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Rebelles du genre – Episode 37 – Mel

​​Je m’appelle Mel, j’ai 28 ans. J’habite sur Lyon.

J’ai fait 8 ans de biologie et je suis devenue critique du genre à cause de la cancel culture.

Déjà petite, j’avais un certain regard sur le genre, puisque c’est ma mère qui a élevé ma sœur et moi, toute seule. Et donc elle prenait les rôles typiquement masculins, enfin traditionnellement masculins, elle les assumait aussi. Et c’est ma sœur, même petite elle n’était pas du tout dans les normes de genre. Typiquement, elle jouait avec des jouets pour garçons, elle ne voulait pas avoir les cheveux longs. Tout le monde lui disait qu’elle était un garçon manqué et je me suis rendu compte, avec un des derniers posts que j’ai faits, justement sur mon compte « Femi Nazgul »,  qu’en fait elle rentre dans les critères de l’atroce identité, alors que juste après elle a fait son adolescence, normalement, et maintenant c’est une femme adulte. Elle est heureuse avec ça.

RDG –  Est-ce que tu peux développer cette histoire de « critères de la transidentité »  s’il te plaît ?

Mel –  Oui. En fait, il y a le DSM 5, qui est le  manuel des troubles mentaux qu’utilisent les psychiatres. Donc c’est un manuel américain. Et dedans, ça décrit  tous les troubles mentaux et psychiatriques. Et il y a une partie sur la transidentité et la dysphorie de genre, et notamment la dysphorie de genre chez les enfants. Et ce ne sont que des clichés.

Comme, j’en ai noté :

–   Préférence pour les habits masculins et les coupes de cheveux courtes

–   Refuse de porter des robes

–   Préférence pour les sports de contact ou les jeux physiques

 Et un des critères qui commence à être un tout petit peu pertinent,  c’est :

–   Refuse que sa poitrine se développe ou d’avoir ses règles.

 Mais  on est quand même nombreuses à l’adolescence à avoir eu ce symptôme. Parce que c’est assez effrayant d’avoir son corps qui bouge, donc… oui, ce sont des critères qui sont très clichés.

Et par contre, ma mère a des amis LGBT,  donc la transidentité, c’est quelque chose que je connais depuis toute petite, et ça n’a donc jamais été une découverte pour moi. Par contre, j’ai découvert plutôt le côté trans activiste quand j’étais à l’hôpital. Parce que j’ai eu des soucis de santé, je faisais beaucoup d’anxiété notamment, donc j’ai été en hôpital psychiatrique. Et en fait, là-bas, j’étais dans une unité pour jeunes adultes, et il y avait plus de 50 % des personnes hospitalisées qui étaient trans. Donc trans, non binaire, agenre… voilà.

Il y avait des problématiques de  genre. Une des amies que je me suis faites là-bas, qui était une amie proche pendant toute cette période, elle se définissait comme non binaire,  et donc je lui ai demandé ce que c’était, la  non binarité.  Et elle m’avait expliqué qu’elle n’avait pas ce sentiment d’être une femme. Elle n’avait pas non plus le sentiment d’être un homme, et qu’il y avait des jours où elle aimait mettre des robes et se maquiller, et faire attention aux autres, et il y avait des jours où elle voulait juste mettre un survêtement et s’occuper d’elle. Je pense que j’étais trop fragile à ce moment-là pour vraiment comprendre la bêtise que c’était. Mais, du coup, ça m’a beaucoup questionné parce que je n’avais pas non plus ce sentiment d’être une femme. Mon corps, il me rappelait que j’étais une femme, mais je n’avais pas ce sentiment du tout.

Heureusement, j’ai envie de dire, j’avais d’autres problèmes à régler, donc je ne me suis pas posé plus de questions sur la non binarité. Par contre, une fois que je suis sortie de l’hôpital, j’ai essayé d’aller sur des groupes et des forums, et je suis arrivée en disant que j’étais bisexuelle, parce qu’il faut être dans la communauté LGBT pour entrer dans ces groupes, et on m’a dit toute suite : « non, non, non, non. Tu n’es pas bisexuelle. Tu es pan.  Sinon, tu es transphobe. »

Donc ça, ça m’a un petit peu refroidie sur ce genre de réseau, donc je n’ai pas poussé plus loin. 

