menaces à proprement parler, et que je ne vois donc pas pourquoi je me censurerais, je me cacherais, alors que  l’instant je n’ai pas de réelle raison de le faire. Et puis même, si j’en avais, je pense que je n’aurais pas envie de me cacher pour ce genre de truc. Il faut savoir, comme je l’ai déjà dit, que j’ai quand même été harcelée, et que je me suis très souvent cachée, même sur les réseaux sociaux. Des techniques d’évitement, et je n’ai pas envie de retomber dans ce genre de travers.

Mais c’est aussi pour appeler les gens à se réveiller, en fait ! Enfin, vraiment, osez, quoi ! Osez parler de tout ça, faites-le, les gens !

Parce que j’ai 16 ans, et je me dis : je suis féministe, je suis bisexuelle, je n’ai pas du tout envie d’aller traîner dans des endroits réactionnaires, donc je pense que j’irai dans des endroits de type féministes, LGBT, etc. Mais je sens que je vais être  attaquée, finalement par du « réactionnarisme ».   

Et finalement, je me dis que je pense, que ça va être difficile de trouver un espace pour moi, collé à mes convictions : juste le féminisme radical, et puis… et puis c’est tout, finalement.

Trop féministe pour les gens de droite, et, soi-disant, trop « de droite » pour les gens un peu «woke »

(même si je n’aime pas beaucoup cette expression, parce qu’en fait elle est souvent utilisée par des gens, voilà… Zemmour, tout ça).  Mais finalement, c’est assez juste, et clairement, voilà pourquoi je veux témoigner sous ma réelle identité. C’est parce que j’ai envie de dire aux RadFems : «  n’ayez pas honte et prenez la parole, osez dire ce que vous avez à dire, ça éveillera les consciences. »

RDG –  As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Laurine – J’en ai trois.

Alors déjà, pour commencer, c’était il y a six mois, je ne sais plus… l’avant-dernière manifestation d’Act Up Paris, à vous de situer la date.

J’étais montée à Paris. Je suis tombée en plein milieu d’une manifestation d’Act Up, où ils ont d’ailleurs, notons-le, fourré énormément de causes en même temps, si bien qu’on ne savait plus trop contre quoi ils se battent, mais bon.

Évidemment, la petite pancarte qui m’avait fait froncer les sourcils : « Aucune sale pute, que des sales lois ». Je ne sais pas de quelle sales lois ils peuvent parler. C’est pas comme s’il y avait des lois prohibitionnistes qui pénalisaient  les prostituées en France. Bon évidemment, on sent la petite propagande réglementariste derrière tout ça : la loi pénalise le proxénétisme et l’action d’être client évidemment. Mais cette désinformation est vachement crasse pour quelqu’un  qui n’est pas au courant de toutes ces questions-là.

Il lit ça, il peut se dire en effet : « Attends, que des sales lois, que les sales lois… comment ça, c’est qu’il y a des lois qui pénalisent les prostituées ? Ah merde, mais c’est super méchant ! » Ça me fait penser à l’épisode de « cru », sur YouTube, «  Faut-il légaliser la prostitution ? » Mais ça ne veut rien dire, la prostitution, en soi, est déjà légalisée. C’est le proxénétisme et l’action d’aller voir une prostituée  qui est pénalisée.

 Et puis, avec ce genre de questions, tournées mal, on en arrive à des débats qui « miss the point » et  qui sont à 246 000 km de la réalité. Limite, finalement, c’est de la malhonnêteté volontaire, je pense, pour confondre les foules. Vraiment, je m’étais sentie mal à l’aise quand j’ai vu ça. J’avais l’impression qu’ils étaient agressifs, en fait. Je ne sais pas si c’est parce que je savais qu’ils me visaient, moi, avec ce genre de pancartes, dont une que je développerai un tout petit peu plus tard, mais vraiment, ils avaient les visages fermés… 

Et puis : Act Up Paris !

J’ai vu le film 120 battements par minute. Moi, je les pensais plutôt sympathiques, Act Up Paris,  mais quand j’ai vu ce genre de truc, je me suis dit que c’était totalement à l’opposé de mon échiquier. Je ne pensais pas ! Mais si. Évidemment.

J’ai vu la fameuse pancarte : « trans assassinés, terfs coupables. »

Oui bon, classique mais qui m’énerve toujours autant. Parce qu’on fait, 100 % des personnes trans tuées l’ont été par des hommes. Et les terfs, par définition, sont des féministes radicales, qui, soi-disant, excluent les personnes trans. Il y a genre, quelques hommes féministes radicales, mais c’est surtout un truc de… de femmes, en fait ! Donc vraiment, c’est attaquer les femmes pour des meurtres d’hommes. C’était vraiment tordu.

Pareil, encore une fois, pour ceux qui sont pas au courant de tout ça, dire ça, ça peut vouloir faire penser que « terf » c’est finalement un mouvement de haine envers les personnes trans, et donc se renseigner sur ce que sont les terfs, et tomber sur du transactivisme etc.  et puis en fait, quand tu  voyais leur physique,  tu voyais qu’il y avait beaucoup de personnes en transition. Ça se voit. Et tu te dis, non seulement ils sont en train de se détruire leur corps, mais surtout que à tous les coups tu vas te faire tabasser par une soi-disant « femme trans »,  et ça ne va pas mettre longtemps, tout tourne autour, de toute façon, des entrants s’identifient, dans ce genre de truc. En fait, j’ai regardé les pancartes, et ça tournait beaucoup autour des femmes trans… donc ouais.  Non, en fait. J’étais avec mes parents  et ils disaient : « c’est quoi, ça ? »  Ils  nageaient à 346 000 km  de ce que c’était réellement, et de ce qui se passait réellement ! Je ne l’aurais rien dit, mais je. Encore une fois, il y a un décalage énorme entre les gens qui sont au courant de toutes ces questions,  que ce soit d’un côté ou de l’autre de l’échiquier, et les personnes qui sont, mais alors… qui n’y connaissent rien, qui n’y connaissent rien et qui finalement se font influencer par n’importe qui.

Ma deuxième expérience. Expérience, c’est bizarre, dit comme ça. Anecdote.

Planning familial.

Mon Dieu.

J’y étais allée, à celui de ma région. J’y étais allée pour des conseils en contraception. C’était quelque chose de vraiment très neutre. J’y suis allée. J’étais à un bureau en train de parler avec une femme qui me donnait des conseils et, derrière moi, qu’est-ce que j’entends, à la machine à café, on a l’impression d’être dans un film. Je les entends parler des terfs ! Je les entends parler des terfs. Au départ, je pensais que je délirais. Mais en fait non. Parce que, forcément, j’essayais d’écouter la conversation à proprement parler, et ça collait très bien. Ils parlaient, comme quoi : « Elles ne se rendent pas compte qu’elles font du mal aux personnes… (je n’ai pas bien entendu la suite, mais j’imagine, trans).  Mais de toute façon, laisse tomber, c’est des terfs… »  j’ai eu du mal à saisir réellement ce qu’ils disaient, ce qu’elles disaient, parce que c’étaient des femmes.  Ça avait l’air d’être une discussion de maternelle, en plus, mis à part ça. Mais vraiment, ça m’a choquée. Je me suis dit : « c’est censé quand même être un truc qui est censé aider les femmes, un endroit neutre… et en fait  ils nous font ce genre d’appel à la haine ». Je veux dire, c’est vachement flippant.  Du coup, ça m’a mise mal à l’aise pour tout le reste du rendez-vous, d’ailleurs.

Ensuite, ma dernière anecdote, c’est ce que j’appelle le cours «pro-trans ».

En fait, c’était assez modéré. On ne va pas se le cacher, c’était pas du transactivisme très très violent, mais c’est encore pire. Et je vais y venir par la suite.

 Déjà, c’était en espagnol. C’était une compréhension orale, c’était une femme qui faisait son coming out  « homme trans » donc habillée en « homme », on le notera, comme si finalement : elle avait envie de s’habiller en homme, donc « homme trans ». Pareil, elle s’était coupé les cheveux. Bon, bref.  Et puis voilà. Je suis très nulle en espagnol, donc je ne sais pas ce qu’elle disait, mais voilà, elles faisait son coming out trans…et puis finalement au bout de la scène, tout le monde l’a applaudie, à part un mec qui avait fait une réflexion un peu déplacée, et qui, j’imagine, est considéré du coup comme transphobe, le méchant transphobe. Je ne vais pas trop le défendre, parce qu’il avait l’air d’être un peu le type « joke, bully » , ce qui est la caricature, d’ailleurs, type : parce qu’on s’oppose au mouvement trans, on est forcément comme ça.

Et ensuite, on avait un peu discuté avec la prof et elle nous avait parlé un peu… comme quoi, « si jamais il y avait quelqu’un… qu’il fallait être tolérant »… elle nous faisait la morale comme des gamins !

Mais il faut dire qu’il y avait des gens dans la classe qui n’avaient quasiment jamais entendu parler de la transidentité. Et finalement, en entendre parler comme de personnes toutes pacifiques, qui ne demandent qu’à vivre leur petite vie, et qui sont tellement minoritaires et tellement isolées, très loin de mouvements, de militantisme, etc… 

Finalement, je considère que c’est encore plus dangereux que si elle nous avait sorti du transactivisme pur et dur, parce que là, ça aurait choqué. J’en connais certains, certaines,… bon, je suis dans une classe anti féministe, mais certaines de mes amies qui ne sont pas vraiment féministes, mais elles sont quand même sensibilisées sur certains trucs, « grâce » à moi. Et je sais qu’entendre que, par exemple, (pour donner un exemple qu’on a déjà vu,) les hommes concourant dans les sports pour femmes, ça, par contre, je sais que ça ne serait pas passé. Ça serait vu comme une tentative de détruire les sports féminins. Surtout que j’ai une amie qui aime beaucoup faire du sport et elle a conscience qu’il y a des différentiels  de capacité entre hommes et femmes, et elle l’avait pris un peu de plein fouet, parce qu’elle avait fait un pari avec un garçon : ils devaient soulever quelque chose, et elle avait perdu. Et finalement elle avait trouvé que c’était une concurrence déloyale. Bah oui, soulever des poids, quand même, c’est un truc un peu caractéristique. En plus c’était quand même un homme assez baraqué.

Je sais que ça aurait touché sa corde sensible. Mais là, du coup, le cours comme ça, ça m’a mise un peu mal à l’aise. Et puis ensuite ça sort des trucs du type « se sentir homme », «se sentir femme ».  Déjà, on ne sait pas ce que ça veut dire. On sait que les gens associent aux mots hommes et femmes des stéréotypes. Donc finalement,  le classique : une femme qui « se sent masculine » et qui se déclare en  « homme trans », et vice versa, avec les hommes se déclarant femmes.

Il faut aussi savoir, et je finirais là-dessus, qu’il y a une personne dans ma classe, un homme, un garçon devrais-je dire, (mais il a redoublé deux fois, donc il a quand même 18 ans), qui, sur les réseaux sociaux, (on a trouvé son compte, il a tout fait pour le cacher, son compte, donc on l’a trouvé) et en fait, apparemment, il se déclare femme, trans, gay…  ce qui est bizarre. Tu es une  femme,  tu es gay,  tu es lesbienne, du coup, non ? Enfin, je n’ai pas trop compris, je ne comprends pas. Il n’a jamais fait de coming-out IRL,  je sais juste qu’il est le seul garçon de ma classe à s’épiler les jambes… c’est peut-être pour ça qu’il se déclare femme, je ne sais pas.

Et puis aussi, deuxième personne trans que je connais IRL,  enfin, « trans »  entre guillemets, c’est une ancienne amie, une fille qui, pour le coup, a fait les démarches. Elle a une transition en cours.  Je lui ai parlé pendant 10 minutes, elle n’a parlé que de ça. On ne s’était pas vues depuis des années, elle n’a parlé que de ça. C’était flippant. On avait l’impression qu’elle était devenue une caricature du mec viril, tout était fait pour entrer dans ces stéréotypes là, et vraiment, je me dis : « Voilà ce que c’est finalement, transactivisme, ça ne fait que renforcer les stéréotypes de genre. Et quiconque ne se sent pas conforme à son genre forcé par la société, disons-le comme ça, et bien finalement, paf ! Trans. »

C’est assez problématique.

Voilà, finalement, je ne sais que conclure de tout ça, mis à part que tous ces mouvements me semblent un peu trop bien organisés.

Je ne sais pas si c’est quelque chose qui avait été programmé depuis longtemps, détruire les femmes, détruire les espaces de femmes, je ne sais pas. Mais c’est flippant, et ça avance très très rapidement, avec des moyens qui feraient pâlir n’importe quel mouvement ! Par exemple, des BD qui sortent, qui font la promotion du transactivisme, et pour le coup de la transidentité.

Est-ce qu’il y a eu autant de moyens pour le féminisme, de façon générale ? Je ne sais pas. De toute façon, le transactivisme est tenu en grande majorité par des hommes, donc ça ne m’étonne pas.

Voilà donc, je vais conclure ce petit témoignage, en, encore une fois, incitant les femmes qui m’écoutent à oser prendre la parole sur ces sujets, à dire ce que vous pensez, à ne vous laisser pas influencer finalement, et à surtout, surtout, respecter la liberté d’opinion d’autrui… ce qui manque beaucoup dans le transactivisme, selon moi.

C’est peut-être, finalement, ce qui me choque le plus.

S’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe www.womensdeclaration.com

Rebelle du genre, ép. 25 – Antastésia

Je m’appelle Emy, mais je suis surtout connue sous le nom d’Antastésia, parce que je crée du contenu en ligne, notamment sur YouTube.

En dehors, je suis également prof. 

J’ai 30 ans et j’habite à Paris.

Antastésia – Alors au départ, personnellement j’étais très sensible à la question de la transidentité, et je n’étais pas du tout opposée à tout ce qui relève de la transition, ni même aux discours qu’on pouvait entendre en ligne. 

Mais je vous parle de ça, c’était il y a environ 10 ans… Donc les discours ont quand même beaucoup évolué. 

On va dire que je n’ai jamais adhéré au genre en tant que sentiment inné, et réalité intime et personnelle et subjective. 

J’ai toujours été convaincue que le genre est un outil de l’oppression patriarcale. 

J’ai toujours été, en tout cas à partir du moment où je me suis revendiquée féministe, convaincue que c’était effectivement une construction sociale, que c’est un outil de l’oppression patriarcale. 

Mais de l’autre côté, de manière paradoxale et sans avoir à ce moment-là conscience que c’était quand même un petit peu problématique et assez paradoxal, j’étais  aussi très sensible à la question de la transidentité.

En fait, j’ai même fait quelques vidéos justement sur ma chaîne YouTube pour informer et pour alerter en étant une bonne “alliée”, et j’ai même participé à des financements avec des crowdfundings par exemple, pour des personnes trans qui souhaitaient avoir accès à des opérations.

Donc  je n’étais vraiment pas du tout dans une démarche critique vis-à-vis de la transidentité. Je tiens quand même à préciser, comme je l’ai dit, voilà, que c’était il y a quand même plusieurs années, et que – en tout cas ma connaissance – ce qui se passait sur les réseaux sociaux n’avait rien à voir avec ce qu’on peut trouver actuellement.

Et je pense que si ça n’avait pas été le cas je n’aurais pas été aussi, on va dire “ouverte” à cette idéologie, à ses revendications. Revendications qui, à l’époque, me semblaient plutôt acceptables et qui relevaient de la non-discrimination pour les personnes qui se déclaraient trans :  un parcours de soins adapté, et plus globalement d’ouverture dans la société.

A l’époque, c’était quelque chose qui me parlait totalement et je pense que c’est le cas pour beaucoup de femmes, et pour beaucoup de féministes.

Et de fil en aiguille, j’ai vu le mouvement transactiviste évoluer, à mon sens énormément évoluer,  je dirais même. 

Et il y a quatre ans il y avait déjà eu une première polémique avec l’autrice nigériane Ngozi Adichie qui avait dit qu’il y avait une différence fondamentale entre les femmes trans et les femmes “cis” ‘je précise que moi je n’utilise pas le vocabulaire “femme cis”, mais là je reprends les termes exacts du débat à l’époque. On lui avait posé la question : “Est-ce que les femmes trans sont des femmes?” Et  elle avait répondu “Elles peuvent être des femmes trans, mais en tout cas elles n’ont pas la même expérience que les femmes “cis”, et donc que moi.”

Et ça, ça avait déjà à l’époque provoqué un petit tollé et j’avais d’ailleurs fait une vidéo justement, il y a quatre ans, pour soutenir sa position et expliquer que je ne voyais pas en quoi c’était transphobe, et en quoi on n’aurait pas pu avoir ce genre de propos, tout en soutenant aussi, derrière, des personnes transgenre. 

Et à l’époque je me souviens que dans les commentaires, j’avais une vidéo qui est en anglais d’ailleurs, j’avais beaucoup de commentaires de personnes trans qui étaient tout à fait d’accord avec moi. 

