Bonjour je m’appelle Afaf, j’ai 42 ans, j’ai 3 enfants et je suis d’origine algérienne. J’habite en Belgique depuis 2010, après avoir connu mon mari actuel.
Aujourd’hui, pourquoi est-ce que tu témoignes ?
Parce que je suis une survivante de l’inceste du viol et du voile obligatoire, et c’est ce qui m’a amenée à participer à ce témoignage.
Est-ce que tu pourrais, s’il te plaît, raconter le parcours qui t’a amenée à devenir critique du genre?
Je dirais que c’est le voile qu’on m’a imposé à partir de 12 ans et que j’ai gardé malheureusement.
Parce que c’était ça ou la fin de l’école, la fin des sorties, la fin de tout.
Afaf, rebelle du genre.
La fin de toute la vie en fait.
Je l’ai gardé jusqu’à l’université, parce que j’ai réussi à décrocher mon bac. Et à l’université, j’ai fini par le retirer et j’ai fini par m’installer toute seule aussi, ça n’a pas été facile parce que justement ce sont que les hommes qui habitent tous seuls en Algérie.
Pour le voile, ce qui m’a fait réfléchir, c’est que les garçons peuvent sortir comme ils veulent, s’habiller comme ils veulent, personne ne leur demande où ils vont.
À un moment donné, quand j’étais ado, j’ai même développé un caractère un peu masculin qui était stéréotypé, forcément… Jusqu’à ce que mon père m’appelle Saïd. Donc il m’avait donné un prénom masculin.
Pourquoi?
Parce que je me bagarrais, parce que je défendais mes sœurs à l’école, parce que j’étais vraiment, parfois même, vulgaire, parce que je disais des gros mots et tout, j’étais un garçon côté genre… On peut dire que j’étais garçon, côté genre. Mais j’ai jamais rêvé d’avoir un pénis, ça non jamais!… Je rigolais de mes frères quand ma mère les lavait, avoir un pénis ça n’a jamais été mon rêve!
Après, j’ai commencé à creuser dans la religion pour trouver l’origine du voile, – et j’étais vachement étonnée parce que je suis arrivée jusqu’aux Sumériens – et c’est vraiment une arnaque, une belle arnaque que les femmes et les filles subissent encore.
En arrivant en Belgique j’ai pu me développer encore plus côté féministe, parce que j’ai connu quelques féministes qui m’ont vraiment bien guidée, comme Flo Marandet ou Betty Lachgar.
Petit à petit je me suis ouverte aussi sur la question du genre mais on arrive aussi à la question trans…
et c’est ça, c’est vraiment la question trans qui m’a rendue critique du genre, et radicale.
Afaf, rebelle du genre.
On nous accuse directement d’être des “terfs”: donc que nous excluons les personnes trans par méchanceté ou par haine… Alors que ce n’est pas le cas!
Les personnes trans ont le droit d’exister, ont le droit d’avoir des droits … mais pas en invisibilisant les femmes! Nous sommes déjà assez invisibilisées et ce, depuis des siècles!
Je refuse que les femmes soient appelées cis, “cisgender” en anglais : cisgenre. Ou des appellations bizarres comme “uterus owners” donc porteuse d’utérus, “bleeders” donc saigneuses par rapport à nos règles, ou “people who menstruate” (c’est par rapport à nos règles aussi) ou “people who breastfeed” – personnes qui ont des seins et qui allaitent.
Tout ça pour ne pas dire FEMME, parce que le mot femme serait transphobe. On aura tout vu!
Il y avait aussi sur la page UN WOMEN, (la page des Nations unies pour les questions de femmes qui parle de “gender oppression” au lieu de “sex oppression”).
Ils disent que notre oppression n’est pas basée sur notre sexe mais sur notre genre.
Alors, il faudra m’expliquer pourquoi j’ai été violée? Je n’ai pas été violée parce que je suis ressemblante à un genre féminin, j’ai été violée parce que j’ai un sexe féminin!
Afaf, rebelle du genre
Et on avance, on avance… Et on arrive à dire aux femmes de ne pas parler de leur grossesse, de ne pas parler de leur allaitement, de ne pas parler de leurs règles en tant que femme.
Si je dis que j’ai de l’endométriose c’est parce que je suis une femme, c’est parce que j’ai un utérus et des ovaires. Une femme trans ne peut pas avoir ça et elle ne peut pas m’empêcher de parler de mes problèmes de santé de femme.
