Rebelles du genre – Épisode 88 – Alexandra

Alexandra –  Bonjour, je m’appelle Alexandra. Je suis une femme de 35 ans qui vit au Québec, dans le beau pays qui est le Canada. Je suis aussi coordonnatrice d’un organisme féministe qui s’appelle “pour les droits des femmes du Québec”. Je suis quelqu’un qui vient d’un milieu de campagne, j’étais dans un milieu qui était féministe sans forcément que ce soit voulu. En vivant à la campagne, on avait une mini ferme, nous donc on était quand même assez en autonomie. Donc nous, tout ce qui était tâches ménagères, s’occuper des animaux, du jardin, ça a toujours été mixte, donc mes frère et moi, et puis ma mère et mon père. On faisait toutes les tâches. Donc on a été élevés d’ une façon telle qu’il n’y avait pas de tâches de fille ou de tâches de gars : tout était équitable. Donc on se gelait le derrière, à -30° dehors, pour corder du bois, et tu étais obligée de le faire parce qu’il fallait le faire de toute façon, sinon on ne pouvait pas chauffer la maison. C’est la même chose pour les tâches ménagères, en fait : on se battait pour les faire, comme ça, ça nous évitait de faire des tâches comme ramasser le caca des poules, ou courir après les dindons qui se sont sauvés. Donc j’été élevée dans une éducation qui était comme féministe, mais sans le savoir.

Donc j’ai décidé de témoigner à “Rebelles du genre” parce que je trouvais ça important de le faire, surtout en vivant au Québec, après avoir écouté les épisodes de Marie et de Florence, qui sont des Québécoises qui ont témoigné sur leur expérience. 

Je trouvais ça important de, moi aussi, en parler en tant que femme, mais aussi en tant que coordonatrice d’un organisme féministe qui est à contre-courant dans notre pays, dans notre province. Donc nous on est un regroupement de féministes, qui est mixte, et on est un groupe féministe universaliste et non intersectionnel. Donc je trouvais ça important qu’on puisse en parler, parce qu’on est censurées partout. Et “Rebelles du genre” est beaucoup écouté au Québec, parce que c’est un des rares balados dans lesquels on est écoutées, et qu’on n’est pas censurées par les médias.

Donc ce qui m’a amenée à devenir critique du genre… En fait, moi, mon parcours professionnel, j’ai toujours travaillé dans des organismes où on était en relation d’aide. J’ai longtemps travaillé comme animatrice, avec des personnes qui vivaient avec des handicaps : des enfants, des adultes, des autistes, des personnes déficientes intellectuelles… Donc j’ai toujours été quelqu’un qui avait énormément d’empathie et de compassion. 

Mon cercle d’amis, si on parle même du secondaire, CEGEP et puis même un petit peu l’université, j’ai toujours été dans les arts et lettres. Au secondaire, je faisais partie de la gang qui faisait du théâtre, donc on était les extravertis. On était aussi le groupe qui avait le plus de personnes gays, aussi forcément, on est tout le temps ensemble. 

Au CEGEP, c’était la même chose. Donc moi, la plupart du temps, les amis que j’aime encore d’ailleurs beaucoup, font partie de la communauté LGB. 

On rajoutera le “TQ+” plus plus tard, parce qu’à ce moment-là, euh mon cercle d’amis, c’étaient principalement des homosexuel.les. Et il y avait pas ça encore, des personnes trans, c’est très très très marginal en fait j’en avais jamais rencontré avant je pense 2018, c’est que un phénomène qui est assez récent dans ma vie. Donc moi c’est ça : mon secondaire, mon CEGEP,  la Gay Pride j’y allais à chaque année. Tous les événements… Ma série préférée c’était RuPaul’s Drag Race, qu’on écoutait comme si c’était nos jeux olympiques,  littéralement…  Il s’agissait de trouver quelle était la candidate qui allait gagner, c’était vraiment profond, ça faisait partie de mon identité, aussi, parce que c’est ça : moi quand je sortais, j’allais dans des bars gays, ça a toujours été dans ma culture aussi, un peu aussi parce que mon cercle d’amis est là-dedans, on les suit, et  puis tu sais, c’est une communauté qui accepte tout le monde, aussi. Quand tu es un artiste,  tu t’habilles bizarre, tu vas avec des gens qui vont t’accepter comme tu es. Et puis je suis quelqu’un qui est très extravertie. À ce moment-là, je pense que j’avais des cheveux rasés, bleu-mauve, des piercings un peu partout, le look que tu comprends pas c’est quoi… Écoute, les gens qui m’ont toujours acceptée, ça a toujours été cette communauté-là. Donc pour moi ça a toujours été logique, ce qu’on revendiquait : l’égalité, le mariage pour tous. J’en ai défendu, des amis  homosexuels qui se faisaient écoeurer… Et puis ça a toujours été pour moi quelque chose d’important, l’équité, aussi le respect de la dignité, le respect des gens, peu importe leurs choix. Tu sais, ça a toujours été dans mes valeurs profondes. Donc c’est ça, ça fait que j’ai longtemps évolué dans le milieu communautaire.

Dans le cadre de mes emplois, j’ai travaillé auprès des adolescents. J’ai été aussi dans les premières à dire que “les femmes trans sont des femmes” parce que pour moi, ça faisait parfaitement du sens, parce que c’est des personnes qui sont opprimées. 

Et ce qui m’a amenée, vraiment, à changer ma réflexion par rapport à tout ça, c’est que je travaillais dans un organisme jeunesse qu’on appelle des “maisons des jeunes”, au Québec, donc c’est un lieu par les jeunes, pour les jeunes. C’est une maison, littéralement, où les jeunes se rassemblent. Quand je parle de jeunes, je dis de 12 à 17 ans. Les jeunes viennent, comme on dit par chez nous, “chiller”. Ils viennent passer du temps. Tu as des animateurs et des intervenants qui sont là. On va parler d’éducation sexuelle, de faire son budget, faire les devoirs, apprendre à cuisiner… C’est vraiment un milieu de vie pour les jeunes. Nous, normalement, quand on travaille en “maison des jeunes”, on va inviter d’autres OBNL (organisations à but non lucratif) on va inviter des intervenants, parce qu’on veut que les jeunes apprennent plein de choses. Donc nous, ce qui était parfaitement normal, ce que je faisais aussi, c’était pas rare qu’on faisait venir un conférencier d’un OBNL LGBTQ+ pour venir parler de “c’est quoi être une personne homosexuelle?” C’est quelqu’un qui vient partager son expérience. Et puis là cette fois-là, l’intervenant qui est venu, en fait l’intervenante, c’était une femme trans qui venait parler de son expérience à ma gang d’adolescents. En fait moi je vends ça,  “l’activité ça va être super, vous allez triper…” Tu sais, la personne arrive, et puis elle est cool. Tu sais, dynamique, elle prend le temps de s’intéresser aux jeunes,  elle fait toute sa présentation, elle parle de son parcours de femme trans, comment la transition s’est faite, toute sa vie. Les jeunes trouvaient ça super intéressant. Puis l’activité se finit.  Une couple de jours plus tard, j’ai mon groupe de filles qui vient me voir dans mon bureau pour me parler. C’est ça : nous, des fois, les jeunes veulent nous parler “un à un”,  parce que il y avait quelque chose de bien important.