Et le climat déjà à l’époque, en tout cas dans cette petite sphère YouTube, et en anglais, était pour moi très différent de ce qu’il est actuellement. 

Clairement, je ne pense pas qu’à l’heure actuelle, si une telle chose venait à se produire, il y aurait des personnes trans qui viendraient commenter de manière positive sous ce genre de contenu.

Et puis il y a deux ans (alors entre-temps bien sûr j’avais commencé à  en apprendre davantage, sur notamment les prisons et le sport, étant donné que c’était vraiment, je pense, les deux points saillants de discrimination) en tout cas dans le discours trans c’étaient les deux points saillants vraiment très importants, et où une résistance féministe commençait à s’opérer, et ça, ça ne passait pas du tout. 

Et donc j’étais très perplexe et très critique de ça, et j’ai commencé à en parler un petit peu sur Instagram, et à ce moment-là, une personne… alors un homme transidentifié qui à l’époque était très présent sur les réseaux ,et qui se disait “non-binaire” mais aussi “transféminine”… Donc, déjà rien que ça…  moi j’étais dans la perplexité totale… mais bon… est venu me faire la leçon en message privé,  justement sur Instagram, pour me dire que le fait que je relaie ce genre d’information, c’était transphobe. Donc on parle bien d’information qui visait à informer les gens de la situation qui se profilait de plus en plus précisément dans les prisons par exemple, ou dans le sport.

Lors de nos échanges, cette personne a continué en me disant “qu’il” vivait la même misogynie que moi.

Et je pense que ça, ça a été pour moi la petite, la dernière goutte d’eau.

Etant donné, je le précise, que cette personne n’a fait AUCUNE transition, donc n’a même pas une apparence qui pourrait être perçue comme celle d’une femme. C’était tout simplement un homme qui se teignait les cheveux, qui portait du maquillage, et de temps en temps, portait des robes. 

Donc quand j’ai entendu cette personne me dire qu’elle vivait la même expérience du sexisme et la misogynie que moi, ça a été très difficile à accepte

Donc quand j’ai entendu cette personne me dire qu’elle vivait la même expérience du sexisme et la misogynie que moi, ça a été très difficile à accepter, et j’ai vraiment senti à ce moment-là qu’il y avait deux options qui s’offraient à moi, qui était celle de “courber entre le dos” et de prétendre ne pas voir que c’était un homme, alors que c’était un homme, pour garder un discours consensuel. Ou alors oser affirmer que pour moi, se dire “transféminine et non-binaire”, premièrement n’avait aucun sens et deux, assumer le fait que je voyais clairement un homme en face de moi et que j’étais persuadée que je sais très  intimement que tout le monde voyait un homme également.

A ce moment-là j’ai été un petit peu, on va dire à “outée” donc j’ai un petit peu été exposée sur les réseaux sociaux avec certains relais justement de ces messages et de ces conversations. Ce que moi j’ai choisi de ne pas faire à l’époque, et j’ai donc fait une vidéo qui s’intitule : « Suis-je une vilaine terf? », qui totalise à l’heure actuelle plus de 100000 vues, dans laquelle j’étais encore un petit peu aux balbutiements de cette réflexion, ou en tout cas j’étais encore dans une façon de m’exprimer qui était pleine de tact. Voilà. 

Mais je parlais de la question du passing, de la réalité matérielle de l’existence des femmes, et de ma volonté de ne pas m’inscrire dans ce qui serait à mon sens, effectivement, une transphobie, c’est-à-dire discriminer des personnes parce qu’elles se diraient trans. 

Mais je refusais de continuer à participer à ce qui me semblait devenir un délire collectif.

Et là, cette vidéo, effectivement, ça a été un petit peu le point de bascule, étant donné qu’à partir de là, j’ai forcément été désignée comme une grande ennemie de la cause trans, sur les réseaux. 

Mon nom a beaucoup tourné. Une personne qui est à l’heure actuelle très connue dans le milieu du transactivisme français, un “homme trans identifié femme”, qui s’en est pris notamment à Dora Moutot entre autres, avait également fait des storys sur moi “à la une” , qui ont miraculeusement disparu quand il a eu un contrat pour écrire un livre, comme par magie : ça fait plus propre quand on a un contrat pour écrire un livre ou pour passer à la télé, ou dans la radio, de ne pas montrer qu’on a harcelé des femmes.

Donc voilà : ça a été un mélange de tout ça, et là j’ai commencé à me renseigner davantage. Je pense que, à ce moment-là, de plus en plus de femmes ont commencé aussi à prendre la parole.  On a eu accès à beaucoup d’informations sur des sujets divers, mais alors vraiment que je ne soupçonnais à l’époque absolument pas!

Et c’est à partir de ce moment-là que j’ai pu en fait réconcilier ma première critique du genre, ma pensée féministe qui est  que le genre est une construction sociale qui nous oppresse, et quelque chose qu’on doit chercher, à mon sens, à éradiquer, et le fait que c’était incompatible, tout simplement, avec la plupart des revendications des personnes trans, et potentiellement même, avec la manière dont la transidentité nous est présentée à l’heure actuelle.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, la société et la démocratie?

Antastésia – Je pense que je vais peut-être un petit peu répéter beaucoup de choses qui ont déjà été dit par les autres intervenantes, mais c’est un mouvement qui est extrêmement dangereux ; je pense aussi bien par ce qu’il propose en termes de contenu, que par la manière dont il opère.

Précisément, bien évidemment, pour les femmes, au niveau du contenu en tous les cas. C’est une réelle volonté de détruire les manières d’exprimer la réalité matérielle et douloureuse des femmes.

C’est une volonté de nous déposséder aussi bien de notre langage que de notre expérience (on a toutes, bien évidemment, des expériences personnelles, mais on a aussi, à mon sens, une sorte d’histoire collective des femmes, et ça je pense que c’est quelque chose que ces personnes essaient de détruire).

C’est nous déposséder des espaces qui nous sont réservés.

C’est nous déposséder aussi, tout simplement, par exemple, de nos avancées, par exemple en sport?

C’est nous déposséder, je pense aussi, d’une certaine manière, de tout ce qui a trait à la maternité et aux droits reproductifs, et alors là, ma réflexion n’est pas encore extrêmement aboutie, mais moi je pense qu’il y a quelque chose de profondément central qui se joue à ce niveau-là. Il me semble même que c’est l’un des pivots les plus importants dans la misogynie et dans le patriarcat, cette faculté qu’ont les femmes d’être mères, voilà, tout simplement.

 Je pense que c’est dangereux pour les femmes parce que, premièrement, il y a aussi des conséquences très très claires dans les prisons, dans les lieux de rencontres, par exemple lesbiens. 

Je pense que c’est un enjeu pour les enfants parce que le transactivisme, à l’heure actuelle, milite ardemment pour une tombée de toutes les limites et de toutes les barrières qui, à la base, étaient quand même mises en place par, notamment, tous les personnels soignants. Et ça, je trouve que c’est assez incroyable de voir le peu de réactions qu’il y a dans la sphère vraiment “lambda”, à ce titre. 

Quand on voit qu’il y a quand même des opérations qui commencent à être pratiquées sur des personnes qui sont mineures, quand on voit que la prise d’hormones est présentée comme quelque chose de totalement anodin, que les bloqueurs de puberté c’est aussi présenté comme quelque chose de totalement anodin, quand on voit que la plupart des personnes continuent à ne pas vouloir se poser de question : « Pourquoi est-ce que d’un coup, le nombre de personnes trans explose et pourquoi est-ce que ce sont, comme par hasard, des jeunes filles? » 

Moi je trouve que c’est assez incroyable.

Donc dangereux pour les femmes et pour les enfants. Globalement pour tout le monde, mais ça touche concrètement les femmes et les enfants, c’est une marchandisation, pour moi,  du corps.

C’est l’aboutissement d’un certain capitalisme qui associe au monde du médicament et je trouve ça absolument effrayant.

Et je trouve ça aussi vraiment aussi absolument incroyable, et j’ai toujours du mal à le croire, c’est cette capacité, quand même, à clore tout débat, toute question et toute critique.

A la limite, que certaines personnes soient convaincues corps et âme de ce qu’elles avancent, même si moi je trouve ça profondément dangereux et profondément sexiste, de toute manière c’est une réalité à laquelle on se heurtera toute notre vie,  je pense.

Mais là, ce que je trouve assez unique, c’est qu’on est quand même empêchées de critiquer ou même de questionner, et très honnêtement je n’ai pas vécu ça avec d’autres mouvements. C’est-à-dire qu’en fréquentant des mouvements, par exemple antispécistes ou animalistes, où il peut y avoir parfois  des des questions ou des désaccords, je n’ai jamais rencontré cette opposition-là et cette volonté de nous faire taire.

Et pour être tout à fait honnête, un grand nombre même d’hommes qui ne se disent pas trans, non-binaires ou que sais-je… qui sont de bons hommes “cis”  pour reprendre les termes, et qui sont par ailleurs sexistes… malheureusement je dois avouer que je les trouve, (dans mon expérience en ligne en tout cas) je les trouve moins violents que les transactivistes. Et ça c’est c’est quand même assez fou! 

Alors je ne dis pas que c’est le cas tout le temps, bien évidemment qu’il y a une violence incroyable qui s’opère chez les hommes, et de toute manière c’est celle que l’on retrouve chez les transactivistes à mon avis. 

Mais il me semble que chez les transactivistes, c’est encore plus décomplexé, parce que c’est soutenu, c’est présenté comme du progressisme, c’est présenté comme une violence venant des victimes et des opprimés. Et donc, forcément, elle est légitime. Tandis qu’on reçoit quand même une certaine part de soutien il me semble, lorsque ce sont des hommes qui n’ont pas cette “case de l’oppression” à remplir, qui est celle de la transidentité…

Et l’impossibilité, pour moi, de critiquer ou de questionner c’est…  c’est une forme de totalitarisme.

Et je trouve que le mouvement a clairement des dérives sectaires.

Je sais que ça peut paraître peut-être un peu poussé de le dire ainsi, mais pour moi, le fait de créer cette communauté trans qui vient supplanter tout autre communauté, le fait de chercher (il me semble quand même pas mal) à couper des liens avec des parents ou un entourage qui ne seraient pas forcément d’accord à 100 %… 

Le fait de repousser la science… 

Le fait de ne pas présenter ça comme une croyance, alors que ça repose quand même sur une croyance… 

La question de l’argent aussi, on n’en parle pas beaucoup mais il y a quand même énormément de demandes d’argent.

Et bien évidemment l’impossibilité de critiquer ou de questionner…

Eh bien pour moi, ça me fait quand même penser à un mouvement sectaire, clairement, voilà!

RDG – Qu’est-ce qui t’a amenée à témoigner à la fois à visage découvert et en reprenant ton nom de vidéaste sur YouTube?

Antastésia –  En fait la question pour moi ne se pose pas. Je suis sur les réseaux depuis très longtemps. Ma chaîne YouTube, je l’ai créée en 2007. J’ai commencé à publier vraiment des vidéos en 2009, et avant j’étais sur MySpace, et puis j’ai été sur Twitter puis j’ai été sur Instagram… bref.

Donc j’ai toujours été sur les réseaux, et j’ai toujours été sur les réseaux à visage découvert. Voilà. Sans doute aussi parce qu’à l’époque, c’était totalement différent comme climat, à tous les points de vue, c’était un espace vraiment beaucoup plus restreint, beaucoup moins mainstream. Il n’y avait pas de questions qui vraiment, se posaient.

Par contre, j’ai toujours fait le choix de ne pas mettre mon nom en ligne, même si mon nom a fuité et et que certaines personnes cherchent justement à me doxxer, donc à faire fuiter mes informations, donc mon nom, mais également les lieux où j’ai pu travailler, et j’ai l’impression que, à l’heure actuelle, c’est quelque chose qui engage… ce n’est pas une impression, ça engage beaucoup… que de témoigner de façon non-anonyme sur ces sujets-là. 

J’estime que je suis dans une position où je peux me le permettre, plus que beaucoup de femmes. Je ne pense pas que ça mette en danger mon activité professionnelle. Je ne crains pas pour les liens avec ma famille ou mes amis parce que j’ai la chance d’être avec des personnes qui ne sont pas du tout …“contaminées”, j’allais dire, c’est un mot un peu fort mais naturellement je vais le garder c’est le mot qui m’est venu. … contaminées par cette idéologie. 

Donc que je ne m’inquiète pas plus que cela, pour être honnête et quand bien même je m’inquiéterais, parce qu’il y a quand même une petite dose d’inquiétude étant donné que je sais ce qu’est le harcèlement en ligne et que j’en ai été la victime notamment par le transactivisme. 

Je tiens quand même à témoigner de la manière dont je me suis toujours exprimée en ligne, parce qu’il semble que c’est plus que nécessaire à l’heure actuelle.

Je ne juge pas les personnes qui ne peuvent pas le faire bien évidemment!

Mais moi, ça me semble très très important de pouvoir… voilà poser un visage et que ce soient être aussi des personnes qui par ailleurs regardent certaines de mes vidéos, se disent que d’habitude j’ai un discours plutôt cohérent et pas haineux, et que le fait que ce soit plus identifiable peut-être, et qu’elles puissent se dire : “Ah cette personne-là,  jusqu’à preuve du contraire, elle n’a pas eu de  propos vraiment haineux, elle n’a pas eu de propos discriminatoires. Donc pourquoi est-ce qu’elle se pose ces  questions-là?”

J’espère que ça peut être aussi utile, justement.

Et amener des personnes à la réflexion parce qu’il y a un lien peut-être qui s’était déjà créé, ou il y a un lien qui peut se créer parce qu’il y a une multitude de vidéos de moi disponibles en ligne…

RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ? 

Alors concernant les anecdotes du coup, c’est surtout celle que j’ai déjà mentionnée avec ce jeune homme, parce qu’en plus c’était un homme qui était jeune, ce jeune homme “non-binaire transféminine”… ça m’a vraiment marquée parce que pour moi c’était… 

J’ai reçu à ce moment-là, lorsque j’en ai parlé, des messages de personnes qui me disaient : « Non mais c’est pas possible, tu vois bien que c’est une femme! Et moi je suis sûr que, dans la rue, elle se fait aborder comme une femme, et elle se fait harceler comme une femme »!

Et c’était, pour moi, la première fois que je voyais les gens me mentir à ce sujet-là d’une manière aussi frontale et assumée.

Parce que je ne peux pas concevoir que ce ne soit pas un mensonge quand on a quelqu’un, qui en plus n’a fait aucune transition (quand certaines personnes ont fait des transitions je veux bien, qu’effectivement, l’apparence puisse être, alors « trompeuse » c’est… en tout cas je veux bien que l’apparence puisse faire croire qu’on a en face de nous une personne qui serait « femelle », mais là, dans cette situation bien précise, ce n’était absolument pas le cas.

Je pense que ça, ça m’a vraiment marquée, parce que je me suis demandé jusqu’où ces personnes étaient prêtes à aller, et quelles étaient leurs véritables motivations. Finalement, pourquoi mentir à ce point ? 

Est-ce que c’était des personnes manipulées et qui n’arrivaient même plus à voir la vérité en face ou est-ce que c’était des personnes qui mentaient, très clairement ? 

Et j’ai un rapport à la vérité qui est assez, comment dire, en tout cas à une certaine réalité qui est assez important, même si certaines choses peuvent aller à l’encontre de mes idées premières, ou de mes convictions et de mes valeurs, à partir du moment où la réalité les dément, je suis obligée de faire avec. 

Et quand j’ai vu que certaines personnes s’en affranchissaient totalement, pour moi ça a vraiment été aussi en des moments où je me suis dit “Non mais là il y a vraiment quelque chose qui, fondamentalement, ne va pas du tout”. 

Une autre anecdote qui m’a, on va dire peut-être blessée sur un point plus personnel, c’est que lorsque j’ai publié ces vidéos, sur Twitter effectivement, de nombreuses personnes mon attaquée de diverses façons, et l’un des points qui est revenu le plus souvent c’est que j’étais prof et que, en fait, c’était une honte que je sois prof et que j’étais forcément un danger parce que j’étais une grosse transphobe, et que je ne pouvais pas être maintenue devant des élèves. Parce que : que se passerait-il si un jour j’avais un ou une élève trans ? Et certaines personnes parlaient même de faire remonter ça au rectorat. 

Bien évidemment, ce ne sont que des tweets, mais ça m’a vraiment blessée parce que je me suis dit « on est prêt à détruire quelqu’un, à venir salir ce que la personne fait avec tout ce qu’elle a, sans aucune preuve ». 

Et c’est ce qui se répète inlassablement avec toutes les femmes qui osent s’exprimer, c’est qu’elles ne sont plus bonnes à rien : 

Vous avez écrit un livre, mais vous êtes transphobe, en fait le livre ne vous appartient plus. 

Vous êtes une prof à la fac, avec des recherches intéressantes, importantes, vous êtes reconnue par vos pairs mais à partir du moment où vous êtes transphobe, vous n’existez plus non plus. 

