Rebelles du genre – Épisode 85 – Florence

Florence – Bonjour, moi, je m’appelle Florence, j’ai 26 ans, j’habite au Québec au Canada. Je suis féministe radicale, je suis anticapitaliste, je suis bisexuelle ; en ce moment, mon emploi, je travaille dans une épicerie, c’est-à-dire un supermarché, je suis commis d’entrepôt la nuit, donc c’est ce que je fais comme emploi depuis quelques mois. Et puis, je suis amie, aussi, depuis plusieurs années avec une personne trans, donc voilà. 

Donc moi, dans le fond, j’ai toujours été critique du genre et puis j’ai toujours été féministe radicale, je vais expliquer ça : dans le fond, moi, j’ai grandi avec mes parents séparés mais je vivais principalement chez ma mère. Et puis, elle ma mère, elle m’a toujours sensibilisée au féministes et puis aux injustices en général dans le monde, elle m’a jamais parlé du mot féministe en tant que tel mais elle me parlait beaucoup de ce que les femmes vivent. Et puis il y a une phrase qu’elle me répétait souvent quand j’étais jeune, ça, ça m’a marqué là : elle me répétait souvent : “Florence, il y a quatre choses qui dominent le monde  c’est l’argent, le sexe, les hommes et puis le pouvoir, c’est ça qui domine le monde”. Et puis, je me suis rendue compte avec le temps que malheureusement elle avait raison ; et puis, aujourd’hui, même j’ajouterais que c’est comme un peu relié ces trucs là ; et puis, c’est ça, elle me parlait des femmes qui sont excisées dans certains pays, elle me parlait des femmes dans certains pays qui sont contraites de porter le voile, elle me parlait des viols, de l’inceste … mais tu sais elle attendait quand même que je sois assez grande pour me parler de tout ça, elle ne me faisait pas peur avec ces choses-là non plus mais tu sais, c’était pour me faire prendre conscience de ça. Et puis elle m’a même fait écouter un film, quand j’étais adolescente, c’est comme une mini-série qu’ils ont condensée pour en faire un film, ça s’appelle “trafic humain” mais je pense qu’en France, ils l’ont traduit pour “trafic d’innocence”, et puis, il y a plein d’acteurs québécois dedans, c’est réalisé par Christian Duguay, et puis, c’est vraiment bon là ; dans le fond,  ça parle du trafic humain et puis, comment les jeunes filles et puis, les jeunes femmes sont embarquées dans ces réseaux-là, c’était pour me conscientiser là-dessus. C’est que c’est ça, j’ai toujours été consciente des violences que les femmes subissaient par les hommes. C’était même, quand j’étais jeune, quand j’écoutais des clips de musique, on voyait toujours les femmes qui étaient toujours hyper sexualisées là, et puis les hommes eux ils étaient habillés de la tête aux pied, les femmes étaient comme à moitié déshabillées, ça m’a toujours choquée et puis souvent en plus, les paroles de la musique ont même pas rapport avec la sexualité mais on voit les les femmes à moitié déshabillées en tout cas. Et puis, la pornographie ça on en parlera même pas là, ça m’a toujours vraiment beaucoup choquée et puis dérangée tout ce que j’ai vu par rapport à ça là, donc c’est ça ; mais mon père, lui, par contre, lui il m’a élevée dans la religion chrétienne protestante, c’était une branche du protestantisme. J’allais pas souvent chez lui, mais quand j’allais chez lui, il me parlait beaucoup de religion et puis la première fois qu’il m’en a parlé j’avais peut-être 4-5 ans, il m’a tout de suite parlé de l’Enfer et puis du Paradis. Moi, l’Enfer; ça m’a vraiment terrorisée là, ça m’a traumatisée et puis même encore aujourd’hui, ça me fait encore un peu peur là, à quel point c’est dur de se défaire de quelque chose quand ça te rendre dans tête quand tu es enfant là. Même si j’allais très peu chez mon père et puis que ma mère elle, était anti religion, elle ne croyait pas à ça du tout et puis même, qu’elle ne m’encourageait pas à croire à ça, mais comme ça j’étais croyante et puis je pratiquais parce qu’il faut le dire là, j’étais traumatisée par l’Enfer. Donc c’est ça, j’ai grandi dans la chrétieneté tout en restant critique du genre et puis des rôles homme/femme et puis, tout en restant consciente des violences que les femmes subissent ; mais là, plus que je grandissais, de plus en plus, je trouvais que dans la Bible, il y avait des contradictions, il y avait des passages sexistes voire misogynes, par exemple tu sais ça dit que les femmes, quand elles sont menstruées, sont impures et puis qu’elles peuvent pas dormir dans le même lit que leur mari parce qu’elles sont impures, et puis que la femme elle doit se couvrir la tête pour prier mais que l’homme il n’y a pas de besoin, et puis que l’homme est la gloire de Dieu mais que la femme est la gloire de l’homme, ces passages là. Et puis, en pensant je vais juste faire une parenthèse tout suite là, je ne veux pas critiquer la foi ici parce que c’est si vous croyez en Dieu je n’ai pas de problème avec ça, moi, c’est vraiment les religions ici que je veux critiquer et puis vous allez comprendre plus tard pourquoi je parle de ça.

RDG – je pense qu’on est complètement capable de faire la distinction entre critiquer un dogme et critiquer la foi des personnes ; je pense que ce n’est pas un problème du tout.