Là, ma gang de filles se questionnaient sur le fait qu’elles n’étaient peut-être pas des filles, finalement, parce qu’ elles avaient compris qu’avec leurs champs d’intérêt, elles étaient peut-être des garçons. Parce qu’il faut se situer : nous, on était dans un milieu rural, à ce moment-là. Il n’y a pas de ville proche, c’est un village de, comme, 2000 personnes, même pas. Tu sais, les loisirs pour les gens, là-bas, c’est la chasse, la pêche, faire du VTT. Tu sais, il n’y a pas vraiment de truc de fille ou de truc de gars. Et puis tout le monde s’habille en jogging, il n’y a pas de style vraiment propre à des individus, comme on pourrait en trouver en ville, à Montréal par exemple. Donc c’est ça en fait. Pour elles, elles n’étaient pas des filles parce qu’elles aimaient les films d’horreur, elles n’aimaient pas se maquiller, elles n’aimaient pas se peigner les cheveux, et puis elles n’aimaient pas s’habiller de façon féminine, surtout qu’elles ont comme 13, 14 ans, là. C’est c’est des jeunes ados.

Donc tout ça, suite à la conférence de l’intervenante qui est venue, mais ça les avait amenées à cette réflexion-là qu’elles étaient pas des filles. Moi, ça m’a fait tomber de ma chaise, parce que avec ce groupe d’ados-là, on travaillait tellement fort pour donner de l’autonomie aux filles, tu sais, leur donner de l’assurance de l’estime de soi que c’est pas parce que tu es pas dans l’image de ce que tu vois sur Instagram que tu es que tu n’es pas une super cool fille, là. Tu sais, tu n’es pas obligée d’être dans le moule, tu peux être toi et puis c’est correct, tu sais on était beaucoup dans l’acceptation de soi.  L’intervention de cette personne-là, de cette conférencière-là venait de scrapper 2 ans d’intervention.

RDG – Oui donc en fait, tu as donc un homme trans identifié qui vient, qui dit qu’il est une femme, qui te sort tout un tas de stéréotypes sexistes, et du coup les filles se disent “bah moi je ne suis pas comme ça, je ne suis pas comme ça, je suis pas comme ça, donc… je suis un gars!

Alexandra – Ouais. Et puis tu comprends, nous ça nous a jetés à terre, parce que justement, on travaillait tellement fort pour, justement, combattre ces stéréotypes sexistes! On avait une couple de filles qui venaient faire de la boxe avec les animatrices le dimanche matin, parce qu’on voulait justement qu’elles apprennent à se défendre, qu’elles  apprennent, tu sais, que les filles peuvent faire du sport… On avait plein, plein, plein d’activités comme ça. Et puis là, voir que tout ça, tu sais c’est des heures et des heures d’intervention, là, qui venaient de se faire scrapper par UNE personne qui est venue parler UNE heure ! Et puis c’est pas quelqu’un qui est proche de ces jeunes-là, tu sais. C’est quelqu’un de l’extérieur qui vient parler ton expérience, et puis en une heure ça a semé le doute auprès de ce groupe de jeunes-là. Il a fallu qu’on passe je ne sais pas combien de jours et de semaines à réexpliquer que ça, c’est des stéréotypes sexistes. Les filles ne sont pas obligées de se maquiller pour être des filles, ne sont pas obligées de s’habiller sexy pour être des filles, tu peux t’habiller comme tu veux, tu peux être de la grosseur que tu veux, tu sais. Tu peux avoir les cheveux courts, les cheveux longs, ça change pas, rien, là. Tu peux être une fille quand même. Ça m’a vraiment amenée à me questionner sérieusement sur ce que je connais depuis des années. 

RDG – Est-ce que ces jeunes filles, elles sont allées jusqu’au bout? Finalement comment ça s’est passé pour elles?

Alexandra –  Non dans le fond on a discuté beaucoup, on a passé beaucoup de temps avec elles, et ça juste été passager, c’est plus revenu après. Mais tu sais, je n’ai plus fait revenir cette personne-là non plus, parce que je me disais “écoute, si moi, elle eu cet impact-là dans mon organisme que je connais, ces enfants, ces jeunes-là quasiment comme si c’était ma famille, imagine dans un école secondaire!” 

RDG -Oui c’est ça, c’est vraiment le problème : tu fais rentrer le renard dans le poulailler, quoi!

Alexandra – Oui, c’est ça. Et puis je ne peux pas dire que l’intention de cette conférencière-là était de justement brainwasher tout le monde, je ne pense pas que c’était ça son intention. Son intention, c’était de venir partager sa vie. Mais l’impact de son intervention, moi c’est ce qui m’a inquiétée le plus, là. Ok le discours que tu as eu, ça a fait en sorte que là tu as un paquet de jeunes qui se posent des questions existentielles assez importantes, là.

RDG – C’est-à-dire qu’en fait, c’est aussi l’histoire d’un homme qui pense qu’il est une femme, ou dit qu’il est une femme, je sais pas, en fait, son niveau de sincérité dans sa démarche, mais si on part du principe que penser qu’on est une femme parce qu’on coche un certain nombre de cases des stéréotypes sexistes…

Alexandra – Ouais, c’est ça. Tu sais, c’est assez hallucinant. Moi, après ça, j’ai eu d’autres événements avec cette personne-là, on était dans un petit milieu, là, j’avais à côtoyer cette personne, tu sais, cette conférencière là. Ce que je comprenais c’est que sa vie n’était vraiment pas très facile. J’avais énormément d’empathie aussi pour elle. Tu sais, ce qu’elle vivait, ce qu’elle nous racontait, à l’extérieur, tu sais c’était difficile. Mais à force de côtoyer cette personne-là,  cette personne-là m’a expliqué que j’étais probablement une non-binaire qui ne s’assumait pas. Parce que je ne me maquillais pas, parce que je ne prenais pas soin de mes cheveux comme une vraie fille, ou des fois mon look faisait très butch, pas comme une vraie femme. Mes intérêts aussi, ça fittait pas dans ce que ça devrait être, une femme, parce moi j’aime la politique, j’aime l’histoire, je fais beaucoup de sport, et j’aime ça jouer dehors, et tout ce qui est typiquement féminin, moi ça ne m’intéresse pas. Et puis de voir que pour cette personne-là, vu que moi je suis moi, ça ne fonctionnait pas pour elle que je sois une femme, ce qui fait que j’étais une personne non binare qui ne s’assumait pas. Elle m’a aussi expliqué comment ça fonctionnait les menstruations. Tu sais, ça sort de nulle part, là! Je me fais expliquer, c’est quoi être menstruée, par quelqu’un qui a pas d’utérus!

RDG – Ça s’appelle une pénisplication,

Alexandra – Oui!

RDG – Une pénisplication, ou une mecsplication.