Et le premier choc face à la communauté trans, ça a été…

Donc, j’avais un compagnon  qui avait son frère qui s’identifiait à une femme. Il avait les cheveux longs, les ongles très longs, et ça lui suffisait pour dire qu’il était une femme. Et donc, je le suivais sur Twitter, et il était dans une communauté… horrible. Parce qu’ils avaient tous 14,15 ans à peu près, pas plus. Et en fait, c’était… Ils prenaient des pauses pornos, ils prenaient des photos d’eux dénudés.  On parle de mineurs, quand même.  Et oui, ils prenaient  des pauses suggestives, ils faisaient des dessins avec des personnages de dessins animés, des images pornographiques. Toutes les femmes, ils les transformaient en femmes trans.  Et ce qui m’avait choquée aussi,  c’est qu’il n’y avait pas une seule personne qui n’avait pas de troubles mentaux. Et ils les affichaient fièrement, en plus. Il y avait de tout. Il y avait des troubles du comportement alimentaire, la dépression, l’anxiété, il y avait beaucoup d’addictions.  Et il y avait un trouble qui s’appelle le TDI,  trouble dissociatif de l’identité, et c’est un trouble, quand on cherche un peu les dernières études dessus, on se rend compte qu’il y a eu une explosion de ces troubles-là.  Que les médecins pensent qu’il y a un phénomène de contagion sociale. Voilà, on peut faire, quand même, un parallèle avec l’explosion de la transidentité.

Je pense que c’est  un premier « peak trans ». C’est un premier peak qui m’a marquée.  Mais tout de suite, dans ma tête, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je sois intolérante comme ça, qu’il fallait que je m’éduque, que je comprenne mieux, que c’était sûrement une exception. Donc je me suis inscrite sur TikTok, à un moment.  Et j’ai commencé à suivre plein de personnes trans.  De toute façon, plus on en regarde, plus on nous en propose. Et là, ça m’a marquée,  il y avait beaucoup moins ce côté porno,  mais ce qui m’a marquée,  c’est que d’un côté on avait les femmes trans identifiées et les femmes non binaires  qui étaient dans le dialogue, dans l’échange, dans la pédagogie, qui essayaient d’expliquer les choses et qui, souvent, avaient un point de vue qui était de dire : « si une personne refuse de coucher avec moi, ce n’est pas transphobe ». Et de l’autre côté,  on avait les hommes transidentifiés,  les hommes non binaires, et là, par contre, c’était… au-delà de l’hypersexualisation.  Il y avait des menaces, de la violence, des appels au harcèlement, ou des comportements typiquement masculins. Donc là aussi, ça m’avait marquée.  Mais je n’ai pas… j’ai essayé de me dire, encore une fois, c’était une exception. Et la goutte de trop, ça a été le nombre de dénonciations d’agression sexuelle dans cette communauté. Chaque semaine, il y en avait un. Et je pense notamment à deux histoires qui m’ont vraiment marquée.  Il y avait dans la communauté queer  deux monteurs d’un streamer  qui ont été dénoncés par un homme transidentifié.  Et en fait, depuis que cet homme était petit, il devait avoir 12–13 ans, ils  l’avaient manipulé pour avoir  des photos nu,  et on avait des conversations hallucinantes sur, justement, le fait qu’il faudrait accepter la pédophilie comme une sexualité normale. Enfin, c’était vraiment très perturbant.

Et plus récemment, il y a eu,  anciennement « Mister yéyé »  je ne sais pas du tout comment il se fait appeler en tant que femme, qui a avoué avoir abusé sexuellement de fans, quand il a commencé à être connu, de fans mineurs bien sûr,  et de fans qui étaient dans une détresse  psychologique, et ça m’énerve un peu que… parce que dans toute sa lettre, où il se dénonce, il se genre au féminin. Et non, je suis désolée, ce n’est pas un crime de femme, ça. Ça, c’est un crime d’homme.  Et puis en plus, il dit juste « j’assume » et les gens, en réponse, ils font : « Oui, eh bien tu es une femme trans, donc tu es opprimée,  donc on te pardonne, tu n’étais pas bien. » Enfn, c’est hallucinant comme on passe les choses sous silence dans ce genre de communauté.