Cette facilité à anéantir presque l’individu, une volonté de l’anéantir réellement, c’est-à-dire de faire fuiter les informations, de la faire virer, de la faire sauter des plates-formes, parce que c’est vrai que j’ai oublié de parler du fait qu’un autre élément qui m’a beaucoup marquée, c’est ce qui s’est passé avec Mégan Murphy, qui est une féministe canadienne, qui a été déplateformée, qui a été bannie de Twitter. 

C’est quand même incroyable quand on voit tout ce qui passe sur Twitter, qui en plus d’enfreindre les lois d’utilisation de Twitter, mais qui enfin juste les lois morales tout court et que ça passe, et que ça reste, quand vous voyez qu’il y a du porno sur Twitter, qu’ils ne sont pas fichus de faire dégager le porno sur Twitter, mais qu’ils peuvent bloquer pour toujours, dégager une femme qui a osé – attention ! – utiliser le pronom « il » pour une personne mâle, ça, ça m’avait vraiment marquée aussi. 

À la limite c’est l’anecdote peut-être, pas qui me concerne moi, mais c’est vrai que cette injustice-là et cette question qui est derrière, qui est quand même de : “Comment font-ils et comment font-elles pour arriver à faire progresser un mouvement aussi rapidement et pour avoir autant de poids auprès, soit d’institutions, soit de compagnies, qui ne s’embarrassent jamais de questions soi-disant des minorités ?”

RDG – As-tu quelque chose à ajouter ? 

Oui ! (sourire)

J’aimerais revenir un petit peu sur, (alors pas uniquement sur l’importance du langage), mais en tout cas sur l’une des tactiques les plus importantes du transactivisme, qui est de tout réécrire, et la façon avec laquelle ils s’inscrivent, vraiment, dans un monde de post – justement – vérité. 

Je trouve que c’est fou d’analyser à quel point il y a une réécriture et une déconstruction, une transformation de tout.

C’est-à-dire que,  quand on pense à la transidentité, on s’imagine, on pense, à la transition, à la modification du corps, qui est déjà en soi un énorme sujet. 

Mais quand on regarde bien, ils transforment absolument tout : transformer le sens des mots bien évidemment, transformer leur corps, transformer la réalité biologique.

Ça passe par des détails que nous acceptons la plupart du temps, en tout cas quand on n’y a pas réfléchi et quand on n’a pas été confrontées à certaines choses qui font qu’on a tout ce processus intellectuel. 

On accepte très facilement de ne jamais utiliser le « deadname », par exemple, le prénom que la personne avait avant. Ou on accepte très facilement l’idée qu’il ne faut surtout pas  partager de photos pré-transition. Voilà. 

C’est-à-dire que si on parle à des personnes qui ne sont pas critiques du genre, ou qui n’ont pas été familiarisées avec toutes les problématiques du transactivisme, c’est quelque chose qui est accepté comme allant de soi. 

Donc il y a une facilité à effacer ce qui ne nous convient pas, notamment aussi, une facilité à effacer tous les passés criminels ou illégaux de certaines personnes, qui occupent par ailleurs des places assez importantes dans le transactivisme, alors là je ne parle pas en France. Donc il y a la facilité à cacher tout ce qui ne convient pas. Mais aussi une facilité à cacher des passés qui peuvent être criminels ou illégaux. C’est le cas, pas en France mais à l’étranger, ça s’observe (je ne suis pas en train de dire que toutes les personnes qui font partie du mouvement transactiviste ont un asier, ce n’est pas ça que je dis), mais on trouve des personnes qui occupent des places pas trop minimes, et qui en fait, ne sont pas, justement, dans une situation d’avoir un casier vierge. Et ça, ça passe comme une lettre à la poste. 

Des déclarations “très étranges” sur les enfants, ça passe aussi comme une letre à la poste, parce que trans, parce que médiatisées, etc… 

Et puis modifier ce qui ne convient pas, c’est-à-dire modifier la réalité biologique.

Hier, j’écoutais une rediffusion de l’année dernière sur France 3, une édition régionale, je crois, pour la Nouvelle Aquitaine, où il avait une journaliste qui était avec un chirurgien et une “femme trans”  qui devait avoir la cinquantaine ou un peu plus. 

Et le chirurgien, donc, expliquait à un moment donné que grâce aux opérations, grâce à la vaginoplastie (déjà ce terme en lui-même, moi, me dérange, mais…)  grâce à la vaginoplastie, il était  en mesure de donner à ses patientes des “vagins totalement fonctionnels”… 

Et quand on se dit qu’à la télé, il y a  un chirurgien qui peut passer tranquille, et vous dire que… j’essaie de trouver un moyen de dire qu’il ne soit pas pas trop violent mais une… une… “cavité”, car “trou” c’est un peu violent,  mais une cavité artificielle créée via chirurgie, quand on est capable de nous dire à la télé que c’est (un chirurgien, hein!) que c’est la même chose qu’un vagin, que c’est totalement fonctionnel!… Je me dis, “mais dans quel monde vit-on?” et que la journaliste ne réagit pas… 

Et en fait, je suis à la fois fascinée dans un sens, mais horrifiée… c’est une fascination horrifiée aussi de voir l’aisance, et l’autoroute qui s’ouvrent à ces personnes pour tout réécrire : se réécrire, se transformer, transformer les opposantes (c’est-à-dire qu’on n’est même plus les victimes, finalement,  on est les horribles agresseuses,  et transformer une réalité biologique. Pareil : “les femmes trans ont leurs  règles”, ce genre de choses !

Et je crois aussi que l’un des aspects qu’on n’explore pas assez hors des cadres, où je dis qu’il faut vraiment réfléchir à ça, c’est le rapport au corps, et le rapport à la sexualité.

Finalement, le transactivisme a fait un très bon travail pour nous persuader que ça n’avait rien à voir avec le corps, que  c’était  une question de ressenti, que c’était une question de genre, et que SURTOUT ça n’avait rien à voir avec la sexualité! … sauf que pour beaucoup de personnes trans, quand même, ça vient d’un rapport au corps qui est absolument désastreux et qui doit occasionner beaucoup de douleur chez les personnes qui en arrivent justement effectivement à ces parcours-là!

Ce n’est pas du tout pour les marginaliser ou pour me moquer ou pour minimiser, mais d’un côté il y a une souffrance énorme qui peut d’ailleurs être liée à beaucoup d’autres choses, mais on n’a pas le droit de dire que ça a un rapport avec le corps. On  n’a pas le droit de dire que ça a un rapport avec le sexe. Et on n’a pas droit non plus de dire que ça a un rapport avec la sexualité. Sauf que moi, je suis convaincue que, pour en tout cas pas mal de personnes, ça a un rapport avec la sexualité. Que ce soit l’autogynéphilie par exemple, ou pour certaines femmes malheureusement, l’incapacité, à cause de la société dans laquelle on vit, à accepter d’être lesbienne aussi, par exemple.

Et je trouve que, pour un mouvement qui en fait, revendique tellement le droit de modifier son corps, et en plus de ne pas payer pour, bien évidemment, (mais ce n’est pas un trouble, mais quand même il faut que ce soit pris en charge) et pour un mouvement qui s’acharne tellement à vouloir nous arracher notre corps, en tout cas c’est ainsi je le ressens, moi! 

Ils sont très fort pour qu’on ne puisse jamais venir sur leur corps à eux,  leur sexualité, et poser les questions qui dérangent.

En tous cas pour moi, la transidentité, ça a énormément à voir avec la sexualité, et avec le corps sexué, et pas uniquement, et loin de là, avec un sentiment d’inconfort, et quelque chose qui relèverait de la perception vraiment spirituelle et émotionnelle qu’on a de soi.

RDG – Du coup, j’avais une question par rapport à ce que tu viens de dire, parce que tu parlais de spiritualité, et je trouvais que c’était une très bonne introduction à la question que je me posais. Finalement j’ai l’impression que le concept de transidentité, ça fait beaucoup référence au concept de la séparation, la dichotomie esprit et corps, qu’on retrouve notamment dans la tradition judéo-chrétienne, dans les religions patriarcales, et j’ai l’impression que c’est une espèce de renouveau dogmatique, où on ne doit pas remettre en question une spiritualité… En fait ça prend pour moi des airs de dogme et de religion!

Antastésia – Ah oui, totalement! 

Pour moi, à titre purement personnel, la difficulté que j’ai un tout petit peu à m’exprimer sur ce sujet, c’est que personnellement je ne suis pas opposée aux parcours de transition. Je pense qu’il y a des personnes qui souffrent réellement d’un type de dysphorie qui ne peut pas être allégé uniquement via la thérapie, via un changement de société. Je pense qu’il y a certaines personnes qui ont, effectivement, ce problème avec ce corps et avec ce corps sexué, et qui voudront quoi qu’il arrive en fait, reproduire de façon artificielle les caractéristiques sexuelles secondaires de l’autre sexe.

Je pense qu’il aura toujours un pourcentage infime, parce qu’en réalité ce sont de très rares personnes qui sont vraiment dans cette situation. Donc je pense qu’il y a vraiment ces personnes-là, et je ne veux pas nier leur existence, parce que moi je pense qu’elles existent, et je n’ai pas de problème avec le fait qu’elles soient prises en charge, et qu’il y ait tout un parcours adapté, à partir du moment où ces personnes ne veulent pas nous voler nos droits et nous voler nos espaces, et nier des réalités évidentes… Mais de l’autre côté, effectivement, j’ai du mal quand même à concevoir qu’on puisse logiquement présenter ça autrement que comme un trouble, parce que le présenter autrement que comme un trouble psy reviendrait à dire qu’il y a une âme dans le corps qui, parfois, peut être “propulsée dans le mauvais corps”.

Personnellement je n’y crois pas.

Que certaines personnes y croient… ça les regarde, j’ai envie de dire. Mais je suis pour vivre dans une société qui se base plus sur la science et la raison que sur le dogme, et pour une société laïque en fait! Et dans une société laïque, on ne peut pas, en réalité, accepter que des lois passent parce qu’il y a une idéologie qui n’est fondée sur rien, qui est fondée sur des croyances sur des ressentis. Pour moi, c’est totalement à l’opposé de la société que j’aimerais construire, et c’est une forme d’obscurantisme…  Pour moi c’est de l’obscurantisme : c’est le refus de la science, le refus de la raison, le refus de la critique, le refus de la discussion…

Et cette idée d’être “né dans le mauvais corps”… c’est marrant parce que maintenant beaucoup de trans ne veulent plus qu’on dise ça : qu’ils ou elles sont “nés dans le mauvais corps”. 

Sauf que c’est c’est essentiellement ce qu’ils nous disent, mais ils nous retirent cette phrase-là!  Alors pourquoi?

Parce que ça empêche certaines personnes qui refusent de modifier leur corps de se dire trans. 

Parce que maintenant, peut être trans qui veut. C’est-à-dire que si demain moi je ne change rien à mon apparence, je ne change rien à ma vie mais que je dis que je suis non-binaire, je suis non-binaire, point! Si je dis que je suis un mec,  je suis un mec, avec le nouveau transactivisme! 

Donc on ne peut plus dire “être né dans le mauvais corps” qui est une phrase qu’on entendait beaucoup chez les personnes qui, à l’époque si disaient transsexuels et pas transgenre. Maintenant on ne peut plus dire cette phrase-là parce que ça invalide une part quand même grandissante du mouvement transactiviste qui ne veut plus faire une vraie transition. 

Et moi je suis effarée de la porte ouverte à tout. 

Récemment, j’ai écouté des vidéos anglophones, et certaines de ces personnes ont mentionné deux cliniques aux États-Unis qui proposent désormais des opérations pour les non-binaires… On n’est plus sur des opérations qui visent à recréer un faux pénis ou un faux vagin, on est sur des opérations qui préservent par exemple le pénis mais qui vont perforer en dessous du pénis pour créer leur, soi-disant dans leurs termes c’est une vaginoplastie, où on préserve le pénis.

A quel moment on est dans quelque chose qui est acceptable? Non je suis désolée,  mais pour moi, c’est inacceptable! Et comment est-ce qu’on ne peut pas lier ça à,  je suis désolée, un rapport à soi qui nécessite d’être pris en charge par des thérapeutes psy. 

Et à quel moment est-ce qu’on ne se dit pas il y a quand même peut-être un rapport avec la sexualité là… Il y a quand même quelque chose à chercher.

Pourquoi est-ce qu’on voudrait avoir un pénis… et un trou en-dessous du pénis?

Il faut ouvrir les yeux!

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe www.womensdeclaration.com

Esther, rebelle du genre

Esther – Bonjour je m’appelle Esther, j’ai 19 ans, je suis étudiante en région parisienne, féministe radicale et activiste à l’Amazone Paris.

Une de mes premières expériences avec la violence sexiste : j’avais sept ans : il y avait dans ma classe un petit garçon qui, à chaque récréation, me poursuivait parce qu’il disait vouloir m’embrasser. Et une fois, il m’a étranglée en disant  “j’ai envie de te tuer”. 

Enfant j’étais critique du genre sans le savoir et sans poser les mots dessus. En fait, dès l’école primaire, j’ai réalisé qu’il existait un double standard très fort dans tous les aspects de nos vies entre les petites filles et les petits garçons.  Je me souviens de mes récréations que je passais à lire dans un coin de la cour. Et parfois je levais les yeux et je regardais ce qui se passait. Ça me sidérait que les filles soient recroquevillées dans un coin, reléguées contre les murs de la cour de récréation pendant que les garçons prenaient toute la place, couraient… On avait peur d’être violentées physiquement tant leur énergie était incontenable, et le message des adultes, ça a toujours été que c’était normal, et que c’était à nous de nous rendre invisibles, transparentes, pour leur laisser de la place. Et je me rappelle notamment une de mes premières expériences avec la violence sexiste, c’était quand j’avais sept ans : il y avait dans ma classe un petit garçon qui, à chaque récréation, me poursuivait parce qu’il disait vouloir m’embrasser. Et une fois, il m’a étranglée en disant  “j’ai envie de te tuer”. 

A l’époque, ma grand-mère qui est psychiatre, en avait déduit qu’il reproduisait ce qui se passait chez lui entre son père et sa mère. Et lorsque mes parents en ont parlé au directeur de l’école, il a dit que c’était sûrement parce qu’il était amoureux de moi, et qu’il fallait le comprendre. En gros, je devais me taire pour le laisser exprimer sa violence comme il le voulait. Donc j’ai toujours été choquée par ça, et choquée par les normes de genre, et cette douceur, cette docilité imposée aux petites filles. Mais tout en étant révoltée, je n’étais pas moi-même touchée par un quelconque sentiment de dysphorie ou quoi que ce soit qui s’en approche parce que j’étais assez conforme aux normes de genre, enfin autant qu’on peut l’être, je pense, bien que personne ne soit binaire.

J’avais les cheveux longs,  je faisais de la danse classique, je n’avais aucun rejet de la féminité qui correspondait à ce moment-là à mon âge, et au contraire je me reconnaissais dans cette esthétique de la douceur qu’on impose aux petites filles.  

Donc ensuite j’ai grandi, et arrivée à la pré adolescence, au début de l’adolescence, vers mes 11/12/13 ans, j’ai réalisé que ce que je pouvais auparavant encore relier à une forme de jeu enfantine, devenait de la réelle violence.

Je me rappelle que la première fois qu’un homme m’a dit (un homme adulte m’a dit) “hé salope tu suces?” dans la rue, je ne savais pas ce qu’était une salope et je ne savais pas ce qu’était sucer, je devais avoir 11 ans à peu près… 

Ces accumulations de sexisme et de misogynie que je percevais autour de moi ont créé une colère en moi, qui m’a fait m’orienter plus tard vers le féminisme.

En parallèle de ça, je pense que c’est important de préciser pour la suite que j’ai grandi au sein d’une famille aimante. Mes parents m’ont toujours soutenue, m’ont toujours aimée, et m’ont toujours montré qu’ils m’aimaient.

Et notamment en ce qui concerne l’homosexualité par exemple, j’étais très au courant du fait qu’il était parfaitement ouverts. Le premier mariage auquel j’ai été  avec mes parents, c’était un mariage gay de leurs amis en 2012.

Donc j’ai vraiment grandi au sein d’une famille où je sentais que, peu importe qui j’étais, j’allais être aimée et soutenue.

Donc avec l’afflux de ces violences vers mes 12, 13, 14 ans, j’ai commencé à vouloir partager cette colère avec d’autres personnes qui pouvaient comprendre. J’avais le sentiment d’étouffer dans un milieu scolaire qui me semblait insensible à toutes ces questions qui me taraudaient l’esprit H24. 

Je me demandais pourquoi, en tant que fille, on doit subir ça, et l’amalgame entre la féminité, le fait d’être une fille, et donc plus tard une femme, et ces violences a été très vite fait dans mon esprit.

En fait je n’ai jamais détesté mon corps à proprement parler, mais je détestais le regard que les hommes posaient sur lui. 

Je détestais la réaction de mes camarades de classe, mes camarades masculins, à la vue de mon corps qui change avec l’adolescence.