Alexandra – Oui. Et puis tu dis, pourquoi? Je peux accepter, là, qu’un homme porte une robe, tu sais j’ai pas de problème avec ça. Tu t’identifies comme une roche, là, tu t’ identifies comme une roche. Mais là, que ma présence en tant que moi, Alexandra, vienne toi, démolir ce que tu penses ce que c’est une femme, pour ça faut que tu essayes de me convaincre que je ne suis pas ce que je suis…  Là, là ça ne fonctionne pas pour moi, là. Tu  as le droit d’être toi. Toi, sois toi. Moi, je veux être moi. Mais ne viens pas essayer de me convaincre que je ne suis pas ce que je suis pour te conforter, toi, dans la validation de ce que tu t’identifies.

C’est à ce moment que je me suis dit ça suffisait, parce que c’était c’était tellement absurde ces discussions-là, puis de voir que si tu t’opposais à cette personne-là ;mais là tu étais pas correcte. Parce que, tu sais, il y avait cette personne là qui dit que tu es pas correcte, mais il y avait tout l’entourage aussi, là. “Faut que tu fasses attention, ça va lui faire de la peine…”  Puis tu sais, cette personne-là créait un malaise général, mais on se laissait toutes comme… ben qu’est-ce que tu veux… la personne la plus victime du groupe, donc on va accepter ça. Puis là, je me suis dit que ça c’était assez pour moi, et puis que le TQ+, du LGBT faisait pas du tout, pour moi, de sens, avec moi, ce que j’avais connu avec le côté LGB, mettons. Et puis là je me suis mise à essayer de trouver des gens qui pensaient comme moi, parce qu’il ne faut pas oublier que, dans ce temps-là, (c’était en 2018) le fait qu’en 2016 au Québec il avait eu l’espèce de scandale avec l’annulation de la conférence de la philosophe Rhéa Jean qui avait été cancellée par des transactivistes. On avait eu plusieurs événements comme ça. Donc tu sais pour moi si tu osais critiquer l’identité de genre, tu étais quelqu’un de bien haineux. Mais là, en ayant côtoyé ces activistes-là de plus proche, puis en ayant vu aussi l’impact que ça avait eu sur ma gang de jeunes, je me suis dit “ok, c’est assez, là, on va essayer de trouver du monde qui pense comme moi, c’est pas facile.”

Donc le déclic de comment j’ai réussi à trouver des gens qui pensent comme moi, c’est en allant à la bibliothèque. Il y avait un livre dans les nouveautés qui s’appelait “pour les droits des femmes du Québec” qui parlait des droits des femmes, de l’impact de l’intersectionnalité dans la société québécoise, de la laïcité, qui critiquait aussi l’identité de genre. Et là, j’ai vu que c’était un vrai groupe organisé, et je suis allée chercher ma carte de membre deux semaines plus tard.

C’est ce qui m’a amenée à militer activement pour rétablir le, là j’utilise un slogan conservateur au Canada, mais “le gros bon sens” dans la société québécoise. Parce qu’on était on est rendus dans un point que c’est assez euh…

RDG – Oui, il y a un certain manque de bon sens, ou de sens des réalités, tout simplement.

Alexandra – Oui, c’est ça. Donc c’est ce qui m’a amenée à prendre action. Pas juste de, de chialer dans mon coin, là, mais vraiment de faire quelque chose de concret, parce que je trouvais que ça n’avait plus de de sens, tu sais, de voir l’impact qu’un individu peut avoir sur un groupe de jeunes influençables, ça m’a vraiment choquée. 

En m’impliquant pour PDF Québec, puis en faisant beaucoup de recherches aussi sur tous ces groupes-là, toutes les OBNL, des organismes à but  non lucratif, je ne sais pas si c’est comme ça en France, mais au Québec, nous les organismes à but non lucratif, sommes largement financés par le gouvernement. Donc toutes les OBNL reçoivent (pas toutes mais ceux qui sont admissibles) ont du financement récurrent du gouvernement pour fonctionner. Et puis là, ce que j’ai constaté, c’est que dans les dernières années, le gouvernement fédéral, le Canada, s’est mis injecter des millions et des millions de dollars dans le volet LGBTQ+ du pays, on parle de 125 millions de dollars sur 5 ans, c’est quand même pas un petit montant, et le gouvernement provincial du Québec aussi a augmenté le financement dans les dernières années. Ce qui fait que là, on s’est ramassés avec un groupe d’OBNL LGBTQ+ qui avait presque pas de personnel, il y a 5- 6 ans. Ils ont reçu énormément d’argent, ce qui fait que maintenant, ils sont partout. C’est assez hallucinant comment ça fonctionne, c’est que presque chaque OBNL va offrir des formations dans les écoles, ont des conférenciers qui vont faire le tour des écoles du Québec, qui vont aller parler d’identité de genre, comment ça fonctionne. Les écoles les font venir parce que c’est gratuit, et j’ai trouvé un OBNL, en une année ils sont allés à 1200 endroits, dans une région. C’est fou! 

Puis ça, c’est tout gratuit!

RDG – Quand on voit l’effet que ça a eu sur ton groupe de jeunes, on multiplie ça par des milliers… Mais c’est, c’est vertigineux. 

Alexandra – Oui. C’est fou. Et puis il n’y a personne qui a vraiment un droit de regard sur le contenu qui est donné. On prend pour acquis que l’organisme qui vient de parler, c’est lui qui a la vérité. Donc là, ça nous donne des formateurs qui vont venir t’expliquer à l’école que ça se peut qu’il y ait des lesbiennes à pénis, euh…

RDG – La fameuse lesbienne à pénis! C’est tout aussi introuvable que la lesbienne qui aime les pénis…

Alexandra – Oui, c’est ça! Et puis si tu aimes pas ça, si tu es lesbienne et que tu n’aimes pas les pénis, et bien tu es transphobe. Ils vont venir t’expliquer, “c’est quoi, être une femme?” “c’est quoi être un gars?” Et puis si tu ne te sens pas totalement ça, ben tu es peut-être de l’autre sexe. Tu sais, c’est hallucinant de voir à quel point ils sont partout, dans tous les paliers de gouvernement on a vu des plans faits pour la santé, pour les écoles, écoute même j’ai même vu un plan qui était fait pour des coroners, là : comment inclure l’identité de genre dans ton analyse, quand tu constates le décès d’un individu. C’est hallucinant, ils sont vraiment à toutes les souches de gouvernement. C’est aussi eux qui vont donner, en grande majorité les formations “équité, diversité, et inclusion”.  Je ne sais pas si vous avez ça, l’équivalent en France, mais nous c’est des fondations, et des OBNL qui vont les donner. Tous les gens, dans les milieux de travail, qui reçoivent ces formations-là, c’est des militants qui vont les donner.