RDG – Donc, en fait, j’ai été, au contact de ma famille, dans ma fratrie, moi j’ai été un peu dans la communauté des youtubers il y a plusieurs années de ça, et c’est comme ça que j’ai appris l’existence de Mister Yéyé, qui était un artiste, chanteur, et il y a quoi… il y a quelques semaines que moi j’ai appris, eh bien qu’en fait, c’était un violeur, et qu’il avait transitionné. Donc maintenant, Mister Yéyé c’est “une violeuse”, n’est-ce pas, et sur son Twitter, j’ai lu qu’il disait, je ne me souviens pas trop, mais en gros c’était un peu comme s’il était victime de ses crimes, en fait! Disons qu’il disait qu’il ne cherchait pas à être excusé, mais en fait ça se voyait que c’était, que c’était autour de lui, quoi! C’était vraiment du narcissisme, et il y avait des gens qui étaient… soit qui étaient pas d’accord en disant « c’est vraiment horrible ce que tu as fait” mais qui le genraient comme une femme, et il y en a, effectivement, qui allaient dans son sens : “Oui, ma pauvre chérie…” voilà. Et ça m’a vraiment… on va dire que c’est une petite partie visible de l’iceberg de la communauté de youtubers qu’il y avait à cette époque, il y a plusieurs années de ça…il y a une dizaine d’années, je dirais, quelque chose comme ça, où il y avait beaucoup, beaucoup de youtubers qui groomaient, qui mettaient sous emprise des adolescentes et des très jeunes femmes, qui les agressaient sexuellement, qui les violaient. Mais Mister Yéyé, c’est le seul que je connaisse de nom, qui prétend être une femme.

Mel – Ensuite, je suis allée sur Instagram, parce que je me suis dit que peut-être ce serait un peu plus sain, là-bas. Et je me suis abonnée à plein de comptes d’éducation sexuelles, parce que, comme beaucoup de femmes, j’ai vécu une agression sexuelle. Et c’est grâce à ce genre de compte que j’ai réussi à me reconstruire. Et j’étais notamment abonnée à un compte, je ne vais pas le citer, mais ça parle beaucoup “d’endives et de risotto”, là-bas, et il n’y avait nulle part le mot “femme”. Il y avait très peu le mot “homme”, mais il apparaissait parfois. Donc c’était : “personne à pénis, personne à prostate, personne à vulve…” et oui, ça m’avait choquée, déjà. Et il y avait énormément d’injonctions à aller “s’éduquer auprès des concernés”… et donc c’est comme ça que j’ai de nouveau suivi des personnes trans, pour m’éduquer. Et au bout d’un moment, il y a eu toutes ces personnes trans, et ce compte, qui se congratulaient les uns les autres d’avoir fait perdre un partenariat à une autre instagrameuse, et voilà. Il dénonçaient deux instagrameuses transphobes, qu’il fallait boycotter, et il fallait aller voir leurs abonnées pour dire qu’elles étaient transphobes. Et la cancel culture, moi, c’est quelque chose que je déteste. Je trouve ça stupide au possible, je trouve qu’on n’avance à rien en… Enfin, si on ne dialogue pas avec les gens en fait, ils vont continuer à rester sur leurs idées et personne n’avance. 

Donc je me suis empressée d’aller voir ces deux comptes “très transphobes” pour voir ce qu’il y avait dedans. Donc je suis allée voir le compte de Marguerite Stern. Je n’ai pas vu beaucoup de propos transphobes, hein…haha. Et je suis allée voir le compte @tasjoui de Dora Moutot. En en fait, c’est là que ça a été une révélation, puisque tous les doutes que j’avais, visiblement je n’étais pas la seule à partager ces doutes-là. Et surtout, tout était précis. Il y avait un vocabulaire précis, tout était clair. Notamment, sur le compte @tasjoui, il y a une remise en question, il y a une espèce de démarche scientifique qui me parle beaucoup, forcément.

Et voilà! En fait, tout est devenu limpide. Et je me suis abonnée à de plus en plus de comptes RadFem.

Oui, c’est comme ça.

C’est comme ça que je suis devenue critique du genre.

RDG – Et c’est comme ça que tu as créé ton compte @Femi Nazgul? 