Florence – Je tiens quand même à le préciser parce que je sais que des fois ça peut être un sujet un peu sensible, mais bon mais je suis d’accord. Je questionnais mon père sur ces passages là et puis là, quand je questionnais, il répondait des trucs du genre :  “ah ben là, on ne peut pas comprendre c’est comme ça. Tu sais, Dieu, il a une compréhension que nous les humains on ne peut pas avoir, on peut pas comprendre et puis c’est comme ça”. Mais, tu sais, je voyais bien que ça le mettait mal à l’aise et puis qu’il ne savait comme pas quoi dire, et puis qu’il n’avait comme pas d’argument et puis là, moi, j’étais comme : Dieu, il a voulu que ça soit écrit dans la Bible, pourquoi Dieu, il nous aurait créé, tu sais, avec un système reproductif comme ça pour après dire qu’on est impures. En tout cas, je ne comprenais pas là. Un moment déclencheur dans ma vie, rendue au secondaire, je pense qu’en France c’est le lycée, c’est ça hein ? Dans un de mes cours, on apprenait les sophismes. Dans les sophismes, il y a les, ça s’appelle le faux dilemme ; le faux dilemme, je vais vous expliquer ce que c’est : dans le fond, c’est quand quelqu’un présente deux options possibles à quelqu’un d’autre, alors que techniquement il y a plus que deux options possibles, mais il en présente juste deux ;  et puis, il y a une de ces deux options qui est tellement indésirable par rapport à l’autre que la personne elle n’a comme pas le choix de prendre l’autre option ; c’est comme un faux choix que tu imposes à quelqu’un. Par exemple, un parent qui dit à son enfant : “soit tu vas aller à l’université et puis si tu vas à l’université, tu vas avoir une belle vie, tu vas avoir une vie stable, tu vas avoir du succès, tu vas être heureux ou sinon tu ne vas pas à l’université mais tu vas avoir en gros une vie de merde, tu ne vas pas avoir une vie stable et puis tu vas être malheureux puis voilà” ; C’est comme un faux choix que tu imposes à quelqu’un et puis la plupart du temps, pas toujours mais la plupart du temps, quand les gens emploient le faux dilemme, c’est une forme de manipulation, c’est dans le but de manipuler quelqu’un. Et puis là, dans ce cours là, j’ai vraiment eu une révélation mais vraiment une révélation, je me suis dit : “ ok, mais là ça veut dire que la plupart des religions sont carrément des faux dilemmes, tu ne peux pas avoir plus faux dilemme que ça !” Je vais prendre exemple sur ma religion à moi, tu as le choix d’accepter Jésus-Christ comme ton Seigneur et Sauveur et de suivre ce qu’il y a dans la Bible et tout et de suivre une vie de chrétienté ou sinon tu vas en Enfer pour l’éternité. Moi, je trouve que c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai compris que la plupart des religions sont non seulement sexistes mais qu’en plus elles s’appuyaient sur la peur pour contrôler les gens. Et puis à partir de ce moment-là, j’ai senti un énorme poids s’enlever de mes épaules, je ne peux même pas vous dire à quel point j’ai senti un poids s’enlever de mes épaules. Peu de temps après ça, j’ai fait mon coming out bisexuel. Et puis durant mon secondaire, donc mon lycée, j’ai grandi dans un stock d’ami.es LGBT, dans mon temps, on ne disait pas LGBTQI 2 plus … je ne sais même plus comment on dit maintenant ! Dans mon temps, on disait juste LGBT et puis c’est parce que toutes mes ami.es étaient soit gay, lesbienne, bi et  puis moi aussi, j’étais bi. Mais, par exemple, je ne connaissais personne de trans par contre, je savais que ça existait des personnes trans, je savais qu’il y avait des personnes qui souffraient d’être né.es homme ou femme et qui voulaient changer de sexe mais tu sais, je n’en savais pas plus que ça. Et puis là, un jour, j’entends parler du “scandale”, je mets ça entre guillemets, de JK Rowling et puis là, il y a une de mes amies qui “capotait” là, je sais pas comment je pourrais traduire ça, au Québec on dit ça “capoter”, mais elle s’énervait, mon amie était vraiment indignée et puis elle s’énervait et puis elle était comme : “oh mon dieu, JK rowling est transphobe, ça n’a pas de bon sens, elle est transphobe”. Moi, j’étais comme : “ah ouais !”,  j’étais comme d’accord avec mon amie mais, tu sais, sans savoir ce que JK Rowling avait dit ; et puis je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ont fait ça aussi, qui ont juste assumé que c’était vrai que JK Rowling était transphobe alors qu’ils n’ont pas vraiment vérifié ce qu’elle avait dit ; parce que dans ce temps-là, les questions de trans et tout ça, ce n’était pas un sujet qui me touchais plus que ça parce que je n’en connaissais pas, c’est pour ça que je n’ai pas cherché à vérifier ce que JK Rowling avait dit mais j’étais d’accord, j’étais comme : “ah oui, transphobe” ; moi aussi j’étais un peu choquée mais parce que dans ma tête, j’étais dans un groupe LGBT ce qui fait que les trans faisaient partie de notre communauté, ce qui fait qu’on était ensemble, c’est ça. Et puis là, plus tard, je vais à l’université, plus tard je rencontre quelqu’un vraiment d’extraordinaire, on s’est tout de suite liées d’amitié, c’est une personne hyper importante pour moi, c’est mon amie trans que j’ai mentionnée au début ; donc c’est ça, je l’ai rencontré plus tard à ce moment-là. Et puis là, un peu plus tard, j’ai découvert Antastésia, je pense qu’il y a beaucoup de femmes qui la connaissent parce que je sais qu’il y a beaucoup de femmes qui en ont parlé. C’est une youtubeuse féministe, quand j’ai découvert ces vidéos ça a vraiment mis un énorme baume sur mon cœur parce que je ne sais pas comment expliquer mais je me suis vraiment senti moins seule à partir de ce moment-là, parce que moi et puis elle, on est presque la même opinion sur tout, ça a toujours été rare que des gens de mon entourage partagent les mêmes opinions que moi, ça fait que je me suis vraiment sentie moins seule à partir de ce moment-là. Merci beaucoup Emmie si tu passes par ici, tu m’as beaucoup aidée ! C’est ça, la première vidéo que j’ai vu d’elle, c’est  une vidéo qui parlait de la prostitution et puis à partir de là, j’ai écouté beaucoup de ces vidéos et puis de plus en plus j’ai découvert ce qu’est le patriarcat, et puis, comment le genre servait non seulement à oppresser les femmes mais que rien dans le genre n’est laissé au hasard, c’est-à-dire que tous les stéréotypes associés au genre masculin ou féminin ont tous un but, c’est que les femmes soient soumises aux hommes, en gros. Mais nous les femmes on est tellement conditionné qu’on ne voit même plus que ce sont des oppressions, c’est ça. La première fois que je me suis un peu posé des questions, si je peux dire, parce que moi, j’écoutais énormément une émission qui s’appelle “RuPaul Drag Race”, c’est une émission de drag queen très populaire en Amérique du Nord et puis ce sont des drag queen, ce n’est c’est pas comme des personnes trans parce que, tu sais, ils prennent un personnage féminin et puis, tu sais, la fin de la journée ils enlèvent leur “accoutrement féminin” entre guillemets et puis, tu sais, ils vivent leur vie d’hommes  mais je me suis quand même un peu posé des questions quand j’écoutais ça, mais tu sais au début, je voyais ça comme progressiste, je trouvais ça …  en fait j’adorais ça, je tripais là-dessus et puis là j’étais comme : “ah tu sais des hommes qui s’habillent comme ils veulent sans se faire juger, tu sais, c’est cool” ;  mais là, à moment donné, je me suis posé la question, je me suis dit : “ pourquoi on entend jamais parler des drag king ? C’est-à-dire des femmes qui prennent le personnage d’homme, des femmes qui s’habillent entre guillemets “en homme”. Pourquoi il n’ y en a pas ou presque ? Parce que moi, je n’en connais pas et puis je connais, moi personnellement, je ne connais pas d’émissions de drag king ; il y en a peut-être mais je n’en connais pas. C’est là que je m’étais posé la question et puis je trouvais ça bizarre mais en ce temps-là, je n’avais pas la réponse. Mais là plus tard, je me suis rendue compte que c’est à cause du patriarcat. Mais parfois, quand j’écoutais des émissions, pas toujours mais parfois, j’étais choquée à quel point ils reprenaient vraiment les stéréotypes, tu sais, comme il se mettaient des énormes faux seins, des énormes fausses fesses, ils prenaient des mimiques et puis des petites voix…

RDG – Des stéréotypes extrêmement sexistes, misogynes et vraiment insultants quand même !