RDG – Nous, en France,  c’est un peu différent : il y a des associations, il y a des organismes de formation, ça va vraiment dépendre du contexte. Mais il y a aussi beaucoup, beaucoup d’entrisme de la part d’associations transactivistes dans les écoles, enfin plus particulièrement dans les collèges et dans les lycées. C’est assez clair, avec des associations qui vont te parler d’identité de genre, alors qu’ils sont supposés, normalement, par exemple faire de l’éducation à la vie affective et sexuelle. Et en plus ils demandent à intervenir sans les enseignants, pour s’adresser aux enfants. Alors on peut comprendre que les enfants n’aient pas envie de parler sexualité devant leurs profs, mais cette espèce de  huis clôt, de “ça va être notre secret, on va se raconter des choses”, eh bien c’est l’occasion de glisser dans leur oreille que, effectivement, on peut avoir plein de genres différents, que le sexe, ça ne dit pas qui on est, etc. Et en fait, c’est la perversion du message féministe. Nous, les féministes, on a toujours dit que le sexe ne doit pas déterminer notre vie. Mais on ne peut pas dire non plus que, parce que tu décides d’être un garçon, tu peux en devenir un. Ce n’est pas possible, en fait. 

Alexandra – Non, c’est ça. C’est de voir à quel point c’est rendu tellement partout, c’est tous les mêmes groupes qui les font, toutes ces formations-là. Là, ce n’est plus juste dans les écoles, c’est dans les milieux de travail, c’est partout. Et puis je serais vraiment curieuse, si tu as des auditrices québécoises ou des auditeurs québécois qui regardent dans leur propre milieu de travail qui donne la formation. Et puis je te dis, ça va être trois ou quatre noms, là. Et toutes ces formations-là sont financées par le gouvernement, et aussi par des institutions financières qui donnent des sous pour soutenir ces programmes-là, parce que c’est entendu qu’il t’en faut des formateurs pour faire le tour de la province, ça leur prend de l’argent. Donc tu sais, on est dans ce climat-là. Au Québec, quand on est critique du genre, ça rend les choses très difficiles, parce que tu te cognes à un mur, là. Parce que là, ce que tu dis , c’est tu es contre tout ce qui est propagé partout comme la bonne nouvelle. Tu sais, c’est vraiment comme ça que je les vois, là : c’est des missionnaires, en mission, qui font le tour pour propager la bonne nouvelle, qui est l’identité de genre, la révolution… et puis si tu oses critiquer ça, tu es étiqueté de personne haineuse. On est là-dedans.

RDG – Ça va m’amener d’ailleurs à la question suivante, parce que ce que tu dis, c’est… Le rapport, il est vraiment très, très net, par rapport à la religion, c’est le sujet, d’ailleurs, qu’avait développé Florence, cette jeune femme si intelligente, qui faisait le lien entre religion et transactivisme. Et effectivement, c’est d’autant plus choquant que, effectivement, on présente des croyances, des idéologies, comme des faits incontestables, et avec mauvais traitements si tu es apostate ou hérétique.

Alexandra – Oui puis il ne faut pas une séance pour “backer” tout ce qu’il disent. Je trouve ça assez fascinant, parce que “Oui, oui, on a une étude”… Et on se rend compte que les études qu’ils  vont citer, c’est des sondages faits sur facebook. Tu sais leur science c’est pas tant  scientifique… Leur science, elle est idéologique, c’est tellement loin que même nous, de plus en plus d’organismes féministes de défense des droits des femmes qui sont embarqués dans ce mouvement-là. C’est pas rare de voir des organismes qui défendaient les droits des femmes depuis des décennies, qui sont embarqués dans ce bateau-là. Donc là, on va défendre la “queerphobie”…  J’ai vu un autre organisme qui, eux, ils étaient contre le glyphosate… on détourne la lutte féministe pour ces sous-luttes-là. Donc la queerphobie, la transphobie… Ils sont pour le transféminisme… Donc on oublie les femmes en général… 

RDG – C’est exactement ça en fait. On traite tout le monde, on éponge toute la misère, et on s’oublie au passage.

Alexandra – Oui. Et puis ça va tellement loin. Il y a un nouveau plan de lutte contre la transphobie, l’homophobie qui est sorti il y a pas longtemps au Québec, d’ailleurs on a annoncé qu’on doublait le financement de ce bureau, qui était de 11 millions, maintenant il va être à 24 millions. Dans ce plan-là tu sais, il y a des choses qui sont très bien. Parce que oui, l’homophobie il y en a, et puis tu sais, je pense qu’il faut quand même continuer de se battre contre ça. Mais il y a des sections, dont une qui m’a vraiment frappée, qui visait l’intégration des “femmes trans” dans les milieux de travail qui sont exclusivement féminins. Donc on veut inclure les “femmes trans” et les personnes non-binaires dans des milieux de travail qui seraient exclusivement féminins.

RDG – Oui, par exemple les soins aux petits enfants, la gynécologie…

Alexandra – Les centres d’hébergement pour les femmes qui vivent de la violence à la maison. Les prisons, les fouilles à nu. Même les centres jeunesse, aussi. Il y a des milieux, tu sais, quand tu dois fouiller un jeune, il faut que tu sois du même sexe, mais là est-ce qu’on va troquer ça pour l’identité de genre de la personne? Les revendications, on les voit dans ce plan-là.

RDG – Ça fait froid dans le dos.

Alexandra – Écoute, ça passe, et tu ne le vois pas venir. On a eu au Québec une situation, l’automne passé, je pense en septembre 2023. Le scandale des toilettes mixtes.  On a découvert qu’il y avait une école qui avait décidé, qui voulait enlever toutes les toilettes séparées selon les sexes, pour mettre juste des toilettes mixtes. Donc là ça a créé un scandale, parce que les parents n’étaient pas au courant que c’était ça, le projet de l’école. Notre propre ministre de l’éducation n’était pas au courant non plus de ce projet-là. Comme il a été mis au courant, il a décrété que non, il n’allait pas y en avoir, que les toilettes allaient rester séparées pour accommoder les personnes non-binaires ou trans mais qu’il allait y avoir quelques petites toilettes individuelles pour ces personnes-là. Et là, des gens qui travaillent pour son gouvernement “Oui mais on avait déjà mis un plan en place pour ça, là, qui avait déjà été approuvé par le gouvernement.”

Donc là, on s’est rendu compte collectivement qu’il y avait comme plein de plans pour l’inclusion qui avait été mis en place, mais que personne ne le savait, personne n’était au courant. Nous, la société, on n’avait pas notre mot à dire, parce que là, tu as des experts dans l’ombre qui ont décidé que c’était ça, les lignes directives, et puis il fallait aller de l’avant, là.

RDG – Ce que tu décris, ça m’est arrivé dans mon dans mon établissement scolaire, puisque un jour, je me suis quand même étonnée du fait que les filles me demandent systématiquement d’ aller aux toilettes pendant les cours. Et donc un jour, en fin de cours, je leur ai demandé de rester, et puis qu’on en discute un peu. Et elles m’ont emmenée visiter les toilettes qui étaient devenues mixtes sans que les parents soient informés, sans qu’il n’y ait une consultation de qui que ce soit. Et les toilettes de mon établissement sont toutes mixtes, sauf des toilettes qui sont au rez-de-chaussée, c’est-à-dire qu’il faut vraiment traverser l’établissement, c’est très long, c’est très loin, il y a plusieurs étages, etc. Et donc elles sont toutes mixtes. Et quand je dis mixte, ça veut dire que tu entres, il y a deux urinoirs, ensuite tu avances, et ensuite il y a deux toilettes avec des portes qui ne ferment pas complètement, ni en haut ni en bas, et tu entends tout ce qui se passe. Voilà. Donc les filles, évidemment, elles ne veulent plus, sachant qu’on sait très bien, et dans mon établissement il y a eu des agressions sexuelles et des viols, et donc les filles ne veulent plus aller aux toilettes, évidemment, avec les garçons à côté. Et tout ça, dans la plus parfaite absence de transparence. 