Mel – Oui alors je l’ai créé pour être anonyme, parce que j’ai eu des messages de certains proches qui m’ont dit : “Cette personne est transphobe” en parlant de Dora Moutot. Donc j’ai préféré me créer un compte.

C’est le moment où justement Anissia a fait ce mème avec les Nasguls dans le Seigneur des Anneaux, et j’ai trouvé le jeu de mots excellent. Donc j’ai pris ce nom de compte pour être anonyme. Et en fait, il y a eu le post de NousToutes sur : « Terfs hors de nos luttes », et en fait là ça a été la goutte de trop. Je n’ai pas pu m’empêcher de m’exprimer.

J’ai fait un post qui s’appelle : « Mâles, hors de nos luttes », et ce post, qui a fait que les gens ont commencé à s’abonner à mon compte, et c’est un peu malgré moi que j’ai commencé à faire des posts.

Ça a fait venir plein de personnes transactivistes sur mon compte pour, voilà pour me signifier que c’était le nom d’un groupe, où la personne qui chante est… un homme transidentifié !

Par contre ce qui est très positif, c’est qu’il y a des personnes transactivistes qui sont venues sur mon compte, et il y en a certaines qui m’ont dit : « ça me fait réfléchir ». Il y a aussi des personnes trans qui sont venus sur mon compte et qui m’ont dit : « je pense un peu pareil ». Donc ça m’a ça m’a quand même rassurée : même les personnes qui sont vraiment au cœur de cette idéologie, ils se rendent compte que parfois, il y a des incohérences.

RDG –  Parfois.

Mel – Parfois haha.

RDG – Pourquoi penses-tu que cette idéologie est une menace pour les femmes, pour leurs droits, pour les enfants, pour la société ,et pour la démocratie ?

Mel –  Alors, cette idéologie est une menace pour les femmes et leurs droits, tout d’abord. Parce qu’on sait que nos oppressions sont basées sur le sexe, sur notre biologie. Statistiquement c’est écrasant : ce sont les pénis qui violent, et les vulves qui sont violées. Et le fait de commencer à mélanger les groupes,  dire qu’une femme peut avoir un pénis… On ne peut plus définir un groupe qui oppresse un autre, et donc la source des oppressions, on ne peut pas la combattre, puisqu’au final, elle ne va plus exister. Donc ça déjà, je pense que c’est un danger.

Et après, plus concrètement il y a le sujet des espaces pour femmes, que je pensais complètement anecdotique. Je pensais vraiment qu’il n’y avait pas d’agression de personnes trans dans les espaces pour femmes.

Et ça c’était avant l’histoire du Wi Spa, qui m’a un peu ouvert les yeux sur ce sujet. Donc l’affaire du Wi Spa, ça commence avec une vidéo d’une femme qui est en train de parler avec le staff de ce spa, en train de dire qu’il y a un homme nu qui se promène dans les vestiaires, devant sa fille de 12 ans. Et la personne du staff n’arrête pas de répéter : « non c’est une femme, c’est une femme, elle a le droit d’être là ». Et donc cette maman, elle s’est faite incendier sur les réseaux. Elle s’est faite menacer de mort, menacer de viol. Elle a subi un harcèlement sans nom. Il me semble qu’elle a perdu son travail. Et tout ça pour qu’on apprenne quelques semaines après que ce monsieur est un agresseur sexuel multirécidiviste, un exhibitionniste avec des tendances pédophiles.

Et à partir du moment où on a appris ça, la communauté transactiviste, on ne l’a plus entendue du tout. Il n’y a même pas eu d’excuses, même pas de dénonciation, rien du tout. Tout le monde s’est tu sur cette histoire.

C’est une menace pour les enfants, notamment à cause des bloqueurs de puberté.

On commence de plus en plus à en parler, notamment aux États-Unis.

Et aussi le fait que des enfants, ils ont un âge où ils ne peuvent absolument pas discerner les conséquences que peut avoir une transition à long terme. C’est à 25 ans qu’on commence à avoir une certaine maturité pour les choix à long terme, donc faire prendre ce chemin à des enfants, c’est extrêmement dangereux.

Et même pour les adolescents, puisque on a encore influençable, et on traverse forcément une période de dysphorie ou de dysmorphophobie, ou d’inconfort de genre, et ça ne mène pas forcément à une transition, ça ne doit pas forcément mener à une transition.