Florence –  Oui exactement, c’est fait des “talents” vraiment des clichés, exactement mais bon, je ne poussais pas plus ma réflexion que ça ; des fois, ça me choquait un peu, j’étais comme : “ chic, tu veux jouer le personnage d’une femme mais pas besoin tu sais, d’avoir des énormes seins et puis parler comme une conne”, en tout cas, je me posais un peu des questions mais bon … Et puis là, plus que le temps avance, là j’entends de plus en plus de théories sur les identités du genre donc les nonbinaires, les agenres, les gender fluid, les cis genre et puis là j’entends aussi le terme pansexuel, et puis là ça me portait beaucoup à confusion, je ne comprenais pas. Et puis là, j’ai beaucoup réfléchi sur le terme nonbinaire, j’ai fait des recherches et puis apparemment être non binaire, c’est s’identifier comme ni strictement homme ni strictement femme ou entre les deux. Là je me suis posé beaucoup de questions ; C’est quoi s’identifier femme ? On peut apparemment se sentir ni complètement homme ni complètement femme ou entre les deux. C’est quoi se sentir femme ? Moi, je sais que je suis une femme parce que je suis née femme avec une paire de chromosomes XX et puis tout ce qui va avec, donc qu’est-ce qui fait se sentir femme ? Là, je me posais des questions et plus je me posais des questions, plus je me disais : “ok, ben là, j’imagine que se sentir femme ça doit vouloir dire avoir le goût de se mettre jolie, de se maquiller, de se coiffer, être plus sensible, être plus douce, vouloir des enfants ; et puis j’imagine que se sentir homme ça doit vouloir dire se sentir plus rationnel qu’émotionnel, être plus sportif, plus vouloir prendre les devants, ne pas vraiment avoir d’intérêt pour la mode…” mais je savais bien que tout ça c’étaient des stéréotypes attribués à notre sexe et puis non des trucs innés à notre sexe. Et puis là, j’en arrivais à des conclusions du genre : “ok, mais là, ça veut dire que moi je suis non binaire parce que moi, par exemple, je n’aime pas tant porter du linge féminin comme des talons ou de la lingerie, je n’ai jamais de sac à main, je ne me coiffe jamais ou presque, je ne me rase pas du tout depuis des années à part les jambes très rarement, je me suis toujours mieux entendue avec les gars qu’avec les filles en général, j’adore le Death Métal, du métal très heavy, ça d’habitude c’est plus de la musique que les gars écoutent, je n’ai jamais vraiment aimé magasiner, faire du shopping et puis je n’ai jamais voulu d’enfant” ; Mais tu sais, je savais que ce raisonnement là n’avait aucun sens parce que plein de femmes ne répondent pas au stéréotypes féminins que je viens de nommer ou d’autres, mais elles sont bel et bien des femmes et puis moi aussi, je suis une femme, je savais que j’étais une femme. Donc déjà là, je voyais qu’il y avait de la contradiction et puis qu’il y avait quelque chose qui clochait ; mais je n’arrivais pas  à le formuler clairement. Et puis là, un jour, paf : Antastésia sort sa vidéo ou elle critique le documentaire d’Arte sur la transidentité. C’est la vidéo qui s’appelle “faut-il abolir le genre – réaction” et puis là, ça a’ vraiment été un déclic, c’est là que je me suis rendue compte de tout ce qui n’allait pas dans ce courant là ; et puis, ça a tellement mis les mots exacts sur tout ce que je n’arrivais pas à formuler clairement, parce que tu sais, souvent moi, j’ai de la misère à m’expliquer, mais là, il y avait des arguments clairs, c’était très bien expliqué, c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai su que j’étais contre l’idéologie transactiviste. Et puis, je tiens tout suite à préciser que ce n’est pas parce qu’on est contre une idéologie ou un mouvement qu’on est contre les personnes concernées ou faisant partie de ce mouvement là, ça n’a aucun rapport.

RDG – Exactement comme les religions en fait !

Florence –  Oui, exactement comme les religions ou comme la prostitution,  on peut être contre la prostitution mais absolument pas contre les prostitués, 

RDG – en général quand on est contre la prostitution c’est qu’on est en empathie avec les personnes en prostitution, au contraire. 

Florence – Oui c’est ça, on n’est pas contre les trans, on est contre le transactivisme c’est différent. Et puis là, c’est en continuant d’écouter des vidéos d’Antastésia et puis en faisant plus de recherches, parce que bon je n’écoute pas juste Antastésia non plus, c’est là que j’ai découvert que j’étais féministe radical depuis toujours en fait, c’est juste que je ne savais pas qu’il y avait un nom et un mouvement qui regroupait tout ce que je pensais comme le fait d’être contre la prostitution, le fait d’être contre la pornographie, d’être contre les religions en général, d’être contre le genre, d’être contre la GPA etc. Et puis, j’ai découvert des groupes comme PDF Québec, pour le droit des femmes du Québec, c’est un groupe que j’aime vraiment beaucoup et puis ça m’a fait vraiment un bien fou de savoir que j’étais loin d’être la seule à avoir ces positions là.

RDG –  Très bien, donc tu es féministe radicale et maintenant la question que je vais te poser c’est mais pourquoi est-ce que tu penses que l’idéologie du genre est une menace pour les femmes pour leurs droits pour les enfants pour la société voire même pour notre démocratie ?

Florence –  Je vais probablement répéter ce que beaucoup de femmes ont déjà dit mais je pense que c’est important qu’on se fasse entendre, je n’ai pas écouté tous les témoignages mais je pense que je peux apporter de nouvelles réflexions. Donc premièrement, je pense que l’idéologie est dangereuse pour la société entière mais surtout pour les femmes parce que je pense que la majorité des femmes transidentifiées, donc les hommes trans mais je vais dire femmes trans identifié pour la compréhension, je pense que les femmes transidentifiées vivent davantage leur vie s’en nuire de façon directe à autrui parce qu’elles n’ont aucun avantage à aller dans les espaces des hommes, donc les prisons pour hommes, les sports pour hommes, les refuges pour hommes itinérants, les toilettes pour hommes, les vestiaires pour hommes etc. Aucun avantage. Et puis, même si elles suivent un parcours médical pour transitionner et puis même après transition ; alors que les femmes trans, donc les hommes transidentifiés qui ont suivi un parcours de transition médicale ou pas, ils ont tous les avantages d’aller dans les espaces pour femmes. C’est pour ça d’ailleurs qu’on entend toujours répéter “les femmes trans sont des femmes” et très rarement “les hommes trans sont des hommes”. Je pense malheureusement que qu’ils  soient transidentifiés femme ou nonbinaire ou pas, qu’ils soient trans ou pas, qu’ils souffrent de dysphorie de genre ou pas, je pense que le transactivisme d’aujourd’hui ouvre la porte à ce que beaucoup d’hommes profitent de la situation. On sait que la violence est le fait d’hommes, on ne dit pas que tous les hommes donc les mâles sont violents mais la majorité des crimes violents donc les viols, les viols collectifs, la guerre, les fusillades, le harcèlement etc, on sait que c’est commis par des hommes, c’est un fait, il y a plein de statistiques pour le prouver et puis ça c’est à cause de la société patriarcale, c’est parce que l’homme doit être viril, l’homme, il ne doit pas se laisser marcher sur les pieds, tout lui est dû, il ne peut pas accepter un “non” parce qu’il doit prouver aux autres qui est le plus fort et blabblabla. On ne dit pas que les hommes sont biologiquement violents mais c’est bien la société patriarcale qui pousse les hommes à avoir un comportement violent. Je vais donner un exemple, moi par exemple, j’ai été touchée par des hommes à deux reprises dans des autobus de ville, donc les transports en commun. La première fois, c’est arrivé quand j’avais 12 ans, il y a un homme dans la trentaine qui s’est comme assis à côté de moi et puis en résumé il m’a “flatté” les cuisses et puis il m’a touché les fesses et quand j’ai changé de siège, il m’a suivi pour s’asseoir à côté de moi. Il y a plein de gens en passant, qui étaient juste à côté et qui ont été témoins de toute la scène, et qui n’ont rien fait, rien dit. 

Environ 2 ans plus tard, donc quand j’avais 14 ans à peu près, il y a un autre homme qui s’est assis sur le siège direct à côté de moi, alors que cette fois-ci il n’y avait presque personne dans l’autobus. Il s’est vraiment mis direct à côté de moi, et puis lui aussi a commencé à me flatter les cuisses. Moi, j’étais tellement figée, là. Je ne savais pas quoi faire. Je n’ai même pas pensé à avertir le conducteur, je suis juste sortie. 