Alexandra – Waouh. Oui mais c’est ça que je déplore beaucoup, c’est qu’il commence à arriver de plus en plus d’incidents. À chaque fois que les gens dénoncent, les parents dénoncent, même des fois les ministres, même dénoncent ces situation-là. Et il y a toujours une équipe d’experts qui dit “oui mais là on a établi un plan pour ça, qui a été approuvé par le gouvernement.” 

Et puis ce que je dénonce, c’est justement le manque de transparence. Tu sais on a eu plein de plans qui existent, comment ça se fait que personne n’en a  jamais été informé? Comment ça se fait qu’ils sont déjà mis en application? Si tu envoies ton enfant dans une école, et il y a plein de changements qui sont faits,  faudrait être minimalement informé.

RDG – En fait, en France, il y a une géographe spécialiste de la question de la mixité à l’école. Et je lui ai posé la question, justement. Je lui ai dit “Mais comment ça se fait qu’on puisse faire des choses comme ça?” Et elle m’a répondu vertement “Oui, mais quand même, il faut bien qu’ils s’habituent, notre modèle de société, c’est un modèle de mixité, et donc il faut bien que les garçons apprennent à bien se conduire.” 

Et moi j’ai répondu “Oui, mais quand les garçons arrêteront de violer les filles, il n’y aura plus de problème, on pourra avoir des toilettes mixtes. Mais en attendant, on fait quoi?” 

“Oui, il faut bien qu’ils s’habituent”.

Alexandra – Ouais c’est ça. Moi je suis passée à la radio à QUB radio pour parler, justement des toilettes mixtes quand il y a eu ce scandale-là. C’est ce que j’expliquais, c’est que les filles et les garçons ont besoin aussi d’être séparés, par rapport aux toilettes. Les femmes ont besoin de leur propre espace pour se sentir en sécurité, pour leur dignité, pour leur intimité. C’est pas à nous de devoir faire ces sacrifices-là. On ne peut pas se dire “ah oui mais les gars vont apprendre”. Oui mais écoute, on n’est pas en 2300, on est en 2024, et puis en 2024, des agressions sexuelles, ça existe encore. 

RDG – Quand les garçons arrêteront de violer et d’agresser les filles, de les filmer dans les toilettes, etc. Oui. Pourquoi pas? Et quand globalement, la culture du viol ce sera fini, au contraire. Mais on ne peut pas mettre la charrue avant les bœufs.  

Alexandra – Non c’est ça, ça va être extraordinaire, mais là on n’est pas rendus là, malheureusement. Et quand j’écoutais les autres personnes qui passaient à cette radio-là, qui parlaient, un directeur d’OBNL LGBTQ, le discours c’est toujours ça, c’était “Eh bien là, il va falloir que les filles apprennent à se forcer un peu. Il va falloir qu’elles prennent. Il faut qu’elles fassent un sacrifice. On fait juste ça, nous, les femmes, se sacrifier. Depuis tout le temps, on se sacrifie pour nos enfants, on se sacrifie pour nos conjoints, on se sacrifie pour la société, on est des bonnes mères, on se sacrifie, on fait des efforts pour rester minces, on fait des efforts pour être belles, on fait juste ça, des efforts, nous les femmes! Et là le mini peu d’espaces qu’on a, soit des maudites toilettes, puis des vestiaires… Ah mais là, il faut faire encore un effort. 

RDG – C’était qui, qui l’avait dit?

Alexandra –  C’était dans une émission de radio. Cet argument-là est sorti à plusieurs reprises. Et les intervenants c’est pas des ticounes, là, comme on dit au Québec. C’est des directeurs, c’est des spécialistes, c’est des experts. Et puis ce qu’on nomme comme message, c’est que là, les femmes, faut qu’elles fassent un effort pour l’inclusion. Parce que tu vois, la communauté trans souffre tellement que, maintenant, c’est à nous, les femmes, de faire encore un effort. 

RDG – C’est juste insupportable, en fait, de nous demander un effort, quoi, tout simplement. Parce que les pauvres, les pauvres, les pauvres!!!! Il faut leur valider leur identité.

Alexandra – Oui c’est ça. Le besoin de valider leur identité prime sur notre sécurité à nous. C’est hallucinant de constater ça. 

Quand tu oses, comme moi, ou comme d’autres personnes de PDF Québec, dénoncer ça, mais là tout de suite on va être étiquetés de transphobes, de haineuses. Mais tu  sais, pourtant la très grande majorité des gens sont quand même d’accord avec nous là-dessus. Mais l’attention médiatique n’est pas mise sur monsieur ou madame tout le monde. C’est mis sur les,  là je mets plein guillemets, là, sur les “experts” et puis sur le 1 %, là qui crie. En fait, non : nous, ici, c’est 0,3%,  qui crie tout le temps, dans la rue, qu’ils sont victimes de transphobie.

RDG – C’est exactement l’objectif, c’est pour cette raison que le podcast existe, en fait : c’est pour qu’on puisse le dire, parce qu’on a nulle part. Dès que les personnes sont un peu au courant de ce qui se trame, et de ce qui se passe, et de ce qui est déjà acté, ils hallucinent complètement. Mais le problème, c’est que l’information ne leur arrive pas, parce qu’elle est complètement filtrée par les médias.

Alexandra – Oui c’est ça. C’est hallucinant. Au Québec, en avril 2023, on a eu une motion, c’est le ministre de la Justice Simon Jolin-Barrette, qui a pris la peine de faire une motion pour rappeler que “les femmes sont celles qui portent les bébés et qui accouchent”. Parce qu’on a eu une commission parlementaire, le projet de loi 12, qui légalisait les grossesses pour autrui. 

Nous, on a participé d’ailleurs à PDF Québec. On faisait partie des groupes qui étaient contre la pratique. Écoute, je pourrais faire un épisode juste là-dessus, la GPA. On faisait partie des personnes qui étaient contre la légalisation des grossesses pour autrui. Nous, ce qu’on voulait, c’est que la loi reste telle quelle, parce que nous, dans le fond, tout contrat est nul de nullité. 

Mais là, ça allait changer. Dans les commissions parlementaires, il y a un groupe qui est venu parler…

Dans le fond, comment ça fonctionne au Québec? On va avoir un projet de loi, il va y avoir une commission parlementaire. Donc les députés vont proposer des groupes, qui vont écrire des mémoires et qui vont parler de ce projet de loi aux députés. 

Pour les grossesses pour autrui, tu vas avoir des groupes féministes, tu vas avoir des parents adoptifs, tu vas avoir toutes sortes de personnes qui vont venir donner leur opinion là-dessus, pour que les députés puissent se faire une tête sur l’ensemble des opinions sur un sujet.