Je détestais le fait de devoir maintenant avoir peur alors que j’avais pas encore ce sentiment de peur à l’enfance, et en fait l’acquérir ça fait monter ma colère encore.

Et donc je pense que j’étais à la recherche d’un sentiment de communauté et de compréhension avec des gens de mon âge. Et aussi d’explications parce que être une femme était devenu quelque chose de  négatif dans mon esprit et je ne comprenais pas pourquoi.

Parce qu’en parallèle je me rendais bien compte que les garçons de mon âge étaient immatures par rapport à nous. Que sur plein d’aspects, c’étaient vraiment des êtres limités notamment par rapport à l’empathie, et aux émotions qu’ils avaient peur d’eux-mêmes… Ils  transpiraient la non confiance en eux, et pourtant devant eux, je me sentais réduite à néant, et  je ne comprenais pas pourquoi. 

Donc je me suis inscrite quand j’avais 14 ans, sur un forum LGB. Je ne sais même pas s’il existe encore aujourd’hui. C’était spécifiquement pour les ados. Je crois que c’était 13/18 ans,  quelque chose comme ça. Donc LGBT mais, à l’époque, il y avait très très peu de personnes trans.  Et je traînais beaucoup sur Internet et ça me semblait être l’endroit où j’allais trouver ce sentiment de communauté. Et donc une personne, sur ce forum, m’a envoyé le lien d’un forum Discord.  Peut-être qu’il y en a qui ne savent pas ce que c’est parmi celles qui nous écoutent. C’est une espèce de forum de discussion. On peut avoir plusieurs pages de discussions. On peut avoir accès à tout le forum, ou à seulement une partie. Et voilà c’est pour tchater. On peut s’appeler aussi.

Donc je suis arrivée sur ce forum, qui était “sur le papier” un forum féministe pour les droits des LGBTQ+, et dans la réalité des faits c’était un forum transactiviste, et c’est là que j’ai côtoyé pour la première fois les aspects les plus sombres et les plus sectaires de la communauté trans. Evidemment, à l’époque, je ne m’en suis pas rendue compte, et je le dis maintenant avec le recul. 

Alors déjà, ce Discord s’appelait “le Discord de l’amour”. Donc en voyant ça, n’importe quel adulte fuirait très très vite, mais à l’époque, j’étais une enfant, et je me disais “Oui, l’amour c’est bien, et on partage de l’affection.” En fait, je pense que la première chose qui fait de ce milieu une secte, c’est ce besoin constant de dire à tout le monde que tout le monde est valide. Peu importe ce que tu fais, peu importe ce que tu penses, peu importe ce que tu dis, peu importe qui tu es : tu es valide, tu es parfait comme tu es, et c’est ce sentiment d’hyperpositivité, je m’en suis rendue compte plus tard en lisant des documents scientifiques sur les fonctionnements des sectes, qu’en fait ces messages hyper positifs qu’on t’envoie de tous les côtés, ça provoque (je saurais pas l’exprimer, je ne suis pas très scientifique) mais ça provoque dans la chimie du cerveau un sentiment de satisfaction et ensuite le cerveau va venir rechercher ce qui provoque cette satisfaction. Donc  en fait, à force d’être partiellement dans cette bulle sur Internet, d’ hyper positivité, qui effaçait toute réflexion en fait, parce que il n’y avait pas de réflexion féministe, il n’y avait pas de réflexion sur de réels droits, il y avait juste un besoin de validation constante, et une volonté d’assaillir tout le monde avec la validation, qui faisait que le monde réel me paraissait, en comparaison, froid…  Comment dire? Dépourvu d’amour et dépourvu de soutien. Ce qui était très faux, en tout cas dans ma propre vie à ce moment-là.

Donc les transactivistes sur ce Discord, ont procédé selon un mécanisme d’embrigadement qui est extrêmement complexe, et qu’avec le recul je comprends difficilement même si je le saisis beaucoup mieux qu’à l’époque.

En fait ils nous font sentir, (globalement à tout le monde, mais je pense que les jeunes filles à tendance féministe disons sont particulièrement touchées, du fait de notre éducation à l’empathie, au soin d’autrui, et aussi de notre sentiment d’infériorité dû à l’éducation), en fait ils nous font sentir qu’on n’est qu’une construction sociale, qui renvoie des oppressions de partout, et que le seul moyen de ne pas constamment projeter de la violence autour de nous, sur tout le monde, c’est de se déconstruire.

On se sent extrêmement mal

Et on a surtout l’impression que ces gens, les transactivistes, sont des ressources vitales pour qu’on ne soit plus ce monstre, en fait. 

Et qu’on puisse devenir quelqu’un de bien.

Donc quelqu’un bien c’est quelqu’un qui ne va pas mégenrer, c’est quelqu’un qui respecte toujours les identités de tout le monde, qui se bat contre l’ennemi commun : les sales TERFS. Même si à l’époque c’était moins répandu qu’aujourd’hui. Et donc ça crée un cercle de dépendance, en fait : plus on se sent mal parce qu’on n’est pas déconstruit, parce qu’on a l’impression qu’on va violenter tout le monde, plus on a besoin des transactivistes pour nous expliquer. Donc ils nous expliquent les choses. Et plus ils nous expliquent, plus ils font apparaître, ils inventent de nouveaux mécanismes de violence qu’on aurait envers tout le monde, comme le mégenrage par exemple, mais il y en a plein d’autres, et plus on ressent cette dépendance envers eux, et ce besoin de toujours les côtoyer, pour toujours être sûres de ne jamais violenter personne…

Parce qu’en fait, quand on a déjà subi ce que c’est, une oppression, on n’a pas envie de le faire vivre aux autres. Et c’est ça la plus grande force des transactivistes, c’est le vécu de jeunes femmes (de tout le monde, mais des jeunes, en particulier LGB), qui ont vécu ce que c’est la violence patriarcale, l’oppression homophobe etc, et qui ont envie de l’abolir et de ne surtout pas le reproduire sur d’autres personnes.

Dans les luttes transactivistes, il y a une hiérarchie de la violence, et en fait c’est la course à qui sera le plus oppressé. Et la personne qui va être considérée comme la plus oppressée, qui est censée se faire taper dessus le plus par toute la société, va être celle qui va dicter la conduite à toutes les autres. Et sur ce Discord, c’était très apparent parce que, comme comme je l’ai dit, il y a plusieurs forums de discussion, et en fait quand je suis arrivée dessus, j’étais une fille cis, certes pas hétéro, mais j’étais quand même très privilégiée. En plus, malgré le fait que je venais d’une famille d’immigrés, j’étais blanche… donc attention! Donc j’avais accès à seulement une petite partie du forum. Et plus tard quand j’ai notamment fait mon coming out non-binaire, tout le monde m’a applaudie comme si j’avais eu la révélation de ma vie, que je faisais parti du club “des bons” en fait. Maintenant j’atais devenue une personne intéressante par ce que je n’étais plus une femme cisgenre. Et dont j’ai eu accès à d’autres forums de discussion, qui étaient en fait les plus actifs… et donc les plus dangereux, et cette hiérarchie c’est vraiment… en fait c’est vraiment un gros problème parce que quand on est une jeune ado on a besoin de reconnaissance de la part des adultes qui est complètement naturel. Et le fait de valoriser et de récompenser des gens, qui sont des enfants, sur la base de combien d’étiquettes d’oppression ils cumulent… c’est vraiment… incroyablement ridicule, pour commencer, mais aussi extrêmement dangereux.

J’ai parlé d’adultes. En fait sur ce Discord je faisais partie des plus jeunes. Je pense que la plus jeune devait avoir 13 ans, moi j’avais 14 ans. Il y en avait une qui en avait 16. Il y en avait quelques-uns qui avaient entre 18 et 20 ans, et puis il y avait des adultes de 35 ans qui avaient des enfants, qui étaient mariés… et qui trouvaient ça parfaitement normal de discuter de notre sexualité sur Internet toute la journée, avec nous, des ados au collège.

A l’époque évidemment, je ne me rendais pas compte à quel point c’était dangereux. Mais il y avait une vraie influence basée sur l’expérience de vie, sur l’âge, et nos jeunes intellects ne pouvaient pas se mesurer à eux et à leurs techniques de manipulation.

Donc sur ce Discord, je pense qu’une des raisons qui a fait que j’ai fnalement déclaré que j’étais non-binaire,  c’est parce que, en fait, je ressentais peut-être encore plus qu’ailleurs l’effacement de la féminité.  

J’étais arrivée en me disant que peut-être j’allais discuter de féminisme et apprendre… Mais en fait on ne parlait jamais des femmes. On parlait des trans et des  techniques de transition. A la limite, on parlais des homosexels mais en fait c’était considéré comme acquis que personne n’était hétéro, parce que les hétéros… pourquoi le côtoyer? Beurk, finalement! (je caricature, mais c’est vraiment grave) et le Graal, c’était de transitionner, d’avoir un bon passing, et ça devenait une obsession, avant même que je me déclare moi-même concernée. 

En fait, c’est un sujet qui, une fois qu’on s’y attache, accapare tout notre temps, toute notre vie, c’est extrêmement chronophage, parce qu’il y a toujours plus à apprendre, il y a toujours des nouveaux mots, des nouvelles étiquettes qui sortent, et qu’on doit mémoriser instantanément, utiliser parfaitement comme si on les avait intégrés dès notre plus jeune âge… au prix d’être les vilains oppresseurs complices du patriarcat. Et donc ça me prenait tout mon temps!

Les souvenirs que j’ai de cette période, c’est moi, dans ma chambre, sur mon téléphone, en train de me renseigner sur Instagram sur tous les nouveaux genres qui sortaient, tous les nouveaux pronoms, m’entraîner à faire des choses qui n’étaient pas naturelles.

Par exemple : genrer au féminin quelqu’un qui a 35 ans, qui a une voix d’homme, qui n’a pas effectué de transition. Et entraîner mon cerveau, contraindre mon cerveau à accepter que c’était normal, et que c’était ça ou être violente.

Et en fait, sur ce Discord, on m’a appris que le genre était un ressenti. Et ça c’est vraiment la base de la Bible transactiviste : le genre est un ressenti. Donc si tu te sens femmes, tu es femme. Si tu ne te sens pas femme, tu n’es pas femme.

Or moi, à 14 ans, à part les fois où j’étais confrontée à la violence et au sexisme, par exemple quand je rentrais tard le soir dans le métro, et que de vieux mecs me suivaient, je n’avais pas un sentiment profond d’être une femme.

Parce que premièrement, j’étais une enfant. Et que deuxièmement, ce sentiment profond, je pense qu’il ne vient que des retours qu’on a de l’extérieur. Les moments où je me suis sentie le plus femme de ma vie, à part quand c’était lié à des faits biologiques, comme par exemple avir ses règles, c’était les moments où j’étais le plus confrontée à la violence des hommes et où on m’a ramenée le plus à ce statut de femme. Mais donc si le genre est un ressenti, ce que j’ai appris sur ce Discord, n’importe quel ressenti que j’avais, pour moi, pour l’enfant que j’étais, pouvait être associé au genre! Et c’est comme ça que j’ai commencé à me dire que je n’étais pas une femme : parce que ce sentiment profond manquait, et que j’étais plein d’autres choses! Parce que j’avais des émotions, des émotions complexes, comme n’importe qui. Et ces émotions pouvant être facilement rattachées au genre, je me suis définie “non-binaire genderfluid”. 

Ensuite, j’ai passé des mois et des mois à analyser chacun de mes ressentis en me demandant si c’était lié à mon genre. Et en fait, sans même me demander, parce que je ne réfléchissais même plus. Je me disais “Ha j’ai ressenti ça, c’est sûrement un nouveau genre, vu que je suis genderfluid, j’en ai tout le temps des nouveaux genres, ça fluctue!

J’en ris, avec le recul parce que je me suis vraiment auto-convaincue de choses totalement ridicules! J’étais passionnée de littérature (et je le suis toujours) et je sentais bien que différents textes provoquaient chez moi différentes émotions. Et donc je me suis dit qu’un des facteurs qui pouvaient faire varier mon genre, c’était par exemple le type de livres que je lisais. Et donc quand j’ai lu “Madame Bovary” je n’avais sûrement pas le même genre que quand j’ai lu “le seigneur des anneaux”!

Ca peut paraître vraiment très très ridicule, mais c’était des réflexions nourries par des heures de conversations avec des adultes de plus d’une trentaine d’années qui accueillaient mes déclarations et nos déclarations (parce que je n’étais pas toute seule à être très jeune et mineure sur ce Discord et en questionnement) avec le plus grand des calmes, et en me disant :“Tu es valide, tu es valides. Quand tu dis que tu es sireno-genre parce que tu as envie d’être une sirène, tu es valide!”

Et c’est dangereux en fait!

Fort heureusement j’ai jamais vraiment transitionné socialement mais j’ai fait quelques pas dans cette direction.

Notamment j’ai acheté un binder, parce que je me suis auto-convaincue que je haïssais ma poitrine, ce qui était faux. Je détestais le regard des hommes sur ma poitrine. Mais ma poitrine elle-même, je n’avais aucun problème avec elle.

Et moi j’aimerais parler deux minutes du binder parce que je ne l’ai porté que quelques fois, mais j’en garde un souvenir traumatique, en fait! Ça compresse toute la poitrine. Mais pas seulement les seins : ça compresse les côtes sur le côté, ça compresse le dos, on ne peut pas respirer. Je pense que le cerveau est mal oxygéné : ça m’arrivait d’avoir des étoiles dans les yeux parce que je suis allée en cours de sport au collège avec. Et c’est vraiment dangereux, en fait! Je me dis heureusement que je ne l’ai porté que quelques fois, mais je sais que des personnes qui se sont bandé les seins pendant plus longtemps ont eu des cicatrices! C’est dangereux, c’est une mutilation du corps, en fait!

Le transactivisme, c’est un mouvement qui sacralise la destruction du corps.

Et le rapport des transactivistes à la féminité est vraiment extrêmement malsain aussi : nous, les femmes, ils essaient de nous ejecter de la féminité en déifiant la non-binarité, la non-conformité au système, au cis-tème, au cis-patriarcat, etc, mais EUX, les hommes transidentifiés, sacralisent la féminité. Une féminité cliché, qui me répugnait. 

En fait je pense que, voir des photos de ces adultes hommes, le torse poilu, en vêtements clichés de la féminité…  je sais plus j’aimerais pas dire de bêtises mais il me semble que j’ai vu des photos d’eux en sous-vêtements… je sais plus. 

En dentelle, avec une esthétique très cabaret… en fait ça me dégoûtait encore plus de féminité!

Parce que je voyais ça, je disais “C’est ça une femme? Je ne veux pas être comme ça!” (inconsciemment, en tout cas). Ils prônent cet idéal grotesque de la féminité qui fait que, même si on s’identifie encore en tant que femme à ce stade, on ne peut pas dire qu’on est une femmes, si toutes les femmes sont pareilles!

Parce que c’est vraiment des individus qui, par leur discours et leurs manières de se comporter, suscitent le rejet chez les autres.

Et donc oui à cause du temps que je passais en ligne, à discuter avec ces personnes, du temps que je passais en introspection sur moi-même à essayer d’identifier mon propre genre, je me souviens avoir été complètement déconnectée de la réalité.

Vers la fin, je ne lisais même plus, je n’écoutais pas en classe, je passais ma vie sur mon téléphone. Toutes les personnes qui essayaient de m’en empêcher, c’étaient le mal et une menace. 

Mes parents sont devenus une menace aussi.

Il y a une grande volonté des militants transactivistes de couper les jeunes de leur famille, de leur entourage parce qu’ils savent très bien que tant que ces jeunes sont ancrés dans un milieu qui les accepte comme ils sont, et un milieu bienveillant, ils n’ont aucune chance de les faire basculer de leur côté.

Moi, ils m’ont convaincue que mes parents étaient homophobes, alors que ce n’était pas le cas. Et je le savais en plus!

Et ils m’ont convaincue que c’étaient des personnes malveillantes … juste parce qu’ils refusaient d’adhérer à mes délires.

Parfois on marchait dans la rue avec ma mère, dont j’ai toujours été extrêmement proche, on a une relation fusionnelle avec ma mère, et on marchait dans la rue, et parfois elle disait : “La fille a de jolis cheveux”… et moi je lui disais : “Mais non, Maman, tu ne peux pas dire ça, parce que tu ne lui as as demandé son genre, donc tu ne peux pas savoir si c’est une fille!”

En fait, je ne réfléchissais même plus. Je n’avais aucun esprit critique, je répétais en boucle des phrases qui m’avaient été inculquées de force et martelées dans mon esprit.

Je ne pouvais rien dire d’autre, je ne pouvais parler de rien d’autre.

 Avec le recul je me souviens de cette période comme d’un trou noir, dans lequel ma volonté, ma réflexion et mon esprit critique ont disparu. 

Et ça a duré plusieurs mois.

Ce qui a fait que je m’en suis sortie c’est que j’ai été brutalement reconnectée avec la réalité de ce que c’est être une femme.