Et j’aimerais que les communautés transactivistes se posent un peu plus la question de l’explosion de la transidentité chez les femmes lesbiennes, chez les femmes autistes, et surtout chez les personnes qui ont vécu des agressions sexuelles enfant et de l’inceste. C’est un problème pour l’expression, puisque dès qu’on est pas d’accord avec le, comment on dit… la doxa, on est tout de suite cancel. On n’existe plus.

Et aussi on perd des libertés.

Je pense notamment à ce père canadien, qui a été condamné parce qu’il a mégenré sa fille. En fait, il ne voulait pas qu’elle prenne un traitement hormonal parce qu’elle était mineure, et il était contre. Et donc il a formulé qu’il était contre, en mégenrant sa fille, ce qui fait qu’il a été condamné, et que du coup sa fille, elle, par contre, a été hormonée.

RDG – Et lui il est allé en prison…

Mel – Oui il est allé en prison !

RDG – Donc c’est quand même pas un danger virtuel.

RDG – Il a été condamné à de la prison ferme pour mégenrage, alors qu’il avait un droit parental sur sa fille quand même c’est… quand même elle était mineure !

Mel –  Ça a été considéré comme s’il l’avait frappée sa fille, ça a été les mêmes peines !

RDG – Donc en fait, quand il y a des parents qui frappent vraiment leurs enfants, il n’y a rien qui est fait. Mais si tu refuses d’appeler ta fille Nathan, Théo ou je ne sais pas quoi, tu peux aller en tôle ? D’accord ! au Canada ?

RDG – Au Canada mais on a aussi le témoignage d’une mère qui n’a plus la garde de son fils parce qu’elle refuse, elle refuse de l’appeler par son nouveau prénom et de le laisser transitionner avec hormones et compagnie.

Mel –  Et c’est où ça ?

RDG – En France. En France, c’est un témoignage qu’on va sortir, là.

Mel – OK. Je suis choquée.

RDG – Oui, il y a de quoi être choquée. Moi c’est un témoignage qui m’a affligée, vraiment, c’est triste.

RDG – Qu’est-ce qui t’a décidé à témoigner de façon anonyme ? As-tu déjà subi des pressions, des menaces ? Un danger perçu ou réel dans ton entourage professionnel, personnel ? Est-ce que tu as déjà eu peur pour tes proches, ou au contraire est-ce que tu te sais en sécurité pour parler librement ?

Mel – Alors, par rapport à mes proches, ils sont tous plus ou moins au courant de mes idées, et ça pose pas de problème, au contraire, ça amène des discussions enrichissantes. Par contre, effectivement par rapport aux réseaux, je préfère me protéger. Et notamment, je l’ai dit, j’ai fait beaucoup d’anxiété. Et j’ai vu les effets dévastateurs que ça a eu sur certaines RadFems. Je pense à Marguerite Stern, notamment. Et voilà, je préfère préserver ma santé mentale.

RDG – As-tu une anecdote à raconter sur un événement qui t’a marquée concernant la transidentité ou le transactivisme ?

Mel – Alors j’ai plusieurs anecdotes, exclusivement sur les réseaux sociaux.

Notamment j’ai trouvé de plus en plus… il y a des tutos pour les lesbiennes pour apprendre à sucer. Et il y a la même chose côté gay : il y a des il y a des tutos pour apprendre à faire des cunnis… Bah là ça me fait un peu rire, mais on est clairement sur de… Comment on appelle ça ?

RDG –  De la culture du viol !

Mel – Oui ! Et de la thérapie de conversion.

RDG –  Mais c’est immonde !

Mel – Oui ça m’a choquée quand j’ai vu ça, et c’est assez courant sur internet, ce genre de tuto.

RDG – Le tuto-pipe ! hahah

Mel – Oui, voilà !

RDG – c’est dégueulasse !

Mel –  J’allais continuer donc je sais pas si c’est le même sujet.

RDG – Vas-y continue, continue… je suis en PLS, là… Quelle horreur ! Ça me dégoûte !!! Si tu étais pas lesbienne avant tu deviens en écoutant des trucs pareils haha. Quelle horreur…

RDG – haha ils vont rendre toutes les meufs lesbos, allez, venez!