Donc nous, c’est ça. Nous, on a participé à ça.

Il y a un groupe qui a participé, et qui était supposément progressiste. Dans ce qu’il demandait au gouvernement et puis aux députés, il y avait le premier point, c’était le définancement total de PDF Québec. C’est ça, ça a pas de rapport pantoute avec le sujet, mais ça c’était un point très important : définancer PDF Québec. Et après ça, c’était enlever le mot “femme” de la loi.

Tu sais, c’est la réforme du droit de la famille, ok? Enlever le mot “femme” parce que c’était “trop lourd dans le texte”, puis de garder juste “personne”. Donc là on se ramassait à une réforme de la famille où plus “homme”, plus “femme” juste des “personnes”. Ce qui fait qu’on parlait de “personne enceinte”. Cette recommandation-là lorsque les députés votaient pour la loi, il y a un un parti politique qui a proposé d’amender, d’enlever le mot “femme” pour juste garder “personne”. Suite à ça, le ministre de la Justice a fait “Non, on garde le mot femme. On ne commencera pas à enlever ça”. Et puis il y a eu une motion qui a été déposée le 4 avril 2023, c’est pour démontrer à quel point le lobby est loin, juste pour qu’un parti politique croie que c’est une bonne idée, et propose d’enlever le mot “femme” des textes de loi. C’est un recul pour les droits des femmes, de quoi, 400 ans, là. C’est parce nous, au Québec, au Canada, ça n’a pas été fait du jour au lendemain, vous les femmes on vous met dans les textes de loi. Il a fallu se battre juste pour mettre les femmes dans les textes de loi.

RDG – Oui, je crois que vous êtes des personnes seulement depuis 1938, non, c’est ça ?

Alexandra – Ouais. Et là, pour la diversité et l’inclusion, parce que c’est ça le prétexte, on va enlever le mot femme.

RDG – Oui, c’est complètement absurde. Donc tu es en train de développer “pourquoi tu penses que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour les droits des femmes, pour les enfants, pour la société, et pour notre démocratie?” 

Est-ce que tu veux continuer à développer?

Alexandra – Oui je peux continuer à développer. Écoute, tu sais, nous au Québec on est passés à à ça qu’on enlève le mot “femme”, parce qu’un groupe trouvait qu’il fallait l’enlever. Et ça va tellement loin que je parlais du mot femme, là, c’est vraiment au niveau provincial. C’est vraiment au niveau du Québec. Mais au niveau du Canada, on a eu aussi C16, qui faisait en sorte que l’identité de genre pouvait rentrer dans les critères discriminatoire, dans le langage haineux. Donc mégenrer une personne, ça peut être considéré comme un acte haineux. Nous, à PDF Québec, on a participé, on est allées parler au Parlement canadien de pourquoi on était contre, parce que là ça ouvrait la porte à toutes sortes de dérives. Là, ce qu’on constate, c’est qu’ au Canada, on est en plein dedans. Ce projet de loi a permis que si tu te sens femme, tu en es une, donc tu as juste à le dire, tu en deviens une. Donc là, ça ouvre la porte à ce qu’on voit, qui fait souvent scandale, mais plus à l’international qu’au niveau local : des athlètes trans dans les sports féminins, les hommes qui se sont transférés dans des prisons de femmes. On est là-dedans, parce qu’ils ont juste à dire qu’ils se sentent femmes, qu’ils sont transférés. Ils sont supposés analyser les risques, le niveau de dangerosité des détenus avant de les transférer. Sauf qu’il y a des lobbies qui se battent pour qu’on ne fasse plus ça, pour que le transfert se fasse automatiquement. Et puis même on se ramasse avec des prisonniers qui sont des pédophiles, des meurtriers de femmes, des violeurs, qui sont présentement dans des prisons de femmes, parce que leur identité de genre, leur validation, est plus importante que la sécurité des prisonnières. 

C’est fou.

Même au niveau de la liberté d’expression, juste avec C16, tout ce que tu peux dire peut être considéré comme de la transphobie. C’est inquiétant. Oui c’est grave. On a eu un événement, nous à l’automne dernier, il y a eu les manifestations de “One Million March”. Donc c’était des parents, et puis des groupes religieux, qui voulaient qu’on sorte l’identité de genre de l’école. Et puis l’éducation sexuelle aussi en même temps. Il y a eu des affrontements dans plusieurs villes canadiennes, des groupes trans et les groupes de parents, des affrontements. Tu sais, même nous, à Montréal, on voyait les images, tout le monde se criait dessus, et puis ce qui était vraiment fou, c’était de voir que c’était des femmes voilées, principalement avec des poussettes, qui criaient sur des “femmes trans”. Tu sais normalement nous, en tout cas au Québec, c’était des alliés. Là, je veux dire avant. Et puis là, pour ça ils étaient contre. 

Donc notre gouvernement a décidé de mettre en place, pour calmer le jeu, un “comité de sages”. Le mandat de ce comité-là, c’est d’évaluer toutes les mesures qui ont été prises par rapport à l’identité de genre au sein de notre gouvernement, mais aussi d’évaluer ce qui a été fait ailleurs. Puis de faire une analyse de la situation ici, puis de voir qu’est-ce qu’on fait avec ça après.

Là, je le résume très vaguement, mais en gros, c’est ça parce que même nous, on ne connaît pas encore exactement le mandat, donc on est très curieuses de voir ce que ça va donner. Parce que présentement, le climat actuel, c’est que ben on entend que le TQ+ du LGBT n’est pas content, donc les OBNL se mobilisent. C’est assez hallucinant. Il y a des coalitions de groupes LGBT et “féministes” qui se ramassent ensemble, et leur but c’est de faire sauter le comité de sages, qu’il n’y en ait pas. 

Donc là, dans les prochaines semaines, prochains mois, il va y avoir des manifestations. Il y a toutes sortes de campagnes qui sont lancées sur les réseaux sociaux, c’est hallucinant. 

Donc ça va être de voir si le gouvernement québécois ne va pas céder à la pression de ces groupes, parce qu’il l’a déjà fait dans le passé.

Nous, quand ils ont décidé de… On a eu un projet de loi qui s’appelait le projet de loi 2, donc on révisait les mentions de sexe sur les documents officiels. Initialement, dans le projet de loi, on mettait, on ajoutait la mention de genre, mais on gardait la mention de sexe. Je te le résume très très brièvement là parce que le projet de loi 2, c’est un affaire de 600, 700 pages, qui touche plein de sujets. Mais il y avait ce volet-là. 

Le ministre de la Justice a annoncé ça. Je pense qu’en 24 heures, toutes les OBNL parlaient qu’il allait y avoir un génocide trans, des suicides partout, que les lignes d’écoute étaient saturées de monde suicidaire… Donc en même pas 24 heures, le ministre a fait un 180°, et là, le sexe et le genre, c’est devenu la même chose. Donc c’est pour ça que moi, j’ai hâte de voir si le comité de sages va survivre, parce que les groupes mettent la pression comme jamais. C’est assez fou de voir ça.