En fait, alors que j’étais encore sur ce Discord mais que je m’en détachais peu à peu, j’ai été violée à plusieurs reprises, par la même personne, l’année de mes 15 ans. J’étais en seconde.

Je n’ai pas du toute envie de dire quoi que ce soit qui se rapproche du fait que ça aurait été une expérience bénéfique.

Je pense que les phrases du style : “Mais tu peux tirer du bon de tout” et “On apprend de tout” etc,  ne s’appliquent pas ça.

Je pense que le viol ça détruit et ça ne fait rien d’autre que détruire et ça laisse un néant où tu n’as plus d’humanité, tu n’as plus rien. 

Mais malgré ça, ça m’a reconnectée avec ma réalité physique. 

Sans poser les mots dessus à l’époque, presque inconsciemment je pense, j’ai fait le lien entre ça, ce sentiment, et ce que j’avais fait toute ma vite en fait, face aux différents degrés de violence masculine.

Et j’ai réalisé que être une femme, c’était ça.

C’était être poursuivie par les garçons quand j’avais 7 ans.

C’était être violée à 15 ans.

Et ça n’avait rien à voir avec la vision “paillettes, feux d’artifice et fête” que les hommes trans identifiés de ce Discord me donnaient.

Et suite à ça, j’ai quitté discrètement  les conversations etc.

J’ai eu besoin d’un peu de temps pour réaliser ce qui m’était vraiment cette année, mettre de la distance avec cette personne de mon entourage.

Et vers mes 16/17 ans j’ai reconnecté avec le féminisme qui m’avait toujours attirée, la critique de genre qui avait toujours été dans mes valeurs.

J’ai lu les grandes théoriciennes du féminisme.

Et j’ai beaucoup réfléchi toute seule dans un premier temps sans les réseaux sociaux, ce qui, je pense, a été vital pour moi parce que c’est l’époque, vers 2019/2020, où je pense que le transactivisme a vraiment envahi les réseaux sociaux et tout l’Internet de manière fulgurante.

Et donc j’ai pris ce temps pour réaliser qu’être une femme n’avait rien à voir avec ce qu’on m’avait inculqué, et était en fait basé sur une réalité matérielle et biologique, et que c’était cette réalité biologique qui était la cause de nos souffrances, et à la cause de ce rapport conflictuel avec mon corps, dédoublé après les viols, bien sûr.

Et en fait c’était ça, la cause de mon mal-être et c’était pas une sorte d’attaque nébuleuse et omniprésente qui serait faite à l’encontre de mon identité de genre. Je n’étais pas enfermée par mon sexe “assigné à la naissance” mais par des injonctions faites de toutes parts et basées sur ce sexe.

Je suis ensuite retournée sur les réseaux sociaux, notamment pour suivre Marguerite Stern, qui a été ma sauveuse, parce qu’elle a créé les collages contre les féminicides, en 2019.

Le 1er janvier 2020, j’ai fait mon premier collage, toute seule. 

J’étais mineure et donc que je l’ai fait dans le dos de ma mère (c’est pas bien, il ne faut pas faire ça) mais en fait ça m’a libérée, ça m’a offert un espace d’expression pour porter ma voix, et aussi porter celles de toutes les filles qui m’entouraient. Parce que j’étais toujours dans un milieu scolaire qui était vraiment déconnecté des réalités des femmes, et en fait on n’en parlait pas : les profs et les élèves ne parlaient pas de tout ce qui se passait.

Et donc le collage a aussi modifié drastiquement ma perception de ce que je pouvais faire de ma vie de femme. Les premières fois, quand je sortais dans le dos de ma mère à quatre heures du matin, pour aller coller toute seule dans les rues de Paris, j’étais morte de peur. J’avais le sentiment qu’à chaque coin de rue il y avait un agresseur qui allait me tuer. Mais en revenant de ces séances de collage, je me rendais compte qu’en fait j’étais puissante, j’avais une voix et je pouvais occuper l’espace public. Et ça, ça a à tout jamais modifié mon rapport à la rue.

En parallèle, je continuais à construire ma pensée qui avait été détruite. Vraiment,  je considère que toutes mes pensées ont été détruites par les transactivistes, et donc j’ai vraiment dû reconstruire ma pensée sur ce sujet mais aussi sur plein de sujets, et refaire ma propre vision du monde.

Et donc j’ai aussi construit  ma pensée féministe radicale et j’ai rejoint l’Amazone Paris suite à une action le 11 avril 2021, contre la prostitution, organisée à par les militants du CAPP (le Collectif Abolition Porno Prostitution).

Et en rejoignant l’Amazone Paris,  j’ai découvert qu’il y avait toute une communauté de femmes réelles, pas uniquement sur la toile, qui partageaient mes valeurs et qui surtout osaient s’exprimer sur les violences commises par les hommes et plus spécifiquement par les transactivistes.

Parce que c’est vrai que j’évolue dans des milieux… je suis étudiante en prépa littéraire, et la prépa (je sais que c’est pire dans d’autres milieux universitaires, mais c’est vraiment Queerland !) il y a plein d’élèves qui transitionnent. L’année dernière, mon prof d’histoire nous a fait un cours d’histoire sur l’histoire du genre depuis la Révolution, et il n’a jamais parlé de sexe! Et sur chacune de mes copies, j’ai passé mon premier paragraphe à argumenter pourquoi j’allais d’utiliser les mots “sexe, femmes et hommes” et pas “genre”. Et il l’a reçu, mais à reculons! C’est vraiment une pensée qui est adoptée par les étudiants, les milieux universitaires et même des gens dont on penserait qu’ils la rejeteraient en bloc. Des universitaires de plus de 50 ans qui n’ont pas du tout été élevés là-dedans, qui ont été élevés dans un milieu souvent bourgeois et catholique, et qui, pourtant, accueillent à bras ouverts des élèves qui s’identifient “trans non-binaires”, avec des pronoms sortis de nulle part… et ça m’a choquée, en retournant sur Internet, de voir à quel point ça avait progressé.

Par exemple, à mon époque mon pronom, personnellement c’était “ael”. J’étais fière parce que je l’avais trouvé, et il n’était vraiment pas courant du tout. Aujourd’hui Ael  c’est mainstream… ça s’est développé au point que des discours qui, à l’époque, étaient très radicaux, aujourd’hui sont complètement acceptés. Et c’est très grave, en fait!

L’Amazone Paris et, plus généralement les milieux RadFem, m’ont offert cet espace de communauté dont j’avais besoin déjà adolescente, mais sur des bases saines où chacune est libre d’exprimer son opinion.

Et de voir toutes ces femmes fortes aux côtés desquelles j’étais fière de me battre et qui osaient assumer leurs positions, ça m’a permis, à moi, d’oser en parler à mon entourage et de libérer ma parole sur ce sujet. Parce que je pense qu’il n’y a rien de plus précieux que notre liberté de penser. Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus nocif dans le transactivisme : c’est la destruction de notre liberté de penser.

Et c’est contre ça en priorité que j’ai envie de me battre aujourd’hui.

RDG – Pourquoi penses tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie?

Esther – Alors de mon expérience des milieux transactivistes, tout d’abord pour les enfants c’est au-delà d’une menace : un berceau du détournement de mineurs, et même de non-assistance à personne en danger, en fait!

Pour raconter un peu ce qui se passait sur ce Discord :  ces adultes, qui avaient parfois eux-mêmes des enfants, nous incitaient à nous rebeller contre nos parents, à nous enfermer dans cette bulle de manipulation, et notamment par exemple, à fuguer de chez nous. Et je sais qu’il y a plusieurs ados (je ne l’ai pas fait fort heureusement, je pense que j’étais protégée par ce rapport extrêmement bienveillant et d’amour que j’ai toujours eu avec mes parents, mais malgré ça, j’étais atteinte, mais je n’ai pas été jusqu’au bout) enfin, il y a des ados sur ce Discord qui ont fugué  de chez leurs parents.

Ils nous encourageaient à suivre des traitement hormonaux dans le dos de nos parents et sans en parler à des docteurs, en nous expliquant comment on pouvait se fournir.

Ils nous encourageaient à violenter notre corps de 1000 façons, à utiliser tout ce qui est binders, et tout…

Je me rappelle qu’une fois, il y avait eu une conversation entre un mec de 35 ans avec une fille trans identifiée de 12/13 ans où il lui expliquait que ça n’était pas grave si son binder était trop petit parce que ça allait juste fonctionner mieux, alors qu’un binder trop petit, je ne sais plus les risques médicaux, mais ça peut compresser la poitrine, et je crois que ça peut même bouger les côtes et  compresser les organes internes… enfin c’est très très très dangereux!

Ce besoin de validation du transactivisme, tout le temps, tout le temps, ça créait un déni de tout le reste, qui pouvait justifier pleinement le mal-être de ces gens.

Et cette même fille transidentifiée, elle avait expliquée un soir qu’elle avait été violée devant son père par un ami de son père (je suis désolé d’en parler, de parler comme ça dans des termes graphiques, mais je pense que c’est important de dire les choses) et elle avait expliqué ça. Donc il y avait des adultes, qui étaient pourtant censés être féministes, et renseignés sur les traumatismes qui suivirent de tels événements, et personne n’avait l’idée d’imputer son mal-être en partie au moins à cette expérience. Et tout le monde prétendait que c’était uniquement parce qu’elle avait été assignée à la naissance “fille” par un vilain docteur transphobe, alors qu’ elle n’était absolument pas une fille!

Et ça a des conséquences très concrètes sur les enfants. Je pense que je l’ai dit tout à l’heure, mais c’est de pire en pire. A mon époque, c’était encore très marginal et j’étais peut-être une des seules de mon collège à être au courant et au fait de ces mouvances. Mais aujourd’hui, je sais que c’est extrêmement répandu. Je sais que dans les cursus scolaires et universitaires, il y a des préventions contre la transphobie, avec notamment une banalisation de l’utilisation des espaces réservés aux femmes par les hommes trans identifiés. 

Encore hier, j’ai une amie qui m’a montré une caricature qui avait été étudiée dans son cours d’anglais de fac où, en gros ça se moquait d’une femme qui protestait contre un homme utilisant les toilettes réservées aux femmes. C’est extrêmement dangereux et cette pression à l’inclusivité et à inclusion des hommes dans tous les espaces réservés aux femmes a créé des violences sans nom…

Je pense que le séparatisme et le  fait de se couper des hommes doit être un choix personnel, mais je pense que c’est vital qu’on ait, dans l’état actuel des choses, des espaces réservés aux femmes. Ne serait-ce que parce que certaines sont traumatisées.

Et je pense qu’on doit avoir des moyens d’échapper à cette violence.

Je sais qu’aux États-Unis par exemple, en Californie, les prisons commencent à instaurer des moyens pour faire face au fait qu’il y a de nombreuses grossesses liées à des viols que subissent les femmes par des femmes transidentifiées qui sont incarcérées avec elle…  par des hommes transidentifiés pardon, qui sont incarcérés avec elles.

Et la réaction des prisons, c’est de créer des infrastructures pour accueillir ces bébés issus de viols, plutôt que de lutter contre la présence d’hommes dans les prisons de femmes.

On sait que dans le milieu sportif, ça cause énormément de problèmes à cause de différences biologiques évidentes qui créent des disparités.

La pression à “relationner” comme ils disent, dans le sens d’avoir des relations amoureuses et sexuelles avec des hommes transidentifiés, dits “femmes trans” dans les milieux lesbiens, est inouïe!

Aujourd’hui, à Paris il n’y a presque plus de bars lesbiens, parce qu’ils sont tous soit en train de fermer, en faillite, soit extrêmement peu connus et fréquentés, soit investis complètement par les trans et par les hommes.

J’ai été frappée, je sais pas si… La Mutinerie c’est censé être LE bar lesbien de Paris en non-mixité… J’y suis allée deux fois. La deuxième fois que j’y suis allée, il y avait plus d’hommes que de femmes et certains étaient des “femmes trans” donc transidentifiés etc, certains étaient non-binaires, et certaines, pas du tout, étaient des hommes cis hétéros… 

Parce qu’en fait les hommes ont cette tendance à s’accaparer tout ce qui appartient aux femmes.

Mais jamais avant, dans l’histoire je pense, ils n’avaient eu accès jusqu’au rôle genré féminin, jusqu’aux espaces et aux tâches réservées aux femmes. Je pense que, même dans les périodes les plus noires en ce qui concerne les disparités de sexe et l’oppression patriarcale, jamais les hommes n’ont revendiqué le peu qui appartenaient aux femmes.

Et aujourd’hui il n’y a même plus cette limite qui assurait peut-être un semblant de protection de ce qui était la féminité.

Aujourd’hui, tout ce qui appartient aux femmes appartient aussi aux hommes.

Et les lieux réservés aux femmes, qu’ils soient matériels comme des refuges ou des bars, ou tout espace en non-mixité, ou alors les lieux spirituels : le féminisme, la lutte lesbienne, appartiennent aussi aux hommes. Ces espaces sont envahis, en fait! 

On ne peut plus “respirer” nulle part!  

On a besoin pour faire face à ce qu’on vit, se rassembler et lutter un peu contre le sexisme, de ces espaces de femmes. Et c’est vraiment un besoin vital. Et c’est un besoin qui nous est nié et quand on les réclame, on est considérées comme des personnes violentes, on est déshumanisées. Le mot “terf” plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, et c’est extrêmement dur de parler et de revendiquer aujourd’hui nos espaces. 

Et par ailleurs, avec le recul de mon expérience, je réalise le danger à côté duquel je suis passée, et je me rends bien compte que je m’en suis sortie parce que mes expériences en termes de violences sexuelles m’ont reconnectée avec ma réalité matérielle…  mais l’inverse aurait tout aussi bien pu se produire comme ça l’a été pour cette autre jeune fille dont je parlais tout à l’heure. Et j’aurais pu m’enfoncer dans une transition médicale lourde et douloureuse … pour fuir la féminité en fait!

Et l’omniprésence du transactivisme nous refuse le droit de remettre en question ce qui rend vraiment la féminité douloureuse.

On a le droit, en tant qu’être humain, de vivre sous notre réelle identité, sans subir de violence et on a le droit, je pense, de se battre contre ce qui rend aujourd’hui cette tâche impossible.

RDG – Qu’est-ce qui t’a décidée à témoigner aujourd’hui? Est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces? Est-ce que tu as rencontré des dangers, qu’ils soient réels ou perçus dans ton entourage ou dans ton environnement? Est-ce que tu te sais sécurité? Est-ce que tu peux parler librement ou pas?

Esther – Je pense que toutes les féministes radicales, et plus généralement toutes les femmes critiques du genre, ont bien conscience de la menace réelle qui pèse sur nous aujourd’hui. 

J’ai 19 ans, je suis jeune et, de manière générale, que ce soit en faisant ce podcast aujourd’hui, ou en militant avec l’Amazone, je me demande régulièrement si j’aurai un jour un emploi. Parce que je vois, dans d’autres pays, les gens se faire licencier, se faire ostraciser de la société parce qu’elles ont osé défendre des positions critiques du genre.

Après, j’ai beaucoup de chance dans le sens où j’ai un entourage qui, globalement, m’écoute, qu’il soit d’accord avec moi, ou pas. Ma famille me soutient et soutient mes positions. Je pense que mes parents sont très très très soulagés que je sois revenue de là où  j’étais il y a quelques années.

Mes amis les plus proches, qu’ils soient renseignés sur ce sujet ou pas, qu’ils partagent mes valeurs ou pas,  globalement me soutiennent.

Après, j’ai déjà subi des pressions concrètes : notamment récemment, j’ai perdu tout un groupe d’amis, qui pourtant se comportaient comme s’ils étaient très attachés à moi. Parce que j’ai retwitté un tweet de Marguerite Stern. Un truc qui parlait de féminicides… même pas critique du genre! Et suite à ça, on m’a confrontée et je ne me suis pas cachée du fait que je l’admirais énormément et que je n’avais pas honte de partager son travail. Donc tout ce groupe de personnes (une dizaine peu près) ont coupé contact avec moi et j’ai appris par la suite qu’ils faisaient des soirées où ils parlaient de “Esther la sale terf”, qu’ils avaient bien heureusement éliminée de leur vie… 

Donc je témoigne sous mon identité, et je pense que c’est important de le faire, même si je comprends bien sûr les femmes qui ne le font pas, parce que je préfère vivre libre de m’exprimer en sachant que je ne vais perdre personne suite à mon discours.

J’aime le fait qu’aujourd’hui, si je prends la parole et que ça sort publiquement, de mon entourage proche je ne risque de perdre personne. Et je pense que cette liberté de s’exprimer, elle n’a pas de prix. 

Après, la pression est telle que je comprends parfaitement celles qui préfèrent se cacher, et à vrai dire je comprends même celles qui n’osent pas s’avouer que le discours qu’elles prêchent est en fait absurde et violent envers elles-mêmes, parce que c’est tellement omniprésent !