Ensuite, j’ai découvert sur YouTube une femme trans américaine, Blair White, que j’aime bien. C’est une femme trans, elle dit toujours qu’elle est de sexe masculin, elle n’a jamais dit le contraire. Elle a défendu JK Rowling en disant “on est biologiquement mâle même si on a choisi d’être ressemblant aux femmes physiquement mais dedans on reste toujours mâle. Forcément, le sexe biologique ne disparaitra jamais”.
Comme les maladies qui sont liées à XX ou à XY ne disparaîtront pas non plus.
Afaf, rebelle du genre.
On arrive ensuite aux collages contre les féminicides créés par la merveilleuse Marguerite Stern et qui ont été repris par des “pas féministes”, et on se retrouve avec “save a trans kill a terf” qui signifie “sauvez une trans tuez une terf ».
Avec Fatima Benomar qui a lancé sur Twitter “les terfs au bûcher”. On appelle à tuer des femmes biologiques! Donc on aura vraiment tout entendu ces dernières années!
Pour finir, on pourrait regarder au niveau des prisons et au niveau des espaces réservés aux femmes… Il y a eu des exhibitionnistes, il y eu aussi des tentatives de viols et des harcèlements, et des viols commis par des mecs déguisés en femmes.
La question qui se pose :
Comment peut-on faire confiance?
Je peux faire confiance, ou pas. Cela dépend.
Mais je ne peux pas partager ma chambre d’hôpital, par exemple, avec une « femme trans » que je ne connais pas.
Afaf, rebelle du genre.
J’en ai connu une qui était vraiment une mythomane comme pas possible, et je n’étais pas sa seule victime parce que c’était vraiment “serial”. Nous étions quasi une vingtaine, les témoignages ont fusé, elle nous en a fait voir de toutes les couleurs.
Pour moi c’était l’année passée et pour d’autres, c’est cette année encore.
Pourquoi est-ce que tu penses que cette idéologie est dangereuse pour les femmes, pour les enfants et/ou pour la société?
Je dirais que ça menace tout. Parce que si on parle de l’oppression des femmes, et si on devient des “saigneuses” ou “des allaiteuses” ou des “porteuses d’utérus”, les femmes n’existeront plus. Du coup, l’oppression n’existera plus non plus.
De quels droits on va parler si on parle de genre féminin qui deviendrait une robe, du maquillage et des cheveux longs? Notre oppression est liée à notre sexe et doit rester liée à notre sexe.
Parce que les filles qui sont excisées, elles ne l’ont pas été parce qu’elles sont de genre féminin mais parce qu’elles ont des vagins et des vulves. Un garçon pourrait être circoncis ou pas, il pourra subir cette mutilation s’il appartient à une famille juive ou musulmane mais il ne peut pas la subir parce qu’il est de genre masculin. Ca ne passe pas!
Quand on parle de démocratie qui doit préserver les droits des minorités, je suis bien d’accord.
Mais on ne peut pas préserver les droits des minorités en écrasant la moitié de la société!
Parce que nous sommes, les femmes, 50% de la société!
Afaf, rebelle du genre.
On ne peut pas nous écraser pour faire plaisir à X ou Y!
Que ce soit pour les personnes trans ou le voile qui écrase des filles mineures qui sont obligées de le porter et ce, même en Europe : je connais une fille qui a fui sa famille en Espagne. Donc, nous ne sommes même pas en Algérie ou au Maroc, on est vraiment en Europe! Elle a fui sa famille pour pouvoir retirer son voile en Espagne. Et ça, c’était il y a 4 ans…
Pour les enfants, j’aimerais bien évoquer le sujet parce que donner des bloqueurs de puberté aux enfants, bloqueurs qui peuvent leur donner des cancers plus tard (on a pas de recul pour les études, et qui peuvent empêcher une croissance normale)… Retirer des seins à des adolescentes qui par la suite vont dé-transitionner? Et qui auront tout perdu. Leurs seins, on ne peut pas les remettre et si elles ont retiré leur utérus on peut pas le remettre non plus! Elles perdent leur sexualité, parce qu’elles n’auront plus aucun plaisir si on touche à leur vagin et leur vulve…
Où on va avec cette idéologie? Mis-à-part à vraiment écraser les femmes?
Car de plus en plus de filles veulent transitionner pour appartenir (comme moi à l’époque) au camp dominant; à des hommes qui veulent s’approprier nos vies en nous écrasant et en nous dominant encore plus.