RDG – Surtout que vous avez un Premier ministre, qui, on va dire, c’est pas un grand résistant à cette idéologie… 

Alexandra – Notre ministre provincial, c’est François Legault.

RDG – Oui, moi je parle du Premier ministre du Canada…

Alexandra – Ah mon Dieu! Justin Trudeau. Écoute, c’est sûr que Justin Trudeau, on a vu avec ce qui s’est passé en Alberta, je ne sais pas si vous avez suivi ça un peu, mais en Alberta, la Première Ministre, elle a décidé que les transitions chez les mineurs, c’était fini, là. Tu sais, les bloqueurs d’hormones, tout ça, tu sais ils ont encadré les choses, c’est plus free comme avant. Et là, Justin Trudeau est monté aux barricades, avec tout son lobby pro identité de genre. Donc j’ai hâte de voir comment ça va se passer au Québec, parce que c’est sûr que ça ne va pas dans le sens des activistes. Écoute, c’est sûr que ça va barder, là. Et puis je veux dire, Justin Trudeau ne peut pas se mettre à poursuivre toutes les provinces, on a le droit, nous, les provinces ont une autonomie. Puis Justin Trudeau ne décide pas tout pour tout le monde. Le fédéral a des compétences qui ne peuvent pas aller jouer dans les compétences provinciales. Donc ça va être une lutte entre les deux.

Donc depuis ce qui se passe en Alberta, je suis pas mal sûre que le gouvernement québécois doit regarder attentivement ce qui va se passer, parce que là, tu as des organismes qui poursuivent le gouvernement de l’Alberta. Donc tu sais, c’est un peu comme un laboratoire, là, pour toutes les autres provinces, parce que la Saskatchewan aussi veut faire quelque chose, je pense le Nouveau Brunswick, la Nouvelle Écosse. Il y en a de plus en plus qui veulent encadrer parce que ça dérape. C’est ce qui arrive là.

RDG – À partir du moment où tu commences à castrer des enfants, oui. Il faut peut-être se poser des questions, quand même.

Alexandra – Ben… oui. Les parents aussi se questionnent, et posent des questions, n’ont pas de réponse.  

RDG – Oui, c’est normal.

Alexandra –  C’est c’est hallucinant. 

RDG – Ils sont perçus comme des ennemis, en fait. Donc, c’est terrible.

Alexandra – Ils sont perçus comme des ennemis du système. Je sais, moi, j’en connais des parents que leur jeunes ont voulu transitionner. Et puis tu sais ce qu’on constate? C’est que même les parents, dans avec toute la bienveillance de la planète, il ont suivi tout le protocole établi par le lobby, de se renseigner… en fait c’est pas vrai : de s’éduquer sur la question, on va dire les vrais termes, de s’éduquer sur la question, d’aller voir des spécialistes. Et puis ce qu’ils m’ont expliqué, c’est que quand ils sortent de ces rencontres-là, ils ont juste encore plus de questions, et puis de la méfiance. Parce que on est toujours dans le “Si tu vas pas de l’avant avec tous ces traitements-là, mais ton enfant va peut-être se suicider.”

RDG – Et on te retirera la garde de ton enfant aussi, il y a aussi ça.

Alexandra – Oui, c’est ça. Mais là, tu peux avoir des menaces d’avoir des signalement à la DPJ. Donc qu’est-ce que tu fais? La pression aussi de l’école, l’éducateur spécialisé de l’école, le travailleur social de l’école, qui voit ton enfant une fois, peut faire un signalement parce que, selon lui, faut qu’il avance dans la transition sociale. Il peut même le faire sans que les parents le sachent.  

Donc on est vraiment dans une espèce de climat… Tu as des parents qui sont, qui se ramènent avec des jeunes qui ont des grosses problématiques de santé mentale, qui pensent qu’ils sont peut-être trans, mais tu sais, ils sont peut-être autistes, ils vivent la dépression, il y en a qui sont anorexiques, tu sais… Il y a beaucoup de choses. L’adolescence, c’est compliqué, aussi. Donc ils sont méfiants envers les spécialistes!

Imagine, tu es un parent, il faut que tu te méfies des spécialistes qui sont supposés aider ton enfant. Donc il faut que tu trouves quelqu’un qui n’est pas un militant, c’est pas évident. 

Il y en a qui vont juste voir…  maintenant quand il vont dans les signatures des courriels qui a des pronoms, tu sais qu’il faut que tu te méfies un peu, c’est peut-être un activiste. Ça ne devrait pas être comme ça, quand tu vas consulter un spécialiste de la santé, tu ne devrais pas faire des heures de recherche pour savoir si c’est un activiste ou pas.

Il y a eu des sondages qui ont été fait à grandeur du Canada sur les transitions chez les mineurs etc, et ce qu’on constatait, c’est que la population canadienne est contre les transitions chez les enfants. Donc le vent est en train de tourner.

C’est très difficile, il y a tellement d’organismes qui se sont spécialisés pour les LGBTQ, qu’il y a des fois, tu ne sais même pas quels sont les organismes LGBTQ qui sont activistes. 

La même chose pour les cliniques : tu ne sais pas jusqu’à ce que tu sois dans le bureau. 

Donc il y a un gros travail à faire pour toutes les répertorier.

Donc pour les risques… c’est sûr que moi, personnellement, les risques sont là. Nous on a reçu des menaces de mort, c’est sûr que moi après, c’est pour PDF Québec c’est mon employeur, donc c’est sûr que si jamais je change de domaine, je suis brûlée partout, parce qu’écoute mon nom est associé à l’organisme le plus, là je mets des guillemets, le plus transphobe du Canada, donc c’est sûr que c’est pas évident, là. Nous on a des membres qui qui vont se promener dans le métro masquées pour être sûres de ne pas se faire reconnaître parce qu’ells ont pris la parole publiquement contre l’identité de genre. 

Et puis tout ce qui se fait au Québec et au Canada, pour moi c’est un peu la même chose aussi, là, moi je ne vis pas en ville, donc je le vis moins, mais tu sais, c’est sûr que dès que je vais en ville, faut que je fasse attention, parce qu’ils sont un peu partout, les activistes. Sans parler de la censure aussi, là c’est difficile de pouvoir parler ouvertement de ce sujet-là. 

Les médias ne veulent pas forcément nous parler, et puis même quand les politiciens aussi vont vouloir nous rencontrer, mais il faut que ce soit secret, il ne faudrait surtout pas être associé à PDF Québec. C’est, tu sais, c’est assez particulier comme climat. 

Tu sais, moi je ne suis pas très active sur les réseaux sociaux, je l’étais beaucoup plus avant, mais maintenant, tout est privé, parce que je ne veux pas me faire harceler, parce qu’il y a aussi ça maintenant : ils vont te retrouver, ils vont retrouver ta famille, ils vont faire des menaces à ton employeur. Moi, mon employeur se fait déjà menacer, ce qui fait que ça, c’est une menace de plus ou de moins, mais ça reste que c’est quand même comme ça, c’est pas normal d’avoir un milieu de travail qui se fait menacer constamment pour des positions politiques. 