Et puis c’est arrivé plusieurs autres fois que des hommes, tous vraiment plus âgés que moi, changent carrément de place pour s’asseoir direct à côté de moi, puis ils me fixaient tout le long du trajet. Ils ne me touchaient pas, mais ils me fixaient tout le long du trajet. 

Et puis il y en a même un qui m’a dit que j’étais vraiment jolie… 

Tout ça, c’est arrivé quand j’étais mineure. 

Moi, eh ben depuis ce temps-là, et puis encore aujourd’hui, mon réflexe c’est de ne plus m’asseoir à côté d’un homme ou près d’un homme dans les transports, parce que je n’ai plus confiance.

Et puis j’ai remarqué que, quand il y avait uniquement des femmes dans les transports, et bien je me sens beaucoup plus détendue. 

Et puis ça, ça m’a marquée. On sait que ce ne sont pas tous les hommes qui font ça mais je pense qu’on peut comprendre que je n’aie plus confiance.

Et puis je pense que ce genre de situation-là est beaucoup plus commun qu’on le croit, malheureusement. C’est dégueulasse.

Bref. Si on suit l’idéologie transactiviste, dans plus en plus de pays, ça tend à être comme ça, c’est sur simple autodéclaration qu’on peut être une femme. 

Donc, même plus besoin de faire une transition médicale, même plus besoin d’aller voir des professionnels de la santé, ou quelque chose. Imaginez la porte que ça ouvre à ces hommes-là, d’avoir la possibilité dans des vestiaires pour femmes. Je veux dire, si ces hommes-là ils ont été capables de me toucher devant plein de personnes (parce que la première fois il y avait plein de monde), s’ils sont capables de faire ça devant tout le monde, imaginez ce qu’ils pourraient faire dans des vestiaires, ou dans des toilettes pour femmes. Ils pourraient être avec des filles mineures! Moi je pense que ça peut être très dangereux. 

Au Canada, je pense que c’est depuis depuis 2018, si je ne m’abuse, il n’y a aucun parcours, ni chirurgie, qui est nécessaire. Donc c’est sur simple auto-identification. Au Canada, on voit déjà les dommages que ça peut faire. Dans les prisons, il y a eu des femmes harcelées, il y a eu des femmes agressées sexuellement par des hommes transidentifiés mis dans des prisons pour femmes. 

J’ai trouvé un article de “La Presse” (c’est un journal québécois), que j’ai trouvé vraiment intéressant. Vous pouvez en tirer vos propres conclusions, mais moi je n’invente rien, je ne fais juste que dire ce qui est écrit dans l’article. Donc l’article date du 26 février 2023, je cite : “Un rapport du Service correctionnel du Canada montre que 91 % des femmes transgenres (donc des hommes transidentifiés) détenus dans les pénitenciers fédéraux du pays purgent des peines pour des infractions violentes, contre 72 % pour la population carcérale masculine”. Fin de la citation. 

Donc ça, ça veut dire qu’il y a une plus grande proportion d’hommes transidentifiés que d’hommes “cis” (entre guillemets) qui sont condamnés pour crimes violents. La proportion est plus grande aussi pour les crimes sexuels, et puis pour les homicides. Ensuite, plus bas dans l’article, ça dit, je cite : “En revanche, 71 % des 21 hommes transgenres (donc des femmes s’identifiant comme hommes) incarcérés dans des prisons pour femmes purgeaient une peine de 6 ans ou moins. Aucune demande de transfèrement vers des prisons pour hommes n’a, à ce jour, été reçue par le service correctionnel.”

RDG – Bizarrement. 

Florence – Ouais, bizarrement.

RDG – Pourquoi ces femmes ne veulent pas être incarcérées avec des hommes…

Florence – Non, c’est ça, non : aucun homme trans n’était par ailleurs incarcéré pour un crime de nature sexuelle, alors que c’était le cas pour 44 % des femmes transgenres, donc des hommes transidentifiés. C’est ça, on se demande pourquoi… Puis dans un autre article de La Presse qui date d’octobre 2022, c’est indiqué que “sur les 64 hommes transidentifiés détenus dans les prisons pour hommes, 57 sur les 64 avaient fait une demande pour être transférés dans des prisons pour femmes, alors que sur les 24 femmes transidentifiées dans les prisons pour femmes, aucune ont fait une demande pour aller dans les prisons pour hommes. Vous en faites vos propres conclusions, mais moi, mes conclusions, c’est que ça, c’est vraiment la preuve, pour moi, que : Premièrement, le sexe biologique, c’est quelque chose de bien réel, parce que si le genre était réellement une identité, cette identité qu’ils revendiquent constamment, qui va même jusque dans les papiers, si c’était vraiment une identité innée et indiscutable, eh bien toutes les femmes transidentifiées feraient une demande pour aller dans les prisons pour hommes, tu sais. Parce que ce sont des hommes, pourquoi ils resteraient dans les prisons pour femmes? 

RDG – Et elles auraient les mêmes propensions à être criminelles ou violentes que les hommes (entre guillemets) “biologiques”, que les hommes en fait. Il n’y aurait pas toutes ces femmes dites trans, enfin ces hommes ces hommes transidentifiés, qui commettent tous ces crimes-là. Parce que ça, ce sont des crimes d’hommes, en fait. Si tu es une femme, tu abandonnes aussi la violence, normalement.

Florence – Ouais exactement, mais c’est ça! Puis c’est ça exactement. Et puis pourquoi aucune femme transidentifiée, justement n’est condamnée pour crime sexuel? C’est parce que, peu importe comment on s’identifie, moi je pense que c’est ça c’est que la violence et le fait d’homme, et puis le patriarcat est bien présent. De toute façon, si le sexe n’était pas une réalité biologique, pourquoi on arrive à identifier le sexe d’une personne avant qu’elle naisse, donc à l’échographie?

D’ailleurs, même chose pour les sports. Moi je n’ai jamais entendu parler d’une femme transidentifiée qui voulait concourir dans des sports d’hommes, c’est bizarre! Pourtant on sait qu’il y a plein d’hommes transidentifiés qui vont dans des sports réservés pour femmes, qui gagnent des prix! En fait, c’est ça : c’est que, transition médicale ou pas, ils restent quand même en général avantagés physiquement par rapport aux femmes. 

RDG – Oui c’est démontré que la prise de testostérone, pardon, l’abaissement du taux de testostérone pour les hommes qui se transidentifient femmes, ça ne fait baisser que de 2 à 3 % leurs performances musculaires, et ça ne retire aucun autre avantage : ni leur grande taille, ni leurs ligaments, l’explosivité de leurs muscles, rien du tout, en fait! Ça n’a quasiment aucun effet pour ceux qui prennent des hormones. Mais puisqu’on est dans de l’auto-identification, ce n’est même pas la peine de prendre quoi que ce soit en fait. 

On peut très bien imaginer qu’une femme qui se transidentifie homme revendique d’aller dans les sports pour hommes, ne serait-ce que pour servir d’alibi, parce qu’aujourd’hui, malheureusement, on a une une espèce d’emprise sectaire de certaines femmes qui vont jusque-là, ou qui vont se plier à tout ce délire, juste pour valider ces concepts fumeux.

Florence –  Oui, c’est ça. S’il y a certaines femmes transidentifiées qui font ça, eh bien justement, elles n’ont aucun avantage à faire ça.

RDG – Elles n’ont aucune chance de gagner, en tout cas, ça c’est sûr. 