Moi, je sais qu’il y a quelques années je cherchais des infos sur le safe sex, c’est-à-dire la sexualité entre lesbiennes, et comment, par rapport à la prévention aux IST et tout, parce qu’en fait dans notre communauté, on est très peu informées… Et je cherchais donc des sites internet, des infos, pour voir qu’est-ce qui se disait sur le net. Et en fait systématiquement, c’était il y a 3-4 ans déjà, je tombais sur des sites où bah ça parlait de mecs en fait ! Donc ça parlait de pénis, et puis il n’y avait pas le mot femme…

Et c’est hallucinant d’oser dire que les lesbiennes, par exemple, aiment les pénis ! Je veux dire, moi, à part dans un bocal avec du formaldéhyde, je ne vois pas !

Et puis les gays ils aiment pas les vulves ! Enfin, je veux dire ils sont gays, quoi !

C’est comme quand tu es lesbienne : tu aimes pas les pénis, quoi. Mais maintenant, ça c’est devenu discriminatoire. Par contre dire à une lesbienne d’aller sucer une teub, ça, il y a pas de problème, quoi. C’est limite… c’est progressiste.

Non, enfin ! C’est choquant. Ouais c’est vraiment choquant, quoi.

Mel – À chaque fois, en fin de post, je mets toutes les sources.

RDG – C’est vraiment de la thérapie de conversion, c’est vraiment dégueulasse de faire ça quoi. Enfin moi je suis vraiment outrée, là ! Je trouve ça dingue qu’il y ait des lesbiennes qui … ben c’est ça qui me fait peur en fait : c’est que personne ne se révolte !

Mel – Eh bien moi, je vois ma sœur, elle est lesbienne, et elle est assez choquée par mon discours. Par contre, jamais elle ne touche une bite de sa vie. Donc elle soutient les trans, mais… dans les faits, pas du tout !

RDG – En fait en ayant ce discours elle encourage quand même cette culture viol, malgré tout !

Mel –  Oui.

RDG – Mais c’est ça le problème. C’est ça parce qu’en fait les gens n’osent pas dire, ils n’osent pas… on est dans une espèce de dictature, en fait.

RDG – Il y a des hommes transidentifiés qui tuent des lesbiennes, donc c’est normal que les nanas, elles aient peur. Enfin c’est normal…

RDG –  Je ne pense pas que les gens qui entendent ces discours-là, les jeunes notamment, qui entendent ce genre de discours, et qui ne réagissent pas, c’est pas parce qu’ils ont peur d’être tués. C’est parce qu’en fait, ils imposent ce discours.

RDG – Il y a une normalisation de ce discours.

RDG –  Mais c’est ouf ! On est dans une dictature de la pensée, quoi ! Et le fait que personne… En fait je vais te dire un truc : ils ne font pas peur en disant… en fait ils font peur en disant : « Vous ne pouvez rien dire, parce que sinon, vous allez provoquer des suicides ! »  Cette manipulation, elle passe par une espèce de propagande sur le suicide des trans.

RDG – Tu as tout à fait raison, en fait Rita, c’est du chantage au suicide, mais à grande échelle, quoi. C’est incroyable !

RDG – Donc on en était à… au tuto pipe – quelle horreur- !

Mel – J’ai vu sur un petit groupe de personnes trans, qui disait à leur communauté, que s’il y avait des personnes en début de transition ou qui avaient un passing… en tout cas qui étaient non binaire et qui avaient un passing qui était vraiment spécifique d’un sexe ou d’un genre, il fallait coucher avec un maximum de personnes, et pendant l’acte, ou après, leur annoncer leur transidentité… et comme ça dire « bah en fait non, tu étais pas hétéro ou non tu étais pas lesbienne, en fait. Tu es pan ». Et ils voulaient comme ça convertir les gens à la pansexualité.

RDG – Attends. Est-ce que tu peux réexpliquer, au moins pour moi, parce que je suis pas sûre d’avoir bien compris ?

Mel –  Ils invitaient les gens à annoncer leur transidentité pendant une relation sexuelle, ou après, pour montrer à la personne qu’en fait elle n’était absolument pas hétéro ou lesbienne ou gay… mais pansexuelle. Et comme ça, ça leur évite… comment ils appellent ça ? Le « cotton ceiling ».