RDG – Et ça demande beaucoup de courage, et beaucoup de force. Donc brava à PDF Québec.

J’aimerais qu’en France on puisse avoir une association qui prendrait la parole sur ce sujet. Malheureusement, c’est le grand vide.

Alexandra – Oui. Mais c’est parce que c’est pas évident. Je mets ma voix, je mets mon nom, je le fais publiquement parce que c’est important. Il faut qu’on casse ça, cette espèce de climat de peur et de censure. 

Les Québécois, on n’est pas un peuple qui est reconnu pour aimer se chicaner et se battre. On est une nation qui est assez pacifique. La seule révolution qu’on a s’appelle la Révolution tranquille, ça te donne une idée là, haha. On a toujours été capables d’avoir des discussions sur la laïcité de l’État, sur l’immigration. Depuis les dernières années, là je parle de 3, 4 ans, le climat est tellement polarisé, on importe des idéologies qui viennent des États-Unis, on essaie d’implanter ça au Québec, avec tout ce que ça vient d’extrême. C’est hallucinant. Normalement une opinion comme j’ai, ça m’aurait pas mené à avoir peur de marcher dans les rues de Montréal, on ne devrait pas être là, mais là on est rendus là. Ça ne nous ressemble pas à nous, les Québécois, d’être comme ça. On est des gens qui n’aiment pas ça, la chicane, tout le monde dit. Au Québec on n’aime pas ça la chicane, on va trouver des compromis. Nous, ce qu’on demande, à PDF Québec, c’est ça :  on demande de pouvoir discuter et puis de trouver des compromis. Mais avec les transactivistes c’est quelque chose qui n’existe pas, on pose toujours ça à l’extrême, c’est très difficile. 

Tu veux discuter ? Tu es quelqu’un de haineux.

Tu es contre la GPA ? Tu es homophobe.

Tu es pour la laïcité ? Tu es islamophobe! 

Toutes les phobies de la planète… et  puis nous, il  faut qu’on vive avec ces étiquettes-là, on n’a pas le choix, on n’ira pas travestir nos principes pour être populaires. C’est important qu’on se tienne. Et puis c’est important que tout le monde commence à en parler.

RDG –  Aujourd’hui, qu’est-ce qui t’ as décidée à témoigner? 

Alexandra – Ce qui m’a vraiment décidée à témoigner, c’est le… c’est quand que tu as reçu Florence. Quand  j’ai écouté Florence, j’étais comme… “Elle est courageuse, cette fille-là.” Je veux dire,  c’est une citoyenne qui a décidé qu’elle prenait la parole et qu’elle  dénonçait ce qui se passe au Québec. Je l’ai trouvé très courageuse. Je me suis dit : “Écoute, si elle a le courage de le faire, mais moi je travaille pour un organisme, pour le seul organisme qui défend les droits des femmes au Québec et qui dénonce ouvertement l’identité de genre partout. 

Ça serait la moindre des choses que j’aille justement raconter mon histoire à Rebelles du genre. Tu sais je l’écoutais et j’étais comme “ah courageux cette fille là, c’est bon ben moi aussi je vais y aller. Et puis c’est justement en étant de plus en plus de femmes à dénoncer, à parler, qu’on va arriver à quelque chose. C’est de se donner le courage entre nous. Écoutez, plus on va être à dénoncer, plus il y a de chances que ça change, parce que là, on joue beaucoup comme si on était des minorités, qu’on était un petit groupuscule à ne pas être d’accord. Mais ce n’est pas vrai. On est pas mal plus qu’on ne pense.

RDG – Oui, c’est tout à fait vrai. Donc en tout cas, merci. Et et merci à nos amies québécoises et canadiennes en général, parce que, effectivement, elles sont inspirantes. Leur courage nous inspire beaucoup.

Maintenant je pose la question suivante, c’est “est-ce que tu aurais une anecdote à raconter sur un événement qui t’aurait marquée concernant la transidentité ou le transactivisme?”

Alexandra – Écoute, j’en ai tellement nommé. Je pense que vraiment, moi ce qui, ce qui me marque le plus, c’est pas tant une anecdote qu’en général, les arguments c’est que tu les valides pas assez.

Pour moi, valider, ça ne veut rien dire. 

Qu’est-ce que ça implique de valider quelqu’un ?

Car c’est souvent ça, quand que nous, quand moi, je dénonce des choses, ce qu’on nous répond c’est qu’on ne valide pas leur identité.

Depuis quand tu as besoin que quelqu’un te valide pour exister?

Si tu n’es pas d’accord avec moi, je n’arrête pas d’exister du jour au lendemain. 

Non mais c’est un peu comme ça que c’est amené, comme si tu ne valides pas, il n’existent plus. Mais il n’y a personne qui t’empêche de vivre, tu n’as pas besoin de la validation d’autrui pour exister.

RDG – Oui, c’est très vrai! Une fois, j’ai une mère qui m’a dit “quoi, mais vous pensez que mon fils n’existe pas?”

“Euh, bah non.” 

“Donc vous voulez sa mort!”

 “Non. C’est juste que je ne crois pas que c’est un garçon.”

Alexandra – Mais c’est ça! Et puis ça ne l’empêche pas d’exister, de vivre et d’être heureux. On a le droit de ne pas être d’accord sur certaines choses dans la vie. 

Moi c’est ça. C’est toujours ça, l’argument qui revient, c’est “halala, vous ne validez pas nos existences…”

Depuis quand il faut valider l’existence des individus pour qu’ils existent ou qu’ils n’existent plus? Ça me fascine à chaque fois, c’est quelque chose qu’on voit de plus en plus…

Avant, les intervenants disaient “j’entends ce que tu dis.” Maintenant, c’est : “Je te valide dans ce que tu dis.” 

Mais ça n’amène rien.

RDG – C’est comme s’il fallait un certain nombre de likes pour pouvoir avoir dit un truc vrai, tu vois?

Alexandra – Oui, ça me fait vraiment penser à ça, c’est tout le temps un argument principal que, à chaque fois, qui me subjugue parce que je suis… comme, oui, c’est absurde. Je ne te valide pas? Pourquoi je devrais être obligée de te valider? me valides-tu, moi?

RDG – C’est ça… Tu imagines dans la rue : “Bonjour, je te valide. Est-ce que tu me valides? Oui, je te valide. Bon, on s’est validés. Allez, bonne journée!”

Alexandra – Oui, c’est ça, c’est comme si on se croise : validation, validation, c’est bon, on continue. Pourtant, c’est un argument très fort, qu’on entend tout le temps, qui me, qui me me à chaque fois, je suis comme… Mais que je te valide ou que je ne te valide pas, qu’est-ce que ça change, concrètement? Tu existes quand même!

 Ouais ça serait ça mon anecdote.

RDG – Merci, c’est très parlant, oui, ce terme “validation”. Est-ce que tu as quelque chose à ajouter pour terminer?

Alexandra – Je pense que non, qu’on a fait le tour.

RDG – Alors très bien, c’est parfait comme ça. 

Merci d’avoir écouté notre parole, et n’hésitez surtout pas à partager le plus largement possible.

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