Florence – C’est ça. C’est ça. Moi je trouve que c’est la preuve qu’il y a vraiment des différences physiques indéniables.

Et puis aussi il y a la question des refuges pour femmes.

Moi, il y a quelques années, j’ai été itinérante pendant plusieurs mois. Je sais c’est quoi vivre à la rue. Aller dans les refuges pour femmes, je l’ai vécu. Et puis tu sais, les les femmes qui vont dans les refuges, on est déjà tellement vulnérables, on est complètement démunies. On n’a pas de famille pour nous aider, on n’a pas de soutien, on n’a pas de toit. On n’a rien. Puis tu sais, il y en a plein de ces femmes-là qui sont traumatisées par des hommes. Et puis là, avec le nouveau transactivisme, ça donne la possibilité à ce que n’importe quel homme puisse entrer dans ces refuges-là. Eh bien moi, personnellement, si un homme, avec toutes les apparences d’hommes serait venu, s’identifiant comme femme, puis qui aurait partagé ma chambre, parce que tu sais, c’est très rare qu’on est seule dans ces chambres-là. Souvent, on est deux, quatre ou plus, même. Eh bien moi, personnellement, je ne me serais vraiment pas sentie à l’aise et en sécurité en fait. Je pense que je serais partie. Je pense que je n’aurais même pas pu dormir là, parce que c’est déjà tellement stressant de dormir dans un lieu inconnu avec des femmes inconnues quand tu es vulnérable…  J’étais déjà extrêmement réticente à y aller, là. En fait, je ne voulais pas y aller, je ne voulais pas y aller, je ne voulais déjà pas y aller. 

Et puis ce n’est pas vrai qu’il y a des intervenants pour surveiller tout ce qui se passe dans les chambres. Moi, personnellement, je serais partie. J’aurais été obligée de dormir dans des stationnements souterrains, ou des lockers, ce qui est arrivé à la fin, de toute façon, parce qu’il n’y a pas assez de places dans les refuges, mais bon, ça c’est un autre problème. 

Je pense que tout ça ça risque peut-être de mettre les femmes dans une situation encore plus vulnérable qu’elles ne sont déjà. Et puis je ne dis pas que les personnes trans n’ont pas le droit de se faire aider, au contraire, s’ils ont besoin d’aide. Je veux vraiment qu’ils se fassent aider, les personnes trans. Mais je pense qu’il y a des refuges qui doivent rester réservés aux femmes, par contre.

Et puis aussi, je pense que le transactivisme, en soi est hyper néfaste, et fait juste renforcer les stéréotypes de genre, mais de manière très insidieuse. 

Par exemple, ça il faut que  j’en parle, j’ai écouté un podcast qui est super populaire au Québec. 

Ce podcast-là est très problématique pour plusieurs raisons, je vais en parler. C’est un podcast sur YouTube qui aborde la sexualité en général, pour la rendre moins tabou. 

Dans un des épisodes…

RDG –  Comment il s’appelle ce podcast?

Florence – Sex oral.

RDG –  D’accord.

Florence – Oui ça s’appelle sex oral. Dans un des épisodes, il y avait justement une un invité transidentifié qui se disait “homme trans non-binaire”. 

Déjà là, je ne comprenais pas. Bref. Là, l’invité disait : “Moi quand j’étais jeune, j’avais vraiment de la difficulté avec la mode, tu sais, il y avait beaucoup d’hypersexualisation des jeunes filles, et moi je vivais vraiment mal ça, tu sais les g-strings, et tout… Mais bon, je me disais juste que c’est parce que j’étais féministe, ou des choses comme ça. Mais non, j’ai réalisé plus tard que c’était parce que je suis un homme !”  Et puis là, plus tard, dans le podcast, l’invité continue en disant: “si tu cis, donc cisgenre, tu ne te poses même pas la question de savoir si tu es trans”. 

Ça, ça m’a choquée, parce que non seulement ça renforce encore plus l’idée qu’une femme doit être hypersexualisée, mais en plus ça rejette le féminisme, donc toutes les adolescentes qui écoutent ça, (parce que la majorité de l’audience de sex oral sont des adolescentes ou des jeunes femmes, si je me fie aux commentaires, en tout cas, qui ont pu avoir les mêmes réflexions) eh bien là elles vont toutes se dire “Oh non mais c’est pas parce que je suis féministe, c’est parce que je suis un homme!”

Moi je trouve que c’est un énorme problème.

RDG – C’est vraiment le discours ambiant, et je me souviens d’avoir entendu aussi une émission en France comme ça, et oui, ça expliquait  : “Si tu ne te sens pas à l’aise avec les stéréotypes sexistes, enfin les, pardon, les stéréotypes de ce que doit être une femme ou un homme et cetera, eh bien c’est sûrement que tu es trans.” 

Et moi à l’époque, oui, je m’étais dit “peut-être, après tout, oui.”

Florence – C’est ça! Mais c’est vraiment le discours général, ces temps-ci, j’ai l’impression. 

RDG – Mais quelle femme se sent complètement à l’aise avec tous les stéréotypes sexistes ? J’aimerais bien qu’on me la montre!

Florence – Mais oui, exactement c’est ça, c’est… Il n’y a personne qui peut être en accord avec tous les stéréotypes! En tout cas, c’est ça. Et puis moi, je trouve que c’est un énorme problème, parce que moi, je ne veux justement plus que le fait de s’habiller sexy, tu sais, d’être épilée, et cetera, ça soit associé au fait d’être une femme. C’est pas ça être une femme! Ça se pose aussi, c’est ça, que toutes les personnes dites “cisgenres” sont parfaitement en accord avec tous les stéréotypes, comme tu viens de le dire là. C’est, c’est c’est faux, ça. Tu sais, il y a plein de femmes qui ne sont pas transidentifiées, qui ne sont pas hypersexualisées, qui n’aiment pas la mode, qui n’aiment pas spécialement…

RDG – Elles sont juste féministes, en fait!

Florence –  Oui, c’est ça ou tu sais qui sont juste elles-mêmes, tu sais. Qui n’aiment pas spécialement les enfants, c’est-à- dire qu’elles sont juste elles-mêmes. Elles ne sont pas des hommes pour autant.

RDG – Elles sont juste un petit peu plus résistantes que la moyenne.

Florence – Ouais! Et puis tu sais, ce n’est pas de nier que les personnes trans souffrent, tu sais. Je veux dire que  je suis consciente qu’il y a beaucoup de personnes trans qui souffrent énormément. Mais par contre je ne pense pas que la solution miracle pour la société, c’est de s’identifier à un autre genre. Si par exemple, tu sais, un homme souffre d’intimidation puis de harcèlement parce qu’il se maquille et puis parce qu’il porte des vêtements jugés féminins, il n’est pas intimidé parce qu’il est une femme, mais parce que c’est un homme qui ne suit pas les stéréotypes associés à son sexe. Donc si justement on veut collectivement lutter contre ça, cet homme-là devrait justement continuer à porter, par exemple, des robes, puis se maquiller, tout en restant homme. Ça envoie le message aux autres : “ah ok, d’accord. Un homme peut aussi faire ça.” Là, de plus en plus, ça va casser les stéréotypes associés aux hommes, ça va inciter d’autres hommes à ne pas nécessairement coller à leurs stéréotypes masculins, et puis à s’habiller comme ils veulent, et puis même chose pour les femmes : si plus de femmes arrêtaient de s’épiler, puis arrêtaient se sentir obligées de se mettre des vêtements sexy, mais l’assumaient en tant que femmes, les gens se sentiraient beaucoup moins emprisonnés dans des cases. Comme ça, je pense que ça réduirait beaucoup la souffrance que les personnes trans peuvent ressentir. Mais là, on ne fait juste que renforcer les stéréotypes. 