RDG –  Aaaaaah d’accord. D’accord. Mais c’est complètement tordu !

Mel – Oui. Mais c’est de la culture du viol, hein.

RDG – Mais c’est vrai que moi j’ai rencontré une fois, une femme qui me disait qu’elle était lesbienne, enfin qu’elle était bi etc.,  et qu’elle avait été hétéra et que maintenant elle était lesbienne, et tout ça. Et je la croyais.

Et j’ai mis très très très très longtemps avant de comprendre qu’en fait, elle était sous l’emprise d’un homme transidentifié, qui, se disant lesbienne, l’avait convaincue que du coup, elle, elle l’était ! Alors qu’en fait c’était une relation hétéro avec emprise, violence et compagnie. Mais elle se disait lesbienne, elle militait au pôle LGBT, etc.,  alors qu’en fait elle n’était absolument pas lesbienne du tout : elle était juste en couple avec un homme transidentifié.

RDG –  Ces méthodes sectaires qui passent par les violences sexuelles, la vache !

RDG – C’est grave parce que psychiquement, dans ton identité, il y a ton orientation sexuelle. C’est donc jouer avec ton identité. C’est jouer avec l’identité des autres. Et c’est ça qui est problématique, là.

Mel – Oui.

RDG – Ça repose beaucoup là-dessus, en fait ! Parce qu’en fait, leur validation elle passe par la transformation de comment on nomme les autres. Ça ne passe que par ça, de toute façon. Eux ils vont être validés par le fait que nous, on n’est plus des femmes, et que nous on est des porteuses d’utérus. Tout le reste de la population, c’est des « cis ». Comme ça, voilà : en fait ils passent leur temps à tout renommer, quoi.

RDG – Enfin, là on parle quand même de manipuler les gens avec… c’est de la préméditation, et ils s’organisent ensemble, ils s’entraînent ensemble…

RDG –  Donc en fait c’est comme si moi par exemple, je couchais avec une femme, donc comme je suis homosexuelle, ben c’est bon ! Mais que cette femme me dit : « mais en fait je suis un homme trans, donc tu es pan ».

RDG – C’est ça. C’est exactement ça. Le fait que ce soit quelque chose de stratégique, en fait, pourquoi ils font ça ?

Mel – C’est pour… justement, le cotton ceiling. Pour qu’il n’y en ait plus. Ei tout le monde est pan, ils ont accès à tout le monde !

RDG – On est bien d’accord, c’est bien de la culture du viol.

Mel – Mais sur les réseaux sociaux, on voit des trucs c’est… c’est terrifiant.

Il y a les classiques problèmes de tampon chez les hommes transidentifiés, bien sûr. J’avais donc, à l’hôpital, vu que j’ai fait de la dysmorphophobie pendant longtemps, j’étais avec un groupe constitué uniquement de personnes trans. Et il y avait un homme transidentifié qui disait ressentir « de l’euphorie de genre » quand à la fin du mois, il n’arrivait pas à payer ses protections. Donc en gros la précarité menstruelle lui provoquait de l’euphorie de genre. Et c’est souvent des oppressions qui les rendent heureux, j’ai l’impression !

RDG – Toutes les petites filles qui sont exclues de l’école parce qu’elles ne peuvent pas avoir des serviettes hygiéniques, je pense en Afrique, en particulier… elles seraient ravies d’apprendre que ça rend des hommes occidentaux dégueulasses, heureux et euphoriques.

RDG – Oui, moi je me suis sentie très, très euphorique de mon genre, quand, il y a une dizaine d’années, j’étais tellement pauvre, qu’en fait, pour économiser mes serviettes ou mes tampons d’ailleurs, j’ai utilisé des vieux chiffons comme serviette chez moi. Parce que je n’avais même pas les moyens de m’acheter des serviettes chez Aldi quoi.

Parce que je n’avais même pas les moyens de m’acheter des serviettes chez Aldi quoi. Et j’étais tellement pauvre que… bah je sortais le moins possible, et que je saignais dans des vieux bouts de tissus pour garder les protections pour pouvoir sortir dehors, faire mes courses… c’est super euphorisant, quoi. Ça c’est certain ! Putain, mais ça me… Pardon, mais faut dire en plus, voilà : je ne suis pas la seule comme ça, il y a énormément de femmes et de gamines qui ne peuvent pas sortir de chez elle parce qu’elles n’ont plus de serviette, quoi. C’est hallucinant !