Donc si on est dominées par les trans, si on est dominées par les hommes, et si on est dominées par les religions, on a plus nulle part où aller. À part en Islande! Pour moi ça reste le meilleur pays pour les femmes pour l’instant.
Tu as choisi de témoigner sous ta réelle identité, pourquoi?
Parce que je m’en fous!
J’ai appris depuis un moment que me menacer ou pas, je m’en fous! J’ai déjà été menacée mais pour l’instant, rien ne m’est arrivé, heureusement.
On va encore parler et vous allez encore nous entendre!
Que ce soit pour la question du genre, que ce soit pour la prostitution, pour la pornographie ou pour le voile : on ne se taira pas! Nous sommes des féministes radicales, et nous irons jusqu’au bout.
Afaf, rebelle du genre.
La relève est assurée, de plus en plus de jeunes filles et jeunes femmes nous rejoignent alors non! Ce n’est pas fini!
Est-ce que tu as une anecdote à raconter concernant un événement qui t’a marquée sur le transactivisme ou sur la transidentité?
Oui, j’ai rencontré une autre femme qu’on va appeler Laurie. Laurie, je l’ai connue dans une formation de groupe, j’ai vu tout de suite qu’elle était femme trans. Elle, elle ne l’a pas dit tout de suite mais j’ai respecté. Je n’ai rien dit. Mais, je sentais qu’elle m’évitait. Au bout d’un moment, on parlait dans un débat, et elle avait dit “ma particularité” et là, j’ai quand même osé poser la question : “c’est quoi ta particularité?”
Donc, elle nous a dit qu’elle était une femme trans.
Et j’ai, par la suite, compris qu’elle avait un peu peur de moi parce qu’elle avait vu mon profil Facebook et si on regarde mon Facebook, je suis féministe radicale. Et donc je suis une « terf », pour elle. Et donc, elle m’évitait parce qu’elle avait peur que je la haïsse.
Par la suite, tout s’est bien passé!
Mais ce transactivisme qui divise les personnes, divise les femmes et nous montre comme si nous étions des monstres. Mais je suis désolée, ce n’est pas nous, les féministes, qui tuons qui que ce soit. Nous sommes par contre, menacées. Mais nous ne menaçons personne. Et ça fait aussi peur aux personnes trans “ordinaires” qui ne cherchent de mal à personne, et qui vont avoir peur des féministes. Et ça, je trouve que c’est vraiment très triste et malheureux!
As-tu quelque chose à ajouter?
Je dirais que la critique du genre ne doit pas s’arrêter là. On doit informer le plus possible, surtout les plus jeunes. On doit refuser le lavage des cerveaux des enfants à l’école concernant les questions trans.
Mon fils a les cheveux longs, il adore le rose et il adore les paillettes. Il va à l’école avec un bonnet Hello Kitty et des perles, il met du vernis avec moi avec sa sœur, il se déguise parfois avec les déguisements de sa sœur mais il dit “Je suis le roi”.
Afaf, rebelle du genre.
Il n’a jamais dit qu’il était une fille.
Si j’avais été dans une famille où j’aurais eu le lavage de cerveau à cette question-là, j’aurais dit “J’ai une fille trans”.
Mais non.
J’ai un garçon qui aime bien se déguiser, qui aime mettre de tout et qui m’a même posé la question “Pourquoi les garçons ne peuvent pas mettre de robe, parce que je trouve que c’est joli?”
Là, ma réponse a été de lui dire “peut-être que ça viendra un jour”.
Je lui ai montré des photos de la tenue afghane par exemple, de la djellaba marocaine et algérienne que les hommes portent, des tenues scandinaves traditionnelles, et il a répondu “Oh ils ont de la chance”. Mais il n’a jamais dit qu’il se sentait fille.
Quand on est parent il faut vraiment garder ça en tête, ce n’est pas parce que votre fille ou votre garçon va jouer avec des voitures ou avec des poupées, ou avec une poussette, qu’il va être de l’autre sexe! Ca, c’est pour tout le monde! Jouer, c’est pour tout le monde!
Et pour finir en beauté, ma fille quand elle était en maternelle (petite section en France) a dit : “Maman a dit que tout était pour tout le monde!” et elle a voulu pisser dans un urinoir!
Merci d’avoir écouté notre parole, et merci pour ta confiance Afaf!
N’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.
Et s’il vous plaît, signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe :

Pour nous suivre et/ou témoigner : https://linkfly.to/rebellesdugenre
Mercie les femmes!