Et puis aussi, plus tard dans le podcast, ça dit que si tu es né homme, que tu aimes t’habiller en fille et jouer avec des jeux de filles quand tu es enfant, ben tu es peut-être pas gay mais un trans refoulé. Ça, je trouve que ça enlève vraiment un préjugé pour un autre, tout aussi problématique.

RDG –  C’est super homophobe, en fait!

Florence – Mais on dirait vraiment un retour en arrière, comme un effacement de toutes les luttes qu’on a fait dans les dernières décennies. C’est comme “ah là si tu es un petit un petit gars puis tu aimes à jouer avec des jeux de filles, tu es peut-être pas gay mais un trans refoulé!” Voyons donc! En tout cas…

RDG – Trans refoulé.

Florence –  Ouais. Et puis la plupart des gens en tout ça voient ça comme progressiste, et moi, c’est ça qui me dérange, personnellement. 

En tout cas, pour revenir à “sex oral”, je vais juste conter deux ou trois autres anecdotes, là. Je suis désolée, il faut vraiment que j’en parle, parce qu’il faut que…  Je me sens comme impuissante par rapport à ça, là, parce que je… et puis ça va être mon moyen de dénoncer. 

Il y a un lien à faire entre toutes ces anecdotes-là. Vous allez voir, il y a un lien à faire avec le transactivisme, parce que c’est ça. 

J’ai écouté plusieurs épisodes.

Donc premièrement : dans ce podcast-là, on dit presque toujours “vagin” pour parler de “vulve”, on ne dit presque jamais le mot “vulve”. 

Dans un épisode, il y a une des animatrices qui a demandé à l’invité, c’était quoi l’endométriose. Et puis là l’invité a répondu que c’était quand tu as des règles douloureuses. Euh… c’est pas ça l’endométriose!

Dans un autre épisode, il ont interviewé une “travailleuse du sexe”. Je mets ça entre guillemets, parce que je n’aime pas ce terme-là. Bien sûr, ils ont décidé de choisir la “travailleuse du sexe” qui est à son compte depuis des années, et puis qui a une assistante personnelle qui s’occupe de prendre tous les rendez-vous, qui filtre tous les clients, bref. Elle a même un appartement à part, qu’elle loue spécialement pour recevoir les clients. On sentait que ça représente très bien la majorité des travailleuses du sexe dans le monde… Cette femme-là elle militait pour l’assistance sexuelle, donc d’offrir des services sexuels aux hommes en situation d’handicap. Elle disait, je la cite : “Moi, mon travail, je facilite la vie de tout le monde. J’ai entendu des histoires d’horreur, de mères d’hommes handicapés qui n’ont pas eu d’autre choix que de masturber leur fils, parce qu’elles avaient compris que leur fils en avait de besoin, et qu’il fallait que ça se passe”. Clairement, elles n’avaient pas de fun à le faire, elles n’avaient pas de plaisir à le faire, mais elles avaient compris que leur fils en avait besoin, et que c’était nécessaire. “Mon travail évite des situations comme ça.”

RDG –  Mais quelle horreur, mais quelle horreur!  Mon Dieu. En fait c’est le même argument en France. Il y a une grosse offensive actuellement du STRAS, l’autoproclamé “syndicat des travailleurs du sexe” alors moi c’est pareil ce mot je l’ai en horreur, c’est pas…

Florence – Ouais le STRAS,oui j’en ai beaucoup entendu parler.

RDG – Et qui prétend effectivement, qu’il faut donner de l’assistance sexuelle aux “personnes handicapées”. Ils ne disent jamais, ils n’ont jamais l’honnêteté de dire que ce sont des hommes, mais évidemment, a priori, c’est bien de ça qu’on parle. Et bien sûr tu auras droit à une assistante personnelle dans un appartement spécifique ou est-ce que ce sera pas plutôt une femme migrante, payée au tarif minimum dans des conditions de travail terribles et en butte à des agressions sexuelles permanentes qui devraient faire cette activité? A quel moment c’est compatible avec la dignité, et des femmes, et des personnes handicapées. Elles ont quand même le droit d’être insérées normalement dans la société, de faire des rencontres avec d’autres personnes, de nouer des relations d’amitié ou d’amour… Voilà.

Florence – Ouais, tout à fait, tout à fait, tout à fait.

RDG – Et s’ils n’ont pas de sexualité, on n’en meurt pas. On n’en meurt pas, on ne meurt pas d’une absence de sexualité.

Florence – C’est ça, c’est c’est c’est c’est.

RDG –  Ça ne fait pas partie des droits de l’homme.

Florence – Non! Et puis aussi, tu sais, ce n’est pas en envoyant une “travailleuse du sexe”, comme ils disent,  une prostituée…

RDG – Ce n’est pas parce que tu as envie d’avoir des relations sexuelles que ça correspond à un besoin, et en aucun cas à un droit fondamental, voilà. Tout simplement.

Florence –  Oui, oui, exact, oui je suis d’accord. Mais ce n’est pas ça que je voulais dire, c’était plus dans le sens, tu sais, c’est pas en envoyant une prostituée chez des personnes handicapées qu’on va améliorer la vie de ces personnes en situation de handicap. Ils ne vont pas nécessairement avoir une vie plus épanouie, avoir des relations sociales plus saines avec les autres.

RDG – Moi j’aurais tendance à penser que ça va au contraire les enfermer dans quelque chose d’encore plus isolant, quoi.

Florence – Ouais, moi je pense aussi que ce n’est pas comme ça qu’on va les aider, dans le fond. Parce que moi je pense que ce n’est pas comme ça qu’on va les aider à avoir des relations saines avec les autres, et tout.

RDG – Ça me fait penser en fait à… C’est encore une autre façon de se donner bonne conscience : allez hop ! On règle la question des handicapés, on leur paye des prostituées qui vont chez eux, au lieu de rendre accessibles les bâtiments publics. Ça nous évite d’avoir à réfléchir à une véritable inclusion dans la société. Et puis c’est tellement facile que tu prends cette décision-là : tu n’es pas, tu n’es pas concerné, tu tu n’as pas de risque que ce soit à toi qu’on demande de faire ça. Donc après tout… 

La plupart du temps, en plus, ce sont des femmes qui sont victimes de racisme. Donc finalement, elles comptent tellement peu. C’est ça. C’est à la fois raciste c’est classiste, c’est misogyne, et clairement, c’est validiste. C’est, c’est épouvantable.

Florence – Oui, et puis dans ces discours-là, tu sais, ceux qui valorisent tellement le travail du sexe, on n’en parle pas, là, que il y a beaucoup de femmes qui sont racisées là-dedans.

Pour en revenir à à l’anecdote, apparemment c’est ça, les hommes en situation de handicap ont tellement besoin de sexe que les mères DOIVENT les masturber. Mais les femmes handicapées, elles, apparemment, on n’en parlait pas du tout, durant le podcast. Et puis personne, dans les commentaires, n’était choqué. Moi, c’est ça qui me choquait le plus, c’est que personne n’était choqué de tout ça, tu sais. Tout le monde, dans les commentaires, acclamait ça, comme si c’était la chose la plus altruiste au monde,  comme… waouh! c’est tellement… Bref.

Depuis ce temps-là, cette “travailleuse du sexe” , elle a monté en popularité au Québec, puis est apparue dans d’autres podcasts.

Bref.