Mel – Il y a ça, et il y a le fait d’être harcelée dans la rue. Souvent ça leur provoque de l’euphorie de genre aussi. Donc tout ce contre quoi on lutte, bah ça voilà : ça leur provoque de l’euphorie.

La dernière, c’est sur la communauté du frère de mon ex-compagnon. Quand ils commençaient leur transition, ils posaient chaque jour une photo de leur torse nu. Et le but, c’était de se faire supprimer la photo. Parce qu’à partir du moment où le robot de Twitter supprimait la photo, ça voulait dire qu’ils étaient enfin devenus une femme.

RDG – Tout ce qui nous fait chier, nous… Eux ça les rend, ça les rend fou de joie ! Il y a du lourd là.

Haha

RDG – Je suis trop heureuse, je me suis faite harcelée … et en plus il y a un de Twitter qui trouve que j’ai des seins !

RDG – Je me suis fait bannir, ouais !!!

RDG – As-tu quelque chose à ajouter ?

Mel – Alors j’aimerais parler du documentaire « what is a woman » qui est sorti récemment. Déjà je voudrais commencer par dire que c’est un homme très conservateur, anti IVG, et très misogyne qui en est à l’origine. Mais c’est vraiment malheureux qu’il faille des hommes et notamment des hommes d’extrême droite pour amener ces sujets sur le devant de la scène, parce que eux on les écoute.

RDG – Ouais c’est délicat parce que bon… faire la pub pour ce docu …

Mel – Au moins je me dis que les gens, ils vont… les gens qui ne sont pas sensibles au féminisme, ils vont en entendre parler. J’ai un peu cette philosophie-là, qui est qu’au moins, ça alerte, on va dire.

RDG – Tu as raison, bien sûr. Évidemment. Mais c’est vrai que c’est malheureux, ça fait un peu chier, quoi, qu’on n’arrête pas de nous dire « où sont les féministes » alors que nous, on est là, quoi. En fait, on est là. Ohé, écoutez-nous ! On voudrait bien être entendues un peu plus, quoi. Et c’est vrai que… il y a de une paire de couilles qui arrive, et hop ! Voilà ! Typiquement…

Mel – Mais je pense que les interviews, il faut absolument les voir, elles sont très intéressantes. On a des interviews avec des transactivistes. On se rend vraiment compte de leur bêtise, dès qu’on les met face à des arguments concrets.

Et il y a aussi des super interviews de professionnels de santé, beaucoup plus pragmatiques et d’une personne trans qui alerte sur les dangers de, justement, d’hormoner les enfants si tôt, de leur faire des chirurgies. Donc dans ce documentaire, le but c’est de d’arriver à définir ce qu’est une femme. À chaque fois, c’est la question qui est posée.

Et j’ai noté quelques définitions données par les transactivistes, pour décrire une femme. Donc on a des choses comme :

« Être une femme, c’est ce qui définit une personne qui s’identifie à une femme »

On a : « Une femme c’est quelqu’un qui s’identifie à une femme », «  être une femme c’est la réalité d’une personne qui se sent femme » ou « une femme c’est une personne qui déclare être une femme ».

Donc on se rend compte, vraiment, de leur définition circulaire. C’est exactement comme si on me demandait : « qu’est-ce qu’un chat » et que je répondais : « bah c’est un truc qui ressemble à un chat ».

Ça n’a absolument aucun sens.

Il y a une personne trans, ou une personne queer, qui dit que « seules les femmes et en particulier les femmes trans peuvent savoir ce qu’est une femme » ! Et le présentateur demande : « est-ce que tu sais ce qu’est un chat ? » – « Oui. » –  « Est-ce que tu es un chat ? » – « Non. »

Et voilà !

Et la personne part là-dessus… parce qu’on n’a, voilà, on n’a pas besoin d’être une chose pour pouvoir définir cette chose, et voilà.

Une femme, c’est une femelle humaine adulte, tout simplement.

S’il vous plaît signez la déclaration des droits des femmes basés sur le sexe

http://womensdeclaration.com

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