Je pense que la clé de notre libération c’est vraiment, avant tout, la libération de notre parole, et que si même nous, on n’ose pas s’exprimer sur ce qui nous arrive (quand je dis “nous”, je parle des femmes), personne ne le fera à notre place, évidemment!

Et c’est pour ça que je trouve ça important de témoigner et que je trouve que des podcasts comme “Rebelles du Genre” sont vitaux, pour se rendre compte que … plus on parle, plus on est nombreuses à le faire, et en fait on est des millions dans le monde, je pense!

Et c’est important de faire face au camp d’en face qui n’hésite pas à s’exprimer publiquement sur les réseaux sociaux pour nous insulter. Donc je pense que notre,  (ma réponse en tout cas), est pacifique : je ne veux pas de mal à ces personnes. 

J’ai juste envie qu’elles arrêtent de nous vouloir du mal.

RDG – As-tu une anecdote, ou plusieurs, à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant le transidentité ou le transactivisme?

Esther –  Alors, j’ai deux anecdotes, qui, je pense, prouvent à quel point les dérives  du mouvement “trans”, disons, sont omniprésentes, touchent  toutes les femmes et sont vraiment dangereuses et déterminantes dans la vie des individus. Au-delà du fait qu’elles nous empêchent de régler des problèmes sous-jacents dans la société dans son ensemble. C’est deux anecdotes qui sont arrivées à deux amies très proches, à moi. 

Donc la première, c’est femme hétéro d’une vingtaine d’années. Elle n’a aucun problème de dysphorie, mais elle est non conforme au genre, dans le sens où elle a  un style assez “masculin” : elle a les cheveux courts,  elle a joué au foot pendant toute son enfance etc. Et elle évolue dans le même milieu universitaire que moi, c’est-à-dire le milieu littéraire très très queer. Et notamment, elle avait des amis qui étaient persuadés (qui le sont toujours, je pense) persuadés pendant très très longtemps qu’il était, au choix : soit une lesbienne refoulée, soit un homme trans refoulé… Elle est critique du genre donc elle n’a personnellement jamais été influencée par ces discours, mais je me rappelle qu’on lui répétait tous les jours : “Mais si, questionne-toi sur ton genre! Déconstruis-toi! Tu ne vois pas que tu es un homme trans, etc. Et en fait ça m’avait déjà choquée, cette insistance à vouloir caser chaque personne qui ne rentre pas parfaitement dans les normes de la féminité, dans une autre case : celle d’homme trans ou de lesbienne, dyke, butch, ou je ne sais quelle étiquette ridicule! Elle m’a raconté qu’une fois elle a été en soirée, avec notamment ce groupe de personnes, et une fille qu’elle n’avait jamais vue, en discutant cinq minutes avec elle du fait qu’elle était sûrement un homme trans refoulé, a sorti de son sac une seringue et de la testostérone, en disant : “Tiens, si tu veux, je te fais une injection!” Les mots me manquent pour exprimer à quel point c’est dangereux de s’auto-médicamenter comme ça et de proposer ça en soirée, à des gens qui, potentiellement ont consommé des substances, donc ne sont peut-être pas dans un état pour prendre des décisions comme ça. Mais dans tous les cas, proposer un traitement à quelqu’un qui n’en voulait pas et qui en plus n’a pas vu de médecin pour ça, c’est vraiment… c’est vraiment penser que tout le monde est contre nous, et qu’on doit s’en sortir par nous-mêmes! C’est médicalement dangereux!

Et la deuxième anecdote, c’est une autre amie à moi, qui a parlé à un médecin qui la suivait pour un syndrome de stress post-traumatique à la suite d’un viol qu’elle avait subi et il – je crois vraiment que c’était son psychiatre – a suggéré le fait que ce mal-être et ce rejet de la féminité pouvait en partie découler de non-conformité avec le genre féminin, et lui a dit qu’elle devrait explorer la possibilité d’être trans, non-binaire, ou homme… Vraiment, cette omniprésence de la pensée trans nous empêche de trouver des solutions pour des choses qui sont, des mal-êtres qui sont dans le quotidien d’extrêmement beaucoup de personnes! 

Il y a 94000 femmes violées en France par an… Imaginez si chacune d’entre elles associait ce rejet de son sexe, ce rejet de son corps, et ce rejet la féminité, au fait d’être trans! En deux minutes, ce ne serait plus une minorité, en fait! Si toutes les femmes qui avaient un rapport bouleversé à leur corps, du fait d’avoir subi des violences, s’en remettaient au diagnostic des transactivistes… il n’y aurait plus aucune femme!

Je pense que je dis des évidences. Mais en fait ces deux anecdotes prouvent à quel point la médicalisation de la transidentité et l’omniprésence de la transidentité, ça peut toucher n’importe qui. Ça peut toucher des gens qui ne sont pas du tout dans ce mouvement? Ca peut toucher des femmes “cis-hétéro”qui sont seulement à non conformes au genre.  Ca peut même toucher des femmes comme moi, qui à la base, correspondaient parfaitement aux normes de genre. 

Ça peut toucher n’importe qui.

C’est un danger qui n’épargne personne et c’est pour ça qu’il faut, à mon sens, informer le plus possible les femmes.

RDG – Est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Esther –  Oui. Enfin, j’aimerais appeler peut-être les personnes qui m’écoutent à se fédérer un peu plus.

Le propre du transactivisme et de la transidentité c’est que ça nous coupe de toute vision globale de la société, en nous obligeant à nous focaliser sur nos propres sentiments, nos propres ressentis, notre propre individualité… tout en nous détachant, en fait, de notre être, puisque ça nous détache de notre corps.

Et pour citer Bell Hooks, une autrice féministe incroyable, dont je conseille la lecture à tout le monde : “The challenge to patriarchy is political, and not lifestyle or identity.” Donc je pense que je pourrais traduire comme : “Le défi, et la réponse au patriarcat, est politique et ne se situe pas dans le mode de vie individuel ou l’identité.” 

En fait oui : je pense que c’est le groupe qui va nous sauver, et le fait que pour se libérer, on doit toutes se battre ensemble et cumuler nos identités individuelles pour former le peuple, la peuplesse des femmes.  Voilà! 

Léo, rebelle du genre.

Bonjour, je m’appelle Léo, j’ai 35 ans, je suis directrice de communication et je réside en Bretagne.

Critique du genre, je pense que je l’ai toujours été puisque je viens d’une famille qui n’est pas religieuse, qui est athée mais très traditionnelle dans laquelle la femme, son rôle, était de servir l’homme et de se taire. De rester vierge jusqu’au mariage.

Je viens d’un milieu où, pour moi, il était normal que la femme se taise. Tout simplement. 

Léo, rebelle du genre.

Petit à petit, en grandissant donc, j’ai développé des problèmes de santé dont une maladie orpheline neurologique et je me souviens qu‘à chaque fois que j’allais voir des médecins différents pour essayer d’en parler, en disant « J’ai mal à la tête », en résumé, les médecins me disaient toujours « Oh mais ce n’est rien ma petite dame, vous allez avoir vos règles, c’est tout, c’est hormonal ! ».

Dès là, quand je sortais des rendez-vous, je me disais au début « Bon OK, il a peut-être raison », et au bout d’un certain nombre de rendez-vous, d’un certain nombre de toubibs rencontrés, je me suis dit :

Si ça avait été un mec qui lui avait parlé de ça, le gars serait tout de suite envoyé aux urgences pour une IRM, un scanner, pour un électroencéphalogramme… pour ne serait-ce qu’une question de sécurité.

Léo, rebelle du genre.

Déjà, je commençais à me dire « Ouh, y’a un petit problème ». En tant que femme, je me dis « Bon, c’est un petit peu bizarre »

Par rapport à cette pathologie, il s’est avéré que c’était dans ma tête sans être dans ma tête, du fait que c’était une réelle pathologie neurologique, je ne l’inventais pas. C’est arrivé vraiment, VRAIMENT, par hasard. Je me suis fait une tendinite, je suis allée voir un médecin et j’ai commencé à avoir « une crise ».

En fait, c’était un jeune médecin qui venait tout juste de commencer, il suivait encore des cours en neurologie. Il m’a regardée, et m’a dit « Mais, ça va vous ? », je réponds « Non, j’ai mal à la tête, mais ne vous inquiétez pas, je vais rentrer  la maison, ça va aller, je vais gérer ». Il me regarde et me dit « Non mais vous avez « juste » mal à la tête ? Parce que vous avez quand même la paupière qui part un peu en cacahuète, là, quand même ». J’ai dit « Oui je sais, ça fait ça à chaque fois, mais on m’a dit que c’était hormonal etc., on me donnait du Doliprane et puis on me renvoyait chez moi ». Là il m’a demandé s’il pouvait rédiger un courrier à un neurologue pour en parler, parce que lui suspectait quelque chose.

Il m’a rassurée en me disant que ce n’était pas non plus quelque chose de mortel mais qu’il avait des petites suspicions et il me demande d’en toucher un mot à un neurologue pour éventuellement m’en reparler.

Je m’en souviendrai toute ma vie, cela faisait 7 ans que je courais après les médecins, en parlant de ça…

Léo, rebelle du genre.

Ma recherche a commencé en région parisienne.

À cette époque-là, je vivais dans les Pyrénées, dans une station de ski (donc c’était assez improbable de tomber sur ce médecin). Je me souviens qu’il a envoyé le courrier un vendredi et le mardi matin, je recevais un appel de la secrétaire du neurologue qui me proposait de venir le rencontrer le soir même. Il y avait une suspicion de ma maladie et il serait bien que je puisse voir le médecin tout de suite.

Je lui ai dit « Mais vous êtes sûre ? Là, ça va, je vais bien » , et elle me dit « Non, non, avec cette maladie on ne rigole pas, on ne laisse pas les gens souffrir comme ça en faisant perdurer ». Donc, j’ai eu de la chance. J’ai vraiment eu de la chance de ce côté-là, mais c’est vraiment par hasard en fait. Parce que si je suivais le parcours médical traditionnel, je tombais quand même sur un univers qui était vachement machiste, faut bien se l’avouer. 

Sachant qu’en plus, je souffre du syndrome des ovaires polykystiques. À chaque fois on me disait « C’est lié ma petite dame ».

Ensuite, ce qui m’a faite évoluer sur des questions autres que « Bon, la société envers les femmes ce n’est pas jojo », quand j’ai commencé à… pardon du terme, mais avoir un gros « What the fuck ?! », c’est quand la question du genre est arrivée sur le tapis.

Je précise que je suis bisexuelle, et que ma première question a été le jour où j’ai entendu parler du mot « pansexuel », où apparemment quand on est pansexuel on peut tomber amoureux d’hommes, de femmes et autres…

Je ne vais pas vous mentir, quand j’ai entendu le mot « autre », tout de suite, je me suis demandée « Quoi, mais d’une chaise en fait ? D’un arbre ? D’une PASTÈQUE ?! ».  Je n’ai pas compris. Et en fait on me disait « Bah non, non, on peut tomber amoureux de personnes non binaires ». Et là, j’ai demandé « Mais c’est quoi, des gens non binaires, en fait ? » et, je vous rassure, c’était il y a moins de cinq ans…

Alors, je ne sais pas si la question date d’il y a plus longtemps, mais en tout cas, il faut croire que je suis un ours parce que, dans ma vie, ça ne m’avait jamais vraiment percutée. 

Du coup, on m’a envoyé la fameuse vidéo du type qui… Enfin, non, puisqu’il n’est  pas un homme… Je ne me rappelle plus de son nom, mais de cette « personne » qui fait tout un flan sur un plateau télé parce que « Ah mais je ne suis pas un homme, et qu’est-ce qui vous fait dire que je suis blanc ? ».

Et on m’a dit « Voilà, c’est ça quelqu’un de non binaire, tu vois ? C’est simple. C’est quelqu’un qui ne se défini ni en tant qu’homme, ni en tant que femme ». Je me suis dit « Mais, ce n’est pas possible ». Biologiquement tu viens quand même au monde avec quelque chose. Tu peux éventuellement être transsexuel et faire tout un protocole médical, chirurgical et thérapeutique pour changer de sexe, ça ne regarde pas, je m’en fous. Mais je suis dit « Du coup, les femmes qui sont des femmes, c’est quoi ? », donc là on m’a dit « Ce sont des Cisgenre », déjà celui-là j’ai eu du mal à l’intégrer. 

Là où ça n’a plus été un blocage mais une fracture complète, c’est quand j’ai commencé à comprendre qu’il y avait, j’ai pas peur de dire le mot, de la violence et les discriminations envers les personnes qui se contentaient d’être cisgenre.

Pour moi, il y a eu une véritable fracture à partir du moment où on disait qu’il pouvait y avoir des hommes qui menstruent, des personnes qui menstruent, des femmes qui menstruent ça par contre je n’ai pas entendu dire, bizarrement.

C’était ou des hommes, ou des personnes qui menstruent.  

Sauf que moi j’ai un SOPK. Je n’ai pas de règles et je me sens femme.

Du coup, je suis quoi pour ces gens-là ?

Léo, rebelle du genre.

Alors, on m’a susurré, on m’a « gazouillé », à l’oreille, sur Twitter, que j’étais peut-être un homme qui s’ignore…

Peut-être que j’étais une personne trans qui s’ignore.

Après tout, je ne m’épile pas les jambes toutes les semaines et je n’ai pas de règles. C’est-à-dire que j’ai pas de problème avec les poils et je n’ai pas de règles, et en plus, je n’ai pas d’horloge biologique ! Je n’ai pas de désir d’enfant, je n’ai jamais eu le besoin d’être enceinte, je n’ai jamais eu de…

Alors si ça se trouve, peut-être que je suis un homme, en fait ?

Bah oui, mais non, moi je suis une femme. 

C’est la première fois qu’on m’a traitée de transphobe.

Je me suis sentie à la fois triste, parce que ce n’est pas vrai. Parce que si une personne qui est née avec une  zigounette décide de se retrouver avec une vulve, parce que finalement, la vie a fait que, c’est son problème, c’est pas le mien.

Je n’ai pas de problème avec les personnes transsexuelles. Je veux dire… je m’en fous. JE M’EN FOUS !

C’est comme les lady-boy de Thaïlande qui ont une paire de seins et un pénis, je m’en branle ! Excusez-moi du terme, mais je suis une femme (et les femmes se branlent aussi d’ailleurs) et je M’EN BRANLE ! Je m’en fous, je ne suis pas transphobe. Donc là, j’étais triste parce que je me dis que c’est pas vrai. Et ensuite j’ai été en colère. Je me suis dit « Mais de quel droit une personne qui ne connait pas mon parcours, qui ne connait pas mon histoire, qui n’a que quelques bribes, a pu se permettre de me coller une étiquette, me mettre dans une case alors qu’elle-même, si je comprends bien, milite pour qu’il n’y ait plus de case pour personne». Et je n’ai pas compris… 

Et là où le Clown world s’est ouvert à moi, c’est quand j’ai découvert le fameux tableau « Parce que « je » n’est pas assez ».  Je vais en parler brièvement parce que je ne veux pas consommer tout votre temps dans ce que j’appelle vraiment des sottises, mais c’est quand même assez rigolo. 

Il faut savoir que, par exemple, on ne dit plus « ILS » au pluriel, pour  ceux, pour ces individus. Non. Maintenant on dit « JIEX ». Et JIEX, en fait, remplace « ILS » pour indiquer le « singulier pluriel binaire ». Le singulier… Pluriel… OK… D’accord. 

Ensuite, il y a le JEL, qui remplace le « ELLE », et qui renseigne sur sa « féminité instantanée ». D’accord. OK… Soit.

Et puis il y a le JIL. Mais lui par contre renseigne sur sa masculinité ponctuelle. Les adjectifs s’accordent comme pour du féminin. Si vous voulez, OK, OK.

Mais, bon, ils font quand même un effort. Le « JE » existe toujours pour le neutre correspondant à l’identité apparente de la personne. Ils ont été sympas, ils nous ont quand même laissé le « JE ». Mais du reste, les pronoms personnels français, et anglais (puisque ce tableau a été décliné dans d’autres langues de toute façon), les pronoms personnels français non plus droit d’exister.

Léo, rebelle du genre.

Et là… on est toujours dans la case du « J’ai pas compris », et je comprends pas et, pardon d’avance, mais je comprendrai jamais. Et j’ai envie d’en faire des blagues, moi j’te le dis.  

Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société, pour la démocratie ?

Marguerite Stern. C’est la première chose que j’ai envie de dire.

Léo, rebelle du genre.

J’ai envie de lui rendre hommage, parce que je crois qu’elle est toujours hospitalisée.

Je le rappelle : pour du harcèlement moral, des menaces de viol, des menaces de meurtre, des menaces de violences physiques. Pour des mensonges, pour des calomnies… Marguerite, elle est au bout du rouleau, elle n’en peut plus, elle est en état de souffrance et de détresse émotionnelle… Et le monde n’en a rien à foutre.