Dans un autre épisode, sorti plus récemment, ça commençait avec une pub. Donc l’animatrice disait : “Bonjour, nous avons trois nouveaux produits pour vous, c’est trois québécoises, (moi je ne les connais pas, mais c’est des Québécoises qui ont un compte OnlyFans), ces trois québécoises qui ont fait un moule de leur vagin, et de leur vulve, et puis on en a fait des masturbateurs” (donc tu sais, des masturbateurs qu’on peut pénétrer et puis là, on voyait carrément les images de vulves sur les boîtes que l’animatrice tenait entre ses mains) puis l’animatrice a fini en disant : “Donc, si tu veux, tu peux offrir ça à ton chum (donc à ton amoureux) en cadeau.” Puis elle disait ça comme si de rien n’était,  comme si c’était, tu sais comme, elle  était super sérieuse. Et puis moi, j’étais : “Mais dans quel monde on vit? Dans quel monde on vit? On est vraiment rendus loin dans le capitalisme, là, c’est fou.  

RDG – Oui c’est ce que j’allais dire, là on est vraiment dans le lien entre capitalisme et patriarcat. vraiment.

Florence –  Là c’est, oui,  je ne sais pas comment l’expliquer, mais oui, on est, on dirait que, dans ma génération, on est comme dans une mentalité de : “je veux trop être ouvert d’esprit, il ne faut surtout pas que je juge, il ne faut pas que je critique, il faut que j’accepte tout.

RDG – Complètement matrixés!

Florence – Ouais! mais moi je trouve qu’il y a des limites, ça fait peur, tu sais! Je veux dire, quand je pense qu’en plus, il y a plein de jeunes qui écoutent ça tu sais, qui écoutent ce podcast là. 

RDG – Merci en tout cas de ta colère, et d’être capable de t’étonner de ça, parce que vraiment c’est…

Florence – Eh bien moi, ça me choque, et puis ça me choque, justement, que personne ne se choque de tout ça, tu sais.

Pour revenir au lien entre toutes ces anecdotes-là, à “sex oral”, c’est qu’on dirait vraiment qu’on est dans une ère de, d’ultra liberté individuelle, de  sur-libéralisation de son corps, c’est-à-dire que je peux faire absolument tout ce que je veux avec mon corps, au point en enlevant carrément mes organes génitaux puis que tout ça est présenté de manière aussi banale, et puis que ça ne va avoir aucune conséquence négative, on dirait que c’est ça, la mentalité. On dirait qu’ il y a comme une, je ne sais pas, une dissociation avec son corps, je ne sais pas comment expliquer. 

Et puis j’ai remarqué que le mouvement transactiviste, et le mouvement pro prostitution sont très souvent reliés. 

Et puis aussi le problème des orientations sexuelles dans le transactivisme. Maintenant, on ne fait plus la distinction entre genre et sexe. Moi par exemple, je suis bisexuelle. Donc si on suit leur définition, et que le genre est “un ressenti propre et unique à chacun” (parce qu’on entend souvent ça, il y a autant de genres que de ressentis) donc si le genre est un ressenti propre et unique à chacun, et que moi je suis bi, donc attirée par deux genres, donc ça voudrait dire, techniquement, que je suis juste attirée par deux personnes dans tout le monde entier. En tout cas, ça serait comme ça pour toutes les bi. En tout cas, c’est tellement contradictoire leur affaire… Donc la bisexualité n’existe, plus l’homosexualité n’existe pas non plus, parce que personne ne peut avoir un genre et puis un ressenti pareil que le sien, donc finalement il y a juste pansexuelle qui fait du sens, ou à la limite, “hétéro”. Non, même pas, il y a juste  pansexuelle qui  fait du sens. Ce qui fait que tout le monde est  pansexuel, il n’y a plus d’orientation.

Et puis la lesbophobie dans le transactivisme, ça c’est horrible. Je pense qu’on va beaucoup moins accuser les personnes gays d’être transphobes s’ils refusent de coucher avec une femme transidentifiée que les les lesbiennes qui refusent de coucher avec un homme transidentifié. Je pense que c’est à cause de la misogynie qui est encore très forte, et puis aussi parce que c’est un truc d’homme de ne pas accepter un NON, et puis de ne pas respecter le consentement.

Également, moi ce qui me laisse vraiment perplexe, c’est que le mouvement ne veut absolument pas que la dysphorie de genre soit considérée comme un trouble. Mais en même temps, ils sont pris en charge, ils n’ont presque rien à débourser, et puis dans de plus en plus de pays, ça s’en va vers ça. Je trouve qu’il y a comme une injustice, parce que eux ils ne déboursent rien ou presque, alors que nous, les femmes, on doit dépenser presque toute notre vie, à chaque mois, pour des protections hygiéniques, ou des moyens de contraception. Et puis on doit débourser à cause de notre biologie, pas à cause d’un ressenti.

Quand je pense à tout cet argent-là, des milliers, des dizaines de milliers de dollars qui vont dans les opérations, dans des épilations au laser, qui vont là-dedans, c’est de plus en plus couvert totalement, alors qu’il y a plein de gens qui vivent à la rue, qui crèvent de faim, qui n’ont pas d’accès à des ressources pour la santé mentale, des ressources pour les violences sexuelles… Ça, ça me fait poser beaucoup de questions.

Un des plus grands dangers du transactivisme, aussi, c’est le fait qu’on puisse maintenant si facilement changer de sexe sur les papiers officiels d’identité. Parce que si n’importe qui peut s’identifier comme il le souhaite, on n’aurait plus de statistiques fiables sur les pourcentages de femmes violées par rapport aux hommes, sur les pourcentages des auteurs d’infraction sexuelles qui sont des hommes, etc. Donc il y n’a plus de distinction entre qui est agresseur et qui est agressé.

Ça, ça me fait vraiment peur. Ça, ça me fait peur parce que ça met en danger la lutte pour les droits des femmes.

Et puis aussi, je pense que peut-être un autre problème avec le changement de sexe sur les papiers d’identité, c’est que si je donne un exemple une femme transidentifiée qui prend les hormones mais qui n’a pas subi d’opération, a par exemple un jour le cancer de l’utérus ou des ovaires, est-ce qu’elle va être prise au sérieux à l’hôpital, si tous ses papiers indiquent qu’elle est de sexe masculin? Je ne sais pas. Peut-être que ça risque de mettre une confusion dans le personnel médical.

Et puis finalement, mon dernier point. 

Je pense que c’est un réel danger pour la démocratie, parce qu’on empêche carrément les femmes de parler. Je vous ai dit au début que j’ai été élevée dans la religion. Là, je sais que ça va choquer sûrement des personnes, mais moi je trouve qu’il y a un parallèle à faire, parce que quand j’entends les choses que les transactivistes disent, ça me fait vraiment énormément penser à ce que mon père me disait quand j’étais jeune, c’est-à-dire : “C’est comme ça. Il faut comprendre. Et puis même si tu ne comprends pas, tu dois l’accepter. 

Et puis si tu ne l’acceptes pas, tu vas être punie.” 

Le transactivisme utilise énormément les sophismes, énormément. Si je reviens avec mon parallèle du faux dilemme : soit tu acceptes ce qu’on te dit comme une vérité absolue, ou sinon tu es une transphobe, donc tu es une terf, donc tu mérites toutes les punitions. 

Je pense vraiment que ça fonctionne comme une religion, dans le sens que ça s’appuie sur la peur, sur les contradictions, et sur aucun argument scientifique, pour contrôler les gens. 

Mais aujourd’hui, c’est encore pire, j’ai l’impression. 