Parce que vous comprenez, les hommes qui se sentent femmes souffrent tellement de pas pouvoir mettre un tutu pour devenir un petit rat d’opéra, avec toutes les autres jeunes femmes… C’est… Mon Dieu! Marguerite Stern ce n’est rien à côté de ça!

Vous vous rendez compte? Il y a une femme qui se fait menacer par des hommes parce que pour moi ça reste des hommes…

Je peux très bien dire que je suis une chaise, je peux très bien prétendre au monde entier que je suis une chaise, « Voilà je m’appelle Chaise Ferdinand, coucou c’est moi », vous allez me voir arriver dans la rue, vous verrez une femme.

Donc qu’on ne me fasse pas croire qu’un homme qui se prétend être une femme sans faire la moindre transition, sans faire le moindre « effort » technique médical, j’ai envie de dire, peut être pris au sérieux. De grâce. 

Donc Marguerite Stern, pour les gens qui ne connaissent pas, renseignez-vous sur son combat, sur son parcours.

Marguerite Stern, c’est quand même la première au monde qui a pris des feuilles de papier, qui a pris son pinceau de colle, et qui est allée gueuler sur des murs « ARRÊTEZ DE NOUS TUER ». 

Parce qu’on ne voulait pas nous écouter.
À la radio, à la télé, partout, PARTOUT. Personne ne voulait écouter les femmes.

Léo, rebelle du genre.

Marguerite, elle a pris son petit pinceau de colle, ou plutôt, son gros pinceau de colle, ses petites feuilles de papier et elle est allée le gueuler sur les murs : « ARRÊTER DE NOUS TUER, ON EST LÀ ET ON NE FERMERA PAS NOS GUEULES ».

Alors, je vais reconnaître que j’ai entendu parler de Marguerite, c’était bien évidemment par le collage. Je n’étais pas tout à fait d’accord avec elle parce qu’elle parlait, à mes yeux bien sûr, aussi d’écriture inclusive et elle ajoutait des petits « e » sur certains mots.

Et étant moi, une amoureuse de la langue française, de la langue de Molière traditionnelle, moi ça me défrisait, je me disais « Oh, hey, les filles, y’a quand même plus important que de foutre un « e » à la fin d’un mot, je veux dire, les collages sont peut-être plus importants… »

Bon.

Est-ce que pour autant j’ai envoyé des menaces de mort à Marguerite, est-ce que pour autant je l’ai insultée ? Est-ce que pour autant je l’ai menacée ? Est-ce que pour autant je l’ai harcelée ? Non. Je n’étais juste pas d’accord, juste pas d’accord avec le fait de foutre des « e » un peu partout, mais après tout c’était son droit et j’ai préféré me focaliser sur les collages et sur le reste de ses messages. En me disant « OK je suis pas d’accord avec toutes ses idées, mais y’en a qui sont sacrément utiles, d’intérêt public et je vais pas tout effacer juste parce que j’ai pas d’accord avec un truc. Ce serait complètement con, et en plus ça s’apparenterait à du fascisme »

D’ailleurs, je crois que le mot « facho » est le mot le plus prononcé de 2021.

Je pense que pour 2022 ce sera quelque chose en « phobe » ou en « iste »…

En tout cas, en 2021, c’était le mot facho et je vais rappeler aux gens que le terme fasciste, c’est d’imposer une idée, une pensée unique à une population. Vouloir imposer des idées qui sont menées par le transactivisme à tout le monde et que si ça ne passe pas, s’il y a un mot mal employé, comme pour JK Rowling, on est effacées de la société, gommées, interdites, bannies…

Cela s’appelle du fascisme Messieurs – Dames, enfin, pardon, Messieurs.

Léo, rebelle du genre.

Donc Marguerite, je n’ai peut-être pas été d’accord avec tout ce qu’elle disait, mais enfin à un moment donné, il faut savoir raison garder.

Elle a fait des choses exceptionnelles et savoir que là, c’est ELLE qui est malade à cause de toutes ces conneries, à cause de calomnies, à cause de, pardon, mais de tous ces cons… Et encore je n’ai pas trop envie d’utiliser le mot « con » parce qu’étymologiquement le con ça reste un vagin.

Donc de tous ces CONNARDS, on va dire plutôt, puisque le connard est un abuseur de cons, dans le langage fleuri d’une certaine époque… De savoir que Marguerite est dans cet état de souffrance actuelle, et qu’on s’en FOUT et qu’ils continuent de l’accabler… Pardon, je suis désolée… Mais allez tous vous faire… foutez-lui la paix! 

Marguerite est une femme, Marguerite est légitime, Marguerite est en France et en France il y a un petit truc qui s’appelle la liberté d’expression, le droit la calomnie, le droit au blasphème. Marguerite est légitime, foutez-lui la paix! Et allez-vous faire voir!  

Après, j’ai remarqué que le transactivisme avait aussi des conséquences sur la santé des femmes; puisqu’on ne parle plus de femmes qui souffrent d’endométriose – Coucou Konbini – mais, on parle de personnes qui menstruent. Bravo !

Vous avez trouvé ça tous seuls ? Mais c’est incroyable, il faut prévenir le monde !

Non non, ce sont les femmes qui ont leurs règles, qui menstruent. Ce sont les femmes. Qu’est-ce qu’une femme ? C’est une personne qui est née avec un utérus, et deux ovaires. Une paire de seins et un bassin, un peu plus développé que celui des hommes. Pour moi ça c’est une femme.

L’endométriose ne touche pas les hommes.

La femme qui se dit « trans-homme-machin » et qui souffre malgré tout d’endométriose… Désolée « cocotte », tu te prends pour un bonhomme, mais t’es quand même une femme qui souffre d’endométriose jusqu’à preuve du contraire et ça va te suivre jusqu’à la fin de ta vie parce que MÊME si tu changes de sexe, MÊME si tu fais des traitements hormonaux, t’auras forcément des emmerdes avec ton endométriose. T’auras forcément des problèmes avec ta féminité de naissance. Tu ne peux pas décider comme ça tout ça, il y a des femmes qui disent « Voilà, on est des femmes, et on souffre de… », tu ne peux pas décider pour elles juste parce que toi, qui je te rappelle si tu m’écoutes, est ultra minoritaire… Tu ne peux pas décider pour la majorité des femmes, ça n’est pas possible. Ça ne fonctionne pas, ça s’appelle de la dictature. 

Et toute cette façon de faire, ce processus, de vouloir invisibiliser, de vouloir faire taire, de vouloir dire « Non, nous sommes plus victimes que vous. Nous souffrons plus que vous. Vous n’avez pas le droit de… » arrêtez.

Arrêtez parce que, de une, vous vous rendez ridicules.

Deux, vous ne convainquez personne, ou seulement les gens « comme vous ».

Et de trois :

À quel moment dans votre vie vous avez appris qu’on pouvait être pédagogue en foutant des claques, en menaçant, en harcelant, en brimant ou en effaçant une personne?

À quel moment si vous avez un enfant dans  votre famille, qui vous dit « Non, je n’aime pas les petits pois ».

(Vous avez cuisiné des petits pois, vous y tenez à vos petits pois…)

À quel moment vous allez le tabasser et éventuellement filer sa photo sur des réseaux sociaux pour qu’elle tourne et qu’il en prenne plein la gueule? Juste parce qu’il n’a pas aimé vos petits pois.

Jamais dans votre vie.

Léo, rebelle du genre.

Enfin, je vous le souhaite…

Et encore, je ne peux même pas dire ça parce que moi, dans mon enfance, dans mon adolescence, dans ma vie de jeune femme, j’ai appris que quand on n’était pas d’accord avec moi, il fallait que l’homme dominant de la famille me tabasse… Pourtant, ce n’est pas un réflexe que j’ai quand je ne suis pas d’accord avec quelqu’un.

Je ne vais pas le tabasser, je ne fais pas ça.

Donc, vous avez envie de vous proclamer plus victimes que machin, ou autre?

Honnêtement, je vais vous dire, regardez-vous dans un miroir, et admettez-le :

Vous êtes un problème. Vous êtes toxiques.

Parce qu’à aucun moment, on ne règle une quelconque question sur laquelle on n’est pas d’accord avec des pratiques violentes. Qu’elles soient physiques ou psychologiques. 

Passons.

Je parle du fait que vous avez décidé d’être beaucoup plus victimes que moi.

Il y a des sujets sur lesquels je reviendrai peut-être tout à l’heure, sur lequel j’ai remarqué qu’en tant que femme cis, je devais juste fermer ma gueule parce que « Gneugneugneu, moi j’suis trans et j’ai plus de problèmes »

Attendez… On entend tellement parler de VOUS, vous foutez tellement la merde parce que JK Rowling ou que Marguerite ont dit un truc, entre autres, bien sûr, entre autres… Elles ne sont pas  les seules à se faire gommer de la société par vos bons petits procédés, qu’on ne parle même plus de véritables sujets.

Quand je pense à l’association, pardon, je vais peut-être écorcher le nom parce que je suis tellement en colère que je ne m’en souviens plus exactement, mais « Femmes Assassinées par Compagnons ou Ex »; quand je pense à cette association qui se prend des seaux de merde parce qu’elle a dit qu’en 2022, « tant de femmes ont déjà été assassinées par leurs compagnons ou ex ».

Et que vous êtes venus ramener votre fraise….

Parce que vous êtes TELLEMENT en manque d’attention… Visiblement, vous n’avez pas eu votre poney quand vous aviez six ans et ça vous a traumatisés….

Vous êtes tellement en manque d’attention que vous êtes venus dire « Mais c’est transphobe ! Il y a des trans dans le lot » NON ! L’association a énoncé des faits : dans les femmes qui ont été exécutées cette année par des hommes, il n’y avait pas de personnes transsexuelles.

Donc n’allez pas inventer de la transphobie.

Du coup, on a plus parlé du fait que vous ayez déclenché cette shitstorm, qu’on n’a même pas parlé une seule fois de l’histoire de ces femmes. Vous n’êtes même pas foutus de me donner le prénom de l’une d’entre elles.

Et vous vous dites plus victime « que » … ? 

On va parler d’un autre truc qui me révulse avec votre comportement.

Vous êtes tellement à fond, à parler de « Oui, les enfants peuvent avoir des troubles de l’identité du genre »… J’entends tellement parler de ça maintenant, que je n’entends absolument plus parler de pédopornographie.

Je n’en entends absolument plus parler !

Le documentaire, je crois que c’était en novembre ou en octobre, de Karl Zéro « 1 sur cinq » qui est sorti, et qui a été vu par plusieurs millions de personnes maintenant, qui a été obligé d’être déposé un peu partout sur des plateformes gratuites, tellement c’était un sujet avec lequel Karl Zéro voulait toucher absolument tout le monde… On n’en a parlé presque moins que vos jérémiades pensant que « Oui, mais regardez ce petit garçon, il met un serre-tête en forme d’oreilles de léopard et un tutu, regardez c’est une petite Lili ».  Rien à foutre. On ne sait pas, si ça se trouve dans dix ans le mec va faire une interview en disant « Ma mère était complètement folle ».

Arrêtez de transposer vos délires, arrêtez.

Parlez des vraies victimes.

Avant de me contredire, si ce podcast est partagé sur Twitter, et avant de commenter par m’en foutre plein la gueule (déjà essayez, vous perdrez votre temps parce que je m’en fous)… Mais avant de commenter, essayez de me citer le nom (et sans faire de recherche sur Google, attention, on va jouer un petit peu), citez-moi d’abord le nom d’une des femmes qui a été assassinée, exécutée, cette année.

Une victime. Citez-moi le nom d’une vraie victime.

rrêtez d’invisibiliser les victimes pour VOS causes. Arrêtez. Vous êtes en France. Techniquement si vous écoutez vous êtes en France, ou en Belgique.

Vous avez le droit de vous marier, vous avez le droit de changer de sexe, vous avez le droit de vous habiller comme vous voulez, de baiser avec qui vous voulez. Arrêtez de dire que vous êtes des victimes.

VOUS VOULEZ ÊTRE DES VICTIMES ?

Allez dans un pays extrémiste, faites-vous jeter d’un immeuble JUSTE parce que vous couchez avec une personne du même sexe, LÀ vous serez une victime.

Mais là, pour le moment, vous êtes juste…des pleurnichards. Des geignards. 

C’est tout ce que vous êtes et moi, ça me gonfle.

Ça me fout en rogne, que des gosses, que des petites filles, des petits garçons se fassent violer à tour de bras, que la justice n’ait même plus le temps de s’en s’occuper parce que vous êtes en train de faire la queue, littéralement, dans les commissariats pour porter plainte parce que « Gneugneugneu sur Internet il a dit que j’étais… » … Tais-toi. À ton tour de te taire. Tu sais quoi ?

Je suis une femme, et pour la première fois je vais te le dire, je vais te dire ce qu’on m’a dit toute ma vie… Enfin… Ce qu’on m’a fait comprendre toute ma vie, mais moi je vais te le dire :  FERME-LA!  

Léo, rebelle du genre.

Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme, est-ce que tu as déjà subi des pressions, des menaces, que tu perçois un danger pour toi ou pour ton entourage ?

À titre personnel, non. Je n’ai pas été menacée.

J’ai déjà été insultée, on m’a déjà qualifiée, comme je le disais précédemment, de différents termes en « phobe » ou en « iste ». Mais non. Non. Je ne me suis pas sentie menacée. 

Par contre, j’ai souhaité témoigner de façon anonyme parce que je veux protéger mes collègues de travail.

Parce que dans tout militantisme il y a des extrémistes, et pour moi les transactivistes sont pour la plupart constitués d’extrémistes.

Et, de nos jours, il est très facile, à partir de peu de choses, d’obtenir suffisamment d’éléments sur la vie privée d’une personne.

De par mon travail, j’ai mon identité qui est publique, et je n’ai pas envie que… Alors moi, honnêtement, ils frappent à ma porte pour venir me casser la gueule, il n’y a pas de problème. Il n’y a pas problème, ça se règlera en justice : vous avez tabassé une personne handicapée, non seulement vous êtes des lâches mais encore plus ça va se régler en justice et puis, vous me permettrez de continuer les petits travaux de ma maison.

Il n’y a pas de souci là-dessus. Venez, je vous attends. 

Par contre, je n’ai pas envie qu’il y ait une shitstorm sur l’entreprise pour laquelle je travaille, je n’ai pas envie que mes collègues se prennent une shitstorm, je n’ai pas envie que mes collègues soient victimes d’agressions, de harcèlement, que mon entreprise soit « cancellée », puisque que c’est la meilleure chose, apparemment, la meilleure idée du siècle que vous ayez eue dans vos petites têtes.

J’ai envie de protéger mes collègues. Parce que vos techniques font peur.

Vos petites manies de dictateurs font extrêmement peur. 

On n’est pas d’accord avec vous ? Vous supprimez. 

Vous êtes prêts, au nom de vos idées, à faire perdre leur emploi à des gens, à leur faire perdre leur cadre de vie, leur sécurité et leur santé mentale (Coucou Marguerite, encore une fois).

Vous êtes prêts à aller jusque-là.

Et vous pensez sincèrement que j’ai envie de donner mon avis? Là, j’ai plutôt l’air en colère sur ce podcast, parce que ça fait longtemps que je ronge mon frein (sans mauvais jeu de mots). Vous pensez sincèrement que je vais vouloir donner mon avis en prenant sciemment le risque de mettre en danger mes collègues ? Qu’elles se retrouve voisine de chambre avec Marguerite ?

Non.

Donc si je témoigne de façon anonyme, ce n’est pas pour me protéger moi, parce que je n’ai pas peur, mais c’est pour protéger d’autres personnes. Parce que je sais que ces extrémistes peuvent aller très très loin. On l’a vu, on le constate et même si les médias n’en parlent pas, Dieu merci il reste des femmes pour ouvrir leur bouche. Heureusement.

Léo, rebelle du genre.

As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

J’ai déjà fait part sur différents réseaux sociaux de ma stérilité. Comme je disais, je suis atteinte du Syndrome des Ovaires Polykystiques, qui n’est pas forcément une stérilité complète, on peut en venir à bout à force de traitements compliqués : avec des injections d’hormones très régulières, et je ne déconne pas, je parle d’une trentaine d’injections sur deux semaines. Ce qui est quand même… Bon courage honnêtement, les femmes qui font ça : Big up à vous. Parce que vous en voulez.

Énormément.

Donc oui, on m’a déjà fait comprendre de me taire parce que j’étais malgré tout privilégiée  dans ma stérilité de femme « cis ». Et donc, en tant que femme « cis », je peux toujours facilement accéder à des facilités d’adoption, ou alors juste à claquer des doigts et hop ! Un médecin me fait tomber enceinte ! C’est tellement facile !

Léo, rebelle du genre.

Oui c’est sûr, c’est tellement facile comme je viens de le dire, de se prendre une trentaine d’injections en l’espace de deux semaines. Oui ça, c’est très facile.

La prise de poids, la perte de cheveux, les boutons, les bouffées de chaleur, les variations d’appétit, les variations d’humeur, c’est TELLEMENT rigolo ! On va toutes y aller ! 

Dans cette particularité médicale, j’ai la chance d’être née sans horloge biologique. Je n’ai jamais eu de désir d’enfant. Je ne suis pas childfree, à la base.

Je ne suis pas childfree parce que les enfants ça craint. Au contraire, j’ai un amour infini pour les enfants. Si je pouvais arrêter de bosser pour militer tous les jours pour la protection de l’enfance, assurément je le ferais. J’ai un amour infini pour les enfants et je n’en veux pas.

Je n’ai pas voulue tomber enceinte, faire des démarches pour tomber enceinte, tout simplement parce que (certains vont trouver ça un peu extrême), mais j’estime que ce monde est suffisamment en danger actuellement en termes de ressources, en termes de climat. 

Je n’ai pas envie d’avoir sur la conscience de mettre un être humain, un enfant, sur cette terre et que dans 20 ans, 30 ans il crève de soif, qu’il ne puisse pas boire un verre d’eau quand il en a envie ou se doucher quand il en a envie.

On ne sait pas ce qui va arriver à cette planète dans 30 ans et vu comme c’est parti, je ne suis pas très optimiste.

Cela m’a apporté des arguments, puisque quand j’annonçais de but en blanc que j’étais stérile et que je vivais très bien avec, c’était souvent accompagné de la petite appellation « Mais tu es un monstre ». Bah oui, une femme qui ne veut pas d’enfant, une femme qui ne ressent pas le besoin d’être enceinte… Ça n’existe pas. C’est impossible. Elle ne peut pas aimer les enfants, c’est monstrueux. 

Bah non, justement, je ne veux pas tomber enceinte parce que j’aime les enfants et que je ne veux pas mettre un enfant au monde dans un monde où il n’aura pas le droit de se dire « Moi je suis pleinement un garçon, je suis pleinement une petite fille » sans se prendre des seaux de merde.

Pardon, j’utilise beaucoup cette expression mais c’est la seule chose qui me vient en tête quand je vois les réactions que peuvent avoir certains militants, vis-à-vis des personnes qui ont juste envie de vivre leur vie sans être emmerdés et sans emmerder le monde. 

Donc oui, on m’a fait comprendre que de par ma situation de femme « cis », je n’avais pas à parler de ma stérilité parce que, tu comprends, les hommes qui se  définissent comme des femmes, eux, ils n’auront jamais de « facilités » pour tomber enceinte ou pour adopter…

Léo, rebelle du genre.

Pour adopter, j’en doute fort parce que l’adoption est ouverte aussi bien aux hommes, qu’aux femmes, aux couples homoparentaux aussi, si je ne m’abuse. Donc il n’y a pas trop de difficultés au niveau de l’adoption, mais soit.

Il n’y a pas de transphobie dans l’adoption, en résumé. 

Mais par contre sur le terme médical, je devrais me taire parce que j’ai des facilités et, eux, non. Je dis bien eux, je ne dirai pas elles, les concernant. Eux n’ont pas, le droit, ils ne peuvent pas… Bah oui mais, écoute mon gars, t’es pas Tu veux que le monde arrête de tourner ? Qu’on le mette sous une cloche et puis qu’on attende, je ne sais pas, qu’on te cryogénise le temps que tu te réveilles à une autre époque où peut-être, éventuellement… Ce n’est pas possible. Ça n’est pas possible. 

Alors peut-être que, au lieu de déployer une énergie folle à emmerder le monde pour faire valoir que tu ne peux pas, et ce qui ne sera jamais possible parce que ça s’appelle la vie, tout simplement, ça s’appelle la biologie, ça s’appelle la nature, c’est comme ça et puis c’est tout. Pourquoi tu ne garderais pas toute cette énergie pour entamer une thérapie et vivre avec, l’accepter.

Pourquoi être forcément dans la souffrance et dans la victimisation perpétuelle et permanente ? Je ne comprends pas ce schéma. 

Léo, rebelle du genre.

Les transactivistes sont des personnes qui vivent dans des sociétés occidentales qui sont très développées, dans des pays qui sont riches (en général), parce qu’on voit très peu de transactivistes dans les pays du tiers monde…

Parce que leurs priorités ne sont pas les pronoms pour les appeler, je ne sais plus, JIX ou je ne sais quoi, singulier pluriel, etc… 

Non, non. Ces personnes-là, quand elles sont dans le tiers monde, leur première priorité c’est de se soigner, de manger, de se trouver un toit sur la tête.

Arrêtez de vouloir vous faire les victimes plus malheureuses qu’eux, parce que ça ne marche pas. Ça ne passe pas, donc le mieux, LE MIEUX, c’est d’accepter votre condition.

Voilà, c’est pas de bol, « C’est pas de bol, je pourrais pas… », mais au moins ,réalisez que vous êtes quand même malgré tout dans un pays où vous avez le droit de le dire, parce que vous avez le temps et l’énergie pour le faire, parce que votre priorité n’est pas votre survie, parce que vous avez le droit, encore une fois, de vous habiller comme voulez, de vous appeler comme vous voulez, vous avez même le droit de changer de prénom, administrativement et encore une fois vous avez le droit de baiser avec qui vous voulez. 

Donc non, vous n’êtes pas des victimes, encore une fois, et arrêter de dire qu’une femme qui est stérile n’a pas le droit d’ouvrir sa bouche parce qu’elle a « des facilités » par rapport à vous.

On a tous des difficultés.

Et on a tous des facilités en France, en Europe ou aux États-Unis. Peut-être pour des questions raciales, de racisme, oui, effectivement il y des discriminations, ça c’est clair et ça c’est un vrai combat, et ça ce sont de vraies victimes.

Mais vous, arrêtez un peu, s’il vous plaît… Je ne suis pas d’accord. 

Si jamais la personne, ou plutôt les personnes, puisque vous aimez bien en général retweeter, pour que votre petite troupe vienne à plusieurs, sur l’agneau que vous avez ciblé, que vous avez en ligne de mire, vous vous sentez plus forts en général. Tout seul ça ne marche pas, tout seul vous gémissez, vous pleurnichez mais par contre une fois que vous êtes en groupe… Ah là, par contre, vous vous sentez forts.

Il y a un truc que j’ai remarqué avec les transactivistes : dès que je vais sur Twitter et que je vois d’ailleurs un profil qui commence d’abord par un drapeau… Il y en a tellement que je ne pourrais pas vous citer lequel, parce que je suis perdue ;  ou un pronom, je ne pourrais pas vous citer lequel parce que je suis perdue également, j’ai toujours remarqué qu’à chaque fois il y avait une petite allusion à une dépression nerveuse, ou un état dépressif.

C’est quand même « marrant », c’est assez « comique », victimes jusqu’au bout. 

Moi, je veux parler à ce petit groupe de personnes qui est tombé sur moi comme ça, pour me dire que j’avais de la chance…

J’ai DE LA CHANCE quand le peu de fois de ma vie où j’ai eu mes règles, ça a duré presque deux mois de façon hémorragique. À être carencée en fer. Ah oui! J’ai de la chance d’avoir été pliée en deux, avoir une bouillote devant, une bouillote derrière! À ne pas pouvoir bouger, prise de crampes et de vomissements…

AH MAIS QUEL BONHEUR ! Mais quel bonheur !

Incroyable !

Incroyable ? Ben non.

J’ai envie de dire à ces personnes que j’ai moins de chance que vous.

J’ai moins de chance parce que vous, vous êtes équipés de testicules, vous n’avez pas d’ovaires, vous n’avez pas de règles, vous n’avez pas de problème de ce genre-là.

Léo, rebelle du genre.

Donc… Honnêtement… Arrêtez, ça ne marche pas.

Ça ne marche pas.

Pas plus que le fait de mettre dans votre profil « Je suis iel machin X-je-sais-pas-quoi et dépressif ». Ça ne marche pas non plus. En tout cas avec moi ça ne marche pas.  Ça n’a jamais marché de toute façon. Donc, Arrêtez un petit peu d’emmerder les femmes qui sont stériles.

On est stériles. Moi je le vis bien. Mais il y a des femmes qui souffrent de ça. Il y a des femmes qui se font faire, effectivement, ce que vous appelez de la « facilité ».

C’est-à-dire piqûres, sur piqûres, sur piqûres d’hormones qui ont des variations de poids, le regard des gens qui change sur elles, aussi.

Et il y a des femmes qui sont au fond du seau.

Parce qu’après UNE tentative, car attention, dans votre « facilités » messieurs, de dire « Oui, il suffit de faire gneugneugneu, d’aller voir un médecin… » … Quand vous faites UNE tentative, après UNE cure, entre guillemets, d’injections, d’hormones et autres petits arrangements médicaux pour préparer votre corps et le conditionner à la grossesse, vous n’êtes même pas sûrs que ça prenne. Alors imaginez de dire qu’une femme qui est en ce moment du seau, parce qu’elle s’est non seulement bourrée d’espoir en pensant enfin devenir maman, qu’elle a été torturée médicalement pour que son corps puisse être apte à le faire, pour qu’au final ça ne marche pas. Et vous vous dites que vous êtes plus à plaindre qu’elles ? Mais vous êtes d’une indécence crasse, c’est pas possible. Mais, allez vous cacher. 

Vous savez quoi ? J’ai  envie de faire de la culture de la cancel-culture avec vous :

Allez-vous cacher. Parce que vous n’apportez rien à cette société et encore moins aux femmes. Vous êtes dangereux. C’est tout ce que j’ai à vous dire. Vous êtes dangereux. 

Et en ce qui concerne la GPA, vous êtes des barbares.

Le corps des femmes n’est pas une marchandise!

Léo, rebelle du genre.

Vous dites : « Oui mais les femmes qui acceptent la GPA sont consentantes ». Allez proposer la GPA à une femme sans rémunération, vous allez voir. Cherchez-le son consentement. Cherchez-le.

C’est comme une prostituée, vous lui proposez d’avoir une relation non tarifée, en arrivant comme ça avec vos cheveux gras et vos allures dégueulasses, vous allez voir si elle va être consentante.

Arrêtez de rêver. Arrêtez de marchander le corps des femmes. On n’est pas des objets. On n’est pas des poupées Barbie dans lesquels vous pouvez mettre un bébé, le retirer, mettre un bébé, le retirer… Ça n’est pas possible. Je voulais ajouter aussi :

La GPA c’est quand même également neuf mois de grossesse. C’est quand même la séparation entre une mère et un bébé, son bébé, qu’elle a porté et c’est aussi bien plus compliqué que de se tripoter la nouille pendant deux minutes pour éjaculer dans un petit pot.

Léo, rebelle du genre.

Est-ce que tu as quelque chose à ajouter ?

Oui !  Je voudrais revenir sur ma bisexualité et sur le fait que je sois devenue, aux yeux de cette société, un fantôme. 

En tant que bisexuelle on m’a déjà sous-entendu qu’il y avait un petit peu de de phobie de genre, là-dedans, parce qu’entre bisexuelle ça veut dire que je ne peux avoir de l’attirance sexuelle que pour des hommes ou des femmes… Oui mais désolée, non, je ne peux pas avoir une attirance sexuelle pour une chaise. Ça n’est pas possible. Encore moins pour une pastèque. Pour moi… c’est non. Je peux être attirée par un sexe masculin ou un sexe féminin, y’a pas de souci mais il n’y a pas d’entre-deux. Ça n’existe pas.

Donc je suis bisexuelle et j’aimerais bien qu’on arrête de faire de moi une méchante réactionnaire et faire de moi quelque chose de transparent, juste parce que je ne colle pas avec vos délires. C’est complètement grotesque.

Je voulais aussi rajouter aux femmes que je suis bisexuelle, je suis en couple depuis 12 ans avec ce que certains vont appeler un homme déconstruit. Et je voulais dire aux femmes que l’homme déconstruit n’existe pas. L’homme déconstruit c’est un homme normal. L’homme déconstruit c’est un homme qui ne va pas se gaver de porno. Ou même avoir une quelconque attirance pour le porno. Un homme qui a de l’attirance pour le porno, moi je n’appelle pas ça quelque chose de très sain. De très net. 

Alors il y a ce qu’on appelle maintenant de nos jours du « porno éthique », etc.

Mais, excusez-moi, le green washing etc… Ça existe. Alors qu’on ne me fasse pas croire que le porno washing n’existe pas non plus. On va arrêter cinq minutes de faire passer tout le monde pour des héros.

Non. Mesdames, si vous avez un compagnon, même Messieurs, en fait, mais surtout Mesdames : si vous avez un compagnon qui vous impose des rapports sexuels, ou qui vous disent « Allez s’il te plaît, j’ai envie » « Allez, s’il te plaît, on ne l’a pas fait depuis deux jours » « Allez, s’il te plaît ce sera rapide » … Non il n’y a pas de « S’il te plaît ». Ce n’est pas normal. Ce n’est pas un homme, ça. Je n’appelle pas ça un homme.

Combien de fois des gens m’ont déjà dit que mon mec était probablement… Je vais le dire mot pour mot : « PD », voire tordu, parce qu’il n’est pas porté sur toutes ces questions de pornographie et de clichés sexuels qu’on véhicule sur les hommes.

Donc, vraiment, Mesdames, si vous avez un bonhomme dans votre vie qui vous fait faire des choses ou qui vous tient un discours disant « Tous les hommes… ». C’est pas vrai. Ça n’est absolument pas vrai. Et j’ai qu’une chose à vous dire : partez. Même si ce n’est pas du jour au lendemain, mais préparez votre départ. Il y a des tas, et des tas, de moyens en France pour s’en sortir.

J’ai été mariée par convenance, dans ma famille, et au bout de six mois, j’ai réalisé que ce n’était pas une obligation. Je n’avais pas à me faire tabasser. Je n’avais pas à me faire violer.  Je n’avais pas… non.

Non, j’étais France. J’avais juste à prendre mon sac et à repartir de zéro et c’est ce que j’ai fait.

Alors certes, c’est dur et j’ai eu la chance de ne pas avoir d’enfant, parce que c’est plus compliqué dans ces cas-là, mais il existe quand même des personnes et des structures en France qui peuvent vous protéger et vous sauver. Et ne vous sentez pas, NE VOUS SENTEZ PAS, transparentes parce qu’on vous dit « Oui, mais les trans ceci, les trans cela ». Arrêtez.

Ne vous sentez pas coupable, NE CULPABILISEZ PAS. Vous êtes des femmes, ça fait des siècles qu’on en chie et il est temps de dire merde.

Léo, rebelle du genre.

Pour conclure, je voulais absolument passer ce mot aux femmes qui peuvent m’écouter en vous disant que vous êtes beaucoup plus fortes que ce que vous ne le croyez et n’écoutez pas tout ce qu’on vous dit, ne pensez que par vous-mêmes, vous savez ce qui est normal ou ce qui ne l’est pas, pensez-y. 

Et j’ai envie d’avoir une petite note de fin… Comme quoi, vous avez finalement eu toute l’attention dont vous vouliez mes gros bébés, hein ?

J’aurais une petite note de fin pour les transactivistes qui décideront, peut-être, de chercher qui je suis, de voir où est-ce que je suis en Bretagne, comment elle s’appelle pour de vrai, où est-ce qu’elle travaille, qui elle est… Juste pour me menacer.

À ceux qui sont en train de commencer à préparer leurs tweets pour me tomber sur la gueule, je vais vous le dire encore une fois : je n’en ai strictement rien à foutre. Déjà, vos complaintes, vos jérémiades, allez-y avec vos mots en « iste » et en « phobe », je m’en branle ! Parce que si moi je suis transphobe… Mais alors vous, qu’est-ce que vous êtes ? Vous êtes des monstres. Voilà ce que vous êtes. 

Mais, je ne veux pas finir sur vous. Vous ne le méritez pas. Dégagez. Cachez-vous, vous êtes vilains ! 

Je vais finir sur Marguerite Stern. 

Marguerite, on ne se connaît pas personnellement mais… j’ai appris à ne pas être d’accord mais, j’ai surtout appris à être d’accord avec toi et avec ton combat.

Je suis estomaquée que tu sois obligée de te cacher, de te réfugier et d’être soignée juste pour avoir ouvert ta bouche pour dire la vérité.

Et de savoir qu’on est capable de faire ça à une femme juste parce qu’elle ouvre sa bouche pour parler de notre condition de femme… Me dire « Voilà on en est là. ON EN EST LÀ ??! ».

On est obligées d’aller dans des hôpitaux psychiatriques, on est obligées de se cacher, on est obligées de témoigner sous de fausses identités ?

Il y a même des co-participantes à ce podcast qui ont transformé leur voix, qui ont vu leur témoignage LU par une autre intervenante… par sécurité… ON EN EST LÀ ??! EN 2022 ??!

Léo, rebelle du genre.

Non non non, les filles, non non non. Vous savez quoi ? C’est mort. C’EST MORT !

Nous remercions Léo pour son témoignage.

N’hésitez pas à partager le plus largement possible et, s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basée sur le sexe :

https://www.womensdeclaration.com/fr/

Mercie les femmes!

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