Parce qu’on ne peut même plus dire notre opinion, ou poser des questions.

Mon père, au moins, ne me disait pas de me taire, il essayait au moins de me répondre. Ce qui fait que là je trouve que c’est devenu carrément dangereux, ça fait penser à à une secte, ou je ne sais pas comment vous voulez le dire, mais on dirait que ça devient un crime d’être critique du transactivisme, de juste avoir des positions différentes là-dessus, surtout quand tu es une femme.

RDG – Oui comme au Royaume-Uni, où il y a ce projet de loi de criminaliser le mégenrage avec 2 ans de prison si tu n’appelles pas la personne avec les bons pronoms. Voilà. Donc…

Florence –  2 ans de prison! 

RDG – Oui, c’est, voilà, le nouveau truc là qui est prévu. Je crois que c’est en Écosse, donc c’est prévu, voilà, 2 ans de prison si tu…

Florence – Je savais qu’il y avait le, tu sais, le “hate speech law”, en Ecosse, je pense. 2 ans de prison ah ça je savais pas par contre, ok. 

RDG – Oui ça pique. D’ailleurs il y a JK Rowling qui s’est exprimée là-dessus, elle a dit qu’elle ferait volontiers 2 ans de prison si elle pouvait continuer à dire la vérité. 

Florence – Ouais non mais un crime… ça a pas d’allure là, c’est…

RDG –  Alors aujourd’hui tu témoignes sous ta réelle identité. Est-ce que tu peux expliquer pourquoi, et comment tu te sens par rapport à la question, justement, des risques que tu peux éventuellement courir par rapport à ta sécurité, et concernant ta liberté d’expression?

Florence – Moi j’ai choisi de témoigner sous ma réelle identité parce que je juge personnellement que je n’ai plus rien à perdre. Je n’ai pas envie d’avoir peur, bien sûr. Je comprends tout à fait les femmes qui ne le font pas, mais moi, personnellement, je n’ai jamais vraiment été beaucoup entourée d’amis. Je n’ai personnellement pas peur de perdre mon emploi, je n’ai jamais eu une menace. Et puis tu sais, même mon ami trans, il connaît mes opinions sur ce sujet-là. On en a déjà parlé, pas autant détaillé qu’aujourd’hui, mais mon ami le sait. Et puis il y a d’autres de mes amis aussi qui sont au courant, donc je juge que je n’ai plus rien à perdre. Le féminisme, c’est une des causes qui me tient le plus à cœur, donc honnêtement, je n’ai pas envie d’être dans l’anonymat.

RDG – Ok, merci. Est-ce que tu as une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?

Florence – Oui. Donc récemment, le 20 septembre 2023, au Canada, il y a eu plein de manifestations partout au pays. En gros, c’était des manifestations pour protester contre l’enseignement de l’idéologie du genre dans les écoles, contre le fait d’enseigner les différentes identités de genre, puis de présenter ça comme une vraiment une vérité absolue, puis contre le fait qu’un enfant puisse imposer son genre donc ses pronoms et son nouveau prénom à ses professeurs, sans le consentement des parents. Et puis j’ai vu les photos de ces manifestations, il y avait plein de pancartes religieuses, avec des croix ou c’était écrit “Dieu créa l’homme et la femme” c’était écrit aussi “être LGBTQIA+, est un péché”.  C’était presque toutes des affiches dans ce style-là que je voyais. J’étais comme  : “Oh là là. Là, il va avoir une association avec l’extrême droite. Ça, je pense que c’est un danger, parce que tout le monde va penser que les gens critiques de l’idéologie du genre sont, soit d’extrême droite, soit religieux, soit haineux, alors que ce n’est pas du tout le cas. Et la même journée, il y a eu plein de contre-manifestations. Évidemment, ces gens-là disaient que c’était un appel à la haine contre les LGBTQA+. 

Ils disaient : “À bas la haine ! L’éducation sauve des vies!” 

En gros, ils disaient qu’on était contre leur existence. Mais le fait d’être critique du genre et du transactivisme, ça ne fait pas automatiquement de nous des gens haineux. Pour une manifestation, certaines pancartes étaient haineuses, donc là ça va encore plus renforcer cette idée-là, mais ce ne sont pas toutes des gens d’extrême droite et des gens qui sont contre l’existence des personnes LGBTQ, c’est ça le problème. Donc les gens vont associer ça à l’extrême droite. J’ai même vu un commentaire de quelqu’un qui disait : “C’est pas étonnant de la part des religieux, même la science nous dit qu’on peut être né dans le mauvais corps.” Je ne sais pas quand c’est que la science a dit ça, mais bon…

Et puis même le Premier ministre Justin Trudeau, il a fait un tweet. Il disait qu’il condamnait ces manifestations-là, et puis que la haine n’avait pas sa place ici. 

Je voudrais dire aux transactivistes et à tout le monde en fait, que c’est tout à fait possible d’être en désaccord avec certaines personnes, tout en étant capable de créer de profondes affinités avec elles. Il y en a beaucoup qui vont penser que je suis transphobe, mais mon ami trans, c’est la meilleure personne que je connaisse. Je vais toujours l’adorer, peu importe. Pourtant, je ne suis pas toujours en accord avec ses opinions. On est souvent d’accord sur plein, plein, plein de sujets, mais on n’est pas d’accord concernant le transactivisme, mais on est quand même capables d’avoir des discussions respectueuses sur le sujet, où chacun dit son opinion. On a une relation très saine, donc le fait d’être aussi violent envers les RadFems, ça je comprends pas. Et puis tu sais, en passensant, mon ami était vraiment curieux de connaître mon opinion sur le sujet. Il voulait l’entendre, même qu’au début c’était moi qui ne voulais pas en parler. Il insistait et c’était moi qui était comme : “Non mais on dirait que j’ose pas trop dire mon opinion, tu sais. J’ai peur que ça te blesse.”

Donc voilà : je pense que c’est le mouvement qui est violent, pas les personnes trans elles-mêmes, voilà.

RDG – Du coup, je te pose la dernière question, maintenant : est-ce que tu as quelque chose à ajouter?

Florence – Oui. Donc mon opinion, c’est que tout le monde a le droit d’avoir un ressenti, c’est correct d’avoir un ressenti. Mais malheureusement, moi je ne pense pas qu’on puisse imposer notre ressenti aux autres, parce que justement, c’est propre et unique à chacun. Et puis c’est pas parce qu’on se sent être quelque chose qu’on l’est nécessairement. Tu sais, par exemple on entend souvent : “Oh moi je me sens avoir tel âge dans ma tête!” Si par exemple un adulte dit qu’il se sent avoir 15 ans dans sa tête, est-ce que pour autant il y a 15 ans? Il peut se sentir comme ça, c’est correct. Mais est-ce qu’on va changer la date de naissance sur les papiers officiels de cette personne-là pour dire qu’elle a 15 ans, et puis pour que cette personne-là puisse en bénéficier des avantages, comme aller dans les écoles, dans les vestiaires des écoles secondaires, les lycées, ne pas payer d’impôts, dépendre de ses parents financièrement, etc? 

RDG – Moi, j e me sens avoir 64 ans et très très très très proche de la retraite…

Florence – haha. Malheureusement, c’est ça : je ne pense pas que le ressenti l’emporte sur les faits, malheureusement. Et puis je ne pense pas non plus qu’il suffit de dire être quelque chose pour le devenir.

Pour finir, merci beaucoup de de m’avoir écoutée jusqu’à la fin, ça m’a fait énormément de bien de prendre la parole, et puis merci de donner la parole à autant de femmes.

RDG – Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

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